CS/10368

Conseil de sécurité: des mandats « clairs, crédibles et réalisables » pour des opérations de maintien de la paix de plus en plus complexes

26/08/2011
Conseil de sécuritéCS/10368
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Conseil de sécurité

6603e séance – matin & après-midi


CONSEIL DE SÉCURITÉ: DES MANDATS « CLAIRS, CRÉDIBLES ET RÉALISABLES »

POUR DES OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX DE PLUS EN PLUS COMPLEXES


À l’issue d’un débat qui a réuni près d’une cinquantaine d’orateurs, dont le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, le Conseil de sécurité a adopté aujourd’hui une déclaration présidentielle qui souligne à quel point il importe de confier aux opérations de maintien de la paix des mandats « clairs, crédibles et réalisables ».


Le « maintien de la paix », expression qui n’apparaît pas dans la Charte des Nations Unies, est aujourd’hui une activité centrale de l’Organisation, a relevé le Représentant permanent de l’Inde auprès des Nations Unies et Président du Conseil de sécurité pour le mois d’août.


« Cette activité consomme plus de ressources, emploie plus de personnes et occupe une part plus importante des travaux du Conseil de sécurité que toute autre », a-t-il rappelé, citant le document de réflexion* qui figurait à l’ordre du jour du Conseil.  Aucun instrument du Conseil n’a eu d’incidence plus marquée sur la provenance et l’application du droit international et du droit international humanitaire que ses mandats de maintien de la paix, a-t-il relevé.


Conscient qu’il faut à ces opérations des « ressources opérationnelles et logistiques » bien gérées et employées de façon efficace et économique, le Conseil prie le Secrétaire général de présenter à l’avenir, dans ses exposés de la situation de chaque opération de maintien de la paix, « un avis réaliste sur l’incidence des capacités disponibles et des plans de logistique sur l’exécution des différents volets des mandats ».


« Nous entrons dans une nouvelle phase, avec des défis multidimensionnels, où le maintien de la paix doit jouer pleinement le rôle qui est le sien », a affirmé M. Ban.  Bien que le gouvernement du pays hôte porte une responsabilité importante, les Casques bleus sont chargés d’assurer la protection des civils, ce qui exige des ressources financières leur permettant de s’acquitter efficacement de leurs mandats, a-t-il reconnu.


Des ressources d’autant plus importantes que ces mandats comprennent de plus en plus souvent des activités préliminaires de consolidation de la paix, ont fait observer d’un commun accord délégations et membres du Conseil.


Attirant l’attention sur la Stratégie globale d’appui aux missions, conçue pour optimiser l’efficacité dans la gestion des ressources confiées par les États Membres à l’ONU, le Secrétaire général a rappelé que l’Initiative Nouvel horizon, de 2009, avait déjà défini de nouvelles priorités de renforcement de maintien de la paix.


Malheureusement, a reconnu le Secrétaire général, certains aspects de ce partenariat subissent une lourde pression, notamment en raison d’un contexte financier difficile, de perspectives différentes selon les mandats, et parfois du refus du gouvernement du pays hôte de donner son consentement au déploiement d’une opération de maintien de la paix ou de coopérer avec elle.


Pour le Conseil, les activités de maintien de la paix des Nations Unies sont le « fruit d’une collaboration au niveau mondial ».  À cet égard, le Conseil insiste sur la nécessité d’améliorer la communication entre lui-même, les pays fournisseurs de contingents ou de forces de police et le Secrétariat, ainsi qu’avec les autres parties concernées, comme l’ont souligné de leur côté l’immense majorité des délégations.


Le rôle des civils dans le maintien de la paix ne doit pas non plus être négligé, a indiqué le Secrétaire général, rappelant que 20 000 d’entre eux étaient actuellement déployés sur le terrain pour mettre en œuvre des activités qui vont de la réforme du secteur de la sécurité à la surveillance du respect des droits de l’homme, en passant par le désarmement, le déminage et le soutien aux missions.  L’application des conclusions du récent examen des capacités civiles renforcera l’action de l’Organisation à cet égard, a-t-il ajouté.


Pour le représentant du Guatemala, « tant que 90% du budget du maintien de la paix continuera d’être financé par moins de 10 pays industrialisés, alors que près de 90% des troupes sont fournies par une dizaine de pays en développement, le risque d’une collision potentielle entre points de vue et intérêts d’États Membres continuera de se faire ressentir ».


Aussi, a-t-il souligné la nécessité de rationaliser la manière dont sont calculés les taux de remboursement des coûts aux pays contributeurs de troupes, avant de juger « contreproductif » de faire du maintien de la paix une activité « sous-traitée », qui verrait les pays développés externaliser le déploiement de troupes à moindre frais à des pays en développement.


Son homologue de l’Argentine a abondé en ce sens, faisant observer que son pays, qui présidait le Groupe des 77 et de la Chine lors de la dernière session de la Commission des questions administratives et budgétaires, s’était efforcé de rappeler les pays à leurs obligations financières.  « Appuyer les missions de l’ONU n’est pas qu’une question budgétaire, cela relève de la responsabilité politique des États Membres, dont dépendent les performances et la crédibilité de l’Organisation dans un domaine aussi critique que la paix et la sécurité internationales », a-t-il souligné.


En début de séance, les membres du Conseil de sécurité ont observé une minute de silence en hommage aux victimes de l’attaque perpétrée le matin même contre le siège des Nations Unies à Abuja, au Nigéria.  Le Secrétaire général de l’ONU a entamé son intervention en condamnant vigoureusement cet acte meurtrier.


* S/2011/496


LES OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX DE L’ONU


Maintien de la paix: dresser le bilan et préparer l’avenir


Lettre datée du 5 août 2011, adressée au Secrétaire général par le Représentant permanent de l’Inde auprès de l’Organisation des Nations Unies (S/2011/496)


Déclarations


M. BAN KI-MOON, Secrétaire général de l’ONU, a commencé son intervention en condamnant vigoureusement l’attaque perpétrée ce matin contre le siège de la Maison des Nations Unies à Abuja, au Nigéria.  Le nombre exact de victimes n’est pas encore connu, mais il risque d’être considérable, a-t-il prévenu.  M. Ban a indiqué que la Vice-Secrétaire générale des Nations Unies, Mme Asha-Rose Migiro, avait été immédiatement dépêchée sur place et que tout le système de l’Organisation était mobilisé pour répondre à cette situation d’urgence.  Au cours de son déplacement, Mme Migiro se rendra sur le site de l’attentat avec le Chef de la sécurité des Nations Unies, le Secrétaire général adjoint Gregory Starr, et elle s’entretiendra avec les autorités nigérianes à son arrivée sur place.  M. Ban a présenté ses condoléances aux familles des victimes.


Abordant ensuite le point figurant à l’ordre du jour du Conseil, le Secrétaire général a rappelé que le maintien de la paix était l’un des domaines dans lequel les Nations Unies jouaient un de leurs rôles les plus importants.  Soulignant qu’il était un outil essentiel pour faire face aux menaces qui pèsent sur la paix et la sécurité internationales, et pour soutenir la transition complexe de la phase de conflit à celle de la stabilité, M. Ban Ki-moon a indiqué qu’il fallait des approches adaptées à la spécificité de chaque situation.  Pour réussir, les opérations de maintien de la paix ont besoin d’un mandat clair et réalisable, et du soutien politique de la part du Conseil de sécurité, ainsi que de ressources financières, humaines et matérielles adéquates prévisibles, a-t-il dit.


