CS/9860

Opérations de maintien de la paix: le Conseil de sécurité s’engage à améliorer les stratégies de transition et de sortie

12/02/2010
Conseil de sécuritéCS/9860
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Conseil de sécurité

6270e séance – matin & après-midi


OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX: LE CONSEIL DE SÉCURITÉ S’ENGAGE À AMÉLIORER LES STRATÉGIES DE TRANSITION ET DE SORTIE


« Les Casques bleus devraient s’employer sans relâche à mettre

fin eux-mêmes à leur travail », affirme le Secrétaire général, M. Ban Ki-moon


Le Conseil de sécurité s’est engagé aujourd’hui, dans une déclaration présidentielle à l’issue d’un long débat sur les opérations de maintien de la paix, à améliorer les stratégies de transition et de sortie.  Il importe ainsi, souligne-t-il, « de faire en sorte que les activités de consolidation de la paix prescrites dans les mandats soient menées le plus tôt possible à l’occasion de toute opération de maintien de la paix ».


Le Conseil de sécurité, dans cette déclaration lue par son Président pour le mois de février et Représentant permanent adjoint de la France, M. Nicolas de Rivière, affirme qu’il « pourrait améliorer encore sa pratique, soutenue par le Secrétariat, afin d’assurer le bon déroulement de toute transition, en définissant des mandats clairs, crédibles et réalisables assortis des ressources appropriées ».


Le Conseil reste « décidé à continuer d’améliorer l’efficacité d’ensemble des activités de maintien de la paix des Nations Unies, notamment en tenant compte des liens qui existent avec les activités de consolidation de la paix menées à d’autres niveaux ».  Il examinera à nouveau, vers la fin de 2010, les progrès accomplis dans ce domaine.


« Pris au sens large, notre objectif devrait être bien clair: les Casques bleus devraient s’employer sans relâche à mettre fin eux-mêmes à leur travail », a affirmé le Secrétaire général des Nations Unies, M. Ban Ki-moon, à l’ouverture du débat.  Le Secrétaire général a notamment affirmé que la présence de l’ONU après le maintien de la paix devrait prendre la forme d’une mission politique spéciale, d’un bureau de consolidation de la paix ou de toute autre configuration à même de présenter les étapes ultérieures.


Lors de ce débat restreint du Conseil de sécurité, auquel étaient invités le Secrétariat, les représentants du Secrétaire général pour la République démocratique du Congo (RDC), le Libéria et la Sierra Leone, le Président de la Commission de consolidation de la paix ainsi que des pays fournisseurs de contingents et des organisations régionales, ont été examinés les obstacles qui entravent les stratégies de sortie et de transition.  Les participants à qui avait été soumis un document de réflexion préparé par la présidence française du Conseil de sécurité, ont également fait part de leurs propositions concernant notamment la formulation des mandats, la planification des opérations, les capacités et les ressources ou la coordination de l’action internationale sur le terrain.


« Il est crucial de parvenir à une compréhension commune, à un consensus autour du lien entre maintien et consolidation de la paix », a insisté le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, M. Alain Le Roy.  Au cours de la période à venir, a-t-il prédit, l’attention sera davantage axée sur la consolidation des progrès réalisés sur le terrain et sur une transition en douceur vers une paix durable, alors que la taille des missions sera réduite.  Il a rappelé que le document « Nouvel Horizon » établi par le Secrétariat décrivait les efforts de consolidation de la paix que les missions de maintien de la paix de l’ONU mettaient en œuvre dès le début des opérations. 


De son côté, la Secrétaire générale adjointe à l’appui aux missions, Mme Susana Malcorra, a attiré l’attention sur la nécessité de prévoir des sources de financement adaptées.  La phase de transition fait basculer les opérations de maintien de la paix dans la catégorie des missions politiques spéciales ou des bureaux de la consolidation de la paix et, à ce titre, « ces structures devraient être financées par le budget ordinaire de l’Organisation, qui fait actuellement l’objet d’un examen minutieux », a-t-elle déclaré.


La Commission de consolidation de la paix (CCP), a indiqué son Président, M. Peter Wittig, peut offrir des perspectives de consolidation « précoce » dans l’élaboration des mandats.  Elle est également en mesure d’identifier et de promouvoir des éléments spécifiques au pays de nature à y consolider la paix, d’inviter à conclure des partenariats et de suivre la progression de la phase de stabilisation à celle de transition et de consolidation.


Parmi les États Membres, la France a observé qu’il revenait au Conseil de sécurité « d’identifier des objectifs communs et de donner une feuille de route claire aux militaires et aux civils », alors que le Secrétariat, sur la base des objectifs décidés par le Conseil, doit « réaliser une planification de qualité » et « rapporter d’une manière qui lui permettra de bien comprendre à quel degré d’achèvement en est la mission ».  La Fédération de Russie a considéré que les opérations de maintien de la paix devraient accorder une place plus importante au désarmement et à la réforme en matière de sécurité, tout en notant l’importance pour les missions de l’ONU de tenir rigoureusement compte des principes de la Charte des Nations Unies.


Le Gabon a jugé utile de prévoir des mécanismes de coopération avec les pays voisins, tandis que le Mexique a souligné l’utilité de mécanismes officieux comme les groupes d’amis dans le cadre d’appui aux processus de paix, pour faciliter la transition vers la stabilité et la paix dans le pays sortant d’un conflit et dans sa région.  Plusieurs délégations ont suggéré d’utiliser au mieux les critères permettant de mesurer l’accomplissement des tâches ainsi que les outils pour revoir les mandats, la Turquie prévenant toutefois contre « les risques d’une définition des critères que le Conseil établirait sans impliquer au préalable les autorités locales ».  Certaines, à l’instar de celle du Brésil, ont estimé que « les aspects économiques et sociaux de la consolidation de la paix doivent bénéficier d’une plus grande attention ».


Outre ses 15 membres et autres intervenants déjà cités, le Conseil de sécurité a également entendu les représentants des pays suivants: Maroc (au nom du Mouvement des pays non alignés), Pakistan, Bangladesh, Inde, Égypte, Népal, Jordanie, Rwanda, Uruguay, Italie et Philippines.  L’Observateur permanent de l’Union africaine et le Chef par intérim de la délégation de l’Union européenne se sont également exprimés.



LES OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX DES NATIONS UNIES: LES STRATÉGIES DE TRANSITION ET DE SORTIE


Lettre datée du 3 février 2010, adressée au Secrétaire général par le Représentant permanent de la France auprès de l’Organisation des Nations Unies (S/2010/67)


Déclarations


M. BAN KI-MOON, Secrétaire général des Nations Unies, a qualifié de cruciale la question des stratégies de transition et de retrait des opérations de maintien de la paix.  « Pris au sens large, notre objectif devrait être bien clair: les Casques bleus devraient s’employer sans relâche à mettre fin eux-mêmes à leur travail, a-t-il ajouté.  M. Ban Ki-moon a noté qu’au fil des années, de précieux enseignements avaient été tirés de l’expérience de l’ONU sur la meilleure manière d’envisager la transition et celle de faire en sorte qu’au maintien de la paix succède la consolidation de la paix pour que, finalement, s’instaurent des sociétés à même de fonctionner et de maintenir seules leur stabilité. 


Les Nations Unies doivent être prêtes à aider les autorités nationales à mettre en œuvre les accords de paix, à rétablir les fonctions vitales de l’état et à instaurer un niveau minimum de sécurité durable sur l’ensemble du territoire, a ensuite plaidé le Secrétaire général.  « Nous devons promouvoir la réconciliation et des processus politiques sans exclusive, favoriser la prestation des services essentiels et aider à créer des emplois et à susciter une activité économique », a-t-il également estimé.  Il a ajouté que tout cela était indispensable si l’ONU veut s’attaquer aux causes profondes d’une crise, maintenir la paix et trouver une stratégie viable pour les missions de la paix des Nations Unies. 


Le Secrétaire général a ensuite affirmé que la présence de l’ONU après le maintien de la paix devrait prendre la forme d’une mission politique spéciale, d’un bureau de consolidation de la paix ou de toute autre configuration à même de présenter les étapes ultérieures.  Il a également prévu qu’à l’avenir, les missions seraient plus nombreuses mais de taille plus réduite, afin d’accroître leur efficacité et faciliter leur retrait.  Pour M. Ban, le bon démarrage d’une mission signifie qu’en amont, ont été identifiées les causes du conflit et qu’un processus de paix robuste et durable a été établi pour permettre la mise en œuvre des mandats dans un climat sûr et stable.  Cela signifie aussi que les objectifs peuvent être réalisés conjointement par les parties nationales et la communauté internationale et que la mission dispose de la main-d’œuvre et des ressources nécessaires pour remplir ses tâches, a ajouté le Secrétaire général de l’ONU. 


