Conférence de presse

Conférence de presse sur la situation politique et sanitaire en Haïti à cinq jours de la tenue des élections présidentielles

23/11/2010
Communiqué de presseConférence de presse
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

CONFÉRENCE DE PRESSE SUR LA SITUATION POLITIQUE ET SANITAIRE EN HAÏTI

À CINQ JOURS DE LA TENUE DES ÉLECTIONS PRÉSIDENTIELLES


« Cinq jours avant les élections présidentielles, nous allons vers un retour à la normale, notamment au Cap-Haïtien où les forces de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH) ont repris leurs patrouilles hier », s’est félicité aujourd’hui M. Edmond Mulet, Représentant spécial du Secrétaire général et Chef de la MINUSTAH au cours d’une téléconférence portant sur la situation en Haïti.  M. Mulet s’adressait aux représentants de la presse réunis au Siège de l’ONU à New York en direct du quartier général de la MINUSTAH en Haïti.  Il a évoqué une situation qui, sur le terrain, « s’est beaucoup calmée », grâce notamment aux efforts déployés par des gouvernements d’États Membres afin de répondre aux besoins sociaux des populations haïtiennes.  M. Mulet a, à cet égard, cité notamment la restauration de l’électricité et le ramassage des ordures à travers la capitale, Port-au-Prince. 


Invité du Point de presse quotidien du Porte-parole du Secrétaire général des Nations Unies, M. Edmond Mulet intervenait par téléconférence aux cotés de M. Nigel Fischer, Représentant spécial adjoint du Secrétaire général en Haïti, qui a présenté l’état de la situation sanitaire, au vu de l’épidémie de cholera qui a touché entre 60 000 et 70 000 personnes en Haïti selon certaines estimations, ceci depuis l’identification, il y a 39 jours, du premier cas de choléra.


« Des groupes manifestent en raison de l’épidémie de choléra et du manque de services sociaux.  Certains de ces groupes ont cependant des griefs et motivations de nature purement politique et saisissent cette opportunité pour créer des troubles et empêcher la tenue des élections », a indiqué M. Mulet.  C’est pour ces mêmes raisons que certains groupuscules lancent des accusations contre des « étrangers » qui seraient, selon eux, responsables de l’apparition et de la propagation du choléra, a précisé M. Mulet.  Il a ensuite néanmoins déclaré que le niveau de participation aux activités de la campagne électorale, les motivations de la population envers l’organisation des élections, et la tenue des réunions électorales étaient des sources de satisfaction.  Il a rappelé que 4,7 millions de personnes étaient inscrites sur les listes électorales et que le dépouillement du scrutin prendrait place entre le 28 novembre et le 6 décembre 2010.  Les résultats provisoires seront annoncés le 6  décembre et les résultats définitifs le 20 décembre, pour éventuellement laisser place, si cela s’avère nécessaire, à un deuxième tour des élections présidentielles et parlementaires le 16 janvier 2011, a tenu à préciser M. Mulet.


Présentant ensuite la situation de l’épidémie de choléra, M. Fischer a indiqué qu’au trente-neuvième jour de l’apparition du premier cas de choléra, les spécialistes estiment que 200 000 personnes pourraient être touchées par la maladie dans les trois prochains mois.  Parce que l’information sur la nature de cette épidémie de choléra reste floue, il faut accroître nos efforts de sensibilisation et travailler avec les congrégations religieuses pour toucher un maximum de personnes, a préconisé M. Fischer.  Citant des chiffres en circulation, selon lesquels l’épidémie aurait déjà causé 1 200  décès et touché 50 000 personnes, Nigel Fischer a déclaré que la réalité devait se situer à près de 2 000 morts et 60 à 70 000 cas, en raison des difficultés qui se posent dans l’obtention de statistiques précises sur l’impact de l’épidémie dans les zones reculées et enclavées du pays.  Des manifestations ont eu lieu près des centres de traitement du choléra (CTC) et des centres de traitement de déchets parce que les gens ne veulent pas que ce genre de structures soit érigé près de chez eux ou dans leur voisinage, a dit M. Fischer. 


