AG/EF/3345

Des délégations de la Deuxième Commission préviennent que les déséquilibres du système financier et des échanges commerciaux internationaux entravent les efforts de développement

23/10/2012
Assemblée généraleAG/EF/3345
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Deuxième Commission                                        

14e & 15e séances – matin & après-midi


DES DÉLÉGATIONS DE LA DEUXIÈME COMMISSION PRÉVIENNENT QUE LES DÉSÉQUILIBRES DU SYSTÈME FINANCIER

ET DES ÉCHANGES COMMERCIAUX INTERNATIONAUX ENTRAVENT LES EFFORTS DE DÉVELOPPEMENT


Après avoir achevé, ce matin, son débat sur le financement du développement, la Commission économique et financière (Deuxième Commission) a entamé, cet après-midi, l’examen du point de son ordre du jour consacré aux « questions de politique macroéconomique », ce qui a offert aux délégations l’occasion de passer en revue les problèmes que posent les inégalités et distorsions du système commercial multilatéral, les déséquilibres du système financier international, ainsi que la dette extérieure, aux efforts de développement.


Si « le commerce ouvert a longtemps été un moteur puissant de croissance économique », comme l’a rappelé le représentant du Canada, parlant au nom du Groupe CANZ, les mesures protectionnistes adoptées par les pays développés constituent des entraves aux efforts que mènent les pays en développement pour participer de manière équitable aux échanges commerciaux internationaux.  Partageant ce constat, de nombreuses délégations ont dénoncé et ont demandé l’abolition des barrières tarifaires et non tarifaires imposées par les pays développés aux exportations des pays en développement.


Les pays développés ont aussi été invités à remplir les engagements pris dans la Déclaration de Doha de 2001 qui prévoit un traitement spécial et différencié en faveur des pays en développement dans les négociations commerciales multilatérales, ceci pour permettre aux pays les moins développés (PMA) de faire face à leurs besoins, notamment en matière de sécurité alimentaire et de développement rural.  Dans le même sens, le représentant du Bénin, s’exprimant au nom des PMA, a demandé à tous les États Membres de concrétiser la promesse faite d’octroyer aux produits des PMA un accès aux marchés mondiaux en franchise de droits et hors quota, comme prévu par la Déclaration de Hong Kong, adoptée par l’OMC en 2005.  Le représentant de la Malaisie, s’exprimant au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), a demandé à l’Organisation mondiale du commerce (OMC), ainsi qu’à la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), de continuer à contrôler et dénoncer les politiques protectionnistes. 


Ce débat a permis aux délégations de rappeler que la treizième CNUCED, qui s’est tenue à Doha en avril 2012, a réaffirmé le mandat de cet organe en tant que point focal pour les questions liées au commerce international et au développement.  Le Ministre de la culture, des arts et de l’héritage du Qatar, M. Hamad bin Abdulaziz Al-Kuwari, qui a présidé la treizième CNUCED, a confirmé la vocation de cette institution à jouer son rôle dans le cadre de la promotion du développement.


Comme lors des débats des jours derniers, la question des négociations commerciales menées sous l’égide de l’OMC a été mentionnée par les orateurs qui ont tous appelé à conclure rapidement le Cycle de Doha, dit « Cycle du développement ». 


La Communauté des Caraïbes (CARICOM), par la voix du représentant de la Jamaïque, a plaidé pour une réforme des institutions de Bretton Woods et salué les pas déjà effectués vers une gouvernance plus représentative, ouverte, transparente, réactive et responsable de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international.


En ce qui concerne la dette extérieure des pays en développement, le représentant de l’Algérie, parlant au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a souligné la nécessité de procéder à son allègement, que ce soit par son annulation ou sa restructuration, et a demandé à la communauté internationale d’adopter un mécanisme à cet effet.  Il a aussi invité à trouver des solutions pour réduire les risques que présente la dette souveraine des pays développés.  Le représentant de la CARICOM a expliqué le cas des 14 États membres de cette Communauté qui, en tant que pays à revenu intermédiaire, n’ont qu’un accès limité aux prêts à taux réduit et aux mesures d’allègement de la dette.


La Deuxième Commission était saisie de plusieurs rapports sur les questions de politique macroéconomique, qui ont été présentés par M. Guillermo Valles, Directeur de la Division du commerce de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED); M. Jüri Seilenthal, Président du Conseil du commerce et du développement; M. Alexander Trepelkov, Directeur du Bureau du financement pour le développement au Département des affaires économiques et sociales (DAES) ainsi que Mme Yuefen Li, de la Division de la mondialisation et des stratégies de développement de la CNUCED.


Ce matin, alors qu’elles concluaient le débat sur le financement du développement, les délégations ont partagé les préoccupations exprimées par le Secrétaire général en ce qui concerne la baisse du niveau de l’aide publique au développement (APD) en 2011 et celle des investissements étrangers directs, en particulier à destination de l’Afrique, comme l’ont souligné les représentants du Burkina Faso, du Cameroun, de la Guinée et de la Zambie.  Afin de trouver de nouvelles sources de financement pour le développement, les délégations ont plaidé pour la recherche de financements innovants et la promotion de partenariats public-privé.  Elles ont également souligné la nécessité d’un processus efficace de suivi des engagements pris en matière de financement du développement, notamment de ceux découlant du Consensus de Monterrey, adopté en mars 2002, et de la Déclaration de Doha de décembre 2008.


La Deuxième Commission poursuivra ses travaux demain, mercredi 24 octobre, à partir de 10 heures.  Elle terminera son débat sur les questions de politique macroéconomique.


SUIVI ET MISE EN ŒUVRE DES TEXTES ISSUS DE LA CONFÉRENCE INTERNATIONALE DE 2002 SUR LE FINANCEMENT DU DÉVELOPPEMENT ET DE LA CONFÉRENCE D’EXAMEN DE 2008( A/67/339) et (A/67/353)


Suite et fin du débat général


M. ZAHEER JANJUA (Pakistan) a rappelé que la Conférence internationale sur le financement du développement, qui s’est tenue à Monterrey en 2002, a été le point culminant des efforts communs des États Membres en vue d’atteindre le développement pour tous.  Depuis lors, si des progrès importants ont été accomplis, il reste encore de grandes lacunes dans la mise en œuvre de ce programme, a-t-il dit.  Il a mentionné par exemple la nécessité de renforcer les efforts de mobilisation des ressources internes, d’augmenter le niveau des investissements étrangers directs dans davantage de pays en développement et de tenir les engagements pris en termes d’aide publique au développement (APD).  Le Consensus de Monterrey nous offre un cadre important pour concentrer nos efforts de financement du développement, a insisté M. Janjua.  Il a invité à garder à l’esprit les engagements pris dans ce cadre, ainsi que ceux pris dans la Déclaration de Doha, pour faire avancer les discussions sur le financement du développement en vue de permettre aux pays en développement de parvenir à un développement durable comme décidé à la Conférence Rio+20.  Il a aussi jugé essentiel de mettre en place un mécanisme institutionnel pour assurer le suivi de la mise en œuvre des stratégies adoptées en matière de financement du développement.