Le retrait d’une mission suppose ensuite qu’a été évalué l’état des structures nationales de gouvernance, notamment celles relatives à la sécurité et à l’état de droit, a poursuivi M. Ban.  « Nous devons aussi nous assurer que le relèvement économique est en cours et que la situation en matière de sécurité est suffisamment stable pour éviter toute reprise du conflit ».  Les opérations de maintien de la paix ne doivent pas rester plus longtemps qu’il est nécessaire mais, dans le même temps, il est de notre devoir d’empêcher qu’un retrait prématuré de la présence onusienne soit suivi d’un regain de violence, a souligné le Secrétaire général.  Estimant que l’une des leçons des années 1990 a été de reconnaître le besoin d’une présence chargée du suivi pour protéger les acquis et poursuivre le processus d’édification de la paix, M. Ban a plaidé pour la mise en place de bureaux régionaux.  Ces bureaux, de taille réduite mais dotés de mandats exigeants et complexes requerraient des ressources importantes et l’appui du Conseil de sécurité, de la Commission de consolidation de la paix et de la communauté internationale au sens large, a-t-il précisé. 


Nos résultats collectifs détermineront quand et comment une opération de maintien de la paix peut être démantelée, a encore noté Ban Ki-moon, qui a demandé aux États Membres d’explorer les moyens par lesquels le Conseil de sécurité pourrait obtenir les évaluations et l’information requises sur l’état de la présence de l’ONU sur le terrain.  Le Conseil devrait s’appuyer sur l’avis de la Commission de consolidation de la paix (CCP) et des gouvernements hôtes pour mesurer les progrès sur place, a-t-il préconisé. 


M. ALAIN LE ROY, Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, a affirmé qu’il anticipait, au cours de la période à venir, que l’attention sera davantage axée sur la consolidation des progrès réalisés sur le terrain et sur une transition en douceur vers une paix durable, alors que la taille des missions sera réduite.  Il a rappelé que le document établi par le Secrétariat « Nouvel Horizon » décrivait les efforts de consolidation de la paix que les missions de maintien de la paix des Nations Unies mettaient en œuvre dès le début des opérations.  Leur aspect le plus important, a-t-il dit, est qu’elles assurent une sécurité de base, essentielle pour instaurer la paix.  Ces efforts incluent de manière plus large la protection des civils, l’état de droit, la démobilisation et la réinsertion des anciens combattants, la réforme du secteur de sécurité et l’action antimines.


Il est crucial, a estimé le Secrétaire général adjoint, de parvenir à une compréhension commune, à un consensus autour du lien maintien-consolidation de la paix.  Cela, a-t-il expliqué, permettra de planifier les transitions sur des bases claires et de manière cohérente.  En se basant sur ces bases claires et en capitalisant sur les avantages comparatifs et les secteurs d’expertise des uns et des autres, le système des Nations Unies peut établir des partenariats avec d’autres acteurs de manière efficace pour soutenir des pays à se relever des conflits, a-t-il ajouté, précisant que les liens entre consolidation et maintien de la paix étaient aussi une des questions examinées par le Comité spécial des opérations de maintien de la paix.  Le personnel de maintien de la paix est un consolidateur de paix de la première heure, a-t-il estimé, soulignant que dès qu’une première stabilisation est assurée, il convient de veiller à ce que l’effort collectif de rétablissement continue pour que les opérations de maintien de la paix passent le relais et se retirent.


M. Le Roy, convaincu que l’alignement des fonctions opérationnelles et de support est essentiel, a mis l’accent sur la nécessité de disposer des bons outils pour traiter des dynamiques qui évoluent rapidement et pour les ajuster de manière adéquate.  Le Secrétaire général adjoint a ainsi pris l’exemple d’Haïti où des unités de police mieux formées ont été rendues plus nécessaires que des troupes pour gérer l’ordre public et relever les défis de sécurité, comme ceux posés par les gangs.  Il faut, a poursuivi M. Le Roy, des capacités fiables dans une série de secteurs, y compris des capacités civiles rapidement déployables, accompagnées de ressources adaptées.  À cet égard, il a indiqué que son Département s’efforçait d’étendre la Capacité permanente de police, renforcée par une expertise dans les domaines de la justice et de la répression.


Le Secrétaire général adjoint a déclaré que la sortie d’une opération de maintien de la paix devrait constituer une partie d’une stratégie cohérente de soutien à un pays émergeant d’un conflit et non une fin en soi.  En outre, le renforcement des capacités nationales ne peut pas être assuré de force ou imposé, a-t-il affirmé, soulignant la nécessité de maintenir une flexibilité en vue de répondre aux circonstances changeantes et des capacités sur le terrain tout en fournissant à temps les informations au Conseil de sécurité et aux pays contributeurs de troupes.


Les autorités nationales doivent jouer un rôle essentiel dans la stratégie de sortie d’une opération de maintien de la paix, a-t-il dit, estimant que leurs attentes et leurs perceptions, ainsi que celles de la société civile, devraient être entendues.  De même, la Commission de consolidation de la paix doit jouer un rôle clef, a-t-il ajouté. 


Mme SUSANA MALCORRA, Secrétaire générale adjointe à l’appui aux missions, a fait part du défi auquel était confronté son Département créé en 2007 pour fournir, avec toute la rapidité et la souplesse requises, un soutien administratif et logistique aux opérations de maintien de la paix: le cadre règlementaire et les procédures existants ne sont pas toujours de nature à faciliter ce mandat, a-t-elle dit.  Elle a toutefois assuré le Conseil de sécurité que son Département coopérait avec le reste des Nations Unies et les États Membres pour améliorer cette situation, comme en témoigne la proposition de stratégie globale d’appui aux missions, qui sera examinée par l’Assemblée générale dans l’année à venir.  Ce document, s’il venait à être adopté, permettrait au Département de s’adapter beaucoup plus rapidement aux exigences de chaque mission.  Mme Malcorra a ensuite reconnu que si la phase de transition n’a pas toujours été facile à mettre en place, elle a cependant déclaré que les leçons apprises avaient été appliquées avec succès par exemple au Burundi, et étaient en cours d’application en Guinée-Bissau et en République centrafricaine.


La Secrétaire générale adjointe a également expliqué que, l’an dernier, son Département avait soutenu la clôture de deux missions assez différentes, la Mission des Nations Unies en Éthiopie et en Érythrée (MINUEE) et la Mission d’observation des Nations Unies en Géorgie (MONUG), qui s’est effectuée en très peu de temps.  En outre, le Département a soutenu la reconfiguration de la Mission des Nations Unies au Kosovo (MINUK).  Mme Malcorra a par ailleurs rappelé que lorsque le Conseil décide d’adopter un mandat de maintien de la paix et de consolidation de la paix, il le fait dans l’espoir que le Secrétaire général mettra en œuvre ce mandat par le biais d’une approche intégrée visant à maximiser les capacités civiles des Nations Unies, de l’équipe de pays des Nations Unies et de leurs partenaires.  Elle a regretté de devoir dire que les attentes à cet égard n’étaient pas toujours comblées.  « Au risque de simplifier », a-t-elle dit, « ceci est pour l’essentiel dû à la diversité des pratiques entre organisations et des conditions de service ».  Elle a déclaré qu’elle œuvrait avec le Département de la gestion à la résolution de cette question.  La Secrétaire générale adjointe a enfin souligné que la phase de transition faisait basculer les opérations de maintien de la paix dans la catégorie des missions politiques spéciales ou des bureaux de la consolidation de la paix et qu’à ce titre, ces structures devraient être financées par le budget ordinaire de l’Organisation, déjà sous étroite surveillance.  C’est pourquoi, elle a attiré l’attention sur la nécessité de prévoir des sources de financement adaptées aux stratégies de sortie et de transition des opérations de maintien de la paix.


M. ALAN DOSS, Représentant spécial du Secrétaire général pour la République démocratique du Congo (RDC), a déclaré que les stratégies de sortie et de transition ne devraient pas être conçues comme un exercice linéaire, car « les progrès ne sont ni inévitables ni prédestinés ».  Il existe toujours, a-t-il prévenu, un risque que les progrès soient suivis d’un pas en arrière.  Il est possible d’avancer dans les domaines clefs que sont le relèvement, le renforcement de l’état de droit et le développement économique, cela « même pendant les conflits eux-mêmes », a-t-il estimé.  Ainsi, les stratégies de transition doivent avant tout être souples et opportunes, a affirmé M. Doss.  Il a ensuite considéré que la planification des missions dépendait largement des ressources identifiées en fonction des mandats.  La planification devrait démarrer par une évaluation approfondie des risques futurs probables, a-t-il dit, estimant que ce serait sur une telle base que les acteurs du terrain pourraient opérer de manière moins incertaine, « en s’appuyant sur une vision plus générale de la mission en cours ». 


Évoquant la Mission des Nations Unies en République démocratique du Congo (MONUC) qu’il dirige, M. Doss a indiqué que le volet protection des civils, devenu de plus en plus important avec les années, nécessitait des ressources adaptées et la mise en place de dispositifs innovants.  « Nous avons par exemple créé le concept de « protection intelligente » car la MONUC ne peut pas être partout sur tout le territoire national », a-t-il précisé.  M. Doss a en outre affirmé que la coordination des efforts internationaux sur le terrain devrait être plus qu’un simple partage des informations ».  « Je recommande la création de structures de consultation plus légères mais systématiques », a-t-il lancé, avant d’exprimer ses doutes sur l’efficacité des mécanismes élargis de coordination, impliquant la Banque mondiale et le FMI, et dont certaines décisions ont des effets contraires au sein des populations.  Les mesures d’austérité économique peuvent avoir des conséquences directes sur la sécurité et la stabilité, a-t-il ainsi fait observer.  M. Doss a également estimé que l’alignement des forces politiques sur les processus de paix devrait être étendu aux acteurs régionaux.  « Dans les quatre pays où j’ai participé à des efforts de maintien de la paix, les États voisins ont toujours été une partie du problème ou de la solution », a-t-il fait remarquer. 