Il a souligné combien il est important de procéder à une accélération de la mise en œuvre des programmes d’accès à l’eau et à l’assainissement.  « Au-delà des moyens financiers, il nous faut plus de médecins et beaucoup plus d’infirmiers », a-t-il insisté, en rappelant que l’épidémie continuera à se propager au cours des mois, ou même de l’année à venir.


À ce sujet, M. Fischer a précisé que tous les départements d’Haïti étaient désormais touchés, mais que 75% des cas de choléra étaient cependant concentrés dans les deux provinces du centre du pays.  Il a rappelé qu’une personne pouvait être atteinte par le virus et en être le vecteur pendant plusieurs jours avant que les effets de la maladie ne deviennent évidents.  La personne peut même être porteuse asymptomatique du virus du choléra, a-t-il précisé avant d’indiquer que la plupart des centres de traitement étaient gérés par les « Cuban Health Brigade » et Médecins sans frontières (MSF).       


Répondant à la question d’un journaliste qui portait sur les motivations des groupes qui causent des troubles, M. Edmond Mulet a indiqué que les manifestations étaient surtout le fait cité de groupes ou mouvements qui espèrent accéder au pouvoir en Haïti sans passer par le processus démocratique et le verdict des urnes.  Il a cité à cet égard un certain nombre de personnalités qui espèrent être nommées au sein d’un « gouvernement provisoire ».  Il a également cité les ex-FADH (Forces armées d’Haïti), ainsi que des groupes criminels ou gangs qui contrôlent certains quartiers de Port-au-Prince.  


Répondant aux rumeurs qui ont fait croire que des déchets humains déversés dans une rivière à Mirebalais par la MINUSTAH seraient à l’origine de l’épidémie de choléra en Haïti, M. Mulet a indiqué qu’aucune évidence scientifique ne venait appuyer cette hypothèse.  Il a indiqué que de nombreuses analyses pratiquées, dans et autour du camp du contingent militaire népalais de Mirebalais, sur les eaux usées, les eaux des cuisines ou les latrines, avaient permis d’écarter l’hypothèse que ce camp puisse être la source de l’épidémie.  Il a précisé que la MINUSTAH avait tout intérêt à faire preuve de transparence sur cette question en ajoutant que des scientifiques du monde entier travaillaient actuellement sur l’origine de cette épidémie afin d’en cerner la source, apparemment localisée à 80  kilomètres du camp de Mirebalais.  Il a d’ailleurs précisé qu’aucun membre de la MINUSTAH, que ce soit militaire ou civil, n’avait été diagnostiqué comme étant porteur du virus du choléra.        

S’agissant de la réponse à apporter à la propagation de la maladie, M. Mulet a souligné que l’opportunité se présentait de travailler avec les congrégations religieuses pour toucher et sensibiliser un maximum de gens sur la manière de se protéger de la contamination.  Il a jugé indispensable une bonne information de la population sur les risques d’infection et sur les mesures préventives à prendre pour mener une lutte efficace contre la propagation du choléra en Haïti.  

En ce qui concerne les préoccupations sécuritaires liées à la tenue des élections, M. Mulet a indiqué que les précédentes élections parlementaires et présidentielles qui ont eu lieu dans le pays avaient connu des troubles liés essentiellement aux activités des partisans des différents candidats.  Il a indiqué que la MINUSTAH préparait, en collaboration avec la police haïtienne, une stratégie de sécurité s’appuyant sur les expériences des élections précédentes.  Il a ajouté que même si la MINUSTAH ne pouvait être présente dans chacun des 1 486 centres de vote, elle mettrait tout en œuvre pour qu’aucun des 11 000 bureaux de vote prévus ne soit situé à moins de 20 minutes d’intervention d’une de ses patrouilles. 

Évoquant le cas d’un civil haïtien tué par des Casques bleus près d’un héliport de Cap-Haïtien, il a indiqué que ce drame fait suite à l’attaque menée contre quatre Casques bleus par une centaine de personnes armées de machettes et de gourdins.  Il a indiqué que lors de ce regrettable incident, les Casques bleus avaient respecté les sommations d’usage avant d’ouvrir le feu en situation de légitime défense. 


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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