SG/SM/13181-SC/10051-CCP/71

La consolidation de la paix au lendemain d’un conflit exige un engagement à long terme, une démarche véritablement intégrée et des ressources suffisantes, déclare M. Ban Ki-moon

13/10/2010
Secrétaire généralSG/SM/13181
SC/10051
CCP/71
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LA CONSOLIDATION DE LA PAIX AU LENDEMAIN D’UN CONFLIT EXIGE UN ENGAGEMENT À LONG TERME, UNE DÉMARCHE

VÉRITABLEMENT INTÉGRÉE ET DES RESSOURCES SUFFISANTES, DÉCLARE M. BAN KI-MOON


Vous trouverez ci-après le texte intégral de la déclaration faite par le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, lors du débat du Conseil de sécurité sur la consolidation de la paix, le 13 octobre:


L’une des tâches les plus difficiles et les plus importantes de l’ONU est de faire en sorte que les pays qui sortent d’un conflit dévastateur ne retombent pas dans la violence.  Consolider la paix peut paraître simple, mais nos expériences douloureuses nous ont appris qu’il n’en est rien.  La réussite exige de la patience, un engagement à long terme et la participation d’un large éventail d’acteurs œuvrant conjointement.  Nous sommes confrontés chaque jour à de réelles difficultés alors que nos missions sur le terrain, nos fonds, nos programmes et nos institutions s’emploient chacun à leur manière à fournir l’aide dont ont besoin les nations pour se reconstruire après une guerre.  Nous ressentons constamment un besoin profond de faire mieux.


C’est dans cet esprit que j’ai établi dans mon rapport de l’année dernière sur la consolidation de la paix au lendemain d’un conflit (S/2009/304) un programme d’action pour aider l’ONU à fournir plus rapidement et de manière plus efficace un appui aux initiatives nationales de consolidation de la paix et pour que les effets de ces initiatives soient durables.


Nous accomplissons des progrès au Burundi, en Haïti, au Népal, en Sierra Leone et dans d’autres pays.  Nous devons nous souvenir que pour les peuples qui ont souffert d’un conflit, les progrès n’arrivent jamais assez vite.  Le test ultime est de savoir si nous avons bien rempli notre mission sur le terrain et si nous donnons aux populations concernées des signes d’espoir allant au-delà de simples paroles ou de simples promesses.


Un an après la publication de mon rapport, j’ai le plaisir de vous informer que nous avons accompli des progrès véritables dans la mise en œuvre des recommandations spécifiques que j’avais formulées afin de mieux organiser nos efforts de consolidation de la paix.  Il nous reste cependant un long chemin à parcourir.  Quatre domaines notamment exigent toute notre attention.


Premièrement, nous devons déployer les bonnes personnes au bon endroit et au bon moment.  Nous déployons à présent des représentants spéciaux et d’autres responsables de l’ONU plus rapidement dans les situations de crise.  Tous les hauts responsables ont maintenant des contrats de mission qui définissent leurs objectifs et leurs priorités et visent à garantir qu’ils rendent mieux compte de leur action.


Les dirigeants sont soumis à des exigences croissantes dans les situations de crise.  Il leur est maintenant demandé de mettre en œuvre les mandats élargis du Conseil de sécurité, de fournir une vision stratégique, de garantir une bonne coordination et de mettre au point une planification conjointe.  Nous devons leur fournir des équipes d’appui correctement formées et équipées qui leur permettront de s’acquitter de l’ensemble de leurs responsabilités dès les premiers instants.


Ces exigences justifient l’examen des capacités civiles internationales en cours.  Cet examen est fondé sur la nécessité de faire en sorte que l’aide internationale fournie au lendemain d’un conflit soit adaptée aux besoins et aux priorités à l’échelle nationale, que nous fassions un meilleur usage des capacités des femmes et du monde du Sud, et que nos réactions soient plus rapides et plus souples.  J’attends avec intérêt les recommandations du Groupe consultatif de haut niveau chargé d’examiner les capacités civiles internationales, dirigé par Jean-Marie Guéhenno, au début de l’année prochaine.  Dans l’intervalle, j’encourage tous les États Membres à participer à l’examen et à contribuer à ses résultats.


Deuxièmement, nous devons pouvoir compter sur un financement prévisible.  Quel que soit le type de présence de l’ONU, nous et nos partenaires nationaux avons besoin de fonds suffisants fournis en temps voulu, en particulier dans le cadre d’interventions en pleine crise.  Dans les situations de transition fragiles, le Fonds pour la consolidation de la paix peut rapidement financer des interventions rapides, ce qui peut inciter d’autres sources à fournir un financement à long terme.  Le Fonds a rationnalisé ses procédures, ce qui lui permet de répondre plus rapidement aux besoins urgents.  J’encourage les États Membres à contribuer à sa reconstitution.


