AG/11515

L’Assemblée générale crée le Prix des Nations Unies Nelson Rolihlahla Mandela pour honorer le legs de l’ancien Président sud-africain

6/6/2014
Assemblée généraleAG/11515
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Assemblée générale                                         

Soixante-huitième session                                  

91e & 92e séances plénières

Matin & après-midi


L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE CRÉE LE PRIX DES NATIONS UNIES NELSON ROLIHLAHLA MANDELA

POUR HONORER LE LEGS DE L’ANCIEN PRÉSIDENT SUD-AFRICAIN


Elle examine également le rapport du Secrétaire général sur l’élimination de l’épidémie de sida


L’Assemblée générale a, aujourd’hui, créé le Prix des Nations Unies Nelson Rolihlahla Mandela* afin d’honorer et de saluer « la vie extraordinaire et le legs » de l’ancien Président de l’Afrique du Sud, décédé le 5 décembre 2013.  De même, elle a débattu du rapport** du Secrétaire général, intitulé « Vers une élimination de l’épidémie du sida: atteindre les objectifs de 2015 et planifier l’après-2015 ».


Le Prix des Nations Unies Nelson Rolihlahla Mandela aura un caractère honorifique « en hommage aux réalisations exceptionnelles et aux contributions de personnes aux buts et aux objectifs de la Charte des Nations Unies », souligne l’Assemblée générale, dans sa résolutionadoptée sans vote.


L’Assemblée générale, par ce texte, initié par le Président de sa soixante-huitième session, M. John Ashe, priele Secrétaire général de définir dans les six mois « les critères et modalités d’attribution du prix, qu’elle devra adopter au plus tard le 30 novembre 2014 ».


Le Secrétaire général, M. Ban Ki-moon, s’est félicité de l’adoption d’une résolution historique.  Le meilleur hommage que l’on puisse rendre à Nelson Mandela ne se limite pas à des mots ou à des cérémonies, mais devrait se traduire par des actions contre le racisme et la haine, a-t-il dit.  Les Nations Unies, a-t-il ajouté, sont honorées d’avoir été « debout aux côtés de Nelson Mandela et du peuple de l’Afrique du Sud jusqu’à la fin du régime d’apartheid ». 


L’Assemblée générale, s’appuyant sur le rapport du Secrétaire général, a, en outre, débattu des progrès réalisés en vue d’éliminer le fléau du VIH/sida alors qu’approche l’échéance de 2015 fixée pour atteindre les objectifs et les engagements établis dans sa Déclaration politique de 2011.


Dans ce rapport, le Secrétaire général recommande que l’Assemblée générale « examine la possibilité d’une rencontre de haut niveau en 2016 sur la lutte contre le VIH/sida en vue de réaffirmer et de renouveler les engagements politiques et d’assurer la responsabilité envers la réalisation d’un accès universel à la prévention, au traitement, aux soins et au soutien en matière de VIH après 2015 ».


Pour M. Ashe, la lutte contre le VIH/sida doit être « pleinement intégrée aux priorités du programme de développement pour l’après-2015 ».  « C’est un impératif moral, et les délibérations actuelles sur les objectifs de développement durable, comme la réunion de haut niveau proposée par le Secrétaire général en 2016, sont des opportunités de faire des avancées supplémentaires », a estimé le Président de l’Assemblée générale.


Avec l’engagement continu des États Membres et le travail du Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA) et de l’ensemble du système des Nations Unies, « nous avons la capacité d’offrir au monde un beau cadeau: mettre fin au sida grâce à une vision partagée de zéro nouvelle infection à VIH, zéro discrimination et zéro décès liés au sida », a déclaré M. Ban.  « Faisons cette promesse.  Des millions de vies dépendent de nous. »


Dans son rapport, il propose d’accélérer l’évolution des objectifs de 2015 et les engagements d’élimination, de combler les lacunes de l’accès aux services, de remplacer les mesures répressives par des mesures protectrices, d’établir de nouveaux objectifs ambitieux pour éliminer l’épidémie de sida, de créer des modèles d’investissement nationaux et d’intégrer la lutte contre le VIH.


Au cours du débat, auquel ont pris part une trentaine de délégations, le représentant de Trinité-et-Tobago, au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a fait observer que l’objectif de faire de la sous-région une zone exempte du sida était difficile à atteindre dans la mesure où ses pays étaient classés par la Banque mondiale dans la catégorie des États à revenu intermédiaire, « ce qui limite considérablement notre accès à certaines ressources financières ».


Plusieurs délégués, comme celui du Malawi, au nom de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), ont mis l’accent sur la nécessité de redoubler d’efforts pour réduire les inégalités entre hommes et femmes, éliminer la pauvreté et renforcer la prévention du VIH/sida.


Pour le Groupe des États d’Afrique, le représentant sud-africain a souligné l’importance de la gestion et de la production locales de médicaments.  L’accès universel aux traitements antirétroviraux, a-t-il estimé, reste un objectif décisif des stratégies mondiales de réponse et constitue un droit fondamental de la personne. 


* A/68/L.48

** A/68/825


SUITE DONNÉE AUX TEXTES ISSUS DU SOMMET DU MILLÉNAIRE: PROJET DE RÉSOLUTION A/68/L.48


Déclarations


M. BAN KI-MOON, Secrétaire général de l’ONU, s’est félicité de l’adoption d’une résolution historique instaurant le « Prix des Nations Unies Nelson Mandela ».  Il a précisé que le meilleur hommage que l’on pouvait rendre à Nelson Mandela ne se limitait pas à des mots ou à l’organisation de cérémonies, mais devrait se traduire par des actions contre le racisme et la haine.  Il a déclaré que les Nations Unies étaient honorées d’avoir été debout aux côtés de Nelson Mandela et du peuple de l’Afrique du Sud jusqu’à la fin du régime d’apartheid.  Depuis les premières mesures de sanctions jusqu’à la déclaration proclamant le 18 juillet Journée internationale Nelson Mandela, l’Assemblée générale s’est placée du bon côté de l’histoire, a assuré M. Ban Ki-moon.  Il a rappelé que lorsque Nelson Mandela a accepté le prix Nobel de la paix, ce dernier avait déclaré qu’il représentait un nombre incalculable d’êtres humains qui « reconnaissent qu’une blessure faite à l’un est une blessure faite à tous ».


M. JEREMIAH NYAMANE KINGSLEY MAMABOLO (Afrique du Sud) a déclaré qu’en créant ce prix, les Nations Unies rendaient hommage à la contribution exceptionnelle de Nelson Mandela à une culture de paix dans le monde.  En tant que dirigeant mondial qui a refusé l’injustice, a-t-il ajouté, Nelson Mandela a inspiré un désir de vérité et de compréhension entre les peuples.  « Il reste l’incarnation du triomphe de l’humanité », a conclu le délégué sud-africain. 