Depuis 2001, a poursuivi le Secrétaire général, le nombre de personnel en uniforme a doublé, pour atteindre le chiffre de 101 000 personnes en début d’année dernière, tandis que le degré de complexité des missions reste élevé, exigeant des personnels civils et militaires toujours plus nombreux et plus polyvalents.  « Nous entrons dans une nouvelle phase, avec des défis multidimensionnels, où le maintien de la paix doit jouer pleinement le rôle qui est le sien », a affirmé M. Ban.  Bien que le gouvernement du pays hôte porte une responsabilité importante, les Casques bleus sont chargés d’assurer la protection des civils, ce qui place des attentes considérables vis-à-vis de leurs performances, et nécessite des ressources financières leur permettant de s’acquitter efficacement de leur mandat.


L’Initiative Nouvel horizon, de 2009, avait déjà défini de nouvelles priorités pour renforcer le maintien de la paix, a noté M. Ban.  Malheureusement, certains aspects de ce partenariat subissent une lourde pression, notamment en raison d’un climat financier difficile, de perspectives différentes selon les mandats, et parfois du refus du Gouvernement du pays hôte de donner son consentement au déploiement d’une opération de maintien de la paix ou de coopérer avec elle.  Aussi, devons-nous nous efforcer d’améliorer ce partenariat, a ajouté le Secrétaire général.  Se félicitant de la déclaration présidentielle qui sera adoptée aujourd’hui, le Secrétaire général a également attiré l’attention sur la Stratégie globale d’appui aux missions, conçue pour optimiser l’efficacité dans la gestion des ressources confiées par les États Membres à l’Organisation.  Le rôle des civils dans le maintien de la paix ne doit pas non plus être négligé, a-t-il dit, rappelant que 20 000 d’entre eux étaient actuellement déployés sur le terrain pour mettre en œuvre les activités relatives aux processus de paix, qui vont de la réforme du secteur de la sécurité, à la surveillance du respect des droits de l’homme, en passant par le désarmement, le déminage et le soutien aux missions.  L’application des conclusions du récent examen des capacités civiles renforcera l’action de l’Organisation à cet égard, a-t-il ajouté, avant de réitérer le besoin de revitaliser la notion de partenariat dans le cadre du maintien de la paix.


M. OBINNA C. ONOWU (Nigéria) a rappelé qu’alors que le maintien de la paix n’était pas cité dans la Charte, ce domaine d’activité était devenu prioritaire pour l’ONU, en particulier en Afrique.  Le représentant a ensuite noté « l’absence de correspondance entre les ressources et les besoins, qui fait que les opérations de maintien de la paix, de plus en plus exigeantes, ne donnent pas toujours les résultats escomptés ».  Il a ainsi plaidé pour une approche équilibrée devant permettre la pleine réalisation des mandats donnés aux missions.  « Les États Membres doivent s’engager plus avant dans les opérations de maintien de la paix », a poursuivi le représentant, qui a mis l’accent sur la nécessité de coordonner l’action des acteurs, y compris régionaux, en application des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.  Il a aussi souligné l’importance de tenir compte, lors des phases d’élaboration des mandats, des vues des pays contributeurs de contingents les plus expérimentés.  « L’interaction entre ces derniers, et entre ceux-ci et le Conseil de sécurité et le Secrétariat, doit être renforcée », a également demandé le représentant, avant d’insister sur le fait que l’usage de la force ne doit pas mettre en péril les activités des opérations de maintien de la paix.  En conclusion, il a remercié le Secrétaire général de sa déclaration sur l’attentat perpétré aujourd’hui contre les bureaux de l’ONU à Abuja.


M. LI BAODONG (Chine) a constaté que 60 ans après leur lancement, les opérations de maintien de la paix étaient devenues un moyen important pour l’Organisation de maintenir la paix et la sécurité internationales.  Il a estimé nécessaire d’accorder plus d’attention à la coordination intégrée du maintien et de la consolidation de la paix, qui sont « des domaines de plus en plus étroitement liés ».  À cet égard, il a jugé impératif d’améliorer les stratégies de sortie de conflit des missions afin de faciliter la transition du maintien vers la consolidation de la paix.  Le représentant de la Chine a en outre affirmé que l’ONU doit rester neutre sur le terrain et doit éviter de devenir partie à un conflit, cela tout en respectant la souveraineté des pays concernés et en s’attachant à favoriser la réconciliation nationale. 


M. JOSÉ FILIPE MORAES CABRAL (Portugal) a estimé qu’au moment de parler du maintien de la paix, il fallait garder à l’esprit trois principes fondamentaux: le consentement des parties, l’impartialité, et le non-usage de la force sauf dans les situations de légitime défense et d’exécution du mandat confié aux Casques bleus.  En gardant à l’esprit ces trois principes, a assuré le délégué, nous devons poursuivre nos efforts pour adopter des mandats clairs et réalisables, fournir aux opérations de maintien de la paix les moyens dont elles ont besoin pour s’acquitter de ces mandats et gérer aux mieux ces ressources.  Le Conseil de sécurité doit également continuer de promouvoir l’interaction entre toutes les parties prenantes pertinentes, en particulier le Secrétariat et les pays contributeurs de troupes, a souligné le représentant, pour qui la coopération entre missions déployées dans des pays voisins peut jouer un rôle important, de même que les organisations régionales.  Pour le Portugal, les Casques bleus sont les premiers consolidateurs de la paix, a dit M. Cabral.  Aussi, les activités relatives au maintien comme à la consolidation de la paix, doivent-elles être mises en œuvre de manière intégrée.  M. Cabral a plaidé en conclusion pour que la protection de civils demeure un volet important du mandat des opérations de maintien de la paix et pour que les femmes se voient confiées un rôle approprié dans les situations postconflit, conformément à la résolution 1325 (2000) du Conseil de sécurité.


M. NÉSTOR OSORIO (Colombie) a souligné que son pays suivait attentivement les discussions relatives à la restructuration et au renforcement du fonctionnement des opérations de maintien de la paix.  Pour la Colombie, a-t-il dit, les principes fondamentaux du maintien de la paix, tels que le consentement entre les parties, l’impartialité et l’utilisation de la force dans les seuls cas de légitime défense ou de défense des mandats, doivent être rigoureusement respectés.  Il a ainsi mis l’accent sur la nécessité de réitérer la validité de ces principes et de souligner le fait qu’ils doivent être pris en compte dans l’analyse des alternatives visant à répondre aux défis posés par la réalité du terrain.


Le représentant s’est également dit encouragé par les initiatives prises en direction d’une amélioration de l’approche entre le Conseil de sécurité, qui est un organe qui adopte les plans et les mandats des opérations de maintien de la paix, et ceux qui les appliquent, en particulier les pays contributeurs de contingents.  En vue d’améliorer l’efficacité du fonctionnement des opérations de maintien de la paix, M. Osorio a plaidé pour une « collaboration entre les objectifs », qui serait consacrée aux aspects politiques et de planification.  À cela s’ajouteraient une « collaboration en actions », orientée vers les aspects opérationnels sur le terrain, et une « collaboration pour l’avenir », centrée sur le développement de capacités durables destinées à surmonter les défis à venir.