Mme YANERIT MORGAN (Mexique) a observé que l’agenda du financement pour le développement, à travers la vision holistique des six chapitres du Consensus de Monterrey et la Déclaration de Doha, fournit une plate-forme substantielle pour discuter des défis mondiaux posés par la mobilisation de ressources pour la promotion du développement.  Il est nécessaire d’assurer un processus de suivi efficace des engagements pris à Monterrey, par le biais du renforcement de la plate-forme inclusive de dialogue entre les parties prenantes, a-t-elle noté, et ce processus doit s’inscrire dans le cadre plus large du renforcement du système des Nations Unies pour le développement, et en particulier au sein du Conseil économique et social (ECOSOC).  De plus, il serait pertinent de se doter d’un seul agenda du développement, afin d’éviter les doubles emplois avec le processus de suivi du financement du développement durable tel que défini à la Conférence de Rio, a conclu la représentante.


M. RODNEY CHARLES (Trinité-et-Tobago) a rappelé que le niveau insuffisant de l’aide publique au développement (APD), qui reste en deçà de l’objectif agréé de consacrer 0,7% du PIB des pays développés à l’assistance aux pays pauvres.  Il a demandé que cette aide soit renforcée pour les pays les plus vulnérables et que l’on recherche des sources novatrices de financement du développement, sans pour autant qu’elles remplacent l’APD.  Il a aussi demandé que soit menée une réforme des institutions financières mondiales afin de leur permettre de répondre aux besoins des pays en développement.  Il a attiré l’attention de la Commission sur la situation des pays à revenu intermédiaire, expliquant que ces pays constituent un élément stabilisateur pour l’économie mondiale.  Nous avons commencé à profiter de l’efficacité du secteur privé grâce à des partenariats, a-t-il fait valoir, tout en émettant l’espoir que cela permettrait de créer des emplois.  Nous poursuivons nos efforts en vue d’améliorer le fonctionnement de notre administration fiscale.


M. Charles a déclaré que la communauté internationale devrait créer un environnement propice pour soutenir ces efforts.  Il a appelé à renforcer aux Nations Unies le processus mis en place pour assurer le financement du développement, relevant que la démarche actuelle n’a pas permis d’honorer tous les engagements pris en la matière et regrettant que les travaux menés par plusieurs organes de l’ONU fassent doublon.  Alors que l’on commence à planifier le programme de développement pour l’après-2015, nous avons décidé de créer un comité d’experts intergouvernemental chargé d’examiner la question du financement du développement, a souligné le représentant, indiquant que Trinité-et-Tobago est favorable à ce que ce comité étudie la possibilité de promouvoir des arrangements qui pourraient renforcer ce financement. 


Mme MILAGROS MIRANDA (Pérou) a jugé fondamental que tous les efforts des Nations Unies convergent vers un programme unique de développement, de façon à obtenir un cadre cohérent, articulé et dépourvu des tendances à la fragmentation observées ailleurs.  Quant au financement du développement à proprement parler, il est lié aux débats sur l’agenda de l’après-2015, à l’intégration des trois piliers du développement durable et au rôle du Conseil économique et social (ECOSOC), a estimé la représentante. 


Elle a salué l’adoption par les pays du G-20, au Sommet de Los Cabos (Mexique), d’un plan d’action pour la croissance et l’emploi, mais a regretté que cette volonté politique ne se soit pas manifestée dans l’élimination des mesures protectionnistes qui ont un impact négatif sur le commerce et la croissance.  Eliminer toutes les mesures protectionnistes serait une contribution significative et concrète à une bonne conclusion des négociations commerciales du Cycle de Doha de l’Organisation mondiale du commerce, dit « Cycle du développement », a suggéré la représentante. 


Elle a également appelé au respect des engagements pris en matière d’aide publique au développement (APD) et a lancé un appel pour en améliorer la transparence, la qualité et l’efficacité.  Le Pérou est favorable à la tenue d’une conférence de suivi sur le financement, afin de renforcer la cohérence et la coordination de la mise en œuvre des recommandations relatives à cette question.


M. LAMOUSSA KOUDOUGOU (Burkina Faso) a souligné que le niveau actuel de l’aide publique au développement (APD), première source de financement extérieur des pays en développement, est insuffisant pour faire reculer l’extrême pauvreté.  Du côté des investissements étrangers directs (IED), deuxième source de financement, il a remarqué que les pays en développement, notamment ceux d’Afrique, vivent une situation d’iniquité, marquée par une inégale répartition géographique des ressources extérieures.  En effet, les flux financiers sont attirés par les pays et les secteurs rentables, et ne peuvent donc pas répondre aux besoins des pays les plus vulnérables, a déploré M. Koudougou.  Pour répondre à l’impératif du financement du développement, il a souligné l’importance des mécanismes de financement innovants qui ont à ce jour été mis en place.  En quatre ans, ils ont permis de lever près de 4 milliards de dollars supplémentaires pour le seul secteur de la santé, a fait remarquer le représentant.  Il a donc demandé de maximiser les bénéfices que peuvent apporter ces financements en s’appuyant sur des activités qui se développent à travers la mondialisation tels que les transports, le commerce et la finance.  Dans le domaine de la santé, le Burkina Faso a bénéficié des financements innovants de GAVI Alliance, qui ont permis de mettre en place un programme élargi de vaccination et un programme de riposte communautaire dans le domaine du sida et du paludisme, a indiqué M. Koudougou.  Il a aussi mentionné les progrès accomplis dans le domaine de l’enseignement et des transports urbains grâce au partenariat public-privé.


M. ALAIN WILFRIED BIYA (Cameroun) a observé le tableau préoccupant de la mobilisation des ressources en faveur du développement dressé par le rapport présenté à la Commission au cours de cette session.  Le Cameroun considère la volonté politique comme étant la clef de cette mobilisation des ressources, car le développement est avant tout un projet volontariste, a souligné le représentant.  Le Cameroun invite donc les pays riches à concrétiser les promesses qu’ils ont faites il y a longtemps et salue les États, peu nombreux, qui honorent les engagements qu’ils ont pris en matière d’aide publique au développement (APD) malgré la morosité économique actuelle.


