ENV/DEV/1134

La Commission du développement durable reconnaît que la mise en place de systèmes verts de transport est l’enjeu majeur d’un monde en pleine urbanisation

13/05/2010
Conseil économique et socialENV/DEV/1134
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Commission du développement durable

Dix-huitième session

18e  et 19e séances – matin & après-midi


L A COMMISSION DU DÉVELOPPEMENT DURABLE RECONNAÎT QUE LA MISE EN PLACE DE SYSTÈMES VERTS DE TRANSPORT EST L’ENJEU MAJEUR D’UN MONDE EN PLEINE URBANISATION


Les ministres, qui participaient aujourd’hui à la Table ronde de la Commission du développement durable sur les enjeux du secteur des transports au XXIe siècle, ont reconnu que la mise en place de systèmes verts est l’enjeu majeur d’un monde en pleine urbanisation.


« La question des transports doit impérativement être incluse dans un nouvel accord sur les changements climatiques », a estimé le représentant de la Banque asiatique de développement.  À la veille de la clôture de ses travaux, la Commission a aussi organisé une autre Table ronde ministérielle sur les stratégies de gestion durable des déchets et des produits chimiques.


Pour revenir à la question des transports, le Secrétaire général indique dans son rapport pertinent* que ce secteur est déjà responsable de 23% des émissions mondiales de gaz à effet de serre liées à l’énergie; les véhicules automobiles représentant environ trois quarts de ce total.


Comme, selon ONU-Habitat, les deux tiers de la population mondiale habiteront dans les villes, d’ici 2050, et que la même année, la consommation d’énergie et les émissions de dioxyde de carbone auront doublé voire triplé, les ministres ont multiplié les appels à des solutions novatrices pour un secteur « essentiel » à la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).


Les intervenants ont vanté les mérites des réseaux de transport rapide pour bus (BRT, Bus Rapid Transit) consistant à ce que les véhicules à grand volume circulent sur des sites propres en parallèle avec les voies de circulation locales.  Dans son rapport, le Secrétaire général explique que moins onéreux, les BRT peuvent acheminer jusqu’à 45 000 personnes par heure dans une seule direction contre moins de 10 000 passagers dans les systèmes habituels.


Cette solution, combinée aux biocarburants, pourrait véritablement faire avancer la cause du développement durable, ont argué les participants au débat.  Entre 2000 et 2007, la production des biocarburants a presque triplé; représentant aujourd’hui 2% de la consommation globale des carburants pour le transport, dit le rapport du Secrétaire général, en ajoutant que les technologies de deuxième génération reposant sur des matières premières non comestibles peuvent jouer un rôle essentiel dans une croissance économique soucieuse de la protection de l’environnement.


L’innovation n’étant jamais gratuite, les intervenants ont préconisé la multiplication des partenariats public/privé.  La Commission a aussi tenu aujourd’hui un dialogue interactif avec les agences et fonds des Nations Unies, ainsi qu’avec les grands groupes.


Elle reprendra ses travaux demain, vendredi 14 mai, à partir de 10 heures du matin.


* E/CN/17/2010/4


MODULE THÉMATIQUE DU CYCLE D’APPLICATION 2010-2011


Dialogue interactif avec les représentants du système des Nations Unies et les chefs des conseils d’administration des organismes des Nations Unies et les grands groupes


Le Président de la Commission du développement durable (CDD) a dressé un diagnostic sans appel: « les décisions prises par la Commission et autres entités intergouvernementales ne sont pas reflétées de façon adéquate dans les opérations des agences de l’ONU, en particulier le Plan-cadre des Nations Unies pour l’aide au développement (UNDAF).  Les gouvernements, les institutions régionales et internationales et les grands groupes doivent assurer une action plus cohérente, a encouragé le Président, devant les représentants du PNUE, de l’OIT, des Conventions de Stockholm, Rotterdam et Bâle, d’ONU-Habitat, de l’OMS et du FEM.


« Nous sommes tous ici pour réaliser les objectifs fixés à Rio et à Johannesburg », s’est défendu M. ACHIM STEINER, Directeur exécutif du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), en arguant que son Programme collabore déjà avec plusieurs agences de l’ONU et autres parties prenantes sur un certain nombre de projets communs.  Il a cité le Partenariat pour les véhicules et le carburant propre qui, lancé en 2002 à Johannesburg, compte désormais 90 partenaires des gouvernements, de la société civile, des organisations internationales et des milieux académiques.  Parmi les initiatives à venir, le Directeur exécutif s’est attardé sur l’Initiative mondiale sur l’économie du carburant et celle intitulée « Partager la route ».