M. NELSON MESSONE (Gabon) a orienté son intervention sur deux aspects: la question des mandats des opérations de maintien de la paix et les rapports entre les différents acteurs qui concourent à la réussite de ces opérations, notamment le Conseil de sécurité et les pays contributeurs de troupes.  En dépit des améliorations réalisées dans l’élaboration de mandats clairs et réalisables au cours des dernières années, il n’en reste pas moins qu’un certain nombre d’insuffisances et de manquements demeurent: ainsi, a-t-il indiqué, des missions comme la MONUSCO, la MINUAD ou encore l’AMISOM accusent d’importants déficits, que ce soit en matière de capacités aériennes, de moyens financiers et matériels ou encore de potentiel humain.  En outre, a considéré le représentant, les mandats des opérations doivent être sous-tendus par une planification rigoureuse des différentes phases et séquences du processus, ainsi que par une détermination des critères définissant le moment adéquat de décider de la fin d’une opération de maintien de la paix (OMP).  Abordant ensuite la question des échanges entre acteurs pertinents, le Gabon s’est félicité des consultations régulières initiées en ce sens par le Conseil de sécurité, en particulier de la réunion, en date du 27 juillet dernier, avec les commandants des différentes forces onusiennes.  M. Messone a également encouragé le Conseil à continuer de renforcer son partenariat avec les organisations régionales, en particulier l’Union africaine, qui doit disposer des capacités dont elle a besoin pour ses propres missions sur le terrain.


M. PHILIP PARHAM (Royaume-Uni) a déclaré que l’honneur et l’ambition du maintien de la paix de l’ONU était d’aider des nations fragiles à retrouver la stabilité et à s’engager dans la voie du développement.  « Le Conseil de sécurité doit dans ce contexte répondre aux défis opérationnels en incitant les pays à s’engager davantage, cela en tenant compte des besoins identifiés par les pays hôtes des missions et des vues des pays contributeurs de troupes », a ajouté le représentant.  À son tour, il a plaidé pour une coordination accrue et améliorée de l’action à mener par les missions entre tous les partenaires, à savoir les institutions financières internationales, l’ONU, et les organisations régionales et sous-régionales.  « Il faut également améliorer l’expertise militaire en rencontrant plus régulièrement les commandants militaires et de police », a aussi souligné le représentant, qui a salué les apports du Groupe de travail du Conseil de sécurité sur le maintien de la paix et ceux de la Cinquième Commission au fonctionnement du maintien de la paix de l’ONU. 


M. NIKITA ZHUKOV (Fédération de Russie) a affirmé que le maintien de la paix était un instrument désormais essentiel pour garantir la paix et la sécurité internationales, « d’où notre volonté d’y contribuer activement, comme nous le faisons déjà au Moyen-Orient, en Afrique et en Haïti ».  Après avoir noté que la nouvelle Mission des Nations Unies à Abyei, au Soudan, allait assurer une présence décisive des Casques bleus dans le nouvel État du Soudan du Sud, le représentant russe à rappeler que la communauté internationale devait sur le terrain, se concentrer sur l’appui aux efforts nationaux pour protéger les civils, « en évitant de se laisser entraîner par une partie ou par une autre », ou de prendre parti pour un camp contre l’autre.  Il a également invité le Conseil à faire preuve de souplesse en modifiant les mandats en fonction de l’évolution politique et sécuritaire sur le terrain.  Enfin, notant que les États Membres doivent appuyer davantage financièrement des missions de plus en plus complexes et exigeantes, il a demandé l’activation du Comité d’état-major de l’ONU.


M. MARTIN BRIENS (France) a déclaré que les opérations de maintien de la paix étaient devenues une des principales vitrines des Nations Unies, comme en témoigne l’augmentation constante des moyens investis dans des missions toujours plus complexes.  Cette réalité exige une coopération renforcée entre tous les acteurs pertinents, y compris les organisations régionales, a estimé le représentant.  La France, a-t-il rappelé, participe pour sa part à 7 des 16 opérations de maintien de la paix actuellement déployées par l’ONU à travers le monde.  Il a également attiré l’attention sur le programme de renforcement des capacités africaines du maintien de la paix, mis en place par la France, et qui a permis de dispenser une formation à 14 000 stagiaires jusqu’à présent.  La France pense que trois éléments sont primordiaux dans l’amélioration du maintien de la paix par les Nations Unies.  Tout d’abord, la protection des civils, qui suppose des soldats de la paix formés en conséquence et irréprochables sur le terrain, a-t-il estimé.  M. Briens a d’ailleurs jugé que la présence de femmes devait être plus significative au sein des forces armées et de la police.  Il a ensuite évoqué la coopération entre missions, qui permet, en cas de situation d’urgence, de renforcer momentanément les moyens dont a besoin une opération de maintien de la paix, comme on l’a vu dans le cas de la MINUL, qui a prêté son soutien à l’ONUCI.  Une telle coopération, a ajouté le représentant, doit aussi permettre de réaliser des économies d’échelle afin de répondre aux exigences de bonne gestion et de contraintes budgétaires qui se posent aujourd’hui.  Enfin, il est nécessaire de réfléchir à l’élaboration de stratégies de sortie de crise, en prenant en compte les menaces ayant un effet déstabilisateur sur les sociétés postconflit, comme par exemple le trafic illicite de stupéfiants et la corruption.


M. NAWAF SALAM (Liban) a déclaré que le succès du maintien de la paix exige un partenariat fort entre le Conseil de sécurité, le Secrétariat, et les pays contributeurs de troupes.  Il a ensuite estimé que le succès du maintien de la paix reposait sur des mandats clairs et réalisables, ainsi que sur des ressources et un appui logistique adéquats et sur le respect des principes fondamentaux du maintien de la paix.  Le représentant a par ailleurs jugé important le rôle que peuvent jouer les organisations régionales et sous-régionales, en particulier l’Union africaine.  « Le maintien de la paix est la méthode privilégiée pour éviter aux pays émergeant d’un conflit d’y retomber, et pour répondre aux défis qui se posent à eux », a-t-il considéré.  Il a suggéré de prendre davantage en compte le rôle du Comité des 34 dans l’élaboration de directives politiques pour le maintien de la paix.  Évoquant enfin la situation au Liban, le représentant a réitéré son appui à la FINUL et à l’ONU et a condamné vigoureusement tous les actes perpétrés contre la FINUL.


Mme REGINA MARIA CORDEIRO DUNLOP (Brésil) a estimé que le premier défi était d’assurer qu’au terme de ses opérations le maintien de la paix, génère un pays vraiment durable dans la zone où est intervenue l’ONU.  Elle a ajouté que le climat économique actuel ne devait pas décourager les pays à investir dans le maintien de la paix de l’ONU ou inciter à des retraits trop rapides.  « La priorité doit être de briser les cycles de violence en avançant des solutions politiques mettant fin aux sources du conflit », a encore jugé la représentante.  Selon elle, le renforcement des capacités des missions passe par celui des organisations régionales, au premier rang desquelles l’Union africaine (UA), et par la prise en compte des contributions des pays fournisseurs de troupes, que le Conseil de sécurité doit consulter plus fréquemment.  Concernant l’engagement du Brésil en Haïti, Mme Dunlop a attiré l’attention sur l’expertise des Casques bleus brésiliens dans les domaines clefs de l’ingénierie militaire et de l’action sociale. 


M. JEFFREY DELAURENTIS (États-Unis) a estimé que le succès des opérations de maintien de la paix était tributaire de la qualité du partenariat entre le Conseil de sécurité, les pays contributeurs et le Secrétariat.  Il s’est ainsi félicité du fait que la déclaration présidentielle appelle à plus de consultations entre les parties.  Le représentant a ensuite réaffirmé l’engagement des États-Unis en faveur du programme de réformes du maintien de la paix de l’ONU.  Il faut mettre au point des outils performants de planification et de formation en matière de protection des civils, a-t-il ajouté, invitant les pays contributeurs à utiliser ce matériel et à le commenter.  Le représentant a par ailleurs demandé que soit trouvée une solution à la pénurie en hélicoptères qui entrave l’exécution des mandats des missions, notamment leur volet concernant la protection des civils.  Il a également suggéré que les États Membres présentent les candidats « les mieux qualifiés » à la direction des missions.  Enfin, pour ce qui est de la primauté du droit, il a plaidé pour un renforcement des normes de résultats de l’ONU dans les domaines clefs de la police et de la justice. 