Le continent africain a fait des progrès notables en matière de gouvernance, de primauté du droit et de mobilisation de ses ressources internes, a relevé le représentant.  Mais celles-ci demeurent insuffisantes, et les investissements directs étrangers vers l’Afrique ont baissé de 9% en 2010, a-t-il regretté.  Le représentant a expliqué que le Cameroun a entamé la mise en œuvre de sa stratégie de développement, soulignant que les principaux défis qui se posent aux pays en développement et leurs partenaires de coopération sont notamment relatifs à la nécessité d’assurer de meilleurs flux financiers, de concevoir des politiques claires et cohérentes, de respecter la saine concurrence par la promotion d’un commerce mondial équitable et de supprimer les subventions versées par les pays riches à leurs producteurs agricoles, créatrices de distorsions sur le marché mondial.  En guise de conclusion, le représentant a jugé impératif de donner pleinement corps au Consensus de Monterrey, ce qui passe par le suivi et la mise en œuvre efficients des engagements pris.  Le Cameroun approuve et soutient en conséquence la création d’une commission de suivi du financement du développement comme organe subsidiaire du Conseil économique et social (ECOSOC) et l’organisation d’une conférence sur l’examen de la mise en œuvre des termes du Consensus de Monterrey, de la Déclaration de Doha et autres questions pertinentes en 2013.


M. MODEST MERO (République-Unie de Tanzanie) a relevé que si l’économie mondiale continue à ralentir, tous les efforts déployés pour lutter contre la pauvreté et atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) seront mis en péril.  La République-Unie de Tanzanie juge donc urgent de modifier les politiques de développement actuelles pour pouvoir relever ces défis et s’inquiète des solutions proposées jusqu’à présent par la communauté internationale à la crise, toutes focalisées sur la réceptivité des marchés.


Rappelant notamment les termes du Consensus de Monterrey, adopté en 2002, du Sommet de Johannesburg de 2003, du Sommet du G-8 tenu à Gleneagles en 2005, et de la Déclaration de Doha de 2008, le représentant a souligné que la Tanzanie a adopté des politiques et des programmes afin de répondre à ses obligations internationales et de s’orienter vers la création d’une économie compétitive capable de maintenir une croissance durable et d’en partager les fruits, avec l’objectif de sortir de la catégorie des pays les moins avancés (PMA).  Malheureusement, elle doit supporter l’énorme fardeau de la dette extérieure et plaide en conséquence pour que la communauté internationale s’engage vraiment en faveur de la réduction de la pauvreté en annulant la dette multilatérale des PMA pour leur permettre de mobiliser des ressources pour le développement.


M. MOHAMED CHÉRIF DIALLO (Guinée) a relevé la baisse du niveau de l’aide publique au développement (APD) en 2011, qui se produit pour la première fois depuis de nombreuses années.  Il s’avère dès lors primordial que les engagements pris, notamment ceux pris dans le cadre du Consensus de Monterrey et de la Déclaration de Doha sur le financement du développement, soient concrétisés le plus rapidement possible, a-t-il dit.  Conscient que chaque pays est responsable au premier chef de son propre développement socioéconomique, le Gouvernement de la Guinée a lancé, depuis 2011, d’importantes initiatives pour favoriser la mobilisation de ressources, veiller à l’efficacité de l’aide conformément à la Déclaration de Paris, améliorer le climat des affaires, développer le partenariat public-privé et promouvoir les financements innovants, a indiqué M. Diallo.  Les recettes publiques ont augmenté et représentent 16,9% du PIB en 2011, suite à la mise en œuvre de mesures importantes adoptées par le Gouvernement, a-t-il précisé.  M. Diallo a aussi plaidé en faveur de l’exploration de nouvelles voies en vue d’améliorer l’accès aux ressources financières destinées aux pays en développement.  Il a indiqué que son pays a ainsi pris des mesures concrètes en vue de disposer de ressources supplémentaires, stables et prévisibles, comme celles provenant de l’instauration de la taxe sur les billets d’avion.  La Guinée a également pris des mesures en vue de promouvoir une meilleure utilisation des envois de fonds des migrants.  M. Diallo a enfin souligné l’importance de l’allègement de la dette extérieure de son pays, estimée à 2,4 milliards de dollars.


Mme ESNART MPOKOSA (Zambie) a rappelé que la mise en œuvre du Consensus de Monterrey et de la Déclaration de Doha, et les ressources qu’elle générerait sont censées accélérer la croissance.  Mais elle a constaté que cela n’a apparemment pas été possible en raison de la crise économique et financière mondiale.  La représentante a également relevé que le niveau de l’aide publique au développement (APD) est resté faible, notamment vers l’Afrique, et est très variable.  Aussi, la Zambie plaide-t-elle pour la création d’un cadre réglementaire pour le financement du développement et appelle ses partenaires à lui apporter l’aide prévue pour lui permettre de mettre en œuvre son programme de développement.  La Zambie reconnaît le rôle clef du secteur privé dans le domaine du développement et le Gouvernement zambien a limité le niveau de son emprunt national pour encourager le secteur privé à investir, entre dans les autres réformes.  La création d’un système commercial international plus équitable et plus équilibré doit être encouragée, a conclu la représentante.


M. IDRIS ISMAIL FARAGALLA HASSAN (Soudan) a expliqué que la question du financement du développement constitue une priorité pour son pays alors qu’il poursuit la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).  Il a expliqué que, malgré des richesses agricoles, aquatiques et animales, le Soudan souffre des sanctions qui lui sont imposées et qui l’empêchent d’atteindre un développement durable.  Il a demandé à la communauté internationale de fournir un appui financier et technique au Soudan pour soutenir les efforts que le pays déploie en vue de parvenir au développement.  Le Soudan sollicite aussi le soutien de la communauté internationale dans ses efforts en vue d’atteindre la paix.  Le représentant a rappelé que la création de la République du Soudan du Sud a eu pour conséquences de priver le Soudan de 90% de ses revenus pétroliers et l’a contraint à développer ses propres infrastructures.  Il a mentionné à cet égard l’investissement effectué dans la construction d’un grand barrage en vue de générer suffisamment d’électricité et alimenter en eau les terres agricoles soudanaises.  Le représentant a ensuite appelé à réformer les institutions de Bretton Woods et celles de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), afin qu’elles soient plus justes et plus transparentes.  Il a aussi appelé de ses vœux la mise en place d’un nouvel ordre économique et financier mondial.  Le représentant a souhaité que son pays puisse adhérer à l’OMC et bénéficier d’une aide pour continuer sur la voie de la paix.


M. VICTOR LAUTARO OVALLES-SANTOS (Venezuela) a notamment évoqué le processus de renforcement du suivi du financement du développement, estimant qu’il est important de mettre en place un mécanisme pour combler les lacunes existant entre les engagements pris et la réalité.  Ce mécanisme devrait renforcer la cohérence des systèmes financiers et commerciaux, a déclaré le représentant, et la tenue d’une conférence de suivi de la mise en œuvre du financement du développement est nécessaire.  De plus, les Nations Unies devraient voir leur rôle renforcé dans le suivi de l’application du Consensus de Monterrey et de la Déclaration de Doha.


