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Conseil de sécurité: la consolidation de la paix est multidimensionnelle et exige des ressources humaines, financières et institutionnelles, déclare Ban Ki-moon

16/04/2010
Secrétaire généralSG/SM/12846
SC/9908
CCP/67
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CONSEIL DE SÉCURITÉ: LA CONSOLIDATION DE LA PAIX EST MULTIDIMENSIONNELLE ET EXIGE DES RESSOURCES HUMAINES, FINANCIÈRES ET INSTITUTIONNELLES, DÉCLARE BAN KI-MOON


On trouvera ci-après le texte intégral de la déclaration faite par le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, lors de la réunion du Conseil de sécurité du 16 avril, consacrée à la consolidation de la paix après les conflits:


Je vous remercie, Monsieur le Ministre Okada, d’être venu participer en personne à ce débat très important du Conseil de sécurité afin d’appeler l’attention du Conseil de sécurité sur ce thème crucial.  Et je félicite la délégation japonaise de présider avec succès les travaux du Conseil de sécurité ce mois-ci.


Lors de nos débats précédents, un consensus s’est fait jour sur certains des facteurs propices à la réussite des efforts de consolidation de la paix menés après un conflit.  Le rapport sur la consolidation de la paix au lendemain d’un conflit que j’ai présenté au Conseil en juillet dernier (S/2009/304) énonçait ces facteurs de manière détaillée. 


Nous devons saisir l’occasion unique qu’offre la fin d’un grand conflit.  Nous devons réagir vite et avec détermination, et nous devons poursuivre cet effort sur le long terme.


Nous sommes également convenus que nos efforts collectifs doivent être adaptés aux besoins de chaque pays.


Aujourd’hui, je voudrais insister sur trois points afin de placer notre débat dans un contexte plus vaste. 


Premièrement, nous devons instaurer la paix dans l’esprit et le cœur des gens. 


Cela signifie qu’il faut produire des dividendes concrets de la paix.  La paix ne sera durable que dans la mesure où les populations constateront des améliorations réelles dans leur vie quotidienne que ce soit en matière de sécurité, de justice, d’emploi ou de perspectives d’un avenir meilleur.  À cet égard, notre action doit être toujours guidée par le principe de la prise en charge par le pays concerné.


Deuxièmement, la paix ne sera durable que dans la mesure où les gouvernements des pays se relevant d’un conflit seront à même d’assumer les fonctions de base d’un État et d’assurer une sécurité durable.


Il s’agit notamment de maintenir l’ordre, de faire respecter l’état de droit, de mettre en place un système judiciaire et pénitentiaire qui fonctionne bien et de fournir les services de base.  Les gouvernements doivent aussi être en mesure de démobiliser et de réintégrer les ex-combattants, de créer un secteur de sécurité professionnel et de protéger les civils contre les décès et les traumatismes causés par les mines. 


Troisièmement, nous devons adopter une démarche globale.  Cela veut dire que nous devons tenir compte des dimensions politique, économique, social et de sécurité.  Cela veut dire aussi qu’il faut faire participer les acteurs nationaux, bilatéraux, régionaux et internationaux.  Cela veut dire enfin qu’il faut de la cohérence, de la coordination et une vision commune.


L’Organisation des Nations Unies continue de perfectionner son action.


Nous sommes en train de forger des partenariats et de créer des synergies à travers tout le système des Nations Unies et avec des acteurs régionaux et internationaux, en mettant l’accent sur une intervention rapide.  Ceci se traduit notamment par le renforcement de notre partenariat avec la Banque mondiale et d’autres institutions financières internationales. 


Nous sommes en train d’accroître notre capacité d’appuyer des processus de paix viables qui aboutissent à des accords durables.


Nous perfectionnons également nos outils pour déployer et appuyer les opérations de maintien de la paix, les bureaux intégrés de consolidation de la paix et les autres opérations sur le terrain qui assument des fonctions de consolidation de la paix.