M. IVAN BARBALIĆ (Bosnie-Herzégovine) a déclaré qu’améliorer l’échange d’information et les consultations entre le Conseil de sécurité, le Secrétariat et les pays contributeurs de troupes étaient indispensables.  « Le Conseil a besoin d’informations précises provenant du terrain pour établir au mieux les mandats des missions ou procéder à leur remaniement », a-t-il ajouté, avant d’inviter le Groupe de travail du Conseil sur les opérations de maintien de la paix à devenir, à cette fin, un forum d’échange et de coopération entre les parties.  « Les recommandations du Groupe doivent être prises en considération », a encore insisté le représentant.  Plus les opérations seront rationalisées, plus les États Membres seront incités à les appuyer financièrement et en ressources humaines, a-t-il estimé. 


M. MIGUEL BERGER (Allemagne) a mis l’accent sur la nécessité d’adopter une approche globale et cohérente du maintien de la paix.  Ceci suppose, a-t-il dit, d’adapter en permanence la diplomatie préventive et le maintien et la consolidation de la paix aux circonstances changeantes.  Selon le représentant, l’élaboration des mandats et des structures des missions devrait s’appuyer sur un processus de planification inclusif impliquant une large gamme d’experts et de fournisseurs potentiels de capacités, y compris, à un stade précoce, les pays contributeurs de troupes et de police et les principaux contributeurs financiers.  Le partenariat dans le domaine du maintien et de la consolidation de la paix est essentiel, a-t-il insisté.


M. Berger, qui a précisé que son pays soutenait la mise en œuvre de la Stratégie globale d’appui aux missions, a également souligné la nécessité de renforcer l’évaluation des mesures de protection des civils, de favoriser l’échange entre les missions et de s’appuyer plus intensivement sur les leçons apprises.  Il a, enfin, jugé indispensable au succès des opérations de maintien de la paix la définition de mandats clairs, l’allocation de ressources adaptées et de structures de commandement et de contrôle fiables.


M. BASO SANGQU (Afrique du Sud) a déclaré que le maintien de la paix était l’une des activités les plus importantes des Nations Unies.  Il a jugé qu’étant donné la nature changeante des conflits, le Conseil devait mettre l’accent sur l’élaboration de mandats clairs et robustes.  Le représentant a affirmé que le maintien de la paix ne devait pas devenir un outil permettant la partialité et le soutien d’un camp contre l’autre, et que la question des ressources financières était essentielle, en particulier en ce qui concerne les initiatives confiées à l’Union africaine.  Le Conseil doit ainsi adopter des mesures courageuses et aller au-delà de sa rhétorique habituelle pour que des missions telles que l’AMISOM bénéficie des moyens dont elles ont véritablement besoin, a-t-il plaidé.  Pour sa part, l’Afrique du Sud appuie le renforcement de la coopération triangulaire et l’idée que les soldats de la paix sont aussi des consolidateurs de la paix capables de jeter les bases d’une paix durable, de l’état de droit et de la bonne gouvernance.


M. HARDEEP SINGH PURI (Inde) a souligné que le terme de maintien de la paix, s’il n’était pas mentionné dans la Charte des Nations Unies, est devenu néanmoins le visage de l’Organisation.  Le maintien de la paix consomme plus de ressources, emploie davantage de personnes et occupe une part plus grande du travail du Conseil de sécurité qu’aucune autre question, a-t-il dit, ajoutant qu’aucun autre instrument du Conseil que ses mandats de maintien de la paix n’avait un impact aussi important sur l’origine et l’application du droit international et du droit international humanitaire.


Le représentant, qui a rappelé que son pays avait fourni plus de 100 000 Casques bleus à l’ONU, dans pratiquement toutes les missions de la paix de ces six dernières décennies, a énuméré les défis auxquels le maintien de la paix était aujourd’hui confronté.  Les mandats doivent être adaptés aux réalités du terrain, a-t-il préconisé, et le Conseil doit, à cet égard, tenir compte des complexités qui en émanent et y répondre en matière de ressources.  Il a également mis l’accent sur la nécessité de tenir des consultations en profondeur avec les pays contributeurs de troupes et de police au cours du processus d’élaboration des mandats.


Déclaration présidentielle


Le Conseil de sécurité réaffirme que la Charte des Nations Unies lui confie la responsabilité principale du maintien de la paix et de la sécurité internationales.


Le Conseil affirme qu’une opération de maintien de la paix ne peut aboutir que dans le respect des principes fondamentaux du maintien de la paix, y compris ceux qui concernent le consentement des parties, l’impartialité et le non-recours à la force, sauf en cas de légitime défense ou de défense d’un mandat autorisé par lui.


Le Conseil insiste sur le rôle joué par les Casques bleus en appui à l’action menée pour promouvoir le bon déroulement des processus politiques et le règlement pacifique des différends.  Soulignant qu’il faut que les mandats soient effectivement exécutés pleinement et exactement, il déclare qu’il compte continuer d’en examiner et d’en suivre régulièrement l’exécution.  Il est conscient du rôle que les organisations régionales peuvent jouer dans le maintien de la paix en vertu du Chapitre VIII de la Charte.


Le Conseil sait aussi combien il importe de donner aux opérations de maintien de la paix des mandats clairs, crédibles et réalisables.  Il se rend aussi compte qu’il leur faut une quantité suffisante de ressources opérationnelles et logistiques, bien gérées et employées de façon efficace et économique, parfaitement adaptées aux mandats approuvés et définies à partir d’une analyse réaliste de la situation.  Il prie le Secrétaire général de présenter, dans ses exposés de la situation de chaque opération de maintien de la paix, un avis réaliste sur l’incidence des capacités disponibles et des plans de logistique sur l’exécution des différents volets des mandats.


Le Conseil, se félicitant des efforts que font les États Membres pour répondre plus rapidement aux demandes de fourniture de personnel destiné à participer aux opérations de maintien de la paix des Nations Unies, souligne combien il importe que les forces soient constituées rapidement, dès le début du processus de formulation des mandats.


Pour le Conseil, les activités de maintien de la paix des Nations Unies sont le fruit d’une collaboration au niveau mondial, à laquelle contribue et est attachée la totalité du système des Nations Unies.  Le Conseil insiste sur la nécessité d’améliorer la communication entre lui-même, les pays fournisseurs de contingents ou de forces de police et le Secrétariat, ainsi qu’avec les autres parties concernées, conformément à la résolution 1353 et afin de créer un climat de confiance réciproque, de partenariat et de coopération et de lui permettre de tirer parti, lorsqu’il prend ses décisions à propos des mandats de maintien de la paix, des vues de ceux qui agissent sur le terrain. Il souligne aussi combien il importe d’améliorer le système de consultation entre ces acteurs, afin que la situation sur le terrain, le mandat de la mission et son exécution soient mieux compris par tous. Il accueille avec satisfaction les suggestions concernant les moyens d’améliorer ces rapports et souligne l’utilité des activités de son Groupe de travail sur les opérations de maintien de la paix.


Le Conseil, réaffirmant les recommandations faites dans ses résolutions 1327 (2000) et 1353 (2001), ainsi que dans les déclarations de ses présidents en date des 3 mai 1994 (S/PRST/1994/22), 4 novembre 1994 (S/PRST/1994/62), 28 mars 1996 (S/PRST/1996/13), 31 janvier 2001 (S/PRST/2001/3), 17 mai 2004 (S/PRST/2004/16) et 5 août 2009 (S/PRST/2009/24) et dans la note de son Président en date du 14 janvier 2002 (S/2002/56), confirme qu’il compte se donner encore plus de mal, à l’avenir, pour les appliquer intégralement.


