AG/11387

Assemblée générale: plaidoyer pour l’intégration de la question des migrations dans le programme du développement pour l’après-2015

25/6/2013
Assemblée généraleAG/11387
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Assemblée générale

Soixante-septième session

Matin & après-midi


ASSEMBLÉE GÉNÉRALE: PLAIDOYER POUR L’INTÉGRATION DE LA QUESTION DES MIGRATIONS

DANS LE PROGRAMME DU DÉVELOPPEMENT POUR L’APRÈS-2015


L’Assemblée générale a entendu aujourd’hui plusieurs voix s’élever pour réclamer l’intégration d’un objectif spécifique sur les migrations dans le programme du développement post-2015.  L’Assemblée avait en effet invité le secteur privé, les ONG, le milieu universitaire et d’autres spécialistes à une table ronde en prévision du deuxième Dialogue de haut niveau sur les migrations internationales et le développement qu’elle a prévu de tenir les 3 et 4 octobre prochains, après celui de 2006. 


Le monde compte aujourd’hui un milliard de migrants qui représentent près de 400 milliards de dollars d’envois de fonds dans leur pays d’origine, dont 12 fois l’aide publique au développement (APD) au Bangladesh.  Cet argument a été présenté pour prouver l’importance qu’il y a à réserver un objectif spécifique à la question des migrations dans le programme du développement pour l’après-2015, date butoir pour la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). 


Mais pour faire des migrations, un contrat « gagnant-gagnant » pour les pays d’origine comme pour les pays de destination, il faut aborder la question sous l’angle des droits des migrants, a-t-il été dit.  Il faut que les États comprennent qu’en protégeant ces droits, ils élargissent le potentiel des migrants en matière de développement et préservent des sociétés saines, a, par exemple, déclaré M. Peter Sutherland, Représentant spécial du Secrétaire général pour les migrations internationales et le développement.


La migration ne peut devenir un processus équitable que si les êtres humains sont au cœur des politiques, a renchéri M. François Crépeau, Rapporteur spécial sur les droits de l’homme des migrants.  Il a tenu à rappeler que l’Assemblée générale invitait déjà les États, dans une résolution de 1975, à utiliser le terme d’immigrants « irréguliers » plutôt qu’« illégaux », terme qui dépeint de façon négative les migrants, renforce les stéréotypes négatifs et contribuent à la marginalisation. 


Pour lutter contre la perception négative des migrants, M. Stefano Manservisi, Directeur général des affaires intérieures de la Commission européenne, a jugé qu’il faut trouver des politiques susceptibles d’aider ces personnes, tout en garantissant la pérennité du modèle économique européen, soit, établir l’équilibre entre les droits des migrants et ceux des travailleurs des pays d’accueil, a dit en écho un représentant de la Chambre de commerce américaine.  Il ne fait aucun doute que le principal défi est celui du changement de perception, a reconnu M. William Swing, Directeur de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).  


Le défi est aussi de reconnaître la souffrance des migrants, a rappelé par son récit la journaliste et écrivain, Mme Sonia Nazario, Lauréate du prix Pulitzer 2003 pour son livre qui retrace l’odyssée des enfants bravant tous les dangers pour retrouver leur mère émigrée aux États-Unis. 


Que faut-il attendre du deuxième Dialogue de haut-niveau?  Pour avoir des résultats concrets de l’intégration, prôné, entre autres, par MmeEva Akerman-Borje, Présidente du Forum mondial sur les migrations et le développement, de la question de migrations, en tant que moteur du développement et de la croissance économique, dans le programme du développement pour l’après-2015, M. John Bingham du Comité permanent des ONG a fait une autre demande.  Il a réclamé un plan d’action quinquennal pour la collaboration entre la société civile, les États Membres et les autres partenaires.


La table ronde s’est déclinée en trois segments intitulés « Les migrations et le développement: Facteurs déterminants et impact », « Faciliter la mobilité de la main-d’œuvre: Protéger les droits des migrants », et « Vers le Dialogue de haut niveau de 2013 et au-delà ». 


Toujours en prévision du deuxième Dialogue de haut niveau, l’Assemblée générale a prévu de tenir, le 15 juillet prochain, une « audition informelle » des ONG.


