CS/10398

Le succès de la transition afghane fragilisé par une insécurité déconcertante, affirme le Représentant spécial au Conseil de sécurité

29/09/2011
Conseil de sécuritéCS/10398
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Conseil de sécurité

6625e séance – matin


LE SUCCÈS DE LA TRANSITION AFGHANE FRAGILISÉ PAR UNE INSÉCURITÉ DÉCONCERTANTE,

AFFIRME LE REPRÉSENTANT SPÉCIAL AU CONSEIL DE SÉCURITÉ


Les Conférences internationales d’Istanbul et de Bonn devraient, estiment

les délégations, redéfinir l’appui de la communauté internationale à l’Afghanistan


C’est dans un climat assombri par l’assassinat, il y a une semaine, du Professeur Burhanuddin Rabbani, l’ancien Président de l’Afghanistan et Président du Haut Conseil pour la paix, que le Représentant spécial du Secrétaire général pour l’Afghanistan, M. Staffan de Mistura, s’est adressé, ce matin, au Conseil de sécurité pour dresser un bilan de la situation dans ce pays, « marquée par une très forte instabilité politique et des niveaux déconcertants d’insécurité ».


C’est en ces termes que M. Ban Ki-moon s’exprime dans le rapport dont était saisi ce matin le Conseil, à l’occasion d’un débat qui a réuni, outre ses membres, une dizaine d’intervenants, dont le Ministre des affaires étrangères de l’Afghanistan, M. Zalmai Rassoul, et le Chef par intérim de la délégation de l’Union européenne, M. Pedro Serrano.


Dans ce document, le Secrétaire général se déclare « profondément préoccupé par le nombre croissant de victimes civiles et par les conditions difficiles pour les civils nationaux et internationaux, notamment le personnel de la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA) ».


Le Ministre afghan des affaires étrangères a dénoncé les attaques terroristes lancées depuis des « sanctuaires » situés en dehors des frontières de l’Afghanistan et qui génèrent un « niveau sans précédent de colère et de frustration parmi la population afghane ».  Le représentant du Pakistan a assuré, de son côté, que les troupes pakistanaises, déployées le long de la frontière avec son voisin, étaient, de par leur nombre, plus importantes que celles des forces internationales présentes en Afghanistan.


Les membres du Conseil ont unanimement condamné, dans les termes les plus vigoureux, l’attaque qui a coûté la vie au Professeur Rabbani, considéré comme « un artisan du retour de la paix » en Afghanistan, selon les mots de M. de Mistura.  Tout en rendant hommage à l’ancien Président afghan, le représentant du Pakistan, M. Abdullah Hussain Haroon, a cependant rappelé que le nom de l’individu qui aurait été identifié comme étant le coordonnateur de cette attaque avait été retiré, deux mois plus tôt, de la liste des individus et entités établie par le Comité du Conseil de sécurité, créé par la résolution 1988 (2011) pour assurer le suivi de l’application des sanctions visant les Taliban.


À la lumière de cet incident, il serait peut-être bienvenu que le Conseil de sécurité envisage de réviser les critères qui président à la mise à jour de la liste récapitulative, a suggéré le représentant du Royaume-Uni, M. Mark Lyall Grant.


La mort tragique du Professeur Rabbani souligne, estime le Représentant spécial, appuyé en ce sens par les membres du Conseil, l’importance pour les Forces de sécurité afghanes de continuer de faire preuve de « capacités indépendantes accrues et d’un plus grand professionnalisme », afin d’assumer un niveau de responsabilité croissant au moment où doit s’achever la transition, en 2014.  La fin de cette transition doit, concrètement, marquer le transfert des responsabilités aux autorités afghanes en matière de sécurité, a rappelé M. de Mistura.


La plupart des délégations ont assuré le Ministre afghan des affaires étrangères que l’engagement de la communauté internationale irait au-delà de 2014.  Mais la forme que prendra cet engagement sera discutée lors de la Conférence internationale sur l’Afghanistan qui se tiendra à Bonn, le 5 décembre prochain.  Celle-ci sera précédée, le 2 novembre, par la Conférence d’Istanbul, destinée à promouvoir la confiance dans les domaines politique, sécuritaire et militaire et à renforcer la coopération dans les domaines économique, commercial, environnemental, culturel, énergétique et du contrôle des drogues, a déclaré le représentant de la Turquie, M. Ertuğrul Apakan.


Avant la tenue de ces deux Conférences, certains États Membres ont d’ores et déjà précisé la forme que revêtira leur engagement futur.  Le représentant de la France a ainsi annoncé l’intention de son pays de réduire et redéployer son contingent, tout en augmentant progressivement sa composante civile.  « L’année 2014 ne verra donc pas la fin de l’engagement de la France, mais plutôt sa transformation dans le cadre d’un traité d’amitié et de coopération entre la France et l’Afghanistan qui sera signé cet automne », a précisé l’Ambassadeur Gérard Araud.


Son homologue des États-Unis, Mme Susan Rice, a pour sa part assuré que la relation étroite qui existe entre son pays et l’Afghanistan ira au delà de 2014 et « s’inscrira dans le cadre d’une coopération durable entre les deux pays ».


Le succès du processus de transition passe aussi, a estimé le représentant du Portugal, par le dialogue et la réconciliation nationale, que la MANUA doit s’employer à promouvoir par l’intermédiaire de son groupe de soutien « Salaam » et du Haut Conseil pour la paix.  Le Représentant spécial s’est félicité, quant à lui, de la tenue récente, à Kandahar, d’une conférence visant à permettre au sud du pays, qui connaît une situation très instable, de rattraper le retard qu’il accuse par rapport au nord du pays dans le cadre du processus de paix.  L’Allemagne, par la voix de son représentant, M. Peter Wittig, a salué la formation de la Commission mixte afghano-pakistanaise pour la réconciliation et la paix.  Son pays, a-t-il ajouté, accueillera la prochaine Conférence internationale sur l’Afghanistan, le 5 décembre.


Plusieurs intervenants ont encouragé l’Afghanistan à trouver une issue rapide à la crise institutionnelle qui sévit depuis les dernières élections législatives, appelant les institutions afghanes à laisser la Commission électorale indépendante faire son travail.  Le Représentant spécial a espéré que l’annonce, par la Commission, de modifications dans la composition de la chambre basse du Parlement marquera la fin de l’impasse et permettra aux différentes branches du Gouvernement de concentrer leur attention sur les tâches qui les attendent.


