FEM/1890

La Commission de la condition de la femme ouvre les travaux de sa cinquante-sixième session et débat de l’autonomisation des femmes rurales

27/02/2012
Conseil économique et socialFEM/1890
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Commission de la condition de la femme

Cinquante-sixième session

2e et 3e séances – matin et après-midi


LA COMMISSION DE LA CONDITION DE LA FEMME OUVRE LES TRAVAUX DE SA CINQUANTE-SIXIÈME SESSION ET DÉBAT DE L’AUTONOMISATION DES FEMMES RURALES


La Commission de la condition de la femme a ouvert, aujourd’hui les travaux de sa cinquante-sixième session dont le thème principal a trait à l’autonomisation des femmes rurales, qualifiées d’« épine dorsale de la sécurité alimentaire et nutritionnelle », « force essentielle dans la promotion du développement » et « moteur du changement » dans les zones rurales.


Les nombreuses délégations de niveau ministériel venues participer au débat de haut niveau ont donné le coup d’envoi de cette session dont les participants ont notamment entendu la Directrice générale adjointe de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), Mme Ann Tutwiler, affirmer qu’il serait possible d’éradiquer la pauvreté à condition d’augmenter le potentiel économique des femmes rurales.


Le débat ouvert ce matin a été suivi dans l’après-midi de deux tables rondes parallèles de haut niveau consacrées à « l’autonomisation des femmes rurales et leur rôle dans l’élimination de la pauvreté et de la faim, le développement et le règlement des problèmes actuels »*, tables rondes au cours desquelles les participants ont insisté sur l’importance de l’éducation et de l’emploi en zones rurales, ont débattu et vanté les mérites du microcrédit, et ont rappelé l’importance de veiller au respect du droit des femmes à l’accès à la terre et à la propriété.


Dans son intervention, Mme Tutwiler a notamment expliqué qu’un accès égal des femmes aux ressources agricoles permettait d’augmenter leur productivité de 20% et, de ce fait, d’augmenter la production alimentaire globale de 2,5%, ce qui permettrait de réduire de 150 à 100 millions le nombre de personnes souffrant de la faim et de la famine à travers le monde.  « Alors que 92% des situations de famine ne sont pas dues à des circonstances d’urgence, mais à la pauvreté, aucun des objectifs alimentaires ne pourra être atteint sans les femmes », a-t-elle affirmé.


Le rapport** du Secrétaire général dont a été saisie la Commission indique notamment que bien que les femmes soient actives dans tous les secteurs de l’agriculture, une grande partie de leur travail n’est pas rémunéré.  De plus, les deux tiers des 400 millions de petits éleveurs pauvres sont des femmes.


« Les femmes rurales doivent être considérées comme des agents pour le changement », a plaidé la Vice-Secrétaire générale de l’ONU, Mme Asha-Rose Migiro.  Elle a estimé que les priorités qui les concernent sont dûment reflétées dans les politiques macroéconomiques et les programmes de développement rural et agricole en cours ou à venir. 


«  Nous avons besoin d’une action robuste, a insisté la Vice-Secrétaire générale.  « Si on leur en donne la chance », a-t-elle ajouté, « les femmes rurales s’avèreront capables d’insuffler au monde l’élan nécessaire à la construction d’un avenir durable et équitable pour l’ensemble de l’humanité. »


Agricultrice et Présidente de la Plateforme régionale des Organisations paysannes d’Afrique centrale (PROPAC), Mme Elisabeth Atangana, du Cameroun, a appelé à la création d’un environnement propice qui passe par l’instauration de véritables partenariats assortis de programmes et à la mise sur pied de projets concrets de soutien aux associations de femmes rurales qui se feraient en coordination avec les organisations de femmes rurales, « car il faut aujourd’hui passer à l’action et aller au-delà de la simple célébration des journées commémoratives ». 


Pour sa part, la Directrice exécutive d’ONU-Femmes, Mme Michelle Bachelet, a demandé l’adoption de mesures concrètes, par le biais d’engagements budgétaires, et le retrait des obstacles structurels, culturels et sociaux qui se posent à la promotion de la femme.  Elle a également parlé de la nécessité d’encourager la promotion des droits fonciers des femmes, de lutter contre la violence domestique, et d’appuyer la participation des femmes au processus de prise de décisions. 


« Afin de mener une politique efficace, a renchéri MmeRoselyne Bachelot-Narquin, Ministre des solidarités et de la cohésion sociale de la France, il faut agir très tôt, dès l’école, mais agir aussi auprès du grand public pour faire évoluer les mentalités en luttant contre les stéréotypes de genre. » 


La Commission de la condition de la femme a par ailleurs élu Mme Ana Marie Hernando, des Philippines, et M. Filippo Cinti, de l’Italie, aux postes de vice-président de son Bureau.  M. Cinti assumera également les fonctions de rapporteur.


Elle a également confirmé les nominations des personnes suivantes comme membres de son Groupe de travail: Mme Fatima Alfeine, des Comores; M. Grigory Lukiyantsev, de la Fédération de Russie, et M. Ruben Armando Escalante Hasbún, d’El Salvador.


La prochaine réunion de la Commission de la condition de la femme aura lieu demain, mardi 28 février, à partir de 10 heures.


*     E/CN.6/2012/5

**    E/CN.6/2012/3



SUIVI DE LA QUATRIÈME CONFÉRENCE MONDIALE SUR LES FEMMES ET DE LA VINGT-TROISIÈME SESSION EXTRAORDINAIRE DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE INTITULÉE « LES FEMMES EN L’AN 2000: ÉGALITÉ ENTRE LES SEXES, DÉVELOPPEMENT ET PAIX POUR LE XXI SIÈCLE »: RÉALISATION DES OBJECTIFS STRATÉGIQUES, MESURES À PRENDRE DANS LES DOMAINES CRITIQUES ET NOUVELLES MESURES ET INITIATIVES: L’AUTONOMISATION DES FEMMES RURALES ET LEUR RÔLE DANS L’ÉLIMINATION DE LA PAUVRETÉ ET DE LA FAIM, LE DÉVELOPPEMENT ET LE RÈGLEMENT DES PROBLÈMES ACTUELS (E/CN.6/2012/5)


