ECOSOC/6628

Devant l’ECOSOC, Valerie Amos dresse un constat accablant de la situation humanitaire dans le monde

23/6/2014
Conseil économique et socialECOSOC/6628
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Conseil économique et social

Session de 2014

26e séance – après-midi


DEVANT L’ECOSOC, VALERIE AMOS DRESSE UN CONSTAT ACCABLANT DE LA SITUATION HUMANITAIRE DANS LE MONDE


À l’ouverture de son débat annuel consacré aux questions humanitaires, le Conseil économique et social (ECOSOC) a entendu, cet après-midi, la Secrétaire générale adjointe aux affaires humanitaires et Coordonnatrice des secours d’urgence, Mme Valerie Amos, qui présentait les principales tendances et difficultés observées en 2013 en matière de coordination de l’aide humanitaire.


Mme Amos, qui s’est appuyée sur le rapport du Secrétaire général Ban Ki-moon sur le renforcement de la coordination de l’aide humanitaire d’urgence fournie par les organismes des Nations Unies, a rappelé qu’au cours de l’année écoulée, l’ONU et ses partenaires avaient continué de se heurter à de graves difficultés pour répondre aux besoins suscités par les conflits ou les catastrophes naturelles dans le monde entier.


« À la fin de 2013, le nombre de personnes déplacées par des conflits armés et la violence généralisée est passé à plus de 33,2 millions, chiffre le plus élevé qui ait jamais été enregistré », a déploré la Secrétaire générale adjointe, qui a fait observer que plus de 8,1 millions de personnes supplémentaires avaient été déplacées à l’intérieur des frontières de leurs pays.


« Le nombre de réfugiés à l’étranger, quant à lui, n’a cessé d’augmenter de façon spectaculaire », a souligné Mme Amos, qui a noté qu’à la fin du premier semestre 2013, les réfugiés étaient plus de 11,1 millions, soit 600 000 réfugiés de plus qu’au cours du semestre précédent.  Ce chiffre, a-t-elle dit, devrait vraisemblablement augmenter.


« En 2014, 52 millions de personnes seront bénéficiaires d’une aide humanitaire internationale dans le cadre des procédures d’appel interinstitutions et un montant record de 15,6 milliards de dollars sera demandé pour l’action humanitaire dans 25 pays », a précisé la Secrétaire générale adjointe.


Pour le Vice-Président de l’ECOSOC, M. Ibrahim O. Dabbashi, la réunion d’aujourd’hui, qui se poursuivra jusqu’au mercredi 25 juin, est une occasion de débattre et de comprendre les défis opérationnels qui se posent à l’acheminement de l’aide humanitaire, dans un contexte de crises multiples qui absorbent pleinement les ressources financières existantes.


« Aucune organisation ne pourra, seule, relever un tel défi », a-t-il prévenu, en invitant à intégrer pleinement les acteurs encore en marge de la communauté internationale humanitaire et à réfléchir à de nouveaux moyens d’action pour mieux répondre aux besoins des populations en détresse. 


Une table ronde animée par Mme Amos a permis aux panélistes et aux États Membres de réfléchir aux moyens de résoudre les graves crises humanitaires et politiques qui poussent au gouffre la République centrafricaine (RCA) depuis la fin 2012.  Aujourd’hui, 2,3 millions de personnes comptent sur les secours humanitaires à cause des violences intercommunautaires généralisées, « soit plus de la moitié de la population du pays », a relevé Mme Amos.


« Cette crise n’était pas seulement prévisible, mais également prévue », a jugé le Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, M. Antonio Guterres, pour qui la prévention et l’anticipation doivent devenir parties intégrantes de l’action humanitaire de l’ONU.


Pour la Commissaire européenne chargée de la coopération internationale, de l’aide humanitaire et de la réaction aux crises, Mme Kristalina Georgieva, l’exemple de la Centrafrique souligne la nécessité qu’il faut toujours approcher les situations de crise avec une perspective sous-régionale, dans la mesure où l’arrivée de réfugiés dans les pays voisins est aussi un problème humanitaire pour eux.