LA SITUATION EN AFGHANISTAN


Rapport du Secrétaire général sur la situation en Afghanistan et ses conséquences pour la paix et la sécurité internationales (S/2011/590)


Dans ce rapport trimestriel, le Secrétaire général relève, au cours du dernier trimestre, « une très forte instabilité politique et des niveaux déconcertants d’insécurité pour la population afghane dans le contexte du processus de transition, avec un transfert des pouvoirs aux autorités afghanes et des responsabilités en matière de sécurité ».  M. Ban Ki-moon se dit profondément préoccupé par le nombre croissant de victimes civiles et par les conditions difficiles pour les civils nationaux et internationaux, y compris les personnels des Nations Unies et de la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA).


Pour que le transfert des responsabilités aux autorités afghanes en matière de sécurité se déroule dans de bonnes conditions, poursuit-il, il est important que les Forces de sécurité nationales continuent de faire preuve de capacités indépendantes accrues et d’un plus grand professionnalisme, afin d’assumer un niveau de responsabilité croissant.  L’accord formel visant à augmenter l’effectif des Forces est une mesure positive en vue d’assurer le renforcement de la souveraineté afghane et la stabilité à long terme, se félicite M. Ban.


Dans l’ensemble, il se déclare « modérément optimiste » au sujet des signes d’un dialogue émergent en tant que condition préalable du développement d’un processus de paix et de réconciliation à large assise.  Aussi, le Secrétaire général demande-t-il instamment à tous les Afghans de s’efforcer de concilier leurs divergences par le biais d’un dialogue constructif.  Cette dynamique semble s’accélérer et nous devons saisir cette occasion tant qu’elle se présente, a souligné M. Ban.  Par le biais des bons offices de son Représentant spécial, le Secrétaire général explique que la MANUA continuera de promouvoir et de faciliter ce processus par l’intermédiaire de son groupe de soutien « Salaam », à la demande du Gouvernement afghan et en coordination avec lui.


Depuis l’inauguration de l’Assemblée nationale en janvier 2011, la MANUA a demandé instamment aux différentes branches du Gouvernement d’associer leurs efforts afin de trouver une solution à l’impasse postélectorale, note M. Ban.  La MANUA a continué de soutenir la décision, prise en dernier ressort par la Commission électorale indépendante au sujet des questions électorales.  Il s’est félicité de l’annonce que la Commission a faite et a espéré que cela marquera la fin de l’impasse et permettra aux différentes branches du Gouvernement de concentrer leur attention sur les tâches qui les attendent.  Le Secrétaire général a également salué la formation de la Commission mixte afghano-pakistanaise pour la réconciliation et la paix, qui doit contribuer à faciliter la réconciliation des éléments antigouvernementaux et à remédier à la dimension transfrontière de l’insurrection.  Dans le cadre de l’assistance qu’elle prête à l’Afghanistan, l’ONU privilégie une approche globale pour la transition visant à appuyer le développement du pays sur le moyen et le long termes et sa bonne gouvernance.  « Or, le processus de transition actuel soulève un certain nombre de questions essentielles », souligne le Secrétaire général.  Il est important de reconnaître que le développement, la gouvernance et l’état de droit sont cruciaux pour que la transition soit « durable et irréversible ».  Bien que le développement, la gouvernance et l’état de droit ne puissent être réalisés dans les trois ans qui nous séparent de 2014, où doit s’effectuer le transfert de la responsabilité en matière de sécurité, il y a lieu de tirer parti de l’intérêt politique et financier actuel pour la transition afin d’accélérer les activités susceptibles de contribuer à placer l’Afghanistan sur la voie du développement durable, préconise M. Ban Ki-moon.  « La transition telle que conçue à l’heure actuelle est difficilement durable, du fait que la myriade de coûts opérationnels et d’appui liés aux projets de développement n’ont pas encore été pleinement évalués », a-t-il poursuit.  Le Gouvernement afghan aura en conséquence besoin de l’appui et de l’investissement privé internationaux sur le long terme pour développer la production de revenus, en déduit-il.


La situation humanitaire continue aussi d’être préoccupante du fait d’« une combinaison de conflits et de catastrophes naturelles qui exacerbent les effets de la pauvreté et des vulnérabilités chroniques de la population », explique le Secrétaire général.  Toutefois, il juge encourageants les efforts faits par le Gouvernement et la communauté européenne pour répondre à la sécheresse actuelle.  Pour leur part, les Nations Unies travaillent avec les autorités nationales et locales et avec tous les acteurs humanitaires pour améliorer les outils d’analyse et renforcer la gestion des catastrophes et la préparation en prévision de celles-ci et encouragent le partage des expériences pratiques en vue d’améliorer l’accès aux populations dans le besoin. 


« L’Afghanistan reste, de loin, la principale source de matière première pour le trafic d’opium et d’héroïne dans le monde », prévient le Secrétaire général.  Dans un rapport de l’ONU daté de juillet 2011, les revenus tirés de ce trafic par les groupes liés à la criminalité transnationale organisée sont estimés à 68 milliards de dollars, dont seulement 440 millions de dollars revenaient aux cultivateurs afghans, ce qui sapait les efforts visant à améliorer la gouvernance et l’état de droit.  De plus, ajoute le Secrétaire général, les implications au niveau de la santé et de la sécurité continuent d’avoir de lourdes conséquences pour le tissu social, non seulement en Afghanistan, mais aussi dans de nombreux autres pays.  Notant avec satisfaction les efforts faits par les autorités afghanes pour réduire la production, le Secrétaire général n’en souligne pas moins l’ampleur mondiale de ce phénomène qui nécessite donc « une action à l’échelon mondial ».  « C’est pourquoi j’encourage tous les États Membres à continuer de coopérer pour remédier à cette situation », ajoute-t-il en conclusion.