Nous accordons désormais plus d’attention au lien qui existe entre le maintien de la paix et la consolidation de la paix. 


Les soldats de la paix sont, dans un sens non négligeable, les premiers agents de consolidation de la paix.  Ils saisissent les possibilités qui s’offrent au lendemain des conflits.  Ils sont les premiers à établir des priorités.  Nous devons tirer parti de leur présence irremplaçable, bien que temporaire, tout en restant conscients du fait que les soldats de la paix n’ont pas les ressources nécessaires pour assurer le développement à long terme.


Le Secrétariat est en train d’élaborer une stratégie pour veiller à ce que les premières tâches décisives de consolidation de la paix accomplies par les soldats de la paix et d’autres contribuent à la consolidation de la paix et au développement à plus long terme.  Ce faisant, nous voulons exploiter les atouts de tous nos partenaires, en particulier ceux du Sud.


À cette fin, et en application d’une des recommandations figurant dans le rapport de l’année dernière (S/2009/304), j’ai demandé au Bureau d’appui à la consolidation de la paix de procéder à un examen des capacités civiles en matière de consolidation de la paix.


J’ai également constitué un Groupe consultatif de haut niveau, présidé par l’ancien Secrétaire général adjoint au maintien de la paix, M. Guéhenno.


Je crois comprendre que la Commission de consolidation de la paix contribuera également à cette évaluation, ce qui nous permettra de recueillir les avis d’un groupe large et spécifique d’États Membres.


Un financement opportun est essentiel.


Il est indispensable de disposer en temps voulu des ressources suffisantes pour les premières tâches de consolidation de la paix, y compris, le cas échéant, le déploiement rapide de forces de police permanente et d’autres capacités civiles.


L’année dernière, le Fonds pour la consolidation de la paix a modifié son mandat pour être davantage à même de fournir les financements souples, rapides et prévisibles envisagés dans mon rapport de 2009.


Depuis sa création à la fin de 2006, le Fonds a fourni des ressources à 16 pays.  Quatre-vingt huit pour cent de ce financement a été affecté à des pays où sont déployées des missions de maintien de la paix, des missions politiques ou des missions de consolidation de la paix.


Le Fonds pour la consolidation de la paix fournit aussi un appui important à la Commission de consolidation de la paix, avec environ 106 millions de dollars versés aux quatre pays inscrits à l’ordre du jour de la Commission.


Je suis heureux d’annoncer que ce mois-ci, le Fonds franchira le seuil des 200 millions de dollars versés.  Avec 48 donateurs et presque 350 millions de contributions acquittées ou annoncées, le Fonds continue de se développer, notamment grâce aux conseils fournis par son Groupe consultatif.


Cependant, l’utilité du Fonds réside dans sa capacité d’identifier les domaines prioritaires et de contribuer à ce que les ressources soient orientées en conséquence.  Il ne peut à lui seul répondre aux besoins financiers des pays qui sortent d’un conflit.


Par conséquent, j’exhorte les pays donateurs à accroître leur appui au niveau bilatéral, en versant des contributions directes aux pays qui se relèvent d’un conflit, et au niveau multilatéral, par le biais des institutions financières internationales ou des organismes des Nations Unies sur le terrain.


L’examen des accords de consolidation de la paix conclus en 2005 qui est actuellement en cours est une occasion de renforcer considérablement notre action.


La consolidation de la paix est une entreprise complexe et à multiples facettes. Elle exige des ressources humaines, financières et institutionnelles remarquables.


Toutefois, l’outil le plus important dont nous disposons est l’engagement politique des acteurs nationaux et internationaux.


Le Conseil de sécurité a un rôle central à jouer.


Maintenant que les mandats de maintien de la paix comportent de plus en plus de tâches de consolidation de la paix, j’invite instamment les membres du Conseil à veiller à ce que les ressources fournies soient à la mesure des tâches assignées et à user de leur grande influence et expérience pour contribuer à réaliser pleinement le potentiel de la consolidation de la paix.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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