Déclarations


Mme MARJON V. KAMARA, Présidente de la Commission de la condition de la femme, a rappelé que les travaux de cette session seraient consacrés à l’autonomisation des femmes rurales et à leur rôle dans l’élimination de la pauvreté et de la faim, le développement rural et autres défis auxquels le monde est aujourd’hui confronté.  Elle a souligné qu’une attention particulière serait accordée au financement des efforts visant la réalisation de l’égalité entre les sexes.  Notant qu’à ce jour, les mesures législatives nationales en vue de garantir cette égalité n’avaient pas été prises, elle a insisté pour que les États déploient davantage d’efforts pour réaliser cet objectif.  Mme Kamara a également parlé du rôle que joue la Commission pour combler l’écart entre les engagements pris au niveau international et l’accélération de leur mise en œuvre au niveau national, et s’assurer que le Plan d’action de Beijing et les autres engagements pris en matière d’égalité entre les sexes sont traduits en résultats tangibles dans la vie quotidienne des femmes et des filles.  L’égalité entre les sexes, a-t-elle ajouté, n’est pas la responsabilité des femmes ou d’un groupe en particulier.  La réalisation de l’égalité entre les sexes et de l’autonomisation des femmes est une responsabilité sociétale.  C’est la responsabilité des gouvernements, de la société civile, du secteur privé, des hommes et des femmes partout dans le monde, a-t-elle fait remarquer.


M. MILOŠ KOTEREC, Président du Conseil économique et social (ECOSOC), a tout d’abord fait remarquer que la Commission de la condition de la femme était, chaque année, l’une des manifestations qui rassemblait le plus grand nombre de participants à l’Organisation.  En tant que principal forum des Nations Unies chargé des questions internationales liées au développement économique et social, l’ECOSOC attend beaucoup de ses commissions fonctionnelles, en particulier de la Commission de la condition de la femme, a-t-il souligné.  Le représentant a ajouté que celle-ci avait, à cet égard, fait progresser l’agenda de l’ECOSOC et avait assuré le suivi de la Déclaration et du Programme d’action de Beijing.  La Commission sert également de catalyseur pour intégrer la dimension sexospécifique dans les travaux du système de l’ONU, a-t-il poursuivi.  Il a également estimé qu’il y aurait aussi d’autres occasions, cette année, de démontrer les synergies entre la Commission de la condition de la femme et le débat de haut niveau de l’ECOSOC. 


Le Président du Conseil économique et social a ensuite noté que les femmes rurales étaient, à bien des égards, confrontées à de nombreux défis pour trouver des emplois durables et sortir de la pauvreté.  Elles constituent un quart de la population mondiale et elles sont soit agricultrices, commerçantes, entrepreneurs, travailleuses du bâtiment ou prestataires de soins de santé, a-t-il souligné.  De ce fait, il a rappelé qu’elles étaient indispensables à la construction de nos sociétés.  Le développement de leur potentiel sera une grande contribution à la lutte contre la faim, a-t-il estimé.  Il a considéré que leur autonomisation passait par des stratégies intégrées afin de répondre aux nombreux obstacles auxquelles elles doivent faire face.  Il a ensuite félicité la Commission de ses efforts visant à assurer le suivi de ses décisions antérieures, et a dit attendre beaucoup des conclusions de la Commission sur la mise en œuvre des conclusions de 2008 en ce qui concerne le financement des activités liées à l’autonomisation des femmes.  Il a ajouté que la Commission serait aussi l’occasion de consolider le consensus à ce sujet.  « Vous avez l’occasion d’enrichir l’ECOSOC lors de l’Examen ministériel annuel (EMA) et, à travers vos recommandations, vous pourrez aussi envoyer des messages importants à d’autres tribunes comme la Conférence sur le développement durable (Rio+20), a-t-il dit avant de conclure.


Mme ASHA-ROSE MIGIRO, Vice-Secrétaire générale des Nations Unies, a indiqué que le Secrétaire général fait de l’égalité entre les sexes et de l’autonomisation des femmes une des priorités de son agenda quinquennal.  Elle a ensuite fait savoir que les femmes rurales représentent un quart de la population mondiale et qu’elles constituent une part importante de la force de travail agricole.  Les femmes cultivent la majorité des aliments consommés dans le monde, a précisé Mme Migiro.  Cependant, a-t-elle déploré, elles sont représentées de manière disproportionnée dans les groupes de personnes désavantagées ou victimes de discrimination.  Pour Mme Migiro, le déploiement de leur potentiel sera une contribution notable à la lutte contre la faim et la pauvreté ainsi qu’à la réalisation d’un développement durable.


Les femmes rurales, a-t-elle souligné, doivent être considérées comme des agents pour le changement.  La Vice-Secrétaire générale a préconisé l’adoption d’approches participatives et la prise de mesures d’appui aux organisations de femmes rurales afin de s’assurer que les priorités qui les concernent sont dûment reflétées dans les politiques macroéconomiques et les programmes de développement rural et agricole.  Elle a également estimé nécessaire d’accélérer l’autonomisation économique des femmes rurales, observant notamment que les femmes et les fillettes rurales avaient un accès limité aux terres, aux intrants agricoles, au financement et à la technologie, entre autres.  Mme Migiro a estimé qu’il faut rebâtir la base d’avoirs des femmes qui sont de petites agricultrices, améliorer leur accès aux ressources et aux services, leur permettre de diversifier leur production et d’augmenter leur rendement, et faciliter leur accès aux marchés.  Elle a également appelé à une réévaluation du financement du développement rural, de l’agriculture et de l’adaptation aux effets des changements climatiques, afin que plus d’accent soit mis sur les femmes rurales.  Mme Migiro a aussi dénoncé l’insuffisance des interventions ad hoc.  Nous avons besoin d’une action robuste, a insisté la Vice-Secrétaire générale, qui a ensuite exhorté les États Membres à abolir les lois et politiques discriminatoires à l’égard des femmes rurales.  Si on leur en donne la chance, a-t-elle ajouté, les femmes rurales s’avèreront capables d’insuffler l’élan nécessaire à la construction d’un avenir durable et équitable pour l’ensemble de l’humanité.


Mme MICHELLE BACHELET, Directrice exécutive d’ONU-Femmes, a indiqué, elle aussi, que l’appui des femmes rurales était essentiel pour éliminer la pauvreté et la faim dans le monde, et que l’autonomisation des femmes était nécessaire au développement durable et pour l’avenir de la planète.  Chaque être humain, a-t-elle ajouté, doit avoir la possibilité d’envisager un meilleur avenir et pouvoir participer à la vie de son pays.  Les femmes rurales, qui sont en première ligne de la lutte contre les changements climatiques, doivent bénéficier de mesures concrètes, par le biais notamment d’engagements budgétaires et le retrait des obstacles structurels, culturels et sociaux, a-t-elle insisté.  Aujourd’hui, a-t-elle fait observer, seulement 5% des services agricoles sont destinés aux femmes agricultrices. 