Toutefois, le Fonds n’est qu’un élément parmi tant d’autres.  De nombreuses autres initiatives sont en cours qui visent à ce que toutes les sources de financement des opérations de consolidation de la paix fassent preuve de davantage de flexibilité et supportent un certain risque.  J’invite instamment les États Membres à apporter également leur appui à ces initiatives.


Troisièmement, nous devons établir des partenariats plus solides.  Le renforcement de la coopération et l’adoption d’approches conjointes au sein de l’ONU ont certes leur importance, mais cela ne suffit pas.  Nous devons instaurer des partenariats stratégiques approfondis.  C’est avec cela à l’esprit que nous avons commencé à renforcer la coopération et à établir des liens institutionnels plus étroits avec la Banque mondiale.


Les partenariats fonctionnent mieux quand les rôles sont clairement établis.  Des efforts pour améliorer la clarté et approfondir les capacités sont en cours dans des domaines fondamentaux tels que l’action antimines, la médiation et l’assistance électorale, mais nous devons encore revoir l’arrangement institutionnel dans des domaines tels que la réforme du secteur de la sécurité et le rétablissement de la légalité.  À cette fin, je suis partisan d’un examen direct des avantages comparatifs que présentent les différents acteurs des Nations Unies et d’autres partenaires, en fonction des capacités et des effectifs disponibles.  Cela représentera une importante priorité dans les mois à venir, et je compte sur l’appui du Conseil.


L’un des partenariats les plus importants est celui qui existe entre le Conseil de sécurité et la Commission de consolidation de la paix.  Une collaboration plus étroite peut aider le Conseil à appuyer plus efficacement les opérations de consolidation de la paix dès le début, y compris en permettant aux opérations de maintien de la paix d’avoir un impact en tant que premiers facteurs de consolidation de la paix et en garantissant l’institutionnalisation par les bureaux intégrés pour la consolidation de la paix de ces premiers résultats.


S’agissant du récent examen de notre dispositif de consolidation de la paix, j’attends avec intérêt l’issue des délibérations du Conseil et de l’Assemblée générale.


Quatrièmement, nous devons placer les femmes au centre des initiatives de consolidation de la paix.  C’est là qu’elles devraient être, non seulement à cause de leurs besoins dans ce domaine, mais surtout en raison de leurs capacités.  Néanmoins, nous n’y sommes pas véritablement parvenus, et nous n’avons pas non plus mis pleinement en œuvre la résolution 1325 (2000).  Il est crucial que les femmes fassent entendre leur voix pour que les fondements de la paix soient justes et équitables, or elles ne participent pas encore systématiquement à toutes les étapes du processus de paix.


Mon nouveau rapport sur la participation des femmes à la consolidation de la paix (S/2010/466) propose une stratégie globale pour relever ces défis.  Il recense les obstacles que doivent franchir les femmes dans sept domaines principaux: la médiation, la planification du relèvement, le financement, les capacités civiles, la gouvernance à l’issue d’un conflit, l’état de droit et le relèvement économique.  Il prend des engagements précis face à chacun de ces obstacles, établissant par là même un cadre pour la pleine mise en œuvre de la résolution 1325 (2000). 


Mais cela n’a pu se faire sans affecter de financements spéciaux aux besoins des femmes.  Les conflits laissent les États gravement affaiblis et les structures sociales en lambeaux.  Dans ces situations, les femmes jouent un rôle capital en veillant aux besoins fondamentaux et à la survie de leur famille et de leurs communautés.  J’ai par conséquent stipulé que tous les fonds de consolidation de la paix gérés par l’ONU allouent dorénavant 15% de leurs fonds à des projets consacrés aux besoins spécifiques des femmes, œuvrant à l’égalité des sexes ou permettant une autonomisation des femmes.  Promouvoir la cause des femmes, de la paix et de la sécurité permet de renforcer la légitimité des processus de paix et des structures de gouvernance, et doit faire partie intégrante de nos efforts de consolidation de la paix; cela ne peut intervenir après coup. 


Le travail de reconstruction de sociétés ravagées par les conflits exige un engagement à long terme, une démarche véritablement intégrée et des ressources humaines, financières et institutionnelles en quantité suffisante.  Il n’existe pas de séquence prédéterminée qui voudrait que l’instauration de la paix soit automatiquement suivie du maintien de la paix, que suivrait à son tour la consolidation de la paix; il est nécessaire au contraire de maintenir en tout temps une certaine souplesse permettant de recourir à chacun des instruments dont nous disposons au moment approprié.


Il est essentiel que nous développions le dispositif de consolidation de la paix et que nous œuvrions à plus de cohérence au sein du système des Nations Unies.  Si nous parvenons à relever ces défis, nous nous rapprocherons de notre objectif primordial, qui est d’instaurer durablement la paix.  Je continuerai de compter sur l’appui et la coopération du Conseil à cette fin.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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