AG/DSI/3408

Les délégations de la Première Commission exhortent tous les États au plein respect du TNP

06/10/2010
Assemblée généraleAG/DSI/3408
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Première Commission

4e séance – matin


LES DÉLÉGATIONS DE LA PREMIÈRE COMMISSION EXHORTENT TOUS LES ÉTATS AU PLEIN RESPECT DU TNP


Le Traité sur la non-prolifération nucléaire (TNP) doit demeurer l’instrument garant de la paix et de la sécurité internationales, et le régime de vérification de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) doit être renforcé, ont déclaré de nombreuses délégations qui intervenaient ce matin au cours du débat général de la Première Commission, chargée des questions de désarmement et de sécurité internationale.  La plupart ont fait part de leur satisfaction quant aux résultats de la dernière Conférence d’examen du Traité et ont demandé l’application des plans d’action contenus dans le Document final.  Pour sa part, l’Iran a qualifié de « fragile » ce consensus obtenu en mai à la Conférence.


De nombreuses délégations ont évoqué les dossiers du nucléaire iranien ou de la République populaire démocratique de Corée (RPDC).  L’Algérie, tout en réaffirmant le droit légitime de tous les États à l’utilisation de l’énergie nucléaire à des fins civiles, a appelé à un règlement diplomatique dans le strict respect des dispositions du TNP.  La République de Corée a réitéré ses attentes vis-à-vis de la communauté internationale afin qu’elle demande à la RPDC d’abandonner son programme nucléaire de manière totale, vérifiable et irréversible.  « Nous maintenons une approche en deux volets en mettant en œuvre des sanctions, tout en gardant ouverte la porte du dialogue », a déclaré son représentant.


Plusieurs délégations ont aussi estimé que le consensus exprimé dans le document final de la Conférence d’examen du TNP de mai dernier doit encourager les États Membres à fournir des efforts supplémentaires en vue de parvenir à un monde sans armes nucléaires.  


L’Inde a déclaré qu’elle soutenait, au sein de la Conférence du désarmement, la négociation d’un traité sur l’arrêt de la production de matières fissiles qui réponde à ses intérêts de sécurité nationale.  « L’Inde est un État doté de l’arme nucléaire et un membre responsable au sein de la communauté internationale.  C’est en tant que tel que nous aborderons ces négociations », a souligné son représentant.


La République islamique d’Iran a estimé que les États nucléaires doivent prouver qu’ils prennent leurs obligations au sérieux et assurer la mise en œuvre de l’article VI du TNP sur l’élimination complète des essais nucléaires.  « Un certain État doté de l’arme nucléaire a menacé d’utiliser ses armes contre des États parties au TNP.  Il est donc urgent d’entamer au sein de la CD des négociations en vue d’une convention afin d’assurer tous les États contre l’emploi ou la menace d’utilisation d’armes nucléaires, a estimé son représentant, ajoutant que la République islamique d’Iran souhaitait dans ce domaine « promouvoir l’état de droit plutôt que la règle du pouvoir ».


La Commission poursuivra son débat demain, jeudi 7 octobre, à partir de 10 heures.


Suite du débat général sur tous les points de l’ordre du jour relatifs au désarmement et à la sécurité internationale


M. OCTAVIO ERRÁZURIZ (Chili), s’exprimant au nom du Groupe de Rio, a réaffirmé l’engagement de celui-ci en faveur du désarmement nucléaire et de la non-prolifération sous tous ses aspects.  Il a dit que toutes les initiatives en faveur du désarmement devaient être irréversibles, transparentes et vérifiables.  Le représentant a exhorté les États parties au TNP au respect complet de leurs obligations, précisant que les dispositions de celui-ci ne devaient pas faire l’objet d’interprétations ou de mises en œuvre sélectives.  Les pays du Groupe de Rio appartiennent à la région qui a créé l’une des premières zones au monde exempte d’armes nucléaires, instaurée en Amérique latine et dans les Caraïbes par le Traité de Tlatelolco en 1967, a-t-il rappelé.  Il s’est félicité des résultats de la Conférence d’examen du TNP et a salué la volonté exprimée dans le Document final de promouvoir la création d’une telle zone au Moyen-Orient.