Il a cité d’autres exemples dans les domaines de l’extraction minière avec l’Approche stratégique de la gestion internationale des produits chimiques (SAICM); des déchets, avec le lancement récent d’une plate-forme mondiale et le développement d’une méthodologie pour l’évaluation du volume et de la dangerosité des déchets électroniques; des modes de consommation et de production durables, avec le Processus de Marrakech et les projets liés au renforcement des capacités, le Partenariat mondial pour le tourisme durable ou encore l’éducation au développement durable.


M. DONALD COOPER des Conventions de Stockholm, de Rotterdam et de Bâle a ensuite résumé la réunion des organes de ces trois traités, en février dernier à Bali.  Le document final de la réunion dite « Déclaration de Nusa Dua » a été expliqué par le Ministre serbe de l’environnement.  Organisée par le PNUE et intitulée « Accélérer l’économie verte pour une action coopérative de protection de la santé et de lutte contre les changements climatiques », la Déclaration, qui est la première à être adoptée par des ministres de l’environnement depuis celle de Malmö en 2000, sera transmise à l’Assemblée générale.


Également suspectée d’une mauvaise coopération avec les organes intergouvernementaux, l’Organisation internationale du Travail (OIT) a, par la voix de sa représentante, Mme AMBER BARTH, souligné que l’agenda du travail décent offre précisément une plate-forme « solide » pour la transition vers une économie écologiquement viable.  La voie vers la durabilité exigera des adaptations et des réformes qui influenceront le marché du travail, a-t-elle argué, en ajoutant que les politiques et normes du travail ont une dimension « durable » importante parce que les travailleurs et les employeurs sont les premiers affectés par la dégradation des lieux de travail.


La représentante a rappelé le nombre de conventions liées à la gestion des déchets et des produits chimiques, ou encore le travail dans les mines, que l’OIT a adoptées.  L’Organisation est également impliquée dans le développement d’emplois verts dans le secteur du transport.  La Directrice exécutive adjointe du Programme des Nations Unies pour les établissements humains (ONU-Habitat), Mme INGA BJÖRK-KLEVBY, a quant à elle, argué que dans les domaines de la planification urbaine, en particulier du transport urbain, son Programme travaille en « étroite coopération » avec le système de l’ONU et les institutions financières internationales.


M. WERNER OBERMEYER de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a rappelé que l’Assemblée mondiale de l’OMS, qui commencera dès la semaine prochaine, se penchera sur la mise en œuvre de l’Approche stratégie sur les produits chimiques.  M. ROBERT DIXEN du Fonds pour l’environnement mondial (FEM) a, à l’instar du PNUE, mis en avant les programmes sur le transport et la mise en œuvre de la Convention de Stockholm.


Les participants au débat ont d’autant plus insisté sur la nécessité d’intégrer les recommandations de la CDD dans les activités opérationnelles du système des Nations Unies que la réalisation d’une économie verte nécessite une intensification des efforts pour accélérer le transfert des technologies propres.


Le futur Cadre décennal de programmation concernant les modes de consommation et de production durables a été perçu comme un bon « cadre logistique et financier » en la matière.  « La coopération scientifique et technique et le partage des connaissances est un aspect essentiel du développement durable », a renchéri le représentant du Grand groupe de la communauté scientifique et technique, ce à quoi le Ministre de l’environnement du Kazakhstan a ajouté qu’il faut plaider pour des « formules de contacts directs » entre détenteurs et récipiendaires de ces technologies.  Le Grand groupe du secteur industriel a dit son intention de faire des partenariats une de ses priorités pour favoriser le partage des compétences et du savoir-faire.


Les technologies sont « essentielles », a insisté, à son tour, la représentante du Grand groupe des agriculteurs, qui a souligné leur utilité pour réduire l’empreinte écologique et améliorer les engrais, entre autres.  « Nous avons besoin d’une ONU forte qui pousse les États Membres vers le développement durable », a dit la représentante du Viet Nam.  Il faut peut-être commencer par réduire la lourdeur de la bureaucratie, notamment dans les institutions de Bretton Woods, a suggéré la représentante du Grand groupe des femmes qui est même allée jusqu’à ironiser sur la « la cantine cinq étoiles de la Banque mondiale ».