TABLE RONDE SUR LES MIGRATIONS INTERNATIONALES ET LE DÉVELOPPEMENT


Déclarations liminaires


M. RODNEY CHARLES, Vice-Président de l’Assemblée générale, a indiqué que cette table ronde sur les migrations internationales et le développement arrive au moment opportun, à moins de quatre mois du deuxième Dialogue de haut niveau.  Les faits sont clairs: le nombre des migrants est de plus en plus élevé, tous les pays sont concernés et les migrations auront un impact notable sur les changements démographiques dans le monde. 


Les migrations sont devenues de plus en plus complexe: les gens partent pour de bon, d’autres font des allers-retours pour des emplois temporaires ou saisonniers, d’autres partent pour un meilleur emploi ou pour un regroupement familial et d’autres encore émigrent pour fuir la pauvreté, la violence, les conflits, les catastrophes naturelles ou les conséquences des changements climatiques.


Les migrations sont une question mondiale qui requiert une attention mondiale.  Le débat a évolué grâce à de nombreuses études qui ont nuancé l’appréhension de la question: si la fuite des cerveaux continue de poser un défi aux pays en développement, on reconnaît de plus en plus le potentiel en matière de développement de la diaspora, à savoir les entrepreneurs, les inventeurs, les investisseurs, et ce, pour les pays de destination comme pour les pays d’origine. 


Depuis 2006, les dialogues, les partenariats et la coopération se sont renforcés, comme en témoignent le Forum mondial sur les migrations et le développement et le Groupe mondial sur les migrations qui a amélioré la coopération entre les différentes agences du système des Nations Unies et de l’Organisation internationale de la migration (OIM).  Au niveau régional, l’engagement se raffermit également.


Ceci ne veut pas dire qu’il faut s’endormir sur ses lauriers.  Le Dialogue mondial, le Groupe mondial sur les migrations et les autres plateformes ont formulé des recommandations sur la manière d’améliorer leur fonctionnement et faire avancer l’ordre du jour des migrations.  Le Dialogue de haut niveau d’octobre est une importante occasion de mettre en œuvre ces recommandations.


Aujourd’hui donc, il s’agira de tirer les leçons de l’expérience et des progrès enregistrés depuis le premier Dialogue de haut niveau en 2006.  Il s’agira aussi d’identifier des recommandations concrètes pour le Dialogue de 2003 et d’offrir de nouvelles perspectives sur le rôle et l’avenir des migrations et leur impact sur le développement durable, a conclu le Vice-Président de l’Assemblée générale. 


Journaliste et écrivain, Mme SONIA NAZARIO, a mis l’accent sur la douleur qu’est la migration pour les dizaines de milliers d’enfants qui, chaque année en Amérique centrale, sont séparés des parents contraints d’émigrer en Amérique du Nord pour subvenir aux besoins de la famille.  Il y a 10 ans, a insisté Mme Nazario, on estimait à 48 000, chaque année, le nombre d’enfants séparés ainsi de leurs parents en Amérique centrale, un chiffre qui aurait doublé depuis lors.  Lauréate du prix Pulitzer 2003 pour son livre « Enrique’s Journey » qui relate l’odyssée des enfants d’Amérique centrale et du Mexique bravant tous les dangers pour retrouver une mère immigrée aux États-Unis, Mme Nazario a indiqué qu’elle a fait par deux fois le voyage en train que ces jeunes empruntent du Honduras en Californie.  J’ai fait deux fois ce voyage de trois mois et vu des jeunes sur les toits des trains.


Mme Nazario a dit qu’elle a décidé d’écrire sur cette question lorsqu’elle a découvert que sa femme de ménage, une immigrante guatémaltèque, n’avait pas vu ses enfants depuis 12 ans.  « En Amérique centrale, j’ai découvert une armée d’enfants qui tentent de retrouver leurs parents », s’est indignée celle qui a voyagé pendant deux semaines au nord du Mexique avec un enfant qui partait en Californie.  Or, on estime que plus de 20 000 enfants son kidnappés chaque année dans leur périple et parfois même tués par des gangs ou encore gravement blessés tombant du toit du train.  C’est au Chiapas que les enfants subissent les pires difficultés, selon les témoignages.  Après mon voyage du Honduras en Californie, a confié la journaliste, il m’a fallu six mois de thérapie pour ne plus faire de cauchemars.  Au milieu des risques, des gangs ou des branches qui risquent à tout moment de vous faire tomber du train, j’ai aussi découvert l’humanité, s’est-elle émue, en donnant l’exemple des riverains d’une voie ferrée, parmi les plus pauvres du Mexique, qui lancent de la nourriture et de l’eau aux gens coincés sur le toit du train, au nom de leur foi en la parole du Christ.