Mme Bachelet a également souligné que les femmes rurales devraient pouvoir participer au processus de prise de décisions.  Il est important, a-t-elle ajouté, d’encourager la promotion des droits fonciers et de lutter contre la violence domestique.  L’égalité entre les sexes doit être réalisée à tous les niveaux.  Des mesures doivent être adoptées pour garantir de bons salaires pour tous, promouvoir un commerce équitable et éliminer les discriminations dont elles font l’objet, a insisté Mme Bachelet.  Elle a également parlé de l’importance d’assurer un meilleur accès aux services routiers ainsi que des bienfaits des téléphones portables, entre autres.  Les États doivent utiliser au mieux les traités et les instruments juridiques existants.  Elle a ensuite annoncé qu’ONU-Femmes et le Gouvernement du Brésil organiseront conjointement une réunion consacrée à l’autonomisation des femmes, en prévision de la Conférence Rio+20.


Cette intervention a été suivie d’un discours de Mme SILVIA PIMENTEL, Présidente du Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes (CEDAW), qui a présenté les principales conclusions de ses quarante-neuvième et cinquantième sessions.  Elle a notamment indiqué qu’au cours de ces travaux, le Comité avait décidé d’élaborer deux recommandations générales supplémentaires, dont l’une porte sur l’égalité entre les sexes dans les situations d’asile, d’apatridie et de catastrophes naturelles tandis que l’autre porte sur les femmes rurales.


Mme ANN TUTWILER, Directrice générale adjointe de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), a souligné que l’accès égal des femmes aux ressources agricoles permettait d’augmenter leur productivité de 20% et, de ce fait, d’augmenter la production alimentaire globale de 2,5%, en vue de réduire le nombre de personnes souffrant de la faim et de la famine de 150 à 100 millions d’individus.  « On peut éradiquer la pauvreté en augmentant le potentiel économique des femmes rurales », a-t-elle affirmé.  Elle a fait remarquer que nourrir une population mondiale de 9 milliards d’individus en 2050 exigerait une augmentation de 60% de la production alimentaire mondiale et que les trois quarts de cette production devraient venir des pays en développement.  « Si les pauvres n’ont pas accès à la nourriture, il restera toujours 320 millions de personnes mal nourries en 2050 », a-t-elle prévenu. 


Notant que 92% des situations de famine ne sont pas dues à des circonstances d’urgence, mais à la pauvreté, elle a réaffirmé qu’aucun des objectifs alimentaires ne pouvait être atteint sans les femmes.  « Elles représentent 43% de la main d’œuvre et ce sont des décideuses à plusieurs échelons de la chaîne », a-t-elle insisté.  Elle a ensuite mis l’accent sur les contraintes sociales qui pèsent sur les femmes et sur le fait que celles-ci n’ont pas accès aux semences ou aux technologies, trop souvent à cause de discriminations fondées sur le sexe.  Les femmes africaines « passent des millions d’heures par an à aller chercher de l’eau », a-t-elle cité à titre d’exemple. 


Elle a ensuite détaillé plusieurs programmes ou initiatives lancés par les trois organisations basées à Rome -la FAO, le Fonds international de développement agricole (FIDA) et le Programme alimentaire mondial (PAM)– et qui travaillent en faveur des populations rurales, pour le développement du savoir, des politiques publiques en la matière, et qui mettent l’accent, quand il le faut, sur l’aide d’urgence.  Mme Tutwiler a indiqué que ces organisations multilatérales voulaient, en particulier, combler les lacunes dans le domaine du savoir et elle a évoqué, à cet égard, à titre d’exemple, la création d’une base de données sur le droit foncier, ainsi que la confection et la publication d’un ouvrage sur les ressources agricoles.  Elle a également insisté sur la nécessité pour les femmes de jouir de tous leurs droits économiques, ce qui leur permettrait d’acheter des terres ou d’avoir accès au crédit, par exemple.  Elle a aussi mis l’accent sur l’amélioration des services destinés aux femmes rurales et sur leur accès à la formation et à l’éducation.  À titre d’exemple, elle a cité les écoles rurales financées par la FAO et qui ont permis d’autonomiser des millions de femmes dans le monde, ce dont elle s’est félicitée. 


Mme Tutwiler a d’autre part précisé que la FAO voulait s’assurer que les femmes sont au premier plan de ses préoccupations et de son action.  Dans ce contexte, toutes les bases de données de la FAO comprendront des données différenciées selon les sexes, d’ici à 2015, et à partir de 2017, 30% du budget opérationnel seront alloués aux niveaux régional et international à des activités ciblées sur les femmes, a-t-elle annoncé. 


Mme ELISABETH ATANGANA, Agricultrice camerounaise et Présidente de la Plateforme régionale des Organisations paysannes d’Afrique centrale (PROPAC), a indiqué que le rôle incombant aux femmes au sein de associations paysannes était essentiel à la promotion de l’autonomisation des femmes et des jeunes filles en Afrique.  Elle a observé que les femmes rurales étaient des actrices « incontestées et incontournables » dans la garantie de la sécurité alimentaire de leur pays.  Elles sont aussi le moteur du changement dans les zones rurales, a souligné Élisabeth Atangana.  Elle a parlé des initiatives prises au Cameroun par les femmes en matière de création d’associations et de mutualisation de leur force de travail afin d’augmenter leur capacité de travail et leur accès aux marchés.  Les femmes rurales mobilisent leurs épargnes pour investir dans des projets de microfinance, a-t-elle indiqué.  Ceci facilite l’entraide et permet aux femmes de contribuer à la scolarisation de leurs enfants et aux frais de ménage, entre autres.


Les femmes rurales, a poursuivi la représentante, ont également pris des initiatives pour participer au processus de prise de décisions.  À cet égard, Mme Atangana a indiqué que leur légitimité et leur efficacité s’étaient accrues, grâce à la création de collèges de femmes au sein d’associations paysannes.  Elle a cependant déploré le fait que malgré leur performance, les femmes rencontraient toujours des obstacles relatifs au renforcement de leur statut social et économique, ainsi qu’à la faiblesse des engagements pris au niveau politique.


