ECOSOC/6633

ECOSOC: Le Forum politique de haut niveau sur le développement durable examine un rapport inédit sur le renforcement des liens entre la science et la politique

1/7/2014
Conseil économique et socialECOSOC/6633
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Conseil économique et social                               

Session de 2014                                            

Forum politique de haut niveau

sur le développement durable

matin et après-midi


ECOSOC: LE FORUM POLITIQUE DE HAUT NIVEAU SUR LE DÉVELOPPEMENT DURABLE EXAMINE UN RAPPORT INÉDIT

SUR LE RENFORCEMENT DES LIENS ENTRE LA SCIENCE ET LA POLITIQUE


Le deuxième jour des travaux du Forum de haut niveau sur le développement durable, qui a lieu sous les auspices du Conseil économique et social (ECOSOC), a été marqué par la présentation, aujourd’hui, d’un prototype de rapport sur le développement durable mondial.  Ce rapport a été élaboré, a expliqué le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales des Nations Unies, dans le but de renforcer la communication entre les mondes de la science et de la politique.


Les délégations participant aux travaux du Forum ont d’autre part pris la parole à des dialogues interactifs portant respectivement sur l’amélioration de la communication entre les milieux de la science et de la politique; les idées et tendances pouvant modeler les vies des générations présentes et futures; la promotion de partenariats pour les États insulaires et, enfin, le renforcement des capacités de relèvement des pays en situation particulière.


M. Wu Hongbo, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales des Nations Unies, a expliqué que le rapport sur le développement durable mondial, qui fournit une synthèse des progrès réalisés sur le plan mondial entre 1950 et 2013 en la matière, ne demande pas aux scientifiques de faire des recommandations normatives en matière de politique, mais met les données scientifiques à la disposition des décideurs.


« À ce jour, il n’existe pas de rapport global faisant autorité qui rassemblerait l’ensemble des données existantes sur le développement durable », a notamment indiqué M. Wu.  Le Secrétaire général adjoint a également signalé qu’à moins de disposer d’objectifs clairement définis, l’évaluation des progrès réalisés en matière de développement durable représentera un défi de taille à relever.  Les démarches employées par les acteurs du développement durable diffèrent énormément, d’où la difficulté d’évaluer l’impact des politiques sur le plan mondial, s’est-il expliqué.


Au cours du dialogue interactif qui a suivi la présentation de ce rapport, de nombreuses voix se sont faites entendre pour souligner l’importance que revêt la science pour alimenter le débat sur le développement durable et permettre aux instances politiques de prendre des décisions sur la base de faits vérifiés et avérés.


Des préoccupations ont cependant été formulées par des intervenants au sujet de l’inclusion, dans les futurs rapports, des contributions des scientifiques venant de pays en développement, ces pays ne disposant pas des ressources dont bénéficient les pays développés.


Les États Membres ont ensuite réfléchi aux meilleurs moyens de prémunir les générations futures contre les incidences provenant des problèmes de développement actuels.  À l’occasion de la table ronde traitant de cette question, il a notamment été proposé par certains experts et délégués de créer un poste de haut-commissaire pour les générations à venir.  Un certain nombre de délégations se sont par ailleurs inquiétées du fait que les modes de production et de consommation actuels ne sont pas durables, ainsi que de la situation créée par le fait que, souvent par faute de moyens, les États ne mobilisent pas suffisamment de ressources pour venir en aide aux jeunes.


Cette journée de travaux a également été l’occasion pour les délégations de réfléchir au développement durable des petits États insulaires en développement (PEID).  Sur cette question, Mme Anjeela Jokhan, Présidente du Consortium des universités des petits États insulaires, a conseillé de viser le renforcement des capacités des petits pays insulaires de la région du Pacifique dans son ensemble plutôt que celles des pays pris individuellement.


Mme Letuimanu’asina Emma Kruseva’ai, Vice-chancelière adjointe de l’Université nationale de Samoa, a suggéré de son côté de prévoir un « indice de vulnérabilité » spécifique aux PEID.  La question de la protection des ressources marines a également été soulevée à plusieurs reprises par des intervenants qui ont souhaité que la prochaine Conférence internationale des Nations Unies sur les petits États insulaires en développement, prévue du 1er au 4 septembre prochain à Samoa, soit couronnée de succès.  Enfin, la discussion portant sur le relèvement des pays en situation particulière a notamment été marquée par les préoccupations soulevées au sujet de la situation des pays les moins avancés (PMA) et des pays à revenu intermédiaire.


Le Forum politique de haut niveau poursuivra ses travaux demain, mercredi 2 juillet, à partir de 10 heures.


FORUM POLITIQUE DE HAUT NIVEAU SUR LE DÉVELOPPEMENT DURABLE


Présentation d’un modèle type sur le développement durable mondial


M. WU HONGBO, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales de l’ONU, a expliqué que le Département qu’il dirige a mis sur pied un modèle type sur le développement durable mondial.  Il a expliqué que ce prototype ne demande pas aux scientifiques de faire des recommandations normatives en matière de politique mais met les données scientifiques à la disposition des décideurs.  À ce jour, a-t-il précisé, il n’existe pas de rapport global faisant autorité qui rassemblerait l’ensemble des données existantes sur le développement durable.  Ce rapport est donc envisagé comme un moyen de renforcer la communication entre les mondes de la science et de la politique.


M. Wu a ensuite indiqué que le rapport fournit une synthèse des progrès réalisés sur le plan mondial entre 1950 et 2013 dans le domaine du développement durable.  Les résultats en la matière sont mitigés, bien que certains domaines enregistrent de nets progrès, a-t-il rapporté.  Il a notamment précisé que le monde fait toujours face à des progrès insuffisants dans les domaines de la réduction de la déforestation, de l’octroi de l’énergie durable pour tous, de la protection des océans, de l’emploi et de l’égalité entre les sexes, sans oublier ce qui concerne la résolution des questions relatives aux modes de consommation et de production actuels, afin de les rendre durables.  Le rapport identifie aussi des défis clefs à relever, à commencer par l’élimination de la pauvreté et de la faim, ainsi que les problèmes qui se posent en matière d’habitation, d’emploi et de protection des systèmes de base d’appui à la vie.  Le rapport ébauche aussi une voie alternative pour le développement durable à venir, a indiqué le Secrétaire général adjoint.


