CS/11120

Conseil de sécurité: la MANUSOM et l’Union africaine affichent leur optimisme concernant l’avenir de la Somalie

12/09/2013
Conseil de sécuritéCS/11120
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Conseil de sécurité                                        

7030e séance – après-midi


CONSEIL DE SÉCURITÉ: LA MANUSOM ET L’UNION AFRICAINE AFFICHENT LEUR OPTIMISME CONCERNANT L’AVENIR DE LA SOMALIE


Le Représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU et Chef de la Mission d’assistance des Nations Unies en Somalie (MANUSOM), M. Nicholas Kay, et le Représentant spécial de l’Union africaine pour la Somalie, M. Mahamat Saleh Annadif, ont tous deux, cet après-midi devant le Conseil de sécurité, affiché leur optimisme quant à la capacité du pays à relever les défis qui se posent dans les domaines politique et sécuritaire.


« Au-delà des rebondissements, des crises et des impasses, la Somalie recèle les fondements du progrès », a déclaré, présentant le rapport du Secrétaire général, M. Kay, dont c’était le premier exposé devant le Conseil de sécurité en sa qualité de Représentant spécial.  « La communauté internationale est unie derrière un Gouvernement fédéral crédible et légitime; il y a des ressources disponibles pour répondre aux besoins les plus immédiats; il y a la volonté politique de faire des compromis et de gérer les conflits sans recourir à la violence », a-t-il ajouté.


Le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, constate, dans son rapport, qu’« au cours de l’année écoulée, le peuple et le Gouvernement somaliens ont réalisé des progrès considérables dans l’action menée pour consolider la sécurité et mettre en place des institutions étatiques crédibles ». 


« La communauté internationale, écrit-il, a montré qu’elle continuait de s’impliquer, notamment dans le cadre des conférences internationales tenues à Londres, Istanbul, Yokohama et Bruxelles, et d’appuyer énergiquement la mise en place de la mission politique, la MANUSOM. »


« Malgré les immenses progrès accomplis, les acquis sont encore fragiles », explique M. Ban dans ce rapport.  Ainsi, s’il demeure « optimiste quant aux perspectives à long terme de la Somalie », le Secrétaire général indique qu’il est néanmoins « de plus en plus préoccupé par les risques à court terme », d’où la nécessité, estime-t-il, d’« intensifier considérablement les efforts collectifs » afin d’« éviter de compromettre les acquis obtenus à grand-peine dans le domaine politique et en matière de sécurité ».


Par sa résolution 2102 (2013), le Conseil de sécurité a créé la MANUSOM pour une période initiale de 12 mois.  Au cours des trois premiers mois, a expliqué M. Kay, nous avons privilégié la réalisation de progrès sur la révision de la Constitution et un engagement constructif avec les régions, tout en effectuant des voyages au Puntland et au Somaliland et en suivant de près la question de Juba.


« La situation dans les régions, dont notamment Juba, fut l’un des problèmes les plus graves auquel a fait face le Gouvernement fédéral », a souligné le Chef de la MANUSOM, précisant qu’après les risques très élevés d’un effondrement de la sécurité et d’une impasse politique à Kismayo, ainsi qu’entre les parties de Juba et de Mogadiscio, un accord a finalement été conclu le 28 août à Addis-Abeba, sous la médiation active du Ministre éthiopien des affaires étrangères, M. Tedros Andhanom, au nom de l’ Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD).  L’accord établit des arrangements en matière de gouvernance intérimaire, de sécurité et d’économie.


Dans le nord, la relation entre le Somaliland et la Somalie reste « sensible et fragile », a poursuivi M. Kay, signalant toutefois des progrès.  En effet, l’accord sur la gestion commune de l’espace aérien pourrait être, a-t-il dit, un « modèle pour d’autres domaines de coopération mutuellement bénéfique ».


