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Conseil de sécurité: la Représentante du Secrétaire général pour le Népal estime que le processus de paix se trouve à un « moment délicat et critique »

05/05/2010
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Conseil de sécurité

6308e séance – après-midi


CONSEIL DE SÉCURITÉ: LA REPRÉSENTANTE DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL POUR LE NÉPAL ESTIME QUE LE PROCESSUS DE PAIX SE TROUVE À UN « MOMENT DÉLICAT ET CRITIQUE »


Le Gouvernement du Népal demande une prorogation du mandat de la MINUNEP jusqu’au 15 septembre 2010


La Représentante du Secrétaire général pour le Népal, Mme Karin Landgren, a affirmé, cet après-midi devant le Conseil de sécurité, que le processus de paix dans ce pays se trouvait à un « moment délicat et critique ».  De son côté, le représentant du Népal, qui ne cache pas que son pays traverse une « période difficile », a fait part de la demande de son gouvernement de proroger le mandat de la Mission des Nations Unies au Népal (MINUNEP) jusqu’au 15 septembre 2010.


Le mandat actuel de la MINUNEP expire le 15 mai, et le Conseil doit se réunir le 12 mai pour se prononcer sur son renouvellement.  Dans son rapport « sur la demande d’appui au processus de paix adressée par le Népal à l’ONU », que présentait Mme Landgren, le Secrétaire général, M. Ban Ki-moon, affirme que « si le Gouvernement népalais, en consultation avec les parties, devait demander une prorogation du mandat de la MINUNEP », il recommanderait au Conseil de sécurité de « répondre favorablement à cette demande ».


Le processus de paix au Népal se trouve à un moment « délicat et critique, alors que les négociateurs s’attachent à résoudre le conflit entre les partisans maoïstes et le Gouvernement, en particulier à propos des exigences maoïstes en faveur d’un gouvernement d’unité nationale », a indiqué Mme Landgren, qui est également Chef de la MINUNEP.


Alors que, dit-elle, la grève générale au Népal entre dans son cinquième jour, les négociations entre les principaux partis portent sur la gouvernance et les autres questions relatives au processus de paix, telles que la Constitution ou l’intégration et la réhabilitation du personnel de l’armée maoïste.


Pour Mme Landgren, « tous les éléments d’une solution à l’impasse actuelle sont connus par les principaux partis politiques ».  « Les principales pierres d'achoppement dans les négociations sont le calendrier et la direction d'un nouveau gouvernement d'union nationale, ainsi que les modalités de l'intégration et de la réhabilitation du personnel de l'armée maoïste. »


Pour éviter une crise dans les jours à venir, « il sera essentiel de mettre en place un mécanisme efficace de suivi et de contrôle », a-t-elle souligné.


La Représentante du Secrétaire général a déclaré que le processus restait « marqué par une méfiance mutuelle profonde », les gouvernements ayant renforcé les divisions entre les partis maoïstes et non maoïstes pendant près de deux ans.  «  Dans ce climat polarisé, les Maoïstes, qui forment le parti politique le plus important, sont demeurés dans l'opposition au cours de l’année passée », a-t-elle poursuivi. 


Mme Landgrena expliqué que d’autres partis avaient remis en question l'engagement des Maoïstes en faveur d’une démocratie pluraliste et de l’état de droit, et les avaient appelés à abandonner le recours à la violence.  «  Les Maoïstes, de leur côté, ont exprimé des doutes sur l'engagement d’autres partis importants à l’égard des changements sociopolitiques prévus par les accords de paix, de la nouvelle constitution et de la tenue de nouvelles élections. » 


La Chef de la MINUNEP a ajouté que plusieurs autres menaces au processus de paix étaient détaillées dans le rapport du Secrétaire général, y compris l'imminence de l'échéance, prévue le 28 mai, de l’adoption d’une nouvelle constitution.


Dans son rapport, M. Ban note que, « malgré d’incessants efforts, les principaux travaux qui restent à accomplir dans le cadre du processus de paix, à savoir décider de l’avenir des deux armées et achever la rédaction de la constitution avant l’échéance du 28 mai 2010, n’ont guère avancé ».


La Représentante du Secrétaire général a indiqué que depuis janvier dernier, les tensions s’étaient « aggravées ».  « Depuis le début du mois de mars, a-t-elle dit, les affrontements entre les partis politiques, en particulier leurs jeunes ramifications, se sont accrus. » 


« De nombreux Népalais sont déçus » et leurs attentes liées au processus de paix « n’ont pas été réalisées », a indiqué Mme Landgren.  « Il n’y a pas de place, dans ce processus de paix, pour la violence », a insisté la Représentante du Secrétaire général, précisant que le règlement de la question du rôle des acteurs armés constituait « une priorité et la pierre angulaire d'une paix durable ».  « Les partis, aussi, peuvent montrer davantage de sérieux dans le suivi et s’en tenir à leurs engagements antérieurs », a-t-elle dit.