M. THOMAS MAYR-HARTING (Union européenne) a estimé que la vie de Nelson Mandela représentait une leçon essentielle de réconciliation, de transformation sociale et politique.  Sa vie fut une source fondamentale d’inspiration, a-t-il insisté.  Il n’y a pas de meilleure façon, a-t-il souligné, de célébrer l’héritage de Nelson Mandela que de réaffirmer l’engagement collectif en faveur de la démocratie et de la défense des valeurs humaines pour lesquelles il a œuvré sans relâche.


MISE EN ŒUVRE DE LA DÉCLARATION D’ENGAGEMENT SUR LE VIH/SIDA ET DES DÉCLARATIONS POLITIQUES SUR LE VIH/SIDA: RAPPORT DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL ( A/68/825 )


Rapport du Secrétaire général intitulé « Vers une élimination de l’épidémie du sida: atteindre les objectifs de 2015 et planifier l’après-2015 » (AG/68/868)


À l’approche de la date butoir de 2015 fixée pour atteindre les objectifs et les engagements établis par l’Assemblée générale dans sa Déclaration politique de 2011 sur le VIH et le sida, souligne le Secrétaire général, l’action mondiale contre le VIH a atteint une phase importante.  Il y a une baisse croissante de nouvelles infections au VIH et des décès liés au sida et un grand espoir que le monde éliminera les nouvelles infections chez l’enfant et que la vie de la mère sera sauvée, se félicite M. Ban Ki-moon.  Malgré les défis économiques croissants et les priorités concurrentes, les ressources totales disponibles en faveur des programmes dans les pays à faible revenu ou à revenu intermédiaire continuent de croître.


« Le monde a une occasion historique de jeter les bases pour éliminer l’épidémie de sida.  Toutefois, le succès n’est pas garanti.  Tout en étant encourageants, les nouveaux développements et les tendances mondiales générales masquent le fait qu’un trop grand nombre de personnes infectées et affectées par le VIH sont laissées pour compte.  Dans des douzaines de pays, le traitement antirétroviral, qui est d’une importance vitale, n’atteint qu’une fraction des personnes éligibles dans le monde.  Jusqu’en décembre 2012, seule une personne environ sur trois éligibles au traitement en bénéficiait », explique le Secrétaire général.


Bien trop souvent, la discrimination, la criminalisation et les pratiques répressives limitent une action efficace contre le VIH en faveur des personnes qui en ont le plus besoin, surtout les populations clefs les plus exposées au risque d’infection.  L’émergence de nouvelles mesures législatives visant à criminaliser celle-ci, qui non seulement constituent des violations des droits de la personne, mais aussi éloignent les gens des services essentiels, mérite une attention particulière, souligne M. Ban.


En outre, la lutte contre le sida ne répond pas aux besoins des jeunes.  Les enfants sont 2 fois moins susceptibles que les adultes de bénéficier du traitement antirétroviral en cas de besoin.  Même si les décès liés au sida sont en baisse dans l’ensemble, la mortalité due au VIH chez les adolescents a augmenté de 50% depuis 2005.  En Afrique subsaharienne, les taux d’infection demeurent substantiellement plus élevés chez les filles que chez les garçons de même âge, fait observer le Chef de l’Organisation.


« Bien que plusieurs des cibles et des objectifs principaux de 2015 soient à notre portée, le sida sera encore en 2016 un défi mondial urgent de santé et de développement », prévient-il.  Or, la lutte contre le sida a beaucoup à apporter au domaine plus large du développement, avec l’accent qu’elle met sur le plaidoyer, l’autonomisation des communautés, un leadership politique de haut niveau, une action fondée sur les faits et les droits, des modèles innovants de prise en charge et de prévention ainsi que des partenariats et une collaboration à grande échelle, note le Secrétaire général.  De même, la lutte contre le sida sera considérablement renforcée si elle passe d’une action isolée à un instrument d’accélération du progrès dans les prochains objectifs de développement durable.


Même si 2015 représente une échéance importante dans la lutte contre le sida, les travaux doivent continuer de s’intensifier, si nous voulons atteindre l’objectif partagé de zéro nouvelle infection au VIH, zéro discrimination et zéro décès liés au sida, plaide M. Ban, qui fait plusieurs recommandations en ce sens.  Il faudrait d’abord accélérer l’évolution des objectifs de 2015 et les engagements d’élimination.  Il a ensuite proposé de combler les lacunes de l’accès aux services, en veillant à ce que tous les individus, les populations et les communautés aient un accès équitable et non discriminatoire aux services associés au traitement du VIH/sida.


Le Secrétaire général préconise également de supprimer les lois répressives et leur application qui agissent comme obstacles à la santé et aux services associés au VIH et de les remplacer par des lois protectrices contre la discrimination, la violence, les crimes de haine ainsi que le dépistage et le traitement obligatoires.


Pour M. Ban, la lutte contre le VIH/sida nécessite l’établissement de nouveaux objectifs visant à impulser le progrès, réunir les différents acteurs et favoriser la responsabilité et la transparence.  Reconnaissant les changements remarquables intervenus depuis la Déclaration politique de 2011, l’ONUSIDA s’est joint à divers partenaires et acteurs pour lancer un processus d’élaboration de nouveaux objectifs liés au VIH/sida pour 2020 et 2030.  Les pays sont encouragés, non seulement à établir de nouveaux objectifs chiffrés pour l’intensification de la lutte, mais également à établir des objectifs spécifiques pour les populations qui ne bénéficient pas équitablement des progrès scientifiques et programmatiques.  Le Secrétaire général recommande ainsi que l’Assemblée générale examine la possibilité d’une rencontre de haut niveau en 2016 pour réaffirmer et renouveler les engagements politiques et à assurer la responsabilité envers la réalisation d’un accès universel à la prévention, au traitement, aux soins et au soutien en matière de VIH/sida après 2015.


M. Ban recommande en outre de créer des modèles d’investissement nationaux: «  Tous les pays sont encouragés à accroître l’impact des investissements liés au VIH/sida et assurer une bonne optimisation des ressources.  Plusieurs pays n’investissent pas leurs ressources internes, compte tenu de leurs richesses nationales et de la charge de l’épidémie qui pèse sur eux », affirme-t-il.


