CS/11508

Le Conseil de sécurité débat de la gravité de la situation humanitaire en Ukraine où 4 millions de personnes sont affectées par les combats

05/8/2014
Conseil de sécuritéCS/11508
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Conseil de sécurité

7234e séance – après-midi


LE CONSEIL DE SÉCURITÉ DÉBAT DE LA GRAVITÉ DE LA SITUATION HUMANITAIRE EN UKRAINE

OÙ 4 MILLIONS DE PERSONNES SONT AFFECTÉES PAR LES COMBATS


Le représentant d’OCHA annonce le lancement, cette semaine,

d’une réponse humanitaire de l’ONU pour prévenir l’aggravation de cette situation


Le Conseil de sécurité a, cet après-midi, à la demande de la Fédération de Russie, débattu de la gravité de la situation humanitaire dans l’est de l’Ukraine et des conséquences de l’instabilité provoquée par les combats qui affectent le quotidien de 4 millions de civils.    


« Actuellement, 3,9 millions de personnes vivent dans les zones affectées par la violence et l’approvisionnement en eau est réduite à quelques heures par jour pour 1,5 million d’habitants des villes de Donetsk et Luhansk », a déclaré le Directeur de la Division de la coordination et des interventions du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), M. John Ging.  Depuis le début du conflit à la mi-avril, 1 367 personnes ont été tuées et 4 087 autres blessées, a-t-il dit, avant d’annoncer le lancement, cette semaine, d’un plan de réaction humanitaire des Nations Unies pour prévenir toute nouvelle aggravation.   


Pour faire face à la situation des personnes déplacées en Ukraine dont le nombre est estimé à 117 910 et des 740 000 personnes qui auraient trouvé refuge dans la Fédération de Russie, de nombreuses délégations ont appelé à la mise en place d’un système unifié d’enregistrement de personnes déplacées.  


Si le représentant russe a jugé « catastrophique » la situation dans l’est de l’Ukraine en raison des activités militaires qualifiées de « chaotiques » du Gouvernement ukrainien, plusieurs délégations ont accusé la Fédération de Russie d’avoir été à l’origine de cette situation et dénoncé son manque de coopération pour faire pression sur les séparatistes afin qu’ils renoncent aux armes et engagent un dialogue.  


« Il est étonnant que la Fédération de Russie convoque une réunion d’urgence du Conseil de sécurité pour débattre de la gravité d’une crise humanitaire dont elle est à l’origine », a déclaré le représentant du Royaume-Uni.  À l’instar de la représentante de la France, il a relevé que personne ne fuyait les zones sous contrôle du Gouvernement ukrainien.  Les rapports du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, a-t-il fait remarquer, ne laissent plus aucun doute sur les exactions commises par les séparatistes pro-russes.  Sur le même ton, la représentante des États-Unis a estimé que la Fédération de Russie pouvait mettre fin à l’instabilité provoquée par les séparatistes en contrôlant ses frontières avec l’Ukraine et en interdisant ainsi les flux d’armes et ceux qui cherchent à combattre sur le territoire ukrainien.  


« C’est la Russie qui continue de déstabiliser l’est de l’Ukraine, c’est elle qui soutient les terroristes dont le mobile principal est de détruire les systèmes d’approvisionnement en eau et en électricité et les hôpitaux », a accusé, de son côté, le représentant de l’Ukraine qui a rappelé que son gouvernement avait mis en place des corridors humanitaires pour permettre à la population civile de fuir les zones de combats. 


Le représentant de la Chine a appelé, quant à lui, les institutions des Nations Unies à respecter les principes d’objectivité et d’impartialité en assurant l’acheminement de l’aide humanitaire.  La Chine, a-t-il assuré, est prête à appuyer tout dialogue politique.  Les représentants de l’Australie et de la République de Corée se sont félicités du lancement, le 24 juillet, des pourparlers de Minsk impliquant des représentants des séparatistes.  Ils ont appelé les parties concernées à les poursuivre. 


Reprenant la parole à la fin de la séance, le représentant de la Fédération de Russie a regretté que certains membres du Conseil de sécurité aient privilégié « la politique politicienne » plutôt que de répondre aux appels à l’aide de la population dans l’est de l’Ukraine.


Répondant aux interrogations de plusieurs délégations, le représentant d’OCHA a précisé que le plan d’intervention humanitaire prenait en compte les futures difficultés liées à l’approche de l’hiver qui, dans cette région, est très rigoureux.  Le délégué du Rwanda, qui s’est inquiété de la gravité de la situation et de la division du Conseil de sécurité sur une crise qui, a-t-il averti, risque de se transformer en véritable guerre, a suggéré que le Conseil organise une réunion mensuelle sur cette question.