Les effets menaçants de la crise financière, notamment celle qui perdure au sein de la zone euro, pourraient affecter la viabilité de la dette de beaucoup de pays en développement, a-t-il averti, appelant la communauté internationale à décider d’une restructuration de la dette orientée sur les résultats.  Enfin, il est urgent de mobiliser des ressources financières pour le développement et d’adopter des mesures à faible coût pour permettre aux pays de renforcer leurs réserves en devises et liquidités, a-t-il conclu.


QUESTIONS DE POLITIQUE MACROÉCONOMIQUE


a) Commerce international et développement


Rapport du Secrétaire général (A/67/184)


Le Secrétaire général rappelle qu’à la treizième session de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), tenue du 21 au 26 avril 2012 à Doha (Qatar), un consensus international s’est dégagé autour de la nécessité d’axer la mondialisation sur le développement de manière à aboutir à un développement durable et équitable, et de garantir la mise en place d’un système commercial multilatéral ouvert, transparent, non exclusif, non discriminatoire et fondé sur des règles reconnues et consensuelles.


Le Secrétaire général note que le commerce international demeure un important moteur de croissance et de développement.  Le ralentissement récent de la croissance dans d’importants pôles de production dans le monde en développement, la crise de la zone euro, la persistance du chômage et la montée de l’inégalité assombrissent les perspectives du commerce international à court terme.  À plus long terme, des problèmes découlant des réalités du XXIe siècle, qui modifient les conditions du commerce mondial, et des problèmes mondiaux pressants, extérieurs au commerce, exigent des réponses cohérentes, centrées sur le développement, y compris une politique commerciale.


Alors que les chaînes de valeur mondiales offrent des perspectives intéressantes, elles ne sont pas une panacée, et des problèmes commerciaux existant de longue date ne doivent pas être oubliés dans la poursuite d’un développement équitable.  Le Secrétaire général préconise donc une adaptation du système commercial multilatéral à l’évolution de la situation dans le monde, à un moment où pourtant ce système commercial se heurte à la difficulté d’achever les négociations commerciales du Cycle de Doha.


Il demande d’évaluer avec soin les conséquences, sur le commerce et le développement, du traitement des problèmes du XXIe siècle dans le cadre du système commercial international.  La persistance des problèmes de développement donne à penser qu’il faut continuer à aider les pays en développement à augmenter leur potentiel productif et à créer des emplois.  Il faut s’assurer que les approches régionales complètent le multilatéralisme et qu’ensemble, ils offrent bien un environnement favorable à un développement équitable et durable.


Rapport du Conseil du commerce et du développement sur sa cinquante-quatrième réunion directive (A/67/15 (Part I))


Le rapport résume les débats de la séance plénière du Conseil du commerce et du développement à sa réunion directive de novembre 2011.  Au cours de cette discussion, il a été noté que, malgré les aspects positifs du Programme d’action d’Istanbul sur les pays les moins avancés (PMA), il était décourageant de constater que seuls trois pays étaient sortis de la catégorie des PMA depuis sa création (soit un par décennie).  Il faut donc redoubler d’efforts pour atteindre l’objectif adopté à la quatrième Conférence des Nations Unies sur les PMA, qui visait à permettre à la moitié de ces pays de satisfaire aux critères de sortie d’ici à 2020. 


Le rapport présente aussi la discussion ayant eu lieu au cours de la Réunion-débat d’experts portant sur le thème « Coopération Sud-Sud et intégration régionale pour un développement équitable et durable dans les PMA ».  Il est apparu notamment que certaines caractéristiques de la coopération Sud-Sud étaient particulièrement favorables aux PMA, notamment la possibilité de partager l’expérience acquise en matière de développement avec d’autres pays du Sud qui étaient plus avancés mais qui restaient encore, à de nombreux égards, comparables aux PMA, et les effets stimulants qui en découlaient pour le renforcement des capacités.  Les PMA pourraient aussi bénéficier d’autres sources de financement provenant de certains pays émergents.


Rapport du Conseil du commerce et du développement sur les travaux de sa vingt-cinquième session extraordinaire (A/67/15 (Part II))


Ce rapport offre le compte-rendu de la vingt-cinquième session extraordinaire du Conseil du commerce et du développement, tenue en mars 2012.  Le Secrétaire général, qui est intervenu à cette session, a soulevé la question de la durabilité grâce à une croissance équitable, associée à des considérations environnementales, demandant que cette question soit au cœur des prochains débats sur le commerce et le développement.  Il a souligné que les processus multilatéraux devaient être poursuivis avec vigueur et dans un esprit collectif, témoignant d’une unité au niveau mondial et d’un système multilatéral équitable, si l’on voulait réaliser les objectifs communs.


Rapport du Conseil du commerce et du développement sur sa vingt-sixième session extraordinaire (A/67/15 (Part III))


Ce rapport contient une décision du Conseil du commerce et du développement aux termes de laquelle le Conseil remercie le Corps commun d’inspection (CCI) d’avoir procédé à l’examen de la gestion et de l’administration de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED).  Il réaffirme que des efforts supplémentaires devraient être déployés pour renforcer durablement l’efficacité, l’efficience, la transparence, la responsabilité, l’universalité et la pertinence de la CNUCED dans l’accomplissement de son mandat, au profit de tous ses États membres.  Il demande d’établir un projet de plan de travail chiffré et détaillé, assorti d’un calendrier de mise en œuvre, dans la limite des ressources disponibles, pour améliorer encore la gestion et l’administration de la CNUCED.


Il présente aussi le résumé des débats qui ont eu trait à l’examen du CCI.  Il est notamment apparu nécessaire de diffuser une information globale et précise sur les activités de la CNUCED et leurs incidences.  Par ailleurs, une délégation a demandé au Secrétariat de fournir des informations claires concernant les recommandations qui pouvaient être mises en œuvre, celles qui ne le pouvaient pas, et celles qui avaient déjà été mises en œuvre.


b) Système financier international et développement


Rapport du Secrétaire général (A/67/187)


Le Secrétaire général remarque dans ce rapport que, au cours de l’année écoulée, les déséquilibres extérieurs des grandes économies se sont stabilisés à environ la moitié de leurs niveaux d’avant la crise, mais demeurent un sujet de préoccupation pour les décideurs.  Les déséquilibres mondiaux et l’accumulation corrélative de réserves de change par un certain nombre de pays en développement ont conduit à un important transfert net de ressources financières des pays en développement vers les pays développés.  Les flux nets de capitaux privés vers les pays en développement ont enregistré un ralentissement au second semestre de 2011.  En outre, 2011 a été marquée par la première baisse annuelle en valeur réelle nette, depuis de nombreuses années, de l’aide publique au développement provenant de pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (ODE) membres du Comité d’aide au développement (CAD).  Les mouvements de capitaux tant privés que publics en direction des pays en développement restent imprévisibles et instables.


