AG/11379

Assemblée générale: les appels se multiplient pour que la culture figure parmi les domaines clefs du programme de développement post-2015

12/6/2013
Assemblée généraleAG/11379
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Assemblée générale

Soixante-septième session

Débat thématique


ASSEMBLÉE GÉNÉRALE: LES APPELS SE MULTIPLIENT POUR QUE LA CULTURE FIGURE PARMI

LES DOMAINES CLEFS DU PROGRAMME DE DÉVELOPPEMENT POST-2015


La non-prise en compte de la culture dans les programmes de développement, la place de l’industrie culturelle dans la croissance économique ou la crainte d’un relativisme culturel qui remettrait en cause les droits de l’homme, telles sont les questions qui ont été au cœur des interventions que l’Assemblée générale a entendues aujourd’hui, lors de son débat thématique sur la culture et le développement. 


De nombreuses délégations ont exigé que la culture, « le nouvel or », compte parmi les domaines clefs du programme de développement post-2015, alors même que le Secrétaire général constatait que de nombreux programmes de développement ont échoué, faute d’avoir pris en compte la question de la culture.


Cette journée de débat était organisée au tour d’un segment de haut niveau auquel ont participé une vingtaine de ministres, suivi de deux tables rondes consacrées au lien entre culture et développement et au rôle qu’il faut réserver dans le cadre du développement post-2015.


« Il n’existe pas de recette unique pour le développement.  Trop de programmes de développement, bien intentionnés certes, ont échoué car ils n’ont pas pris en compte la dimension culturelle », a déploré le Secrétaire général de l’ONU, qui a également constaté que le « rôle fondamental » de la culture n’avait pas été pleinement reconnu en tant qu’outil dans les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).


Selon le Secrétaire général, la pleine appropriation des stratégies de développement exige une pleine intégration de la culture.  « Il ne suffit pas de fixer des objectifs globaux, a souligné le Secrétaire général.  Encore faut-il veiller à les adapter à chaque contexte. »


Le Ministre de la culture du Cap-Vert a expliqué cette mise à l’écart de la culture car jusqu’au XIVe siècle, a-t-il dit, tout le développement humain, social et économique a eu comme foyer et source la culture.  Mais l’émergence des modes de production « serviles et industriels » a conduit à sa mise à l’écart.


« L’économie industrielle a besoin de renier la culture pour créer un modèle standard multipliable à l’infini », a-t-il dit.  « Une industrie basée sur une main-d’œuvre servile ou le recours aux machines, a-t-il souligné, privilégie la dépréciation de l’intangible. »


« Lorsque nous disons que nous voulons mobiliser davantage la culture au profit du développement durable », a renchéri la Directrice générale de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), « nous ne cherchons pas à défendre les intérêts d’une industrie ou à créer une nouvelle classe de consommateurs, nous voulons seulement remettre au cœur du débat ce qui est l’essence même de la créativité, de l’innovation et du lien social ».


Pour la Directrice générale de l’UNESCO, les limites des modèles actuels résident justement dans l’hégémonie de l’économie sur le social, l’environnement et les droits.  « La culture est précisément le moyen de restaurer l’équilibre, parce qu’elle n’est pas seulement une marchandise: elle exprime la vie d’un peuple », a-t-elle tranché, en jugeant qu’il est temps d’inscrire la culture dans l’Agenda pour le développement, comme « principe fondamental, catalyseur et élément habilitant ».


L’Administratrice du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) a dit l’avoir compris puisqu’elle s’est félicitée de ce que la culture soit mentionnée aujourd’hui dans 70% des plans-cadres des Nations Unies pour l’aide au développement contre 30%, il y a cinq ans.


La Directrice générale de l’UNESCO a précisé que l’industrie du cinéma et de la vidéo est le deuxième secteur économique au Nigéria, l’un des moteurs économiques de l’Inde et 10% du PIB de l’Indonésie. 


« Au niveau mondial, a-t-elle affirmé, l’industrie de la culture est parmi les seules à ne pas avoir connu la crise.  Derrière chaque livre, chaque film, ou chaque produit culturel, des millions de créateurs, de fabricants, de vendeurs, petits et grands, font vivre et vivent de la filière culturelle », s’est-elle réjouie, tandis que le Secrétaire général a évoqué les millions d’emplois générés par l’émergence d’une « nouvelle économie mondiale de la création ». 


« Un pays qui ne développe pas son industrie culturelle consomme celles des autres nations, affaiblissant ainsi son identité culturelle et faisant perdre aux générations futures des opportunités d’emplois et de richesses », a prévenu la Ministre de la culture du Paraguay pour qui le problème majeur de la mondialisation croissante réside dans le risque que la culture prédominante, « la grande culture de masse qui s’étend à l’échelle mondiale », ne monopolise l’espace culturel, sape la diversité et envahisse, « voire annihile », les identités particulières.


Quant aux craintes de voir l’émergence d’une quelconque forme de relativisme culturel qui remettrait en cause certains droits de l’homme, le Secrétaire général a tranché: « Personne ne peut invoquer la culture pour violer les droits de l’homme ».  « Cela veut dire, a-t-il insisté, mettre fin aux pratiques telles que la mutilation génitale féminine, le mariage précoce et la non-scolarisation des filles.  Cela veut également dire, dire non à la discrimination basée sur les croyances, le faciès ou l’orientation sexuelle. » 


L’Assemblée générale poursuivra ses travaux demain, jeudi 13 juin, à partir de 10 heures.


DÉBAT THÉMATIQUE SUR LA CULTURE ET LE DÉVELOPPEMENT


Déclarations liminaires


M. VUK JEREMIĆ, Président de la soixante-septième session de l’Assemblée générale, a indiqué que le débat sur la culture et le développement, organisé en partenariat avec l’Organisations des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), revêt une importance sans pareil car la culture et le développement sont des vecteurs clefs à l’heure de la conception et de la mise en œuvre du programme de développement pour l’après 2015.  Il a rendu hommage à son prédécesseur, M. Nassir Abdulaziz al Nasser en sa qualité de Haut-Représentant de l’Alliance des civilisations, qui a œuvré sans relâche pour l’inclusion de la culture dans les politiques et les stratégies de développement recommandée dans la résolution 66/208 de l’Assemblée générale. 


Il a aussi rendu hommage à la Directrice générale de l’UNESCO, Mme Irina Bokova, et à l’Administratrice du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), Mme Helen Clark.  M. Jeremić a mis en exergue le leadership du Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, qui a donné une impulsion à la composante culture du programme de développement pour l’après-2015.


Alors que le monde est chaque fois encore plus mondialisé et plus interdépendant, a-t-il dit, nous nous trouvons à la croisée des chemins en raison des changements profonds sans précédent.  Nous nous trouvons à un carrefour inédit vers un système démocratisé des rapports internationaux, dans lequel les pays aspirent à davantage d’autonomie et de liberté d’action.  Ces transformations appellent à une restructuration de la façon dont on oriente les affaires humaines et à l’examen de la manière dont les cultures et les civilisations communiquent et interagissent plus étroitement.


Le Président de l’Assemblée générale a rappelé qu’en juin 2012, « L’Avenir que nous voulons », le Document final de la Conférence Rio+20 sur le développement durable a appelé à une meilleure intégration des trois dimensions de ce développement que la croissance économique, le développement social et la protection de l’environnement pour en faire un tout cohérent et unique.


À Rio, l’Assemblée générale s’est vue attribuée des mandats supplémentaires dont la tâche stratégique d’élaborer un nouveau cadre ambitieux et unique qui définira le travail de l’ONU pour les décennies à venir.  L’Assemblée générale a donc 1 000 jours pour accomplir cette tâche, a-t-il prévenu.  Les conclusions de Rio ont insisté sur la promotion de la diversité culturelle à laquelle doivent participer toutes les cultures et civilisations du monde.