Enfin, il faudrait, estime le Secrétaire général, intégrer la lutte contre le VIH/sida.  Éliminer ce fléau aidera à stimuler les efforts généraux pour fournir un programme social mondial de justice après 2015 et sera un exemple de mesure ou aucune personne n’est lésée et où toutes les personnes sont unies dans un engagement commun aux droits de la personne, à l’égalité entre les sexes, à la gouvernance inclusive et à l’intégration sociale, précise-t-il.  Des efforts devraient par conséquent être entrepris pour intégrer la lutte contre le VIH/sida aux efforts de santé et de développement plus larges, pour renforcer les systèmes communautaires et de santé et démanteler les systèmes doubles ou parallèles de planification et de mise en œuvre du programme.  « Les jeunes et les communautés touchées doivent être équipés pour impulser ce changement », conclut M. Ban.


Déclarations


M. JOHN ASHE, Président de la soixante-huitième session de l’Assemblée générale, a estimé que le rapport du Secrétaire général adressait un message très clair, soulignant que la solidarité au niveau mondial et les efforts conjoints de la communauté internationale avaient permis d’obtenir des gains significatifs contre la pandémie et conduit à une opportunité historique de poser les fondations de l’élimination du sida.  « Toutefois, il reste un défi mondial à relever après l’échéance de 2015 et un engagement continu de notre part sera nécessaire pour mettre fin à ce fléau », a-t-il prévenu.  Il ne faudrait pas sous-estimer, a-t-il fait remarquer, les progrès accomplis, notamment dans le domaine des traitements antirétroviraux, dont bénéficient 10 millions de personnes dans les pays à faible revenu ou à revenu intermédiaire.  Les succès obtenus dans le cadre de cette lutte peuvent d’ailleurs fournir des leçons utiles pour répondre à d’autres défis de santé publique et de développement, a suggéré M. Ashe. 


« Nous devons donc accélérer les efforts pour venir en aide aux groupes les plus vulnérables, en tirant parti de nos actions pour promouvoir l’égalité entre les sexes et mettre fin à la discrimination et à la stigmatisation, que ce soit dans la législation ou dans les pratiques ».  Le Président de l’Assemblée générale a donc souhaité que la lutte contre le VIH/sida soit pleinement intégrée aux priorités du programme de développement pour l’après-2015.  « C’est un impératif moral et les délibérations actuelles sur les objectifs de développement durable, comme la réunion de haut niveau proposée par le Secrétaire général en 2016, sont des opportunités de faire des avancées supplémentaires », a conclu M. Ashe.


M. BAN KI-MOON, Secrétaire général de l’ONU, a rappelé qu’il y a trois ans, les chefs d’État et de gouvernement s’étaient mis d’accord sur des cibles ambitieuses afin de stopper et de renverser la tendance de la propagation du VIH/sida d’ici à 2015. 


Il reste 500 jours avant cette date butoir.  La communauté internationale a fait des progrès importants, a-t-il dit, en précisant que pour la seule période 2011-2012, le nombre des personnes ayant accès au traitement du VIH/sida avait progressé de près de 20% et que « nous sommes maintenant en bonne voie de fournir des traitements antirétroviraux à 15 millions de personnes d’ici à 2015 et d’éliminer la transmission du VIH/sida de la mère à l’enfant en quelques années à peine ».


Il y a trois ans, les chefs d’État et de gouvernement avaient convenu d’un ensemble d’objectifs ambitieux pour enrayer et inverser la propagation du VIH/sida d’ici à la fin de 2015.


Le monde accomplit d’importants progrès pour réaliser certains des objectifs et des engagements de la Déclaration politique de 2011, comme l’élargissement de l’accès au traitement, l’élimination des infections à VIH/sida parmi les enfants et le maintien en vie de leurs mères, et la mobilisation des ressources.


Davantage de pays entreprennent des efforts particuliers pour adopter des mesures de prévention, a noté le Secrétaire général.  Il a ajouté que, dans le même temps, le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme avait été renforcé.  La reconstitution récente de plus de 12 milliards de dollars sur trois ans, a-t-il fait remarquer, démontre de manière concrète la solidarité mondiale.  « Nous disposons des outils, de la science et des connaissances pour mettre fin au sida une fois pour toutes », a souligné M. Ban. 


Pour le Secrétaire général, les progrès restent cependant inégaux.  Deux enfants sur trois qui ont besoin de traitement ne l’obtiennent pas, a-t-il expliqué, en ajoutant que les taux de mortalité chez les adolescents étaient en augmentation, tandis que les épidémies en Europe orientale, en Asie centrale, au Moyen-Orient et en Afrique du Nord s’aggravaient.  De même, « nous sommes loin derrière des objectifs comme la réduction de la transmission sexuelle de 50% et la réduction de moitié de la transmission du VIH parmi les personnes qui s’injectent de drogues ».


Par ailleurs, la stigmatisation, la discrimination et la criminalisation des personnes qui sont les plus vulnérables au VIH/sida s’aggravent également dans certaines parties du monde.


Mettre fin au sida demeure un défi majeur, a estimé M. Ban, qui a encouragé les États Membres à poursuivre le débat essentiel visant à faire en sorte que cet objectif important soit mieux reflété dans le programme de développement pour l’après-2015. 


Le Secrétaire général a mis l’accent sur la nécessité de briser l’impasse politique, d’intégrer les soins de santé et de mobiliser des acteurs clefs des secteurs public et privé, la société civile et la communauté philanthropique pour aider à stimuler l’innovation et à produire des résultats.


« Comme nous regardons vers l’avenir, nous devons faire plus pour conduire le changement », a-t-il déclaré.  Le Secrétaire général s’est ainsi félicité de la recommandation du Conseil de coordination du Programme de l’ONUSIDA à l’Assemblée générale en vue d’une réunion de haut niveau en 2016 pour évaluer les progrès, identifier les défis restants et former des recommandations concrètes dans le but d’éliminer le sida.


« Avec l’engagement continu des États Membres et le travail d’ONUSIDA et de l’ensemble du système des Nations Unies, nous avons la capacité d’offrir au monde un beau cadeau: mettre fin au sida grâce à une vision partagée de zéro infection à VIH, zéro discrimination et zéro décès liés au sida », a conclu M. Ban.  « Faisons cette promesse.  Des millions de vies dépendent de nous. »


S’exprimant au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), M. EDEN CHARLES (Trinité-et-Tobago) a reconnu que des progrès significatifs avaient été accomplis dans la lutte contre le VIH/sida et dans la mise en œuvre de la Déclaration d’engagement et de la Déclaration politique.  Il a affirmé que des investissements significatifs avaient été consentis dans les systèmes de santé publique de la sous-région et dans l’élargissement de l’accès aux traitements des patients vulnérables et dans la baisse de leur coût de production.  Toutefois, en dépit de ces avancées, il reste encore beaucoup à faire pour réaliser les objectifs que la communauté internationale s’est fixés pour parvenir à « zéro nouvelle infection, zéro discrimination et zéro décès liés au sida ». 