La réglementation financière au niveau international a été axée sur la mise en œuvre du dispositif de Bâle III, le renforcement de la réglementation des grandes institutions financières, et l’élargissement du périmètre de la réglementation au système bancaire parallèle et aux marchés de produits dérivés de gré à gré.  Le succès de la réforme de la réglementation financière internationale dépend de la rapidité, de la complétude et de la cohérence des politiques suivies dans ces domaines au niveau mondial, souligne Ban Ki-moon.


Le FMI a pris plusieurs mesures pour renforcer ses activités de surveillance.  Des travaux sont en cours au Fonds en vue de poursuivre la réforme et d’élargir sa conception de la surveillance.  En outre, une meilleure coopération et une meilleure coordination des politiques économiques et financières au niveau international sont nécessaires pour faire face aux problèmes financiers et économiques pressants.


La stabilité financière internationale pourrait encore être améliorée grâce à la mise en place de mécanismes réglementaires internationaux visant tant à faciliter la restructuration de la dette en temps opportun qu’à rendre plus claires les règles qui s’appliqueront à la restructuration de la dette souveraine.  Le Secrétaire général recommande de rechercher des mesures de réglementation des agences de notation de crédit en vue d’améliorer leur capacité d’évaluer de façon adéquate la solvabilité des emprunteurs.


Des mesures ont été prises pour renforcer le filet de sécurité financière mondial, mais les ressources collectives disponibles demeurent modestes en regard des réserves accumulées par les banques centrales nationales.  Une coopération plus étroite entre le FMI, les banques centrales nationales et les mécanismes régionaux et sous-régionaux serait un facteur décisif pour renforcer ce dispositif.  À cet égard, il pourrait être envisagé de confier au FMI un rôle plus important dans la coordination et la gestion des différentes strates du système de sécurité financière mondial.


En ce qui concerne les mesures macroprudentielles, elles sont des outils utiles pour atténuer l’incidence des mouvements de capitaux instables, mais devraient en général être envisagées dans le cadre d’un dispositif comprenant des mesures macroéconomiques bien conçues et, dans certains cas, des mesures de réglementation des mouvements de capitaux.  L’efficacité de la réglementation des mouvements de capitaux dépend en grande partie de la situation propre à chaque pays.  Il n’existe pas de solution toute faite, et il conviendrait de prendre en considération, en concevant et en appliquant cette réglementation, la situation particulière de chaque pays.


Les institutions de Bretton Woods ont pris des mesures importantes visant à rendre leur structure de gouvernance plus représentative, plus souple et plus responsable.  Les mesures de réforme de la gouvernance convenues en 2010 doivent être appliquées dans les meilleurs délais, demande le Secrétaire général.  « La sélection des futurs dirigeants des institutions de Bretton Woods devra s’inspirer du processus ouvert selon lequel le Président de la Banque mondiale a récemment été nommé », indique Ban Ki-moon.


c) Soutenabilité de la dette extérieure et développement


Rapport du Secrétaire général (A/67/174)


Le Secrétaire général remarque que, jusqu’à présent, les pays en développement ont dans l’ensemble bien résisté à l’instabilité financière mondiale découlant de la crise de la zone euro.  Les ratios d’endettement extérieur ont continué de s’améliorer dans la plupart des régions en développement (à l’exception de l’Amérique latine et de l’Asie du Sud, où le rapport de la dette au revenu national brut en 2011 devrait être légèrement supérieur à celui de 2010), ainsi que dans le groupe des 48 pays les moins avancés.


Cependant, de nombreux pays sont désormais vulnérables en raison de l’augmentation de leur dette publique intérieure.  En outre, les moyennes régionales examinées dans le présent rapport masquent une forte hétérogénéité, un certain nombre de pays étant encore surendettés ou courant un risque élevé de surendettement, y compris des pays qui viennent de mener à bien l’Initiative en faveur des pays pauvres très endettés.  L’augmentation de la dette à court terme peut également rendre les pays plus vulnérables, en particulier si la situation en Europe se détériore, et porter atteinte à la croissance fragile des pays en développement.


Les crises graves résultent parfois de chocs externes, mais elles peuvent aussi être le fait de l’irresponsabilité des bailleurs de fonds et des emprunteurs.  Pour limiter le coût et l’importance des crises d’endettement, il faut agir avec prudence.  Gardant cet objectif à l’esprit, le secrétariat de la CNUCED a établi un ensemble de principes relatifs à la promotion de prêts et d’emprunts souverains responsables soutenu par de plus en plus de pays en développement et de pays développés.


Les participants au Sommet du Groupe BRICS (Brésil, Fédération de Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud), qui s’est tenu à New Delhi en mars 2012, ont décidé de constituer un groupe de travail chargé d’étudier la possibilité de créer une nouvelle banque de développement qui mobiliserait des ressources destinées à des projets d’infrastructure et de développement durable dans les pays membres du groupe et sur d’autres marchés émergents et dans d’autres économies en développement.  Cette banque pourrait être financée en partie grâce aux importantes réserves de devises accumulées par les pays en développement et en transition et actuellement affectées à des obligations d’État à faible rendement émises par les pays avancés.  Une réaffectation des réserves en devises hors des pays développés pourrait aussi contribuer à stimuler la demande dans les pays en développement et donc à remédier aux déséquilibres macroéconomiques actuels.


Les agences de notation restent des acteurs essentiels au sein de l’architecture financière internationale.  Le secteur de la notation financière doit toutefois être modernisé afin de limiter les conflits d’intérêts et les effets potentiellement perturbateurs des mesures de notation.  La réouverture du débat sur la création d’un mécanisme bien conçu chargé de la restructuration de la dette souveraine suscite un regain d’intérêt.  Il faudrait dans un premier temps définir clairement les problèmes qu’un tel mécanisme devrait traiter.


Déclaration liminaire


Intervenant après la présentation des rapports du Secrétaire général et du Conseil du commerce et du développementM. HAMAD BIN ABDULAZIZ AL-KUWARI, Ministre de la culture, des arts et de l’héritage du Qatar, qui assurait en avril dernier à Doha la présidence de la treizième session de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED XIII), a invité les États Membres à poursuivre la coopération qui prévaut depuis cette Conférence et celle sur le développement durable (Rio+20).  Les quatre prochaines années présentent des occasions uniques et peut-être historiques, a-t-il estimé.  En 2014, nous allons célébrer les cinquantièmes anniversaires de la CNUCED et du Groupe des 77 et de la Chine, a-t-il rappelé.  Il a assuré qu’il ferait son possible, en tant que président de la CNUCED XIII, pour permettre à cette institution de jouer son rôle dans le cours du développement.  Le « Phare de Doha » et le « Mandat de Doha », Documents finaux de la treizième CNUCED, contribueront aux efforts mondiaux en ce sens, a-t-il ajouté. 