L’Équipe spéciale du Secrétaire général a conclu que toutes les cultures doivent pouvoir faire valoir leur propre identité.  M. Jeremić a avoué que la communauté internationale n’a pas encore tout à fait compris et saisi l’importance du lien entre la culture et le développement pour le programme de développement de l’après 2015.  L’interaction culturelle est d’abord une question de dialogue et d’ouverture pour réaliser la concorde entre les communautés sur la base d’un respect mutuel, a-t-il rappelé.  Ce principe a été prôné par l’UNESCO depuis sa création.  En conséquence, il n’y a pas de meilleur moyen que d’avancer vers une « symphonie harmonieuse », a-t-il poursuivi en citant le premier Directeur général de l’UNESCO. 


La culture, a dit le Président de l’Assemblée générale, est un pont symbolique qui permet le perfectionnement des qualités humaines.  La recherche de la prospérité matérielle doit se fonder sur le respect de nos racines et de celles d’autrui, en bâtissant sur le patrimoine légué par nos prédécesseurs, a ajouté M. Jeremić.


Certains, a-t-il dit comprendre, craignent l’uniformisation avec la mondialisation.  Il faut donc bâtir sur les fondements du développement durable en ajoutant l’élément culturel.  Rien n’est plus précieux que les ponts, bâtis pour tous et permettant aux êtres humains de se rejoindre.  Ces ponts répondent à un désir humain toujours vivace de se rencontrer et de s’unir, loin des confrontations, a commenté M. Jeremić, en soulignant, en conclusion, l’importance des ponts pour l’avenir de l’humanité.


M. BAN KI-MOON, Secrétaire général des Nations Unies, a salué la présence d’éminentes personnalités, dont le Ministre de la culture du Maroc, le Président de la soixante-sixième session de l’Assemblée générale et Haut-Représentant de l’Alliance des civilisations ainsi que l’Administratrice du PNUD.


Il reste moins de 1 000 jours avant la date butoir des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).  Alors que nous définissions les paramètres pour l’après-2015, qu’avons-nous appris depuis 2000 et que devons-nous faire de mieux?  Tout d’abord, a répondu le Secrétaire général, nous savons qu’il n’existe pas de recette unique pour le développement.  Trop de programmes de développement, bien intentionnés certes, ont échoué car ils n’ont pas pris en compte la dimension culturelle.  Il ne suffit pas de fixer des objectifs globaux.  Il faut encore veiller à les adapter à chaque contexte.


Deuxièmement, les programmes n’ont pas suffisamment tenu compte de la voix des populations et enfin, le rôle fondamental de la culture n’a pas été pleinement reconnu dans les OMD en tant qu’outil.  Cependant, a estimé le Secrétaire général, au cours de ces dernières années, le pouvoir de la culture a été chaque fois plus reconnu, surtout quand la dimension culturelle a été incluse dans la réalisation de la paix.  En 2006, la culture était mentionnée dans moins de 30% des Plans-cadres des Nations Unies pour l’aide au développement.  Aujourd’hui, ce taux est monté à 70%.


L’Assemblée générale a adopté deux résolutions sur la culture et le développement en 2010 et 2011 et 18 grands programmes conjoints sur la culture et le développement ont été menés sous la houlette de l’UNESCO, dans le cadre du Fonds pour la réalisation des OMD financé par l’Espagne.  Ces programmes ont bénéficié à quelque 10 millions de personnes.  De nouvelles mesures législatives de protection du patrimoine mondial de l’humanité et de la promotion de la diversité culturelle ont été adoptées.  On voit aussi l’émergence d’une nouvelle économie mondiale de la création qui génère des millions d’emplois dans le tourisme, l’artisanat, la musique, le cinéma et autres.  Tout ceci engendre l’inclusion sociale et le changement de mentalités, s’est-il réjoui, en incitant à miser sur ces succès.


Le Secrétaire général a salué la tenue à Hanghzou, en Chine, du Congrès international sur le thème « La culture: clef du développement durable » qui a connu la participation de 500 personnes provenant de 82 pays et qui a abouti à un message clair: il faut intégrer la culture dans l’ordre du jour du développement post-2015 et assortir les objectifs de cibles claires et d’indicateurs précis.


Ce débat est donc l’occasion de faire le bilan et de préparer une contribution au travail du Groupe de travail à composition non limitée sur le développement durable et les OMD qui donnera lieu à une manifestation spéciale en septembre, a estimé M. Ban.  Ce débat est aussi l’occasion de reconnaître les changements qui interviennent dans le monde: les pays émergents recherchent les moyens d’accélérer leur croissance et d’écrire le prochain chapitre de leur développement.


Nous devons en conséquence identifier de nouveaux modèles de participation et la culture est en tête de cet agenda, a estimé M. Ban.  La pleine appropriation des stratégies de développement exige une pleine intégration de la culture, a-t-il encore souligné, en exhortant à faire davantage pour que la culture, l’héritage et la religion ne soient plus utilisés pour diviser, alimenter des conflits ou perpétuer l’injustice.  


Cela veut dire mettre fin aux pratiques telles que la mutilation génitale féminine, le mariage précoce et la non-scolarisation des filles.  Cela veut dire, a poursuivi le Secrétaire général, dire non à la discrimination basée sur les croyances, le faciès ou l’orientation sexuelle.  Plus que jamais, nous avons besoin de sociétés basées sur l’inclusion, la compréhension et le respect mutuel.  C’est le message même de l’Alliance des civilisations et de la Déclaration universelle de l’UNESCO de 2001 sur la diversité culturelle. 


« Personne ne peut invoquer la culture pour violer les droits de l’homme », a tranché le Secrétaire général.  La réalisation des objectifs communs du développement implique que l’on travaille au-delà des lignes identitaires et que l’on embrasse notre humanité commune.  Dans ce monde globalisé, défendons avec la même vigueur la diversité qui nous enrichit et les droits de l’homme qui nous lient, a conclu le Secrétaire général. 


Mme IRINA BOKOVA, Directrice générale de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), a déclaré qu’une occasion de prendre la mesure de la nouvelle économie mondiale de la création est en train de naître.  L’industrie du cinéma et de la vidéo est le deuxième secteur économique au Nigéria, l’un des moteurs économiques de l’Inde et 10% du PIB de l’Indonésie.  Au niveau mondial, l’industrie de la culture est parmi les seules à ne pas avoir connu la crise.  Derrière chaque livre, chaque film, ou chaque produit culturel, des millions de créateurs, de fabricants, de vendeurs, petits et grands, font vivre et vivent de la filière culturelle. 


Chaque site du patrimoine mondial de l’humanité représente des emplois dans le tourisme, l’artisanat, les spectacles, les festivals, les musées, et donc dans l’architecture, la conservation du patrimoine, la comptabilité, le droit et l’animation.  « L’industrie de la création n’est pas seulement un motif de fierté nationale mais aussi un secteur économique florissant. » 


Mais, a-t-elle tenu à préciser, « lorsque nous disons que nous voulons mobiliser davantage la culture au profit du développement durable, nous ne cherchons pas à défendre les intérêts d’une industrie ou à créer une nouvelle classe de consommateurs, nous voulons seulement remettre au cœur du débat ce qui est l’essence même de la créativité, de l’innovation, du lien social ».  « Les limites des modèles actuels résident justement dans l’hégémonie de l’économie sur le social, l’environnement et les droits.  La culture est justement le moyen de restaurer l’équilibre, parce qu’elle n’est pas seulement une marchandise: elle exprime la vie d’un peuple », a tranché Mme Bokova.