Pour accroitre l’autonomie et le leadership des associations de femmes rurales, a-t-elle enchainé, il faut créer un environnement propice qui passe par l’instauration de partenariat avec les organisations de femmes rurale, « car il faut aller au -delà de la célébration des journées commémoratives ».  Il faut, a-t-elle insisté, des programmes et des projets concrets de soutien aux associations de femmes rurales.  Elle a également souligné la nécessité pour les chefs d’État et les gouvernements africains d’accroitre les investissements dans l’agriculture pour atteindre les 10% de part budgétaire promis à Maputo.  Elle a ensuite appelé au renforcement des capacités organisationnelles et stratégiques des organisations ayant à charge la promotion agricole; au renforcement des systèmes de communication, notamment en matière de marché, de capitalisation et de diffusion de bonnes pratiques; ainsi qu’à la professionnalisation des coopératives de femmes rurales à différents nivaux.  Mme Atangana a également réclamé qu’un soutien soit apporté aux centres ruraux de formation des exploitants agricoles, et a suggéré que les femmes bénéficient d’une meilleure formation à l’utilisation d’équipements tels les moulins, les réfrigérateurs, les différents intrants agricoles, et autres véhicules et outils de mécanisation agricoles, entre autres.  La promotion d’un partenariat avec le secteur privé commercial et agroalimentaire est également

essentielle afin de faciliter l’accès des femmes aux marchés, a-t-elle indiqué.  Il faut réduire le fossé qui sépare les décideurs des organisations de femmes rurales et tirer profit des connaissances de ces dernières pour atteindre les OMD, a-t-elle préconisé.


S’exprimant au nom du Groupe des 77 et de la Chine, M. MOURAD BENMEHIDI (Algérie), a estimé que le thème prioritaire de l’autonomisation des femmes rurales constituait, cette année, est une excellente occasion de mettre en lumière les liens qui existent entre cette importante tranche de la population mondiale et la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), ainsi que celle des engagements de Beijing.  Il s’est dit vivement préoccupé par le fait que les femmes fassent toujours l’objet de discriminations spécifiques liées à leur sexe, ce qui leur pose des difficultés pour accéder aux ressources du marché, pour acquérir de la terre, pour accéder à des financements et au crédit, à l’information, ou à certains services et technologies, comme en témoigne le rapport du Secrétaire général.  M. Benmehidi a déclaré que la communauté internationale faisait encore face à de nombreux obstacles dans la mise en œuvre de la Déclaration et de la Programme d’action de Beijing, et il a appelé tous les États à faire des efforts et à coordonner leurs actions dans ce domaine.  Il a également invité les organisations internationales et les pays développés à soutenir des programmes nationaux destinés à l’autonomisation des femmes, y compris ceux lancés envers les femmes et les filles qui souffrent d’un handicap. 


M. Mourad Benmehidi a, d’autre part, estimé que des mesures appropriées devaient aussi être prises pour faire face aux effets négatifs de la crise économique mondiale, notamment à ceux de la crise de l’alimentation et de l’insécurité alimentaire.  Il faut aussi faire face aux difficiles d’accès aux ressources énergétiques, ainsi qu’aux défis posés par les changements climatiques, a-t-il souligné.  Il a également rappelé que la paix et la sécurité demeuraient des éléments indispensables à la mise en œuvre du Programme de Beijing et à la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).  Dans ce contexte, il a exhorté la communauté internationale à accorder la plus grande attention aux femmes qui vivent sous une occupation étrangère, et ce, afin de mettre fin aux souffrances qu’elles endurent.  Il a précisé que le Groupe des 77 et la Chine présenteront un projet de résolution sur la situation et l’assistance aux femmes palestiniennes au cours de cette cinquante-sixième session de la Commission de la condition de la femme.  


Mme SIHEM BADI, Ministre des affaires féminines et familiales de la Tunisie, intervenant au nom du Groupe des États d’Afrique, a indiqué que les chefs d’États africains avaient déclaré la période 2010-2020 comme « Décennie des femmes africaines », en mettant l’accent notamment sur la lutte contre la pauvreté, la promotion de la santé maternelle, la protection juridique de la femme, la budgétisation sexospécifique et l’appui aux jeunes, entre autres.  Elle a également parlé du lancement, en Tunisie, d’un système de gestion sexospécifique de nombreux secteurs de la vie nationale.  Parlant ensuite des domaines prioritaires du Plan d’action de Beijing, la Ministre a faire savoir que des progrès avaient été réalisés à l’échelle du continent africain en matière d’éducation des femmes et de représentation des femmes à l’échelon gouvernemental. 


Mme Badi a ensuite fait observer que de nombreuses femmes rurales avaient du mal à se procurer des aliments de qualité, situation rendue d’autant plus difficile par le manque d’accès à l’eau notamment.  Insistant sur l’importance d’accorder des ressources adéquates à l’autonomisation des femmes, elle a appelé la communauté internationale à un redoublement d’efforts pour assurer l’égalité entre les sexes et mieux soutenir les femmes.


M. MANU SAREEN, Ministre de l’égalité entre les sexes du Danemark, qui intervenait au nom de l’Union européenne, a noté que les femmes rurales étaient particulièrement désavantagées et victimes de discriminations multiples.  Il a souligné la nécessité de canaliser l’ensemble du potentiel productif des femmes rurales, en observant que dans de nombreux pays, « elles sont la colonne vertébrale de la sécurité alimentaire et nutritionnelles locale et nationale et une force essentielle dans la promotion du développement ».  Il a déploré la faiblesse, voire l’absence des droits fonciers dont devraient jouir la plupart des femmes rurales à travers le monde, et a appelé les gouvernements des États Membres à agir pour changer toute pratique qui serait restrictive.  M. Sareen a ensuite insisté sur la nécessité de promouvoir l’égalité entre les sexes à tous les niveaux des systèmes d’éducation.


Le Ministre a poursuivi son intervention en réclamant la mise en place dans les zones rurales de services et d’infrastructures équivalents à ceux qui existent en zone urbaine.  La création de perspectives d’emploi de qualité en zone rurale est essentielle pour prévenir une migration d’envergure vers les zones urbaines et assurer l’indépendance des habitants ruraux, notamment des femmes, a-t-il ajouté.  Il a en particulier parlé de l’accès à des services de planification familiale, observant aussi que de nombreuses femmes rurales devaient parcourir de nombreux kilomètres pour avoir accès à une source d’eau potable ou à un dispensaire de santé.  Il a relevé que c’était là la cause principale du taux important de mortalité maternelle que connaissent de nombreux pays d’Afrique subsaharienne.  Il a également appelé à l’adoption de mesures visant la promotion de l’éducation sexuelle, l’interdiction des mariages précoces ou forcés, ainsi que de stratégies de lutte contre les grossesses précoces ainsi que contre les pratiques traditionnelles néfastes.  Il a ajouté que l’Union européenne accordait une attention particulière au droit des femmes et des hommes de décider librement de leur santé sexuelle et reproductive.