M. Wu Hongbo a estimé que le défi principal à relever est d’arriver à une transition viable vers la durabilité d’ici à 2050.  Si nous ajustons nos modes actuels de production et de consommation, nous pourrons bâtir un monde plus durable d’ici là, a-t-il ajouté.


Le Secrétaire général adjoint a poursuivi son intervention en soulignant que des efforts sont nécessaires dans le domaine de l’investissement ainsi qu’en matière de coopération, notamment en ce qui concerne le transfert de technologies destinées à protéger l’environnement.  Il a ensuite signalé que le rapport démontre que l’évaluation des progrès représentera un défi, à moins que l’on ne dispose d’objectifs clairement définis.  M. Wu Hongbo a par ailleurs expliqué qu’une nouvelle démarche utilise des données venant d’images satellites afin de combler les lacunes des statistiques officielles.  Il a aussi relevé que les démarches employées par les acteurs du développement durable diffèrent énormément, d’où la difficulté d’évaluer l’impact des politiques sur le plan mondial.  Le Secrétaire général adjoint a réclamé l’élaboration d’un processus transparent pour contribuer à la préparation des prochains rapports en matière de développement durable.  Il a ensuite présenté plusieurs options pour la rédaction des prochains rapports, et formulé l’espoir que le prototype sera utile aux États Membres.


Dialogue pondéré « Comment améliorer la communication entre science et politique: portée et méthodologie pour un rapport sur le développement durable mondial »


M. MANUEL MONTES, Conseiller principal en charge des questions financières et du développement du Centre du Sud, en Suisse, a jugé nécessaire de bien comprendre les différences existant entre les points de vue des scientifiques de différents pays.  L’étude scientifique diffère d’un pays à l’autre, et il ne suffit pas de penser que l’on peut transposer un système d’un pays à un autre, les pays en développement n’ayant pas, par exemple, toutes les ressources dont disposent les pays développés, a-t-il noté.  Pour améliorer les échanges entre décideurs et scientifiques, M. Montes a misé sur l’amélioration des contributions des scientifiques venant de pays en développement, et sur le renforcement des domaines où les connaissances ne sont pas suffisantes.  La question de l’inégalité dans le développement durable est l’objet d’un véritable débat, et les PMA sont les grands laissés-pour-compte, a-t-il déploré.  Le panéliste a jugé nécessaire de bien prendre en compte les raisons des inégalités qui existent entre les pays.


Il a notamment indiqué, à titre d’exemple, que les pays sont obligés de se concurrencer et se voient donc contraints d’assouplir certaines normes afin de favoriser l’afflux de capitaux chez eux.  M. Montes a ensuite indiqué qu’il faut faire preuve d’une véritable volonté politique pour appuyer la communauté scientifique et l’aider à mieux comprendre les tendances en matière de développement durable.  Le Forum de l’ECOSOC devrait inciter la communauté scientifique à développer des outils analytiques et à mieux réfléchir aux moyens de mise en œuvre, a-t-il préconisé.


Mme JILL JAEGER (Autriche), Chercheuse indépendante au « Sustainable Europe Research institute » (SERI), a dit que la situation actuelle n’est pas viable.  Il faut trouver des solutions qui encouragent la synergie et mettre sur pied un processus ou une étude capable d’assurer la viabilité des progrès à accomplir en matière de développement durable.  La pauvreté et la faim doivent disparaitre dans les deux générations prochaines, a espéré la chercheuse en indiquant que pour cela la communauté internationale et les différents États doivent changer les valeurs et le comportement qui sont responsables des choix et de la situation actuelle.  Les futurs rapports à établir sur la promotion d’un développement durable mondial doivent être conçus de façon à permettre le bouleversement nécessaire et il faut mener une réflexion qui permettrait d’améliorer les échanges entre les scientifiques, les décideurs et la société en général, a préconisé Mme Jaeger. 


M. E. WILLIAM COLGLAZIER, Conseiller pour les sciences et la technologie auprès du Secrétaire d’État des États-Unis, a souligné que les données scientifiques sont indispensables pour alimenter les débats sur le développement durable.  Il a jugé essentiel de créer des capacités novatrices dans chaque pays dans le but d’y améliorer l’utilisation de données scientifiques.  La transparence et l’utilisation de données fiables et de qualité seront essentielles pour élaborer les objectifs de développement durable de qualité et qui soient aussi respectueux des meilleurs standards scientifiques qui soient, a-t-il souligné.  M. Colglazier a aussi évoqué l’importance du processus d’examen collégial.  Il a ensuite proposé que les pays puissent pouvoir élaborer leurs propres rapports nationaux et les mettre à la disposition de l’ONU avant la rédaction des rapports d’ensemble.  Il faut aussi assurer la participation d’intervenants venant de différents secteurs, a-t-il préconisé.  Le panéliste a par ailleurs recommandé qu’une institution scientifique indépendante soit chargée d’évaluer le processus et la qualité de ces rapports, qui, a-t-il ajouté, doivent être des documents de synthèse pour les décideurs politiques.


M. KEOLA SOUKNILANH, de « Institute for Developing Economics  », qui est un organisme japonais travaillant dans le domaine du commerce extérieur, a axé son intervention sur le problème causé par le manque de données, et notamment de données administratives, qui sont pourtant très utiles quand il s’agit de promouvoir le développement durable.  Il a suggéré de combiner les informations administratives et scientifiques, notamment les informations géographiques, pour mieux comprendre la situation qui prévaut dans chaque région ou pays, mieux évaluer les ressources qui y sont disponibles, et ainsi élaborer les meilleures stratégies permettant d’y promouvoir le développement durable.