Déclarations


M. STAFFAN DE MISTURA,Représentant spécial pour l’Afghanistan et Chef de la Mission d’assistance des Nations Unies dans ce pays (MANUA), a présenté les conclusions du rapport trimestriel du Secrétaire général sur l’évolution de la situation dans ce pays.  Mais il a au préalable rendu hommage au professeur Burhanuddin Rabbani, Président du Haut Conseil pour la paix de l’Afghanistan, récemment assassiné.  « Nous nous réunissons à un moment critique de l’histoire afghane, marquée par l’assassinat de cet homme exceptionnel », a solennellement déclaré M. de Mistura.  En attendant que l’enquête aboutisse, nous devons continuer d’œuvrer en faveur de la paix, « paix pour laquelle cet homme a sacrifié sa vie », a-t-il enjoint.  Les artisans de la paix commencent à voir leur vie menacée à partir du moment où leurs efforts sont suivis d’effets, comme ce fut le cas du professeur Rabbani.  Mais sa mort ne signifie pas la fin du processus de paix, auquel nous devons tous continuer d’œuvrer, que ce soit le Gouvernement afghan, le système des Nations Unies ou la société civile, a insisté le Représentant spécial.  Il s’est ensuite félicité de la tenue d’une conférence récente à Kandahar en vue de promouvoir la réconciliation, en particulier dans le sud du pays, où celle-ci a pris un retard considérable, comparé au Nord.


Alors que l’examen du rapport du Secrétaire général se fait dans un contexte de transition, marqué par le transfert progressif des pouvoirs aux autorités afghanes et des responsabilités en matière de sécurité, le Chef de la MANUA a estimé que les Forces armées et de sécurité afghanes avaient démontré au cours des mois écoulés qu’elles étaient en mesure d’assumer d’autres responsabilités que celles qui leur ont été confiées jusqu’à présent.  Cependant, les pertes civiles sont toujours trop nombreuses, a-t-il déploré, en encourageant les autorités afghanes à placer le respect des droits de l’homme et la protection des civils au cœur de ses priorités de bonne gouvernance.  « Il est de notre responsabilité de veiller à ce que les prochaines Conférences internationales sur l’Afghanistan portent leurs fruits », a souligné le Représentant spécial, qui a expliqué que les enjeux étaient élevés, aussi bien pour la Conférence d’Istanbul du 2 novembre prochain que pour la Conférence internationale de Bonn prévue le 5 décembre.  Celle d’Istanbul, a-t-il précisé, a pour objectif d’examiner les moyens de renforcer la sécurité de l’Afghanistan, y compris sur les plans économique et politique, au travers de la coopération régionale.  Seule la confiance entre pays voisins sera de nature à créer un environnement propice à la paix, a-t-il souligné.  La Conférence de Bonn pourrait, quant à elle, avoir un impact historique, a souhaité M. de Mistura, qui a rappelé que la communauté internationale devait à cette occasion revoir la nature de son engagement en faveur de l’Afghanistan tout au long de la période de transition et au-delà de 2014.


Le Représentant spécial s’est ensuite félicité de la décision judicieuse du Président Karzai, qui a permis à la Commission électorale de devenir la seule autorité légitime en matière électorale.  S’agissant de la Banque de Kaboul, le Représentant spécial a précisé qu’il devrait y avoir un accord sur un programme du Fonds monétaire international (FMI), dont une mission technique arrivera demain dans la capitale.  Une réunion du Conseil du FMI est prévue à la mi-novembre et le Conseil commun de coordination et de suivi se réunira dans la foulée, avant la Conférence de Bonn, a-t-il ajouté.  Évoquant la situation humanitaire, le Représentant spécial a déclaré que, bien qu’il soit conscient de la gravité de celle qui prévaut dans d’autres régions du monde, la sécheresse qui sévit actuellement en Afghanistan pourrait, selon lui, déboucher sur des pénuries d’aide alimentaire.  Avant de conclure, le Représentant spécial a demandé de redoubler d’efforts dans le domaine de la lutte contre les stupéfiants, efforts qu’il estime « insuffisants » jusqu’à présent.


M. ZALMAI RASSOUL, Ministre des affaires étrangères de l’Afghanistan, a déclaré que malgré la disparition tragique de l’ancien Président afghan, Burhanuddin Rabbani, à qui il a rendu hommage, le processus de réconciliation entre Afghans poursuivra son cours.  Il a ensuite indiqué que son pays avait parcouru un long chemin dans le renforcement de ses institutions, dans la mise en œuvre de la démocratie et de la garantie des droits fondamentaux de ses citoyens.  Il a tenu à souligner que le processus de transition en cours, au terme duquel les Afghans prendront en mains l’avenir de leur pays, et en particulier le secteur de la sécurité, ne pourrait être mené à bien sans le soutien résolu de la communauté internationale.  M. Rassoul a ajouté que son gouvernement, en appui du processus de transition politique, jetait les fondations du développement économique du pays, en tirant le meilleur profit du fort potentiel en ressources naturelles de l’Afghanistan et en renforçant l’intégration économique régionale.  L’initiative « nouvelle Route de la soie » dont il s’est félicité, contribuera à renforcer la place stratégique de l’Afghanistan, passerelle historique entre l’Asie centrale, l’Asie du Sud et le Moyen-Orient, a-t-il poursuivi.


Le Ministre a tenu à rappeler la persistance des attaques terroristes, lancées depuis les sanctuaires situés en dehors des frontières de l’Afghanistan, et qui génèrent un « niveau sans précédent de colère et de frustration parmi la population afghane ».  Il a en conséquence réitéré son appel à l’éradication de ces sanctuaires.  Il a affirmé que son pays continuerait à rassembler au sein d’un processus de réconciliation inclusif tous les membres de l’opposition armée, pour autant qu’ils s’engagent à renoncer à la violence, à abandonner tout lien avec des groupes terroristes et à respecter les droits fondamentaux, notamment des femmes.  Ce processus de réconciliation doit bénéficier du soutien des partenaires régionaux et internationaux pertinents, notamment le soutien constructif du Pakistan, a-t-il ajouté.  M. Rassoul a ensuite rappelé au Conseil de sécurité sa détermination à vaincre tous les éléments conspirant à la destruction et à la déstabilisation de son pays.  Le représentant a rappelé l’important calendrier politique de son pays dans les mois à venir, notamment les Conférences internationales d’Istanbul et de Bonn.  À Istanbul, en novembre prochain, il sera défini, avec les autres pays clefs de l’Asie une nouvelle vision pour le développement et la paix régionales.  Un Afghanistan stable et prospère est le préalable à une région pacifiée, a-t-il déclaré.  Le Ministre a indiqué que, lors de la Conférence de Bonn prévue en décembre prochain, son pays demandera à la communauté internationale de maintenir son appui au-delà de 2014.  S’agissant du rôle des Nations Unies, M. Rassoul a plaidé pour son réajustement visant à renforcer la souveraineté afghane, avant de faire état de ses attentes concernant l’examen commun et global du mandat de la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA).