Mme ELLEN MARGRETHE LØJ, Représentante spéciale du Secrétaire général pour le Libéria et Chef de la Mission des Nations Unies au Libéria (MINUL), a concentré son intervention sur les mandats, la mise en œuvre et les outils.  Il n’y a pas de solution unique pour chacun de ces éléments, a-t-elle considéré, notant qu’il convenait de tenir compte de toutes les spécificités dès le départ.  S’agissant de la première question, elle a jugé fondamental que le mandat initial d’une mission dispose de priorités claires et soit réaliste.  Elle a mis l’accent sur la nécessité de disposer de mandats réalisables plutôt que de mandats politiquement corrects, utilisant l’image d’un arbre de Noël sur lequel chacun peut tout mettre.  Il est important que le Conseil de sécurité fasse preuve de beaucoup plus d’attention lorsqu’il s’agit de modifier le mandat, a-t-elle ajouté.  Concernant les défis et les contraintes des missions intégrées, elle a fait observer que le maintien et la consolidation de la paix étaient les deux faces d’une même pièce de monnaie, étaient étroitement liés entre eux et devaient être appliqués simultanément.  Mme Løj a de même estimé que la paix ne pouvait être durable si les autorités locales et la population ne prenaient en main leur avenir.  Au Libéria, a-t-elle expliqué, le mandat a été mis en œuvre sur la base d’une appropriation nationale claire et selon les besoins nationaux du pays, et ceci, dès les premières phases.  Les stratégies de sortie devraient être incorporées depuis le tout début de la mission, a insisté la Représentante spéciale, mettant l’accent sur la nécessité d’établir des critères clairs pour suivre la réalisation de la consolidation de la paix et la sortie de la mission.  Au Libéria, la Mission a ainsi pu travailler sur des critères et des repères depuis 2006.   


M. MICHAEL VON DER SCHULENBURG, Représentant exécutif du Secrétaire général pour la Sierra Leone, a déclaré que les missions de consolidation intégrée de la paix doivent permettre le retrait des Casques bleus plus tôt.  Elles pourraient fournir aux États Membres une stratégie de sortie moins risquée et moins abrupte et constituer un arrangement intérimaire avant la transition ultime vers le système des coordonnateurs résidents de l’ONU.  En outre, de telles missions doivent présenter leurs propres caractéristiques et ne pas simplement être considérées comme des opérations de maintien de la paix « réduites » et sans Casques bleus.  Une nouvelle approche doit être privilégiée et se traduire par des changements qualitatifs, a souligné le Représentant exécutif, qui a dit que l’accent devrait être mis sur la paix et le développement plutôt que sur la paix et la sécurité.  D’autre part, a-t-il poursuivi, la consolidation de la paix doit reposer sur un agenda national, comme c’est par exemple le cas en Sierra Leone, a-t-il expliqué.  Cette consolidation de la paix, pour être pleinement effective, exige aussi la pleine intégration du mandat politique de la mission aux différents mandats de développement des institutions des Nations Unies, a expliqué M. Von Der Schulenburg, qui a souligné qu’elle devrait également rassembler tous les partenaires de développement et donateurs.  Enfin, les missions intégrées de consolidation de la paix doivent aussi être déterminées dans le temps et développer à leur tour leurs propres stratégies de sortie, a-t-il préconisé avant de conclure.


M. MARK LYALL GRANT (Royaume-Uni) a souligné que depuis plus d’un an, l’examen de la question du maintien de la paix était plus systématique au sein du Conseil de sécurité.  Comment la présence sur le terrain de l’ONU doit-elle évoluer pour appuyer de près et efficacement les progrès de paix d’un pays en crise? a-t-il demandé.  « Pour répondre à cette question, nous devons ouvrir une nouvelle voie, en tenant compte notamment des exposés des représentants spéciaux », a-t-il préconisé.  Comme l’a dit M. Doss, la transition n’est pas une progression linéaire, a ajouté le représentant.  Le maintien et la consolidation de la paix doivent faire partie « d’un seul et même plan qui doit rechercher, dès le départ et tout au long de la mission, le règlement politique du conflit en renforçant les capacités nationales, a-t-il précisé.  « Nos stratégies doivent être globales au risque, pour les efforts entrepris sur le terrain de se heurter aux difficultés résultant du manque de coordination ».


Le représentant a ensuite mis l’accent sur le besoin d’une compréhension claire des résultats recherchés.  « Notre objectif doit être de créer les conditions propices pour qu’un tel processus de paix puisse aboutir », a-t-il rappelé, en demandant au Conseil de sécurité de cesser de centrer son attention sur l’urgence et d’intensifier plutôt sa réflexion sur les solutions stratégiques à long terme.  Un ordre de priorités dans les tâches et les moyens doit être également établi afin de mieux mesurer les progrès en privilégiant une action souple, a préconisé le représentant.  Il faut en outre être clair sur ce que peuvent ou ne peuvent pas faire les Casques bleus.  Le Conseil de sécurité doit se concentrer sur les obstacles à la réalisation des objectifs stratégiques en envoyant, le cas échéant, des messages politiques plus forts aux États concernés par la crise, a déclaré M. Grant.  Il a conclu en appelant les États Membres à mieux utiliser la Commission de consolidation de la paix, dont l’expertise « peut aider le Conseil à gérer la réduction des missions par le biais de mesures concrètes inspirées par l’évaluation précise des besoins sur le terrain ». 


Mme U. JOY OGWU (Nigéria) a demandé que l’on soit plus précis sur la définition des mandats des missions.  Le Conseil de sécurité doit lier stratégie de transition et stratégie de sortie au mandat d’une mission pour en assurer le succès, a-t-elle ajouté.  La sortie en elle-même peut être contre-productive si elle n’a pas bien été pensée, comme l’ont montré les événements tragiques au Rwanda et en ex-Yougoslavie.  La représentante a plaidé pour une démarche intégrée en matière de maintien de la paix, les missions devant, selon elle, être « associées aux efforts de consolidation de la paix. »  Elle a aussi estimé que les capacités et ressources allouées aux missions devraient être prévisibles et adaptées aux mandats, pour éviter notamment des répartitions « aberrantes » de fonds.  La représentante a en outre estimé nécessaire une réflexion destinée à renforcer les capacités des projets à impact rapide ainsi que la coordination à tous les niveaux opérationnels des missions.  L’ONU s’est dotée d’un nouveau slogan, « Unis dans l’action! » que nous devons traduire dans les faits en intensifiant la synergie entre les acteurs multiples du maintien de la paix, a dit Mme Ogwu.  Plaidant enfin pour l’affermissement des initiatives de diplomatie préventive aux niveaux régional et sous-régional, elle a conclu en estimant que les procédures d’évaluation des objectifs des missions par le Conseil de sécurité devraient être améliorées, pour que « la communauté internationale ait la meilleure appréciation possible des stratégies de sortie de missions et de la portée réelle de ces dernières ».


M. NAWAF SALAM (Liban) a souligné que son pays était convaincu que la réussite d’une stratégie de sortie nécessitait un partenariat entre le Conseil de sécurité, le Secrétariat, les pays contributeurs de troupes et les pays hôtes.  De même, les opérations de maintien de la paix doivent disposer de mandats clairs et réalisables et bénéficier de l’allocation de ressources adéquates, a-t-il dit.  Le représentant a ainsi mis l’accent sur l’étroite coordination et l’action coordonnée dans son pays entre l’armée libanaise et la Force intérimaire des Nations Unies au Liban  (FINUL).  Il a par ailleurs souligné l’importance du rôle consultatif de la Commission de consolidation de la paix, appelant à une coordination régulière avec cette Commission.  Il a de même souligné le rôle clef du Comité spécial pour les opérations de maintien de la paix et de la Cinquième Commission de l’Assemblée générale dans l’allocation des ressources.


M. THOMAS MAYR-HARTING (Autriche) a affirmé que les autorités nationales et tous les acteurs internationaux sur le terrain devraient œuvrer pour constituer les capacités nationales qui sont nécessaires pour assurer la sécurité, la fourniture de services de base, l’instauration de l’état de droit et un développement à long terme, de manière intégrée.  Les efforts de maintien et de consolidation de la paix doivent aller de pair sur la base d’une stratégie commune et intégrée, a-t-il ajouté.  Des mandats crédibles doivent avoir pour objectif de parvenir à des solutions éventuelles de rechange, a-t-il dit.  Les repères et les objectifs doivent être partagés par toutes les parties, a-t-il poursuivi.  Le représentant a également mis l’accent sur une coordination nécessaire des plans et programmes de consolidation de la paix lancés par différents États Membres, des organisations régionales et sous-régionales, les institutions financières internationales ou les agences des Nations Unies présentes sur le terrain. 