Exposé


Présentant la situation humanitaire en Ukraine, M. JOHN GING, Directeur de la Division de la coordination et des interventions du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), a indiqué que 3,9 millions de personnes vivaient dans les zones affectées par la violence et que l’approvisionnement de l’eau était réduite à quelques heures par jour pour les 1,5 million d’habitants des régions de Donetsk et Luhansk.  Il a précisé que 1 367 personnes avaient été tuées et 4 087 blessées depuis le début du conflit à la mi-avril.  Il a indiqué que 58 000 autres personnes avaient fui leur foyer depuis début juillet, et que 1 000 personnes fuyaient, chaque jour, leur lieu d’habitation.  Aujourd’hui, 117 910 personnes sont enregistrées comme étant déplacées à l’intérieur du pays, a indiqué M. Ging, en ajoutant que 168 677 Ukrainiens avaient aussi traversé la frontière pour se réfugier en Russie.


De nombreux Ukrainiens qui ont fui ne sont enregistrés nulle part, a fait remarquer M. Ging.  Il a précisé qu’un plan de réaction des Nations Unies sera lancé cette semaine.  Deux équipes de haut rang d’OCHA ont été déployées ces dernières semaines pour évaluer la situation sur le terrain.  Les corridors humanitaires dans les zones fortement touchées sont établis mais ils sont souvent bloqués par des combattants, a-t-il dit.  C’est pourquoi, il a appelé les parties en conflit à faciliter le déplacement des populations et l’accès sans entraves à l’aide humanitaire.  Notant que la situation humanitaire se détériore de jour en jour, il a jugé indispensable de lancer une action humanitaire pour empêcher toute nouvelle aggravation.


Déclarations


M. VITALY CHURKIN (Fédération de Russie) a déclaré que la situation dans l’est de l’Ukraine était « catastrophique ».  On peut parler de véritable guerre, a-t-il insisté.  En dépit de la Déclaration de Genève et de la Déclaration de Berlin, les autorités à Kiev continuent d’intensifier les opérations militaires, « exposant à de graves risques desmilliers de vies humaines ».  M. Churkin a affirmé que si des brigades punitives jouaient un rôle de premier plan dans le conflit, elles n’étaient pas soumises au contrôle du Gouvernement ukrainien mais financées au contraire par des oligarques.  Il a dénoncé les tirs indiscriminés, en signalant que dans certains quartiers, près de 80% des habitations ont été détruites.  Il s’agit d’actions militaires chaotiques et le conflit a déjà fait 1 367 morts et de nombreux blessés, a-t-il précisé.  Le représentant de la Fédération de Russie a aussi fait savoir que 4 millions de personnes se trouvaient dans la zone des combats, dont 200 000 sont privées d’eau potable.  L’électricité n’est plus disponible, les connexions téléphoniques n’existent plus et la collecte d’ordures ménagères n’est plus assurée.  M. Churkin a aussi indiqué que près de 800 000 Ukrainiens avaient traversé la frontière depuis le début du conflit.  La Fédération de Russie est prête à gérer la situation mais, pour le faire, elle a besoin d’une aide matérielle.


M. Churkin s’est également dit préoccupé par le fait que la majorité des médecins avaient fui la région et que les seules personnes qui s’y trouvent encore ne peuvent trouver refuge nulle part ailleurs.  La Fédération de Russie cherche à établir des corridors humanitaires mais les autorités à Kiev s’y opposent formellement, a-t-il dit.  Le représentant russe a donc appelé la communauté internationale à se mobiliser.  La Fédération de Russie, a-t-il indiqué, propose d’envoyer des convois humanitaires sous l’égide du CICR vers l’est de l’Ukraine.  En vertu de cette proposition, le Comité international de la Croix-Rouge(CICR) superviserait l’acheminement et la distribution de l’aide.  Avant de conclure, M. Churkin a appelé les autres membres du Conseil à laisser de côté leurs velléités politiques.  La stratégie adoptée par les autorités à Kiev dans l’est de l’Ukraine n’aura que des effets délétères pour la population, a-t-il déploré.