Elle a cité les propos du Président de l’Irlande, M. Michael Higgins, à l’UNESCO: « l’espace culturel est plus large que l’espace économique ».  La culture apporte la durabilité parce qu’en valorisant les expressions culturelles, c’est la société elle-même qu’on valorise, en donnant aux peuples les moyens de s’approprier leur développement, de s’y reconnaître.  Aucun développement ne peut être durable s’il ne s’appuie pas sur le contexte culturel des peuples.  Au Kenya, lorsque l’on s’appuie sur les chefs religieux ou les médecins traditionnels pour diffuser les messages de santé, les résultats sont meilleurs.  C’est ça le développement durable.


Le développement durable, c’est lorsqu’au Maroc, on soutient la fabrication des tentes traditionnelles car ce sont les femmes qui en bénéficient et la cohésion sociale qui se renforce.  C’est aussi lorsque dans les écoles, les professeurs utilisent les langues autochtones, ce qui fait que les élèves apprennent plus rapidement à lire.  Là encore c’est l’intégration qui est renforcée.  C’est également lorsqu’au Bénin, on installe des CD dans les salons de coiffure des quartiers populaires pour soutenir la filière musicale et lancer des jeunes artistes comme Sessimé qui a vendu 3 000 disques en deux mois.


Pour la Directrice générale de l’UNESCO, l’accès à la culture est un élément central des droits de l’homme car le droit de participer à la vie culturelle est un élément central du sentiment d’appartenance.  En assurant la participation de chacun, nous pouvons libérer une force créatrice incroyable.  Si nous combinons ce pouvoir de la diversité culturelle avec une éducation de qualité, il n’y a rien que nous ne puissions réaliser.  C’est d’ailleurs l’un des axes du partenariat de l’UNESCO avec la Francophonie. 


La Directrice générale a noté « la réticence » de certains à investir dans la diversité culturelle, parce qu’ils craignent le relativisme culturel ou la remise en cause des droits de l’homme.  La position de l’UNESCO est parfaitement claire: la diversité culturelle est inséparable des droits de l’homme.  Et c’est précisément le défi de notre monde globalisé: respecter en même temps les droits de l’homme qui nous rassemblent et promouvoir la diversité qui nous enrichit.  Comparées aux limites de nos ressources naturelles, nos ressources culturelles sont illimitées: « il faut y investir ».


Avant de conclure, Mme Bokova a dit « qu’il est temps d’inscrire la culture dans l’agenda du développement, comme principe fondamental, catalyseur et élément habilitant des quatre piliers du développement, à savoir la durabilité environnementale, le développement social et économique inclusif, la paix et la sécurité ».  Le travail du Groupe de travail à composition non limitée, qui se réunit la semaine prochaine et l’examen des Objectifs du Millénaire pour le développement au mois de septembre seront des étapes décisives.  « J’appelle à la mobilisation des États Membres, dès maintenant et jusqu’en 2015, pour intégrer formellement la culture dans notre stratégie commune », a-t-elle conclu. 


La culture est une partie intégrante du développement humain, a souligné, dans un message vidéo, M. MICHAEL HIGGINS, Président de l’Irlande.  La culture occupe un espace bien plus large que l’espace économique, a-t-il réitéré.  La mémoire et l’imaginaire sont le fondement partagé de n’importe quel cadre et il importe de reconnaître cet aspect fondamental.  De l’avis du Président de l’Irlande, les dimensions économique, sociale, culturelle et environnementale du développement doivent donc être mises sur un pied d’égalité.


M. Higgins a également plaidé pour un modèle de croissance sociale et économique qui prenne en compte l’ensemble des citoyens.  Il a appelé les États Membres à reconnaitre l’importance de la culture et de la participation dans la sphère culturelle, y voyant un élément stabilisateur de taille.  Il faut promouvoir les plateformes d’échanges, a dit le Président, en appelant à un nouveau respect de la sagesse et du savoir autochtone.  Les politiques qui prennent en compte les cultures autochtones doivent figurer au cœur de nos efforts, a-t-il affirmé.


M. NASSIR ABDULAZIZ AL-NASSER, Haut-Représentant du Secrétaire général pour l’Alliance des civilisations, a souligné l’importance des arts et d’autres formes d’expression collectives des valeurs humaines pour renforcer la culture de la paix.  Il a ajouté que les quatre piliers de l’Alliance des civilisations: l’éducation, la migration, la jeunesse et les médias tout autant que le sport, la musique et les arts tendent à promouvoir la diversité culturelle dans le monde. 


Le Haut-Représentant a renouvelé sa promesse de restructurer l’Alliance et de consolider sa base financière pour qu’elle puisse contribuer à la nouvelle vision qui inclut le renforcement de sa capacité de jouer un plus grand rôle dans son interaction avec le système des Nations Unies et de mettre sa pierre à l’édifice des OMD. 


Le développement est une question de capacité et de potentiel humains.  Il n’y a rien de plus essentielle à l’être humain que la culture.  Nous devons, a encouragé le Haut-Représentant, élargir nos discussions pour faire en sorte que le prochain programme de développement inclue le pouvoir transformateur de la culture. 


Les gouvernements, a dit le Haut-Représentant, doivent repenser les stratégies de croissance et identifier de nouvelles sources de vitalité, ce qui place la culture en tête des priorités.  L’investissement dans la culture et dans l’industrie de la création est un excellent moyen de revitaliser les économies, a insisté le Haut-Représentant. 


La diversité culturelle, a-t-il poursuivi, peut devenir l’instrument d’un dialogue inclusif.  La respecter peut contribuer à prévenir les conflits et à protéger les droits des groupes marginalisés. 


Du point de vue de l’environnement, les systèmes locaux et autochtones offrent une vision très valable de la manière de relever les défis écologiques, de prévenir la perte de la biodiversité et d’atténuer les effets des changements climatiques.  Ce sont ces facteurs culturels là, a rappelé le Haut-Représentant, qui influencent notre style de vie et nos comportements dont nos modes de consommation et de production et notre interaction avec l’environnement. 


Malgré les avantages de la diversité culturelle, a-t-il tout de même reconnu, nous continuons à voir des conflits et un sous-développement extrême dans le monde.  Il a attribué cette situation à une absence de culture ou à une mauvaise compréhension voire, pire encore, à une politisation de la culture. 


Le Haut-Représentant n’a pas manqué de commenter la situation au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, des régions qui traversent le vent du changement le plus fort de l’histoire moderne, des changements extrêmes, a-t-il estimé, qui ne viennent pas sans « friction ». 


Nous devons, a-t-il préconisé, rester vigilants sur la manière d’agir non seulement pour contenir le vent du changement mais aussi pour s’attaquer à ses racines, en particulier, ses aspects culturels.  L’Alliance des civilisations est pleinement engagée à promouvoir la culture et la diversité dans le monde.  Elle estime qu’une fois qu’on aura mis en place une communauté mondiale d’expériences partagées, de diversités et de cultures, nous aurons créé les conditions propices à un développement équitable et inclusif.


Mme HELEN CLARK, Administratrice du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), a évoqué les avantages économiques « considérables » qui peuvent découler d’un secteur culturel « dynamique », à savoir la création d’emplois dans le tourisme, le cinéma, les arts plastiques, les nouveaux médias ou le design.  Dans l’ère de la mondialisation, a-t-elle estimé, il faut reconnaître que le respect de la diversité culturelle et le développement durable se renforcent mutuellement et forment les bases nécessaires à la paix et à l’harmonie dont a besoin ledit développement pour se consolider.  Mme Clark a rappelé que le PNUD a publié plusieurs rapports sur l’économie de la création et que le rapport de 2013, élaboré conjointement avec l’UNESCO, paraîtra en septembre et permettra aux décideurs de réfléchir au moyen de stimuler leur économie de la création.