Le Représentant spécial est également revenu sur le processus de consultations et de négociations qui a lieu dans le cadre de l’élaboration d’une constitution fédérale finale.  L’ONU soutient un vaste processus de consultations populaires qui devrait clarifier plusieurs domaines clefs qui restent controversés, a-t-il dit, précisant que la MANUSOM avait appuyé le lancement d’une conférence politique nationale, intitulée « Vision 2016 », au cours de laquelle le Président de la Somalie avait réaffirmé son engagement en faveur d’une nouvelle constitution et d’élections en 2016.


De même, dans moins d’une semaine, le 16 septembre à Bruxelles, un autre élément clef de la stabilisation de la Somalie sera mis en place avec la Conférence sur le « New Deal pour la Somalie », qui arrêtera les grandes lignes d’un accord entre le Gouvernement et ses partenaires internationaux, a souligné M. Kay.


En matière de sécurité, conformément à la résolution 2093 (2013) du Conseil de sécurité, le Secrétaire général, de concert avec l’Union africaine, a entrepris un examen des opérations de la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM), compte tenu des difficultés actuellement rencontrées.  Cet examen, dont il rendra compte au Conseil en octobre, ira de pair avec la définition des modalités et des objectifs d’étape pour le déploiement en temps opportun d’une opération de maintien de la paix des Nations Unies.


Le Chef de la MANUSOM a invité le Conseil de sécurité à veiller à ce qu’une plus grande priorité soit accordée au renforcement des Forces de sécurité nationales somaliennes et de leur capacité à déployer et soutenir des opérations conjointes avec l’AMISOM.


Pour éviter un échec, M. Kay a, en conclusion, mis l’accent sur la nécessité d’appuyer les Forces nationales de sécurité somaliennes, de renforcer les capacités de l’AMISOM et de rendre l’ONU plus cohérente et mieux équipée dans la stratégie de sortie de la Mission, ce qui suppose un soutien à la MANUSOM et au Bureau d’appui de l’ONU pour la Mission de l’Union africaine en Somalie (UNSOA) ainsi qu’aux agences des Nations Unies en Somalie.


De son côté, M. Annadif s’est félicité du fait que les trois composantes -militaire, de police et civile- de l’AMISOM soient opérationnelles.  Six ans après sa création, le Représentant spécial de l’Union africaine pour la Somalie a souligné les avancées politiques et sécuritaires que la Mission avait enregistrées en Somalie.  Il s’est également dit encouragé par la rapidité et la détermination avec lesquelles le Gouvernement fédéral somalien avait commencé à mettre en œuvre le cadre stratégique des « six piliers ».


Après avoir également salué l’accord historique signé le 28 août entre le Gouvernement fédéral et l’Administration de Juba, M. Annadif a déploré l’attentat-suicide survenu ce matin, et qui visait le Chef de l’Administration intérimaire, M. Ahmed Madobe. 


Il a par ailleurs apprécié la tenue, début septembre, de la Conférence sur la « Vision 2016 » et de la première Conférence antiradicalisation, dont avait parlé plus tôt M. Kay.  L’Union africaine continuera à soutenir le Gouvernement fédéral pour qu’il puisse étendre encore davantage son autorité et organiser d’ici à 2016 des élections générales, a-t-il assuré.


En Somalie, le premier défi est lié à la sécurité, a indiqué le Représentant spécial.  Selon lui, les Chabab conservent leur capacité de déstabiliser le pays, notamment grâce à des techniques de harcèlement très sophistiquées.  Il a évoqué, à cet égard, l’attentat-suicide perpétré le 19 juin contre le complexe des Nations Unies et celui du 7 septembre qui a visé un restaurant.  Les groupes extrémistes jouissent de la liberté de mouvement dans près de la moitié du centre-sud de la Somalie, a-t-il prévenu.