M. PENG SIZHEN, Directeur général adjoint du Centre administratif de la Chine pour Agenda 21 au Ministère de la science et la technologie de la République populaire, a déclaré que le rapport qui sera rédigé par le Forum de l’ECOSOC devra mettre l’accent sur les progrès réalisés en matière de développement durable.  Il devra s’appuyer sur les trois piliers du développement durable, et mettre en place des indicateurs précis pour mesurer les réalisations atteintes à l’échelon international dans les domaines économique, environnemental et social.


Discussion interactive


Au cours de ce débat, un grand nombre de délégations ont voulu que le rapport du Forum de haut niveau puisse établir des liens entre le monde politique et scientifique, mais également entre les différents piliers du développement durable.  La question de l’inclusion des contributions des pays en développement à la rédaction du rapport a aussi été soulevée.


Le représentant du Grand groupe de la Communauté scientifique et technologique a réclamé l’établissement d’un partenariat étroit entre cette communauté et les décideurs pour identifier les questions clefs en matière de développement durable.  Pour répondre aux besoins de la planète, les politiques doivent se baser sur les faits et les réalités concrètes, a-t-il notamment souligné.  Cela dit, il appartient aux scientifiques de comprendre les contraintes dans lesquelles opèrent les décideurs, notamment au vu du fait que l’évolution scientifique avance très rapidement, a commenté le Conseiller pour les sciences et la technologie auprès du Secrétaire d’État des États-Unis.


La représentante du Soudan a pour sa part réclamé que des suggestions soient faites concernant les modalités à suivre par les États et les décideurs pour obtenir l’appui de la communauté scientifique.  La représentante de l’Afrique du Sud s’est pour sa part inquiétée du fait que les pays en développement n’ont pas les capacités nécessaires pour rassembler des données scientifiques et elle a voulu savoir comment les contributions de ces derniers seront agrégées dans le rapport.


Dans son intervention, le représentant de l’Égypte a estimé que le rapport devra traiter des trois dimensions du développement durable de manière intégrée.  Il doit pouvoir faire le lien entre les différents secteurs, mais également entre le passé et l’avenir, a-t-il ajouté.  Le rapport doit aussi mettre l’accent sur le lien entre les objectifs que l’on s’assigne et les exigences que pose la mise en œuvre des projets et des politiques choisis, a renchéri la représentante du Nigéria qui a aussi voulu que le document mette l’accent sur la nécessité d’assurer des transferts de technologies propres et prenne en compte les interdépendances existant au-delà des frontières nationales, ceci afin de pouvoir répondre aux défis qui se posent à la fois sur le plan local et mondial.


Son homologue du Mexique a proposé que le rapport rassemble et intègre les données des différents organes de l’ONU.  Le rapport doit viser un large public de citoyens informés, et il doit être accessible au grand public tout en traitant d’idée de fond, a ajouté la représentante des États-Unis.


Une fois finalisé, le rapport aura le potentiel d’être un outil important en matière de reddition de comptes, s’est quant à lui félicité le représentant de l’Union européenne.  Sa portée doit être globale, mais il doit aussi s’avérer capable de mettre l’accent, par exemple, sur la situation des petits États insulaires en développement (PEID) ou les pays de l’Afrique subsaharienne, a-t-il préconisé.


Le représentant de la Belgique a voulu que le rapport contribue à l’évaluation des progrès enregistrés dans la mise en œuvre du programme de développement pour l’après-2015.  Il devra aussi promouvoir les liens intersectoriels, a ajouté la représentante de la Suisse, tandis que la représentante de l’Allemagne a, pour sa part, souhaité que le document traite des limites de la planète en matière de ressources et de la pauvreté dans son aspect multidimensionnel.


Les échanges de ce dialogue étaient modérés par M. Claudio Huepe Minoletti, Professeur à l’Université Diego Portales du Chili.


Dialogue pondéré « Idées et tendances pouvant modeler les vies des générations présentes et futures »


Présidée par M. IBRAHIM DABBASHI (Libye), Vice-Présidentdu Conseil économique et social, et animée par M. MANUEL MONTES, Conseiller principal en charge des questions financières et du développement du Centre du Sud, en Suisse, cette table ronde a été, pour les participants au Forum de haut niveau, l’occasion de réfléchir à ce qui peut être fait pour prémunir les générations futures contre les incidences des problèmes de développement actuels.


M. GORDON MCBEAN, Président du Conseil international pour la science, a souligné que le problème des changements climatiques est une question d’équité entre les générations et les cultures.  Lorsque nous parlons, entre scientifiques, d’« échelle temporelle », nous parlons de jours, de mois et d’années, pas forcément de générations, a-t-il expliqué.  Il a indiqué que la durée de vie d’une molécule de CO2 dans l’atmosphère est d’environ 100 ans, et qu’une particule de méthane reste dans l’atmosphère pendant 10 ans.  Or, a-t-il noté, l’impact des changements climatiques n’est évalué que pour les 30 à 40 prochaines années.  M. McBean a expliqué qu’on ne comprend pas toujours la nature et l’environnement, et que les scientifiques se heurtent à un certain nombre d’incertitudes.  Il y a 30 ans, on ne pensait pas que l’acidification des océans était un problème, a-t-il donné comme exemple.  Il a conseillé de mettre l’accent sur la qualité, l’accès et la préservation des données.


Abordant la question des changements transformatifs, M. NEBOJSA NAKICENOVIC, Directeur adjoint de l’Institut international pour l’analyse des systèmes appliqués et Professeur à l’Université de technologie de Vienne (Autriche), a relevé que la génération actuelle doit être pionnière du changement.  Au-delà de 2013, il y aura de nouveaux cycles de développement durable, a-t-il prévenu.  Il a évoqué certaines prévisions, selon lesquelles il y aura, dans 50 ans, deux tiers de la population mondiale qui vivront dans les villes et qui auront une éducation secondaire, tandis que la moitié de cette population aura reçu une éducation supérieure.  Il y aura aussi un bon accès à l’assainissement et des aliments en quantité suffisante, selon ces études prévisionnelles.  Il a noté que, entre groupes de revenus, les inégalités ont augmenté ces dernières années, même si elles ont ensuite diminué en moyenne.  Enfin, il a espéré que les pertes en biodiversité se stabiliseraient dans les années à venir.  Il faut décarboniser l’environnement et stabiliser l’augmentation de la température à 2 degrés au maximum, a-t-il recommandé.