L’Administratrice du PNUD a, par exemple, fait observer que le patrimoine historique de Kars en Turquie avait généré de nombreux emplois.  Elle a également expliqué que le PNUD avait apporté son appui à la protection du site de Petra en Jordanie qui contribue considérablement à l’économie nationale.  Mme Clark s’est félicitée de ce que depuis cinq ans, a-t-elle répété après le Secrétaire général, la culture s’est faite une place dans les plans-cadres des Nations Unies pour l’aide au développement.


Mme Clark a souligné l’importance de l’industrie de la culture dans le commerce international, comme en témoigne Bollywood dont les emplois et les revenus ne se comptent plus.  Il y a beaucoup à gagner du secteur culturel qui pourtant fait office de perdant face à d’autres priorités.  Elle a plaidé pour la collecte de données précises sur la contribution de ce secteur à l’économie nationale et mondiale. 


Débat de haut niveau


M. MÀRIO LÚCIO DE SOUSA MENDES, Ministre de la culture du Cap-Vert, a, après avoir fredonné une chanson, affirmé que si le développement ne se traduit pas en culture, alors il est raté et si la « culture ne se traduit pas en développement, alors il est raté tout simplement parce qu’il ne s’est pas fondé sur la culture.


Le développement sans base culturelle, s’est-il expliqué, est un phénomène du XVe siècle qui n’est pas arrivé par hasard.  Ce type de développement a été planifié et exécuté non pas contre une culture spécifique mais en faveur d’un « avancement » qui a été voulu.  Jusqu’au XIVe siècle, a-t-il argué, tout le développement humain, social et économique a eu comme foyer et source la culture.  Les premiers échanges commerciaux se sont réalisés grâce à des expériences culturelles car ils concernaient des produits qui avaient une valeur culturelle ajoutée.  C’est la raison pour laquelle sont nées les routes de la soie, de la porcelaine, du thé et des épices, et que l’on n’a pas connu les routes de la betterave, de la viande salée ou du poisson séché car ces produits existaient partout.


M. De Sousa Mendes a souligné que la « mal nommée route des esclaves » a inauguré l’ère d’un développement sans base culturelle, sans sentiment et sans émotion, pourtant excellentes mesures de valeur.  Pourquoi la culture a-t-elle été supprimée?  Parce que sa suppression faisait partie des transactions de la production servile et industrielle.  Une industrie, basée sur une main-d’œuvre servile ou le recours aux machines, privilégie la dépréciation de l’intangible.  L’économie industrielle a besoin de renier la culture pour créer un modèle standard multipliable à l’infini, signant la mort du savoir traditionnel et de la transmission de la culture.


Nous avons besoin d’une vision intégrée, a dit le Ministre, une vision que son pays vit à travers le succès de projets comme la Banque de la culture, le Réseau national de distribution de l’artisanat, des produits « made en Cabo Verde », le programme Quartier créatif et celui de la culture digitale et de l’inclusion sociale.


Le Cap-Vert travaille depuis deux ans avec le système des Nations Unies, « Unis dans l’action ».  Il a jugé fondamental à cet égard le rôle du Bureau régional de l’UNESCO à Dakar qui a transmis la réflexion du Cap-Vert à l’Union africaine pour mieux la partager.  Après avoir signalé que la semaine dernière il avait reçu une « visite inédite » du Fonds monétaire international, le Ministre a exhorté l’ONU à être le chef de file de ce même processus et assuré que l’on pourra compter sur le « petit laboratoire » cap-verdien.   


Mme LISA HANNA, Ministre de la jeunesse et de la culture de la Jamaïque, a déclaré que la culture est au cœur de la marque Jamaïque.  « La créativité est synonyme de Jamaïque d’après l’UNESCO », s’est-elle enorgueillie.  « Notre musique est un appel à agir à tel point que notre projet de développement se base sur notre culture et sur notre industrie de la création », a-t-elle indiqué.  La Jamaïque est tout aussi fière de la création prochaine du Mémorial permanent en mémoire aux victimes de l’esclavage.  En Jamaïque, a-t-elle confié, beaucoup de pauvres ont entamé leur ascension sociale grâce à la culture.  Bob Marley, qui s’était toujours préoccupé des pauvres, est devenu un bon exemple de cette ascension sociale.  Malheureusement, a dénoncé la Ministre, la Jamaïque n’a pas toujours été en mesure de recueillir les bienfaits de sa riche culture alors que ce secteur est le troisième poste de la balance de paiements du pays.  Pour donner l’élan qu’il mérite au secteur de la création, la Jamaïque a l’intention de mettre en place des accords de coopération avec d’autres pays, notamment Cuba, pour former les jeunes au design et au marketing et pouvoir créer ainsi des débouchés grâce à des partenariats public-privé.  La Ministre a annoncé que la Jamaïque est candidate au Comité du patrimoine mondial de l’humanité de l’UNESCO.


M. MOHAMED AMINE SBIHI, Ministre de la culture du Maroc, a évoqué le rôle que peut jouer la culture dans la croissance économique des pays en développement et a appelé ces derniers à faire de la culture un de leurs efforts principaux pour la réalisation du développement durable.  Il a indiqué que le Maroc avait su préserver son patrimoine culturel et appuyer de nombreuses initiatives.  Le Ministre a toutefois regretté que son gouvernement n’ait pas pu faire de la culture un des moteurs de son développement, ce malgré la richesse et la variété de son patrimoine.  Ce « potentiel énorme » pourrait constituer une base pour une industrie de la création dynamique.  Une stratégie nationale a d’ailleurs été lancée pour corriger cette lacune.


Le Ministre a également évoqué la mise en œuvre du Programme commun de coopération sur le patrimoine culturel et l’industrie de la création au Maroc.  Il a souligné que la Constitution de 2011 accorde une importance particulière à la culture et à la diversité culturelle, comme en témoigne la reconnaissance de la langue amazighe.  Le Ministre a toutefois indiqué que certains obstacles avaient entravé l’application des programmes de promotion de la culture.  Il a dénoncé « l’hégémonie » des pays développés et prévenu de l’évolution des goûts des jeunes qui sont autant de défis et de menaces pour les pays en développement comme le sien.  M. Sbihi a annoncé que des consultations viennent d’être lancées sur un pacte national de la culture.


M. ALASSANE DJIMBA SOUMANOU, Ministre de l’enseignement secondaire et de la formation technique et professionnelle du Bénin, a indiqué que la culture est un bien appartenant à un peuple et ce qui a été ajouté à la nature dans son milieu, dans sa manière de vivre, et de vivre avec les autres.  La culture est également la vie d’un peuple donné à un moment donné, a indiqué le Ministre béninois, précisant que la culture est, entre autres, la manière d’organiser sa vie, de s’habiller, de danser, de se marier, de vivre ses croyances, d’agir et de créer tout ce qui lui semble utile et nécessaire.  De ce fait, aucun processus de développement ne saurait se réaliser ni réussir sans la prise en considération de l’être humain et de sa culture.  Au niveau national, le Bénin a déployé des efforts afin que l’enseignement public soit dispensé en langue nationale.  La culture et le développement doivent se compléter. 


Le Ministre a vanté les mérites de l’animation socioculturelle qui souligne que la culture est la vie d’un peuple et le mode de vie d’un peuple.  Un peuple censé trouver des solutions à son existence doit pouvoir participer au choix de son propre mode de développement, a-t-il plaidé, en insistant sur le fait que la diversité culturelle est un outil et un moyen de développement.  Toute culture qui se ferme sur elle-même est vouée à l’échec, a-t-il tenu à souligner.  