La rationalisation de la structure fédérale et la faible capacité du Gouvernement central constituent les autres difficultés qui se posent au Gouvernement fédéral, a poursuivi le Représentant spécial.  À cela s’ajoutent la grave situation humanitaire, le fort taux de déplacement de populations, la situation des réfugiés et le haut niveau de chômage.


Il a souligné la nécessité de déployer des efforts considérables sur le plan militaire, qui doivent aller de pair avec la stratégie politique.  Il a rappelé à cet égard que le Concept stratégique Union africaine-ONU avait recommandé un plafond de 17 731 soldats au sein de l’AMISOM.  Deux des considérations stratégiques prévues n’ont cependant pas été réalisées, a-t-il noté, expliquant que l’AMISOM n’avait pas reçu tous les multiplicateurs de force nécessaires et que les Forces nationales somaliennes ne bénéficiaient pas du soutien logistique dont elles ont besoin.


Le Représentant spécial de l’Union africaine a donc recommandé de renforcer le mandat et la capacité de la MANUSOM, en vue de fournir un soutien logistique efficace à l’AMISOM.  Il a aussi plaidé en faveur d’un programme de soutien aux Forces nationales qui participent aux opérations conjointes, sous forme de nourriture, carburant, transport et services médicaux. 


En outre, a-t-il ajouté, le dispositif d’appui logistique de la MANUSOM devrait être élargi afin de couvrir la formation dispensée par l’AMISOM aux forces somaliennes.  Il a aussi fait état du problème de la dispersion des Forces somaliennes dans le pays, ce qui empêche celles-ci de mener des opérations d’extension.


M. Annadif s’est réjoui de l’évaluation comparative réalisée par le Secrétariat de l’ONU et la Commission de l’Union africaine.  Il a estimé qu’une bonne planification du soutien à l’AMISOM et aux Forces nationales somaliennes permettrait de réaliser des progrès décisifs dans la lutte contre les Chabab.


Enfin, il a indiqué que les allégations de viol d’une Somalienne par les Forces nationales somaliennes et l’AMISOM s’étaient révélées sans fondement.  Outre la politique de tolérance zéro suivie par l’AMISOM, cette dernière apporte une aide au Gouvernement somalien pour qu’il mette en place une politique du genre.

LA SITUATION EN SOMALIE


Rapport du Secrétaire général sur la Somalie (S/2013/521)


Dans ce rapport sur la situation en Somalie, le Secrétaire général, M. Ban Ki-moon, fait le point sur les principaux faits nouveaux intervenus dans le pays pendant la période du 15 mai au 15 août 2013, ainsi que sur l’exécution du mandat de la Mission d’assistance des Nations Unies en Somalie (MANUSOM), en indiquant les mesures prises dans le sens de l’intégration structurelle de la Mission d’ici au 1er janvier 2014.


Il présente dans ce document une étude des incidences politiques et sécuritaires d’un déploiement plus large de la Mission dans le territoire somalien.


La définition du modèle exact de fédéralisme à établir en Somalie, notamment la nature et le rôle du Gouvernement aux niveaux fédéral et régional, constitue le principal objectif politique de la période allant jusqu’à 2016, et une exigence essentielle pour instaurer une paix durable dans ce pays, souligne le Secrétaire général.


Durant la période à l’examen, le Gouvernement fédéral somalien et le Parlement fédéral ont poursuivi le dialogue avec les administrations régionales et créé certaines des commissions requises par la Constitution fédérale provisoire.  Toutefois, la persistance de différends entre les autorités centrales et régionales au « Jubaland », au « Puntland » et au « Somaliland » souligne l’ampleur de la tâche à accomplir, ajoute le Secrétaire général.


M. Ban constate qu’au cours de l’année écoulée, le peuple et le Gouvernement somaliens ont réalisé des progrès considérables dans l’action menée pour consolider la sécurité et mettre en place des institutions étatiques crédibles. La communauté internationale a montré qu’elle continuait de s’impliquer, notamment dans le cadre des conférences internationales tenues à Londres, Istanbul, Yokohama et Bruxelles, et d’appuyer énergiquement la mise en place de la mission politique, la MANUSOM.