Le Conseil rappelle en particulier la déclaration de son Président datée du 4 novembre 1994 (S/PRST/1994/62), ainsi que sa résolution 1353 (2001) et la décision y prise de distribuer aux pays fournissant des contingents ou des forces de police, lorsqu’ils sont invités à le rencontrer ou à rencontrer le Secrétaire général, un document à caractère officieux présentant ses projets, donnant la liste des problèmes dont il doit s’occuper et indiquant dans quels documents trouver tout ce qu’il est utile de savoir sur la situation et son contexte. Il prie le Secrétariat de distribuer à ces pays, au plus tard le 15 de chaque mois, une invitation à assister aux rencontres qu’il prévoit de consacrer avec eux, dans le mois qui suit, aux mandats des différentes missions. Ce système de notification automatique ne l’empêchera pas de convoquer, en plus, des réunions de crise spéciales avec ces pays, sous court préavis, selon qu’il conviendra.


Le Conseil, sachant qu’il faut qu’il se ménage un meilleur accès à des avis militaires, notamment ceux que peuvent lui donner les pays fournissant des contingents, compte continuer de s’y employer. Il maintiendra à l’examen le rôle du Comité d’état-major. Il sait l’avantage qu’il y a à se tenir régulièrement en contact avec la direction des missions, notamment grâce à la séance d’information annuelle des chefs de composante militaire. Il serait heureux qu’il y ait des réunions analogues avec les chefs de composante police, ce qui l’aiderait à mieux comprendre les problèmes opérationnels.


Le Conseil se déclare décidé à continuer d’améliorer la façon dont il envisage les premières activités de consolidation de la paix et à tenir compte de ses observations dans la formulation des mandats et dans la composition des opérations de maintien de la paix. À ce propos, il constate avec reconnaissance ce que les Casques bleus et les missions de maintien de la paix apportent aux premières activités de consolidation de la paix, ainsi que la nécessité d’intégrer les compétences spéciales et l’expérience des missions dans l’élaboration des stratégies de maintien de la paix.


Le Conseil est également conscient de l’important travail accompli par le Comité spécial des opérations de maintien de la paix.


Le Conseil s’engage à progresser sur le plan de l’amélioration de la productivité de ses relations avec les pays fournissant des contingents ou des forces de police et à faire en 2012 le point du chemin parcouru.


Suite des déclarations


M. GERT ROSENTHAL (Guatemala) a rappelé que son pays avait bénéficié du maintien de la paix des Nations Unies, en particulier dans le domaine du désarmement, de la démobilisation et de la réintégration, ceci après la signature des accords de paix de 1996.  Il a ensuite estimé que la répartition des responsabilités dans le maintien de la paix entre États Membres était un élément important à prendre en compte dans une réflexion d’ensemble.  Tant que 90% du budget du maintien de la paix continuera d’être financé par moins de 10 pays industrialisés, alors que près de 90% des troupes sont fournies par une dizaine de pays en développement, des tensions persisteront et le risque d’une collision potentielle entre points de vue et intérêts d’États Membres continuera de se faire ressentir.  Nous devons donc rationaliser la manière dont les taux de remboursement des coûts aux pays contributeurs de troupes sont calculés, a plaidé le représentant.  Il a jugé contreproductif de faire du maintien de la paix une activité « sous-traitée », qui verrait les pays développés externaliser le déploiement de troupes à moindre frais à des pays en développement.


M. MARIO OYARZÁBAL (Argentine) a estimé que la création du Département d’appui aux missions et la mise en place progressive de la Stratégie globale d’appui aux missions étaient des outils adaptés pour l’optimisation de l’usage des ressources et le renforcement de l’efficacité du maintien de la paix de l’ONU.  Il a ensuite fait observer que son pays, qui présidait le Groupe des 77 et de la Chine lors de la dernière session de la Cinquième Commission, s’était efforcé de rappeler les pays à leurs obligations financières.  « Appuyer les missions de l’ONU n’est pas qu’une question budgétaire, cela relève de la responsabilité politique des États Membres, dont dépendent les performances et la crédibilité de l’Organisation dans un domaine aussi critique que la paix et la sécurité internationale », a-t-il souligné.


M. KIM SOOK (République de Corée) a estimé critique que les États Membres appuient de manière plus généreuse les opérations de maintien de la paix, « afin de répondre à une demande de plus en plus accrue et exigeante ».  « Il en va de l’efficacité des opérations, mais également de la sécurité du personnel déployé sur le terrain », a-t-il ajouté.  Le représentant a ensuite souligné la pertinence des mécanismes de coopération intermissions, « comme l’a montré récemment l’action cordonnée de la Mission des Nations Unies au Libéria (MINUL) et de l’Opération des Nations Unies en Côte d’Ivoire (ONUCI) ».  « Dans le même temps, les États Membres doivent faire tout leur possible pour réduire la durée des crises politiques, postélectorales notamment », a-t-il ajouté.  Sur le déploiement des capacités civiles, M. Kim a plaidé pour un accroissement de leur nombre, qui ne représente à ce jour que 18% du total des personnels des missions.  « Avec le développement des composantes non militaires des opérations de maintien de la paix, le rôle des civils dans les domaines de l’état de droit, des droits de l’homme et de la préparation des élections, va devenir de plus en plus important », a-t-il expliqué.


S’exprimant au nom du Mouvement des pays non alignés (NAM), M. MOHAMMED LOULICHKI (Maroc) a souligné que le maintien de la paix ne devait pas devenir un substitut à la recherche des causes profondes d’un conflit, qui devraient être prises en considération dans tous leurs aspects.  Il a ensuite indiqué que les États membres du Mouvement des non-alignés contribuaient à hauteur de 87% des personnels déployés dans les missions de maintien de la paix et que, parmi les 120 pays qui font partie du NAM, se trouve la majorité de ceux qui accueillent aujourd’hui une mission.  C’est la raison pour laquelle le NAM estime que les pays contributeurs de troupes devraient être pleinement impliqués dans l’élaboration des mandats et des processus de déploiement sur le terrain.  Il est temps d’ouvrir un débat sur les meilleurs moyens d’engager un dialogue entre les pays fournisseurs de contingents, le Conseil de sécurité, et le Secrétariat, a plaidé M. Loulichki.  Le représentant a également souligné que l’amélioration du maintien de la paix passait par une meilleure gestion de l’appui logistique à ces opérations.  Enfin, il a rappelé que l’usage de la force par les Casques bleus ne doit en aucune circonstance compromettre la relation stratégique qui prévaut entre le pays hôte et la mission de maintien de la paix qui y est déployée.


Mme PHILIPPA JANE KING (Australie) a estimé que des consultations régulières avec les pays contributeurs de troupes et de police constituaient un mécanisme important pour s’assurer que les mandats des missions de maintien de la paix étaient fondés sur une connaissance concrète de la réalité sur le terrain et que les attentes étaient réalistes et bien comprises. 


Elle a souligné que les missions de maintien de la paix devaient être dotées de ressources et de capacités suffisantes, pour ensuite réclamer une analyse plus poussée des capacités capables d’améliorer l’efficacité des missions, notamment en matière de communication, d’analyse, d’aviation et de puissance de tir.  Mme King a par ailleurs souligné la nécessité de clarifier les attentes quant au rôle des Casques bleus sur le terrain.