Elle-même issue d’une famille d’immigrés juifs syriens qui a dû fuir l’Europe durant la Seconde Guerre mondiale pour se réfugier en Argentine avant de rechercher de nouvelles opportunités aux États-Unis, Mme Nazario a exhorté les délégations à prendre conscience des dangers de la route de l’émigration.  Elle a appelé l’ONU à exploiter le potentiel de près de 400 milliards de transferts que les immigrés effectuent chaque année vers leurs pays d’origine.  Cette manne pourrait contribuer à des projets générateurs d’emplois, a-t-elle suggéré.  


Table ronde « Les migrations et le développement: Facteurs déterminants et impact »


M. Douglas Massey, Directeur de la recherche sur la population à l’Université de Princeton, a déclaré que le principal moteur des migrations aujourd’hui est la mondialisation et les échanges commerciaux.  Or, alors que les échanges de capitaux et de biens se mondialisent, la circulation des personnes se heurte à la position de certains pays.  L’enjeu est donc la bonne gestion et la canalisation des flux migratoires, en sachant que plus les frontières se ferment, plus les gens veulent migrer, a dit le Directeur en montrant l’exemple de la frontière entre les États-Unis et le Mexique.  Il a conseillé aux pays développés de créer des partenariats avec les pays en développement pour encourager les aides au retour ou les investissements des migrants dans leur pays d’origine.  La migration est une bonne chose qu’il ne faut pas étouffer et le défi n’est pas si important qu’on ne le pense: seuls 3% de la population mondiale est immigrée dont 1,5% de migrants à long terme.


Parlant des envois de fonds des migrants, M. Devesh Kapour, Professeur à l’Université de Pennsylvanie, a estimé qu’ils illustrent l’échec d’un système économique et le manque de débouchés et donc de développement.  Il a prévenu qu’aucun processus de développement n’a été bâti sur les envois de fonds.  Ce qu’il faut faire, a-t-il préconisé, c’est exploiter les compétences de la diaspora et mettre en place des institutions fiables et crédibles dans les pays d’origine pour attirer leurs investissements.  Le professeur a donné quelques recettes comme adapter le marché du travail aux compétences des migrants ou adopter des lois autorisant la double-nationalité.  Il faut aussi, a-t-il conclu, mieux tenir compte de la migration Sud-Sud dont l’ampleur est importante.


M. Jean Christophe Dumont, Directeur de la Division de la migration à l’Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE), a avoué que la migration est mal vue dans les pays de l’OCDE où les préjugés veulent qu’elle soit mauvaise pour le marché du travail et les finances publiques.  En réalité, ces conséquences sont très limitées et la contribution des migrants ne fait pas de doute puisqu’ils paient des taxes et des impôts comme tout le monde.  Il faut aussi admettre que les migrations récentes ont comblé le vide dans certaines catégories d’emplois.  Actuellement, 1 migrant sur 10 est Chinois et 1 sur 20 est Indien dont les secteurs de prédilection sont le commerce.  Les patrons migrants emploient ainsi 2% de la population active au sein de l’OCDE, et avec les autres, ils contribuent à hauteur de 1,5% au PIB dans les pays de l’OCDE.  La migration et le développement sont donc les deux faces d’une même pièce.


Le représentant du Pérou a acquiescé: la migration doit être vue comme une solution au développement et non comme un obstacle.  Elle sert à la fois les pays d’accueil et d’origine, a approuvé son homologue de la Suisse qui a indiqué que 25% de la population active en Suisse est née à l’étranger, d’où le changement du discours sur la migration dans le pays.  Le développement démarre quand la migration n’est pas entravée, a plaidé, à son tour, la représentante du Bangladesh dont les 8 millions d’émigrés envoient au pays un équivalant à 12 fois l’aide publique au développement (APD) et ayant permis, entre autres, d’autonomiser des millions de femmes par l’entreprenariat.  La migration a été un facteur clef dans la politique du Bangladesh contre la pauvreté. 