M. FRANK ANTHONY, Ministre de la culture, de la jeunesse et des sports de Guyana, a déclaré que l’on n’a toujours pas donné sa juste valeur à la contribution de la culture à l’humanité.  Les sites culturels sont détruits, les langues perdues, les archives historiques effacées.  Il faut changer de paradigme, s’est-il impatienté en proposant la mise en place d’indicateurs culturels pour comparer les aspects de la culture dans les pays, pour mesurer les changements et autonomiser les populations.  Il s’est aussi réjoui du changement de mentalités aux Nations Unies où l’on pense désormais que la culture peut promouvoir l’économie, les entreprises et augmenter la valeur ajoutée.  Il a voulu que l’on renforce les capacités des pays d’exploiter leur secteur culturel.  La culture est essentielle pour la cohésion sociale.  Il faut donc mobiliser un consensus sur la nature multidimensionnelle de la culture au niveau international notamment dans le programme de développement pour l’après 2015.


M. LINCOLN DOUGLAS, Ministre des arts et du multiculturalisme de Trinité-et-Tobago, a expliqué que son gouvernement souhaite lier le secteur culturel aux autres secteurs de l’économie, en vantant la contribution de son pays à l’évolution de la musique dans le monde et sa riche diversité culturelle.  Les mélanges ethniques et religieuses ont su insuffler au pays une identité unique, a-t-il affirmé, en se félicitant de ce qu’un de ces concitoyens ait été invité à chorégraphier la cérémonie d’ouverture de la Coupe du monde de football au Brésil, en 2014, fort de près de 400 carnavals organisés dans le monde entier par la diaspora de Trinité-et-Tobago.


Le Ministre a parlé de l’initiative culturelle lancée à tous les niveaux du Gouvernement dans le but d’éliminer toutes les pratiques qui ont un impact néfaste sur l’essor de la culture.  Une stratégie nationale de développement culturel a été mise en œuvre, de même que différents programmes de protection du patrimoine national.  Un registre des artistes a été crée dans le but de faciliter leur mouvement au sein de la Communauté des Caraïbes.  M. XX a en effet souligné l’importance du partenariat pour promouvoir la production culturelle des pays des Caraïbes.  L’industrie de la création peut mobiliser beaucoup de monde dans des délais très courts, ce qui garantit de bons retours sur investissements pour les États. 


M. PAUL MASHATILE, Ministre des arts et de la culture de l’Afrique du Sud, a lié l’importance de ce débat à la crise économique et financière et à la célébration par l’Afrique du cinquantième anniversaire de l’Organisation de l’Unité africaine, devenue l’Union africaine.  Il a invité à la ratification de la Charte pour la renaissance culturelle africaine, qui favorisera notamment la promotion de l’industrie culturelle et de la création en tant que vecteurs de la cohésion sociale, de la création d’emplois, de la croissance économique et des conditions de vie et de subsistance durables.  Il a qualifié cette industrie de « nouvel or » et appelé à tirer les enseignements du rôle fondamental de l’or dans l’histoire économique des pays.


M. Mashatile a présenté les mesures prises en Afrique du Sud depuis 1994, date de sa « libération » pour se servir de la culture comme d’un instrument d’unification du peuple, de cohésion sociale et de réconciliation et de renforcement des capacités nationales.  Avec la charte de la liberté, le pays n’a eu de cesse de divulguer le message selon lequel, en dépit d’un patrimoine culturel diversifié, le peuple est un et uni dans sa diversité.  Cela a pu être réalisé par la reconnaissance des 11 langues officielles et par une attention particulière aux langues autochtones qui furent historiquement marginalisées.


Le Ministre a émis le vœu que le débat permettra de nourrir les travaux du Groupe de travail sur l’après-2015 et de lui faire accepter que la culture est une facilitatrice du développement durable.  M. Mashatile a appelé à la détermination sans faille à promouvoir la culture par des investissements, y compris du secteur privé.  Parallèlement, il a invité les États à mesurer concrètement l’impact de l’industrie culturelle sur leur économie, ce qui permettra non seulement d’attirer davantage d’investissement mais d’aider à la mise en œuvre des politiques d’appui à ce secteur.  Dans cet objectif, il a plaidé en faveur d’une « diplomatie culturelle » en tant qu’outil facilitant les contacts entre et la lutte contre le racisme, la xénophobie et l’intolérance.  


Mme DIPU MONI, Ministre des affaires étrangères du Bangladesh, a indiqué que l’aspiration de son pays à l’autodétermination était née d’un mouvement culturel, à savoir le Mouvement pour la langue de 1952.  Aujourd’hui, le Gouvernement a créé un Institut international des langues maternelles dans le but de constituer une archive de toutes les langues vivantes du monde.  La Ministre a également fait savoir que son Premier Ministre entend promouvoir le dialogue intercommunautaire et interculturel à tous les échelons de la société.  Une loi sur les institutions culturelles des « petits groupes ethniques » a par ailleurs été adoptée en 2010 et une base de données a été créée pour répertorier les expressions culturelles traditionnelles du pays.


Mme Moni s’est félicitée de ce qu’après la contribution des Casques bleus du Bangladesh, le bengali ait été déclaré comme l’une des langues officielles de la Sierra Leone.  Elle a exhorté la communauté internationale à voir dans la culture un outil capable de maximiser les dividendes de la paix.  Elle a proposé que le prochain Dialogue de haut niveau sur la migration et le développement examine la dimension culturelle de l’intégration.  Elle a aussi estimé nécessaire de créer un paradigme capable d’intégrer les principes de la diversité culturelle et du pluralisme et de concevoir la culture comme un système de valeurs.  La culture, a-t-elle souligné, doit être considérée comme une question transversale dans l’ensemble de l’agenda du développement.


Mme ANA MAGDALENA GRANADINO MEJIA, Secrétaire d’État à la culture d’El Salvador, a décrit les mesures récemment prises par son pays pour enclencher des transformations profondes permettant l’accès de tous les citoyens à la culture afin d’offrir de véritables chances de développement durable.  La culture est un moteur, a-t-elle affirmé, en établissant un lien entre celle-ci et le développement individuel et communautaire, la transformation d’espaces violents en zones sûres de loisirs et de cohésion sociale.  Dans cette tâche, le Gouvernement du Président Mauricio Funes a veillé à ce que les politiques et programmes soient inclusifs, équitables et durables.


Mme Granadino Mejia a estimé que la mise en œuvre de programmes culturels ne nécessite pas forcément des budgets faramineux ni des études sophistiquées car il leur faut simplement de la volonté politique et beaucoup de dévouement.  C’est ainsi que le programme national « Vive la Culture, l’Histoire nous appartient » a touché environ 100 000 personnes avec un budget équivalent à zéro et grâce à la volonté, la gestion et les alliances avec d’autres institutions publiques et privées.  Auparavant, les espaces utilisés par ces programmes dominicaux gratuits étaient interdits ou hors de portée du public.  Elle a également cité comme programme novateur le « Système des chœurs et des orchestres des jeunes », l’un des programmes stratégiques du plan national qui a permis à près de 3 000 garçons et filles de 9 à 23 ans de créer des orchestres dans des espaces sains, qui favorisent la convivialité et l’échange.  Ce programme vise en particulier la prévention de la violence juvénile et l’instauration d’une culture de paix durable si nécessaire à El Salvador. 


