SG/SM/15344

Le Secrétaire général a plaisir à s’exprimer en français, une belle langue romantique, au-delà des règles de grammaire et des mots difficiles à prononcer

26/9/2013
Secrétaire généralSG/SM/15344
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LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL A PLAISIR À S’EXPRIMER EN FRANÇAIS, UNE BELLE LANGUE ROMANTIQUE,

AU-DELÀ DES RÈGLES DE GRAMMAIRE ET DES MOTS DIFFICILES À PRONONCER


On trouvera ci-après l’allocution du Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, à l’occasion de la réception offerte, le 26 septembre, aux représentants des pays francophones par M. Laurent Fabius, Ministre des affaires étrangères de la France:


Je suis très heureux d’être parmi vous aujourd’hui.  Chaque année, à cette période, j’attends notre rencontre avec beaucoup d’impatience.


Je suis tellement heureux d’avoir l’occasion de parler français!


Je dois admettre qu’au début de mon premier mandat, je manquais d’assurance en français. 


Depuis, j’ai fait beaucoup d’efforts.  Je me suis rendu dans beaucoup de pays francophones.  J’ai prononcé de nombreux discours en français.  J’ai appris à faire la liaison et à conjuguer au subjonctif.  J’ai compris la différence entre l’accent aigu et l’accent grave.  J’ai retenu le genre des mots.  À ma grande déception, j’ai vite compris que le genre neutre et unique de l’anglais –quoique économe!– n’existe pas en français.  Comme quoi, la solution de facilité n’est pas toujours la meilleure et la langue française trouve toujours le moyen d’être un peu plus sophistiquée!


Mes efforts ont porté leurs fruits.  J’ai découvert que le français, ce n’est pas qu’une infinité de règles de grammaire et de mots difficiles à prononcer.  Le français est une belle langue romantique, dans laquelle j’ai maintenant un réel plaisir à m’exprimer.  C’est bien connu, quand vous voulez trouver l’amour, exprimez-vous en français.  Si vous voulez faire des affaires, parlez plutôt l’anglais…


Certains pensent que je commence à parler trop souvent le français.  Tant pis pour eux, je n’ai pas l’intention de m’arrêter!


Par exemple, le Secrétaire général adjoint, Jan Eliasson, eh bien je l’appelle maintenant Jean fils d’Élias.  Finis les « advice » et les « way forward », je lui demande à présent: « please give me your conseils sur la marche à suivre, s’il vous plaît ».  Quand je suis trop occupé, je lui demande gentiment: « could you please prononcer ce discours in my name? ».  Quant à la bonne ville où se trouve le Siège de l’ONU, je ne l’appelle plus « New York » mais « Nouveau York ».


Nous organisons un concert avec la superstar américaine Stevie Wonder, mais je l’appelle maintenant Stéphane du Miracle.


Le Secrétaire général adjoint aux affaires politiques n’est plus Jeffrey Feltman mais Géoffrois, l’Homme de Feutre.  Quand Bill Gates vient en visite, je l’appelle Guillaume de la Porte, et pour ce qui est du Secrétaire général adjoint à l’information, Peter Launsky-Tieffenthal, je l’appelle tout simplement Pierre. 


Il y a souvent des malentendus dans les couples.  Moi, si mon épouse ne me comprend pas, c’est parce que j’ai commencé à parler français à la maison! Heureusement, elle adore entendre cette langue, qu’elle trouve très romantique.  Je lui demande en rentrant « how was your journée? Did you watch my TV interview avec TV5 Monde? Are our petits-enfants coming over for the fin de semaine? Chérie, I forgot to mention that my next voyage will take me to the autre bout du monde by lundi prochain.  I am sorry we need to cancel our dîner en amoureux but I promise that it is only partie remise, because en français, on le sait bien, l’amour n’attend pas!


Comme je ne cesse de franciser des noms anglais, je dois aussi angliciser des noms français, pour préserver le multilinguisme et la parité entre les langues.  Donc Hervé Ladsous, je vais l’appeler « Harvey ».  Monsieur Ladsous, toutes mes excuses pour cette anglicisation qui –je vous l’assure– ne durera que le temps de cette magnifique réception.


Je tiens à montrer l’exemple, à commencer par moi-même, donc au lieu de m’appeler Ki-moon, qui en coréen se prononce « Guy-Moon » appelez-moi plutôt Guy de la Lune.


On pourra ensuite adapter la comptine bien connue de « Au clair de la Lune » comme suit:


Moi, Guy de La Lune,


Salue les Francophones,


Prêtez-moi cette tribune,


Pour dire au microphone,


Que vous êtes tous mes amis,


Et vous en remercie,


Moi, Guy de La Lune,


Salue les Francophones!


Merci à tous de votre attention.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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