Dans ses critiques, elle n’a pas oublié la CDD qui selon elle ne semble pas respecter ses propres étapes de mise en œuvre.  Dénonçant aussi le fait que de nombreux ministères de l’environnement n’ont pas les budgets adéquats, elle a prévenu que « nous ne pourrons pas relever ces défis énormes si nous ne pouvons afficher notre cohérence ».  Très applaudie, elle a invité l’ONU à se donner les moyens d’assurer « une gouvernance mondiale et équitable ».


Dans ce contexte, le Ministre de l’environnement de la Suisse a appuyé une proposition des Pays-Bas visant à mettre sur pied un groupe de travail car il faut tirer profit des expériences des uns et des autres, réunir les meilleures pratiques au Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) ou dans d’autres entités du système de l’ONU, donner des orientations concrètes et arriver à une première ébauche du Cadre décennal.


L’ONU a un rôle à jouer mais n’oublions pas les autorités locales, a corrigé le Ministre de l’environnement, du patrimoine et du Gouvernement local de l’Irlande.  C’est d’abord en agissant, au niveau local, que nous aurons un impact sur le plan international, a souligné la représentante du Grand groupe des autorités locales.  L’exécution des décisions est cruciale pour garantir le droit des générations à venir au développement, a ajouté le représentant de l’Égypte.


La mise en œuvre a été le « talon d’Achille » de l’ordre du jour mondial du développement, a constaté le Ministre de l’environnement du Pakistan, qui a rappelé que son pays a été l’un des premiers au monde à élaborer une Stratégie nationale de conservation de la nature (NCS), et ce, bien avant le Sommet de Rio.  Le Pakistan est aussi l’un des rares pays à avoir développé des indicateurs intégrés sur les corrélations entre la croissance économique, le développement et la protection de l’environnement, soit les trois piliers du développement durable.


Table ronde ministérielle sur le thème « Répondre aux besoins en matière de transport pour le XXIe siècle »


« Question clef du développement durable », « pierre angulaire de la mondialisation », « épine dorsale de l’activité économique sociale », la CDD s’est attachée, cet après-midi, à examiner, dans le cadre d’une Table ronde ministérielle, les défis que connaît la question des transports au XXIe siècle.


« L’élargissement des infrastructures et des services de transports dans les pays en développement est essentiel pour éradiquer la pauvreté et réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) », a notamment affirmé, à l’instar du représentant de la République dominicaine, le Ministre de l’environnement du Pakistan, au nom du Groupe des 77 et de la Chine.


« Il est inconcevable de réaliser le développement durable sans moyens de transports abordables, accessibles et respectueux de l’environnement, a souligné le Ministre, avant que le représentant de l’Iran n’insiste sur le rôle essentiel de ce secteur pour le développement des zones rurales.


L’absence de ressources financières affecte la capacité des pays en développement à développer ce secteur, a cependant averti le représentant de la Lybie qui a notamment évoqué la faiblesse de leurs capacités et le manque de données.  Des mécanismes de financement novateurs ont été réclamés par la Ministre des ressources minières de l’Afrique du Sud, en reconnaissant en l’occurrence l’utilité des partenariats.


Tandis que le représentant du Grand groupe de la communauté scientifique a appelé à la réduction, dans les pays en développement, de la demande de véhicules personnels et du transport des marchandises par les routes, compte tenu de la nocivité des voitures vétustes et polluantes, a expliqué celui du Cambodge.  La modernisation de l’infrastructure des transports est cruciale, a-t-il affirmé, sans quoi, a renchéri le Secrétaire exécutif de la Commission économique pour l’Europe, les pays en développement feront bientôt face à un fossé du type de celui qu’ils connaissent en ce moment dans le domaine de l’informatique.


De toutes manières, comme les animaux font encore partie du système de transports dans de nombreuses régions du monde, le représentant du Grand groupe des ONG a souligné l’importance de l’accès à des services vétérinaires abordables.