M. CRISTIÁN BARROS MELET(Chili) s’est inquiété de l’aggravation de la situation dans l’est de l’Ukraine, en particulier les souffrances de la population civile et les destructions délibérées des infrastructures civiles.  Le manque d’accès à l’eau potable est très préoccupant, a-t-il dit, avant de rappeler que le nombre élevé de personnes déplacées et de réfugiés comprenait essentiellement des femmes et des enfants.  Le représentant a appelé à l’établissement, par les autorités à Kiev, d’un système unifié d’enregistrement afin de répondre aux besoins de ces populations.  Il a ensuite salué la constitution par les agences humanitaires des Nations Unies d’un plan de réaction préliminaire pour l’Ukraine.  Le représentant a aussi appelé les parties à engager un dialogue direct pour trouver une issue pacifique au conflit.


M. LIU JIEYI (Chine) s’est dit très inquiet de la détérioration de la situation humanitaire en Ukraine.  Il a appelé les institutions des Nations Unies à respecter les principes d’objectivité et d’impartialité.  Il a exhorté les parties à faire preuve de retenue et à respecter la Charte des Nations Unies, ainsi que la Déclaration de Genève.  Il a indiqué que la Chine était prête à appuyer tout dialogue politique.


Mme BÉATRICE LE FRAPER DU HELLEN(France) a regretté que les séparatistes s’entêtent à refuser la main tendue par le Président ukrainien.  Le rapport du HCR est éloquent, a-t-elle dit, en faisant remarquer que partout où Kiev a rétabli son autorité, les services publics fonctionnent à nouveau.  Les déplacements de population sont essentiellement causés par les activités des séparatistes, a-t-elle dénoncé, en fustigeant les groupes venant de l’extérieur et qui arment les séparatistes.  La représentante a appelé à un engagement sincère de la Fédération de Russie qui, a-t-elle fait observer, a fait défaut jusqu’à présent.  Elle a appelé la Fédération de Russie à mettre fin à la fuite en avant et à user de son influence pour pousser les groupes armés à déposer les armes et à engager un dialogue.


Mme ROSEMARY A. DICARLO(États-Unis) a souligné que l’instabilité provoquée par les séparatistes avait contribué au déplacement de populations.  Elle a salué l’ONU pour appuyer les efforts du Gouvernement ukrainien en notant que les institutions des Nations Unies sont déjà sur le terrain pour aider les populations les plus vulnérables.  La Fédération de Russie peut tout arrêter en mettant un terme aux flux d’armes et de combattants de Russie vers l’Ukraine et peut exercer son influence pour amener les séparatistes à déposer les armes et à participer aux négociations.  Elle a regretté que la Fédération de Russie ait multiplié par 2 ses bataillons le long de la frontière avec l’Ukraine.  La Fédération de Russie doit mettre fin à toute action déstabilisatrice, a-t-elle insisté, avant de lui demander d’autoriser une évaluation indépendante des besoins humanitaires.


Mme RAIMONDA MURMOKAITÉ (Lituanie) s’est inquiétée de l’effondrement de l’état de droit dans les « soi-disant République populaire de Donetsk et de Luhansk ».  Elle a dénoncé les exécutions sommaires et la diffusion de photos « selfies » montrant des rebelles posant à côté des corps de soldats ukrainiens abattus.  Elle s’est aussi inquiétée de l’imposition, vendredi dernier, de la loi martiale à Donetsk.  La représentante a aussi dénoncé les menaces proférées à l’encontre des membres du corps médical.


Mme Murmokaité s’est ensuite inquiétée du fait qu’en dépit de la résolution 68/262 de l’Assemblée générale, « les lois russes sont appliquées en Crimée, mettant en péril les droits des personnes qui ne veulent pas prendre la nationalité russe ».  Elle a aussi dénoncé le fait que les groupes séparatistes armés n’hésitent pas à s’installer parmi la population civile.  L’Ukraine, a-t-elle souligné, a le droit et le devoir de rétablir l’ordre à l’intérieur de ses frontières et de protéger son intégrité territoriale.  La représentante a ensuite appelé le Gouvernement ukrainien à poursuivre son processus de réforme.


Mme Murmokaité a par ailleurs estimé que la Fédération de Russie aurait pu faire beaucoup plus pour prévenir la situation humanitaire actuelle « en se désassociant des groupes séparatistes, et en interrompant leur approvisionnement en armes et en sécurisant ses frontières ».  Elle s’est déclarée inquiète du fait des manœuvres militaires russes qui se sont récemment déroulées à proximité de la frontière ukrainienne.


