Conférence de presse

Conférence de presse de M. Babatunde Osotimehin, Directeur exécutif du FNUAP, et de l’Archevêque Desmond Tutu, Président des sages

11/10/2012
Communiqué de presseConférence de presse
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

CONFÉRENCE DE PRESSE DE M. BABATUNDE OSOTIMEHIN, DIRECTEUR EXÉCUTIF DU FNUAP,

ET DE L’ARCHEVÊQUE DESMOND TUTU, PRÉSIDENT DES SAGES


« Il s’agit d’une pratique affreusement cruelle.  Mon engagement pour l’abolition du mariage des enfants est équivalent à celui que j’ai mené contre l’apartheid », a déclaré, aujourd’hui au Siège de l’ONU à New York, l’Archevêque anglican sud-africain Desmond Tutu.  Président des Sages et fondateur de Girls not Brides « Des jeunes filles pas des épouses », « Partenariat mondial pour en finir avec le mariage précoce », Mgr Tutu participait au lancement d’un rapport consacré à cette question publié par le Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP).


Selon cette étude, plus de 14 millions d’adolescentes mineures voire de petites filles ont été contraintes au mariage en 2010, chiffre qui, si rien n’est fait, pourrait dépasser les 15 millions d’ici à 2030.


Ce document, intitulé « Se marier trop jeune: mettre fin aux mariages d’enfants », était lancé à l’occasion de la première Journée internationale de la fille, célébrée dorénavant tous les 11 octobre.  Il a été présenté devant la presse à l’ONU à New York par le Directeur exécutif du FNUAP, M. Babatunde Osotimehin, aux côtés de Mgr Tutu et d’une jeune Nigérienne venue apporter son témoignage.


M. Osotimehin a souligné qu’une jeune fille contrainte au mariage « se voyait dérober son enfance pour une nouvelle vie sans avenir, sans instruction; elle tombera certainement enceinte avant même que son corps ne soit arrivé à maturité pour mettre un enfant au monde ».


Le rapport du FNUAP souligne que « le mariage précoce constitue une violation des droits de l’homme.  Il présente une menace grave à la vie des jeunes filles, à leur santé et à leurs perspectives d’avenir ».  Dans les pays en développement, la grossesse et l’accouchement sont les premières causes de mortalité chez les adolescentes âgées de 15 à 19 ans.


« Aucun argument social, culturel ou religieux en faveur du mariage de jeunes mineures ne peut justifier de quelque manière que ce soit les dégâts que ces unions causent aux jeunes filles et à leur potentiel », a encore souligné M. Osotimehin.


On estime qu’en 2010, une jeune fille sur trois, soit 67 millions de personnes, a été mariée avant d’avoir 18 ans, statistique qui ne prend en compte ni la Chine ni les pays développés.  La moitié de ces mariages se font en Asie, un sur cinq en Afrique subsaharienne, la pratique étant courante également dans certaines collectivités d’Amérique latine, du Moyen-Orient et d’Europe de l’Est.


Les jeunes filles pauvres et sans instruction sont les plus susceptibles d’être mariées précocement.  Le rapport du FNUAP constate toutefois un recul de cette pratique, citant les cas de l’Arménie, de la Bolivie, de l’Éthiopie et du Népal.


Une jeune Nigérienne de la région d’Agadez, Salamatou Aghali Issoufa, a apporté son propre témoignage lors de cette même conférence de presse.


Sans le soutien de son frère aîné, un jeune homme instruit, et sans l’appui du dispensaire local, elle n’aurait pu convaincre ses parents en 2005 de ne pas la marier à « un vieil homme de 50 ans qui avait déjà femme et enfants », a-t-elle expliqué. 


Elle a pu bénéficier par la suite d’une bourse du FNUAP qui lui a permis de poursuivre une formation de sage-femme.  Depuis, elle a épousé l’élu de son cœur avec lequel elle a eu un enfant aujourd’hui âgé de quatre ans.  La jeune femme raconte qu’une cousine du même âge n’a pas eu autant de chance: mariée à 16 ans à un homme bien plus âgé, elle a déjà aujourd’hui trois enfants.


Le FNUAP estime que l’on peut influer sur les mentalités: « On doit faire plus avec les États et avec les collectivités locales, notamment en identifiant les agents de changement », explique son Directeur exécutif. 


Il souligne qu’un pays comme la République de Corée, qui privilégiait les garçons il y a encore une génération, est passée aujourd’hui à l’égalité complète, un léger avantage étant même peut-être dévolu désormais aux filles.


M. Osotimehin a annoncé hier à Washington que le FNUAP investirait 20 millions de dollars supplémentaires dans les cinq prochaines années afin d’atteindre les adolescentes les plus marginalisées dans une douzaine de pays où le mariage précoce est courant.  L’accent sera mis plus particulièrement sur le Guatemala, l’Inde, le Niger et la Zambie.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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