M. RAZA BASHIR TARAR (Pakistan) a souligné que la complexité des mandats de maintien de la paix était devenue désormais une norme et non plus une exception.  La mise en œuvre de tels mandats, a-t-il dit, suscite des questions d’ordre juridique, en particulier des interprétations diverses de la Charte des Nations Unies, de la souveraineté des États, du droit international humanitaire, etc.  En outre, les défis opérationnels du maintien de la paix ont été exacerbés par des contraintes financières et en matière de ressources, subies par l’ensemble de l’architecture du maintien de la paix.  Il reste, a-t-il ajouté, à développer une transition harmonieuse entre l’environnement du maintien de la paix et la phase de sortie des conflits, en se concentrant entre autres sur le règlement des différends et les stratégies de consolidation de la paix.


Le Pakistan estime que les principes directeurs visant à relever ces défis et à garantir le succès à long terme du maintien de la paix doivent être en conformité avec la Charte des Nations Unies et le concept de sécurité collective, a affirmé M. Tarar.  De même, s’agissant du manque de ressources, il a considéré qu’il n’était plus tenable pour les pays contributeurs de continuer à subvenir aux besoins des missions de maintien de la paix des Nations Unies.  Enfin, le Pakistan estime que des mandats clairs, réalistes et réalisables sont nécessaires, de même qu’une meilleure compréhension entre le Conseil de sécurité, où ces mandats sont rédigés, et le terrain, où ils sont mis en œuvre, a dit M. Bashir Tarar.


M. HASAN KLEIB (Indonésie) a estimé que le maintien de la paix devait continuer à être fondé sur ses trois principes de base, à savoir le consentement des parties concernées, l’impartialité et l’usage de la force uniquement dans les cas de légitime défense ou de défense des mandats du Conseil de sécurité.  Alors que les missions deviennent de plus en plus complexes et multidimensionnelles, a-t-il ajouté, « notre responsabilité de doter les Casques bleus de directives claires et d’équipements, de formation et de ressources nécessaires s’est accru ».


Le représentant a par ailleurs estimé qu’outre les pays hôtes, les pays contributeurs de troupes et de police devaient être consultés régulièrement.  Après avoir souligné l’importance d’octroyer suffisamment de ressources aux missions, M. Kleib a estimé que des experts civils « culturellement sensibles » originaires du monde du Sud, pouvaient être déployés dans les zones requérant leur expertise.


M. ABDOU SALAM DIALLO (Sénégal) a estimé que l’ONU devait poursuivre ses activités pour le renforcement des capacités de maintien de la paix en coordonnant besoins et ressources du Programme des forces en attente.  Cela doit s’effectuer dans le cadre d’un partenariat entre les États Membres qui fournissent des contingents et les pays en mesure de fournir des équipements appropriés pour dissuader les forces belligérantes, a-t-il ajouté.  Le représentant a également indiqué que la constitution de forces de réserve spécialisées permettrait un déploiement rapide et efficace en cas de besoin. 


Le Sénégal souligne la nécessité de renforcer les capacités de l’Union africaine en matière de prévention des conflits, de médiation et de maintien de la paix, a aussi noté M. Diallo.  Pour le représentant sénégalais, il est par ailleurs critique de s’attaquer aux causes profondes des crises en cours, afin d’en limiter le nombre et les conséquences.  Il a préconisé à cette fin une action cohérente, planifiée et exhaustive mettant en œuvre l’ensemble des outils politiques, sociaux et de développement.


M. KAZUO KODAMA (Japon) a souligné l’importance de la coopération triangulaire entre le Conseil, le Secrétariat, les pays contributeurs de troupes et de contingents et toutes les autres parties prenantes, notamment le commandants des forces des Nations Unies et le Comité spécial des opérations de la paix.  Il a préconisé d’organiser systématiquement, une semaine avant le renouvellement du mandat de la mission concernée, une réunion avec les pays contributeurs de troupes pertinents et d’orienter davantage les discussions vers l’action.  Soulignant à son tour la complexité croissante des opérations de maintien de la paix, le représentant japonais a indiqué que le renforcement de l’interaction entre toutes les parties prenantes était impératif au vu des attentes placées dans la communauté internationale.


M. ÁLVARO CERIANI (Uruguay) s’est félicité de l’amélioration des consultations entre le Conseil de sécurité et les pays contributeurs de troupes et de forces de police, ainsi qu’entre le Secrétariat et le C-34.  S’agissant de la coopération triangulaire entre le Secrétariat, le Conseil de sécurité et les pays contributeurs, le représentant a indiqué que les échanges avaient été particulièrement positifs dans le cadre du Groupe de travail du Conseil sur les opérations de maintien de la paix, notamment sous la présidence du Nigéria cette année et celle du Japon en 2009 et 2010.  Il s’est dit convaincu que les ressources financières, humaines et matérielles devaient être mises à disposition des opérations de maintien de la paix pour leur permettre de s’acquitter de leur mandat de manière appropriée.


Mme SIMONA LESKOVAR (Slovénie) a estimé à son tour que les opérations de maintien de la paix devaient recevoir des mandats clairs, les Casques bleus nouvellement déployés devant être guidés par le biais de formations reprenant les leçons tirées d’expériences antérieures.  Elle a, par conséquent, plaidé pour l’intensification des interactions entre les services militaires, de police et civils en vue également de faciliter la transition du maintien à la consolidation de la paix. 


La représentante a ensuite préconisé le développement d’une architecture intégrée et souple permettant de répondre aux besoins contemporains en matière d’assistance à court et moyen termes.  Avant de conclure, elle a rappelé que son pays avait déployé plus de 5 000 Casques bleus depuis son indépendance, il y a 20 ans.  « Cet engagement reflète la détermination de la Slovénie de contribuer activement au maintien de la paix et de la sécurité internationales », a affirmé Mme Leskovar. 


M. GONZALO GUTIÉRREZ (Pérou) a notamment déclaré que, ces dernières années, les ressources financières et humaines n’avaient pas augmenté proportionnellement aux tâches et risques accrus auxquels les opérations de maintien de la paix faisaient aujourd’hui face.  Appelant à l’harmonisation des concepts opérationnels pour établir des procédures claires facilitant la mise en œuvre des mandats dans le cadre des ressources disponibles, il a ensuite estimé que le Conseil de sécurité devait s’appuyer davantage sur les expériences des pays contributeurs de troupes lorsqu’il décide de remanier le mandat d’une mission. 


« Il reste du chemin à parcourir, qui plus est dans un contexte international en mutations constantes », a constaté le représentant, pour qui, « lorsqu’on confie des tâches de protection des civils aux Casques bleus, nous devons être sûrs qu’ils seront en mesure de riposter en cas de légitime défense ».  Il a conclu en plaidant pour la définition de paramètres de référence destinés à faciliter la transition du maintien de la paix vers les phases de consolidation de la paix dans les sociétés postconflit.


M. HUSSEIN HANIFF (Malaisie) a indiqué que sa délégation soutenait les diverses initiatives entreprises par le Département des opérations de maintien de la paix et le Département d’appui aux missions en vue d’améliorer l’efficacité des missions.  Tout en soulignant que le mandat des Casques bleus les autorisait à protéger les civils dans les situations de conflit armé, il a rappelé que la responsabilité de protéger incombait en premier lieu au gouvernement du pays hôte. 


Consciente du manque de ressources financières, la délégation a exhorté à une gestion plus rationnelle des moyens mis à la disposition des opérations, lançant un appel aux pays qui peuvent se le permettre de continuer à contribuer généreusement.  Soucieuse que ses propres Casques bleus soient pleinement opérationnels, la Malaisie a indiqué que son gouvernement avait ouvert en 1996 un Centre de formation au maintien de la paix.


