CS/11360

Mali: le Représentant spécial de l’ONU salue les progrès, tout en prévenant des risques posés par une insécurité résiduelle dans le nord

23/4/2014
Conseil de sécuritéCS/11360
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Conseil de sécurité                                        

7158e séance – matin                                       


MALI: LE REPRÉSENTANT SPÉCIAL DE L’ONU SALUE LES PROGRÈS, TOUT EN PRÉVENANT

DES RISQUES POSÉS PAR UNE INSÉCURITÉ RÉSIDUELLE DANS LE NORD


Le Ministre malien des affaires étrangères souligne l’importance vitale

du soutien de la communauté internationale aux efforts entrepris par son gouvernement


Au Mali, « le train de la paix a définitivement quitté la gare et ne pourra plus faire marche arrière », a affirmé, ce matin, devant le Conseil de sécurité, le Représentant spécial du Secrétaire général pour ce pays, M. Albert Koenders, tout en mettant en garde contre les risques que pose une insécurité résiduelle, mais persistante, dans le nord.


Venu présenter le dernier rapport en date du Secrétaire général sur les activités de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA), M. Koenders s’est félicité de la mise en place de la nouvelle Assemblée nationale, du rétablissement progressif de l’administration publique dans les régions du nord, ainsi que de la formation d’un nouveau Gouvernement, qui donnent, selon lui, un nouvel élan au processus de paix en cours.


En outre, a indiqué le Chef de la MINUSMA, le Président malien vient d’annoncer la nomination d’un haut représentant pour les pourparlers dans le cadre de l’Accord préliminaire à l’élection présidentielle et aux pourparlers de paix au Mali.


« Dans ce contexte, l’ouverture d’un dialogue inclusif reste la première priorité et doit impérativement se faire dans les meilleurs délais et sur la base d’une date acceptée par les parties.  De même, il est urgent d’établir une feuille de route consensuelle que le Gouvernement, les mouvements armés et la société civile doivent absolument traduire en mesures concrètes », a soutenu le Représentant spécial.


Dans cette optique, le Ministre des affaires étrangères du Mali, M. Abdoulaye Diop, a expliqué aux membres du Conseil que son gouvernement avait organisé, avec la MINUSMA, une série d’ateliers et d’activités destinés à préparer le terrain aux pourparlers inclusifs, avec quatre thèmes prioritaires: les leçons apprises des accords précédents; le cantonnement et le processus de désarmement, de démobilisation et de réintégration (DDR) des groupes armés; le rétablissement de l’administration et la reprise des services sociaux; et, enfin, des journées nationales d’action en faveur des femmes et des jeunes.


Jugeant essentielle, comme le souligne le Secrétaire général dans son rapport, la participation de tous les secteurs de la société malienne aux efforts en cours, M. Koenders a toutefois déploré « le manque de cohérence et le refus de certains mouvements armés de saisir l’occasion offerte par les discussions informelles » en cours, en particulier, dans le nord du pays.


Issu de l’atelier sur le désarmement, la démobilisation et la réintégration, le « mode opératoire de cantonnement » mouvements armés est un document consensuel de référence, a expliqué le Représentant spécial.  Si la MINUSMA a commencé à déterminer les sites de cantonnement prioritaires, la responsabilité de la mise en œuvre du mode opératoire incombe aux parties, a-t-il toutefois fait observer.


C’est parce que le soutien de la communauté internationale –en particulier de l’Union africaine, de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et de l’Union européenne–, a été déterminant jusqu’à présent dans la réalisation des progrès au Mali qu’il reste indispensable, a insisté M. Koenders à la suite du Secrétaire général dans son rapport.


« L’engagement continu et la coordination des interventions de la communauté internationale sont indispensables pour harmoniser nos actions et maximiser l’impact de nos efforts au Mali.  La mise en œuvre d’un accord de paix final et l’efficacité des dépenses de développement sont directement liées et illustrent le lien étroit existant entre développement et sécurité » dans le pays, rappelle le Secrétaire général dans son rapport, en plaidant également pour l’inscription des efforts en cours dans le cadre plus vaste de la Stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel.


Pour le Représentant spécial, un tel soutien est d’autant plus important à la lumière de l’insécurité persistante dans le nord du Mali, comme le montrent des tirs de mortiers à Gao, à Tombouctou et à Kidal, l’intensification des actes terroristes, principalement imputables à Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI) et au Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO), et la multiplication des violences meurtrières entre communautés touarègues et peules.


« Gagner les cœurs et les esprits de la population locale exige des efforts concertés au niveau national, avec le soutien de la communauté internationale, pour veiller à l’établissement d’une administration efficace et efficiente, restaurer l’état de droit, veiller au respect des droits de l’homme et mettre les programmes de relèvement, autant de facteurs de réconciliation et de cohésion sociale », a souligné le Représentant spécial.


M. Abdoulaye Diop a renchéri, en reconnaissant que toute solution durable à l’insécurité dans le nord passait par un dialogue politique inclusif ouvrant la voie au rétablissement de l’ordre public, à l’accès égal de tous les Maliens aux services de base et à la réconciliation intercommunautaire.


Dans ce contexte, a fait remarquer le Chef de la diplomatie malienne, le renforcement de l’assistance des États Membres, partenaires et donateurs demeure vital, notamment la mise à disposition de troupes en nombre suffisant et d’hélicoptères de combat et de transport militaire pour permettre à la MINUSMA de s’acquitter pleinement de son mandat.


