CS/10227

Soudan: le Conseil de sécurité a entendu un exposé d’Atul Khare qui a souligné à la fois les progrès accomplis et les questions encore en suspens

20/04/2011
Conseil de sécuritéCS/10227
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Conseil de sécurité

6517e séance – matin


SOUDAN: LE CONSEIL DE SÉCURITÉ A ENTENDU UN EXPOSÉ D’ATUL KHARE QUI A SOULIGNÉ

À LA FOIS LES PROGRÈS ACCOMPLIS ET LES QUESTIONS ENCORE EN SUSPENS


Les négociations postréférendaires risquent de ne pas être achevées d’ici au

9 juillet, prévient le Sous-Secrétaire général aux opérations de maintien de la paix


Le Conseil de sécurité a examiné, ce matin, la situation au Soudan, trois mois après la tenue du référendum au Sud-Soudan et alors que le mandat de la Mission des Nations Unies au Soudan (MINUS) arrive à expiration le 30 avril 2011.


Les membres du Conseil de sécurité ont, au cours de cette réunion, entendu un exposé du Sous-Secrétaire général aux opérations de maintien de la paix, M. Atul Khare, qui présentait le rapport du Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, sur la question.  Dans ce rapport sur le Soudan, le Secrétaire général se prononce en faveur d’une prorogation du mandat de la MINUS jusqu’au 9 juillet 2011, date à laquelle s’achèvera la période intérimaire prévue par l’Accord de paix global, une recommandation appuyée par la délégation du Soudan.


M. Khare a souligné que le bon déroulement du référendum sur l’autodétermination du Sud-Soudan a été un accomplissement historique, témoignant de l’engagement des parties à l’Accord de paix global, ainsi que du courage du Président Omar Al-Bashir et du Vice-Président Salva Kiir.  « Le référendum a également montré que, lorsqu’elle bénéficie du soutien cohérent et concerté de la communauté internationale, l’action menée par l’ONU au service de la paix et de la sécurité peut être efficace », a ajouté Atul Khare.


Il reste toutefois plusieurs défis à relever, a observé le Sous-Secrétaire général, expliquant que plusieurs questions essentielles de l’Accord de paix global n’ont pas encore été réglées ou l’ont été de manière incomplète.  À l’issue du référendum, il y a eu des tensions dans le Sud, notamment entre l’Armée populaire de libération du Soudan (APLS) et des insurgés et milices, ce qui a mis ainsi en péril les civils, a-t-il indiqué.


Intervenant à son tour, le représentant du Soudan a estimé que le référendum d’autodétermination du Sud-Soudan n’était pas une fin en soi.  « Nous sommes aujourd’hui à une étape de culmination de la mise en œuvre de l’Accord de paix global », a-t-il dit.  Il a rappelé que le Président du Soudan avait déterminé les principes et les directives du traitement des questions postréférendaires, ces dernières, a-t-il précisé, étant épineuses et leur traitement exigeant beaucoup de temps. 


La situation à Abyei est restée instable et les parties n’ont pas progressé vers une solution sur le statut futur d’Abyei, a poursuivi Atul Khare.  Il a notamment déploré que 33 patrouilles sur les 221 déployées par la MINUS n’aient pas pu se rendre dans les zones de conflits, comme celle d’Abyei.  Il a aussi indiqué que l’APLS a demandé à la MINUS de rester en dehors des comtés où elle menait des opérations armées, ce qui a empêché la Mission de vérifier les conditions militaires et humanitaires prévalant dans ces régions.  Cette restriction a toutefois été levée fin mars, a-t-il précisé.


Pour le représentant du Soudan, traiter des questions de sécurité ne peut se substituer à un règlement politique global pour Abyei.  Il a précisé que le Gouvernement du Soudan avait continué de traiter de façon positive les propositions du Facilitateur et des médiateurs concernant le statut d’Abyei, y compris celle faite par M. Thabo Mbeki, qui est à la tête du Groupe de mise en œuvre de haut niveau de l’Union africaine, dont l’action vise la délimitation d’un cadre.  Malheureusement, l’autre partie a fait la sourde oreille et a rejeté cette proposition, a regretté le représentant du Soudan.  Il a affirmé que son pays faisait preuve de souplesse sur cette question et a appelé l’autre partie à la dispute à en faire autant.


M. Khare a constaté avec satisfaction la coopération qui existe entre le Parti du congrès national et le Mouvement populaire de libération du Soudan (MPLS), mais s’est inquiété de la lenteur des progrès sur les questions en suspens relatives à l’Accord de paix global, comme celles ayant trait au tracé de la frontière et au statut d’Abyei.  De même, si le Cycle de négociations mené à Addis-Abeba début avril s’est achevé par un accord sur une approche commune pour la gestion de la dette, il reste encore des questions à régler, a indiqué M. Khare.  Des progrès ont aussi été notés s’agissant de la gestion commune de la frontière, même si les parties divergent en ce qui concerne la nécessité d’impliquer une tierce partie.


Du fait de ces désaccords, il est possible que les questions en suspens de l’Accord de paix global ne seront pas résolues, et que les négociations postréférendaires ne seront pas achevées d’ici au 9 juillet, a averti M. Khare.  Il a mentionné le retard pris dans les consultations populaires dans l’État du Nil Bleu ou dans celui du Kordofan méridional, consultations qui sont pourtant vitales pour le développement de relations pacifiques entre le nord et le sud du Soudan.