Malgré les immenses progrès accomplis, les acquis sont encore fragiles, explique-t-il.  Le Secrétaire général demeure optimiste quant aux perspectives à long terme de la Somalie, mais il indique qu’il est néanmoins de plus en plus préoccupé par les risques qui se posent à court terme.  Il faut, écrit-il, intensifier considérablement les efforts collectifs si l’on veut éviter de compromettre les acquis obtenus à grand-peine dans le domaine politique et en matière de sécurité.


Il est essentiel que la communauté internationale demeure déterminée à appuyer le peuple et le Gouvernement somaliens.  Toutefois, la consolidation de la paix doit être assurée par les Somaliens eux-mêmes, dit M. Ban. 


Il se félicite donc des efforts actuellement déployés pour faire en sorte que le Gouvernement définisse ses propres priorités en matière de consolidation de la paix, ce qui permettra en outre de guider l’action menée par ses partenaires internationaux.  Le « New Deal » pour la Somalie reconnaît l’interdépendance des initiatives visant à assurer la réconciliation politique, la sécurité, l’état de droit, la gouvernance et le développement économique et social.


M. Ban signale qu’il demeure gravement préoccupé par la situation des droits de l’homme en Somalie, en particulier par les attaques visant des journalistes ainsi que les violations et les brutalités dont sont victimes les enfants et les femmes.  Il invite le Gouvernement fédéral à manifester sa ferme volonté de lutter contre les atteintes aux droits de l’homme, notamment en créant une commission nationale chargée de la défense de ces droits et s’appuyant sur de larges consultations, et en renforçant la capacité des forces de maintien de l’ordre et du système judiciaire de combattre la violence sexuelle.


Par ailleurs, la campagne contre les Chabab exige, indique le Secrétaire général, que la communauté internationale apporte d’urgence une assistance accrue à la normalisation de la situation en Somalie.  Il demande une fois encore à tous les partenaires internationaux ainsi qu’aux États membres de l’Union africaine qui ne l’ont pas déjà fait d’apporter à la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM) l’appui dont elle a besoin, en particulier les éléments habilitants et les multiplicateurs de force indispensables –notamment des hélicoptères d’attaque et des véhicules blindés de transport de troupes– pour s’acquitter efficacement de son mandat.


La stabilité en Somalie dépend de l’existence de forces nationales de sécurité et de police crédibles, capables de maintenir la sécurité indépendamment de toute force de maintien de la paix, poursuit M. Ban, pour qui il faut élaborer à titre prioritaire une stratégie commune et étroitement concertée pour l’assistance internationale à apporter à la Somalie en matière de sécurité, une stratégie qui devra énoncer clairement les responsabilités respectives de l’Union africaine, de l’Organisation des Nations Unies, des autres alliés et des forces somaliennes, et prévoir des échéances précises et des ressources suffisantes.


Dans l’immédiat, un appui supplémentaire important est nécessaire pour permettre aux Forces de sécurité somaliennes de prendre plus efficacement part aux opérations menées conjointement avec l’AMISOM et faire en sorte que les acquis en matière de sécurité ne soient pas remis en question dans les zones récemment libérées, préconise Ban Ki-moon.


Enfin, il est essentiel d’étendre les services humanitaires à l’ensemble du pays.  Le Secrétaire général invite tous les intervenants à assurer la sécurité d’accès qui permettrait à tous les Somaliens, en particulier aux enfants, de recevoir une aide humanitaire, notamment des vaccins antipoliomyélitiques, qui revêtent une importance vitale.  Les données publiées au début de 2013, selon lesquelles environ 260 000 personnes ont péri à la suite des disettes et de la famine dont a souffert le pays en 2011, viennent nous rappeler qu’il nous faut agir sans attendre, souligne M. Ban.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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