L’Envoyé spécial de l’Organisation de la coopération islamique pour la RCA, M. Cheikh Tidiane Gadio, a estimé, pour sa part, que, parallèlement aux efforts de secours, la cessation des hostilités et la négociation d’un accord politique entre les parties étaient une priorité, sous peine de voir des acteurs non étatiques comme Boko Haram s’inviter au conflit en cours.


La Ministre centrafricaine de la santé publique, des affaires sociales et de l’aide humanitaire, Mme Marguerite Samba, a déclaré que l’objectif était qu’« en 2015, la RCA retrouve la stabilité dont elle a besoin pour organiser une élection présidentielle ».  Pour y parvenir, a assuré Mme Samba, « la réponse humanitaire doit être accélérée et sa coordination renforcée afin de permettre aux personnes déplacées de regagner leur foyer ».


Le Vice-Président de l’ECOSOC a annoncé qu’une table ronde se tiendra demain matin, sur le thème de l’assistance humanitaire efficace.  Une autre, consacrée à la « réponse aux besoins des personnes émergeant de situations d’urgence complexes », aura lieu le mercredi 25 juin, dans la matinée.


En outre, pas moins de 25 manifestations parallèles seront organisées en marge de ce débat annuel sur les questions humanitaires par des gouvernements, des ONG, des organisations internationales, le secteur privé ou encore le milieu universitaire.  Une exposition de photographies sur les personnes sinistrées sera inaugurée, ce soir, dans le hall de l’entrée nord du Secrétariat, a précisé le Vice-Président de l’ECOSOC.


DÉBAT CONSACRÉ AUX AFFAIRES HUMANITAIRES


Assistance économique spéciale, aide humanitaire et secours en cas de catastrophe (A/69/80–E/2014/68)


Discours liminaires


M. IBRAHIM O. DABBASHI (Libye), Vice-Président du Conseil économique et social, a estimé que ce débat était une occasion pour débattre et comprendre les défis opérationnels qui se posent pour l’acheminement de l’aide humanitaire.  « Nous avons la possibilité de trouver les moyens de consolider notre réaction commune pour répondre aux difficultés sur le plan humanitaire et nous préparer aux défis à venir », a-t-il expliqué.  M. Dabbashi a estimé que le rôle des Nations Unies devrait être défini dans ce domaine, avant de saluer le dévouement de la Secrétaire générale adjointe aux affaires humanitaires et Coordonnatrice des secours d’urgence, Mme Valerie Amos, et les efforts entrepris par son bureau.  Il a aussi salué l’engagement des travailleurs humanitaires qui risquent leur vie pour venir en aide aux populations dans le besoin.  M. Dabbashi a fait observer que le débat d’aujourd’hui coïncidait avec la célébration de la Journée des Nations Unies pour la fonction publique.


Après la projection d’un film sur les différents défis à relever, le Vice-Président a fait remarquer que le système de l’action humanitaire internationale était confronté à des demandes de plus en plus nombreuses.  « Aucune organisation ne pourra, seule, relever ce défi », a-t-il souligné, en invitant à intégrer les acteurs qui sont encore en marge de la communauté humanitaire internationale.  Il a aussi appelé à adopter de nouveaux moyens pour mieux répondre aux besoins des personnes qui se trouvent en situation de crise.  Il faudrait ériger un système humanitaire qui réponde mieux aux besoins des populations en difficulté et assurer leur protection, a-t-il recommandé.  


Le Vice-Président de l’ECOSOC a annoncé les deux tables rondes qui auront lieu au cours de la session.  La première portera, demain 24 juin, sur le thème de l’assistance humanitaire efficace.  La deuxième aura pour thème la « réponse aux besoins des personnes émergeant de situations d’urgence complexes » et se tiendra le mercredi 25 juin dans la matinée.  Il a aussi annoncé 25 manifestations parallèles organisées en marge de la session par des gouvernements, des ONG, des organisations internationales, le secteur privé ou encore le milieu universitaire.  En outre, M. Dabbashi a invité les participants à contribuer à une étude sur le sommet humanitaire mondial.  Une exposition de photographies sur les personnes sinistrées sera inaugurée, aujourd’hui, dans le hall d’entrée nord du Secrétariat, a-t-il ajouté.