M. PETER DAVIES, Commissaire du Pays de Galles pour un avenir durable, a donné l’exemple du Pays de Galles, une région composante du Royaume-Uni où le développement durable a été au cœur des efforts du Gouvernement gallois.  Une nouvelle loi sur cette question va être présentée la semaine prochaine, a-t-il annoncé, le texte prévoyant plusieurs mécanismes comme, par exemple, l’établissement d’objectifs de développement à long terme.  Aux termes de cette loi, le secteur public devra démontrer comment ses politiques et ses programmes contribuent à ces efforts, par des mesures concrètes, a annoncé le Commissaire gallois.  M. Davies a aussi indiqué que le texte prévoit un ensemble de pratiques durables.  Nous créerons, a-t-il ajouté, un commissaire indépendant, chargé des questions liées aux générations à venir, qui publiera un rapport tous les 5 ans.  Il a aussi mentionné un mécanisme volontaire, prévu par le projet de loi, qui sera une sorte de « contrat social » entre entreprises et secteur privé.


M. MARCEL SZABÓ, Ombudsman pour les « Générations futures », en Hongrie, a noté que les pays souffrent tous de graves problèmes structurels.  Dans le cas des pays en développement, il leur faut fournir des ressources pour aider les jeunes, sans oublier de penser à ceux qui ne sont même pas encore nés.  Dans les pays industrialisés, l’État dépense 6 fois plus pour une personne âgée que pour un jeune, a-t-il indiqué en effectuant une comparaison.  Parlant ensuite de son rôle en tant que médiateur pour les générations futures, il a expliqué qu’il pouvait lancer des débats publics en Hongrie, jouer le rôle de médiateur et lancer des enquêtes.  Il a aussi indiqué que les institutions nationales nécessaires au développement durable des futures générations existent déjà dans plusieurs pays, comme la Finlande et le Canada.  Elles se sont rassemblées en Hongrie en avril 2014, a-t-il signalé, afin de procéder à l’adoption du Mémorandum de Budapest.  Il a invité à promouvoir ces institutions, ainsi que leur collaboration, sous l’égide de l’ONU.


« Pourquoi faut-il se soucier des désirs des générations à venir ?» a demandé Mme CATHERINE PEARCE, de « World Future Council ».  Les décisions d’aujourd’hui façonnent la vie de ces générations, et nous devons veiller à l’héritage que nous leur laissons, a-t-elle répondu.  Mettre fin aujourd’hui à la pauvreté est un des défis essentiels à relever pour éliminer ce fléau pour les générations à venir, a-t-elle estimé.  Elle a plaidé en faveur de la nomination, par les États Membres, d’un représentant qui aurait un rôle de plaidoyer.  Elle a ainsi proposé de créer à l’ONU un poste de haut-commissaire pour les générations à venir.  Ce serait le « fil rouge » à suivre dans le traitement holistique des questions de développement durable, a-t-elle expliqué.


Au cours de la discussion qui a suivi ces exposés, la représentante du grand Groupe des Enfants et des Jeunes a, elle aussi, demandé qu’une instance spécifique soit créée pour traiter des problèmes qui se posent à l’avenir et au devenir des générations futures, afin de préserver les intérêts de celles-ci.  Cela permettrait de parler davantage du long terme, a-t-elle fait remarquer.  Elle a aussi suggéré que ce soit une entité simplifiée qui permette la prise de décisions de manière rapide et efficace.


« Nous ne voulons pas placer un fardeau inutile sur les générations à venir », a assuré le représentant de Malte qui a cependant souhaité un équilibre et un dialogue inclusif sur les mesures à prendre.


« Nos modes de consommation ne sont pas durables », a averti pour sa part le représentant d’une ONG, avant de demander que le Forum porte une attention particulière à l’utilisation des ressources naturelles de la planète.  Il a demandé que le principe de responsabilité des ressources matérielles soit inclus dans le programme de développement pour l’après-2015.


Le représentant du Kenya est intervenu dans la discussion en recommandant d’éviter la surexploitation des ressources naturelles des pays africains.  Il faut, au contraire, contribuer au renforcement des capacités de ces pays pour leur permettre de garantir l’utilisation durable de ces ressources, a-t-il prôné.


Le panéliste de l’Autriche a indiqué qu’il y a encore 3 milliards de personnes qui continuent d’utiliser des combustibles fossiles pour cuisiner, ce qui crée de graves problèmes sanitaires.  Il a également souligné un paradoxe: presque tout le monde a un téléphone, mais beaucoup de personnes n’ont pas accès à l’électricité et ne peuvent donc pas recharger leur appareil cellulaire.  Il a donc plaidé pour que l’accès universel à l’énergie soit garanti d’ici à 2030, invitant aussi la communauté internationale à doubler la proportion d’énergie renouvelable produite.  Il a également recommandé d’évaluer et de mesurer les progrès accomplis.


Le Président du Conseil international pour la science a confirmé l’importance des instruments à mettre en place pour mesurer les progrès.  Il faut bien associer les générations futures à ce processus, a-t-il reconnu.  Il a souligné l’utilité d’instances comme l’Académie mondiale des jeunes, qui est composée de jeunes scientifiques.  Par ailleurs, il a estimé que le principe de précaution ne devait pas justifier l’inaction.  Il faut prendre des mesures pour atténuer les risques que courent les générations futures, a-t-il recommandé.


Enfin, le représentant de l’Équateur a indiqué que son pays s’est doté d’un cadre juridique favorable au développement durable, sachant que la Constitution équatorienne elle-même reconnait les droits de la nature.  Il a plaidé en faveur de la coresponsabilité de tous les acteurs du développement durable.  Il a aussi parlé du mécanisme mis en place en Équateur pour mesurer le niveau des émissions de CO2 que le pays a évité de rejeter dans l’atmosphère.