Par ailleurs, les modes de transport accessibles aux jeunes font toujours défaut dans de nombreux pays en développement, a dénoncé le représentant de ce Grand groupe, en regrettant ces entraves à l’éducation, en particulier dans le monde rural, tandis que son homologue du Grand groupe des femmes a rappelé que l’absence de transports pouvait avoir des conséquences directes sur la santé des femmes.


Conscientes du fait que les moyens de transports comptent parmi les plus grands consommateurs de carburant, de nombreuses délégations ont également commenté l’aspect environnemental de ce secteur.


« La question des transports doit être impérativement incluse dans un nouvel accord sur le climat, a demandé la panéliste de la Banque asiatique de développement, un des quatre experts invités à participer à cette Table ronde.


La Ministre de l’environnement, des affaires maritimes et rurales de l’Espagne, au nom de l’Union européenne, a relevé l’importance de « découpler » la croissance de ce secteur et sa demande en énergie », tandis que la Secrétaire d’État à l’environnement de l’Allemagne a appelé à une « modernisation écologique ».


Il faut développer des technologies propres et faciliter l’utilisation des énergies alternatives, a encouragé le représentant de l’Ukraine.  Rebondissant sur ce point, la représentante des États-Unis a appelé à un dialogue « productif » sur les biocarburants.


Comme les énergies alternatives sont chères et principalement disponibles dans les pays développés, a argué la représentante du Brésil, les investissements dans les biocarburants permettraient de diminuer la dépendance au pétrole des pays en développement.  Le principe de responsabilité commune mais différenciée a été invoqué par le représentant du Soudan, appuyé par son homologue du Pakistan.


Le déplacement en zones urbaines a également été l’objet de nombreux commentaires de la part des délégations.


À l’instar de son homologue de l’Autriche, qui a appelé à la création d’un système intégré de gestion de tous les modes de transport, le représentant du Grand groupe des autorités locales a réclamé une meilleure planification de l’espace urbain, afin d’assurer une réduction des distances et des temps de transport et de favoriser les déplacements des piétons et des cyclistes.


La représentante du Brésil a cité les mérites des réseaux de transport rapide pour bus (Bus rapid transit - BRT), tandis que son homologue de l’Argentine a rappelé que les transports publics urbains sont si importants que les gouvernements devraient envisager des les subventionner si nécessaire.  Le représentant du Grand groupe des ONG a déploré que la priorité soit toujours accordée aux déplacements en voiture.


Ce débat a été précédé par l’intervention de quatre panélistes venus partager leur expertise avec les délégations.


M. JENS HUEGEL, Chef du développement durable du Syndicat international pour le transport routier, a entamé son intervention en indiquant que la consommation d’une seule tasse de café aux Nations-Unies impliquait une circulation de camions de 29 sociétés originaires de 18 pays différents.  Pour mieux gérer le secteur des transports, il a prôné une stratégie axée sur les « 3I », à savoir « incitation, innovation et infrastructure ».  En appliquant les 3I, a-t-il expliqué, les émissions toxiques peuvent être réduites, même s’il reste encore beaucoup à faire pour réduire les émissions de gaz à effet de serre.


Pour M. JAMES LEATHER, Spécialiste des transports de la Division de l’infrastructure du Département du développement régional et durable de la Banque asiatique de développement, a indiqué que la Banque accordait une attention particulière à la logistique, au transport urbain, à l’intégration des changements climatiques, ainsi qu’à la sécurité routière.  Au XXIe siècle, a-t-il ajouté, le secteur des transports doit être abordable, sûr et vert.  Il a appelé au respect de la Déclaration de Moscou sur la sécurité routière, ainsi qu’à la prise en compte de l’Accord de Copenhague en veillant à l’instar de l’Espagne.  Pour M. Leather, il faut combattre les transports superflus en améliorant l’urbanisation et moderniser les moteurs afin de limiter les émissions.


M. JAN KUBIS, Secrétaire exécutif de la Commission économique pour l’Europe, a affirmé qu’un système de transports global et efficace permettrait de réaliser une économie d’environ 2,5 milliards de dollars, précisant que le secteur des transports représentait 25% du PIB des États membres de son organisation.  S’attardant sur la question des infrastructures, M. Kubis a estimé que les réseaux routier et ferroviaire n’étaient pas suffisamment intégrés tandis que le transport fluvial méritait d’être exploité davantage.