La Conférence Rio+20 a mis en évidence les menaces au développement durable, a poursuivi le Ministre qatarien.  Il a souhaité que la gouvernance économique mondiale soit revue, au terme d’un débat franc sur le sujet.  La CNUCED XIII a réitéré le caractère inacceptable de la pauvreté et souligné les déséquilibres économiques actuels, a rappelé M. Al-Kuwari.  Il a demandé à la Commission d’envoyer un message d’équité, en vue d’arriver à un monde où chacun puisse profiter des fruits du développement.  Il a espéré que la CNUCED pourrait contribuer à l’élaboration du programme de développement post-2015, notamment en ce qui concerne les questions relatives aux capacités de production des pays.


Débat interactif


Le représentant de la République arabe syrienne a rappelé que des mesures illégitimes étaient imposées aux pays en développement.  Ce sont des mesures coercitives qui sont de nature purement politique, a-t-il dénoncé.  Estimant que ces attitudes négatives portent atteinte aux capacités des pays en développement à poursuivre leur développement, et qu’elles créent des distorsions au commerce multilatéral, il a demandé comment la CNUCED pouvait y faire face.  Il a aussi voulu savoir pourquoi les rapports ne mentionnent pas souvent cet élément, alors que le document final de Rio+20 en tient compte.


Répondant à ces questions, M. GUILLERMO VALLES, Directeur de la Division du commerce de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), a souligné le « caractère sensible » de la question des mesures unilatérales.  Elle a été examinée au sein de la CNUCED à Genève ainsi que dans différentes instances de l’ONU à New York, a-t-il assuré.  Nous étudions aussi les mesures non tarifaires, qu’elles soient légitimes ou pas, qui ont des incidences sur les échanges commerciaux.  Nous continuerons d’examiner cette question des mesures non tarifaires, qui comprennent toutes sortes de mesures et d’outils ayant des portées différentes.  Certaines sont de nature politique, a-t-il relevé, invitant les organes politiques de l’ONU à s’en occuper.


Reprenant la parole, le représentant de la République arabe syrienne a insisté sur l’impact négatif de ces mesures sur le développement durable.  Il a demandé que les rapports pertinents mettent en exergue les droits de l’homme et notamment le droit au développement.  C’est une question étroitement liée aux travaux de la Deuxième Commission, a-t-il estimé.


Débat général


M. LARBI DJACTA(Algérie), parlant au nom du Groupe des 77 et de la Chine, s’est inquiété des problèmes systémiques qui affectent le commerce international et le développement, ainsi que des turbulences qui affectent les marchés financiers.  Il a réaffirmé que le commerce international est un outil crucial pour la croissance durable sur le long terme.  Il a exhorté les pays développés à renoncer à leurs mesures protectionnistes, notamment aux barrières tarifaires et non tarifaires.  Il les a appelés à remplir les engagements pris dans la Déclaration de Doha de 2001, qui sont en faveur de l’octroi d’un traitement spécial et différencié aux produits des pays en développement, en tenant compte des besoins particuliers des PMA.


Le représentant a également appelé à conclure rapidement le Cycle de négociations commerciales de Doha.  En outre, les pays développés doivent mettre en œuvre les mesures d’assistance technique en matière commerciale et de renforcement des capacités des pays en développement, a-t-il ajouté.  M. Djacta a rappelé que le Document final de la treizième session de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED XIII), tenue à Doha en avril 2012, a réaffirmé le mandat de cet organe en tant que point focal pour les questions du commerce international et du développement.  Il a par ailleurs invité la Commission à renforcer les échanges commerciaux Sud-Sud, avant de se prononcer contre les mesures économiques coercitives, comme les sanctions unilatérales.


Abordant le sujet « Système financier international et développement », le représentant a appelé les pays développés à relever le niveau de leur aide publique au développement (APD), leur demandant de respecter pleinement les engagements pris en la matière.  Il a ajouté que cette source de financement doit respecter les priorités nationales des pays en développement.  Il a aussi appelé à réformer les institutions de Bretton Woods afin d’en revoir la structure de gouvernance et d’y voir mieux représentés les pays en développement.


Enfin, M. Djacta a souligné la nécessité d’alléger la dette extérieure des pays en développement, que ce soit par son annulation ou sa restructuration, et il a demandé à la communauté internationale d’adopter un mécanisme à cet effet.  Le représentant a préconisé que des solutions soient trouvées afin de réduire les risques que présente la dette souveraine des pays développés.  Rappelant que l’allocation de droits de tirage spéciaux (DTS) a contribué à augmenter les liquidités mondiales, il a encouragé la communauté internationale à discuter des moyens de promouvoir la stabilité financière et économique à long terme et le bon fonctionnement du système monétaire international.


M. RAYMOND WOLFE (Jamaïque), s’exprimant au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a souligné que les débats de cette Commission étaient placés sous le signe de la crise économique et financière mondiale, dont les effets continuent de toucher gravement les petites économies en développement.  Dans la CARICOM, la baisse des revenus du tourisme et des envois de fonds des migrants, la hausse des prix des produits de base ainsi que ceux de l’énergie, et l’augmentation du chômage ont particulièrement affecté les économies des petites îles.  Ces difficultés ont encore été aggravées par la baisse des ressources financières pour le développement, dont l’aide publique au développement (APD), a indiqué le représentant.  Ce constat posé, M. Wolfe a déclaré que l’incertitude économique de ces dernières années avait largement démontré la nécessité d’une gouvernance économique mondiale transparente, inclusive, bien coordonnée et réactive face à la dynamique de l’économie du XXIe siècle.  La CARICOM plaide pour une réforme des institutions de Bretton Woods et salue les pas déjà effectués vers une gouvernance plus représentative, ouverte, transparente, réactive et responsable de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international.  Elle appelle aujourd’hui les pays membres à ratifier les accords en ce sens. 


Quant au sujet de la dette, il est d’une importance capitale pour les petites économies de la CARICOM, handicapées par une dette extérieure très élevée et, pour certaines, par une dette intérieure supérieure à 100% de leur produit intérieur brut (PIB), a observé le représentant.  La majorité des 14 États membres de la Communauté des caraïbes sont des pays à revenu intermédiaire, ce qui a limité à la fois leur accès aux prêts et financements à taux réduit et aux allègements de dette.  En conséquence, la CARICOM demande à la communauté internationale de revoir ses positions par rapport aux pays à revenu intermédiaire pour leur permettre d’accéder à des financements à de meilleurs taux d’emprunt, ce qui leur donnerait une marge de manœuvre budgétaire nécessaire au développement.


Enfin, la CARICOM s’est déclarée satisfaite des résultats de la treizième session de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), qui s’est tenue à Doha, Qatar, en avril, et qui a mis en avant les liens inextricables existant entre le commerce international, la croissance économique et les efforts vers un développement durable.  Même si l’Organisation mondiale du commerce (OMC) est le cadre de négociations du Cycle de Doha, la CARICOM estime que la Deuxième Commission procure aussi un espace de dialogue constructif sur le commerce international et son impact sur le développement, a conclu M. Wolfe.