M. RUHAKANA RUGUNDA (Ouganda) a noté que les opérations de maintien de la paix étaient confrontées à des nouvelles menaces à la sécurité, qui « compliquent  davantage une tâche parasitée de plus par l’intervention récurrente sur le terrain d’acteurs non étatiques et par la persistance de crises humanitaires d’une ampleur sans précédent ».  Il devient essentiel que ces opérations indispensables soient conduites de manière efficace, a-t-il ajouté.  Le but principal à cette fin doit être la création de conditions favorables à l’établissement d’une paix durable afin d’envisager la reconfiguration ou le retrait des missions de maintien de la paix de l’ONU, a ajouté le représentant.  Il faut que le retrait s’effectue sans risque ou presque de la reprise d’un conflit, a-t-il ajouté.  Le représentant a poursuivi en soulignant l’importance d’une planification « claire » des missions; une planification « qui doit s’appuyer sur une connaissance approfondie des causes du conflit et sur un calendrier de stabilisation et consolidation de la paix mis en œuvre par les autorisé nationales hôtes. »  Il a en outre estimé qu’il faudrait consacrer plus de ressources pour appuyer les programmes et activités visant l’amélioration du bien-être des populations.  Enfin, M. Rugunda a demandé que le Fonds pour la consolidation de la paix reçoive toutes les ressources requises afin de faciliter les efforts conjoints de paix et les activités de développement dans les pays concernés.  « Un budget de 350 millions de dollars ne suffit pas », a-t-il affirmé. 


Mme ROSEMARY DI CARLO (États-Unis) a affirmé que le maintien de la paix des Nations Unies était surchargé et souffrait d’une pénurie de troupes bien formées.  Il faut, a-t-elle dit, garder cela à l’esprit avant d’envoyer des troupes sur le terrain ou de créer de nouveaux mandats.  Il ne faut pas oublier non plus que de nombreux pays s’en sortent beaucoup mieux grâce aux leçons tirées des expériences passées de l’ONU.  Il convient de résister à la tentation de réduire ou de clore trop tôt des missions, a-t-elle dit.  La représentante a mis l’accent sur la nécessité de mettre au point, dès le début, des mandats crédibles et réalistes, avec des critères adaptés à chaque conflit et évalués périodiquement.  Le maintien de la paix doit être accompagné par des efforts de consolidation de la paix robustes, a-t-elle estimé.  En outre, il faut accroître les réserves de troupes et de police et améliorer la communication entre les pays contributeurs de troupes et le Conseil de sécurité.  Il n’existe pas de taille unique pour les missions, a-t-elle souligné, estimant que les stratégies de sortie comme celles de maintien de la paix devraient être adaptées aux pays concernés.  


M. VITALY CHURKIN (Fédération de Russie) a estimé que les opérations de maintien de la paix devraient accorder une place plus importante au désarmement et aux réformes de la sécurité.  Consolider ces activités essentielles implique un renforcement des liens entre le Conseil de sécurité et l’Assemblée générale, a-t-il dit, en soulignant l’importance que les missions de l’ONU tiennent rigoureusement compte des principes de la Charte des Nations Unies.  C’est sur cette base, que l’ONU obtiendra des succès politiques là où elle est présente, a ainsi affirmé M. Churkin.  Il a par ailleurs considéré que les transformations sociale et économique des pays sortant d’une crise devraient être accompagnées par le biais d’une intervention accrue des organisations régionales et sous-régionales ainsi que la communauté des donateurs, tout en garantissant « le respect de la souveraineté des États ».  Le représentant de la Fédération de Russie a également signalé que sa délégation n’avait pas renoncé à réactiver le Comité d’état-major des Nations Unies.  En relançant cet organe qui serait enrichi par la participation de pays contributeurs de troupes, le Conseil de sécurité pourrait bénéficier d’une expertise militaire de choix, facteur déterminant pour constituer plus efficacement les contingents et fournir aux Nations Unies des informations fiables sur l’évolution des situations sur place, a conclu M. Churkin. 


Mme MARIA LUIZA RIBEIRO VIOTTI (Brésil) a affirmé qu’il convenait de ne pas perdre de vue l’objectif fondamental des opérations de maintien de la paix, leur but ultime étant de contribuer à une consolidation de la paix durable.  Les stratégies de sortie doivent répondre à des dynamiques politiques sur le terrain, a-t-elle ajouté.  La transition du maintien de la paix vers la consolidation de la paix constitue une entreprise de l’ensemble du système des Nations Unies, les stratégies de transition et de sortie devant être articulées avec une plus large présence des Nations Unies sur le terrain, de façon cohérente.  La représentante a également souligné la nécessité de renforcer le soutien politique du Conseil de sécurité aux processus de paix, d’améliorer les structures du système de l’ONU pour faire face à ces situations et d’assurer les ressources et matériels requis.  Un minimum de stabilité politique est une condition sine qua non de la réussite d’une stratégie de sortie, a-t-elle fait observer.  Afin d’améliorer son rôle, le Conseil de sécurité doit renforcer sa capacité à suivre le processus de paix, a-t-elle souligné, considérant que l’établissement de repères dans plusieurs missions était à cet égard une innovation positive.  La représentante a estimé, par ailleurs, que le Secrétariat devait disposer des structures et de l’expertise nécessaires pour traiter de manière adéquate les éléments de consolidation et de maintien de la paix.  À cet égard, a-t-elle ajouté, les aspects sociaux et économiques de la consolidation de la paix doivent bénéficier d’une plus grande attention.


M. IVAN BARBALIC (Bosnie-Herzégovine) a estimé que le succès des opérations de maintien de la paix dépendait d’une définition claire de leurs mandats.  La transition elle-même repose sur une évaluation souple et continue de l’évolution des besoins dans les pays en reconstruction, a-t-il ajouté.  « Comme le recommande la France, nous devons préparer collectivement la paix par des moyens politiques en vue d’assurer un retrait des missions sans risques prévisibles de reprise du conflit », a-t-il fait remarquer.  Pour M. Barbalic, l’ONU doit être prête pour effectuer des changements rapides dans l’environnement postconflit, en tenant compte des réalités du terrain et des intérêts des autorités nationales hôtes et de leur peuple.  Dans ce contexte, le Conseil de sécurité devrait bénéficier des recommandations claires et précises du Secrétariat, au moins un mois avant le renouvellement du mandat d’une opération ou mission.  Concernant l’allocation de ressources, le représentant a indiqué que l’expérience montrait que les investissements réalisés tôt dans le déploiement des missions étaient les investissements les plus déterminants.  Il a également souligné la nécessité de systématiser, en l’améliorant, le dialogue entre toutes les parties prenantes au maintien de la paix, basées au Siège de l’ONU comme sur le terrain.  En particulier, le Conseil de sécurité devrait s’appuyer plus largement sur les recommandations de la Commission de consolidation de la paix, a-t-il préconisé. 


M. EMMANUEL ISSOZE-NGONDET (Gabon) a souligné que depuis la publication du rapport Brahimi, il y a 10 ans, les Nations Unies ont sensiblement amélioré la conception, la conduite et l’évolution des missions des opérations de maintien de la paix.  Cette évolution, a-t-il dit, résulte pour l’essentiel de ce que le rapport Brahimi insiste sur la nécessité d’une définition de mandats clairs, crédibles et réalisables, des missions de maintien de la paix susceptibles d’en garantir le succès.  Ces mandats, a-t-il estimé, doivent être repensés pour prévoir des séquences et des critères de sortie ainsi que les étapes futures.  De ce fait, la mise en œuvre du mandat doit être marquée par des étapes réalistes et des indicateurs de succès mesurables, ainsi que des priorités clairement définies afin d’éviter aux Nations Unies l’enlisement et des coûts élevés.  De l’avis du représentant, il serait également utile de prévoir des mécanismes de coopération avec les pays voisins.  En outre, il a proposé l’envoi préalable sur le terrain d’une équipe de prospection multisectorielle et pluridisciplinaire pour déterminer avec précision les conditions optimales de l’exécution de la mission.  Il conviendrait aussi, a-t-il ajouté, de systématiser la constitution d’une mission d’évaluation technique pour déterminer la sortie d’une mission.  La fin d’une opération de maintien de la paix exige que les conditions de sécurité soient satisfaisantes et que le gouvernement ait recouvré le contrôle des institutions judiciaires, de l’administration civile et des services publics.  Il faut aussi veiller à ce que les accords de paix conclus soient exécutés de bonne foi.  Avant de conclure, le représentant a souhaité que toute opération de maintien de la paix ait en son sein une composante intégrant à la fois des civils et des militaires qui serait chargée d’évaluer les progrès de la mission et qui proposerait la transition vers la consolidation.


M. YUKIO TAKASU (Japon) a déclaré que le principal problème de nombreuses opérations de maintien de la paix demeurait l’insuffisance de capacités des pays hôtes pour assurer la sécurité nécessaire et répondre aux besoins urgents dans les situations postconflit.  Il a estimé que la réintégration des combattants dans la vie civile et la création d’emplois pour les jeunes étaient des éléments clefs pour mettre un terme au cycle du conflit et de la pauvreté.  En matière de transition entre le maintien et la consolidation de la paix, il a cité trois types d’expériences: tout d’abord, le cas de mandats de missions de maintien de la paix qui contiennent quelques éléments de consolidation de la paix; ensuite, les missions de maintien de la paix qui ne disposent d’aucun mandat en matière de consolidation alors que des institutions de l’ONU qui y sont présentes ont une équipe-pays chargée de la consolidation de la paix; et enfin, les activités de consolidation de la paix mises en place après la fin d’une mission de maintien de la paix.  Il a jugé utile de voir comment les missions de maintien de la paix peuvent appuyer les activités de consolidation de la paix, lorsque d’autres organisations en sont chargées. 