Il ne faut pas non plus céder à la tentation de réduire la migration à la simple question des envois de fonds, a prévenu la représentante des Femmes méthodistes unies.  La question doit figurer en bonne place dans le programme de développement pour l’après-2015 et être analysée sous l’angle régional, a ajouté le représentant du Mexique.  Mon pays, est-il expliqué, est aussi un pays de transit des migrants d’Amérique latine vers les États-Unis. 


La migration est une question gérable, la diaspora doit jouer un rôle plus important à la fois dans les pays d’origine et d’accueil, les partenariats entre gouvernements et société civile doivent se multiplier et le « visage humain » de la migration mieux reconnu, a résumé la Modératrice de la table ronde, après que la représentante des États-Unis eut félicité l’Organisation internationale de la migration (OIM) pour les préparatifs du deuxième Dialogue de haut niveau, en octobre prochain. 


Table ronde « Faciliter la mobilité de la main-d’œuvre: Protéger les droits des migrants »


Si l’ensemble des intervenants a souligné l’importance de voir avant tout dans les migrants des êtres humains dotés de droits, le représentant de la Chambre de commerce des États-Unis a estimé que pour mieux faire comprendre le lien entre immigration et dynamisme économique, il faut d’abord trouver l’équilibre entre les droits des migrants et ceux de la main-d’œuvre des pays d’accueil.   


À la lumière de l’expérience européenne, le Directeur général des affaires intérieures de la Commission européenne a voulu que l’on voie chez le migrant une personne dotée de droits dont celui de la libre circulation.  Avant de parler chiffres, parlons êtres humains, a-t-il insisté, en jugeant indispensable une coopération régionale et l’ouverture à la migration pour autant que l’on puisse assurer le bon équilibre entre l’offre et la demande sur le marché du travail.  La migration, a-t-il dit, doit devenir un contrat « gagnant-gagnant » pour aider les pauvres, d’un côté, et garantir la pérennité du modèle économique européen, de l’autre.  Il faut donc un partenariat robuste entre le secteur privé et les partenaires sociaux.    


Il est difficile, a reconnu le Vice-Président de la Chambre de commerce américaine en charge des questions de migrations, de faire accepter l’idée que la migration est nécessaire à la relance économique et à la baisse du chômage.  En ce moment, a-t-il dit, le Sénat américain travaille à la plus grande réforme de l’immigration depuis 1965 puisqu’elle touche à la question de la sécurité le long des frontières et la légalisation des cadres de travail temporaire.  Les États-Unis sont en effet conscients que la moitié des travailleurs migrants du secteur agricole sont des illégaux. 


Les illégaux ne sont pas des criminels, a argué le Rapporteur spécial sur les droits de l’homme des migrants en demandant un petit effort de sémantique.  En 1975, a-t-il rappelé, l’Assemblée générale invitait déjà à parler d’« irréguliers » plutôt que d’« illégaux », terme qui dépeint de façon négative les migrants, renforce les stéréotypes et contribue à leurs marginalisation au quotidien.  Et d’ailleurs, a ajouté le représentant de la Commission européenne, la directive européenne sur les rapatriements interdit toute association entre les termes « illégaux » et « criminels ».  


Avec l’aide de l’Union européenne, la République de Moldova a été la première à lancer un projet pilote pour favoriser une immigration régulière dans le respect des droits de l’homme, a indiqué sa représentante.  C’est conscient de l’importance des migrations pour le développement que nous avons adopté une stratégie 2012-2020 pour encadrer les migrations, a renchéri le représentant de la Fédération de Russie qui a demandé une action coordonnée pour faire face à « la complexité » du phénomène des migrations.  La perspective « droits de l’homme des migrants » a reçu l’adhésion du représentant du Mexique, « particulièrement sourcilleux » sur l’intérêt supérieur des enfants.  Les droits des enfants doivent être explicitement identifiés comme question transversale du deuxième Dialogue de haut niveau, a plaidé la représentante de Save the Children qui tient à la disposition des délégations d’un document résumant les besoins des enfants en prévision du Dialogue.