M. SAMER ANTON AYED NABER (Jordanie) a appelé le Gouvernement ukrainien à respecter les principes s’appliquant aux droits de l’homme.  Il a insisté sur l’importance de respecter les vies civiles et de s’abstenir de lancer des opérations de vengeance qui les prennent directement pour cible.  Il a exhorté les parties au conflit à trouver une issue politique au conflit qui les oppose et à rétablir la stabilité dans l’est du pays.  Le représentant a aussi appelé au retour des déplacés dans les plus brefs délais, et a insisté sur la nécessité d’assurer le respect des droits des journalistes


M. OH JOON (République de Corée) s’est inquiété de la détérioration de la situation humanitaire comme en témoigne l’augmentation du nombre des personnes déplacées dans l’est de l’Ukraine.  De nouvelles mesures humanitaires, dont de nouveaux couloirs humanitaires sont plus que nécessaires, a estimé le représentant coréen.  Ce dernier s’est néanmoins félicité de la tenue, le 24 juillet à Minsk, du Groupe de contact tripartite avec la participation de représentants séparatistes.  Il a appelé à un accord s’appuyant sur la déclaration de Berlin du 2 juillet avant de réitérer l’appui de sa délégation en faveur d’une enquête internationale sur la destruction en plein vol de l’avion de la Malaysia Airlines.


Mme MARÍA CRISTINA PERCEVAL(Argentine) a déclaré que l’augmentation constante du nombre de personnes déplacées traduisait une situation telle que la communauté internationale ne pouvait rester silencieuse.  Regrettant les difficultés d’accès à l’eau et aux services de soins, elle a exhorté les parties concernées à respecter les obligations en vertu du droit international humanitaire pour assurer la protection des civils.  Avec l’approche d’un hiver rigoureux dans la région, la situation risque de s’aggraver davantage, a-t-elle prévenu.  C’est pourquoi, il est urgent pour les parties concernées d’engager un dialogue politique, inclusif et constructif.


Mme SYLVIE LUCAS (Luxembourg) s’est inquiétée des cas d’intimidation et de torture signalés dans les zones contrôlées par les séparatistes.  Elle a appelé à l’établissement d’un système d’enregistrement centralisé à l’intention des populations déplacées.  Il faudrait également redoubler d’efforts pour créer les conditions propices pour la mise en œuvre du plan de paix du Président Poroshenko.  La représentante du Luxembourg a appelé au déploiement d’observateurs civils aux postes de contrôle de l’est, comme le préconise l’OSCE.  Il faudrait, a-t-elle insisté, que l’approvisionnement par les groupes séparatistes cesse.  Le moment est venu de s’engager de bonne foi dans la recherche d’une solution pacifique.


M. GARY FRANCIS QUINLAN (Australie) s’est inquiété des attaques contre les installations civiles et a appelé à assurer leur protection.  Il a salué l’ONU et les acteurs humanitaires pour les efforts déployés en vue de venir en aide aux personnes déplacées.  Il est important, a-t-il souligné, de coordonner les efforts du Gouvernement ukrainien avec ceux des institutions humanitaires.  Le représentant de l’Australie s’est félicité du lancement des pourparlers de Minsk, en rappelant qu’au préalable, les groupes séparatistes doivent cesser leurs combats.  Le représentant a ensuite déploré que la résolution 2166 (2014), concernant l’accès au site du crash du vol MH 17, n’ait pas été entièrement mise en œuvre.


M. USMAN SARKI(Nigéria) a regretté que des centaines de milliers de personnes soient prises au piège dans le conflit qui se poursuit dans l’est de l’Ukraine.  Il a noté que l’accès à l’eau potable était de plus en plus limité, qu’il n’y avait plus de gaz et que les fournitures médicales se faisaient rares.  Le représentant a félicité l’OCHA pour établir une réponse humanitaire fondée sur une stratégie globale.  Il a demandé aux autorités de l’Ukraine de mettre en place un système efficace visant à assurer efficacement la distribution de l’aide humanitaire.  Il a estimé que l’Accord de Genève du 17 avril présente des voies possibles de résolution du conflit.  Le représentant a demandé si le système d’enregistrement unifié des personnes déplacées avait été accepté par le Gouvernement ukrainien et si l’OCHA avait pris des mesures pour faire face à un hiver rigoureux dans la région.