Mme VALERIE AMOS, Secrétaire générale adjointe aux affaires humanitaires et Coordonnatrice des secours d’urgence, a présenté le rapport du Secrétaire général, qui décrit les principales tendances et difficultés observées au cours de l’année écoulée en matière de coordination de l’aide humanitaire.  Tout au long de 2013, a-t-elle rappelé, l’ONU et ses partenaires ont continué de se heurter à de graves difficultés dans les interventions qu’ils ont menées pour répondre aux besoins à la suite de conflits ou de catastrophes naturelles dans le monde entier.  « À la fin de 2013, le nombre de personnes déplacées par des conflits armés et la violence généralisée est passé à plus de 33,2 millions, chiffre le plus élevé qui ait jamais été enregistré par l’observatoire des situations de déplacement interne », a déploré la Secrétaire générale adjointe.  En outre, a-t-elle fait observer, bien qu’un million de personnes aient pu retourner dans leurs foyers, plus de 8,1 millions d’autres ont été récemment déplacées.  Le nombre de personnes qui se sont enfuies à l’étranger n’a cessé d’augmenter de façon spectaculaire, a souligné Mme Amos, qui a noté qu’à la fin du premier semestre 2013, la population mondiale des réfugiés comptait 11,1 millions de personnes, soit 600 000 réfugiés de plus qu’au cours du semestre précédent, « et ce chiffre devrait vraisemblablement augmenter ». 


Abordant les situations pays par pays, la Coordonnatrice des secours d’urgence a affirmé que la crise humanitaire en Syrie ne cessait de se détériorer.  À la fin de la période considérée, a-t-elle rappelé, le nombre de personnes ayant besoin d’une assistance dans ce pays est passé à 9,3 millions, dont 6,5 millions de déplacés.  « De plus, au moins 2,3 millions de réfugiés avaient cherché refuge en Iraq, en Jordanie, au Liban et en Turquie, ainsi qu’en Égypte et dans d’autres pays », a-t-elle fait observer.  Dans le Territoire palestinien occupé, la situation humanitaire s’est également détériorée au cours de l’année écoulée, a poursuivi la Secrétaire générale adjointe aux affaires humanitaires, que ce soit en Cisjordanie, où le nombre de personnes déplacées à la suite de démolitions ou d’expulsions est passé de 886 en 2012 à 1 103 en 2013 et le blocus de la bande de Gaza continue d’être la cause de taux élevés de chômage et d’insécurité alimentaire.  Au Soudan du Sud, a-t-elle affirmé, un million de personnes vivent dans un état de grave insécurité alimentaire en raison des déplacements dus à la violence intercommunautaire et des inondations saisonnières.  En République centrafricaine (RCA), les violences intercommunautaires généralisées ont fait passer le nombre de personnes ayant besoin de secours humanitaires à 2,3 millions, « soit plus de la moitié de la population du pays ».  L’Asie demeure la région la plus touchée par les catastrophes naturelles, près de la moitié d’entre elles étant survenues dans la région et responsables de 88% des pertes en vies humaines.


Les prévisions pour 2014 suivent la courbe ascendante des 10 dernières années.  « En 2014, 52 millions de personnes seront bénéficiaires d’une aide humanitaire internationale dans le cadre des procédures d’appel interinstitutions et un montant record de 15,6 milliards de dollars sera demandé pour l’action humanitaire dans 25 pays », a précisé Mme Amos.  Ces besoins croissants, l’incapacité collective de la communauté internationale de résoudre des crises prolongées et la convergence de divers problèmes mondiaux ont gravement entravé la capacité opérationnelle et financière des gouvernements et des organisations humanitaires de mener des interventions appropriées.  Une telle situation met en relief la nécessité de modifier la façon dont les États Membres, l’ONU et ses partenaires, les communautés touchées, les entités qui apportent les premiers secours, le secteur privé, les organisations de la diaspora et les autres groupes de la société civile collaborent, coordonnent et préparent leurs interventions face à une crise humanitaire. 