Se disant conscient, lui aussi, de l’importance d’aligner les efforts déployés au Mali sur la Stratégie intégrée de l’ONU pour le Sahel, le Ministre a annoncé que son pays présentera, très prochainement, une feuille de route visant, notamment, à maintenir l’attention sur les défis importants auxquels la région est confrontée et à se doter des priorités communes pour les initiatives à prendre au niveau régional.


LA SITUATION AU MALI


Rapport du Secrétaire général sur la situation au Mali (S/2014/229)


Le présent rapport, qui couvre la période allant du 22 décembre 2013 au 24 mars 2014, fait le point sur la situation au Mali et de l’exécution du mandat de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation dans ce pays (MINUSMA).


« Le retour à l’ordre constitutionnel -qui est presque terminé au Mali avec l’inauguration de l’Assemblée nationale-, le retour progressif de l’administration publique dans le nord et la reprise des pourparlers informels entre le Gouvernement malien et les groupes armés après une longue impasse sont des évolutions encourageantes », se félicite tout d’abord le Secrétaire général.


Avec une aide substantielle de la communauté internationale, y compris la MINUSMA et les donateurs, ces évolutions offrent à tous les Maliens, dit-il, une « occasion historique de surmonter la crise actuelle et d’aboutir à un contrat social et politique durable avec le nord ».  Ainsi, M. Ban Ki-moon lance un appel au Gouvernement malien, aux groupes armés et à tous les acteurs de la société civile, leur demandant de consolider et de maintenir la paix et la stabilité au Mali.


L’engagement d’un dialogue politique véritablement inclusif constitue la première priorité pour le Secrétaire général.  « Il ne peut y avoir de solution durable aux problèmes de sécurité dans le nord en l’absence d’un processus politique inclusif ouvrant la voie au rétablissement de l’ordre public, à l’accès égal de tous les Maliens aux services publics et à la réconciliation entre les communautés », rappelle le Secrétaire général.


C’est la raison pour laquelle il déplore que certains groupes armés aient fait preuve d’un « manque de cohérence » ou refusé de saisir l’occasion offerte par les pourparlers informels d’élaborer le processus de paix.  Lors des prochaines étapes, toutes les parties prenantes devront être résolument déterminées à participer à un processus constructif et inclusif, car les pourparlers informels en cours doivent évoluer vers des négociations formelles, met en garde M. Ban.  Il demande également à tous les acteurs de la région d’adopter une approche coordonnée et de prendre des mesures concertées avec l’ONU afin d’accompagner les pourparlers inclusifs et les négociations avec les signataires de cet accord.


Encouragé par les progrès réalisés par les parties chargées du désarmement, de la démobilisation et de la réintégration, le Secrétaire général demande aux partenaires régionaux et mondiaux d’intensifier leurs efforts afin d’aider les parties à mettre ce processus en œuvre, y compris par un soutien financier et logistique dont elles ont grand besoin.


Profondément préoccupé par la détérioration des conditions de sécurité dans le nord, en particulier par la présence et l’activité accrues de groupes extrémistes, M. Ban encourage une nouvelle fois États Membres d’accélérer la mise à disposition et le déploiement d’hélicoptères et autres moyens clefs, outre des contingents, pour la MINUSMA.  Également inquiet des affrontements entre les communautés dans le nord, en particulier dans la région de Gao, il juge « urgent d’intervenir » afin d’empêcher une escalade de la violence.


Se félicitant du bon déroulement des élections législatives, le Secrétaire général demande instamment au Gouvernement malien et à tous les intervenants politiques à l’Assemblée nationale d’accélérer les réformes institutionnelles.


Par ailleurs, bien que certains réfugiés et déplacés aient regagné leur secteur d’origine, M. Ban encourage le Gouvernement malien à accélérer le dialogue inclusif et la réconciliation au niveau local et à assurer la fourniture d’une aide humanitaire et de services de base suffisants pour garantir le retour durable de tous les Maliens déplacés vers leur communauté.  Il prie les partenaires de développement d’encourager le rétablissement de l’administration publique et la restauration des services sociaux de base dans le nord et d’augmenter leur assistance aux 3 millions de personnes affectées par l’insécurité alimentaire, y compris aux 500 000 enfants âgés de moins de 5 ans qui souffrent de malnutrition aiguë.


Saluant la création de la Commission Vérité, justice et réconciliation, le Secrétaire général prie le Gouvernement malien de veiller à la neutralité, à l’impartialité et à l’indépendance de cet organe: « Les procédures engagées par les autorités judiciaires concernant la disparition et l’exécution sommaire de 25 soldats en avril 2012 est également une mesure encourageante, tout comme l’enquête sur l’arrestation arbitraire et l’exécution sommaire présumées de trois civils par des éléments des forces maliennes, le 19 février ».


M. Ban demande enfin à la communauté internationale d’apporter un soutien financier et politique à la mise en œuvre de la Stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel dans les domaines prioritaires qui ont été recensés, à savoir la gouvernance, la sécurité, la résilience et l’infrastructure régionale.  « L’engagement continu et la coordination des interventions de la communauté internationale sont indispensables pour harmoniser nos actions et maximiser l’impact de nos efforts au Mali.  La mise en œuvre d’un accord de paix final et l’efficacité des dépenses de développement, souligne-t-il, sont directement liées et illustrent le lien étroit existant entre développement et sécurité. »


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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