M. ABDUL SHUKOR MOHD SULTAN, Sénateur de Malaisie, s’exprimant au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), a expliqué que les performances économiques des États membres de l’ASEAN ont fait preuve de résilience depuis la relance qui y a eu lieu après la crise mondiale de 2008.  Cette reprise a été soutenue par une demande intérieure solide et pérenne, de solides fondements macroéconomiques, de bilans d’entreprises et de banques sains, et la poursuite de réformes structurelles menées depuis 1997.  Le représentant a fait part de sa confiance dans la croissance économique de la zone ASEAN mais a indiqué que les gouvernements restent vigilants vis-à-vis des chocs extérieurs.


Les crises économique et financière ont démontré la nécessité de renforcer la surveillance multilatérale de l’économie mondiale et l’ASEAN est en outre favorable à une coordination et une coopération régionales pour faire face aux défis mondiaux.  Les pays de l’ASEAN ont déjà lancé plusieurs programmes en ce sens.  L’ASEAN a également approfondi les réformes économiques structurelles, promu la demande intérieure et le marché de l’emploi, le commerce, l’investissement, et résisté au protectionnisme.  L’ASEAN appelle tous les pays à résister aux tendances au repli à l’intérieur de leurs frontières en temps de crise, ce qui a des répercussions négatives, en particulier sur les pays en développement, a souligné le représentant.  Elle demande à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) ainsi qu’à la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) de continuer à contrôler les politiques protectionnistes.  Elle prie les pays les plus développés de faire preuve de flexibilité et de volonté politique pour sortir les négociations du Cycle de Doha de l’impasse.  


En conclusion, M. Abdul Shukor n a expliqué que l’ASEAN vise la mise en place d’un marché unique en 2015 et la libéralisation progressive des services financiers à l’intérieur de sa zone ainsi que l’intégration de ses marchés de capitaux.  Elle considère que l’intégration économique relancerait le commerce et les investissements régionaux et qu’elle soutiendrait tous ses pays membres, qui en sont à des stades différents de développement.


M. JEAN-FRANCIS ZINSOU (Bénin), parlant au nom du Groupe des pays les moins avancés (PMA), a expliqué que ces pays étaient très affectés par les conséquences de la crise actuelle sur le commerce, alors que le Programme d’action d’Istanbul les invite à doubler le niveau de leur participation au commerce international d’ici à 2020.  Il a noté que le Cycle de négociations commerciales de Doha était toujours dans une impasse, à tel point que la Conférence ministérielle de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) avait conclu, en décembre 2011, que ces négociations ne seraient pas achevées dans un avenir proche.  M. Zinsou s’est inquiété en particulier que les mesures spéciales en faveur des PMA, comprenant notamment un accès aux marchés en franchise de droits et hors quotas, n’ait pas été concrétisées.


Comme le prévoit le Programme d’action d’Istanbul, il a demandé aux partenaires de développement d’aider les PMA à renforcer leurs capacités humaines, institutionnelles et réglementaires en matière commerciale, ainsi qu’à renforcer leur productivité et leur compétitivité.  Il a aussi plaidé en faveur d’un accès préférentiel au marché pour les services fournis par ces pays, expliquant que cela leur permettrait de diversifier leurs exportations.  M. Zinsou a demandé à tous les États Membres de concrétiser la promesse d’octroyer aux produits des PMA un accès aux marchés en franchise de droits et hors quotas, comme prévu par la Déclaration de Hong Kong adoptée par l’OMC en 2005, et de résister à la tentation protectionniste actuelle.  Il a demandé l’élimination des barrières non tarifaires injustifiées et a requis que soient définies des règles de contrôle pouvant garantir aux exportations des PMA un accès aux marchés en franchise de droits et hors quotas.


M. AMERICO BEVIGLIA ZAMPETTI, de l’Union européenne (UE), a fait part de l’accord et du soutien de ses États membres aux initiatives multilatérales visant à relever les défis multidimensionnels qui se posent à l’économie mondiale, en particulier ceux affectant les pays les plus pauvres et les plus vulnérables.  L’Union européenne reste particulièrement attachée à assurer des politiques cohérentes et consistantes dans le suivi de la Conférence sur le développement durable (Rio+20), dans la préparation de l’Agenda pour le développement post-2015, dans le processus de financement du développement mais aussi dans tous les processus relatifs à la démocratie, à l’état de droit, aux droits de l’homme, à l’égalité de genres, à l’autonomisation des femmes et aux migrations.  Concernant les questions de politique macroéconomique, l’Union européenne reste persuadée que le commerce, le système financier international et la dette extérieure sont très liés au financement pour le développement, bien que ces sujets ne figurent pas aux mêmes points de l’ordre du jour des débats, a dit le représentant.  Elle est également convaincue que ces sujets doivent être traités dans le cadre du Consensus de Monterrey de 2002 et de la Déclaration de Doha qui lui a fait suite en 2008. 


L’Union européenne est favorable à la promotion d’une croissance forte, durable et équilibrée, à la résistance au protectionnisme et au renforcement du système de commerce international de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) sur des bases ouvertes, non discriminantes et équitables.  Le représentant a indiqué que l’Union européenne fournit aux pays en développement un large éventail de mécanismes afin de mieux exploiter leurs potentiels commerciaux en créant des opportunités par le biais du Système généralisé de préférences.  La crise financière a accéléré le processus de réformes visant à améliorer la gouvernance économique mondiale et le fonctionnement de l’architecture financière internationale, a observé le représentant.  En ce sens, l’Union européenne est favorable aux décisions prises récemment pour renforcer la régulation, la supervision et la surveillance du système financier international.  Elle soutient également la décision de réformer les quotas de vote au sein du Fonds monétaire international (FMI) afin d’y rééquilibrer ainsi la représentativité des pays et d’augmenter ses ressources. 


M. BARRY HASSE (Australie), s’exprimant au nom du Groupe de Cairns, a insisté sur le fait qu’il fallait parvenir à la conclusion des négociations non abouties portant sur le commerce des produits agricoles, qui font partie des pourparlers du Cycle de Doha.  Il a encouragé les États Membres des Nations Unies à s’engager de manière constructive sur les questions concernant l’agriculture.  S’attaquer aux déséquilibres mondiaux et aux distorsions commerciales existant dans le monde agricole est très important pour le développement, a souligné le représentant, que ce soit en termes d’efficacité des marchés, d’investissements dans l’agriculture, de prix des denrées ou de sécurité alimentaire.