« L’objectif que les États membres de la CARICOM se sont fixés de faire de la sous-région une zone exempte du sida est difficile à atteindre dans la mesure où nos pays sont classés par la Banque mondiale dans les pays à revenu intermédiaire, ce qui limite considérablement notre accès à certaines ressources financières », a expliqué le représentant.  Il faudrait également répondre aux besoins de patients dont l’espérance de vie a été prolongée grâce à des traitements toujours plus performants, a estimé M. Charles.  Il a ensuite présenté une initiative sous-régionale, le « Partenariat panacaraibéen », qui vise à garantir le respect des droits de l’homme de toutes les populations touchées par la pandémie.  À l’instar d’autres intervenants, il s’est dit favorable à ce que la lutte contre le VIH/sida soit inscrite parmi les priorités du programme de développement pour l’après-2015.  Cela exige des gouvernements qu’ils adoptent des plans nationaux de mise en œuvre et allouent les ressources financières suffisantes pour assurer leur mise en œuvre efficace.


M. PETER CHARLES MSOSA (Malawi), qui s’exprimait au nom de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), a rappelé les ravages causés par l’épidémie de VIH/sida dans les pays de la région.  Elle représente, a-t-il ajouté, un grand défi pour la réalisation de l’Objectif du Millénaire pour le développement relatif à l’élimination de l’extrême pauvreté d’ici à 2015.


Il a souligné que les États membres de la SADC avaient cependant réalisé de grands progrès en faveur du dépistage de la maladie, de l’accès au traitement et de l’arrêt de la transmission du virus de la mère à l’enfant. 


Les femmes et les filles portent le fardeau le plus lourd de cette épidémie, les inégalités entre hommes et femmes continuant d’exacerber cette situation difficile, a-t-il dit, en précisant que celles-ci étaient souvent victimes de violences sexuelles.  Il faudrait accorder davantage d’attention à cet aspect, de même qu’aux enfants orphelins à cause de cette maladie, a-t-il affirmé.  Avant de conclure, le délégué a mis l’accent sur la nécessité de redoubler d’efforts pour réduire les inégalités entre hommes et femmes, éliminer la pauvreté et renforcer la prévention du VIH/sida.


Au nom du Groupe des États d’Afrique, M. JEREMIAH NYAMANE KINGSLEY MAMABOLO (Afrique du Sud) a estimé que le rapport du Secrétaire général intitulé « Vers une élimination de l’épidémie du sida: atteindre les objectifs de 2015 et planifier l’après-2015 » devrait contribuer aux discussions relatives à la définition du programme de développement pour l’après-2015.  Il s’est félicité de la programmation d’une réunion de haut niveau sur le VIH/sida en 2016, en souhaitant que l’on respecte une démarche intergouvernementale pour définir les modalités et les arrangements organisationnels.  Le rapport du Secrétaire général montre que l’action mondiale contre le VIH/sida a atteint une phase importante, avec une baisse croissante de nouvelles infections au VIH et des décès liés au sida, notamment en Afrique subsaharienne.


Néanmoins, il s’est dit alarmé que seulement 50% des enfants dans le besoin avaient accès à un traitement antirétroviral.  Il a ajouté que même si les décès liés au sida étaient en baisse dans l’ensemble, la mortalité due au VIH/sida chez les adolescents a augmenté de 50% depuis 2005.  Il a noté que le financement des préservatifs masculins par des bailleurs de fonds dans les pays à faible revenu et à revenu intermédiaire avait été réduit de 3,4 milliards en 2011 à 2,4 milliards en 2012, tandis que le financement des préservatifs féminins était passé de 43,4 millions à 31,8 millions.  Il a ajouté que les examens à mi-parcours du progrès national vers les objectifs de 2015 avaient reflété un soutien en baisse dans de nombreux pays des programmes sociaux et comportementaux de prévention du VIH/sida.  Sur la base de ces constats, le Groupe des États d’Afrique estime que la prévention, le diagnostic, le traitement antirétroviral, des mécanismes efficaces de suivi et l’accès universel aux services devaient être au cœur de nos efforts.  Dans ce contexte, il a mis l’accent sur l’importance de la gestion et production locales de médicaments.  Il a estimé que l’accès universel aux traitements reste un objectif décisif des stratégies mondiales de réponse et constitue un droit humain fondamental. 


Par ailleurs, il a insisté sur l’importance de tenir compte des valeurs régionales, culturelles et religieuses dans l’approche des questions relatives aux droits de l’homme, en regrettant que le rapport du Secrétaire général continu de faire référence à certains concepts et termes. 


M. JAN PIROUZ POULSEN, Union européenne, a rappelé que le sida demeurait un défi urgent pour la santé mondiale.  Après avoir cité les défis à relever, il a en particulier salué les efforts soutenus des pays à revenus faible et intermédiaire visant à réduire leur dépendance.  Des efforts restent encore à faire, a-t-il dit, en encourageant ces pays sur cette voie. 


La coopération entre tous les acteurs pertinents, y compris les personnes infectées par le VIH/sida, est d’une importance fondamentale.  Il a appelé à poursuivre une coopération étroite entre l’ONUSIDA et le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme.


Au nom de l’Association des Nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), M. KYAN TIN (Myanmar) a rappelé que la première déclaration d’engagement de l’ASEAN sur le VIH/sida avait été adoptée lors du septième sommet de l’ASEAN en 2001 et que « l’objectif partagé de zéro nouvelle infection au VIH, zéro discrimination et zéro décès liés au sida » avait été adopté par les dirigeants de l’ASEAN lors du dix-neuvième sommet de l’ASEAN en 2011.  Il a précisé qu’en préparation de la réunion intergouvernementale Asie-Pacifique sur le VIH/sida prévue du 28 au 30 janvier 2015 à Bangkok, l’ASEAN prend des mesures pour évaluer l’efficacité des politiques nationales et la réalité des barrières juridiques à l’accès universel à la prévention et au traitement du VIH/sida.


Le Groupe de travail de l’ASEAN sur le VIH/sida (AFTOA) créé en 1993 se concentre sur la coordination de la réponse au VIH/sida au niveau régional et met actuellement en œuvre son quatrième programme de travail (2011-2015) sur la question, a indiqué le représentant.  Il a ainsi cité la publication en 2011 du premier rapport régional sur le VIH/sida qui, a-t-il dit, constitue une importante réalisation de l’AFTOA.  M. Kyan Tin a indiqué que de nombreux pays de l’ASEAN avaient atteint leurs objectifs en matière de couverture médicale des patients touchés par le VIH/sida, tout en notant que la majorité des pays de l’ASEAN restaient tributaires de l’aide internationale.