Regrettant le blocage à la Conférence du désarmement au sujet de son programme de travail, M. Errázuriz a exhorté les États Membres à faire preuve de volonté politique afin que celle-ci puisse se pencher sur les questions de fond liées au désarmement nucléaire, en établissant notamment un Comité ad hoc qui serait à même d’engager des négociations en vue d’une Convention visant à éliminer totalement les armes nucléaires.  Le Groupe de Rio est également préoccupé par une course aux armements dans l’espace.  Le représentant du Chili a réaffirmé la nécessité d’un instrument contraignant à cet égard et le respect des dispositions existantes en ce qui concerne l’espace extra-atmosphérique.  S’agissant des armes classiques, et en particulier des mines antipersonnel, le représentant a précisé que le Nicaragua avait procédé cette année au déminage complet de son territoire.  M. Errázuriz s’est encore félicité que l’Amérique centrale soit déclarée zone exempte de ce type d’armements. 


M. RAYMOND O. WOLFE (Jamaïque) s’est félicité du nouvel Accord START entre les États-Unis et la Fédération de Russie.  Il a fait part de sa satisfaction quant aux résultats de la Conférence d’examen du TNP d’un point de vue de la poursuite des objectifs d’élimination totale des armes nucléaires.  M. Wolfe s’est aussi félicité de la tenue d’une Réunion de haut niveau sur la revitalisation du travail de la Conférence du désarmement le 24 septembre dernier.  M. Wolfe a voulu qu’en 2011 et au-delà, les travaux de la CD soient beaucoup plus productifs qu’aujourd’hui où l’on constate d’importants dysfonctionnements.  S’agissant des armes classiques et plus particulièrement de la Convention sur les armes à sous-munitions, la Jamaïque a indiqué qu’elle souhaitait rejoindre les rangs des États parties aussi rapidement que possible même si elle n’a pas encore ratifié le texte à ce jour.


Réaffirmant le soutien de son pays aux trois piliers du TNP, M. Wolfe a par ailleurs indiqué que le respect des dispositions de l’AIEA concernant le contrôle, la vérification et les garanties, était d’une absolue nécessité pour assurer l’intégrité du Traité mais également assurer une protection contre le risque d’accidents nucléaires sur un plan humain et environnemental.  À cet égard, la Jamaïque a réitéré ses inquiétudes devant le transport de déchets nucléaires dans la mer des Caraïbes.  Le représentant a ensuite appuyé pleinement la tenue d’une conférence sur l’établissement d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient en 2012.  S’agissant du trafic illicite des armes légères et de petit calibre, M. Wolfe a souligné que ce fléau ne touchait pas uniquement au problème de la sécurité nationale, mais, bien au-delà, au développement économique et à la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement.  La Jamaïque a tenu à remercier ses partenaires bilatéraux pour leur aide apportée dans la lutte contre les violences armées, en diminution depuis le début de l’année.  M. Wolfe a demandé l’établissement d’un instrument juridique contraignant pour le marquage et le traçage des armes légères, souhaitant par ailleurs que la question des munitions devienne une préoccupation majeure et soit incorporée au Programme d’action de 2001 sur les ALPC.


M. PHAM VINH QUANG (Viet Nam) a souligné l’engagement indéfectible de son pays pour un désarmement général et complet, notamment nucléaire.  C’est à cette fin que le Viet Nam soutient tous les instruments internationaux de contrôle tels que le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE), le Traité sur la non-prolifération (TNP), la Convention sur les armes chimiques et la Convention sur les armes biologiques.  Le représentant a salué le succès de la Conférence d’examen du TNP de mai dernier, notamment l’adoption d’une série de 64 mesures concrètes.


Il a ensuite rappelé que le Président du Viet Nam avait proposé au Sommet du Conseil de sécurité sur la non-prolifération la tenue d’une conférence internationale sur l’utilisation de l énergie nucléaire à des fins pacifiques, laquelle utilisation constitue avec le désarmement et la non-prolifération nucléaires les trois piliers du TNP.


Le représentant du Viet Nam a ensuite fait part des objectifs de son pays: renforcement des mécanismes de désarmement, la Première Commission en étant une composante essentielle et revitalisation de la Conférence du désarmement, afin que celle-ci puisse remplir pleinement son mandat et négocier des instruments multilatéraux contraignants sur le désarmement nucléaire, les garanties négatives de sécurité, la prévention d’une course aux armements dans l’espace et l’art de la production de matières fissiles.