Mme MIRSADA ČOLAKOVIĆ (Bosnie Herzégovine) s’est déclarée préoccupée de la situation sécuritaire en Afghanistan, avant de souligner l’importance du processus de transition en cours.  Elle s’est ensuite félicitée des transferts en cours entre les forces internationales et les Forces de sécurité afghanes pour assurer la sécurité dans le pays.  Elle s’est réjouie que les autorités afghanes s’engagent à respecter des éléments de bonne gouvernance lors de ces transferts de compétence.  Des progrès dans le déminage ont été enregistrés, a-t-elle poursuivi.  Elle a ensuite apporté son soutien à la réconciliation interafghane, soulignant que le dialogue demeurait la priorité.  Elle a ensuite exhorté toutes les parties au conflit afghan à respecter les droits des enfants, trop souvent enrôlés par les rebelles pour perpétrer des attaques.  Elle a encouragé la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan à continuer d’examiner les cas de détention arbitraire dans le pays, avant de se féliciter des efforts pour renforcer la sécurité des bureaux extérieurs de la MANUA.


Mme MARIA LUIZA RIBEIRO VIOTTI (Brésil) a exhorté les Afghans à redoubler d’efforts pour mener à bien le processus de réconciliation en vue d’instaurer une paix durable en Afghanistan.  Elle a ensuite souligné le lien intrinsèque qui existe entre pauvreté et violence, rappelant que la stabilité devrait se traduire par des changements concrets dans la vie des Afghans.  Le dialogue est la voie d’une résolution du conflit en Afghanistan, a-t-elle ensuite souligné, avant de plaider pour que la communauté internationale coopère pleinement au relèvement économique du pays.  Elle a conclu en indiquant que les pays de la région devront marquer de leur empreinte les Conférences d’Istanbul et de Bonn, prévues respectivement en novembre et décembre.


M. WANG MIN (Chine) a plaidé pour le renforcement des capacités des Forces de sécurité afghanes, regrettant que la situation sécuritaire du pays demeure très précaire.  Saluant la mémoire de l’ancien Président afghan, Burhanuddin Rabbani, tragiquement disparu, il a apporté son soutien à la transition sécuritaire en cours et au processus de réconciliation interafghan.  Il a ensuite exhorté la communauté internationale à honorer ses obligations concernant le relèvement du pays, tout en se conformant aux priorités identifiées par les Afghans eux-mêmes.  Il faut respecter la souveraineté afghane et prendre en considération les vues des pays de la région pour la stabilisation durable du pays, a-t-il poursuivi.  Il s’est ensuite félicité des efforts des Nations Unies dans la promotion du processus de réconciliation interafghane, avant de plaider pour un renforcement de la coopération de la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan avec les autorités afghanes.  Il a conclu en affirmant que la Chine accordait beaucoup d’importance à des relations de bon voisinage avec l’Afghanistan, en ajoutant que son pays continuerait d’œuvrer à sa stabilisation politique et économique.


M. NÉSTOR OSORIO (Colombie), rendant tout d’abord hommage à l’ancien Président Rabbani, assassiné la semaine dernière, a déclaré que cet acte de violence était une atteinte directe au processus de paix.  C’est pourquoi, il est important de redoubler d’efforts pour que le transfert d’autorité aux Forces armées et de sécurité afghanes puisse être mené à son terme d’ici à 2014.  Saluant par ailleurs les initiatives conjointes prises sous l’égide de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (UNODC) pour lutter contre la production de pavot à opium en Afghanistan, M. Osorio a estimé cependant qu’il faudrait renforcer les actions en vue d’éradiquer cette culture et mettre en place une agriculture de substitution.  Le représentant a exhorté toutes les parties en présence à respecter le droit international.  Évoquant la tenue de la Conférence de Bonn en décembre prochain, il a estimé que l’engagement international à moyen et à long termes devrait passer par le renforcement des institutions, l’accès à l’emploi et l’accès à la justice.


M. GÉRARD ARAUD (France) a déclaré que l’objectif de son pays était d’accompagner le Gouvernement afghan sur le chemin du retour à la pleine souveraineté dans le cadre d’un processus de transition cohérent et déterminé.  En ce qui concerne la France, a-t-il ajouté, le Président Sarkozy a annoncé son intention de réduire et redéployer notre contingent en concertation avec nos alliés et les autorités afghanes.  En revanche, parallèlement et dans la même logique, la composante civile de notre action gagnera progressivement en importance.  L’Ambassadeur Araud a annoncé que l’année 2014 ne verra donc pas la fin de l’engagement de la France, mais plutôt sa transformation dans le cadre d’un traité d’amitié et de coopération entre la France et l’Afghanistan qui sera signé cet automne.  Rappelant que l’insurrection avait démontré sa capacité à mener des attaques complexes au cœur même de Kaboul, le représentant s’est toutefois félicité de constater que les Forces de sécurité afghanes montent en puissance.  Aussi, devons-nous continuer d’insister sur la protection des civils dans le cadre de la FIAS et de démontrer que nous nous battons au nom de valeurs qui excluent toutes les pratiques portant atteinte à la dignité humaine, a estimé M. Araud.  La stabilisation de l’Afghanistan passe par son intégration dans une dynamique régionale fondée sur de nouvelles règles.  La Conférence sur la « nouvelle Route de la soie » a été l’occasion de réaffirmer l’importance pour l’Afghanistan de redevenir le centre d’échanges qu’il a été dans le passé.  Il s’est félicité de la tenue prochaine de la Conférence d’Istanbul, le 2 novembre, et de la Conférence de Bonn, le 5 décembre, qui permettront d’avancer sur l’ensemble de ces sujets. 