Par ailleurs, le représentant du Japon a estimé que la Commission de consolidation de la paix devrait conseiller le Conseil de sécurité et qu’il était important de clarifier sa contribution dans ce domaine.  Il a souligné que la mise en œuvre de la réforme du secteur de sécurité et l’instauration de l’état de droit étaient essentielles à la stabilité et à la transition.  Il a ajouté que la réforme du secteur de sécurité ne pouvait être obtenue que par le renforcement des forces de police et la diminution du nombre de militaires.  Le représentant a mis l’accent sur l’importance d’une réintégration efficace des anciens combattants dans la société et la création d’opportunités économiques pour les jeunes.  Les activités de consolidation de la paix exigent la diversité des expertises et une plus grande proportion de spécialistes civils que les opérations de maintien de la paix, a-t-il insisté avant de conclure.


M. ERTUGRUL APAKAN (Turquie) a souligné l’importance d’une stratégie politique intégrée qui comprenne les accords de paix, le maintien et la consolidation de la paix.  Mais cela n’est possible que si tous les partenaires apportent leur soutien, a-t-il précisé.  Il a expliqué que les stratégies de transition et de sortie des missions de maintien de la paix devraient constituer une composante de cette stratégie intégrée, permettant ainsi de mieux définir le mandat d’une mission dès le départ.  Cela doit se faire en consultation avec les pays contributeurs de troupes et de police, a-t-il estimé.  M. Apakan a aussi attiré l’attention sur la nécessité de se mettre d’accord auparavant sur les critères de réussite d’une mission et sur les moyens donnés au Conseil de sécurité pour évaluer la stabilisation de la situation politique et en matière de sécurité.  Il a donc suggéré d’utiliser au mieux les critères permettant de mesurer l’accomplissement des tâches ainsi que les outils pour revoir les mandats, tout en prévenant contre les risques d’une définition des critères que le Conseil établirait sans impliquer au préalable les autorités locales.  Le représentant a proposé que la Commission de consolidation de la paix joue un plus grand rôle, pour participer à l’élaboration des stratégies intégrées, et souhaité une bonne coordination des États Membres qui pourraient, par exemple, utiliser des mécanismes comme les centres d’échange d’informations.


M. LIU ZHENMIN (Chine) a affirmé que l’évolution rapide de certaines situations avait accru les difficultés pour les opérations de maintien de la paix, lesquelles ont des défis redoutables à relever.  Il a souligné l’écart croissant entre les opérations de maintien de la paix et les attentes des États Membres.  Il est impératif, a-t-il dit, de tenir compte des expériences, des leçons apprises, de combler les lacunes et d’améliorer les opérations de maintien de la paix.  Au moment d’élaborer les stratégies de transition et de sortie, le Conseil de sécurité doit renforcer la coordination entre le maintien de la paix et la consolidation de la paix.  Il convient également d’accorder autant d’importance au règlement politique des conflits armés car, a-t-il estimé, ce n’est qu’ainsi que les éléments déstabilisateurs pourront être éliminés après un conflit.  La répartition des tâches entre le maintien de la paix et la consolidation de la paix devrait être améliorée afin de garantir la mise en œuvre de la stratégie de sortie.  Le représentant a insisté sur la nécessité d’éviter le double emploi entre les opérations de maintien de la paix et la consolidation de la paix.  Le Conseil de sécurité doit, a-t-il estimé, élaborer des mandats clairs et bien ciblés en définissant des priorités et des objectifs pour les différentes étapes, surveiller la mise en œuvre des mandats, élaborer en temps opportun des stratégies de sortie.  Il convient également d’accorder une attention soutenue aux capacités du pays hôte et d’établir des partenariats solides en obtenant la collaboration et la coopération de toutes les parties intéressées.


M. CLAUDE HELLER (Mexique) a estimé que les opérations de la paix de l’ONU doivent prendre davantage en compte certains éléments fondamentaux pour atteindre l’objectif commun d’instauration de la paix durable.  Des mandats clairs et réalisables disposant de ressources nécessaires; la promotion active de l’engagement sans équivoque des parties en faveur d’une solution négociée des conflits; une appréhension accrue des causes structurelles des guerres: telles sont les dimensions sur lesquelles le maintien de la paix à l’ONU doit mettre l’accent, a déclaré le représentant.  Il a poursuivi en jugeant qu’il convenait de maintenir une approche intégrée par le biais notamment de la définition, lors de la planification des missions, de priorités en matière de consolidation de la paix.  Pour M. Heller, la coordination doit être en outre plus efficace entre les diverses composantes du maintien de la paix impliquées à tous les niveaux du système des Nations Unies. 


M. Heller a également attiré l’attention sur l’utilité des mécanismes officieux comme les groupes d’amis dans le cadre d’appui aux processus de paix, pour faciliter la transition vers la stabilité et la paix dans le pays et la région.  La présence de l’ONU ne doit pas être perçue comme une mesure imposée mais comme un moyen de sortie durable d’une crise, en supposant une participation plus active de la société civile et le renforcement de la coopération entre le Conseil de sécurité et la Commission de consolidation de la paix, a poursuivi le représentant.  La réflexion sur ce dernier point devrait être menée à l’occasion de l’examen des activités de la Commission de consolidation de la paix qui aura lieu cette année, a-t-il ajouté.  Là où il n’y a pas d’État, la communauté internationale doit pouvoir assumer ses responsabilités, a également fait observer M. Heller, qui a invité le Conseil de sécurité à s’adapter aux réalités sur le terrain, en se basant sur des paramètres de référence à même d’améliorer « le lien entre mandat et exécution approprié des mandats et de souligner la réalisation des objectifs ».


M. GÉRARD ARAUD (France) a affirmé que la réussite d’une stratégie de transition et de sortie d’une opération de maintien de la paix, qui doit être préparée soigneusement avec les autorités de l’État au sein duquel cette opération est déployée, relevait d’une responsabilité conjointe entre le Conseil de sécurité et le Secrétariat des Nations Unies.  Or, les missions sont confrontées à deux tendances contradictoires, a-t-il expliqué, soulignant que les opérations s’étaient accumulées au cours de ces dernières années, pesant de tout leur poids sur un Secrétariat aux moyens comptés.  Depuis quelques mois, sont apparues des perspectives de réduction de plusieurs opérations, mais avec un tempo souvent lié à des développements politiques qui devancent la situation sur le terrain.  Ainsi, a ajouté le représentant de la France, il faut réussir les transitions, c’est-à-dire ce passage complexe et progressif vers le plein exercice par l’État hôte de toutes les compétences qu’un État souverain exerce normalement, seul, sans présence étrangère, sur son territoire.


M. Araud a énoncé plusieurs facteurs qui, à ses yeux, sont essentiels au succès des transitions.  Citant la qualité des mandats, il a estimé qu’il revenait au Conseil de sécurité d’identifier des objectifs communs et de donner une feuille de route claire aux militaires et aux civils.  Il revient ensuite au Secrétariat, sur la base des objectifs décidés par le Conseil, de réaliser une planification de qualité et de rapporter d’une manière qui lui permettra de bien comprendre à quel degré d’achèvement en est la mission.  Les ressources disponibles sont aussi un élément majeur, a-t-il dit, mettant également l’accent sur la nécessité de renforcer les processus de paix.  Le Conseil de sécurité, qui est parvenu à un accord sur une déclaration présidentielle, s’engage, a-t-il ajouté, à mieux définir dans ses mandats le résultat final escompté et à hiérarchiser les tâches, à renforcer le dialogue entre le Conseil et le Secrétariat, en améliorant l’information réciproque, à utiliser davantage les outils comme les cadres et plans de travail stratégiques, à mieux prendre en compte la reconstruction postconflit au plus tôt dans les mandats, en recourant en outre à la Commission de consolidation de la paix.  Le Conseil doit également, a-t-il poursuivi, assurer davantage de cohérence entre les actions nationales en matière de réforme du secteur de sécurité ou celles des organisations régionales et des Nations Unies, et faire tous les efforts pour appuyer les processus de paix.


M. PETER WITTIG, Président de la Commission de consolidation de la paix (CCP), a souligné qu’il faudrait protéger les énormes investissements consentis dans le maintien de la paix en introduisant une perspective de consolidation en amont.  C’est pourquoi, l’engagement des Nations Unies doit être durable.  De son point de vue, les défis les plus importants à relever dans la phase de transition sont d’établir des priorités dans le cadre d’une stratégie cohérente.  Tandis que les Casques bleus contribuent au maintien de la paix, la transition et la stratégie de sortie d’une mission de maintien de la paix devraient être conçues en termes de stabilisation, a poursuivi M. Wittig, soulignant que ces Casques bleus devraient superviser l’application des accords de paix.  La période qui précède le retrait d’une opération de maintien de la paix devrait être le moment idéal de s’engager vigoureusement en faveur de la consolidation de la paix, conjointement avec la Commission de consolidation de la paix et le pays hôte.  À ce moment précis, la Commission peut offrir une plate-forme inclusive capable de rassembler toutes les parties prenantes et conseiller le Conseil de sécurité quant aux approches permettant de garantir une transition réussie de l’engagement des Nations Unies.  La Commission de consolidation de la paix peut jouer quatre rôles majeurs à cet égard, a affirmé son Président.  Tout d’abord, elle peut offrir des perspectives de consolidation « précoce » dans l’élaboration des mandats des opérations de maintien de la paix.  Ensuite, elle peut identifier et promouvoir des éléments spécifiques au pays de nature à y consolider la paix.  En outre, la Commission devrait être en mesure d’inviter à conclure des partenariats avec les institutions financières internationales, et les acteurs économiques et politiques régionaux et bilatéraux.  Enfin, a conclu le Président de la Commission de consolidation de la paix, la Commission peut suivre la progression de la phase de stabilisation à celle de transition et de consolidation, qui est déterminante pour parvenir à une stratégie de sortie réussie pour les opérations de maintien de la paix.  Aussi, la Commission de consolidation de la paix devrait-elle faire régulièrement rapport au Conseil de sécurité, a préconisé M. Wittig.