Déclaration sur les points de vue des migrants


M. JESUS PEREZ MENDEZ, Mexicain de New York, a appelé les pays à travailler ensemble pour gérer les flux migratoires.  « Vous qui allez participer au deuxième Dialogue de haut niveau, vous devez être conscients qu’il existe des réseaux criminels qui profitent de la migration. »  M. Mendez a raconté son histoire personnelle de migrant qui a vu sa vie changée et sa façon de voir le monde évoluer.  « Cette histoire m’a amené à aider mon pays qui est le Mexique », a-t-il expliqué, en précisant que la crise de l’industrie du maïs et de la tomate a contraint son père à quitter le pays pour les États-Unis, avec armes et bagages.  Trente cinq ans plus tard, je suis ici à New York où je m’en suis sorti grâce à l’éducation qui, pour moi, reste la clef d’un avenir meilleur pour tous les migrants, qui peuvent ainsi aider leur pays d’origine. 


Avec des collègues, M. Mendez a noué un partenariat avec la « City University » de New York pour aider les étudiants issus de la migration à réussir.  Au Mexique, il s’est associé à la ville et l’Université de Puebla, qui ont développé un programme d’octroi de bourses d’études.  La question, a-t-il estimé, est de savoir comment trouver un terrain d’entente pour que les pays d’origine et les pays d’accueil bénéficient ensemble de la migration.  Binational, il a confié que son vœu est que chaque personne ait le droit de vivre là où elle veut.


Table ronde « Vers le Dialogue de haut niveau de 2013 et au-delà »


Ce dialogue a été organisé autour de six questions auxquelles les intervenants principaux ont été invités à répondre et d’abord quels sont les principaux succès de la communauté internationale depuis le précédent Dialogue?


Les questions du développement et des droits de l’homme sont devenues partie intégrante de l’approche sur la gestion des migrations, a répondu un représentant de la société civile qui s’est félicité aussi de l’intégration des points de vue de la société civile, s’agissant, entre autres, de la réduction des coûts des envois des fonds.  Nous, a dit la représentante du Forum mondial sur les migrations et le développement, présidé cette année par la Suède, nous nous félicitons de l’avènement d’un processus mondial fructueux et sain qui n’existait pas en 2006.  Le Forum mondial était le chainon manquant de la mosaïque, a acquiescé le Directeur général de l’OIM qui a salué la perception croissante des liens entre développement et migration.


Ce changement de perception a permis d’appréhender les migrations et leur potentiel de manière beaucoup plus positive, a renchéri le Directeur du bureau des Commissions régionales de l’ONU qui a illustré ses propos par les efforts de certains pays pour tisser des liens avec leurs diaspora ou encore par l’adoption de directives et recommandations visant à faciliter les migrations au niveau régional. 


Quels sont les principaux défis que la communauté internationale doit relever?  Corriger le fait, a répondu la représentante du Forum mondial sur les migrations et le développement, que les migrations qui impliquent un milliard de personnes ne figurent pas parmi les priorités du programme du développement pour l’après-2015.  Faut-il rappeler que les envois de fonds des migrants ont représenté plus de 300 milliards de dollars en 2012?


La lutte contre les stéréotypes qui alimentent le nationalisme, la xénophobie et le racisme est un autre défi, a ajouté le Représentant spécial du Secrétaire général pour les migrations internationales et le développement.  Il a appelé à la création de réseaux d’informations qui diffusent une bonne image des migrations.  Le changement de perception est en effet un défi important, a avoué le Directeur général de l’OIM.  Il a dit son intention de travailler à partir de 2014 avec les agences de recrutement pour lutter contre la traite des êtres humains.


Au nom d’autres défis, le Directeur du Bureau des Commissions régionales de l’ONU a parlé du manque de statistiques sur les flux migratoires et d’informations sur le statut juridique des migrants.  Pour le représentant du Comité permanent des ONG, le défi est aussi d’impliquer davantage le secteur privé dans les débats sur les migrations.  


Quels enseignements tirer du premier Dialogue de haut niveau?  Là encore, la nécessité d’impliquer davantage le secteur privé et la société civile, a répondu le Directeur général de l’OIM, mais aussi les femmes, a ajouté le Directeur du bureau des Commissions régionales de l’ONU qui a aussi jugé critique la nécessité de se pencher sur la migration Sud-Sud et de manière plus générale, a dit le représentant du Comité permanent des ONG, sur l’évolution de la migration.  Parmi les enseignements, la représentante du Forum mondial sur les migrations et le développement a ajouté l’importance de rechercher des résultats concrets après les recommandations du premier Dialogue.