M. TALAIBEK KYDYROV (Kirghizistan) a affirmé que le potentiel des activités relatives au maintien de la paix s’était considérablement renforcé, que ce soit en termes qualitatifs ou quantitatifs.  Une telle tendance exige cependant des ressources plus importantes, ainsi qu’un partenariat renforcé entre le Conseil de sécurité, l’Assemblée générale et les pays contributeurs de troupes. 


Un renforcement de la coopération avec les organisations régionales serait également pertinent, comme l’Organisation du Traité de sécurité collective dans le cas du Kirghizistan.  Selon le représentant, un tel renforcement doit aller de pair avec des réformes sur le plan législatif à prendre par les pays de la région.


M. LIBRAN N. CABACTULAN (Philippines) a mis l’accent sur l’importance de renforcer les programmes de formation des Casques bleus afin d’assurer le succès et l’efficacité des missions.  « À cette fin, nous avons accueilli un atelier de formation en juin dernier à Manilles », a-t-il indiqué, notant que 13 pays avaient participé à cet événement qui s’est focalisé sur la gestion de l’environnement postconflit.  Le représentant a ensuite salué les efforts engagés par le Département des opérations de maintien de la paix et le Département de l’appui aux missions en vue de répondre à la demande de plus en plus exigeante et complexe de maintien de la paix dans des contextes difficiles.


M. GILLES RIVARD (Canada) a estimé nécessaire que les mandats des opérations de maintien de la paix soient axés sur la souplesse, la capacité d’adaptation et la mobilité.  En clair, il faut déployer du personnel militaire, policier et civil pleinement capable de s’adapter à une situation en constante évolution sur le terrain, a ajouté le représentant canadien. 


M. Rivard a ensuite souligné que le Conseil devait établir un équilibre judicieux entre les attentes suscitées par les mandats et les résultats qu’il est possible d’obtenir concrètement, « au moyen des ressources disponibles ».  Sur ce dernier point, il a avancé que pour que le personnel de maintien de la paix dispose des moyens d’action voulus pour l’exécution de mandats de plus en plus complexes, « il faut que tous les États Membres respectent les attentes créées par ces mandats ».  Le représentant a aussi rappelé la pertinence de l’initiative « Nouvel horizon », appelant à la mise en œuvre de ses grandes orientations. 


M. ARTHUR KAFEERO (Ouganda) a tout d’abord reconnu que des opérations de maintien de la paix inefficaces causeraient beaucoup de tort à l’Organisation, en particulier aux yeux des populations affectées.  Aussi, le fossé entre mandats et ressources doit-il être surmonté au plus vite, a enjoint le représentant.  Selon lui, pour réussir, les opérations doivent prendre en compte les causes profondes des conflits, ce qui suppose une bonne connaissance de la situation sur le terrain. 


Par ailleurs, a poursuivi la délégation, la relation entre le Conseil de sécurité et les pays contributeurs de troupes est cruciale, parce que les objectifs politiques et les mandats de maintien de la paix doivent être clairs et crédibles.  En outre, les défis de plus en plus complexes qui se posent aujourd’hui exigent une coopération renforcée avec les organisations régionales telles que l’Union africaine.  Enfin, l’inclusion de certaines activités de consolidation de la paix dans les mandats des opérations de maintien de la paix est à préconiser, a ajouté en conclusion M. Kafeero.


M. JORGE VALERO (Venezuela) a déclaré que les opérations de maintien de la paix, tout en étant des outils précieux au service des Nations Unies, avaient été parfois instrumentalisées par certaines puissances, qui arguent de leur renforcement pour compromettre l’exercice de la souveraineté des États concernés.  Aussi est-il devenu indispensable de veiller à ce que les opérations remplissent le rôle qui est le leur avec pour seule finalité d’instaurer une paix durable.


La multiplication des opérations de maintien de la paix est la preuve flagrante de l’expansion des situations de conflit dans le monde, a fait observer le représentant.  Or, a-t-il ajouté, ces conflits ne prendront pas fin tant que les situations structurelles de pauvreté, d’injustice, d’oppression, d’exploitation et de domination, qui s’appuient sur des ambitions néocoloniales, se poursuivront.


M. IONNIS VRAILAS, Chargé d’affaires a.i. de la délégation de l’Union européenne auprès des Nations Unies, a préconisé une action basée sur un partenariat solide entre le Conseil de sécurité, les organes de l’Assemblée générale, les pays contributeurs de troupes, les pays hôtes, les organisations régionales et le Secrétariat.  Cela suppose un engagement ferme de tous les partenaires, notamment pour assurer le succès d’un maintien de la paix finançable dans des proportions réalistes, a-t-il ajouté.  M. Vrailas a ensuite plaidé pour la tenue de rencontres régulières entre les acteurs du terrain, notamment les commandants des forces des opérations, et le Conseil de sécurité.  Il a également jugé que les Casques bleus avaient besoin « d’y voir clair ».  Selon lui, dès les premières phases de déploiement, les soldats de la paix doivent savoir exactement ce que l’on attend d’eux sur le terrain, la Commission de consolidation de la paix (CCP) ayant un rôle à jouer en ce sens pour faciliter le passage des étapes de maintien de la paix à celles de consolidation de la paix. 


M. NOJIBUR RAHMAN (Bangladesh) a assuré que le succès futur des opérations de maintien de la paix des Nations Unies dépendrait de l’appui politique qu’elles recevraient.  Il a ajouté que le Conseil de sécurité devait accepter une plus grande implication des pays contributeurs de troupes dans l’élaboration des mandats des missions.  « L’Assemblée générale a demandé à plusieurs reprises que ces pays, dont le Bangladesh, qui, depuis 1988, a déployé pas moins de 100 000 membres du personnel de maintien de la paix, soient plus représentés au sein du Département des opérations de maintien de la paix et du Département de l’appui aux missions », a ainsi rappelé M. Rahman. 


M. TETE ANTONIO, Observateur permanent de l’Union africaine auprès des Nations Unies, a souligné que l’Union africaine avait expérimenté nombre d’approches pratiques et novatrices afin de faire face aux défis de paix et de sécurité qui se présentent aujourd’hui.  Il a mis l’accent sur les modules d’appui initial et renforcé autorisés par le Conseil de sécurité, notamment pour la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM), ainsi que pour l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (MINUAD). 


S’agissant de l’AMISOM, pour lui permettre de continuer de façon efficace la mise en œuvre de son mandat, un atelier animé les 17 et 18 août derniers a recommandé de prendre les dispositions suivantes: accélérer le déploiement de troupes additionnelles par les pays contributeurs afin d’atteindre le plus rapidement possible la capacité de 12 000 hommes couverts par l’appui des Nations Unies; renforcer l’appui de l’ONU; intégrer les unités de l’ex-police pour maintenir la loi et l’ordre à Mogadiscio; et créer une force de garde chargée de faciliter le déploiement du personnel civil en sus des 12 000 troupes autorisées par le Conseil de sécurité.


Évoquant ensuite le cas de la MINUAD, le représentant a indiqué que l’Union africaine avait suivi avec attention l’adoption de la résolution 2003 (2011), qui a notamment renouvelé le mandat de cette Mission.  Elle estime qu’il y a nécessité d’engager une réflexion sur l’importance qui doit être accordée aux positions de l’Union africaine s’agissant de la situation au Darfour, où elle souhaite qu’un processus politique soit lancé.  Aussi, l’Union africaine appelle-t-elle toutes les parties concernées à démontrer leur engagement continu au respect de la nature hybride de la MINUAD.  Et M. Antonio d’ajouter que le maintien de la paix est avant tout une affaire de partenariat.