Lors de sa visite au Népal, au mois de mars, le Secrétaire général adjoint aux affaires politiques, M. B. Lynn Pascoe, avait averti que la moitié des processus de paix échouaient dans les 10 ans suivant leur conclusion.  « Avec le ferme encouragement de tous leurs partisans, les partis politiques au Népal peuvent ramener le processus de paix sur les rails et le faire aboutir », a conclu Mme Landgren.


Le représentant du Népal, qui a dit espérer que le Conseil de sécurité accédât à la demande de son gouvernement de proroger de quatre mois le mandat de la MINUNEP, a reconnu que la situation dans son pays traversait une « période difficile, avec quelques impasses dans le processus de paix ».


Pour le représentant du Népal, le respect de l’Accord de paix global est « essentiel » pour sortir de la crise actuelle.  Il a ajouté que son gouvernement s’était engagé « à faire en sorte que le processus de paix aboutisse à une conclusion logique, avec pour seul objectif d’assurer la stabilité, la paix et la prospérité au peuple népalais ».


M. Gyan Chandra Acharya a mis en avant les progrès réalisés dans le processus de paix depuis la signature le 21 novembre 2006 de l’Accord global de paix.  « La promulgation d’une Constitution de transition, l’élection de l’Assemblée constituante et la déclaration du Népal en tant que République fédérale démocratique sont autant de progrès notables », a-t-il observé.  Il a également noté que la « réintégration réussie des combattants maoïstes disqualifiés avec l’aide des Nations Unies » avait montré que le processus de paix pouvait parvenir à des « succès significatifs », même si, parfois, il avançait « lentement ».


Rapport du Secrétaire général sur la demande d’appui au processus de paix adressée par le Népal à l’Organisation des Nations Unies ( S/2010/214 )


Le Secrétaire général, M. Ban Ki-moon fait le bilan, dans ce rapport, des progrès du processus de paix et de l’exécution du mandat de la Mission des Nations Unies au Népal (MINUNEP) depuis son dernier rapport au Conseil de sécurité, en date du 7 janvier 2010 (S/2010/17).


Le Secrétaire général affirme qu’il compte toujours voir la MINUNEP mener à bien sa tâche dans les meilleurs délais.  Si le Gouvernement népalais, en consultation avec les parties, devait demander une prorogation du mandat de la MINUNEP, il recommanderait au Conseil de sécurité de répondre favorablement à cette demande.


M. Ban a regretté qu’il n’ait pas été possible de consigner dans le présent rapport la position officielle du Gouvernement népalais et des parties au sujet de la prorogation éventuelle du mandat de la MINUNEP, dans la mesure où aucune communication officielle n’avait été reçue à ce propos au moment de sa rédaction.


Il dit s’attendre à ce qu’elle contienne des indications claires sur les domaines dans lesquels la MINUNEP devrait renforcer son appui à la fois pour accélérer les progrès dans la voie du processus de paix et pour permettre à la Mission de finir de s’acquitter des tâches qui lui ont été confiées.


La MINUNEP est une mission politique spéciale établie en 2007, qui a notamment pour mandat de surveiller la gestion des armements et du personnel armé de l’armée népalaise et du Parti communiste népalais – maoïste (PCN-M), désormais appelé Parti communiste unifié du Népal (maoïste) (PCUN-M).


Dans son rapport, le Secrétaire général rappelle que des avancées importantes réalisées par le processus de paix au Népal, notamment l’Accord de paix global de 2006 et l’élection de l’Assemblée constituante en 2008, ont été décrites dans ses précédents rapports. 


Certains progrès ont également été accomplis pendant la période à l’examen, par exemple la démobilisation récente du personnel de l’armée maoïste disqualifié en 2007 durant le processus de vérification de la MINUNEP et la mise en place, le 8 janvier, du Mécanisme politique de haut niveau, qui doit permettre aux principaux dirigeants politiques d’aborder les problèmes les plus importants auxquels se heurte le processus de paix. 


Mais, ajoute-t-il, malgré des efforts inlassables, les principaux travaux qui restent à accomplir dans le cadre du processus de paix, à savoir décider de l’avenir des deux armées et achever la rédaction de la constitution avant l’échéance du 28 mai 2010, n’ont guère avancé.


Le Secrétaire général lance un appel sincère au Gouvernement et aux parties pour qu’ils surmontent sans tarder les obstacles politiques qui subsistent et prennent des mesures concrètes en vue de tenir les engagements qu’ils ont pris en les assortissant de critères et d’un calendrier précis, tout en ayant recours à un processus de consultation et de dialogue structuré.  Ils devraient s’attacher à réévaluer sans cesse l’état d’avancement des mesures prises pour exécuter leurs engagements dans tous les domaines.


Il importe au plus haut point, écrit-il, d’établir et d’exécuter systématiquement un plan élaboré avec soin, complet et réaliste d’intégration et de réadaptation des anciens membres de l’armée maoïste, auquel la MINUNEP ne manquera pas d’apporter son aide.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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