Au nombre des recommandations formulées dans son rapport, le Secrétaire général Ban Ki-moon propose notamment que les États Membres, les acteurs non étatiques et les organisations humanitaires continuent d’encourager l’adhésion aux principes d’humanité, d’impartialité, de neutralité et d’indépendance et le respect de ces principes humanitaires.  Les États Membres sont tenus quant à eux de respecter les obligations que leur imposent le droit international humanitaire et le droit international des droits de l’homme, notamment en autorisant les équipes de secours à accéder aux personnes dans le besoin et en leur permettant de parvenir jusqu’à elles rapidement et sans encombre.  En outre, indique le Secrétaire général, ils doivent s’acquitter de leur obligation de respecter et protéger les agents humanitaires et le personnel soignant. 


Ils doivent également poursuivre les efforts de simplification et d’accélération des procédures de déploiement d’équipes humanitaires et d’acheminement de l’aide, notamment en étudiant la possibilité d’adapter les bonnes pratiques et les dispositifs établis pour les catastrophes naturelles à d’autres types de crises, comme les conflits et celles qui découlent d’un état de vulnérabilité chronique.  De leur côté, l’ONU et les organisations humanitaires doivent continuer d’approfondir l’analyse des besoins et d’améliorer la planification stratégique afin que les interventions en cas de crise reposent sur des connaissances solides, qu’elles soient plus efficaces et transparentes et menées de façon plus collective.


Débat général


La représentante de la Bolivie, qui s’exprimait au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a réaffirmé que les membres du Groupe des 77 étaient attachés aux principes qui régissent l’action humanitaire dans le monde: humanité, neutralité, impartialité et indépendance, mais aussi respect de la souveraineté et de l’intégralité du territoire national des États.  Elle a estimé que la coordination de l’aide humanitaire auprès des personnes déplacées exigeait des différentes organisations qu’elles travaillent étroitement avec le gouvernement concerné.  Le Groupe des 77, a indiqué la délégation bolivienne, soutient la nécessité de données fiables et régulièrement mises à jour et d’échanges d’informations entre États Membres.


Prenant la parole au nom de l’Union européenne, le représentant de la Grèce a déclaré, pour sa part, que si l’aide humanitaire ne pouvait être une fin en soi et se substituer indéfiniment à une solution politique, il était crucial de laisser les travailleurs humanitaires travailler dans des conditions acceptables.  Aussi, l’Union européenne a-t-elle exhorté toutes les parties prenantes à garantir un accès sans entraves de l’aide humanitaire à toutes les populations en détresse.


Le représentant de la Suisse a évoqué trois points.  Pour assurer l’efficacité de l’aide humanitaire, il a tenu à rappeler qu’il incombait aux États affectés par une crise ou un conflit de répondre aux besoins et de protéger assistance à leur population.  Les partenariats visant à renforcer le rôle des acteurs impliqués dans une crise sont davantage nécessaires, a-t-il poursuivi.  Par ailleurs, pour la Suisse, l’action humanitaire doit placer les populations affectées au centre des efforts déployés.  Par ailleurs, le délégué a rappelé les principes d’humanité, de neutralité, d’impartialité et d’indépendance, « qui ne doivent pas être remis en cause ».  Enfin, a-t-il ajouté, le processus qui conduira au sommet humanitaire mondial en 2016, constitue une opportunité unique de répondre aux défis qui se posent aujourd’hui. 


Son homologue du Canada a salué les efforts déployés par Valerie Amos et le Comité permanent interorganisations dans la mise en œuvre du Programme de transformation.  La question de l’accès rapide et sans entraves des secours humanitaires aux populations touchées se pose tout particulièrement en Syrie, a noté le représentant, qui a jugé « déplorable » le refus opposé par le régime syrien.  « Nous demandons donc au régime Assad de permettre l’utilisation de toutes les voies d’approvisionnement afin de faciliter la fourniture rapide de secours. »


La délégation de l’Irlande a noté, elle aussi qu’il était important de renforcer le système humanitaire actuel, en accordant par exemple en amont une attention particulière aux tensions interethniques et interconfessionnelles, afin de prévenir des conflits comme ceux qui font rage en République centrafricaine (RCA) et au Soudan du Sud.  Le représentant a également estimé que les violences dirigées contre les femmes, qui se multiplient dans les zones dévastées par des combats ou des catastrophes naturelles, devraient être au cœur des préoccupations. 