Dialogue pondéré « Voix des îles, choix mondiaux: promouvoir des partenariats véritables et durables »


M. MARTIN SAJDIK (Autriche), Président du Conseil économique et social (ECOSOC), qui présidait cette table ronde, a rappelé que la question de la situation dans laquelle se trouvent les petits États insulaires en développement (PEID) était à l’ordre du jour depuis le Sommet de la terre, tenu à Rio en 1992, et qu’elle était encore devenue d’une plus grande actualité depuis les délibérations de la Conférence Rio+20.  Il a également signalé que se tiendra, en septembre prochain à Samoa, la quatrième Conférence internationale des Nations Unies sur les petits États insulaires en développement sur le thème: « Développement durable des PEID grâce à des partenariats véritables et durables ».


2014 est aussi l’année des petits États insulaires en développement (PEID), a fait remarquer l’animatrice de cette discussion, Mme AMANDA ELLIS, Représentante permanente de la Nouvelle-Zélande auprès de l’Organisation des Nations Unies à Genève et Envoyée spéciale du Premier Ministre néo-zélandais pour l’Afrique francophone.  « Comment renforcer la capacité de relèvement des PEID?  Comment encourager les partenariats en faveur du développement durable dans ces pays?  Comment mettre en œuvre le futur document final de la Conférence de Samoa? »


Ces questions, entre autres, ont été posées aux panélistes pour lancer le débat.


Mme CRISTINA DUARTE, Ministre des finances et de la planification du Cabo Verde, a donné l’exemple de son pays, qui est passé en 2008, au statut de pays à revenu intermédiaire.  L’État doit être crédible et la nation doit être unie, a-t-elle préconisé, mettant l’accent notamment sur la stabilité des institutions judiciaires et éducatives.  En tant que petits pays, nous devons être les meilleurs, « les premiers de la classe », sinon personne ne nous remarquera, a-t-elle dit.  Elle a fait valoir que le taux de pauvreté avait nettement baissé au Cabo Verde, et que l’égalité homme-femme y avait beaucoup progressé.  Nous avons consacré 22% de notre budget à l’éducation et 9% à la santé, a-t-elle signalé, ce qui a permis notamment d’offrir des repas chauds à 90% des enfants scolarisés.  Nous avons aussi encouragé la société civile à être active, a indiqué la Ministre.  Un autre enseignement tiré de l’expérience du Cabo Verde est la nécessité pour chaque pays de développer une vision claire, afin de garantir la cohérence de l’aide qui peut lui être apportée.  Nos partenaires internationaux sont censés s’adapter à notre stratégie, et nous devons donc en avoir une, a fait remarquer Mme Duarte.


La Ministre cabo-verdienne a poursuivi son intervention en expliquant que son pays devait faire en 5 ans ce que d’autres ont fait en 10 ans.  Elle a mis l’accent sur la responsabilisation nationale et internationale.  Même si nous sommes petits en tant que pays, nous pouvons être utiles à la communauté internationale, a-t-elle estimé, en invitant les PEID à élargir leur vision au-delà de ce que peut leur offrir l’aide publique au développement (APD).  « La gestion de nos zones économiques exclusives est essentielle », a-t-elle ajouté, en soulignant que les océans et les mers sont les biens précieux des États insulaires.  Elle a aussi demandé que les accords internationaux sur les pêches ne nuisent pas aux PEID.  La Ministre a, enfin, invité le Forum de haut niveau de l’ECOSOC et les États Membres à renforcer les institutions et la coopération internationale.  Elle a, par ailleurs, expliqué ce qui est fait pour positionner le Cabo Verde sur la scène internationale pour qu’il réponde aux normes internationales et soit classé en pays respectant les normes ISO. 


Mme ANJEELA JOKHAN, doyenne de la faculté des sciences, des technologies et de l’environnement de l’Université du Pacifique Sud, et Présidente du Consortium des universités des petits États insulaires, a parlé du programme de master en développement durable proposé par ce consortium d’universités.  Elle a conseillé de viser le renforcement des capacités de la région du Pacifique plutôt que le renforcement des capacités des pays pris individuellement.  Les instituts d’études supérieures ont un rôle important à jouer dans le leadership en faveur du développement durable, a-t-elle par ailleurs estimé.  Remarquant que les ressources d’un pays sont liées à son stade de développement, elle a suggéré de les lier davantage au renforcement des capacités.  Il faut aussi, a-t-elle ajouté, renforcer les interactions entre les gouvernements et les institutions d’enseignement.  Les petits États insulaires en développement (PEID) doivent croire aux résultats et intégrer les objectifs de développement dans leurs budgets et leurs plans de développement nationaux, a-t-elle recommandé.  Mme Jokhan a enfin souligné le rôle essentiel que jouent les organisations régionales dans le développement des États du Pacifique.


M. TAHOLO KAMI, Directeur régional pour l’Océanie et le Pacifique de l’Union internationale pour la conservation de la nature, a invité à passer de la « vulnérabilité » à la « valeur ».  Relevant que 60% des réserves de thon se trouvent dans le Pacifique, parce que les eaux de cet océan sont saines, il s’est demandé si on en faisait assez pour conserver ces ressources pour le monde.  Le Pacifique a une valeur mondiale, a-t-il dit en comparant la valeur qu’a cet océan pour la planète à celle de « Central Park, à Manhattan » pour la ville de New York.  En deux ou trois générations, nous sommes passés à une dépendance complète à l’égard d’espèces qui sont maintenant en train de disparaître, a-t-il averti avant de recommander de mettre davantage l’accent sur la protection de l’environnement.  Le panéliste a ensuite invité à intégrer les communautés locales et nationales dans la formulation des objectifs, notamment parce que la majorité des ressources leur appartiennent.  Il a aussi prôné la mise en place de nouveaux partenariats pour la gestion des ressources naturelles.  Enfin, il a demandé d’élaborer des mécanismes de garantie pour surveiller la mise en œuvre des mesures prises.


