CS/10996

L’Envoyée spéciale du Secrétaire général pour la région des Grands Lacs présente au Conseil de sécurité son « cadre de l’espoir »

06/05/2013
Conseil de sécuritéCS/10996
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Conseil de sécurité                                        

6960e séance – matin


L’ENVOYÉE SPÉCIALE DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL POUR LA RÉGION DES GRANDS LACS

PRÉSENTE AU CONSEIL DE SÉCURITÉ SON « CADRE DE L’ESPOIR »


Il existe une « nouvelle chance » d’arrêter le conflit

pour de bon et de régler ses causes sous-jacentes, affirme Mme Mary Robinson


L’Envoyée spéciale du Secrétaire général pour la région des Grands Lacs, Mme Mary Robinson, a présenté, ce matin, au Conseil de sécurité, son « Cadre de l’espoir », un document qui définit sa vision et une approche « différente » pour permettre un vrai changement susceptible de mener à la paix, à la sécurité et au progrès économique.


« Je pense que cette rencontre a lieu à un moment où une nouvelle opportunité se présente », a déclaré Mme Robinson, en précisant qu’il existait désormais une « nouvelle chance de pouvoir faire davantage » afin d’arrêter le conflit « pour de bon » et de régler ses causes sous-jacentes.


Mme Robinson, qui s’exprimait par visioconférence depuis Dublin, en Irlande, rendait compte aux membres du Conseil de sécurité de la première visite qu’elle a effectuée dans la région, entre le 28 avril et le 5 mai.


« La raison pour laquelle j’ai accepté le poste d’Envoyée spéciale est que je sais que la crise en République démocratique du Congo (RDC) est l’une des crises les plus longues et les plus épouvantables en matière de violations des droits de l’homme, des droits des femmes, des droits des enfants, du droit international humanitaire, avec, a-t-elle souligné, des niveaux de décès, de violences et de souffrances totalement inacceptables .»  « Cette fois, a-t-elle ajouté, nous devons l’aborder différemment et appuyer la volonté politique qui s’est dégagée. »


Mme Robinson a été nommée par le Secrétaire général en tant qu’Envoyée spéciale pour la région des Grands Lacs, le 18 mars dernier, afin d’encourager les signataires de l’Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération pour la République démocratique du Congo (RDC) et la région à mettre en œuvre leurs engagements et à soutenir les efforts pour trouver des solutions durables.


Le 24 février 2013, constatant les cycles récurrents de conflits et de violence qui affligent l’est de la RDC, 11 pays d’Afrique* ont en effet signé à Addis-Abeba un accord-cadre qui définit les responsabilités nationale, régionale et internationale en vue de mettre fin à la violence. 


L’Accord-cadre, qui offre un espoir aux peuples de la région d’établir une stabilité durable en s’attelant aux causes profondes du conflit et en développant des relations mutuelles de confiance entre pays voisins, prévoit la création d’un mécanisme de suivi régional impliquant les 11 pays signataires et les dirigeants des quatre organisations internationales concernées**. 


De même, les signataires de l’Accord se sont engagés à développer conjointement un plan détaillé de mise en œuvre de l’Accord-cadre, y compris à établir des critères et mesures de suivi appropriées.


La RDC a également accepté de mettre en place un mécanisme national qui supervisera la mise à exécution des engagements pris au niveau national.


Mme Robinson a indiqué qu’elle avait résumé sa « vision personnelle » et son approche de cet Accord-cadre dans un document intitulé « Cadre de l’espoir ».  « Car, a-t-elle dit, si cette nouvelle tentative est de réussir là où d’autres ont tourné court, le cynisme doit être remplacé par l’optimisme et le courage. »


Pour l’Envoyée spéciale, « les gouvernements, les peuples de cette région et la communauté internationale doivent, encore une fois, croire que la paix est possible et prendre les mesures nécessaires pour l’obtenir ».


Elle a affirmé qu’elle avait expliqué clairement à ses interlocuteurs, lors de sa visite dans la région la semaine dernière, que son approche en tant qu’Envoyée spéciale serait « différente ».  « Je vais, bien sûr, concentrer une grande partie de mon énergie à m’engager avec les dirigeants et les gouvernements de la région à renforcer la confiance, et à les aider à traduire leurs promesses dans des plans ou des actions pour la paix qui soient concrets », a-t-elle assuré.


« Je m’efforcerai aussi de travailler du bas vers le haut », a-t-elle ajouté, en notant qu’elle s’entretiendrait avec la société civile.  « Si les populations sont engagées et s’approprient ce processus, elles peuvent devenir une force importante pour sa mise en œuvre », a-t-elle observé.


Mme Robinson a ensuite détaillé sa visite dans la région des Grands Lacs, qui l’a conduite en République démocratique du Congo, au Rwanda, en Ouganda, au Burundi et en Afrique du Sud.


L’objectif de cette visite, a-t-elle dit, était triple.  Il s’agissait en effet de solliciter les vues des dirigeants et d’autres sur la mise en œuvre de l’Accord-cadre, d’encourager la participation à la première réunion du mécanisme de surveillance 11+4, prévue le 26 mai, en marge du Sommet du Jubilé de l’Union africaine, à Addis-Abeba, et de partager sa vision et son approche de l’Accord-cadre.