Réunion de haut niveau sur « L’action humanitaire en République centrafricaine et dans les pays avoisinant »


Cette table ronde était animée par la Secrétaire générale adjointe aux affaires humanitaires et Coordonnatrice des secours d’urgence, Mme VALERIE AMOS, qui a rappelé l’impact humanitaire qu’ont eu les affrontements interconfessionnels en République centrafricaine (RCA) et dans les pays limitrophes.  Avec l’arrivée de la saison des pluies, cette situation ne peut que s’aggraver dans les mois à venir et exige un renforcement de l’aide humanitaire en faveur des personnes déplacées.  Elle a demandé à tous les États Membres de contribuer sous une forme ou une autre à la stabilisation de la RCA et à ceux qui ont une influence directe à l’exercer auprès des parties au conflit.


Mme KRISTALINA GEORGIEVA, Commissaire européenne chargée de la coopération internationale, de l’aide humanitaire et de la réaction aux crises, a rappelé qu’il a fallu une horrible tragédie pour que la communauté humanitaire replace la RCA au centre des préoccupations, alors qu’elle est déjà confrontée à de nombreuses autres crises.  S’il n’y a pas d’évolution positive en RCA, les conséquences seront graves pour le reste de la sous-région, notamment pour le Cameroun, qui accueille généreusement de nombreux réfugiés centrafricains, a-t-elle prévenu.  La préoccupation principale des autorités de Bangui est le rétablissement de la sécurité dans l’ensemble du pays, a observé la panéliste, qui a demandé que des fonds supplémentaires soient débloqués en faveur de la consolidation de la paix.  Elle a donc appelé les États Membres à faire preuve de générosité et à se mobiliser en faveur de la République centrafricaine.  Un fonds d’affectation spécial sera d’ailleurs bientôt ouvert par l’Union européenne pour financer les interventions humanitaires, a-t-elle annoncé.


M. ANTONIO GUTERRES, Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, a estimé que le cas de la RCA était la chronique d’une crise annoncée.  « Elle n’était pas seulement prévisible, elle était prévue », a-t-il tranché, en faisant observer que 250 000 personnes de plus avaient fui le pays depuis le début de l’année.  La RCA a toujours connu des crises politiques et des coups d’État successifs qui ont détruit les institutions gouvernementales, mais aussi le tissu social, a-t-il expliqué.  La plupart des Tchadiens qui vivaient dans le pays étaient jusqu’à 2013 profondément intégrés dans la société centrafricaine et, maintenant, des problèmes religieux qui n’avaient jamais existé auparavant ont été créés de manière artificielle à des fins purement politiques.  La communauté internationale dispose-t-elle des instruments nécessaires pour s’occuper de ces États « qui se désintègrent » comme la RCA?  M. Guterres a répondu en soulignant qu’il était primordial que les organisations régionales et sous-régionales œuvrent en étroite coopération et renforcent leur coopération avec les Nations Unies.  Ceci implique, par exemple, un financement à la hauteur des efforts que déploie l’Union africaine en RCA, a-t-il dit.


M. CHEIKH TIDIANE GADIO, Envoyé spécial de l’Organisation de la coopération islamique pour la République centrafricaine, a su dès le départ éviter le piège d’une approche confessionnelle du conflit en RCA et proposer au contraire une médiation capable de résoudre une crise avant tout politique.  Aussi, l’OCI a-t-elle proposé une plateforme en trois points, à savoir une insistance sur la cessation immédiate des hostilités et des exactions, la revitalisation du processus politique associant tous les acteurs politiques concernés et le renforcement de l’aide humanitaire.  « Il faut absolument un accord politique et l’arrêt des violences, sous peine de voir des acteurs non étatiques comme Boko Haram s’inviter au conflit en cours », a martelé le panéliste.