Intervenant en direct de Samoa, par visioconférence, Mme LETUIMANU’ASINA EMMA KRUSEVA’AI, Vice-chancelière de l’Université nationale de Samoa, a recommandé de créer un cadre de financement transparent pour le développement durable des PEID.  Elle a aussi jugé essentiel d’établir des partenariats entre la société civile et les gouvernements dans la poursuite des objectifs de développement de ces États.  Les communautés, les villages et les familles sont des éléments fondamentaux pour la mise en œuvre du document final de la conférence sur les PIED, a-t-elle estimé.  Elle a aussi souhaité que les technologies soient disponibles dans les langues de ces pays.  Pour renforcer la résilience des PEID, elle a conseillé de se baser sur des données fiables, qui soient mises à jour, et qui prennent en compte les différences entre ces États.  Elle a, en outre, suggéré de prévoir un « indice de vulnérabilité » spécifique aux PEID.  Mme Emma Kruseva’ai a également suggéré de porter une attention spéciale aux produits de niche, comme l’huile de coco.  Il est, par ailleurs, urgent que les PEID développent des partenariats avec le secteur privé, a-t-elle estimé, donnant l’exemple de partenariats entre des universités et des PEID qui donnent déjà des résultats concrets.  En ce qui concerne les fruits de la prochaine Conférence, prévue en septembre à Samoa, elle a préconisé de prévoir des mécanismes de suivi et un appui au financement.  Le document final de la Conférence devra aussi mettre en évidence le rôle de toutes les parties prenantes pour sa mise en œuvre, y compris les groupes communautaires et les universités, a-t-elle préconisé.  


Mme PESETA NOUMEA SIMI, Présidente-Directrice générale adjointe au Ministère des finances de Samoa, a posé la question suivante: « Comment pouvons-nous envisager les partenariats différemment? »  Il faut s’assurer que les partenariats soient authentiques et durables, a-t-elle estimé, afin qu’ils puissent changer la donne dans les PEID.  Les vrais partenaires sont ceux qui prennent le temps de connaître leurs interlocuteurs, a-t-elle souligné.  En outre, elle a estimé que les partenariats doivent provenir non seulement de la coopération Sud-Sud mais aussi de la coopération entre les PEID.  Aucun partenariat n’est trop petit, a-t-elle noté en invitant à se focaliser plutôt sur la qualité de chacun d’eux.  La représentante a aussi recommandé d’assortir les partenariats de cibles, de calendriers et d’outils permettant de mesurer les progrès accomplis.  La Conférence de Samoa vise à rassembler la communauté internationale pour examiner les moyens de travailler ensemble pour garantir le développement durable des PEID, a-t-elle indiqué.  Elle a signalé que le document final de la Conférence est toujours en cours de négociation.  Une section sur les partenariats y a été incluse, a-t-elle précisé.  Le Samoa, en tant que pays hôte, a proposé des amendements au document en ce qui concerne les critères d’évaluation, afin qu’ils soient orientés vers les résultats.


Mme NOLENE NABULIVOU, de « DevelopmentAlternatives with Women for a New Era » (DAWN), qui parlait au nom du grand Groupe des femmes, a demandé de tenir compte des intérêts des femmes, comme notamment, leurs besoins en termes de santé sexuelle et génésique, dans le développement durable des petits États insulaires en développement (PEID).  Elle a souhaité que ces pays créent les conditions propices aux droits de l’homme et à la paix durable.  Il faut aussi assurer une justice économique en créant des conditions équitables au plan international en matière de commerce, des changements climatiques et de gestion de l’eau.  La représentante a aussi invité à remédier aux répartitions de pouvoirs inégales entre les différents États au niveau mondial.  Rappelant que ce sont les activités humaines qui changent le climat, elle a indiqué que le document final lancera un appel en faveur de l’adoption de mesures d’adaptation et d’atténuation.  Il faudra limiter l’augmentation de la température au niveau de la planète à 2 degrés par rapport à la période préindustrielle, a-t-elle prévenu.


Discussion interactive


Pour lancer la discussion avec les délégations, le représentant d’un petit État insulaire, Fidji, s’est inquiété de l’échec de la conférence préparatoire à la Conférence des Samoa et a lancé un appel pour que la communauté internationale écoute la voix des PEID.  Nous n’avons une telle occasion que tous les 10 ans, a-t-il rappelé.  Expliquant que les changements climatiques et les océans sont les questions sur lesquelles butent les négociations, il a souligné l’importance de ces problèmes pour tous les pays, et pas seulement pour les 44 PEID.


Pour le représentant d’un autre PEID, Nauru, il faut que les dirigeants de ces pays s’engagent à assurer le suivi du document final de Samoa.  Pour cela, la représentante de Cuba a plaidé en faveur d’une alliance mondiale pour les PEID.


Le représentant du Chili, dont le pays a une présence dans le Pacifique Sud avec l’île de Pâques, a souhaité contribuer au développement des PEID en adoptant une approche tournée vers l’avenir.  De même, son homologue de la Fédération de Russie a assuré que son pays intensifie ses contacts avec les PEID depuis 3 ans.  Il a notamment parlé du Forum de Vladivostok, dont les travaux ont abouti à un plan d’action énergétique pour les îles du Pacifique.  Le représentant de l’Union européenne a également assuré de la coopération de l’UE avec ces pays, souhaitant que la Conférence desSamoa soit couronnée de succès.


Une représentante d’ONG a demandé au Forum de définir les caractéristiques des partenariats avec les PEID afin d’assurer leur durabilité.  Il faudra notamment, a-t-il estimé, que ces partenariats soient souples et qu’ils prennent en compte les différences homme-femme.  Une autre représentante d’ONG a donné des exemples de partenariats innovants, comme celui qui a contribué à développer des lampes solaires en Inde, et un autre, dont l’action a facilité la création d’un sac à dos pour transporter l’eau potable.


En concluant cette table ronde, la Ministre des finances et de la planification de Cabo Verde a recommandé d’attirer les investissements directs étrangers vers les PEID pour consolider leur caractère de destination touristique.  Elle a aussi averti que l’environnement est « une question de survie à court terme ».