M. PETER THOMSON (Fidji) a déclaré que le maintien de la paix était une perte d’argent pour la plupart des pays contributeurs de troupes, dont Fidji fait partie.  « Ainsi, le coût d’un salaire décent pour nos Casques bleus n’est pas couvert par ce que nous rembourse l’Organisation », a assuré le représentant.  Aussi, les Nations Unies doivent-elles examiner toutes les options en vue de rationaliser les coûts, y compris en diminuant le nombre de Casques bleus déployés internationalement, en encourageant la coopération Sud-Sud et la coopération triangulaire et en permettant le partage des ressources entre opérations voisines.


Mme TINE MORCH SMITH (Norvège), qui s’exprimait au nom des pays nordiques, a déclaré que les capacités civiles, en particulier les experts dans les domaines de l’état de droit et du genre, jouaient un rôle précieux dans la transition du conflit vers la paix et le développement.  « Nous sommes prêts à partager notre propre expertise dans le cadre du développement des capacités civiles onusiennes de maintien et de consolidation de la paix », a-t-elle ajouté.  Pour Mme Smith, maintien, consolidation de la paix et développement à long terme doivent être liés.  « Une ONU plus cohérente et intégrée est une ONU plus efficace », a-t-elle renchéri, soulignant que l’Organisation gagnerait à mieux définir ses priorités et à « penser de manière plus stratégique au sein de ses sections et divisions spécialisées ».


M. ATTILA ZIMONYI (Hongrie) a noté que la diplomatie préventive et la prévention des conflits devaient jouer un rôle plus important dans les activités de l’ONU, y compris de maintien et de consolidation de la paix.  Il a ajouté qu’il était essentiel de définir des stratégies de sortie claires pour chaque mission, afin d’éviter une prolongation « potentiellement inutile et contreproductive » des opérations.  Le représentant a ensuite souligné la nécessité que les organisations régionales coopéraient plus avant avec le Conseil de sécurité pour renforcer « une efficacité basée sur les connaissances des spécificités locales ». 


M. NEVEN MIKEC (Croatie) a estimé que la coopération et la coordination entre les différentes parties prenantes des Nations Unies ainsi qu’avec les pays contributeurs de troupes et de police devaient être renforcée.  Il s’est ensuite félicité de la volonté du Conseil d’améliorer la cohérence entre l’instauration, le maintien et la consolidation de la paix.  Après avoir souligné que la mise en œuvre des mandats de protection des civils continuait d’être une des tâches les plus complexes, le représentant a déclaré que sa délégation soutenait la mise en œuvre du Cadre stratégique, qui prévoit notamment la tenue d’ateliers de formation pour les personnels militaires, policiers et civils.


M. GYAN CHANDRA ACHARYA (Népal) a déclaré qu’il n’y avait pas d’alternative au maintien de la paix et que ce concept devait continuer de revêtir la forme d’un partenariat et d’une responsabilité partagée entre l’Assemblée générale, le Conseil de sécurité, les pays contributeurs de troupes et de policiers, les partenaires régionaux, le pays hôte et le Secrétariat.  Il a ensuite préconisé que le Conseil mette en œuvre le cadre stratégique indispensable au renforcement des mandats.  Le représentant a ajouté que le maintien de la paix devrait être guidé par les principes suivants: sécuriser la situation dans le pays concerné, soutenir les processus politiques nationaux et relancer l’activité économique.


Mme DANIJELA ČUBRILO (Serbie) a considéré que le succès des opérations de maintien de la paix reposait sur l’application du principe de responsabilité partagée.  « Cela suppose la mise en place et l’adhésion à des stratégies élargies à l’ensemble des parties prenantes -Conseil de sécurité, pays contributeurs de troupes, Secrétariat-, et des synergies où les questions de sécurité et de développement sont appréhendées de manière équilibrée », a-t-elle expliqué.  Mme Čubrilo a par ailleurs estimé à son tour que le Conseil de sécurité devait s’appuyer sur l’expérience accumulée par les pays contributeurs de troupes et de policiers lorsqu’il décide de reconfigurer le mandat d’une mission. 


M. YEVHENII TSYMBALIUK (Ukraine) s’est dit lui aussi très préoccupé par le fossé qui subsiste entre les mandats confiés aux opérations de maintien de la paix et les ressources financières et matérielles qui leur sont accordées.  Ce fossé trouve son illustration la plus flagrante dans le manque d’hélicoptères de combat, qui compromet la réalisation des tâches dont doivent s’acquitter les opérations de maintien de la paix, a indiqué le représentant.  À cet égard, il a préconisé de suivre les recommandations du Comité spécial des opérations de maintien de la paix, qui proposait de changer la manière dont ces hélicoptères sont remboursés et utilisés.


M. TEKEDA ALEMU (Éthiopie) a affirmé que le « spectacle » d’une mission laissée pour compte et humiliée, comme fut le cas pour la Mission des Nations Unies en Éthiopie et en Érythrée, menaçait la légitimité et la crédibilité du maintien de la paix et du Conseil de sécurité.  Il est essentiel qu’aucune situation ne puisse légitimer les allégations ou insinuations selon lesquelles le Conseil de sécurité est partial, a-t-il ajouté, sinon, les missions de maintien de la paix sont vouées à l’échec avant même de commencer. 


M. Alemu a par ailleurs estimé que pour assurer la paix et la stabilité, il était nécessaire de faire davantage dans les domaines de la prévention des conflits, du rétablissement de la paix et de la consolidation de la paix.  Selon le représentant, un problème notable réside dans le fait que l’on ne prête pas suffisamment attention aux alertes précoces de conflit et que l’on s’accommode avec « le mal » jusqu’à ce qu’il soit trop tard.


M. OTHMAN JERANDI (Tunisie) a rappelé que son pays avait fourni des troupes, des personnels civils et des observateurs dans différentes opérations de maintien de la paix déployées dans le monde.  S’agissant du fonctionnement de ces opérations et de l’exécution de leur mandat, il a jugé que les principes de neutralité et d’impartialité devaient être pleinement respectés.  Le représentant a par ailleurs préconisé à l’avenir des consultations approfondies plus régulières avec les pays contributeurs de troupes, mais aussi avec les organisations régionales.


M. SHAVENDRA SILVA (Sri Lanka) a assuré que si le monde d’aujourd’hui était un lieu plus sûr qu’hier, c’était en grande partie grâce au dévouement des Casques bleus.  Le représentant s’est ensuite dit honoré du fait que son pays soit un contributeur actif de troupes des opérations de maintien de la paix de l’ONU, l’année 2010 ayant marqué le cinquantième anniversaire du déploiement du premier contingent sri-lankais sur le terrain. 


M. Silva a estimé que le maintien de la paix ne devait pas être un substitut à la recherche et à l’appréhension des causes profondes des conflits.  « L’objectif ultime du maintien de la paix doit être de bâtir une paix durable et des capacités institutionnelles dans les pays touchés par la guerre et la violence afin de permettre à terme à ceux-ci de s’approprier leur destin ».  « Dans ce contexte, les stratégies de sortie sont cruciales pour faciliter la transition vers le développement dans les sociétés sortant d’un conflit », a-t-il ajouté. 


M. YUSUF MAMMADALIYEV (Azerbaïdjan) a notamment indiqué que, depuis 1999, son pays avait déployé du personnel militaire au Kosovo, en Afghanistan et en Iraq, le Gouvernement azerbaidjanais ayant, ces dernières années, augmenté sa contribution au budget du maintien de la paix de l’ONU.  Le représentant a précisé que les efforts internationaux de maintien et de consolidation de la paix devaient être menés dans le strict respect des principes de souveraineté, d’intégrité territoriale, de consentement, d’indépendance politique des États et de non-ingérence dans leurs affaires intérieures. 


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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