Mme MARGUERITE SAMBA, Ministre de la santé publique, des affaires sociales et de l’aide humanitaire de la République centrafricaine, a rappelé que la RCA avait connu plusieurs crises, mais que celle d’aujourd’hui est de loin la plus grave.  Elle persiste « dans la durée et en profondeur » du fait de sa complexité et de la manipulation des convictions religieuses, a-t-elle expliqué.  Alors qu’une crise humanitaire très grave s’est installée dans le pays, au moins 7 000 enfants sont enrôlés dans les rangs des combattants armés et 2 000 femmes ont été victimes de violences sexuelles, a déploré la Ministre.  Les trois piliers de la transition politique centrafricaine, dotée d’un budget de 427 millions de dollars, sont l’action humanitaire, la sécurité et la gouvernance et la reconstruction économique, a-t-elle ensuite rappelé.  Concernant les violences faites aux femmes et aux filles, le Gouvernement centrafricain est en train de créer une unité d’action rapide, tout en poursuivant ses efforts en faveur du rétablissement de l’état de droit et de la sécurité et de la promotion du dialogue national.  « Notre vision, c’est que d’ici à 2015, la RCA retrouve la stabilité dont elle a besoin pour organiser une élection présidentielle », a précisé la Ministre.  Pour y parvenir, a assuré Mme Samba, il faudrait accélérer l’aide humanitaire et renforcer sa coordination afin de permettre aux personnes déplacées de retourner dans leur foyer.


Discussion interactive


Aussi dramatique que soit la situation de millions de Centrafricains, a déclaré le représentant de la France, il ne faut pas se décourager.  Avec l’aide des forces françaises et africaines et le soutien d’EUFOR RCA, la situation sécuritaire se stabilise en Centrafrique, ce qui devrait l’être encore davantage à la mi-septembre, avec le déploiement de la MINUSCA et de ses 10 000 soldats et 1 820 policiers, a-t-il estimé.  « La France reste déterminée à maintenir son effort, à titre bilatéral, mais aussi dans le cadre de son engagement européen et, bien sûr, de ses responsabilités aux Nations Unies », a assuré le délégué de la France.  Outre le rétablissement de la sécurité, il faudrait poursuivre l’effort humanitaire en RCA et ne pas différer les projets qui peuvent être lancés dès maintenant, a-t-il estimé, en citant les projets que soutient l’Agence française de développement, pour un montant de 25 millions d’euros.  Il a souligné qu’il ne faudrait pas oublier les pays de la sous-région, qu’il s’agisse du Cameroun, du Tchad, de la République démocratique du Congo ou du Congo.


Son homologue des États-Unis a rappelé l’engagement financier des États-Unis en faveur de la République centrafricaine, qui s’est récemment traduit par une contribution de 57 millions de dollars.  La délégation de la Suisse a rappelé l’importance de répondre à la crise centrafricaine sous un angle régional.  Pour elle, l’aide humanitaire doit se poursuivre, tout en s’accompagnant d’un processus de développement.  Pour le représentant du Cameroun, la situation en République centrafricaine a de fortes répercussions sur son pays.  Il est évident que ni la RCA, ni les pays de la région, ne peuvent, même avec l’appui des organisations régionales et sous-régionales, relever les défis qui se posent en RCA.  C’est la raison pour laquelle la communauté internationale doit s’investir davantage, y compris au-delà de la phase des secours d’urgence.  Le représentant du Royaume-Uni a estimé qu’il s’agissait clairement d’une crise prolongée et qu’il faudrait donc répondre aux besoins urgents des réfugiés dans les pays voisins.


Le délégué du Luxembourg a, pour sa part, annoncé que son pays avait décidé d’augmenter son engagement financier, qui s’élève aujourd’hui à 2,5 millions d’euros et dont la quasi-totalité a déjà été versée au Programme alimentaire mondial (PAM), au Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), au Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) et au Comité international de la Croix-Rouge (CICR).  Enfin, le Canada, a rappelé son représentant, a versé, de son côté, plus de trois millions de dollars à l’appui de l’aide humanitaire en Centrafrique.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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