Le représentant a souligné la volonté de l’ASEAN de favoriser la fabrication des médicaments génériques antirétroviraux et de promouvoir au niveau national un environnement juridique favorable à la réponse au VIH/sida.  À cet égard, il a cité la mise en place d’une coalition du secteur privé de l’ASEAN contre le VIH/sida, en soulignant aussi l’intensification des efforts vers une communauté de l’ASEAN d’ici à 2015 qui identifiera la lutte contre le VIH/sida comme une de ses priorités.  Pour atteindre « l’objectif partagé de zéro nouvelle infection à VIH, zéro discrimination et zéro décès liés au sida », l’ASEAN devrait forger, a-t-il souligné, des liens plus étroits avec les organisations multilatérales, bilatérales et internationales.    


Mme ROSE-ANNE AUGUSTE, Ministre déléguée auprès du Premier Ministre chargée des droits humains et de la lutte contre la pauvreté de Haïti, a indiqué que sur le plan régional, depuis l’adoption du Plan Caribbean Partnership on HIV and Aids (PANCAP) en 2001, on enregistrait une diminution de l’incidence du VIH de 49% et des cas de mortalité liés au sida de 69%.  En 2001, 24 000 personnes sont mortes des suites du sida.  En 2012, on ne comptait que 11 000 décès.  La couverture en matière de traitement antirétroviral est aujourd’hui assurée à 67%, a-t-elle indiqué, en rappelant qu’en 2001, seulement 5% des patients en bénéficiaient.  En Haïti, la victoire sur le VIH passe par une stratégie qui consiste à donner la priorité à la lutte contre l’extrême pauvreté.  Cette approche a permis d’améliorer les résultats de certains indicateurs clefs des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). 


Les enfants haïtiens sont désormais scolarisés à 88%.  La mortalité juvénile et la prévalence du VIH/sida ont été stabilisées à 2,2% depuis 2006.  Mais il faudra trouver des fonds pour étendre la campagne de prévention aux jeunes de 15 à 24 ans et aux femmes qui sont les plus touchées par le sida.  Les femmes concernées représentent environ 57% des cas pour la période 2010-2015.  Il serait également nécessaire que les entreprises pharmaceutiques se joignent à l’effort mondial et acceptent de réduire un peu leurs profits afin que le prix des traitements antirétroviraux soit plus abordable.  Pour maintenir le cap, Mme Auguste a proposé des actions dont la promotion d’un développement durable prêchant l’équilibre entre l’économie, le social et l’environnement et une subvention pour les médicaments antirétroviraux. 


Mme FABIENNE BARTOLI (France) s’est félicitée du rapport du Secrétaire général, qui dresse un bilan des progrès accomplis dans le cadre de la lutte contre le VIH/sida, mais aussi des défis qui restent à relever à l’approche de la date butoir des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).  La France, a rappelé la représentante, s’est toujours engagée en faveur de la lutte contre ce fléau depuis son identification, il y a 31 ans.  La France continuera de maintenir sa contribution annuelle à cette lutte à hauteur de 300 millions d’euros, a-t-elle assuré, en précisant qu’il s’agissait là d’un investissement massif qui doit être consenti grâce à des sources de financement innovantes comme la contribution sur les billets d’avion ou la taxe sur les transactions financières. 


La représentante a ensuite souligné que son gouvernement s’était fixé pour priorités de mettre en œuvre des politiques de lutte fondées sur le respect des droits de l’homme et le rejet de la discrimination et de la stigmatisation, en particulier vis-à-vis des usagers de drogues injectables.  Il faudrait, a estimé la représentante, accorder une attention particulière aux adolescents, qui représentent la deuxième catégorie la plus exposée.  La fin de l’épidémie de sida ne sera possible que si nous accordons une importance au renforcement des systèmes de santé publique, qui passe par l’établissement d’une couverture santé universelle, a rappelé la déléguée.  Cela signifie qu’il faudrait mettre à la disposition des populations des services de santé reproductive, de santé maternelle et infantile et de réduction des risques parmi les groupes les plus vulnérables, a-t-elle précisé avant de conclure.


M. GARY QUINLAN (Australie) a regretté que la distribution mondiale de préservatif ait décliné en dessous d’un milliard entre 2011 et 2012 et que le nombre de décès liés au sida des adolescents ait augmenté.  « Ceci montre que nous n’avons pas fait notre travail et que nous devons veiller à ce que les programmes de lutte contre le VIH/sida répondent aux besoins des jeunes », a-t-il fait remarquer.  Cinquante adolescentes contractent le VIH/sida à chaque heure, ce qui signifie 150 nouveaux cas pendant notre séance de ce matin, s’est alarmé le représentant. 


Il est impardonnable et irresponsable de ne pas donner accès aux programmes de prévention du VIH/sida pour les jeunes.  Le représentant a aussi préconisé des interventions ciblées pour les populations à risque comme les travailleurs du sexe, les consommateurs de drogues par injection, les homosexuels et les personnes transgenres.  Ces interventions sont économiquement logiques, moins coûteuses et ont des impacts élevés, a souligné le représentant australien.


« Nous devons adopter des politiques d’inclusion qui réduisent la stigmatisation et la discrimination contre les personnes vivant avec le VIH/sida et contre les groupes socialement marginalisés et vulnérables, les travailleurs du sexe, les personnes transgenres, les toxicomanes et les homosexuels », a insisté M. Quinlan.  L’Australie, qui préside cette année le Conseil de coordination de l’ONUSIDA, accueillera le mois prochain la Conférence internationale sur le sida, a-t-il rappelé.


M. MARTIN SHEARMAN (Royaume-Uni) a noté que le rapport du Secrétaire général soulignait l’augmentation du risque d’infection au VIH/sida parmi des groupes de population comme les transgenres, les travailleurs du sexe, les toxicomanes, les prisonniers et les hommes ayant des relations sexuelles avec les hommes.  Tout en faisant remarquer que la marginalisation, la discrimination et l’inégalité affectent la santé des personnes, le représentant du Royaume-Uni s’est félicité que le rapport du Secrétaire général ait mis l’accent sur la nécessité d’accorder une attention accrue à tous ceux qui doivent bénéficier d’un accès équitable et non discriminatoire aux services associés au traitement contre le VIH/sida.  Il a particulièrement apprécié l’appel lancé aux pays pour prendre des mesures immédiates visant à abroger les lois répressives qui font obstacle à la santé et aux traitements antirétroviraux et à les remplacer par des lois de protection contre la discrimination, la violence, les crimes de haine ainsi que le dépistage et le traitement obligatoires.