Mme GRACIELA BARTOLIZZI, Ministre de la culture du Paraguay, a estimé, d’emblée, que le fait d’accorder la priorité à la culture et ne saurait constituer un luxe mais, bien au contraire, un catalyseur du développement qui permettra de lutter contre la pauvreté et les inégalités.  Le problème majeur de la mondialisation croissante réside dans le risque que la culture prédominante, la grande culture de masse qui s’étend à l’échelle mondiale, ne monopolise l’espace culturel, sape la diversité et envahisse, voire annihile, les identités particulières, en particulier celles des minorités et des groupes qui ont un accès limité aux moyens d’informations.


Citant le principe d’égalité souveraine de tous les Membres de l’ONU, contenu dans sa Charte, Mme Bartolozzi a appelé au respect du droit à l’identité, qui implique le droit à l’expression des valeurs propres de chacun, de sa langue et de la conservation de son patrimoine culturel.  D’où la nécessité, selon elle, que l’Assemblée générale veille à ce que l’humanité étudie et établisse des mécanismes et apporte les ressources appropriées, pour garantir le multiculturalisme, le plurilinguisme et le droit de toutes les communautés, quel que soit leur taille, à leur identité et à la préservation de leurs langues, modes de vie et d’expression.


La Ministre a invoqué la Convention sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles (UNESCO-2005) pour que toutes les cultures soient reconnues, visibles et vivaces tant dans leur espace propre que dans l’espace mondial.  Elle a lancé un vibrant appel en faveur de la protection du patrimoine mondial menacé et mis en garde contre « une communication de masse internationalisée ».


Mme Bartolozzi a annoncé que le Gouvernement du Paraguay avait sollicité l’appui du Fonds international de la diversité culturelle pour que des experts de l’UNESCO procèdent à un diagnostic de la situation de l’industrie de la culture du Paraguay pour élaborer un projet de développement.  Un pays qui ne développe pas son industrie culturelle consomme celles des autres nations, affaiblissant ainsi son identité culturelle et faisant perdre aux générations futures des opportunités d’emplois et de richesses.  


M. FELIPE DE LEON (Philippines) a déclaré que chaque société doit trouver sa propre stratégie de développement conformément à sa culture, ce qui implique que le développement et les institutions doivent se fonder sur des valeurs spécifiques.  Tous les modèles de développement sont essentiellement culturels, a ajouté le représentant, car ils reflètent une perception propre des problèmes et des solutions adéquates.  C’est pourquoi, les modèles de développement venus de l’extérieur ne peuvent réussir sans s’adapter.  L’histoire a montré que la culture est liée au développement.  Ce lien a été cassé en Afrique et dans d’autres pays en développement à cause de l’imposition du modèle de développement occidental et l’internationalisation de la technologie occidentale.  L’agriculture africaine a d’ailleurs été l’une des victimes de cette situation. 


L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture estime que 70% de la population africaine souffre de la faim.  La cause de cette crise est l’application inappropriée de techniques agricoles étrangères dont la monoculture qui a considérablement dégradé les sols et l’environnement.  Aux Philippines et à Mindanao, les peuples autochtones avaient accès à 109 différentes sources de nourriture.  À partir du moment où ils ont intégré le système économique moderne, ils n’avaient plus que 30 à 35 variétés.  La pertinence de cette question n’est pas réservée au domaine de l’agriculture et de la technologie mais aussi aux valeurs, croyances, connaissance, techniques, principes et idées partagés par la société que l’on appelle « identité culturelle ».  Cette identité culturelle est à la fois une condition sine qua non pour être actif dans le monde et une source fondamentale de l’autonomisation sociale.


M. AMÉRICO CORDULA (Brésil) a indiqué que la lutte contre la pauvreté que mène son gouvernement avait eu des retombées positives sur l’industrie du tourisme.  La consommation de biens culturels demeure cependant préoccupante, notamment en matière d’accès aux salles de cinéma et aux livres.  Pour remédier à cette situation, le Brésil a lancé cette année le plus grand programme d’accès à la culture de son histoire.  Celui-ci permet aux gens qui touchent un salaire mensuel de 1 500 dollars d’obtenir un crédit de 25 dollars chaque mois pour exercer une activité culturelle.  Un « élan intellectuel » est cependant nécessaire pour pouvoir réellement aller de l’avant et il importe également de ne pas négliger les valeurs locales, a-t-il ajouté.


M. Cordula a ensuite dénoncé le fait que la richesse culturelle des pays et des communautés soit mis à mal par un modèle de croissance qui ne respecte pas l’individu.  Il a déploré le manque de respect des savoirs ancestraux.  Il a exhorté l’ONU à faire de la culture une priorité en promouvant notamment le concept de « bien-vivre ».  Il l’a également appelée à lancer des actions conjointes pour promouvoir l’industrie de la création.  Nous devons intégrer un objectif culturel dans le programme de développement post-2015, a-t-il insisté.  Les besoins économiques doivent répondre aux besoins fondamentaux de l’humanité.


Mme ITZIAR TABOADA, Représentante du Fonds culturel Espagne- UNESCO, a déclaré que la culture apporte beaucoup à la croissance économique dans les pays en développement.  Elle contribue à la lutte contre la pauvreté et à l’atteinte des OMD.  Le Fonds culturel Espagne- UNESCO a notamment travaillé dans 18 pays avec un fonds de plus de 90 millions de dollars.  Ce financement a servi à l’appui à la formation, l’aide au tourisme et la préservation des patrimoines comme au Sénégal, en Turquie et en Égypte.  Les projets servent aussi à préserver le domaine culturel public ainsi que certaines infrastructures.  On a également mis en place des projets qui incluent les peuples autochtones dans les projets culturels comme en Amérique latine.  Ces premières expériences ont aidé à avancer de la manière la plus efficace possible dans la prise en compte de la culture comme un levier du développement.  Le fonds Espagne- UNESCO vise aussi à mettre en marche les politiques culturelles des pays bénéficiaires des fonds. 


Mme MONICA GUARIGLIO, Directrice nationale des politiques culturelles et de la coopération internationale de l’Argentine, s’est dite convaincue de la force émancipatrice de la culture.  Dans un pays aussi vaste que l’Argentine, aux identités multiples et complexes, une politique culturelle proactive repose sur une infrastructure exemplaire en vue d’inclure toutes les composantes sociales et culturelles des régions et des localités.  Les innovations dans les arts, l’élargissement de la plateforme digitale et la rationalisation de la gestion de tout ce qui touche à la culture sont autant de moyens mis en place pour créer un modèle de développement économique d’inclusion sociale.


La culture est un droit de l’homme universel, a-t-elle rappelé en décrivant les programmes exécutés ces dernières années pour garantir et protéger les droits culturels de tous les Argentins, redistribuer les biens et améliorer les chances d’accès à la pratique, à la jouissance et à la production d’œuvres culturelles.  Dans ce contexte, la Maison du Bicentenaire a été construite dans la villa 21 du quartier de Barracas en plein centre de Buenos Aires.  Mme Guariglio a également mentionné les « Points de culture », des programmes culturels inspirés de l’expérience brésilienne, qui couvrent l’ensemble du territoire et favorisent les initiatives des organisations sociales et des communautés autochtones en particulier, à travers des projets encourageant la créativité, la participation citoyenne, l’identité locale et le développement régional.  Elle a enfin souligné qu’entre 2003 et 2013, son pays pouvait se targuer d’avoir atteint un record historique s’agissant de la surface réservée à la culture.  


Table ronde interactive I: Le lien entre culture et développement


M. FRANCESCO BANDARIN, Modérateur de cette table ronde a insisté sur l’importance d’embrasser l’humanité dans sa diversité, mais également d’examiner la question de la culture sous l’angle de l’activité humaine et de l’économie.