Dialogue pondéré sur le thème « Pays en situation particulière: accroître la capacité de relèvement »


Mme MARGARETA WAHLSTRÖM, Représentante spéciale du Secrétaire général pour la réduction des risques de catastrophe et modératrice de ce dialogue, a fait observer que la catégorie des pays en situation particulière est très vaste.  L’objectif principal de ce débat, a-t-elle ensuite indiqué, est de déterminer si on est en train de concrétiser la résilience de ces pays face aux catastrophes naturelles.


M. DASHO SONAM TSHERING, Secrétaire au Ministère des affaires économiques du Bhoutan, a souligné que le renforcement des capacités de relèvement des pays après une catastrophe doit demeurer au cœur du programme de développement pour l’après-2015, notamment en ce qui concerne les pays en développement sans littoral.  Il faut prémunir les économies de ces pays des effets de contagion, et de nombreux indicateurs ne rendent pas compte de la situation actuelle, a-t-il indiqué.  Il a parlé de la politique de recherche du « bonheur national brut » (BNP) adoptée au Bhoutan et a affirmé que l’élimination de la pauvreté est un objectif primordial pour son pays.  Il a ensuite signalé que le déficit commercial du Bhoutan peine à être comblé et a réclamé, à cet égard, la concrétisation de partenariats solides.  Le panéliste a aussi voulu la mise en place d’une économie créatrice d’emplois et diversifiée, et il a ensuite parlé de l’importance que revêtent les transferts de technologies et le développement du secteur privé, entre autres. 


Mme FATIMETOU MINT ABDEL MALICK, Maire de Tevragh-Zeina, en Mauritanie, et Présidente du Réseau des femmes africaines, a indiqué que la pauvreté et l’égalité entre les sexes sont deux chantiers qui « restent à la traine » dans les efforts de développement.  Elle a évoqué les nombreux défis auxquels fait face l’Afrique, avertissant que les femmes et les jeunes y sont particulièrement vulnérables.  Elle a insisté sur le fait qu’il est important de bien encadrer les femmes afin de leur permettre de mieux préparer les générations futures.  Les femmes demeurent trop souvent analphabètes, pauvres et peu présentes dans les organes de prise de décisions, a-t-elle regretté.  L’autonomisation des femmes est loin d’être réalisée, a-t-elle déploré.  Pour Mme Malick, la femme doit devenir un moteur de développement, et il faut donc lui donner accès aux ressources et mieux répartir les rôles sociaux les plus cruciaux, d’où elles sont encore trop souvent absentes.  Elle a également insisté sur l’importance de mettre en place des gouvernements locaux et de les faire fonctionner de manière efficiente.  S’ils en ont le mandat et les moyens nécessaires, ils peuvent garantir des services de qualité dans les différents pays, a-t-elle dit.  Ce qui manque dans nos pays, c’est une décentralisation effective, a-t-elle ajouté.  On ne le dira jamais assez, a souligné Mme Malick, le développement doit d’abord se faire au niveau local.


M. JEAN-FRANCIS ZINSOU, Représentant permanent du (Bénin), a indiqué que les pays les moins avancés (PMA) ont besoin d’une attention soutenue de la part de la communauté internationale.  Le nombre de pauvres au sein de ces pays n’a cessé d’augmenter et le renforcement de leur capacité de relèvement et de survie requiert des mesures appropriées, a-t-il notamment indiqué.  Le panéliste a aussi insisté sur l’importance pour les PMA de reconquérir leur capacité à élaborer leur propre politique de développement et de sortir du schéma de pensée unique qui leur a été imposé.  M. Zinsou a ensuite voulu que le dispositif opérationnel du Programme d’action d’Istanbul en faveur des PMA soit pleinement intégré au programme de développement pour l’après-2015.  Il a également parlé de l’importance de renforcer le secteur agricole des PMA, et pour les PMA eux-mêmes, de créer des chaînes de valeur au niveau national.  M. Zinsou a ensuite appelé à l’opérationnalisation, le plus vite possible, de la Banque de la science et de la technologie.  Il a également évoqué la tenue prochaine de la Conférence de Cotonou.  M. Zinsou a aussi souligné que c’est au niveau local que les solutions doivent être apportées.  Il a également parlé de l’importance que revêtent la prévention des conflits et le renforcement de la coopération entre les secteurs publics et privés.


M. PAOLO SOPRANO, Directeur de la Division du développement durable du Ministère de l’environnement, des terres et de la mer de l’Italie, a souligné que la faiblesse des systèmes institutionnels est un problème de taille pour les PMA.  Il a appelé à la mise en place d’un partenariat mondial destiné à surmonter les faiblesses des PMA qui, a-t-il indiqué, continuent de faire face à un déficit de financement de leurs projets.  Il faut mettre en place des chaînes de valeurs régionales, et les pays développés doivent jouer un rôle déterminant en finançant le développement, a-t-il aussi estimé.  Le panéliste a évoqué la tenue au mois d’octobre, à Rome, d’une conférence ministérielle sur le rôle que joue l’énergie dans le cadre du développement.  M. Soprano a ensuite insisté sur l’importance de renforcer les infrastructures des pays en développement sans littoral.  Il a aussi souligné l’importance que revêt, pour les petits États insulaires en développement (PEID), l’adoption de politiques d’atténuation des émissions de gaz à effet de serre.  Le partenariat entre les secteurs privé et public sera crucial, a-t-il estimé.  Le panéliste a ensuite parlé de la situation des pays à revenu intermédiaire, s’inquiétant notamment des schémas inégaux de distribution de richesse entre les diverses couches sociales qui existent en leur sein.  M. Soprano a également jugé nécessaire de prendre en compte l’interdépendance des communautés urbaines, périrurales et rurales.


