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« Le Soudan du Sud est confronté à une grave situation humanitaire causée par la poursuite du conflit interne », avertit le Sous-Secrétaire général aux opérations de maintien de la paix

06/08/2014
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7235eséance - matin


« LE SOUDAN DU SUD EST CONFRONTÉ À UNE GRAVE SITUATION HUMANITAIRE CAUSÉE PAR LA POURSUITE DU CONFLIT INTERNE »,

AVERTIT LE SOUS-SECRÉTAIRE GÉNÉRAL AUX OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX


Alors que les pourparlers entre le Gouvernement du Soudan du Sud et l’opposition ont repris le 4 août sous l’égide de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD), le Sous-Secrétaire général aux opérations de maintien de la paix a averti, ce matin devant le Conseil de sécurité, que trois ans après son indépendance, le pays était au bord d’une catastrophe humanitaire causée par la poursuite du conflit interne.


« Les responsables de cette crise prennent trop de temps pour la résoudre et chaque partie demeure convaincue qu’elle pourra accomplir davantage en optant pour la voie militaire », a regretté M. Edmond Mulet, qui a appelé les parties à conclure un accord sans plus tarder pour mettre un terme au conflit et lancer le processus de réconciliation.


M. Mulet, qui présentait le dernier rapport* du Secrétaire général sur le Soudan du Sud, a également prévenu que la situation qui prévaut actuellement sur le terrain risquait de faire durer les souffrances des personnes déplacées et que le statu quo actuel n’était pas viable.  Il est donc important de rechercher activement une solution durable à cette crise, a-t-il insisté.


Le Sous-Secrétaire général a précisé qu’à Addis-Abeba, où se déroulent les pourparlers de paix, les représentants du Gouvernement et du Mouvement/l’Armée populaire de libération du Soudan dans l’opposition (M/APLS dans l’opposition) axent leurs efforts sur la mise en œuvre de l’Accord de cessation des hostilités.  Un des autres principaux défis, a-t-il ajouté, sera d’aligner les positions de l’ensemble des États membres de l’IGAD au sujet de l’application éventuelle de sanctions contre ceux qui continueraient de saper le processus de paix.


« Il est urgent, a-t-il souligné, que la communauté internationale s’exprime d’une seule voix pour prévenir toute entrave au processus de paix et dissuader les parties de régler le conflit par la voie militaire ».  La visite qu’effectueront prochainement les membres du Conseil de sécurité au Soudan du Sud arrive à point nommé, a-t-il estimé.


Le représentant du Soudan du Sud, M. Joseph Moum Malok, qui participait à cette séance, a appelé les rebelles à faire preuve de sérieux au cours du nouveau cycle de négociations.  Il a demandé aux membres du Conseil de sécurité de leur rappeler l’importance de respecter les Accords de cessation des hostilités du 23 janvier et du 9 mai, Accords « qu’ils ont violés, a-t-il dit, à de nombreuses reprises ».


M. Malok a également souligné que le Président Salva Kiir avait exprimé sa volonté de créer un gouvernement de transition afin de promouvoir la réforme constitutionnelle, la paix et la réconciliation et établir un mécanisme de reddition de comptes.


Au cours de son exposé, le Sous-Secrétaire général aux opérations de maintien de la paix a par ailleurs indiqué que l’étendue des activités humanitaires au Soudan du Sud est telle que c’est désormais la plus importante mission humanitaire jamais déployée au sein d’un seul pays.  Les capacités existantes et le financement de ces activités demeurent, cependant, bien en dessous des besoins « immenses ».


M. Mulet s’est dit très inquiet de l’insécurité alimentaire qui menace 3,9 millions de personnes, de la situation des 1,1 million de personnes déplacées et des 434 000 autres qui ont fui vers les pays voisins.  En outre, 50 000 enfants risquent de mourir de malnutrition aiguë cette année et l’épidémie de choléra continue de s’étendre.