Le succès des fora comme le Dialogue repose sur le caractère non contraignant des recommandations, a prévenu le Ministre du travail des Émirats arabes unis qui a avoué qu’après ce Dialogue, son pays s’est rendu compte que sa perception de la migration n’était pas juste.  Il a appelé à des recherches approfondies pour aider les décideurs à mettre au point les bonnes politiques, qui doivent dûment être fondées sur l’être humain, a estimé le représentant du Mexique.  Il faut toujours et encore écouter les migrants, a renchéri son homologue de la Suisse qui a promis de tout faire pour que le deuxième Dialogue soit une réussite.  Le représentant de la Fédération de Russie a indiqué que depuis le premier Dialogue, plus de 50 millions de personnes ont traversé les frontières de son pays qui est le deuxième pays d’immigration au monde.  L’objectif est de sortir les migrants, en particulier les travailleurs, de la précarité, a rappelé le représentant de l’OIT.


Quels sont les principaux résultats attendus du deuxième Dialogue de haut-niveau?  Nous aimerions un document final substantiel qui nous permette d’avancer dans les six domaines politiques clefs que nous avons identifiés pour la prochaine décennie, a dit le Directeur général de l’OIM.  Nous voulons, a ajouté le Directeur du Bureau des Commissions régionales de l’ONU, un discours fort de nature à modifier la perception de la migration et à progresser dans les droits des travailleurs migrants.  Pour la société civile, a dit, à son tour, le représentant du Comité permanent des ONG, la priorité est l’adoption d’un plan d’action quinquennal sur la collaboration avec les États Membres et les autres partenaires. 


Ce deuxième Dialogue, a suggéré la représentante du Forum mondial sur les migrations et le développement, doit se traduire par l’intégration dans le programme du développement pour l’après-2015 de la question des migrations comme moteur du développement et de la croissance économique.  Il est tout aussi essentiel, a-t-elle dit, que les acquis de 2006 soient préservés et que les partenaires s’engagent à faciliter la mobilité des personnes.  Il faut s’attaquer à la question des « migrants des crises » et promouvoir la ratification de la Convention concernant le travail décent pour les travailleurs et travailleuses domestiques, a estimé le Représentant spécial du Secrétaire général pour les migrations et le développement


Quelles sont les principales étapes à franchir et les objectifs à atteindre aux cours des cinq prochaines années?  Le représentant de la société civile a cité un ensemble de sept objectifs dont les questions de la criminalité et des traumatismes subis par les femmes et les enfants durant la migration.  Il faut des politiques cohérentes, a estimé la représentante du Forum mondial sur les migrations et le développement.  Des politiques, s’est-elle expliquée, qui reconnaissent les liens entre migration et éducation, migration et santé ou migration et élimination de la pauvreté. 


Les États, a expliqué à son tour le Représentant spécial du Secrétaire général pour les migrations et le développement, doivent comprendre qu’en protégeant les droits des migrants, on élargit le potentiel du développement et on préserve des sociétés saines.  Réduisons les coûts humains et économiques de la migration, a prôné le Directeur général de l’OIM.


Après que le Modérateur de cette table ronde eut rappelé que la société civile organise le 15 juillet prochain les deuxièmes consultations sur les migrations, le Sous-Secrétaire général à la coordination des politiques et aux affaires interinstitutions, a reconnu que la coordination des politiques de migration aux niveaux national et international reste un défi.  Le système des Nations Unies doit faire plus pour améliorer l’interaction entre agences et avec les États Membres.  Le système attend d’ailleurs les directives des États Membres pour faire de la migration un levier du développement.  Il faut se concentrer sur les principes sur lesquels il y a un consensus, à savoir la réduction des coûts des envois de fonds et de ceux de la formation des migrants ou encore l’amélioration du système des pensions pour permettre aux migrants retraités de rentrer dans leur pays d’origine.  À son tour, le Sous-Secrétaire général a lancé un appel pour que les migrations soient intégrées dans le programme du développement pour l’après-2015.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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