M. TETE ANTONIO, Observateur permanent de l’Union africaine auprès des Nations Unies, a préconisé la mise en place d’une formule hybride où les opérations de maintien de la paix seraient renforcées par une intervention significative d’actions de consolidation de la paix visant essentiellement le renforcement des capacités nationales.  Il nous faut aussi réfléchir sur un rôle accru du personnel civil durant cette phase de déploiement, y compris le recours à la diaspora des pays concernés en concertation avec les autorités locales, a ajouté M. Antonio.  Il a, à son tour, estimé que l’exercice de stratégie de sortie et de transition doit commencer dès la définition du mandat.  « Nous pensons également qu’il faut renforcer la notion du développement et en jeter les bases durant le maintien et la consolidation de la paix », a-t-il renchéri, appelant ainsi à surmonter les difficultés rencontrées lors du passage de l’étape de l’urgence à une aide substantielle au développement social et économique.  M. Antonio a ensuite expliqué que l’Union africaine avait intégré cette notion dans son approche de reconstruction postconflit.  Un cadre politique a été établi pour consolider la paix et prévenir la reprise des violences, pour aider à s’attaquer aux causes profondes des conflits, pour encourager une planification rapide et la mise en œuvre des activités de reconstruction et pour renforcer la coordination entre les divers secteurs engagés dans les processus de reconstruction et de développement, a indiqué M. Antonio.  Il a conclu en déclarant que pour renforcer la capacité de l’Union africaine en matière de reconstruction et de développement postconflit de manière globale, il était important de renforcer la coopération entre l’Union africaine, les organisations régionales et la Commission de consolidation de la paix.


M. PEDRO SERRANO, Chef par intérim de la délégation de l’Union européenne, soulignant que l’Union européenne, à travers son engagement sur le terrain, avait acquis une expérience étendue, a estimé que le succès des efforts de maintien de la paix exigeaient une approche complète, holistique et inclusive, combinant et coordonnant des mécanismes de gestion des crises avec une aide au développement à long terme.  À cette fin, il est essentiel de procéder à une planification complète et très tôt pour intégrer le maintien de la paix et la consolidation de la paix, a-t-il dit.  En outre, a-t-il estimé, les mesures de consolidation de la paix doivent être prévues dans les mandats dès la création des missions ou opérations de maintien de la paix.  Dans le même temps, le Conseil de sécurité doit faire en sorte, en collaboration avec les pays contributeurs de troupes, que les missions soient bien mandatées et équipées, avec des capacités adéquates, pour mener à bien ces tâches.  Dans ce contexte, des acteurs de consolidation de la paix, comme le Bureau d'appui à la consolidation de la paix devrait, à ses yeux, être impliqué dans les premières phases d’une mission de maintien de la paix, afin de garantir que la consolidation de la paix et le maintien de la paix fassent partie de la même stratégie d’ensemble.


M. Serrano a ajouté qu’une consolidation de la paix efficace exigeait une approche multidimensionnelle et, par conséquent, une coordination solide.  Les Nations Unies pourraient jouer un rôle plus important encore à cet égard, y compris grâce au Bureau d'appui à la consolidation de la paix, lequel, a-t-il dit, contribuerait à assurer une approche plus cohérente et coordonnée et à maintenir un cadre de responsabilité mutuelle entre le gouvernement du pays hôte et ses partenaires.  L’Union européenne, a-t-il dit, espère que la prochaine session du Comité spécial des opérations de maintien de la paix et le processus d’examen de la Commission de consolidation de la paix constitueront une occasion d’élaborer et de renforcer ces relations.  Par ailleurs, de l’avis du Chef par intérim de la délégation de l’Union européenne, un mécanisme de coordination efficace dans le pays doit être mis en place afin de faciliter une étroite communication avec le personnel de maintien de la paix.  Il a en outre mis l’accent sur le rôle essentiel des Casques bleus en aidant à stabiliser la situation, et, ce faisant, à créer des conditions plus propices à la reprise de l’activité économique et des investissements étrangers, ainsi que dans le domaine du désarmement, de la démobilisation et de la réintégration des anciens combattants, et de leur réinsertion dans la vie civile.  L’Union européenne estime que l’appropriation nationale du processus de consolidation de la paix est l’élément le plus important pour assurer le succès de la transition après un conflit, a indiqué M. Serrano avant de conclure.


M. MOHAMED LOULICHKI (Maroc) a déclaré, au nom du Mouvement des pays non alignés, que la nature de plus en plus complexe des opérations de maintien de la paix exigeait l’intégration d’efforts et stratégies pour améliorer la cohérence durant tout le cycle de ces opérations.  Il a ajouté que la réflexion devrait se concentrer à part égale sur l’élaboration des stratégies de sortie et d’entrée des missions et, ce, dès l’étape de définition des mandats.  Il a qualifié de vitale, pour la stratégie d’entrée, l’existence d’un processus politique soutenu par les parties concernées.  Une opération de maintien de la paix ne peut pas être déployée dans un environnement où la paix n’existe pas, a affirmé le représentant du Maroc. 


Pour le Mouvement des pays non alignés, le Conseil de sécurité a la responsabilité d’intensifier les efforts pour raviver les processus de paix sur le déclin.  La sortie relève du processus de transition, a-t-il ensuite considéré, ajoutant que ce processus pouvait être facilité par la pleine mise en œuvre du mandat des missions et la capacité des décideurs d’affiner ce mandat en fonction de l’évolution de la situation sur le terrain.  Cela requiert un degré de souplesse et de coordination difficile à atteindre dans le contexte complexe et multidimensionnelle du maintien de la paix, a également estimé M. Loulichki.  En outre, a-t-il dit, le Gouvernement du pays hôte devrait appuyer pleinement la gestion de la phase de transition dans un environnement volatile à un contexte postconflit sûr et stable.


M. AMJAD HUSSAIN B. SIAL (Pakistan) a affirmé que son pays était attaché à la démarche collective de l’ONU en matière de maintien de la paix et de la sécurité, celui-ci étant, avec plus de 10 000 éléments, le premier contributeur de personnels en uniforme dans les missions de maintien de la paix.  Le défaut fondamental de la formulation de politiques est que les décideurs succombent à la tentation de créer des institutions et des systèmes parallèles au lieu d’investir dans les structures nationales existantes, a-t-il également estimé.  Une mission de maintien de la paix devrait toujours être fondée sur une approche de planification en phases et par étapes.  Le représentant a également souligné que la réconciliation politique était de la plus haute importance après la restauration initiale de la paix, dans le cadre de paramètres acceptés mutuellement.  Les mandats des missions de maintien de la paix, a-t-il estimé, devraient être à la hauteur des réalités sur le terrain.  Les mandats établis par le Conseil de sécurité en vertu du Chapitre VI et du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies diffèrent souvent les uns des autres, a-t-il dit.  Tous les mandats, a-t-il ajouté, doivent être assortis de ressources adéquates, comprenant un nombre suffisant de troupes bien formées et bien équipées, dotées de capacités de réserve tactiques et stratégiques et du soutien logistique requis.


M. ABDULKALAM ABDUL MONEM (Bangladesh) a réaffirmé l’engagement de son pays en tant que pays contributeur de troupes aux opérations de maintien de la paix des Nations Unies.  Il a estimé qu’il était crucial que ces pays soient pleinement impliqués dans le processus de prise de décisions lors de l’élaboration des mandats par le Conseil de sécurité.  Tout en se ralliant à la position du Président de la Commission de consolidation de la paix selon laquelle les Casques bleus sont des « consolidateurs de la paix », le représentant a estimé que le rôle de ces derniers ne devrait pas être interrompu de manière brutale à quelque stade que ce soit.  Le représentant s’est déclaré convaincu que les Casques bleus étaient idéalement placés pour déterminer les besoins sur le terrain dans les situations postconflit.  Il a également estimé qu’il faudrait créer des synergies appropriées entre les processus pour parvenir à l’objectif final d’une paix durable.  M. Monem a enfin souligné les domaines dans lesquels son pays peut apporter une contribution spécifique dans la consolidation de la paix, notamment le microcrédit à l’appui des projets de développement et l’autonomisation des femmes.