M. SAMUEL TUMIWA, Représentant adjoint au bureau de représentation nord-américain de la Banque asiatique de développement, a indiqué que selon une récente étude, d’ici à 2050, le revenu moyen par tête d’habitant dans les pays asiatiques devrait être de 47 000 dollars par an, soit un niveau identique au revenu actuel des pays du G7.  La situation dans les États les plus fragiles et isolés est cependant très différente, a-t-il toutefois indiqué, et les petites îles du Pacifique sont particulièrement vulnérables aux chocs extérieurs.  Le panéliste a jugé nécessaire d’élaborer des mécanismes de partage de risque au niveau régional.  M. Tumiwa a ensuite voulu que les États fragiles du Pacifique soient invités au G7+.  Il a aussi souhaité que le programme de développement pour l’après-2015 mette l’accent sur l’importance de la consolidation de la paix et de la consolidation étatique.


Mme HELEN STAWSKI, Conseillère politique principale pour l’après-2015 du Secours Islamique, a parlé de l’importance d’investir dans la réduction des risques de catastrophe, s’inquiétant notamment des répercussions de l’urbanisation rapide de certains pays.  Elle a indiqué que le renforcement de la résilience nécessite de recenser les risques intersectoriels dans les domaines social et économique.  Il faut aussi prendre en compte la résilience des ménages et des particuliers, a-t-elle ajouté.  Mme Stawski a indiqué que les pauvres sont moins en mesure de diminuer leur vulnérabilité aux risques que les gens plus fortunés, et elle a réclamé l’élaboration d’instituts chargés de s’occuper de leur situation.  Elle a également évoqué l’importance que revêt l’éducation dans la lutte contre la pauvreté.


M. LINO BRIGUGLIO, Professeur et Directeur de l’Institut des îles et des petits États du Centre Gozo, de l’Université de Malte, a indiqué que la vulnérabilité des PEID tient au fait que ces derniers dépendent de l’extérieur concernant de nombreuses importations stratégiques, à commencer par les vivres et le carburant.  Pour permettre à leurs pays d’avoir une marge de manœuvre, le panéliste a insisté sur l’importance que revêtent la souplesse des politiques macroéconomiques, la cohésion sociale et la bonne gestion de l’environnement, entre autres.  Des politiques de renforcement de la résilience doivent être intégrées au sein des politiques de développement de ces pays, a-t-il ajouté.  Il a aussi fait observer que de nombreux PEID sont des pays à revenu intermédiaire et n’ont de ce fait pas le droit de toucher certaines aides ou de bénéficier de certains avantages commerciaux au niveau international.


Discussion interactive


Au cours de ce débat, les délégations se sont notamment préoccupées de la situation des pays à revenu intermédiaire ainsi que de l’impact des catastrophes naturelles.


Dans un premier temps, le représentant du Maroc a estimé que l’autonomisation de la femme doit être secondée par une autonomisation économique des femmes et des pauvres.  Il s’est aussi interrogé sur le potentiel que recèle la coopération Sud-Sud.


De son côté, le représentant du Kenya s’est inquiété du fait que de nombreux pays à revenu intermédiaire semblent s’enliser dans cette catégorie, incapables d’en sortir.


À cela, la Représentante spéciale du Secrétaire général a fait observer que ces pays pratiquent des politiques économiques et fiscales rigoureuses, mais que leurs institutions ne sont pas malheureusement suffisamment solides pour leur permettre d’accéder à un statut plus élevé.


Pour leur venir en aide, il faut élaborer plus de systèmes permettant de dégager de la valeur ajoutée, a préconisé le représentant de la Banque asiatique de développement.  Tout ne doit pas dépendre des dons, et ces pays doivent trouver les moyens de financer leurs propres projets, a-t-il commenté.


Renchérissant, le panéliste du Ministère italien a estimé nécessaire de réorienter les investissements de cette catégorie de pays.  Le principal problème qui se pose à eux relève de leur manque de capacités, d’où la nécessité de les aider à renforcer leurs capacités institutionnelles et de gouvernance, a-t-il préconisé.


Le panéliste du Bénin a quant à lui jugé nécessaire de mettre en synergie les coopérations Sud-Sud et Nord-Sud par le biais de la coopération triangulaire.  Il a aussi misé sur l’établissement de systèmes de transformation locale des matières premières et l’octroi ou l’acquisition de technologies appropriées aux pays en développement.  Il faut aussi y « réveiller les ressources internes pour le développement », a-t-il ajouté.


Le panéliste du Bhoutan a parlé de son côté de l’importance que revêt la coopération régionale pour un pays enclavé comme le sien.  On ne peut pas toujours appliquer des modèles de développement conventionnel, a-t-il indiqué.  Il a par ailleurs déploré le fait que les mécanismes de lutte contre les changements climatiques ne sont pas à même de déboucher sur une politique à long terme.  Il a également estimé nécessaire d’accorder plus d’attention aux politiques économiques.  Il faut savoir diversifier l’économie tout en devenant plus compétitif, a-t-il notamment estimé.


La maire de Tevragh-Zeina a fait observer que les politiques et programmes de développement des pays ne sont pas toujours intégrés.  Il serait également propice de réviser les politiques de coopération avec les collectivités locales, a-t-elle estimé.


La représentante des Philippines a partagé l’expérience acquise par son pays à la suite du passage du typhon Haiyan.  Ceci a été l’occasion pour elle d’insister sur l’importance de renforcer les mécanismes d’alerte précoce contre les catastrophes et leurs impacts, entre autres.


Abordant ensuite la question de la nécessité, pour les PMA, de se prémunir contre les catastrophes naturelles, le panéliste du Bénin a indiqué que les répercussions de celles-ci sont très onéreuses pour ces pays.  Il faut prendre des mesures de protection civile pour réduire les pertes en vies humaines et soutenir les fonctions vitales des communautés, à commencer par l’élaboration de systèmes de purification de l’eau, a-t-il préconisé.  Il s’est également inquiété de l’impact de la déforestation, et a jugé nécessaire de mettre en place des politiques de reboisement.


Le panéliste de l’Université de Malte a estimé pour sa part que la vulnérabilité de chaque pays devrait être prise en compte lors de l’élaboration des politiques d’aide qui leur sont destinées.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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