Notant que les femmes et les filles étaient touchées de manière disproportionnée, le représentant a indiqué que le Royaume-Uni avait établi un nouveau programme sur la santé sexuelle et reproductive dans les situations d’urgence incluant des services, dont la contraception, visant ainsi à réduire la transmission du VIH/sida.  Il a estimé qu’il était nécessaire d’intégrer, de manière plus large, la lutte contre le VIH/sida aux efforts de santé et de développement.  Le Royaume-Uni a augmenté de 50% sa contrition annuelle à ONUSIDA, a indiqué le représentant, en précisant que le montant versé à la fin de 2013 s’élevait à un milliard de livres.  Avant de conclure, il a invité tous les États Membres à faire des efforts supplémentaires pour atteindre l’objectif de 15 milliards de dollars pour la période 2014-2016.   


M. YAROSLAV GOLITSYN (Ukraine) a assuré que les mesures de prévention prises dans son pays avaient eu des résultats positifs.  L’Ukraine, a-t-il ajouté, s’efforce de décentraliser le processus de traitements antirétroviraux, de distribuer le plus possible de kits de premiers secours et d’aider les personnes vivant avec l’infection.


Par ailleurs, le représentant a prévenu que les événements injustifiés en Crimée risquaient d’aggraver la situation liée au VIH/sida dans la péninsule.  Le Service d’État de l’Ukraine pour les maladies sociales a établi un groupe d’experts en vue de régler cette question qui porte atteinte aux droits de l’homme de citoyens ukrainiens et risque d’engendrer des conséquences humanitaires graves.


M. KATSUHIKO TAKAHASHI (Japon) a indiqué que dans le cadre de la préparation du programme de développement pour l’après-2015, la lutte contre le VIH/sida devrait continuer après 2015.  À cet effet, il est nécessaire de mettre en œuvre des mesures visant non seulement le VIH/sida mais aussi tout le système sanitaire dans son ensemble.  Il a ajouté que le manque d’accès équitable aux traitements contre le VIH, en particulier pour les femmes et les enfants, devrait être résolu.  La sécurité humaine offre une approche globale qui renforce la protection et l’autonomisation des personnes et des communautés dans le besoin.  À cet égard, le Japon demande aux institutions du système des Nations Unies et aux États Membres d’adopter une approche basée sur la réalité du terrain afin de mieux lutter contre le VIH/sida. 


Il est aussi nécessaire d’éliminer les préjugés et la discrimination contre ceux qui vivent avec le VIH, par une approche centrée sur les personnes.  À cette fin, avant 2013, le Japon a versé 1,86 milliard de dollars au Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme.  Lors de la quatrième conférence de reconstitution volontaire en décembre dernier, le Japon avait annoncé une contribution additionnelle de 800 millions de dollars pour le Fonds mondial pour les années à venir, à partir de 2014.  Dans le cadre de la Conférence internationale sur le développement de l’Afrique V (TICAD V), organisée l’année dernière, le Japon va mettre en œuvre progressivement le Plan d’action de Yokohama pour la période 2013-2017, en vue d’assurer le suivi des résultats en matière de prévention et de traitement du VIH/sida, a annoncé le représentant qui a informé que le Gouvernement du Japon organisera le 11 juin 2014, en coopération avec la France, la Thaïlande, l’OMS et le Groupe de la Banque mondiale, une manifestation sur la couverture universelle de santé, à la Mission permanente du Japon auprès des Nations Unies.


M. DMITRY I. MAKSIMYCHEV (Fédération de Russie) a assuré que la législation de son pays garantissait l’accès au dépistage gratuit et à une assistance médicale de qualité dans le cadre des traitements contre le VIH/sida.  Il s’est félicité de pouvoir annoncer que la transmission verticale avait été pratiquement stoppée en Fédération de Russie, en assurant que son pays était prêt à partager les pratiques optimales avec les pays qui en feraient la demande.  Le représentant a estimé la contribution annuelle russe au Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme à hauteur de 300 millions de dollars.  « En outre, en 2013, nous avons lancé des partenariats avec un certain nombre de pays sous l’égide d’ONUSIDA », a poursuivi le représentant.  « Notre expérience au sein de la Communauté des États indépendants (CEI) a montré que c’est précisément la coopération qui permet d’obtenir des résultats probants », a relevé le délégué.  L’une des causes principales de la progression du VIH/sida, c’est l’addiction aux drogues, a-t-il ensuite rappelé.  Quelle stratégie adopter pour les toxicomanes?  Répondant à cette question, il s’est dit convaincu qu’une démarche prenant en compte les besoins spécifiques des toxicomanes devrait se faire dans le plus strict respect du droit international afin de lutter efficacement contre le trafic des stupéfiants.  En ce qui concerne les allégations faites aujourd’hui par l’Ukraine concernant la Crimée, le représentant a affirmé que tous les ressortissants russes avaient droit aux mêmes traitements, sans aucune distinction et quel que soit le lieu où ils se trouvent.


M. ANTONIO DE AGUIAR PATRIOTA (Brésil) a affirmé que la communauté internationale devait demeurer vigilante et ne pas baisser la garde face à l’épidémie de VIH/sida.  Il a appelé à redoubler d’efforts en vue de l’éliminer.  Le Brésil, a-t-il assuré, appuie la recommandation du Secrétaire général sur la possibilité d’une rencontre de haut niveau de l’Assemblée générale en 2016 sur la lutte contre le VIH/sida.


Le représentant a estimé que toutes les meilleures pratiques reconnues internationalement devraient être utilisées afin d’éliminer l’épidémie de VIH/sida, y compris en portant une attention particulière aux groupes marginalisés pour qu’ils puissent avoir accès à la prévention, au traitement, aux soins et à l’aide.


Le système de santé national du Brésil, a souligné M. Patriota, garantit l’accès de toute personne se trouvant sur le territoire brésilien aux soins et aux examens de diagnostic nécessaires, en précisant que l’intimité de chacun était protégée par la Constitution.  La lutte contre le VIH/sida au Brésil accorde une attention particulière aux jeunes, a-t-il également expliqué.


M. JOSEPH GODDARD (Barbade) a rappelé que le plan national de lutte contre le VIH/sida de son pays avait été renforcé en 2001, notamment grâce à l’élargissement de l’accès aux services de prévention et aux soins de santé.  Entre 2001 et 2010, il y a eu une baisse significative des nouvelles infections par le VIH/sida et un déclin « spectaculaire » des taux de mortalité parmi les personnes vivant avec le virus, qui sont passé de 10 à 2%, a-t-il affirmé.  Le taux de mortalité résultant de la transmission du VIH/sida de la mère à l’enfant est tombé à 0,8% en 2012, a assuré le représentant, en précisant que la Barbade n’avait pas connu un seul nouveau cas de transmission verticale au cours des sept dernières années.  Il a ensuite souligné l’importance des partenariats dans la lutte contre la pandémie.  « Dans ce contexte, la société civile joue un rôle crucial », a-t-il reconnu, avant d’évoquer la participation de son pays aux initiatives prises au niveau régional, dans le cadre du « Partenariat panacaraibéen » contre le VIH/sida mis en place par la Communauté des Caraïbes (CARICOM).