Abordant ensuite la question de l’emploi, M. Sareen a souligné que dans le monde entier, la réduction de la pauvreté et de la faim en milieu rural dépendait de l’amélioration de l’accès des femmes à un emploi décent et à des perspectives créatrices de revenus.  Au final, l’emploi des femmes dépend aussi de l’élimination de la violence et des discriminations à l’encontre des femmes et des fillettes, a ajouté le Ministre danois.  Il a notamment évoqué les philosophies traditionnelles qui encouragent la subordination des femmes.  Il a également observé que la pauvreté et l’absence de perspectives en zone rurale faisaient partie des causes principales de la violence à l’encontre des femmes, de la traite des femmes, de l’exploitation sexuelle et du travail forcé.


M. OCTAVIO ERRÁZURIZ (Chili), a pris la parole au nom de la Communauté des pays d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), et a réaffirmé la nécessité d’une mise en œuvre complète de la Déclaration et du Programme d’action de Beijing.  M. Errázuriz a appelé les États Membres qui en sont parties à respecter les obligations qui leur incombent en vertu de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes.  Il a ensuite affirmé le soutien de la CELAC au consensus selon lequel l’amélioration de la condition des femmes constituait le prérequis à l’achèvement des Objectifs du Millénaire pour le développement et a dit que la CELAC était en faveur d’un agenda mondial cohérent et systématique en matière de promotion de l’égalité des sexes. 


Saluant les efforts réalisés par ONU-Femmes, qui a soumis son premier budget biannuel et son Plan stratégique 2011-2013, M. Errázuriz a estimé que les ressources allouées à ces programmes ne devaient pas être limitées du fait des réalités et des problèmes macroéconomiques mondiaux actuels.  Ces ressources doivent aussi inclure des moyens permettant d’élaborer des indicateurs spécifiques en faveur de l’autonomisation des toutes les femmes du monde, a-t-il plaidé.  Notant que la plupart des pays de la CELAC faisaient encore face à de nombreux défis en matière d’égalité des sexes, il a appelé ONU-Femmes à leur fournir un appui stratégique et approprié, qui tiendrait compte de la grande diversité de situations dans laquelle sont ces pays à revenu moyen, ainsi que de leurs besoins spécifiques.  Il a ensuite appelé à la mise en place d’un meilleur dialogue et d’une meilleure coopération Nord-Sud, Sud-Sud et triangulaire, afin de relever les défis liés à la crise économique et financière, aux changements climatiques, et à d’autres problèmes, ceci en commun.  Il s’est aussi réjoui de la candidature de la République dominicaine, qui s’est proposée pour accueillir la douzièmeConférence régionale sur la femme en Amérique latine et aux Caraïbes.  Le représentant du Chili a ensuite plaidé pour une reconnaissance spécifique de l’importance du rôle que jouent les femmes rurales du monde entier.  « Il faut qu’on prenne la mesure du rôle spécifique qu’elles assument », a-t-il ajouté.  Citant les études de la FAO, il a rappelé que leur autonomisation diminuerait, de 150 à 100 millions, le nombre de personnes souffrant de la faim à travers le monde.  Il a ensuite lancé un appel aux pays industrialisés afin qu’ils ouvrent leur marché, qu’ils éliminent leurs subventions à l’exportation et leurs aides domestiques à la production agricole, tout en accordant un traitement préférentiel et différencié aux produits des pays en développement. 


Mme GLORIA BENDER (Argentine), intervenant au nom des États du Marché commun du Sud (MERCOSUR), a indiqué que dans tous les pays de cette région, la participation des femmes avait augmenté de manière considérable au niveau des organes et des pouvoirs législatif et judiciaire, que ce soit au niveau du gouvernement central, ou à celui des instances provinciales, départementales ou municipales.  De nombreuses lois ont également été adoptées pour lutter contre la violence à l’encontre des femmes, contre la traite et pour leur assurer le droit au travail et à la santé, entre autres.  Mme Bender a estimé qu’un rôle central devait être accordé aux femmes rurales, aussi bien en tant que bénéficiaires de politiques publiques précises, qu’en tant que participantes aux processus de prise de décisions.  


Il est essentiel, a-t-elle souligné, que les gouvernements nationaux et locaux intègrent cette perspective dans leur agenda politique et que les organisations non gouvernementales puissent participer au processus.  Mme Bender a par ailleurs observé que les femmes continuaient d’être surreprésentées parmi les pauvres et ressentaient de plein fouet les effets de la crise économique.  Elle a ensuite assuré que l’objectif de sa délégation était d’assurer l’autonomisation et l’émancipation économique de toutes les femmes de la région du MERCOSUR afin qu’elles puissent exercer leurs droits et libertés fondamentaux. Une attention particulière est accordée à la lutte contre la violence faite aux femmes et la traite, a-t-elle notamment fait savoir.


M. TOLOFUAIVALELEI FALEMOE LEIATAUA, Ministre de la femme, de la communauté et du développement social de Samoa, a parlé au nom du Groupe de pays du Forum des îles du Pacifique, et a rappelé que les îles de cette région étaient confrontées à de nombreux problèmes de type sexospécifique.  Il a rappelé qu’en juillet 2011, la quatrième Réunion des ministres chargés des questions des femmes des pays du Pacifique avait permis d’aborder certaines questions phares, mais que les défis à relever demeuraient nombreux.  « Les sociétés des îles du Pacifique sont essentiellement rurales », a-t-il fait remarquer.  « Mais la force et le dynamisme des populations se voient au sein des communautés, bien que les femmes y demeurent encore insuffisamment représentées », a-t-il déploré.  Il a ensuite noté que les pays de la région s’étaient déjà engagés à remédier à cette situation.  Il a souligné que les économies rurales des îles du Pacifique se basent notamment sur la pêche, qui est une importante source d’emploi pour les femmes. 


Toutefois, il a regretté que les revenus de la pêche demeurent faibles, et que la sécurité de l’emploi ne soit pas garantie dans ce secteur.  Il a souligné que des ONG avaient lancé des activités destinées à promouvoir une activité plus viable.  Rappelant ensuite que la région comptait 3 des 10 pays les plus mal classés en matière de violence à l’égard des femmes, il a insisté sur la mobilisation des ressources pour faire face à ce phénomène.   Avec l’appui du Secrétariat du Forum du Pacifique, Vanuatu, les îles Salomon et Samoa ont développé des projets de législation ad hoc, a dit M. Leiatau.  Un dialogue intergouvernemental a également eu lieu en 2011 afin de mettre fin à cette violence, a-t-il encore souligné, soulignant que les participants s’étaient entendus sur une approche fondée sur les droits de l’homme.  Il a précisé que l’Université du Pacifique Sud offrirait, cette année, des études spécialisées dans ce domaine.  Constatant que les femmes vivant dans les zones rurales sont de plus en plus vulnérables à la pauvreté et aux catastrophes naturelles, il s’est également félicité de plusieurs initiatives de reboisement lancées en tant que stratégie de création d’emplois dans les zones rurales.  