M. OLIVIER NDUHUNGIREHE(Rwanda) a noté que 3,9 millions de personnes vivaient dans les zones touchées par le conflit et que le HCR avait recensé 117 000 personnes déplacées à l’intérieur de l’Ukraine.  Il s’est inquiété des affrontements qui se poursuivent à proximité du site du crash de l’avion de la Malaysia Airlines, en regrettant que les enquêteurs soient empêchés de mener leur travail.  Il a jugé malheureux que le Conseil de sécurité reste divisé sur la question de l’Ukraine.  Cette division, a-t-il dit, risque de transformer la crise actuelle en une guerre totale.  Pour sa délégation, le plan de paix du Président ukrainien devrait servir de base à une solution de paix à long terme.  Le représentant a rappelé toutes les parties à respecter la souveraineté nationale et l’intégrité territoriale de l’Ukraine et a demandé au Conseil de sécurité de tenir une réunion mensuelle sur la question.


M. GOMBO TCHOULI (Tchad) s’est inquiété de l’étendue des combats aux centres urbains qui, a-t-il dit, ont fait de nombreux morts parmi les civils.  Des centres hospitaliers seraient, selon certaines informations, occupés par des forces armées, a-t-il ajouté.  De l’avis de sa délégation, seul un dialogue constructif peut déboucher sur une désescalade de la situation.


M. MARK LYALL GRANT(Royaume-Uni) a affirmé que même si la situation humanitaire en Ukraine ne peut être comparée aux autres crises en cours dans le monde, la détérioration de la situation n’en est pas moins préoccupante.  La vie reprend normalement dans les villes qui sont passées à nouveau sous le contrôle des forces ukrainiennes, tandis que la violence persiste dans les localités qui se trouvent encore sous le contrôle des séparatistes.  Selon des informations, les séparatistes ont même refusé l’évacuation de la population civile, s’est-il indigné.  Le représentant a estimé qu’il était nécessaire de répondre aux causes profondes de la situation.  C’est une insurrection fabriquée de toute pièce depuis Moscou, a-t-il accusé, avant d’affirmer que de nombreux dirigeants séparatistes étaient des citoyens russes appartenant aux services de renseignement de la Russie.  Il est étonnant, a-t-il dit, que la Fédération de Russie convoque une réunion d’urgence du Conseil pour débattre d’une crise humanitaire dont elle est responsable.


Reprenant la parole le Directeur de la Division de la coordination et des interventions d’OCHA a insisté sur l’urgence d’établir un système d’enregistrement.  Il a aussi fait savoir que l’ensemble des réponses humanitaires prennent en compte les risques supplémentaires que pose un hiver rigoureux dans la région.


M. OLEKSANDR PAVLICHENKO(Ukraine) a tenu à préciser que la crise telle que décrite par la Fédération de Russie n’existe pas, même si la situation dans l’est du pays demeure extrêmement grave.  Des difficultés humanitaires de taille ne se posent que dans les villes qui demeurent sous le contrôle de « groupes terroristes appuyés par la Fédération de Russie ».  Le Gouvernement ukrainien s’acquitte quant à lui de toutes ses responsabilités, en matière de versement des salaires et de rétablissement des services de base notamment, a assuré son représentant.  Les terroristes ont été repoussés de Slaviansk et d’autres villages où la vie reprend à présent normalement.


Le représentant s’est ensuite félicité de ce que plusieurs pays se soient engagés à fournir une aide significative aux efforts de reconstruction dans la région.  Il a toutefois qualifié de cynique la proposition faite par la Fédération de Russie d’acheminer l’aide humanitaire.  Le représentant s’est aussi inquiété des attaques qui prennent pour cibles des installations médicales.  Des corridors humanitaires ont été établis par le Gouvernement ukrainien, mais ils ne peuvent pleinement fonctionner en raison des activités des groupes armés illégaux.  Il a exhorté la Fédération de Russie à contrôler sa frontière avec l’Ukraine et à mettre fin au flux de « terroristes » qui franchissent cette frontière.


La Fédération de Russie, a-t-il accusé, déstabilise la situation dans l’est du pays en bombardant des positions ukrainiennes et en augmentant le nombre de troupes positionnées le long de sa frontière.  Le représentant de l’Ukraine a appelé la Fédération de Russie à cesser d’envoyer des mercenaires et des armes en Ukraine, à garantir un contrôle efficace de sa frontière avec l’Ukraine, à s’abstenir de toute provocation visant à déstabiliser le pays et à mettre un terme à la formation de forces paramilitaires.


Reprenant la parole, le représentant de la Fédération de Russie a regretté que certains membres du Conseil n’aient pas entendu l’appel de sa délégation les engageant à abandonner les « politiques politiciennes ».  Il a émis l’espoir que cette réunion permettra de mieux coordonner les efforts du Conseil.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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