M. THOMAS CAMPBELL, Directeur du « Metropolitan Museum of Art », a donné un aperçu des collections que recèle l’institution qu’il dirige et qui est, a-t-il affirmé, la plus importante attraction culturelle de la ville de New York.  Il a expliqué que le « Met » s’autofinance presqu’entièrement, 90% de son financement provenant effectivement des différentes initiatives de levées de fonds.  Le musée accroit également le nombre de ses visiteurs grâce à l’Internet et il scelle de plus en plus souvent des partenariats avec d’autres musées du monde.  Ces partenariats sont utiles pour le prêt d’objets d’art, l’organisation d’expositions et la formation du personnel.  Dans un monde bombardé par le numérique, la culture permet de définir ce que nous sommes, a-t-il affirmé.  L’année dernière, le « Met » a reçu 6,3 millions de visiteurs et son site Internet a été visionné par 50 millions de personnes.


M. IVAN TASOVAC, Directeur de l’Orchestre philarmonique de Belgrade, a estimé que le rôle des institutions culturelles consiste à faire disparaître « la peur de l’art » chez les gens.  Nous traversons une période de crise économique et de transformations très rapides dont certaines caractéristiques entravent le développement.  Dans ce contexte, seules les institutions en mesure d’assurer leurs survie financière développent librement leurs stratégies.  Il a mis l’accent sur le fait que la culture était dotée de son « propre système immunitaire » qui lui permet de développer sa propre force.


La culture dans toute sa diversité et sa magnificence est le meilleur moyen de lutter contre la violence et de favoriser des relations plus humaines.  Soulignant qu’elle reste une constante unique qui donne la force de comprendre la culture des autres et d’avancer vers le progrès, le Directeur a estimé que la culture devient synonyme de vie.  Elle appartient à tout le monde et à personne en particulier, a-t-il dit en appelant à fournir un appui à la culture par une assistance aux institutions culturelles, que les fonds soient privés ou publics.  Fort de l’expérience de l’orchestre qu’il dirige, constitué des plus jeunes virtuoses de toute l’Europe, M. Tasovac a mis l’accent sur la nécessité d’amener les enfants à la culture dès leur plus jeune âge.


Que peut faire la musique pour rendre le monde meilleur? a lancé d’emblée Mme MIRI BEN-ARI, violoniste, lauréate d’un Grammy Award et Ambassadrice de bonne volonté de l’Association des Nations Unies du Brésil.  Elle a souligné le rôle capital de la culture pour assurer l’aspect inclusif du développement social.  La culture, a-t-elle en effet fait observer, fournit les meilleures chances aux femmes et aux enfants de se faire entendre et d’assumer un rôle de leadership au sein de leur communauté.  Mme Ben-Ari a vu dans la culture l’un des très rares moyens d’assurer une évolution sociale mais aussi la tolérance, élément essentiel d’une société équilibrée et par conséquent du développement durable.  Il est impératif, a-t-elle dit, d’examiner de manière plus approfondie comment la culture peut être mise au service du développement durable.


M. WANG LINXU, Artiste et Vice-Président de l’Université centrale pour les universités, Beijing, a indiqué que le développement de la culture est étroitement associé aux progrès des technologies de l’information.  Tous les artistes et gens des arts sont concernés par cette tendance.  La façon dont l’humanité hérite de sa culture et la fait avancer est une inspiration pour le développement économique.  Le but ultime de la culture est de promouvoir l’humanité et son développement.  Ce n’est que lorsque le développement économique reflète la culture de manière approfondie qu’il pourra passer à un niveau plus élevé.  De la même façon, si la société humaine ne s’ajuste pas au progrès économique, elle finira par disparaître.


La culture est donc aussi un facteur important pour l’élimination de la pauvreté et des inégalités.  L’intégration de la culture et des entreprises donne lieu à l’industrie culturelle qui doit toutefois respecter l’environnement dans lequel il s’épanouit.  Appelant à tabler sur un développement parallèle de la culture et du développement, il a plaidé pour une convergence des cultures en une culture globale reposant sur le respect mutuel, l’innovation et l’égalité.  La culture est une force qui guide l’humanité.  Il faut l’utiliser, avec l’aide des Nations Unies, pour relever les défis qui se posent à toutes les nations.


M. ANTHONY TOMMASINI, Critique musical en chef du New York Times, a expliqué que son travail ne se résume pas à communiquer ce qui lui plait ou non, mais d’attirer l’attention sur des enjeux culturels.  Il s’est inquiété du manque d’éducation musicale du public et a dénoncé les coupes budgétaires qui ont contraint de nombreuses écoles new yorkaises à renoncer à leurs cours de musique.  Trop peu de gens ont pu faire l’expérience directe d’un instrument de musique, a-t-il prévenu.


M. Tommasini a fait l’éloge « d’El Sistema Venezuela », un système d’éducation musicale et un réseau d’orchestres de jeunes, également connu sous le nom d’« Action sociale pour les jeunes ».  L’Orchestre Simon Bolivar des Jeunes, qui est accueilli dans les plus grands festivals de musique du monde, est le fleuron de cette initiative.  Le critique du New York Times s’est plus particulièrement félicité de ce qu’entre 70 et 90% des participants au programme viennent des familles pauvres.  Il a fait savoir que M. Gustavo Dudamel, l’actuel chef d’orchestre du Philarmonique de Los Angeles, avait été formé par ce système.  Il n’y a rien d’aussi important que l’éducation musicale, a-t-il souligné, après s’être insurgé contre la perception populaire selon laquelle le milieu de la musique classique serait élitiste.


Lors du débat interactif, auquel ont pris part Fidji (Groupe des 77 et la Chine), Cuba (CELAC), l’Union européenne, la Jordanie, le Costa Rica, la Turquie et l’Égypte, ainsi que deux ONG, la plupart des intervenants ont mis en exergue le rôle que la culture peut jouer dans l’élimination de la pauvreté et des discriminations, ou encore la démocratie, le dialogue et le partage.


Fidji, au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a recommandé une approche du développement durable reposant sur l’harmonie et l’équilibre.  Il a évoqué, à cet égard, le dernier rapport du Secrétaire général sur la science, la technologie et l’innovation, lequel souligne l’importance de la culture pour améliorer la situation économique des pays.  Il a plaidé pour une prise de conscience accrue du public de l’interaction entre développement et culture; une synergie entre science moderne, technologie et savoir endogène; la protection de l’exploitation traditionnelle des ressources biologiques; le renforcement de la coopération internationale dans le développement de l’industrie de la création.  La culture sert le développement et il importe que le programme post-2015 le reconnaisse, a conclu Fidji. 


Le rôle indispensable et positif de la culture dans l’élimination de la pauvreté, la création d’emplois et la réduction des inégalités ont été détaillés par Cuba, au nom de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes.  Il a aussi vigoureusement appuyé la mise en œuvre des résolutions pertinentes de l’Assemblée générale sur la culture et le développement et leur prise en considération dans le programme post-2015.  Dans un monde globalisé frappé par une crise économique, il nous incombe à tous de faire de la culture un jalon du développement durable, a-t-il rappelé.


L’Union européenne a insisté sur le rôle vital de l’art des artistes dans la promotion de la démocratie.  Le dynamisme culturel crée un environnement susceptible de faciliter le dialogue entre les communautés dans des contextes fragiles et le respect des droits de l’homme, lequel doit passer par le dialogue culturel, a renchéri la jeune déléguée de la Jordanie, qui a remercié le PNUDpour son appui au patrimoine jordanien.  Elle a fait remarquer que la prochaine session du Conseil économique et social se penchera, pour la première fois, sur les thèmes culturels de manière spécifique.