Elle a ainsi fait état, notamment, de ses entretiens avec les Présidents de la République démocratique du Congo, M. Joseph Kabila; de l’Ouganda, M. Yoweri Museveni; et du Burundi, M. Pierre Nkurunziza; et de sa « longue conversation téléphonique » avec le Président rwandais Paul Kagame, qui n’était pas, pendant cette période, dans le pays.


Mme Robinson a également rencontré la Présidente de la Commission de l’Union africaine, Mme Nkosazana Clarice Dlamini-Zuma; le Représentant spécial de l’Union africaine pour la région des Grands Lacs, M. Boubacar Gaoussou Diarra; et le Secrétaire exécutif de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs, M. Alphonse Ntumba Luaba.


Au cours de son séjour, l’Envoyée spéciale a en outre tenu de nombreuses réunions avec les entités des Nations Unies, y compris la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO), le Bureau des Nations Unies au Burundi (BNUB), les équipes de pays, la Banque mondiale, le Fonds monétaire international (FMI), ainsi que le corps diplomatique et la communauté des bailleurs de fonds.


Enfin, elle a élargi ses consultations à la société civile, de la manière la plus représentative possible, en y faisant participer des groupes de femmes, avec lesquels, a-t-elle dit, elle a l’intention de travailler en étroite collaboration pour mettre en œuvre son mandat.


Sa visite en RDC, a précisé Mme Robinson, s’était déroulée dans un « contexte de tensions » engendré par les déclarations du Mouvement du 23 mars (M23), en réaction au déploiement prochain dans le pays de la Brigade d’intervention de l’ONU.


À Kinshasa et à Goma, a-t-elle précisé, « l’écrasante majorité des Congolais à qui j’ai parlé étaient enthousiastes au sujet du déploiement de la Brigade, un sentiment qui est compréhensible ».


Cette Brigade, a-t-elle dit avoir souligné, est un « outil important », qui doit être considéré comme un « élément d’un processus politique beaucoup plus vaste visant à trouver une solution globale à la crise dans l’est de la RDC ».  Il est également essentiel, a-t-elle estimé, que cette brigade opère en respectant pleinement les droits de l’homme et le droit international humanitaire.


Mme Robinson a annoncé « quelques nouvelles encourageantes » au niveau régional.  Comme avec le Président Kabila, avec qui elle a eu une « discussion franche », les Présidents Museveni, Kagame et Nkurunziza l’ont assurée de leur volonté à mettre en œuvre leurs engagements découlant de l’Accord-cadre et lui ont exprimé leur soutien pour son mandat en tant qu’Envoyée spéciale.


« Il est encourageant de voir, a-t-elle constaté, que les dirigeants des pays de la région, notamment les Présidents Kabila et Kagame, continuent de se parler plus, soit au niveau bilatéral, soit dans le cadre de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs. »


À Kampala, elle a eu des « discussions fructueuses » avec le Président Museveni, de l’Ouganda, et le Facilitateur des pourparlers de Kampala, le Ministre ougandais de la défense, M. Crispus Kiyonga.  Tous deux, a-t-elle dit, ont affirmé que le dialogue demeurait un moyen viable pour mettre fin à la crise dans l’est de la RDC.


Dans ses discussions à Pretoria avec la Ministre sud-africaine des relations internationales et de la coopération, elle a dit avoir pris connaissance des « mesures encourageantes » que son gouvernement avait prises ou envisagées pour renforcer son partenariat économique avec la RDC et aider Kinshasa dans des secteurs tels que la gouvernance, l’agriculture, les infrastructures et la perception des recettes.


Ces initiatives économiques sont des « mesures positives qui pourraient contribuer grandement à la restauration de la confiance entre les pays de la région », a-t-elle insisté, en appelant à les soutenir.  Mme Robinson s’est également félicitée de la bonne volonté manifestée par la communauté des donateurs et des institutions financières internationales, en particulier la Banque mondiale, afin d’aider la région des Grands Lacs.


L’Envoyée spéciale a, par ailleurs, indiqué que, dans la perspective de la première réunion du mécanisme de suivi régional 11+4, le 26 mai à Addis-Abeba, elle préparerait un document de réflexion, lequel sera présenté aux dirigeants régionaux, sur la façon dont ce mécanisme et son comité technique d’appui pourraient fonctionner.


Le 28 mai, a annoncé Mme Robinson, elle se rendra à Paris pour assister à une réunion du Groupe de contact international sur les Grands Lacs, où elle a l’intention d’encourager les participants à coordonner leurs efforts en faveur de la région des Grands Lacs.


L’Envoyée spéciale du Secrétaire général pour la région des Grands Lacs a conclu son exposé en rappelant le génocide au Rwanda, dont on commémorera le vingtième anniversaire l’an prochain, une « histoire tragique », a-t-elle dit, « qui reste indissociable de ce problème ».  Il demeure une « cicatrice pour toute la région des Grands Lacs et pour les Nations Unies » qui, a-t-elle, ajouté, « motive mon engagement personnel dans cette mission ».


Lorsqu’elle était Présidente de l’Irlande, a rappelé Mme Robinson, elle avait été le premier Chef d’État à se rendre au Rwanda en 1994, au lendemain du génocide.


*     Afrique du Sud, Angola, Burundi, République centrafricaine, République du Congo, République démocratique du Congo, Ouganda, Rwanda, Soudan du Sud, République-Unie de Tanzanie et Zambie.


**    La Présidente de la Commission de l’Union africaine, le Président de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs, le Président la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) et le Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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