De l’avis de la délégation du Soudan, la question de la présence des éléments de l’APLS dans ces deux États devait être examinée et être réglée dans le cadre de l’Accord de paix global.  Ces forces doivent être retirées du Kordofan méridional et du Nil Bleu, a insisté le représentant du Soudan, tout en soulignant « les effets négatifs de cette présence » sur les consultations populaires.  Le représentant a demandé au Conseil de sécurité de transmettre un message ferme en encourageant l’APLS à mettre en œuvre tous les détails de l’Accord de paix global.  Les unités militaires soudanaises se sont engagées en faveur de la mise en œuvre et du respect de l’ensemble des clauses de l’Accord de paix global en se retirant de la partie sud du Soudan, a-t-il déclaré.


Enfin, M. Khare a expliqué que les conclusions de l’évaluation technique d’une éventuelle présence onusienne de paix et de sécurité au Sud-Soudan se basent sur une conception large du mandat et du rôle de la mission.  Le Secrétaire général présentera ses recommandations à cet égard dans un rapport qui sera publié le 13 mai.


Alors que les Nations Unies célèbrent aujourd’hui la Journée de la langue chinoise, le Président du Conseil de sécurité pour le mois d’avril, et Représentant permanent de la Colombie auprès des Nations Unies, a ouvert la séance en prononçant quelques mots en mandarin, tout comme M. Khare, qui a fait de même au début de son intervention.


RAPPORT DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SUR LE SOUDAN (S/2011/239)


Dans ce rapport, le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, explique que le bon déroulement du référendum sur l’autodétermination du Sud-Soudan a été un accomplissement historique.  Si l’on en croit l’ensemble des intéressés, l’issue du scrutin référendaire traduit clairement la volonté du peuple sud-soudanais.  Le référendum a également montré que, lorsqu’elle bénéficie du soutien cohérent et concerté de la communauté internationale, l’action menée par l’ONU au service de la paix et de la sécurité peut être efficace.  L’aide logistique et technique fournie par la Mission des Nations Unies au Soudan (MINUS) et l’appui financier apporté par les partenaires internationaux ont été indispensables, tout comme l’ont été le travail de médiation politique de son Représentant et l’activité inlassable déployée par les membres du personnel de la Mission.


Toutefois, M. Ban souligne que plusieurs questions essentielles de l’Accord de paix global n’ont pas encore été réglées ou l’ont été de manière incomplète.  Si elles ne sont pas résolues efficacement, elles pourraient rapidement saper les progrès accomplis et ranimer le conflit entre les parties, prévient Ban Ki-moon.  Le Secrétaire général exhorte donc les dirigeants du Parti du congrès national et du Mouvement populaire de libération du Soudan (MPLS) à agir sans attendre pour résoudre toutes les questions en suspens.


Les parties à l’Accord de paix global ne peuvent plus retarder le règlement de la question du statut définitif de l’Abyei, estime M. Ban.  Le Secrétaire général assure que la MINUS entend faire tout ce qui est en son pouvoir pour aider à maintenir la paix et à protéger les civils de la région, mais il exhorte aussi les dirigeants des parties à l’Accord de paix global à parvenir d’urgence à un règlement global.  Il les engage également à contenir tout débordement dans l’intervalle en mettant en œuvre les Accords de Kadugli, qui prévoient le retrait de la région de l’Abyei de toutes les forces de sécurité, à l’exception des unités mixtes intégrées de forces militaires et de police.  La MINUS se tient prête à collaborer avec ces unités pour maintenir la paix.


Le Secrétaire général exhorte les parties à assurer la crédibilité des consultations populaires organisées dans les États du Nil Bleu et du Kordofan méridional.  Le partage du pouvoir et des richesses, la question des droits sociaux et culturels des minorités, la réforme agraire et les dispositions de sécurité seront au cœur des négociations, indique Ban Ki-moon.  Il réaffirme également la volonté de l’ONU de continuer à aider le Gouvernement à mettre en œuvre ces éléments essentiels du processus de paix.


En outre, le Secrétaire général trouve encourageants les progrès accomplis récemment dans les négociations d’Addis-Abeba sur les arrangements qui devront suivre l’Accord de paix global.  Il note néanmoins les nombreuses questions épineuses à résoudre avant la séparation et engage les parties à user de tous les moyens à leur disposition pour résoudre ces questions rapidement.  La communauté internationale toute entière est disposée à apporter son aide, mais elle ne pourra agir avec efficacité que lorsque les parties elles-mêmes lui auront clairement indiqué la meilleure façon pour elle de le faire, déclare le Secrétaire général.


Les conclusions de l’évaluation technique qui est en cours seront portées à la connaissance du Conseil de sécurité en mai.  Selon le Secrétaire général, la nouvelle mission devrait s’appuyer sur l’acquis et l’infrastructure hérités de la MINUS, sans préjuger de son mandat, de sa composition ou de son concept opérationnel.


Le Secrétaire général recommande que le Conseil de sécurité proroge le mandat de la MINUS, qui expire le 30 avril 2011, jusqu’au 9 juillet 2011, date à laquelle s’achèvera la période intérimaire prévue par l’Accord de paix global.  Il remercie l’Union africaine et le Groupe de mise en œuvre de haut niveau de l’Union africaine, sous la direction du Président Thabo Mbeki, de leurs efforts inlassables pour trouver une solution aux questions en suspens concernant l’Accord de paix global et les dispositions postréférendaires.  Il exprime sa gratitude à son Représentant spécial pour le Soudan, M. Haile Menkerios, ainsi qu’à tous les personnels militaires, civils et policiers de l’Organisation des Nations Unies au Soudan.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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