Lors de la Conférence de Kaboul l’an dernier, l’objectif « d’afghanisation » a été associé à des conditions très précises, à savoir une meilleure gestion des finances publiques, une réduction de la corruption et une meilleure exécution du budget.  La communauté internationale ne pourra poursuivre efficacement son engagement que si ces conditions sont réunies et si un accord est passé entre les autorités du pays et le Fonds monétaire international pour le règlement de la crise de la Banque de Kaboul, a-t-il prévenu.  Par ailleurs, l’Afghanistan ne peut se permettre de prolonger la crise institutionnelle qui sévit depuis les dernières élections législatives.  Notant l’annonce par la Commission électorale indépendante de modifications dans la composition de la chambre basse, le représentant de la France a appelé toutes les institutions afghanes à travailler dans le respect de leurs compétences mutuelles, du cadre que fixe la Constitution et du principe de la séparation des pouvoirs.  « Cet épisode ne rend que plus nécessaire la mise en place d’une véritable réforme électorale, avec le soutien des Nations unies », a-t-il souligné.  L’Ambassadeur Araud a enfin indiqué qu’il attendait avec intérêt les résultats de la revue stratégique demandée au Secrétaire général par la résolution 1974.


M. NOËL NELSON MESSONE (Gabon), après avoir déploré la mort de l’ancien Président Burhanuddin Rabbani, a rappelé aux autorités afghanes que leur responsabilité est de rétablir la confiance dans le pays, après cette grande perte.  Ce processus doit suivre son cours afin que tous les programmes soient mis en œuvre avant le départ des forces internationales en 2014, a-t-il dit.  Le représentant a également souligné l’importance du dialogue dans ce processus, en précisant que celui-ci devrait être inclusif et participatif, « surtout en ce moment crucial où la nécessité de revoir les termes des négociations avec les Taliban s’impose », a-t-il estimé.  M. Messone a exhorté les Taliban à prendre partie pour l’application des principes démocratiques dans leur quête de reconnaissance, et surtout à respecter la vie du peuple afghan qu’ils veulent tant convaincre de les soutenir.  La menace terroriste demeure encore vivace, et la protection de tous les civils, autorités politiques et personnels des forces internationales de la MANUA ou des Nations Unies est hautement prioritaire, a soutenu M. Messone.  Avant de conclure, il a plaidé pour le renouvellement du mandat de la Force internationale d’assistance à la sécurité (FIAS), d’autant plus que « la situation sur le terrain exige encore une présence militaire et de police, aussi bien de la FIAS que des Forces de sécurité afghanes ».


M. PETER WITTIG (Allemagne) a déclaré que l’appui de la communauté internationale était indispensable à l’appui du processus de paix afghan.  Après avoir condamné vigoureusement l’assassinat du Professeur Rabbani, il a évoqué la tenue de la Conférence de Bonn, le 5 décembre prochain.  L’objectif de cette Conférence est de définir la nature de l’engagement futur de la communauté internationale dans le cadre de la transition et au-delà de 2014.  À cet égard, le principe du renforcement de la souveraineté afghane est capital, a souligné M. Wittig.  Il s’est dit généralement encouragé par les progrès récents accomplis dans le cadre de la transition afghane, et a estimé que la Conférence d’Istanbul du 2 novembre prochain sera cruciale pour l’avenir de la coopération régionale avec l’Afghanistan.  Le représentant s’est en outre félicité des mesures prises sur le plan bilatéral par l’Afghanistan et le Pakistan, en créant la Commission mixte afghano-pakistanaise pour la réconciliation et la paix, qui doit remédier à la dimension transfrontière de l’insurrection.  Notant que les tensions persistent dans les différentes branches du Gouvernement à l’issue des premières élections législatives, le représentant a souligné qu’il était nécessaire de renforcer l’appui à la Commission électorale dans ses efforts pour réformer le processus électoral.  Il a salué enfin l’initiative du Gouvernement afghan pour améliorer les conditions de détention dans les établissements pénitentiaires afghans.


M. HARDEEP SINGH PURI (Inde) a jugé que pour que la paix, la stabilité et la sécurité triomphent en Afghanistan, il était indispensable que la transition en cours s’appuie sur les réalités de terrain plutôt que sur des calendriers rigides.  Les Forces de sécurité afghanes doivent donc continuer de démontrer un professionnalisme et une indépendance exemplaires pour que le transfert de responsabilité s’effectue sans heurts, a-t-il recommandé.  C’est pourquoi, l’Inde appuie le renforcement des Forces de sécurité afghanes pour lutter contre le terrorisme.  Soulignant l’importance de l’appropriation du développement et de la reconstruction du pays par les Afghans eux-mêmes, le représentant a salué les efforts de la MANUA visant à faciliter la réalisation de cet objectif.  Pour que la stratégie de croissance de l’Afghanistan porte ses fruits, M. Puri a jugé pertinent pour le pays de tirer parti de ses ressources naturelles abondantes et de sa situation géographique favorable.  Il a donc appuyé l’Initiative « nouvelle Route de la soie », qui constitue un pas significatif dans cette direction.  L’Inde reste solidaire de l’Afghanistan, a-t-il assuré, en rappelant que, par le biais de la coopération bilatérale, elle avait consacré, à ce jour, 2 milliards de dollars aux efforts de reconstruction.  En outre, des entreprises indiennes ont associé l’Afghanistan à divers projets économiques, comme celui du pipeline TAPI, aux côtés du Turkménistan et du Pakistan, a précisé le représentant.


M. NAWAF SALAM (Liban) a exhorté les parties au conflit afghan à respecter le droit international humanitaire et à protéger les écoles et les hôpitaux, théâtres d’attaques récentes.  Il a plaidé pour l’accélération du processus de dialogue interafghan, seule option pour parvenir à une paix durable.  Il a ensuite plaidé pour la protection des droits de l’homme en Afghanistan, notamment des femmes afghanes.  Il s’est ensuite félicité des efforts déployés par la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan visant à prévenir les cas de détention arbitraire.  L’élément le plus dangereux de ce conflit est le recrutement d’enfants à des fins militaires, a-t-il poursuivi, avant de prôner la « tolérance zéro » afin d’y mettre un terme.  Après avoir souligné l’importance du processus de Kaboul, il a appelé de ses vœux l’adoption d’un accord au sein des pays du FMI.  Le représentant s’est également félicité des efforts des pays voisins de l’Afghanistan visant, notamment, au renforcement des contrôles aux frontières.  Il a conclu en indiquant que les Conférences d’Istanbul et de Bonn, prévues respectivement en novembre et décembre prochains, marqueront l’engagement déterminé de la communauté internationale pour le relèvement durable de l’Afghanistan.