La promotion de l’identité culturelle ne doit pas séparer autrui mais définir l’individu et les communautés, a dit le Costa Rica avant de mettre l’accent sur le fait qu’aucune pratique culturelle ne saurait justifier la discrimination.  Lui emboîtant le pas, l’Égypte a exhorté au respect de la diversité culturelle, à la tolérance et à la cohésion sociale.  Elle a tout de même souligné que le projet de l’amélioration de l’Achour où se trouvent les deux plus importantes pyramides, a permis des activités génératrices de revenus pour les jeunes et les femmes.  Le projet d’amélioration du parc Al Ahzar au Caire comprend un volet développement social comme l’octroi de microcrédits pour les femmes.


Une ONG des Philippines a en effet confirmé que la culture permet de prendre en charge les populations vulnérables comme les jeunes, les femmes, les handicapés et les peuples autochtones.  La culture peut contribuer au rapprochement de ces catégories de population avec l’administration et le secteur privé.  Il est temps que la culture rogne un peu sur l’argent investi dans la course aux armements pour cultiver la paix et la sécurité.  Elle a aussi proposé une charte pour les gens de l’art.


Le Réseau mondial des villes, gouvernements locaux et régionaux (UCLG/UNESCO) a proposé de faire de la culture le quatrième pilier du développement durable, aux côtés de la croissance économique, du développement social et de la protection de l’environnement.  Il a fait état d’un agenda pour les villes faisant le lien entre développement durable, inclusion sociale et diversité culturelle. 


La Turquie a tenu à dénoncer le fait que les établissements occidentaux ne parlent jamais des événements culturels dans les autres pays.  Le Festival d’Istanbul n’est jamais évoqué dans le New York Times. 


Table ronde interactive II: Quel rôle pour la culture dans le cadre pour l’après-2015?


La culture n’est pas un luxe, a déclaré M. HOMI BHABHA, Professeur d’anglais et de littérature américaine à Harvard University.  Nous sommes tous des citoyens culturels et du monde parce que nous avons aujourd’hui des médias qui permettent aux gens d’accéder à la culture.  Mais peut-on créer un monde libre si l’on résiste aux échanges libres des idées comme c’est le cas actuellement?  M. Bhabha a dénoncé les inégalités d’accès aux supports comme Internet et le fait que le monde non occidental soit sous-représenté dans ces réseaux.  Dès lors, a-t-il estimé, il faut soutenir la Déclaration de Hangzhou qui plaide pour l’intégration de la culture dans les politiques de développement.  Le débat que nous tenons aujourd’hui est important pour la sécurité surtout après les événements de septembre 2001. 


M. RAUL ARROYO, Directeur général de l’Institut national d’anthropologie et d’histoire du Mexique, a estimé que la première condition pour appréhender le patrimoine culturel consiste à reconnaître sa nature dynamique et à le considérer non comme un concept intemporel mais comme un phénomène qui change dans le temps et l’espace.  Les sociétés théocratiques estiment que le patrimoine est une concession religieuse, un magma d’objets et de symboles qui légitiment le pouvoir politique des élites sur les communautés.


Dans le Mexique ancien, tous les gouvernements successifs ont été marqués par des phases de destruction et de construction, comme la nature et ses différentes ères ou stratifications.  Des villes ont été retrouvées montrant les différentes couches des gouvernements successifs.  Pourquoi parfois, le patrimoine culturel et le développement ne laissent pas des traces parallèles dans les structures sociales.  Parce que la culture est perçue en tant qu’élément légitimant une fraction politique ou est exclusivement représentée comme une valeur commerciale et mercantile, ou encore comme un phénomène séparé de la diversité et des droits de l’homme. 


M. Arroyo a recommandé d’élaborer un concept de développement relatif au patrimoine culturel et de réviser les modèles de base sur lesquels repose la compréhension du patrimoine culturel, en particulier dans les sociétés à revenu faible et intermédiaire.  Il a également voulu l’émergence d’une vision intégrale du patrimoine culturel en relation directe avec le savoir local et l’interaction avec l’environnement.  Il a appelé à des accords entre les gouvernements et la société civile pour préserver et diffuser les biens culturels et établir des stratégies internationales de lutte contre le trafic illégal des objets d’art, une pratique qui alimente le saccage et la perte des valeurs culturelles.  


M. AHMED HAJJI, Maroc, a déclaré qu’aucun développement ne peut être envisagé s’il ne s’appuie pas sur la culture et la tradition.  Il a pris l’exemple des provinces sud-marocaines où les programmes et les projets de développement sont menés en tenant compte de la culture et de la tradition de ses habitants.  Des programmes respectueux de l’environnement et de la connaissance acquise et accumulée depuis des années, laquelle se manifeste dans l’artisanat, l’art culinaire, la préservation des sites culturels et historiques.  Ces projets, a-t-il indiqué, profitent aux populations locales qui les ont bien accueillis, en particulier ceux visant l’éducation, la formation et l’appui à l’entreprenariat.  M. Hajji a invité les participants à la table ronde à se rendre dans les provinces sud-marocaines pour voir d’eux-mêmes la réalité du développement.


Mme AMINA MOHAMMED, Sous-Secrétairegénérale et Conseillère spéciale du Secrétaire général pour la planification du développement post-2015, a dit sa conviction que cet agenda allait reprendre de nombreux défis des OMD.  Elle a mis l’accent sur le caractère complexe de l’environnement dans lequel l’agenda est discuté.  Elle a suggéré que la réflexion ne conduise pas à des objectifs mais plutôt à la manière de garantir les ressources nécessaires et à l’établissement de passerelles avec des domaines inédits ou peu évoqués jusqu’à présent.  La Sous-Secrétaire générale a salué le travail du Groupe de personnalités éminentes chargé de réfléchir à l’agenda post-2015 et relevé les changements par rapport aux OMD, comme la reconnaissance de la richesse de la diversité culturelle. 


M. ALFONS-MARTINELL SEMPERE, Directeur de la Chaire de l’UNESCO sur les politiques culturelles et la coopération de l’Université de Girona, a rappelé qu’il y a eu de longs débats multilatéraux sur le développement en précisant que ce qui a réellement changé, c’est la perception que les citoyens ont de leur gouvernement et leur interaction avec lui.  La culture a une influence sur le développement humain et a un impact direct et indirect, tangible et intangible.  De là, la difficulté de construire une nouvelle optique car la relation entre culture et développement est imbriquée, complexe et pas tout à fait visible.  Une réflexion sur le droit culturel et sur le droit de jouir de sa propre culture s’impose.  Quelles capacités culturelles seront incluses dans le programme du développement de l’après-2015? a-t-il demandé, en rappelant que la société civile exige des outils efficaces pour arriver aux objectifs qui seront fixés.


L’Organisation internationale de la Francophonie a renvoyé à ses efforts pour l’adoption de la Convention sur la diversité culturelle et argué que le plus important est ce qui sera prévu pour l’après-2015.  L’organisation « New Future Foundation de Harlem », s’est demandée comment inclure toutes les populations d’ascendance africaine dans le débat.  Le Modérateur a salué la richesse du débat, en rappelant qu’en 2000, le monde n’avait pas autant d’expérience sur cette problématique mais depuis, beaucoup a été fait pour démontrer que la culture, dans tous ses aspects, est un moteur du développement, comme l’affirme d’ailleurs la récente Déclaration de Hangzhou.  Ne ratons pas le coche et faisons en sorte que la culture soit clairement et définitivement inscrite dans le prochain agenda du développement. 


L’Algérie s’est dite surprise que le panéliste du Maroc ait mentionné une partie du Sahara occidental qui figure sur la liste des territoires non autonomes établie par les Nations Unies.  Elle a relevé que le panéliste a aussi mentionné le patrimoine culturel de la région alors qu’une grande partie a été détruite par l’occupation marocaine.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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