Revenant à la question abordée ce matin par la Commission, M. GILLES RIVARD (Canada), parlant au nom du Groupe CANZ (Canada, Australie et Nouvelle-Zélande), a soutenu énergiquement le Consensus de Monterrey et la Déclaration de Doha sur le financement du développement.  Il a estimé essentielles l’appropriation nationale et la bonne gouvernance.  Il a aussi souligné le rôle clef que joue le secteur public dans la mise en place de conditions économiques générales nécessaires à une croissance stimulée par les marchés, y compris au moyen d’institutions économiques efficaces et transparentes.  Le représentant a également invité la Commission et les États Membres à tirer parti des ressources et du savoir-faire du secteur privé, afin notamment de créer des emplois sûrs et bien rémunérés.  Alors que les ressources provenant de l’aide publique au développement (APD) sont de plus en plus limitées, il a appelé à mobiliser toutes les sources de financements.  Nous appuyons les travaux de la communauté internationale sur l’efficacité de l’aide, notamment le Partenariat de Busan pour une coopération efficace au service du développement.


Le commerce ouvert a longtemps été un moteur puissant pour la croissance économique et cela est encore plus vrai en cette période difficile pour l’économie mondiale, a poursuivi M. Rivard.  Nous croyons que l’ouverture des marchés crée des emplois et favorise la croissance économique, a-t-il ajouté.  Il s’est dit résolu à faire progresser le programme multilatéral de libéralisation des échanges commerciaux de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), malgré l’impasse dans laquelle se trouve le Cycle de Doha.  Outre les améliorations apportées à l’accès aux marchés, il est essentiel de renforcer les efforts d’aide au commerce, a-t-il dit, en particulier pour les pays les moins avancés (PMA).  Le représentant a demandé par ailleurs aux pays développés de renoncer aux mesures protectionnistes, alors que le nombre de ces mesures continue d’augmenter.  Enfin, sur la question de la dette publique, il a appelé les gouvernements à trouver un équilibre entre les mesures de relance économique à court terme et la réduction de la dette à moyen terme.  Il a aussi soutenu les réformes en cours menées au sein des institutions de Bretton Woods.


M. DAOVY VONGXAY (République démocratique populaire lao), parlant au nom des pays en développement sans littoral, a invité la communauté internationale à débloquer les négociations commerciales menées au niveau international dans tous les domaines.  Il a plaidé en faveur d’un système commercial unilatéral non discriminatoire, permettant à chaque pays de participer de manière bénéfique au commerce international.  Le manque d’accès à la mer représente un obstacle aux activités commerciales de nos pays, a-t-il indiqué.  Il a signalé que le volume des exportations des pays enclavés a néanmoins augmenté entre 2003 et 2010, passant de 33 à 158 milliards de dollars.  Nous avons aussi travaillé à la suppression des barrières physiques ou autres qui s’opposaient à nos efforts de participation au commerce mondial.  Le représentant a également mentionné les améliorations apportées aux infrastructures de transport et de communication dans ces pays.  Des initiatives ont été prises pour réduire la durée du transit et faciliter les contrôles aux frontières, a-t-il ajouté.


Malgré ces progrès, les pays enclavés n’ont pas encore atteint leur potentiel dans les échanges internationaux, a regretté M. Vongxay, à cause notamment du manque de diversification des exportations, de l’absence des ressources en matières premières et de l’absence de système logistique qui entrainent une imprévisibilité de la chaine d’approvisionnement.  Il a aussi regretté l’impasse dans laquelle sont les négociations commerciales du Cycle de Doha et le protectionnisme accru des pays développés.  Les conséquences des changements climatiques sur le secteur agricole constituent d’autres obstacles au développement du commerce international des pays enclavés, a-t-il ajouté.  Le représentant a ensuite remercié la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement pour ses efforts en ce sens.  L’adhésion à l’Organisation mondiale du commerce serait un élément utile pour les pays sans littoral, a-t-il ajouté, se réjouissant que le Kazakhstan et la République démocratique populaire lao fassent partie des premiers pays dont la candidature est envisagée.


Mme IRINA A. MEDVEDEVA (Fédération de Russie) a d’abord souligné que la Fédération de Russie est favorable à un système équitable et équilibré de commerce international et qu’elle accorde une grande importance aux échanges commerciaux, qui doivent contribuer au développement durable.  Sa délégation espère que l’adhésion, après des années de négociations, de la Russie à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) en août 2012 permettra d’améliorer le climat des affaires pour les entreprises en Russie et la croissance des investissements, ce qui passe par l’adoption d’une législation et de normes internationales adaptées aux différents secteurs.  La représentante a indiqué que la Fédération de Russie est favorable au processus d’intégration économique mené dans l’espace de la Communauté des États indépendants (CEI) et que l’union douanière prévue dans ce cadre a tenu compte de l’expérience internationale, grâce à la prise en compte des normes de l’OMC, qui seront appliquées sur tout le territoire de la CEI.  La Russie se félicite de la conclusion de la treizième Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), principal centre de coordination sur les questions de commerce et de développement, a indiqué la représentante.  La Fédération de Russie est prête à ouvrir le dialogue pour renforcer les mécanismes de régulation du commerce international, a conclu la représentante. 


Après avoir rappelé les impacts négatifs de la crise économique, M. LEE DONG LEE (République de Corée) a souligné l’importance de promouvoir le commerce et l’investissement étranger direct (IED) dans les pays en développement, ceux-ci étant directement liés à la création d’un cercle vertueux de développement économique.  À cet égard, l’initiative « Aide pour le commerce » a procuré d’utiles outils aux pays en développement, et il est important de les aider à s’insérer dans l’environnement commercial mondial, caractérisé par ses changements rapides, a dit le représentant.


La République de Corée a toujours affirmé que les difficultés économiques et financières mondiales ne devaient pas servir d’excuse aux tenants du protectionnisme économique, dont les effets sont négatifs y compris pour ceux qui initient de telles barrières, a-t-il indiqué.  Par ailleurs, la financiarisation du commerce des produits de base a rendu plus complexe la volatilité des prix de ces produits, a affirmé le représentant en plaidant pour la mise en place d’un cadre de régulation en la matière.


M. Q. JAWHARA (Jamahiriya arabe libyenne) a proposé d’étudier les fluctuations des marchés des matières premières en vue de prendre des mesures permettant de limiter la pauvreté dans les pays qui en sont producteurs.  Il a aussi plaidé en faveur d’un système commercial multilatéral équitable et plus ouvert, soulignant que le commerce était un facteur stratégique du processus de développement.  Pour régler le problème de la dette, il a demandé d’assurer des flux de capitaux consistants vers les pays en développement.  Il a aussi mis l’accent sur la réforme du système financier international qui, de son avis, doit être globale et exhaustive.  Il a également observé que la crise économique et financière actuelle se reflète sur les politiques de développement, car les pays les moins avancés (PMA) sont ceux qui subissent le plus les incidences de la crise.  Le représentant a souligné la nécessité de conjuguer tous les efforts de la communauté internationale afin de garantir un niveau tolérable de dette extérieure aux pays en développement.  Ces derniers devraient d’autre part bénéficier d’une meilleure représentation dans les institutions financières internationales, a-t-il ajouté. 


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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