Mme JOY OGWU (Nigéria) a noté avec préoccupation la dégradation de la situation en matière de sécurité en Afghanistan, comme l’a montré l’assassinat de l’ancien Président Rabbani.  Elle a lancé un appel pour que les responsables de tels actes terroristes soient rapidement arrêtés et traduits en justice et ne parviennent jamais à remettre en question la paix dans le pays.  La représentante s’est ensuite félicitée du transfert progressif des responsabilités aux Forces armées et de sécurité afghanes qui, selon elle, est de nature à renforcer la sécurité dans le pays.  Les efforts déployés se heurtent à certaines difficultés, notamment aux frontières du pays, a-t-elle relevé.  La représentante a par ailleurs attiré l’attention sur le rôle crucial que pouvaient jouer les femmes à l’appui du processus de paix, ainsi que la MANUA, qui doit continuer d’engager toutes les parties prenantes à se joindre au processus de paix.  En outre, a poursuivi Mme Ogwu, l’Afghanistan doit renforcer sa coopération avec ses voisins, afin de lutter plus effacement contre la criminalité transnationale organisée, le trafic de stupéfiants et la traite des êtres humains.  Avant de conclure, elle a émis l’espoir que la Conférence d’Istanbul du 2 novembre permettrait de parvenir à des résultats concrets dans ce domaine.


Après avoir condamné l’assassinat de l’ancien Président Rabbani, M. JOSÉ FILIPE MORAES CABRAL (Portugal) s’est déclaré convaincu que le processus de réconciliation nationale devrait se poursuivre.  Les insurgés redoublent d’attaques parce qu’ils savent bien que ce processus recouvre des enjeux considérables, a-t-il fait remarquer.  Le représentant a estimé que le Haut Conseil pour la paix et le groupe « Salaam » étaient des outils importants à la disposition de la MANUA pour accélérer le dialogue et la réconciliation nationale.  Dénonçant les attaques perpétrées contre des civils dans des hôpitaux, la délégation portugaise a indiqué que l’utilisation d’enfants soldats et d’engins explosifs devrait impérativement cesser.  Dans ce contexte, elle a salué les mesures déjà prises pour assurer la sécurité des enfants dans les écoles, ainsi que le rôle de la MANUA pour faciliter l’intégration des normes internationales des droits de l’homme dans la législation afghane.  Avant de conclure, le représentant s’est rallié à l’avis exprimé par le Secrétaire général, selon lequel il est important d’accélérer les activités pour le développement durable et l’appui aux institutions en l’Afghanistan.


M. ALEXANDER PANKIN (Fédération de Russie) a estimé que l’élimination d’Oussama ben Laden n’avait pas produit les effets de stabilisation escomptés en Afghanistan, comme en témoignent les regains de violence meurtrière dans le pays, notamment l’assassinat de l’ancien Président Rabbani.  Il s’est également dit préoccupé par la propagation des activités terroristes en Afghanistan, du sud au nord du pays, mais aussi en direction des États voisins.  Il a dit partager les inquiétudes du Secrétaire général concernant les pertes au sein de la population civile.  À cet égard, a souligné le représentant, le respect des normes de droits de l’homme incombe à toutes le parties, y compris aux forces internationales déployées en Afghanistan.  Le terrorisme, a-t-il expliqué, est étroitement lié au trafic des stupéfiants.  Aussi, a-t-il recommandé d’inscrire le nom des individus et entités se livrant à ces activités illicites sur la liste des sanctions.  Tout en se félicitant du transfert de responsabilité aux Afghans, le représentant de la Fédération de Russie a cependant jugé qu’il était prématuré de tirer des conclusions.  Un calendrier doit être établi pour le retrait de la présence militaire internationale, a-t-il insisté.  Le représentant a par ailleurs proposé d’envisager pour l’Afghanistan le rétablissement du statut d’État neutre, une idée qui a déjà bénéficié de l’appui de plusieurs entités et pourrait faciliter le dialogue et la réconciliation nationale.  Dans le contexte du développement économique régional, a souligné le représentant, la Fédération de Russie accorde beaucoup d’importance aux initiatives prises par plusieurs pays voisins, comme le Kazakhstan ou le Tadjikistan, qui investissent dans le développement d’infrastructures, notamment le projet « Khaza1 000 ».


M. DOCTOR MASHABANE (Afrique du Sud) a insisté sur les défis auxquels fait face le peuple afghan, tout en faisant observer qu’ils n’étaient pas insurmontables.  Il s’est réjoui des progrès enregistrés dans la recherche d’une solution politique au conflit, rappelant que le dialogue était le seul moyen d’y parvenir.  Il a salué le travail de la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan, notamment sa contribution à la promotion du rôle des femmes, avant de souligner le lien qui existe entre la sécurité et le développement.  Le représentant a exhorté, avant de conclure, les autorités afghanes à s’attaquer au trafic de stupéfiants.


M. MARK LYALL GRANT (Royaume-Uni) a indiqué que les autorités afghanes continuaient de dialoguer avec les rebelles, en dépit de la disparition tragique de l’ancien Président Rabbani.  À la lumière de cet incident, il serait peut-être bienvenu que le Conseil de sécurité envisage de réviser les critères qui président à la mise jour de la liste récapitulative établie par le Comité du Conseil de sécurité créé par la résolution 1988 (2011) chargé d’assurer le suivi de l’application des sanctions visant les Taliban, a-t-il suggéré.  Des progrès ont également été enregistrés dans le renforcement des capacités des Forces de sécurité afghanes, s’est-il réjoui, faisant remarquer que le processus de transition, concernant le secteur de la sécurité, se poursuivait entre la Force internationale d’assistance à la sécurité en Afghanistan et les forces afghanes dans des zones plus reculées du pays.  Il a mentionné que la FIAS était déterminée à limiter le nombre de victimes civiles, rappelant que 80% des victimes civiles étaient le fait des rebelles.  Le représentant a souligné qu’il était crucial que la communauté internationale assure un cadre financier pérenne au-delà de 2014, afin d’assurer le relèvement durable du pays.  La Conférence d’Istanbul devrait encourager le renforcement de la coopération régionale, a-t-il ajouté.  La Conférence de Bonn devrait, quant à elle, lancer un signal clair pour que le Gouvernement afghan s’engage fermement à poursuivre ses efforts.  Il a ensuite indiqué qu’il attendait avec intérêt l’examen du mandat de la MANUA, qui devrait être axé sur la manière dont la communauté continuera d’assister le Gouvernement afghan au-delà de 2014.  Il a averti que les conditions d’une réconciliation interafghane n’existeront pas toujours et qu’il faudrait, par conséquent, en tirer le meilleur profit.