Mme GENOVEVA DA CONCEIÇAO, Ministre de la famille et de la promotion de la femme de l’Angola, qui intervenait au nom de la Communauté de développement des États d’Afrique australe (SADC), a indiqué que l’épidémie du VIH/sida était un problème grave pour le développement rural et a insisté sur la nécessité d’adopter des mesures de lutte contre la violence sexiste et de réduire de 50% d’ici à 2015, le nombre de nouvelles infections au VIH/sida, notamment chez les femmes et les jeunes filles.  Elle a souligné la nécessité d’assurer la pleine intégration de la perspective des femmes à toutes les stratégies de lutte contre le VIH/sida.


La Ministre a ensuite fait savoir que les États membres de la SADC avaient adopté des lois et mis en place des programmes destiné à faciliter le droit des femmes à la propriété, ainsi que l’accès et le contrôle des ressources de production par les femmes.  Elle a estimé urgent de promouvoir le droit des femmes à la propriété et à l’héritage, et d’améliorer leurs connaissances juridiques ainsi que l’appui juridique accordé aux femmes rurales.  Des programmes ciblés doivent par ailleurs être mis sur pied pour permettre aux femmes d’améliorer leurs perspectives économiques, et il importe également de mieux intégrer la perspective genre aux stratégies de lutte contre les effets des changements climatiques, a-t-elle ajouté. 


Mme Da Conceiçao a par ailleurs estimé qu’il fallait intensifier d’urgence l’accès des femmes rurales aux systèmes d’éducation officiels et améliorer leur formation professionnelle et leur accès au marché, entre autres. On ne peut sous-estimer l’importance d’intégrer la perspective des femmes rurales aux politiques et programmes de développement rural, a souligné la Ministre pour qui une plus grande participation des hommes au débat sur la femme est également nécessaire afin de traiter des stéréotypes culturels.


Mme AJA DR. ISATOU NJIE-SAIDY, Vice-Présidente de la République de Gambie et Ministre des questions relatives aux femmes, a estimé que le thème de l’autonomisation des femmes rurales était d’une actualité urgente à l’approche de 2015, date butoir de la réalisation des OMD.  Elle a souligné qu’en Gambie 65% de la main d’œuvre agricole étaient composés de femmes et que la plus grande majorité d’entre elles, soit 89%, vivaient en zone rurale.  Elle a ensuite expliqué qu’une Initiative foncière lancée par le Président Yaya Jammeh, de la Gambie, avait permis aux femmes d’accéder aux engrais et à d’autres équipements qui leur permettent de gagner du temps et d’augmenter leur productivité.  Cette initiative s’inscrit dans le cadre de plusieurs programmes et politiques destinés à accroître le rôle des femmes, a-t-elle souligné.  Elle a encore noté que le Gouvernement de la Gambie avait également axé ses efforts sur la présence des femmes dans les processus de prise de décisions, aussi bien dans la fonction publique que dans le secteur privé.  Les femmes représentent actuellement 43% des postes du cabinet gouvernemental gambien, ainsi que 13% des membres de l’Assemblée nationale, s’est-elle félicitée.  Elle a également mis l’accent sur l’importance de la formation et de l’accès à l’éducation pour les femmes et les filles.


M. THEMBA NHLANGANISO MASUKU (Swaziland) a pris une nouvelle fois la parole pour s’exprimer cette fois au nom de son pays.  Il  a souligné que le Swaziland s’employait à améliorer le sort des femmes et à renforcer ses stratégies en la matière, en vertu des engagements de Beijing.  Il a indiqué que son pays était dans le peloton de tête en matière de développement rural avec la nomination d’un haut responsable chargé spécialement de cette question qui a lancé des stratégies pour la culture de produits spécifiques, comme des champignons ou de plantes propres à l’environnement national, comme un arbuste local appelé Marula dont les fruits servent à la fabrication de produits rares.  


Le représentant s’est également félicité de l’ouverture d’une banque locale, créée aussi bien pour les femmes rurales que pour les citadines.  Enfin, il a expliqué que son pays avait mis en place une politique qui garantit que les services agricoles sont fournis à tous les niveaux de la production, politique qui a permis d’améliorer le sort des femmes rurales, a-t-il ajouté.   Le représentant a ajouté que le Swaziland avait créé des forums pour assurer la participation des femmes au développement au niveau national et qu’il avait également mis sur pied un « Prix de la femme agricultrice de l’année », ainsi que plusieurs concours nationaux pour les femmes chefs d’entreprise, qui visent à les encourager à participer à la vie publique.  En conclusion, il a fait remarquer que les effectifs du Ministère de la famille et de l’égalité hommes-femmes du Swaziland étaient composés à 100% de femmes.


Mme ROSELYNE BACHELOT-NARQUIN, Ministre des solidarités et de la cohésion sociale de la France, a indiqué que plus de la moitié des bénéficiaires des programmes d’aide internationale de la France sont des femmes qui vivent en milieu rural, et qu’au plan national, en France, des lois ont permis d’améliorer l’accès des femmes rurales à la protection sociale.  Les femmes rurales ont également accès aux crédits bancaires grâce au Fonds de garantie à l’initiative des femmes, et des réseaux des femmes en milieu rural existent au niveau local, a dit la Ministre


Afin de mener une politique efficace, a poursuivi Mme Bachelot-Narquin, il faut agir très tôt, dès l’école, mais agir aussi auprès du grand public pour faire évoluer les mentalités en luttant contre les stéréotypes de genre.  La France s’engage, notamment à travers les travaux de la Commission, sur l’image des femmes dans les médias.  « Nous avons renforcé la lutte contre les violences faites aux femmes », a dit la Ministre.  « Le Plan ministériel 2011-2013, que je pilote, prévoit des mesures contre toutes les formes de violences faites aux femmes », a souligné Mme Bachelot-Narquin.  Parlant du monde du travail, elle a dit qu’une sanction pouvant aller jusqu’à 1% de la masse salariale est prévue à l’encontre des entreprises qui ne respectent pas l’égalité professionnelle entre les hommes et les femmes.  Il s’agit d’un mécanisme unique en Europe, s’est-elle félicitée.  Estimant qu’il importait peu qu’une femme soit née à une époque ou à une autre, la Ministre a par ailleurs estimé que les droits des femmes étaient immuables, car ce sont des droits universels, et donc intemporels.  La France ne se résignera donc pas à voir certains acquis contestés, et certains textes, qui sont protecteurs pour les femmes, faire l’objet de « manœuvres diplomatiques », a prévenu Mme Bachelot-Narquin.