Le panéliste a prôné le développement d’un secteur des « transports intelligents », ainsi que l’amélioration de la sécurité routière.  La coopération régionale est le moteur du changement, a-t-il ajouté.


Mme BRIGID HYNES-CHERIN, Administratrice régionale du Département des transports des États-Unis, a indiqué que l’investissement dans le secteur des transports contribuait à la création d’un environnement durable.  Elle a passé en revue les différents programmes et processus lancés par son Gouvernement, avant de souligner que l’utilisation des fonds souples appuie les meilleurs projets de transit et permet de modifier les comportements.


Elle a également expliqué qu’à San Francisco, l’opérateur de transit régional était devenu un fournisseur de services intégrés comprenant le réseau routier, les zones piétonnes et cyclables, les parkings et le volet fiscal, ce qui permet d’optimiser chaque mode de transport tout en réduisant leur impact sur l’environnement.  Elle a assuré que le service fédéral du transit examine actuellement tous les avantages du transport durable.


Cette Table ronde était coprésidée par M. HUMBERTO ROSA, Secrétaire d’État pour l’environnement du Portugal, et par M. CLIFFORD EVERALD WARMINGTON, Ministre d’État chargé de l’eau et de l’habitat de la Jamaïque.  M. THOMAS STELZER, Sous-Secrétaire général à la coordination des politiques et aux affaires interorganisations, a prononcé un bref discours d’introduction.



Table ronde ministérielle sur les « Stratégies de gestion durable des produits chimiques et des déchets »


« Les produits chimiques ont des impacts positifs et négatifs à la fois. Leurs conséquences sur la santé et l’environnement peuvent être considérables », a prévenu le Vice-Ministre de l’environnement du Japon, qui a rappelé que les OMD appellent bien à une gestion efficace de ces produits et de leurs déchets ».


M. TAKEMOTO présidait conjointement avec M. OLIVER DULIC, Ministre de l’environnement et de la planification de l’espace de la Serbie, la Table ronde de la Commission du développement durable.


Les participants ont parlé des écarts dans la gestion publique ou privé des produits chimiques à travers leur cycle de vie; du manque d’alternatives abordables face à ces produits, des problèmes de santé des ouvriers concernés, du coût élevé de la réhabilitation des sites, de la sécurité du transport et des décharges illégales.


L’un des conférenciers, M. NIKOLA RUZINSKI, Chef du Département de la protection de l’environnement de la Croatie, a mis l’accent sur le fait qu’en matière de gestion des déchets, la responsabilité est trop faible et devient un défi majeur dans les pays en développement.  Appuyant le principe des 3 R, il a noté une forte demande sur le marché de matériaux recyclés et a encouragé une approche commerciale assortie d’une sensibilisation du public à l’idée de séparer les déchets.


Il faut se baser sur des réglementations mais cela exige un système fiable », a dit le deuxième panéliste et Consultant en gestion des déchets solides.  Il a souligné la nécessité d’évaluer les systèmes informels de recyclage et de régionalisation des sites de décharges.  C’est essentiel pour le succès à long terme, a-t-il dit.  La sélection des sites est une question de volonté politique, a-t-il poursuivi, en soulignant encore que la sélection des technologies de collecte, de décharge ou de recyclage doit être adaptée aux conditions locales.


La recherche de solutions novatrices a été appuyée par le Secrétaire exécutif de la Convention de Stockholm, en particulier dans le domaine de l’évaluation des risques.  Il a rappelé la difficulté de nombreux pays à accéder à des bases de données sur la toile, donc à des compétences spécialisées, qui auparavant auraient nécessité le déplacement des spécialistes.


Sur les moyens de financement et de mise en œuvre, il a cité le FEM qui a donné de bons résultats, ainsi que le programme « Quickstart » de l’Approche stratégique.  Pour résoudre les problèmes à long terme, les sources extérieures de financement ne suffisent pas à elles seules.  Il a recommandé des formules régionales et sous-régionales novatrices, a-t-il dit, en attirant l’attention sur les centres sous-régionaux qui ont été mis en place.