Mme SUSAN RICE (États-Unis), rappelant l’attaque perpétrée récemment contre l’ambassade américaine à Kaboul, a insisté sur le rôle d’appui que comptait assumer son pays en Afghanistan.  Le déploiement de soldats américains supplémentaires a permis de stabiliser le pays et des progrès significatifs ont été enregistrés, s’est-elle réjouie.  Les États-Unis, a-t-elle ajouté, continueront d’apporter leur soutien en vue de mettre un terme aux attaques perpétrées contre le peuple afghan.  La relation étroite qui existe entre l’Afghanistan et les États-Unis ira au delà de 2014, a-t-elle assuré, en précisant que cette relation s’inscrirait dans un cadre durable pour la coopération bilatérale entre les deux pays.  Elle a ensuite exhorté la communauté internationale à œuvrer au développement économique de l’Afghanistan, avant de se réjouir de l’initiative « nouvelle Route de la soie », mise en œuvre par l’Afghanistan pour tirer le meilleur profit des ressources naturelles du pays, créer des emplois et promouvoir la participation active des femmes afghanes au développement du pays.  L’année 2011 sera marquée par la tenue de la Conférence de Bonn pour le renforcement du développement de l’Afghanistan et de la Conférence d’Istanbul, a-t-elle estimé.  Avant de conclure, elle a indiqué que le Conseil examinera prochainement le renouvellement du mandat de la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan, en rappelant le rôle crucial des Nations Unies dans ce pays.


M. GUILLERMO E. RISHCHYNSKI (Canada) a souligné la nécessité de s’appuyer sur les progrès réalisés depuis 2001, afin de continuer à soutenir les efforts afghans vers la réconciliation politique, une coopération régionale accrue et des institutions afghanes plus fortes et autonomes, capables de fournir des services essentiels à la population.  Il a affirmé que son pays maintenait en Afghanistan son objectif fondamental de contribuer à la reconstruction du pays, en complémentarité avec les priorités identifiées par le Gouvernement afghan et la communauté internationale dans le cadre du Processus de Kaboul en 2010.  En contribuant aux efforts déployés par la Mission de formation de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) en Afghanistan, le Canada aidera à mettre en place une force de sécurité possédant le degré de discipline, de professionnalisme et d’efficacité nécessaire pour assurer la stabilité du pays et promouvoir la paix et le développement économique pour la population.  La stabilité en Afghanistan, a-t-il estimé, ne pourra être atteinte seulement par la force militaire.  Le représentant a condamné fermement l’assassinat de l’ancien Président Burhanuddin Rabbani, cet acte lâche et brutal ne devant pas freiner les efforts de l’Afghanistan vers la réconciliation.  M. Rishchynski, qui a exprimé la volonté de son pays de soutenir des façons efficaces de gérer la frontière entre l’Afghanistan et le Pakistan afin de favoriser le commerce légitime, a ajouté que la diplomatie régionale était l’une des priorités de l’engagement du Canada de 2011 à 2014.


M. ERTUĞRUL APAKAN (Turquie) a fait remarquer que l’attentat perpétré contre Burhanuddin Rabbani visait également à saper les efforts de paix et de réconciliation en Afghanistan.  « L’ancien Président Rabbani ne doit pas être mort en vain », a-t-il dit, en encourageant les partenaires régionaux et internationaux de l’Afghanistan à poursuivre ces efforts.  Il a estimé que la police et l’armée afghanes avaient bien réagi dans l’ensemble à la vague récente d’attentats.  Le représentant de la Turquie a rappelé que la communauté internationale devrait permettre aux Afghans de prendre leur avenir en main, dans le cadre d’un État pleinement souverain.  Les États se réuniront à Bonn, en décembre prochain, pour définir leur engagement à long terme en Afghanistan.  Si l’année 2014 doit marquer le transfert des responsabilités en matière de sécurité à ce pays, elle ne signifie pas pour autant la fin de l’engagement de la communauté internationale en Afghanistan, a souligné M. Apakan.  Le 2 novembre prochain, la Turquie accueillera la « Conférence d’Istanbul pour l’Afghanistan sécurité et coopération au cœur de l’Asie ».  Cette Conférence, a-t-il espéré, devrait contribuer à promouvoir la confiance dans les domaines politique, sécuritaire et militaire, et renforcer la coopération dans les domaines économique, commercial, environnemental, culturel, énergétique et du contrôle des drogues. 


M. GARY FRANCIS QUINLAN (Australie) a estimé que le succès du transfert des responsabilités aux Forces de sécurité afghanes passait par une amélioration constante de la gouvernance et du développement du pays.  Des résultats probants ont déjà été obtenus, notamment dans la région d’Uruzgan, où l’Australie a dépêché une équipe de « reconstruction provinciale », mais ce processus reste fragile, a fait observer le représentant.  Sa délégation, a-t-il poursuivi, appuie l’initiative « nouvelle Route de la soie », qui pourrait s’avérer selon elle déterminante dans le cadre de la transition et dans la promotion du développement économique régional.  À cet égard, M. Quinlan a estimé que l’engagement des pays voisins en faveur de l’Afghanistan jouerait un rôle clef dans la possibilité d’un Afghanistan sûr, stable et prospère.  Il a espéré que la Conférence de Bonn serait l’occasion de réitérer l’engagement de la communauté internationale en faveur de ce pays.  Pour sa part, l’Australie va participer au renforcement des capacités des secteurs minier et agricole, a indiqué le représentant.  En outre, a-t-il ajouté, notre pays a augmenté de 34%, l’an dernier, l’aide bilatérale au développement à ce pays, la portant à hauteur de 165 millions de dollars.