M. HARDEEP SINGH PURI (Inde) a expliqué que les difficultés actuelles que connaît le maintien de la paix à l’ONU résultaient en partie du fait que, « trop souvent », le Conseil de sécurité avait mandaté des missions sans compréhension claire des besoins sur place.  Agissant dans l’urgence, le Conseil s’est retrouvé dans des situations où les objectifs sont confus, a-t-il estimé, ajoutant que la protection des civils souffrait de ce manque de politique, de guidance et de planification.  Il est évident que le Conseil de sécurité a besoin d’un nouveau paradigme et de nouvelles approches s’il veut s’acquitter efficacement de ses obligations, a affirmé M. Puri.  Il a d’abord noté que les forces qui s’opposent au maintien de la paix sur le terrain n’étaient pas des belligérants traditionnels mais des parties ayant « intérêt à alimenter l’instabilité ».  « Nous ne pouvons composer avec ces forces sans engagement collectif à long terme », a-t-il souligné. 


Le représentant a ensuite mis l’accent sur la contribution importante de son pays aux efforts de maintien de la paix, précisant que depuis 1956, 100 000 Casques bleus indiens avaient participé à quelque 40 opérations.  Il a poursuivi en notant que maintien et consolidation de la paix devraient être menés conjointement sur une longue période, car « un retrait précipité des troupes est une solution pouvant mener au désastre ».  M. Puri a également considéré que lorsqu’une opération de maintien de la paix tourne à plein, elle a besoin de plus de ressources, « et c’est pourquoi, il ne faut pas chercher à réduire ses capacités ».  La composante militaire, notamment, doit être renforcée dans la phase d’achèvement du mandat pour appuyer les forces de police et accompagner, dans un environnement sûr, les réformes de l’état de droit et le renforcement des capacités administratives du pays hôte, a expliqué le représentant.  Il a ainsi demandé que soit corrigée la répartition inadéquate des ressources entre les différentes opérations, la première priorité étant l’accroissement du nombre de troupes efficacement formées et équipées.


M. MAGED ABDEL AZIZ (Égypte) a souligné que son pays continuait de considérer qu’il faut éviter de transformer les opérations de maintien de la paix en missions qui gèrent les conflits au lieu de contribuer à les régler.  Il est important de renforcer les capacités nationales des pays hôtes dès la phase de déploiement des missions, a-t-il ajouté, pour aider ces pays à mener à bien les nécessaires réformes de la sécurité et de l’état de droit.  La transition du maintien à la consolidation de la paix doit s’effectuer dans le souci d’atteindre le degré le plus haut possible de développement économique, a estimé M. Aziz.  Le représentant de l’Égypte a ensuite mis l’accent sur la nécessité de renforcer les efforts politiques de l’ONU, à travers une diplomatie préventive et une médiation plus actives.  Il a souligné que ces efforts devraient être conduits dans le respect des principes d’impartialité, de souveraineté nationale et en se gardant de recourir à la force.  Le représentant a en outre appelé au renforcement de la confiance entre les partenaires du maintien de la paix représentés par le Conseil de sécurité, les pays contributeurs de troupes et le Secrétariat.  De même, il a insisté sur l’utilité d’affermir, dans le futur, les échanges entre la Commission de consolidation de la paix et le Conseil de sécurité, en tenant compte des résultats de l’examen à venir des travaux de la Commission.


M. GYAN CHANDRA ACHARYA (Népal) a affirmé que la conception de stratégies de transition et de sortie devrait constituer une partie intégrante de toute mission de maintien de la paix.  Elle devrait être planifiée au tout début de la mission, tout en gardant à l’esprit l’objectif final, les dispositions de l’accord de paix signé par les parties au conflit, ainsi que la nature et la complexité du problème.  Le représentant du Népal a notamment mis l’accent sur la nécessité d’avoir des discussions fermes et claires avec les parties sur le terrain concernant la transition et la sortie au moment des accords de paix eux-mêmes.  En outre, des objectifs politiques et de sécurité clairs doivent être formulés avec des repères à chacune des phases de la vie de la mission afin de procéder à un processus de transition en douceur, a—t-il dit.  Le représentant a estimé que la coordination des efforts internationaux était essentielle pour établir un environnement protecteur dans la zone de mission.  Il a mis l’accent sur la nécessité pour les opérations de maintien de la paix des Nations Unies de disposer de ressources et de capacités de déploiement suffisantes.   


M. MOHAMMED F. AL-ALLAF(Jordanie) a déclaré que les opérations de maintien de la paix ne pouvaient se substituer à une solution permanente, ni à la résolution des causes sous-jacentes d’un conflit.  Il a estimé que ces opérations devraient être accompagnées d’un processus de paix inclusif bénéficiant de l’appui des parties concernées.  Les stratégies de sortie devraient être lancées après la mise en œuvre d’un accord détaillé et à l’établissement d’une paix durable.  Le représentant a par ailleurs estimé que les opérations de maintien de la paix devraient être assorties de mandats clairs et réalisables et d’objectifs précis fondés sur la réalité du terrain.  Le représentant a également estimé que les représentants spéciaux du Secrétaire général, le Comité des pays fournisseurs de troupes ou de police devraient participer aux décisions du Conseil de sécurité. 


Le représentant de la Jordanie a également réclamé une répartition adéquate de ressources budgétaires à toutes les étapes du maintien de la paix.  Toute stratégie de transition ou de sortie, a-t-il souligné, doit prendre en compte les aspects politiques, militaires et humanitaires du pays, ainsi que la situation en matière de respect des droits de l’homme, l’opinion des parties et la dimension régionale.  Le représentant a également suggéré d’établir de critères permettant de déterminer le moment propice où la consolidation de la paix pourra être transférer aux autorités nationales.  Il a notamment mentionné l’absence de conflit violent, le retour des personnes déplacées, la démobilisation et la réintégration d’anciens combattants, ainsi que la tenue d’élections, la création d’institutions politiques légitimes, la bonne gouvernance et des mécanismes capables d’assurer le respect de l’état de droit.


M. ALFRED NDABARASA (Rwanda) a déclaré que les États Membres devraient coopérer dans l’élaboration des mandats de maintien de la paix réalistes et applicables.  En outre, compte tenu des environnements souvent volatiles dans lesquels les missions sont déployées, ces mandats devraient prévoir assez de souplesse pour qu’elles puissent s’adapter aux changements.  À cet égard, le point de vue du pays hôte, des pays contributeurs de troupes et autres parties prenantes est déterminant, a-t-il estimé.  Pour permettre la transition du maintien de la paix à sa consolidation, les mandats devraient aussi refléter le rôle de leadership d’un gouvernement national viable, ainsi que celui de la Commission de consolidation de la paix, a poursuivi le représentant.  Les opérations de maintien de la paix devraient également, selon lui, se concentrer sur la promotion de l’appropriation nationale et le renforcement des capacités du pays hôte, de manière à mieux répondre aux défis qui s’y posent en matière de sécurité.  Enfin, a dit M. Ndabarasa, la coordination des efforts internationaux est impérative pour formuler des stratégies de transition efficaces et éviter les initiatives qui font double emploi.


M. JOSÉ LUIS CANCELA (Uruguay) a déclaré qu’il était plus qu’approprié d’examiner les travaux du Groupe de travail du Conseil de sécurité sur les expériences des missions clôturées.  Il a estimé qu’il ne pouvait y avoir de stratégies de transition et de sortie durables sans une approche consistante des causes profondes d’un conflit donné.  Il a jugé essentiel qu’une mission de maintien de la paix travaille aussitôt que possible au renforcement des institutions et capacités nationales de façon à ce que le pays puisse prendre en charge ses problèmes d’une manière pacifique.  Il faut faire en sorte que le principe d’appropriation nationale soit à la base même du processus de transition, a-t-il insisté.  Sa délégation, a-t-il dit, estime qu’il faudrait analyser le type de développement économique qui offre les meilleures garanties de stratégie de sortie en prenant en compte le niveau de détérioration de la situation économique et sociale du pays et de son impact sur la région.  Estimant qu’un conflit coûtait quatre fois plus cher qu’une mission de maintien de la paix, il a jugé particulièrement rentable d’axer les efforts sur la consolidation de la paix, en fournissant au système de l’ONU les ressources nécessaires pour faire face à cette ambition.  En outre, il a réitéré trois idées que la délégation uruguayenne juge très importantes: les objectifs et la stratégie de sortie doivent être abordés au moment de l’examen du mandat; l’action de l’ONU sur le terrain doit être coordonnée sous la direction d’un représentant pour assurer une meilleure cohérence de l’ensemble des efforts; des priorités des tâches liées à la consolidation de la paix doivent être établies et accompagnées de ressources humaines et financières appropriées.   


M. CESARE MARIA RAGAGLINI (Italie) a souhaité que soit accru le rôle de la Commission de consolidation de la paix (CCP), « l’organe de l’ONU créé spécialement pour coordonner les efforts de consolidation des institutions d’États émergeant d’un conflit ».  Seule une participation intégrée, une vision stratégique et des responsabilités partagées entre les différents partenaires du maintien de la paix peuvent permettre la transition d’une présence militaire de l’ONU à une présence à dominante civile et politique, a également estimé le représentant.  Il a ensuite déclaré que l’examen en 2010 des cinq premières années d’activités de la Commission de consolidation de la paix offrirait l’occasion de passer des mots à des mesures concrètes, notamment en établissant de nouvelles méthodes de travail, axées sur la coopération, et en prônant une plus grande synergie entre le Conseil de sécurité et les partenaires nationaux et institutionnels.  Il a également salué le rôle des organisations régionales comme l’Union européenne et l’Union africaine dans le cadre des processus de transition.  Ces organisations, dont les membres partagent les intérêts géostratégiques et commerciaux des pays visés, doivent être des partenaires naturels de la consolidation de la paix, a-t-il considéré.