Tables rondes de haut niveau parallèles sur le thème prioritaire: L’autonomisation des femmes rurales et leur rôle dans l’élimination de la pauvreté et de la faim, le développement et le règlement des problèmes actuels


Table ronde A


En guise de préambule, la Présidente de la cinquante-sixième session de la Commission de la condition de la femme, Mme MARJON KAMARA, a réaffirmé que les femmes rurales étaient des agents clefs du changement.  « Face aux crises récentes, nous devons leur permettre de prendre leur envol », a-t-elle dit, rappelant qu’elles avaient encore un accès limité aux ressources, à la terre et au crédit. 


Elle a expliqué que ce dialogue interactif devait se concentrer sur le partage d’expériences et des résultats enregistrés, afin de voir comment le rôle des femmes et leur sécurité alimentaire avaient été inclus dans les plans de développement et de financement nationaux.


La trentaine de ministres, représentants ou représentantes qui se sont exprimés, ont souligné les caractéristiques extrêmement diverses des femmes en milieu rural à travers le monde, tout en s’accordant sur un certain nombre de défis communs auxquels elles demeurent confrontées.


Trois millions de femmes vivent dans les zones rurales du nord du Canada, où le Gouvernement finance pour elles des programmes en partenariat avec des organisations féminines.  En Suisse, les femmes ne sont que 5% à être exploitantes et un nombre élevé d’entre elles travaillent dans l’agriculture sans aucun statut. 


En Mongolie, le développement rural est surtout fondé sur l’élevage nomade, ce qui rend la situation des femmes plus complexe encore alors qu’au Nigéria, les femmes produisent 60% de la nourriture consommée sans pouvoir hériter d’une terre.  En Égypte, les femmes sont présentes dans toutes les activités agricoles sans pourtant être payées ni même reconnues.  


« On parle des femmes rurales comme s’il s’agissait d’un groupe homogène », s’est étonnée la représentante du Zimbabwe, suivie, à cet égard, par ses collègues du Nigéria et du Mozambique.  Elles ont fait remarquer les différences nombreuses entre les femmes rurales dans le monde.  « Comment, dans ce contexte, décider et mettre en place des démarches différenciées? », ont-elles demandé.   


Apportant un début de réponse à cette question, plusieurs intervenants ont mis l’accent sur l’accès au revenu et au microcrédit.  La représentante du Mexique a ainsi expliqué que, dans son pays, 3 millions de femmes rurales et autochtones travaillent dans l’agriculture grâce à des microcrédits, quand cela est possible.  Elle a en effet relevé une difficulté majeure et persistante selon laquelle ce sont principalement les propriétaires terriens qui ont accès aux crédits. 


En Chine, le Gouvernement a appuyé par des mesures concrètes l’accès des femmes rurales, dont la création d’institutions publiques de microcrédit.  Entre 2009 et 2011, ce sont ainsi 55 milliards de yuan qui ont été accordés sous la forme de subventions, s’est félicitée la représentante chinoise.  Au Congo, les femmes, qui ont accès au microcrédit, se regroupent souvent en coopérative mais, dans un pays où la richesse nationale doit beaucoup au bois, la représentante congolaise s’est inquiétée de l’impact de la prochaine Conférence sur le développement durable (Rio+20), s’agissant du commerce du bois.


Les liens entre femmes et développement ont été fermement réaffirmés par la plupart des intervenants.  La représentante de la Norvège a estimé que la communauté internationale devait davantage miser sur le rôle des femmes dans tous les aspects du développement, notamment à l’approche de Rio+20.  Il est impensable de baisser les bras à moins de trois ans de la date butoir de 2015 pour la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), a renchéri son homologue du Luxembourg.  Elle a invité les États à respecter leur engagement à consacrer 0,7% de leur produit national brut (PNB) à l’aide publique au développement.


Plusieurs délégations ont encore mis l’accent sur les questions d’accès à la propriété.  Au Nigéria, les femmes rurales n’ont pas accès à la terre car, dans l’immense majorité des cas, ce sont les hommes qui en héritent, et ce, alors qu’elles produisent 60% de la nourriture consommées dans le pays, a expliqué la représentante nigériane avant que sa collègue du Mozambique n’explique que son pays a instauré une « clause de copropriété » qui permet aux veuves de ne pas perdre l’accès à la terre.


Résumant les grandes tendances de ce débat, Mme SHEILA SISULU, Directrice exécutive adjointe du Programme alimentaire mondial (PAM), a estimé que la plupart des interventions avaient mis l’accent sur l’autonomisation des femmes rurales comme condition indispensable au développement durable et sur la nécessité d’intégrer cette question dans les législations sur les droits fonciers, ainsi que dans des programmes éducatifs spéciaux. 


Elle a également noté que la coopération et le partage d’information avaient été mis en exergue.  Enfin, elle a souligné que l’appel à une budgétisation sexospécifique, bien qu’il n’ait pas été lancé comme tel, méritait aussi de figurer dans la liste des priorités exposées aujourd’hui.  Elle a tenu, de son côté, à mettre l’accent sur l’importance de la nutrition.


Table ronde B


Cette table ronde a notamment été l’occasion pour les intervenants, dont de nombreux ministres, d’insister sur l’importance de l’éducation et de l’emploi en zones rurales, de débattre des mérites du microfinancement, mais également de partager leurs meilleures pratiques et de rappeler l’importance du travail des femmes rurales.


La Ministre de la famille, de la femme et de l’enfant de la Côte d’Ivoire a notamment indiqué que malgré les crises qu’avait récemment connues son pays, la population avait échappé à la famine grâce au travail des femmes agricultrices qui, a-t-elle expliqué, avaient continué de cultiver leurs champs et de vendre leurs récoltes pendant les troubles. 


Une représentante de la délégation des femmes agricultrices ivoiriennes qui l’accompagnait a parlé des différentes activités menées par ces agricultrices, expliquant que ce sont « des femmes organisées qui ont des comptes en banque, qui participent a l’éducation de leurs enfants, qui sont formées dans le domaine de la santé et qui savent qu’il ne faut pas attendre les seules actions du gouvernement pour faire avancer leur communauté, ni pour faire avancer le pays ».  « Ce sont des femmes, a-t-elle ajouté, qui n’attendent plus le gouvernement pour avancer et qui ont compris qu’il faut qu’elles se battent elles-mêmes pour développer leurs localités. »


La Ministre des femmes et des enfants du Bangladesh a estimé impératif que les projets de planification du développement fassent le lien entre les contributions des femmes rurales et les processus de développement.