Mme ROFINA CHIKAVA (Zimbabwe) a affirmé que, dans son pays, le VIH/sida continuait de provoquer de nombreuses souffrances, menaçant de saper les progrès en faveur du développement réalisés depuis 1990.  Elle a mis l’accent sur la nécessité de reconnaître l’impact positif de l’autonomisation des femmes et des filles par l’éducation ou l’entreprenariat.


La déléguée a souligné que la lutte contre le VIH/sida dans son pays était rendue difficile par les sanctions imposées contre lui.  Elle a remercié le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme pour son appui.  Elle a insisté sur l’importance de renforcer les systèmes de soins et d’éviter la politisation excessive dans la lutte mondiale contre le VIH/sida.  Il faudrait, a-t-elle dit, rester unis dans l’objectif commun de sauver des vies et de mettre un terme à l’épidémie.


S’exprimant cette fois-ci en sa qualité nationale, M. JEREMIAH NYAMANE KINGSLEY MAMABOLO (Afrique du Sud) a affirmé que la communauté internationale devrait rester déterminée à redoubler d’efforts pour lutter contre la pandémie de VIH/sida, en particulier en Afrique australe, où elle continue de sévir.  Il faudrait que cette lutte soit une priorité du programme de développement pour l’après-2015 et renforcer la coopération internationale dans ce domaine, a-t-il préconisé.  Au niveau national, l’Afrique du Sud a pris des mesures diverses, comme par exemple celle de généraliser la circoncision masculine, afin de réduire les risques de transmission du virus et relancer les campagnes de dépistage dans les zones rurales, a précisé le représentant.  À cet égard, la collaboration de la société civile a permis d’obtenir des résultats concrets, s’est félicité le représentant.  Sa délégation, a-t-il dit avant de conclure, se félicite de la tenue d’une réunion de haut niveau en 2016. 


Mme TINE MØRCH SMITH (Norvège), tout en soulignant les progrès réalisés pour faire face à l’épidémie de VIH/sida à l’échelle mondiale, a noté qu’il subsiste encore d’importantes lacunes.  La représentante a appelé à honorer les engagements pris en matière de financement.  Il faudrait également renforcer les efforts de prévention, en accordant une attention particulière aux jeunes dans les domaines de l’éducation, de l’accès aux services et aux processus décisionnels les concernant.  Les groupes de population prioritaires doivent bénéficier de mesures de suivi, a-t-elle soulignant, en estimant cependant que la criminalisation n’était pas la solution appropriée.  Il faudrait garantir à ces groupes de population un accès aux services de traitements antirétroviraux, a-t-elle précisé.


Mme KOKI MULI GRIGNON (Kenya) s’est déclarée préoccupée par le fait que les financements accordés à la lutte contre le VIH/sida ne répondaient pas suffisamment à la magnitude de la pandémie.  Elle a également déploré la stigmatisation et la discrimination qui continuent de peser sur les malades du sida et constituent autant d’obstacles à la lutte contre ce fléau.  La représentante a expliqué que la Constitution du Kenya faisait obligation aux services de santé publique de répondre aux besoins des groupes de population les plus vulnérables.  Le Gouvernement du Kenya, a indiqué Mme Grignon, a l’intention de consacrer 1% de ses recettes à un fonds d’affectation spéciale destiné à répondre au VIH/sida au niveau national.  Le Kenya a également adopté un Plan national d’action pour l’égalité des sexes, assorti de directives pour les parties prenantes, afin que la lutte contre la pandémie soit menée dans tous les secteurs.  La représentante a également indiqué qu’une Stratégie globale de prévention de la transmission de la mère à l’enfant avait été récemment mise en œuvre au Kenya, avec l’appui de partenaires de développement.


M. BHAGWANT S. BISHNOI (Inde) a indiqué qu’environ 2,09 millions de personnes vivaient avec le VIH/sida en 2011 dans son pays, contre 2,32 millions en 2006.  La situation dans l’ensemble reste sombre, a-t-il fait observer, en s’appuyant sur le rapport du Secrétaire général. 


Pour le délégué, le défi ne réside pas dans la difficulté d’accéder aux traitements antirétroviraux, mais dans les prix beaucoup trop élevés qu’appliquent les entreprises pharmaceutiques dans les pays en développement.  Cet écart entre le Nord et le Sud est inacceptable, a-t-il dit.  L’industrie pharmaceutique indienne s’est attaquée au problème du coût élevé des traitements antirétroviraux en produisant des médicaments de qualité à des prix abordables à la fois en vue de leur utilisation en Inde et dans d’autres pays en développement.


M. CHARLES T. NTWAAGAE (Botswana) a indiqué que le VIH/sida continuait d’être un des plus grands défis de notre époque et qu’il était un obstacle au développement économique et social des pays.  « Comme l’a résumé le Secrétaire général dans son rapport, il reste encore beaucoup à faire », a-t-il déclaré.  Le Botswana, a-t-il dit, est d’avis qu’il faudrait redoubler d’efforts pour réaliser les objectifs définis dans les déclarations politiques.  La communauté internationale doit continuer d’apporter son soutien et fournir des ressources financières adéquates aux pays en développement pour maintenir les acquis obtenus depuis 30 ans, a estimé le représentant.  Il s’est ainsi félicité de l’annonce de contributions d’un montant total de 12 milliards de dollars faite en décembre de 2013 par la communauté des donateurs au Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme.  Avant de conclure, M. Ntwaagae a estimé, à l’instar de nombreuses autres délégations, qu’il était nécessaire d’inscrire la lutte contre le VIH/sida parmi les priorités de développement pour l’après-2015.


M. ESCALANTE HASBÙN (El Salvador) a exprimé la volonté de son pays d’atteindre l’objectif partagé de zéro nouvelle infection au VIH, zéro discrimination et zéro décès liés au sida.  Il a indiqué que le nombre de tests de dépistage réalisés en 2013 avait augmenté de 200% par rapport à 2008.  Il a mis l’accent sur la vulnérabilité de trois groupes en particulier, que sont les travailleurs du sexe, les hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes, et les transgenres.  Il s’est félicité du succès de la nouvelle campagne d’El Salvador pour prévenir la transmission du VIH/sida de la mère à l’enfant.  « Nous continuons de sensibiliser le personnel des secteurs de la santé et de la justice à la réalité du VIH/sida en mettant l’accent sur la lutte contre la stigmatisation des personnes vivant avec le VIH/sida », a insisté le représentant d’El Salvador.