M. TSUNEO NISHIDA (Japon) a estimé que la situation en Afghanistan continuait à poser de sérieux défis, comme en témoignent de nombreux incidents, et en particulier l’assassinat de l’ancien Président Rabbani, la semaine dernière.  « La question de la sécurité demeure une priorité que nous devons régler », a-t-il dit, avant de noter le démarrage officiel en juillet dernier, du processus de transition concernant le transfert des responsabilités en matière de sécurité.  « Pour la paix et la sécurité en Afghanistan, il est indispensable qu’une transition délicate soit conduite durant la phase de réduction des forces américaines et d’autres entités, et que soient renforcées les capacités des Forces de sécurité afghanes », a souhaité le représentant.  La question de la transition et une sécurité durable sont intimement liées au processus politique.  La disparition de l’ancien Président Rabbani, a estimé M. Nishida, renforce encore plus l’importance de continuer, sur le chemin de la réconciliation et de la réintégration.  Il est important qu’à la lumière de cette tragédie, les responsables afghans soient déterminés à travailler à la paix, à la réconciliation et à l’unité nationale, a-t-il souligné.  Il est également temps pour les partenaires internationaux de contribuer à l’avancement du processus politique, a-t-il ajouté, en rappelant que le Japon entendait poursuivre son soutien à ce pays.  « Pour empêcher l’Afghanistan de redevenir, une fois de plus, le terreau du terrorisme, nous devons continuer nos efforts en vue de l’éliminer », a-t-il conclu, en reprenant les propos de son Premier Ministre, M. Yoshihiko Noda.


M. TALAIBEK KYDYROV (Kirghizistan) a plaidé pour des progrès réels afin de mettre en œuvre le Processus de Kaboul.  Il a jugé indispensable l’adoption d’une approche systématique, multidimensionnelle -économique et politique-, et régionale pour le relèvement durable de l’Afghanistan.  La coopération régionale est nécessaire pour lutter efficacement contre le trafic de stupéfiants et les activités des groupes terroristes, a-t-il poursuivi.  Le représentant a souhaité que le retrait des troupes de la coalition internationale n’intervienne qu’après la stabilisation du pays et le renforcement des capacités des Forces de sécurité afghanes.  La communauté internationale doit adapter son programme d’aide économique aux priorités de l’Afghanistan, dans le cadre d’une coopération régionale renforcée, qui est au cœur de la récente Initiative pour la « nouvelle Route de la soie ».  Il a conclu en indiquant que le projet de marché électrique régional, qui achemine l’électricité du Kirghizstan et du Tadjikistan vers l’Afghanistan, était un élément clef du développement économique de la région.


M. ABDULLAH HUSSAIN HAROON (Pakistan) a tout d’abord indiqué que le nom de l’individu qui aurait été identifié comme étant le coordonnateur de l’attaque dont a été victime l’ancien Président Rabbani avait été retiré deux mois plus tôt de la liste des individus et entités visées par les sanctions par le Comité du Conseil de sécurité, créé conformément à la résolution 1988 (2011).  Le Pakistan, a dit M. Haroon, regrette cette décision.  Il a ensuite détaillé la nature du soutien que son pays apporte à l’Afghanistan, en expliquant que le Pakistan avait maintenu des troupes le long de la frontière afghane, dont le nombre excède de loin celui des forces internationales déployées en Afghanistan même.  Le Pakistan, a poursuivi le représentant, coopère en matière de renseignement et de sécurité, notamment sous les auspices de la Commission tripartite, composée également des États-Unis et de la FIAS.  Depuis sa mise en place en 2003 à Islamabad, la Commission tripartite s’est réunie 35 fois et demeure une plateforme de premier plan pour la coordination, a précisé le représentant.  En outre, s’agissant de la coopération multilatérale, le Pakistan, a indiqué M. Haroon, est engagé en faveur d’un certain nombre d’initiatives régionales importantes en Afghanistan, aux côtés d’autres pays comme la République islamique d’Iran, la Turquie, le Tadjikistan, la Fédération de Russie et les États-Unis.  La sécurité demeure un thème sous-jacent à toutes ces initiatives, a-t-il ajouté.  Le représentant a conclu en rappelant au Conseil de sécurité et à la communauté internationale le poids que fait peser sur son pays la présence de deux millions de réfugiés afghans. 


M. PEDRO SERRANO, Chef par intérim de la délégation de l’Union européenne auprès des Nations Unies, a souligné le rôle vital des Nations Unies en Afghanistan, à travers notamment les activités de la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA), et l’engagement durable de l’Union européenne dans le pays.  Il s’est dit encouragé par la manière avec laquelle les Forces de sécurité afghanes commençaient, pour relayer la Force internationale d’assistance à la sécurité (FIAS), à s’acquitter de leurs responsabilités pour assurer la sécurité du pays.  La contribution de la communauté internationale doit être renforcée afin d’assurer le succès du transfert des responsabilités en matière de sécurité, a-t-il déclaré, avant de déplorer que le nombre de victimes civiles demeurait néanmoins très élevé.


M. Serrano s’est par ailleurs félicité des efforts déployés pour régler la crise de la Banque de Kaboul, dont le rôle est crucial pour renforcer la confiance des donateurs, à quelques semaines de la tenue de la Conférence de Bonn.  Il a ensuite souligné le bon avancement dans la mise en place d’institutions judiciaires indépendantes, avant d’indiquer que les droits des femmes nécessitaient une attention particulière.  Après avoir plaidé pour l’adoption de mesures structurelles contre la corruption, M. Serrano a exhorté le Parlement afghan à exercer de nouveau toutes ses prérogatives.  Il a ensuite insisté sur la responsabilité particulière des pays voisins dans la stabilisation de l’Afghanistan, tout en soulignant l’intérêt stratégique que ces pays en retireraient.  M. Serrano a conclu en citant l’ancien Président Rabbani, assassiné la semaine dernière à Kaboul, et à qui il a tenu à rendre hommage « La pauvreté extrême, à laquelle s’associent des inégalités extrêmes, entre les pays et au sein des pays, est un affront pour l’humanité tout entière.  C’est une situation tragique qui exige d’urgence la solidarité mondiale ».


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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