Ce n’est qu’en comprenant au mieux les contributions économiques des femmes rurales que l’on pourra réaliser un développement équitable, a-t-elle estimé.


Nombre de délégations ont par ailleurs affirmé que l’autonomisation des femmes en milieu rural dépendait de l’existence d’incitations financières telles que les microcrédits.


On maintient beaucoup de femmes au niveau des seuls microcrédits, or microcrédit signifie microéconomie, a en revanche dénoncé la Ministre de la promotion de la femme du Burkina Faso.  Les femmes ont besoin de financements tout court, de manière pure et simple, pour créer de véritables entreprises, a-t-elle affirmé.


Elle n’a, par ailleurs, pas manqué de relever que la situation des femmes rurales avait été identifiée comme étant la base de l’intégration des femmes au processus de développement depuis les années 1960.  Or, 50 ans plus tard, on n’a toujours pas réussi à faire respecter le droit des femmes rurales dans le processus de développement rural, a-t-elle regretté.


La Ministre burkinabè a également insisté sur l’importance du transfert des technologies, notant que, « que l’on soit alphabète ou pas, on ne peut pas survivre sans accès à la technologie ».


« Il ne peut y avoir de spécificités pour les femmes rurales si on ne passe pas d’abord par le respect de leurs droits fondamentaux », a réagi la Ministre des solidarités et de la cohésion sociale de la France, qui a estimé qu’il importe notamment de lutter contre les mariages précoces et forcés imposés aux jeunes filles.  Elle a également souligné l’aspect essentiel de l’éducation, ainsi que la nécessité de combattre la mortalité maternelle et infantile.


Une fois ce socle de droits fondamentaux installé, on pourra alors développer des programmes parallèles spécifiquement destinés aux femmes rurales, comme des aides au développement, des programmes de formation professionnelle, et des systèmes visant a encourager la participation des femmes au processus décisionnel, a-t-elle affirmé.


La représentante du Pakistan a déploré, quant à elle, la persistance de nombreuses barrières, dont certains systèmes traditionnels, et la réticence à accorder des droits fonciers et patrimoniaux aux femmes. 


Abondant dans ce sens, la Vice-Ministre de l’agriculture du Nicaragua a insisté sur l’importance de garantir le droit à la propriété des femmes rurales.  À partir du moment où la femme est propriétaire de ses revenus, la relation au sein des foyers change, a-t-elle fait remarquer.  À partir de ce moment-là, les femmes ont beaucoup plus conscience d’être des personnes à part entière, a-t-elle notamment affirmé.


La représentante d’El Salvador a, quant à elle, attiré l’attention sur la nécessité de combattre la violence faite aux femmes.  Elle a également évoqué le problème de l’exode rural.


Pour sa part, la Ministre du développement communautaire, du genre et des enfants de la République-Unie de Tanzanie, a vu dans l’éducation le meilleur outil pour permettre aux femmes de bénéficier de l’élan qu’il leur donne pour aller vers l’autonomisation, faisant notamment remarquer que les hommes pouvaient, par exemple, facilement tromper les femmes sans éducation au sujet du montant du revenu de leurs ventes de produits agricoles.


Certes, a renchéri la Ministre de la population, de la promotion de la femme et de la protection de l’enfant du Niger, mais avant cela, il faut libérer les femmes de leurs tâches domestiques afin qu’elles puissent envoyer leurs filles à l’école.  Elle a notamment parlé des longues heures consacrées par les femmes rurales à des tâches telles que la collecte du bois de chauffe, entre autres.


L’importance de l’emploi a également été soulignée à plusieurs reprises par les représentantes. 


Le Secrétaire d’État de la Finlande a insisté sur la nécessité de reconnaître l’importance du travail non rémunéré effectué par les femmes rurales, observant par ailleurs que si les hommes réussissaient à trouver du travail dans les zones rurales, les femmes pourraient jouer plus facilement leur rôle.


La représentante de la Nouvelle-Zélande a déploré de son côté la sous-représentation des femmes au sein des organes décisionnels des entreprises agricoles.


La Ministre de la femme et de la famille de la Tunisie a préconisé l’instauration d’un salaire agricole minimum garanti, ainsi qu’un plus grand nombre de groupements d’intérêts collectifs et d’associations de femmes rurales, avant d’insister sur l’importance des collectes de données.


D’autres intervenants ont partagé les meilleures pratiques existantes et parlé des différentes initiatives mises sur pied sur le plan national.  La Secrétaire au développement social des Philippines a ainsi cité les mérites des subventions financières gouvernementales, tandis que la représentante de la République de Corée a évoqué les programmes d’amélioration de l’accès à l’information des femmes rurales.  La Ministre du genre, des enfants et du développement social du Kenya a parlé, de son côté, du Fonds pour l’entreprise des femmes créé au Kenya, qui permet de faciliter leur accès aux prêts commerciaux, tandis que la Ministre du développement communautaire, du genre et des enfants de la République-Unie de Tanzanie a indiqué que la Banque des femmes dispensait des cours de formation financière aux femmes rurales.


La représentante du Pakistan a évoqué l’existence d’un programme de distribution de carte nationale d’identité qui permet aux femmes de faire valoir leur droit à l’héritage, entre autres mesures.  La Colombie s’est dotée pour sa part d’un programme de femmes chefs d’entreprises, et 7 000 femmes exploitantes de café se sont par ailleurs constituées en réseau, a dit la délégation de ce pays.


La Ministre du travail et des politiques sociales de l’Italie a parlé, quant à elle, des projets d’agriculture verte et d’agrotourisme développés dans son pays, précisant qu’une entreprise agricole sur trois y était dirigée par une femme.  Elle a également évoqué les nouvelles sources d’exclusions générées par la migration.


Réagissant à toutes ces interventions, Mme LAKSHMI PURI, Directrice exécutive adjointe d’ONU-femmes, a insisté sur l’importance de l’autonomisation politique des femmes rurales.  Elle a également mis l’accent sur la nécessité de bien veiller au respect du droit des femmes rurales à s’impliquer dans la création de l’économie verte.  À moins de cela, il n’y aura pas simplement d’économie verte, a-t-elle signalé.  Elle a également parlé du fardeau des traditions et de certaines habitudes culturelles, des structures patriarcales traditionnelles, et de la persistance de pratiques nuisibles qui est beaucoup plus présente en zones rurales.


*   ***   *

À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.