Enfin, M. Vinh Quang a rappelé que le Viet Nam et ses partenaires de l’Association des nations d’Asie du Sud-Est (ANASE) veillaient à ce que l’Asie du Sud-Est demeure une zone entièrement dénucléarisée, contribuant de facto au désarmement mondial.


M. FAZLI ÇORMAN (Turquie) a indiqué que sa délégation appuyait toutes les mesures tendant à établir des zones effectivement vérifiables libres d’armes de destruction massive, au Moyen Orient notamment.  Le représentant s’est félicité, à cet égard, de l’appui consensuel dont a bénéficié cette année la Conférence des parties chargée d’examiner le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, exprimant sa satisfaction quant à la décision de convoquer une réunion en 2012 qui portera sur la création d’une zone libre d’armes de destruction massive au Moyen-Orient.  M. Çorman a également indiqué que la Turquie attachait une grande importance à la dénucléarisation de la péninsule coréenne, et que son pays continuerait par ailleurs à faciliter le processus diplomatique relatif au programme nucléaire de l’Iran.


Passant à la revitalisation de la Conférence du désarmement, le représentant turc a engagé les États Membres à s’accorder sur un programme de travail dès que possible.  Il a également estimé que les nouvelles formations, qui ne garantissent pas la participation de tous, ne déboucheraient pas sur les résultats souhaités. Après avoir fait part de l’appui de sa délégation au Comité établi en vertu de la résolution 1540 du Conseil de sécurité, M. Çorman a indiqué qu’au mois d’avril dernier, la Turquie avait participé au Sommet sur la sécurité nucléaire qui s’est tenu à Washington, D.C.  Il a également affirmé l’attachement de son pays à la Convention d’Ottawa et à la création d’un monde libre de mines antipersonnel. 


M. WUNNA MAUNG LWIN (Myanmar), au nom des États membres de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE), a souligné que le désarmement nucléaire demeurait la principale priorité de l’ordre du jour de l’ANASE dans le domaine de la sécurité.  L’une des raisons d’être de l’Association est de préserver le statut de zone exempte d’armes nucléaires et d’autres armes de destruction massive de l’Asie du Sud, a-t-il ajouté.  Après avoir salué la signature du nouveau Traité américano-russe de réduction des armes stratégiques, il a appelé à la pleine mise en œuvre du plan d’action figurant dans le Document final de la Conférence d’examen du TNP de mai dernier.  Le représentant s’est également félicité de l’intention de ratifier le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) des États-Unis et de l’Indonésie.  Il a par ailleurs annoncé que les États membres de l’ANASE, dont la Malaisie et le Myanmar, présenteraient des projets de résolution sur l’avis consultatif de la Cour internationale de Justice (CIJ) relatif à la licéité de la menace ou de l’emploi d’armes nucléaires et sur le désarmement nucléaire.  M. Maung Lwin a exhorté les États qui ne l’ont pas encore fait à ratifier la Convention sur les armes chimiques ainsi que la Convention sur les armes biologiques.  Enfin, il s’est félicité de l’entrée en vigueur en août dernier de la nouvelle Convention sur les armes à sous-munitions, dont il a souligné la dimension humanitaire.


M. CARLOS D. SORRETA (Philippines) a affirmé que la création de zones libres d’armes nucléaires était importante pour réaliser le désarmement nucléaire et la non-prolifération.  Il a fait part de l’importance que sa délégation accorde à la Conférence du désarmement, et a souligné la nécessité de mettre un terme à l’impasse dans laquelle elle se trouve.  Il a ensuite estimé que le nombre des ses membres ne devait pas être limité à 65.  M. Sorreta a par ailleurs fait part de l’appui que sa délégation accorde au Programme d’action en vue de prévenir, combattre et éliminer le commerce illicite des armes légères sous tous ses aspects, ainsi qu’à la pleine mise en œuvre de la Convention sur l’interdiction de l’emploi, du stockage, de la production et du transfert des mines antipersonnel et sur leur destruction.  Le représentant a également engagé les États parties à la Convention sur les armes chimiques à respecter les échéances relatives à leur destruction.


