Conférence de presse

Conférence de presse du Rapporteur spécial sur la situation des droits de l’homme au Myanmar et du Président du Comité pour la protection des droits de tous les travailleurs migrants

25/10/2013
Communiqué de presseConférence de presse
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CONFÉRENCE DE PRESSE DU RAPPORTEUR SPÉCIAL SUR LA SITUATION DES DROITS DE L’HOMME AU MYANMAR

ET DU PRÉSIDENT DU COMITÉ POUR LA PROTECTION DES DROITS DE TOUS LES TRAVAILLEURS MIGRANTS


Au lendemain de la présentation de son rapport devant la Troisième Commission, chargée des questions sociales, humanitaires et culturelles, M. Tomás Ojea Quintana, Rapporteur spécial sur la situation des droits de l’homme au Myanmar, s’est entretenu avec des journalistes venus recueillir ses témoignages, au cours d’une conférence de presse au Siège de l’ONU.


Il s’est dit alarmé par la « ségrégation » qui subsiste à l’encontre de la minorité musulmane Rohyngia.  Tous les aspects de la vie quotidienne sont affectés par des discriminations, notamment en matière d’accès à la santé et à l’éducation, a-t-il précisé.  Cette ségrégation se traduit également par des restrictions de mouvements imposées à la communauté Rohyngia.  Selon le Rapporteur spécial, il existe un fossé entre les mesures prises au niveau de l’État central et la volonté des autorités locales de prendre part à ces efforts.  Il a tenu à saluer les gestes effectués par des acteurs de la vie locale pour promouvoir la tolérance religieuse.  Il a évoqué notamment un moine bouddhiste qui avait accepté de recueillir 1 000 musulmans fuyant des combats ayant lieu dans la province de Kachin. 


Ce geste est, selon lui, d’autant plus remarquable que la question de la tolérance religieuse, en particulier lorsqu’il s’agit des musulmans, est un sujet très difficile à aborder dans le pays.  Il a fustigé le rôle néfaste que jouent les médias locaux qui, par leur couverture de certains évènements, peuvent ruiner plusieurs mois d’efforts pour faire reculer l’intolérance. 


Il a en outre déploré que la nouvelle Constitution du Myanmar attribue à l’État un droit de propriété sur certaines terres du pays.  Ces dispositions permettent à l’État central de procéder à des confiscations et à des expropriations qui contreviennent aux efforts consentis par ailleurs par le Gouvernement du Myanmar.  La communauté internationale doit rester engagée dans la poursuite d’une plus grande ouverture et d’un renforcement de la démocratie afin de confirmer les progrès réalisés, a-t-il insisté.


Le Gouvernement, a-t-il rappelé à cet égard, a libéré des prisonniers, mis en place une plus grande liberté de la presse, encouragé le Parlement à jouer un rôle plus actif et signé des accords de cessez-le-feu.  Sur cette dernière question, le Rapporteur spécial a salué l’engagement du Gouvernement du Myanmar, manifesté par les visites du Président dans la province de Rakhine afin de contribuer à stabiliser la situation.


Parallèlement, le Président du Comité pour la protection des droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leur famille, M. Abdelhamid El Jamri, a également présenté ses conclusions.  Il a enjoint, en particulier, les États Membres à ratifier la Convention internationale sur la protection des droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leur famille.  Cette Convention revêt une importance centrale, notamment à la lumière des récents évènements de Lampedusa.  Des centaines de migrants clandestins, a-t-il rappelé, avaient trouvé la mort dans le naufrage de leur embarcation de fortune.


Depuis son adoption en 1990, seuls 47 pays ont ratifié la Convention, a-t-il fait remarquer.  Ce processus de ratification est, selon lui, inadapté aux évolutions des migrations.  En effet, on compte 240 millions de migrants dans le monde.  Ce nombre doit également être envisagé en considérant que les migrations Sud-Sud sont aujourd’hui équivalentes aux migrations Sud-Nord.  Il a expliqué ce faible nombre de ratifications par la crainte des gouvernements d’être tenus d’accorder des droits basiques aux travailleurs migrants. 


Des études montrent, a-t-il dit, que les obstacles à la ratification restent politiques et non juridiques ou économiques.  Les pays n’ayant pas ratifié la Convention justifient leur choix en arguant que la Convention accorde aux migrants des droits trop importants.  M. El Jamri reconnaît la pression subie par les gouvernements de la part des partis politiques extrémistes.  Cependant, a-t-il souligné, si l’on prive une fraction de la population de soins médicaux, cela devient un problème de santé publique.  Il est également impossible de ne pas éduquer une partie de la population, s’est-il insurgé.


Ce constat est partagé par le Rapporteur spécial sur les droits des migrants, M. François Crépeau.  Il existe, selon lui, un consensus parmi les partis politiques de gauche et de droite de ne pas aborder la question des migrations de façon réaliste.  M. Crépeau a rappelé, à cet égard, que les populations migrantes ne disposent pas du droit de vote et ne peuvent de ce fait faire valoir leurs droits.  Dans ce contexte, il a salué le rôle des institutions judiciaires.  Ces dernières « viennent à la rescousse des travailleurs car elles n’ont pas à répondre devant les électeurs » a-t-il précisé, en estimant que l’accès à la justice était la clef de la protection des droits des migrants. 


Il a en outre déploré l’absence de cohérence dans l’action humanitaire des Nations Unies en ce qui concerne les migrants.  « En raison de l’absence d’un cadre de travail global, la gouvernance en la matière reste fragmentée », a-t-il déclaré.  Tout en reconnaissant qu’il existait de nombreuses institutions du système des Nations Unies qui prennent des mesures concrètes pour assurer la protection des droits des migrants mais, a-t-il fait regretté, il n’existe pas de structure unique chargée de la protection de ces droits.  Il a en outre regretté la préférence des États Membres pour des procédures non contraignantes au détriment de la Convention internationale sur la protection des droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leur famille. 


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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