Les travailleurs humanitaires ont pu atteindre 2,4 millions de personnes, mais leurs efforts sont entravés par l’insécurité, le manque de ressources financières et de personnel, ainsi que par des contraintes logistiques et politiques, a-t-il fait remarquer.


Le Sous-Secrétaire général a indiqué que la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS) accueillait actuellement plus de 95 000 personnes déplacées dans ses locaux, dont 40 000 à Bentiu, 31 000 à Juba et 17 000 à Malakal.  Les conditions dans lesquelles vivent ces personnes, qui sont déjà extrêmement difficiles, se sont considérablement détériorées à la suite des inondations à Bentiu et à Malakal.  Des crimes violents ont été aussi signalés.  La Mission, qui doit aussi faire face à des dépenses extrabudgétaires, consacre d’importantes ressources militaires et des équipements à la gestion de ces sites, a assuré M. Mulet.


Le 2 août à Bunj, dans le district de Maban, dans l’État du Haut-Nil, des accrochages ont opposé une milice locale connue sous le nom de « Force de défense de Maban » à une vingtaine de soldats déserteurs de l’Armée populaire de libération du Soudan (SPLA) appartenant à l’ethnie Nuer, causant ainsi de nombreuses pertes au sein de la milice locale, a indiqué par ailleurs M. Mulet.  À la suite de cet incident, cette milice prend pour cibles des Nuers à Bunj et dans les zones environnantes, y compris ceux qui travaillent pour des institutions des Nations Unies ou des ONG humanitaires.  Pour se protéger contre ces attaques, le personnel des Nations Unies et celui des organisations humanitaires se sont installés dans le complexe des institutions des Nations Unies, tandis que des milliers de personnes déplacées ont trouvé refuge dans un camp de réfugiés à proximité de la piste d’atterrissage.  Selon les premières informations, au moins cinq travailleurs humanitaires appartenant à la communauté nuer ont été tués et un autre est porté disparu.


Le Sous-Secrétaire général a indiqué qu’une force de réaction rapide composée de quatre véhicules blindés était sur le point d’atteindre la région et qu’un bataillon aérien y serait également déployé.  L’évacuation du personnel non essentiel par avion a commencé et les employés d’ONG appartenant à la communauté nuer seront escortés vers la piste d’atterrissage dès que la force de protection sera sur place.


« Cet incident illustre la fragilité d’un environnement où les violences risquent d’entraîner des communautés qui n’étaient pas, au départ, impliquées dans le conflit », a commenté M. Mulet, qui a souligné que la situation sur le terrain demeurait précaire et que le conflit menaçait de s’étendre à d’autres parties du pays.  Le Secrétaire général adjoint s’est également inquiété des restrictions de mouvements imposées au personnel de la MINUSS, notamment à Bentiu, dans l’État de l’Unité.


Le déploiement de troupes supplémentaires autorisé par la résolution 2155 (2014) progresse bien, a assuré M. Mulet, en précisant que depuis le 4 août, 3 525 des 5 500 soldats supplémentaires avaient été déployés et les contingents restant devraient l’être d’ici au mois d’octobre.  Des pays contributeurs de troupes ont également été identifiés pour constituer les quatre unités de police dont la Mission a besoin.


Concernant les défis auxquels fait référence le rapport du Secrétaire général, le représentant du Soudan du Sud a expliqué que son gouvernement ne disposait pas des capacités techniques nécessaires pour assurer rapidement les expertises médico-légales ou pour engager des procédures judiciaires appropriées.


« Le Gouvernement du Soudan du Sud fait de son mieux pour contenir une situation très difficile mais il a aussi besoin de l’appui de la communauté internationale », a-t-il déclaré.


Le représentant a également évoqué les « erreurs et les malentendus du passé » entre la MINUSS et le Soudan du Sud et il a assuré que son gouvernement était prêt à coopérer avec la Mission.


* S/2014/537


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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