Conférence de presse

Conférence de presse du Sous-Secrétaire général aux droits de l’homme sur la situation des droits de l’homme en Asie centrale

30/5/2013
Communiqué de presseConférence de presse
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

CONFÉRENCE DE PRESSE DU SOUS-SECRÉTAIRE GÉNÉRAL AUX DROITS DE L’HOMME

SUR LA SITUATION DES DROITS DE L’HOMME EN ASIE CENTRALE


De retour d’une mission effectuée du 19 au 29 mai, dans quatre pays d’Asie centrale, M. Ivan Šimonović, Sous-Secrétaire général aux droits de l’homme, a fait le point, aujourd’hui, au cours d’une conférence de presse au Siège de l’ONU à New York, des défis que connait la région, de laquelle commence à se démarquer le Kirghizistan.


M. Šimonović s’est aussi rendu en Ouzbékistan, au Tadjikistan et au Turkménistan, des pays, a-t-il dit, qui, avec le Kirghizistan, ont eu tous comme point de départ leur passé au sein de l’Union soviétique, d’où la tendance à vouloir limiter les libertés d’expression et d’association.  Le respect de l’état de droit, la séparation des pouvoirs et l’indépendance de la justice y posent problème, et le recours à la torture y est répandu.


Le Sous-Secrétaire général a également qualifié de « très préoccupante » la situation de la femme et la violence qu’elle subit dans une région frappée par un taux élevé de corruption et de criminalité, sans compter les importants problèmes sécuritaires qui se font jour du fait de la proximité avec l’Afghanistan.  La peur du terrorisme et de l’extrémisme, a souligné M. Šimonović, ne peut servir de prétexte aux graves violations des droits de l’homme.


Le Kirghizistan, a-t-il affirmé, peut s’enorgueillir, depuis la chute du Président Kourmanbek Bakiev, d’un meilleur espace politique.  « La société civile y est vibrante et a désormais atteint le point de non-retour », s’est-il félicité, à propos d’un pays qui peut également se vanter d’être en tête de file du respect de l’état de droit, de la séparation des pouvoirs et de l’indépendance des juges.


Les autorités doivent cependant toujours répondre aux violences interethniques qui ont secoué le sud en 2010, faisant des centaines de morts et des centaines de milliers de réfugiés parmi la population ouzbèke.  Or, a fait observer le Sous-Secrétaire général, les Ouzbeks représentent également la majorité des personnes traduites en justice pour ces faits.  « On ne peut pas édifier une paix durable sur une telle base. »  Le Kirghizistan est tout de même un des rares pays où des observateurs indépendants peuvent visiter les centres de détention.


Au Tadjikistan, a relevé le Sous-Secrétaire général aux droits de l’homme, le rôle de la société civile et des journalistes s’améliore lentement.  La situation s’améliore aussi s’agissant de la torture.  Des lois sur la prévention et l’interdiction de la torture viennent d’ailleurs d’être adoptées.  Cependant, a-t-il déploré, pas une seule action en justice n’a été intentée pour le moment.  Mais, M. Šimonović a dit avoir pu visiter un centre de détention à Dushanbe, en compagnie du Ministre tadjik de la justice.


En Ouzbékistan, une répression d’envergure a fortement limité le nombre d’ONG et le pays doit toujours établir la vérité sur le massacre d’Abidjan.  Le mois dernier, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a annulé son programme de visites car les conditions minimales n’étaient pas réunies.


Le tableau n’est pas plus encourageant au Turkménistan.  M. Šimonović a dit qu’il n’a pas pu s’entretenir avec la société civile pour la simple raison qu’elle n’existe pas ou tout du moins qu’elle est réduite à des syndicats et autres organisations féminines de type soviétique. 


En ce qui concerne la situation « très préoccupante » des femmes dans la région, M. Šimonović a pointé du doigt l’absence de femmes officiers de police ou procureurs au Turkménistan notamment.  Il a également dénoncé l’absence de mise en œuvre, au Tadjikistan, d’une loi sur la violence domestique.  Au Kirghizistan, un tiers des mariages se font après l’enlèvement de la mariée, ce qui signifie que ces unions ont lieu contre leurs grés et/ou celui de leur famille, s’est-il par ailleurs inquiété.


M. Šimonović a également abordé la question du respect des droits socioéconomiques des populations d’une région à forte croissance économique mais où il est souvent plus facile d’investir dans le matériel que dans l’expertise.  Ainsi, a-t-il confié, il est courant d’y voir des hôpitaux tout en marbre et dotés des meilleurs équipements sans le personnel adéquat.  La région peine aussi à fournir une éducation de qualité à sa population.  Il est donc difficile de déterminer si les populations bénéficient réellement de l’essor économique.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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