Actuellement, trois hôpitaux sont spécialisés dans les traitements antirétroviraux et, grâce à un soutien du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme à la mise à jour, des normes sanitaires ont été prises pour éviter tout risque d’infection au VIH/sida à l’intérieur de l’hôpital, a indiqué le représentant.  Six hôpitaux supplémentaires seront habilités à le faire prochainement, a-t-il ajouté.  M. Garcia Gonzalez a indiqué qu’El Salvador avait participé, en avril 2014, à un séminaire avec l’Argentine, le Brésil, la Colombie et le Mexique pour débattre des priorités régionales, en tenant compte des rapports mondiaux publiés par l’ONU, ONUSIDA et l’OMS sur la question.  Il a mis l’accent sur l’objectif « 90-90-90 » retenu pour la région « Amérique latine et Caraïbes », en indiquant que cet objectif sera présenté plus avant à Genève, au mois de juillet.  Il a rappelé que le Fonds mondial avait accordé 37,8 millions de dollars à son pays pour les trois prochaines années.  Par ailleurs, compte tenu du fléau que constitue toujours cette pandémie, le représentant d’El Salvador a jugé indispensable d’éviter de politiser des questions techniques. 


M. SAHAK SARGSYAN (Arménie) s’est réjoui que les ressources totales disponibles en faveur des programmes de lutte contre le VIH/sida dans les pays à faible revenu ou à revenu intermédiaire continuent d’augmenter en dépit des difficultés économiques actuelles et des priorités qui se bousculent.  Il s’est inquiété, en revanche, que le taux de nouvelles infections par le VIH et de mortalité liée au sida ait augmenté, en particulier en Europe de l’Est, où beaucoup reste à faire dans la lutte contre l’épidémie mais également dans la réduction de l’écart en termes de traitement.  Ainsi, a-t-il expliqué, l’accès à la thérapie antirétrovirale dans les pays de la région reste parmi les plus faibles au monde et les services de prévention ne sont pas encore largement accessibles à tous les groupes sociaux.


En Arménie, l’épidémie du VIH/sida demeure concentrée et les stratégies de lutte sont intégrées au Programme national d’action pour lutter contre l’épidémie du VIH/sida pour la période 2013-2016.  Les activités de prévention menées dans le cadre de la mise en œuvre de ce Plan d’action ciblent les populations à haut risque, en particulier les toxicomanes, les travailleurs du sexe, les prisonniers et la population mobile.  En outre, un système de conseil et de dépistage est intégré dans le système de santé publique et le traitement antirétroviral a été développé afin de garantir un accès universel au traitement, aux soins et à l’appui. 


Le représentant a souligné que la moitié des cas enregistrés de VIH/sida en Arménie sont des travailleurs migrants infectés lors de rapports hétérosexuels à l’étranger.  Sur la base des conclusions d’une étude sur la question, un programme de prévention ciblant les migrants et leurs partenaires sexuels a été élaboré et est en cours d’exécution.  L’Arménie a en outre appuyé les recommandations du Secrétaire général invitant à faire de l’élimination du sida une priorité dans le programme de développement pour l’après-2015.


Mme SASHA DIXON (Bahamas) a passé en revue les réalisations de son pays dans la lutte contre le VIH/sida, citant en particulier le déclin du nombre de nouvelles infections qui est passé à 293 en 2012, la diminution de la transmission du VIH/sida de la mère à l’enfant dont deux cas seulement ont été répertoriés en 2013, l’augmentation du nombre de personnes ayant accès aux traitements antirétroviraux qui est de l’ordre de 60%, ainsi que le déclin de la double infection du VIH et de la tuberculose au nombre de 10 cas en 2013.  La représentante a cependant rappelé que le classement des Bahamas dans la catégorie des pays à revenu élevé a eu pour conséquence la réduction de l’aide au développement par de nombreux donateurs internationaux. 


Afin de soutenir ces progrès, les Bahamas ont identifié des actions visant à assurer le suivi et l’évaluation des programmes, ainsi que l’utilisation des données pour orienter la réponse au VIH et au sida dans le pays; l’intégration des soins contre le VIH dans les cliniques communautaires pour les infections simples du VIH; de même que plus d’efforts pour réduire la stigmatisation et la discrimination et pour garantir l’égalité pour tous et l’aide d’urgence, une formation appropriée et une meilleure utilisation des ressources limitées du pays.


Mme JILL DERDERIAN (États-Unis) a indiqué que la discrimination, la stigmatisation et les pratiques répressives limitaient une action efficace contre le VIH/sida.  « Il y a 10 ans, le VIH/sida était une menace qui mettait en péril l’avenir des sociétés, a-t-elle rappelé, avant de se féliciter des progrès réalisés qui ont permis de parvenir, aujourd’hui, à une génération sans VIH/sida.  Aucun pays ne peut réussir seul à vaincre ce fléau, a fait remarquer la représentante des États-Unis.  La lutte contre le VIH/sida, a-t-elle souligné, incombe à tous les pays et tous les acteurs de la société, dont la société civile, le secteur privé et les groupes religieux.


Elle a ainsi cité la promulgation, en décembre 2013, de la loi « PEPFAR Stewardship and Oversight » qui renforce le Plan d’urgence du Président des États-Unis pour la lutte contre le sida (PEPFAR), qui avait été lancé par l’ancien Président Georges Bush en 2003 et qui avait, en 2013, permis à 6,7 millions de personnes d’avoir accès à un traitement gratuit.  Il reste cependant beaucoup à faire pour contenir la pandémie du VIH/sida, a-t-elle fait remarquer.  La représentante a expliqué que les États-Unis avaient mis l’accent là où le virus était le plus prévalent en adoptant une approche axée sur le respect des droits de la personne.


Elle a appelé à veiller à ce que l’élan en matière de prévention du VIH/sida soit préservé afin de pouvoir atteindre l’OMD relatif à la lutte contre ce fléau.  La déléguée américaine a souligné l’importance du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme pour combattre les trois maladies.  Le Fonds, a-t-elle indiqué, améliore ses méthodes de travail pour assurer la meilleure efficacité des investissements pour la lutte contre le VIH/sida.  « Nous devons rester engagés afin de maintenir cet élan pour réaliser les objectifs en matière de santé après l’échéance de 2015 », a-t-elle insisté en conclusion.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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