M. HILARIO DAVIDE (Philippines), notant que le maintien de la paix est en constante évolution et de plus en plus complexe, a souligné que l’on ne peut pas s’attendre à ce que les besoins diminuent.  À cet égard, il a rappelé le coût du maintien de la paix, qui est estimé à 7,8 milliards de dollars pour 2009.  Rappelant l’importance des stratégies de sortie des missions, il a estimé qu’il était nécessaire de les définir clairement dans les mandats des missions, tout en prévoyant les ressources suffisantes pour assurer leur succès.  Le représentant a aussi invité le Conseil de sécurité à être réaliste pour déterminer la durée d’une mission.  En outre, il a souhaité que le Secrétariat et les pays contributeurs de troupes soient davantage impliqués dans la mise en place et l’examen des mandats des missions de maintien de la paix, soulignant que le Conseil de sécurité peut bénéficier de l’expérience acquise sur le terrain par les pays contributeurs.  M. Davide a enfin estimé que les activités de consolidation de la paix doivent être pensées dès les premières phases d’une mission de maintien de la paix.  Il s’est prononcé en faveur de la création d’un groupe de travail spécial sur le maintien de la paix qui établirait, après la tenue de consultations transparentes et inclusives et un examen complet des expériences passées en matière de maintien de la paix, un document sur des plans et stratégies de sortie.



Déclaration présidentielle


Le Conseil de sécurité réaffirme la déclaration faite par son président le 5 août 2009 (PRST/2009/24) et son intention constante de renforcer davantage l’efficacité d’ensemble des activités de maintien de la paix des Nations Unies.


Le Conseil souligne notamment sa volonté « d’évaluer périodiquement, en consultation avec d’autres parties prenantes, les effectifs, le mandat et la composition des opérations de maintien de la paix afin d’y apporter, le cas échéant, les ajustements voulus, en fonction des acquis ou de l’évolution de la situation sur le terrain ».  Il souligne que l’objectif premier doit être de faire des progrès en créant sur le terrain les conditions favorables à une paix durable qui autoriserait l’ONU à reconfigurer ou retirer ses missions de maintien de la paix.


Le Conseil insiste sur le fait qu’un processus de paix bien engagé est un facteur important pour la réussite de la transition du maintien de la paix à d’autres configurations de la présence des Nations Unies.  Il souligne également l’importance de l’aptitude de l’État concerné à assurer la protection de sa population, à gérer pacifiquement les contestations politiques, à fournir des services de base et à garantir le développement à long terme.


Le Conseil est conscient de la nécessité d’accompagner au plus tôt les processus politiques et les institutions nationales, particulièrement dans les domaines de l’état de droit, de la sécurité et de l’aide à la consolidation de la paix.  À cet égard, le Conseil réaffirme combien il est urgent d’intensifier les efforts faits par l’Organisation des Nations Unies pour assurer le maintien de la paix ainsi qu’une approche coordonnée de l’Organisation dans le pays comme souligné dans la déclaration de son président du 22 juillet 2009 (S/PRST/2009/23) et dans le rapport du Secrétaire général sur la consolidation de la paix (S/2009/304).


Le Conseil mesure l’importance de l’appropriation par le pays d’un dialogue constructif et de partenariats entre les autorités nationales et la communauté internationale comme moyens d’aider à faire face aux impératifs les plus pressants de la consolidation de la paix et aux causes profondes d’instabilité chronique.


Le Conseil pourrait améliorer encore sa pratique, soutenue par le Secrétariat, afin d’assurer le bon déroulement de toute transition, en définissant des mandats clairs, crédibles et réalisables assortis des ressources appropriées.


Le Conseil:


–     S’engage, dans la mesure du possible, à inclure dans les mandats du maintien de la paix la description de la situation à laquelle il souhaite aboutir et à hiérarchiser clairement les tâches à accomplir à cette fin, compte tenu de la nécessité de créer des conditions favorables à une paix durable;


–     Souligne qu’il importe d’assurer un niveau suffisant d’expertise militaire pour les décisions du Conseil de sécurité;


–     Insiste sur le fait que le Secrétariat doit lui présenter, au moins un mois avant le renouvellement de tout mandat, des recommandations claires et précises touchant le contenu du mandat et tous ajustements nécessaires, compte tenu de l’évolution de la situation sur le terrain et des vues du pays concerné, des pays fournisseurs de contingents ou d’effectifs de police et, le cas échéant, d’autres parties;


–     Prie le Secrétariat d’établir des plans d’opérations de consolidation de la paix (composante militaire, police, etc.) assortis d’objectifs précis et en déterminant les conditions à créer sur place pour permettre à toute mission d’atteindre ses buts et de dépasser le stade de l’opération de maintien de la paix, compte tenu également des enseignements tirés du passage aux bureaux intégrés de consolidation de la paix;


–     Constate l’utilité de plans de travail stratégiques, et envisagera d’en étendre l’utilisation aux opérations de maintien de la paix.  Les progrès accomplis dans les activités prioritaires prévues dans les résolutions du Conseil doivent pouvoir s’apprécier, le cas échéant, à l’aune de paramètres faciles à suivre;


–     Considère qu’il importe de faire en sorte que les activités de consolidation de la paix prescrites dans les mandats soient menées le plus tôt possible à l’occasion de toute opération de maintien de la paix, en coordination avec l’équipe de pays des Nations Unies et compte dûment tenu des questions de sécurité et des priorités du gouvernement hôte, eu égard aux programmes préexistants et aux politiques mises en œuvre avant le début de l’opération.  À ce propos, le Conseil réaffirme la nécessité de mettre pleinement en œuvre le processus de planification intégrée des missions et prend également note de l’importance des cadres stratégiques intégrés.  Il prend aussi acte de l’importance de l’examen des capacités civiles actuellement entrepris par le Bureau d’appui à la consolidation de la paix;


–     S’engage à coordonner plus étroitement son intervention avec la Commission de consolidation de la paix et attend avec intérêt l’examen des activités de la Commission en 2010 et les recommandations sur les moyens de continuer à renforcer son rôle;


–     Se félicite de l’adoption de son programme de travail par le Groupe de travail du Conseil de sécurité sur les opérations de maintien de la paix et salue notamment sa décision de tenir compte des principaux enseignements tirés des missions passées et en cours sur la mise en œuvre fructueuse de stratégies de transition, afin d’améliorer la pratique du Conseil;


–     Rappelle qu’il est indispensable de prendre en considération la protection des civils dans les situations de conflits armés, en tant que de besoin, pendant tout le cycle de vie des opérations de maintien de la paix des Nations Unies et d’autres missions concernées, conformément à la résolution 1894 (2009) du Conseil de sécurité.


Le Conseil entend suivre régulièrement, aux différents stades de toute opération de maintien de la paix, l’état d’avancement des activités et les réalisations. Il souligne combien il importe de tenir à jour un système efficace de collecte et de communication d’informations.



Le Conseil réitère sa conviction que les opérations de maintien de la paix des Nations Unies sont un partenariat mondial unique qui tire parti des contributions et de l’engagement de l’ensemble du système des Nations Unies. Il s’engage à renforcer ce partenariat et salue l’action importante que mènent le Comité spécial de l’Assemblée générale sur les opérations de maintien de la paix et la Cinquième Commission de l’Assemblée générale à cet égard. Il sait qu’il est indispensable d’examiner constamment les capacités du Secrétariat en matière d’établissement de plans d’opérations militaires, de police, de justice, d’état de droit et de renforcement des institutions pour garantir qu’elles seront exploitées et coordonnées efficacement.


Le Conseil sait bien ce qu’apportent, en période de transition, les organisations régionales et sous-régionales. Il demande à tous les États Membres et aux partenaires régionaux, sous-régionaux et internationaux de s’employer à faire concorder et à coordonner leurs plans et programmes de consolidation de la paix avec ceux de l’opération de maintien de la paix des Nations Unies et, plus généralement, de la présence des Nations Unies sur le terrain.


Le Conseil s’engage à fournir l’appui politique indispensable pour garantir l’efficacité de la mise en œuvre des processus de paix, afin de contribuer au succès des opérations de maintien de la paix des Nations Unies.


Le Conseil met en avant l’importance de tenir compte des premiers efforts de consolidation de la paix au cours de ses propres délibérations et de garantir la cohérence entre le rétablissement de la paix, le maintien de la paix et la consolidation de la paix pour mettre en place des stratégies de transition efficaces. Il espère pouvoir aborder plus avant la mise en œuvre de cette approche intégrée et prie le Secrétaire général de redoubler d’efforts à cet égard.


Le Conseil reste décidé à continuer d’améliorer l’efficacité d’ensemble des activités de maintien de la paix des Nations Unies, notamment en tenant compte des liens qui existent avec les activités de consolidation de la paix menées à d’autres niveaux, et examinera à nouveau, vers la fin de 2010, les progrès accomplis dans ce sens.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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