Apportant une autre vision, le Coprésident du Conseil international des associations chimiques (ICCA), regroupant 53 associations soit 80% des plus grands producteurs de produits chimiques du monde, a affirmé que son Conseil contribue notamment à l’Approche stratégique.  L’ICCA a recensé comme obstacles à la mise en œuvre de ses propres décisions, le manque de données, de connaissances, de ressources et de capacités.  Elle s’efforce, en conséquence, de renforcer les capacités, de faire la promotion des tests et d’inculquer un certain degré de responsabilité dans la chaîne d’approvisionnement.  Les partenariats font partie de la solution, en particulier dans le domaine de la manutention.


La représentante de la Suède a réagi en brandissant sa chaussure et disant craindre que ce bien, tout à fait banal, contienne sans doute plusieurs composants chimiques.  Il est essentiel, a-t-elle dit, que tout le monde soit sensibilisé à la composition des produits en circulation sur le marché.  Elle a mis en garde contre le trafic illégal des déchets et appelé à un régime plus strict dans ce domaine.  Ses propos ont trouvé un écho chez le représentant de la République-Unie de Tanzanie qui, au nom du Groupe des 77 et de la Chine, en particulier le Nigéria, a appelé la communauté internationale à conclure de toute urgence les négociations sur un protocole d’indemnisations pour les dommages infligés aux pays en développement.  Son homologue de l’Union européenne est revenu sur le projet REACH, arguant que les politiques de gestion des déchets et des produits chimiques peuvent être incluses dans toutes les politiques et stratégies de développement.


La représentante de la France a présenté le Plan national 2009-2012 qui s’articule autour de la prévention et du recyclage.  Ayant intégré son régime de gestion des produits chimiques dans la réglementation européenne, la Roumanie, a dit son représentant, est le point focal de plusieurs réunions de mise en œuvre et de renforcement des capacités des pays en transition.


L’Estonie, a indiqué son Ministre de l’environnement, a d’ailleurs un système d’impôts et d’amendes.  Les mesures économiques ont été orientées vers le principe du pollueur-payeur et la mise en place de plusieurs projets écologiques.  En Irlande aussi, a renchéri le Ministre irlandais de l’environnement, la taxe sur l’utilisation des sachets en plastique a conduit à une baisse radicale de leur utilisation.  Il a proposé à des pays comme le Kenya et la Tanzanie de profiter de l’expérience irlandaise.


Les choses n’étant pas gratuites, le représentant de l’Indonésie a réclamé un mécanisme de financement en faveur des pays en développement.  Il a proposé que le Programme Quick Start de l’Approche stratégique soit transformé en un mécanisme permanent de financement, comme c’est le cas pour le Fonds multilatéral du Protocole de Montréal.


Le représentant de l’Espagne a, en effet, souligné le rôle de l’Approche stratégique et rappelé que son pays contribue financièrement à des centres de production propre.  Son homologue de la Pologne a d’ailleurs appelé l’Approche stratégique à mettre en œuvre un système harmonisé.  Le représentant du Japon a rappelé les décisions prises au niveau régional lors de la réunion préparatoire aux travaux de la session de la CDD et a annoncé que la deuxième réunion sera organisée par la Malaisie en octobre 2010.


Israël, a dit son représentant, vise l’objectif de 50% de recyclage et 0% de décharge d’ici 2020.  Pays au taux de collecte du plastic le plus élevé d’Amérique, le Guatemala a, par la voix de sa représentante, estimé qu’une bonne gestion ne peut venir que de l’implication de tous les acteurs de la société, y compris les communautés locales.  Mais, a tempéré le représentant de l’Argentine, les pays en développement sont forcés de consacrer un pourcentage significatif de leur budget à la gestion des déchets provenant des pays riches comme les déchets électroniques.


Il faut, dès lors, remédier aux lacunes de l’Approche stratégique, a conseillé le représentant de la Suisse.  Le secteur privé peut être utile, a suggéré son homologue de l’Australie, en insistant que les partenariats sont très positifs et permettent de réduire les chevauchements.  D’autres pays ont présenté leurs efforts comme la Colombie, la République de Corée, la Turquie, le Kenya, le Mexique, le Soudan et l’Inde.


La représentante de la Finlande a appelé à plus de coordination entre les Conventions de Bâle, de Rotterdam et de Stockholm.  Nous devons continuer nos efforts pour résoudre la question des déchets dangereux, y compris les trafics illégaux.  Elle a souligné que la solution se trouve dans les modes de consommation et de production durables.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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