M. MOTLATSI RAMAFOLE (Lesotho) a plaidé pour une élimination des armes nucléaires et exhorté les États dotés de l’arme nucléaire à respecter leurs engagements en application du Traité sur la non-prolifération nucléaire (TNP).  Le plan d’action adopté lors de la Conférence d’examen du TNP de mai dernier doit être maintenant mis en œuvre, a-t-il poursuivi.  Le représentant du Lesotho a ensuite rappelé que la Conférence du désarmement, seule instance multilatérale de négociations des traités sur le désarmement, n’est pas pleinement représentative. Un coordonnateur spécial devrait être nommé sans délai afin de réfléchir à son élargissement, a-t-il demandé.


M. Ramafole a ensuite souligné « l’importance cardinale du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE).  Enfin, le représentant du Lesotho a attiré l’attention sur ce fléau que constituent les armes légères et de petit calibre, particulièrement en Afrique, où leur libre circulation a des conséquences humanitaires désastreuses.  Concerné au premier chef, le Lesotho accepterait toute assistance technique afin de procéder à l’élimination de ces armes.  Pour conclure, le représentant du Lesotho a appelé de ses vœux la tenue d’une quatrième session extraordinaire de l’Assemblée générale sur le désarmement.


M. ESHAGH AL HABIB (République islamique d’Iran) a attiré l’attention sur la fragilité du consensus qui s’est dégagé lors de la dernière Conférence d’examen du TNP, insistant sur « l’aspect discriminatoire » de ce Traité.  Parmi les défis majeurs du TNP figurent le développement de nouveaux types d’armements nucléaires, le partage d’armes nucléaires et les restrictions imposées à l’usage pacifique de l’énergie nucléaire, ainsi que la coopération avec les États qui ne sont pas parties au TNP, a estimé le représentant iranien.  Si le TNP doit demeurer un instrument de promotion de la paix et de la sécurité internationales, les États dotés de l’arme nucléaire doivent prouver qu’ils prennent leurs obligations au sérieux et assurer la mise en œuvre de l’article VI du Traité, a-t-il ajouté. 


Au cours des 12 derniers mois, « nous avons entendu des déclarations euphémiques au sujet de la signature d’un accord en vue d’un traité visant à réduire les armements offensifs », a poursuivi le représentant.  S’il entre en vigueur et s’il est appliqué, un tel traité pourrait constituer un pas positif vers le désarmement nucléaire.  Dans le cas contraire, la rhétorique qui l’entoure ne pourra qu’engendrer de la méfiance au sein des nations », a-t-il estimé.  Le représentant a souhaité la tenue rapide au sein de la CD de négociations en vue d’une convention interdisant les armes nucléaires.  Lors de la Conférence d’examen du TNP, un certain État doté de l’arme nucléaire a menacé d’utiliser ses armes contre des États parties au TNP, a-t-il ajouté.  Il est donc urgent d’entamer des négociations en vue d’une telle Convention afin d’assurer tous les États contre la menace et l’utilisation des armes nucléaires, a estimé le représentant, ajoutant que la République islamique d’Iran souhaitait dans ce domaine « promouvoir l’état de droit plutôt que la règle du pouvoir ».  Il a exhorté les États Membres à assurer la mise en œuvre du Document final de la Conférence d’examen de 1995, notamment la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient.  En attendant, le régime israélien devrait être contraint de placer toutes ses installations sous le régime de garanties de l’AIEA.  L’Iran considère que l’utilisation des armes nucléaires est interdite par la religion, a-t-il conclu, réaffirmant l’engagement de son pays en faveur du respect des trois principaux instruments juridiques concernant les armes de destruction massive, à savoir le TNP, la Convention sur les armes biologiques et la Convention sur les armes chimiques.


M. MOURAD BENMEHIDI (Algérie) a indiqué que s’agissant des dossiers du nucléaire iranien et de la République populaire démocratique de Corée, l’Algérie appelait à nouveau à un règlement diplomatique dans le strict respect du TNP et des statuts de l’AIEA.  Il a indiqué que l’Algérie avait fait le choix du nucléaire civil, y compris en matière de recherche-développement, conformément à l’article IV du TNP.  Évoquant les difficultés actuelles liées notamment au blocage de la Conférence du désarmement et aux lenteurs du processus d’entrée en vigueur du TICE, l’Algérie a expliqué qu’elle jugeait nécessaire de procéder à la convocation d’une quatrième session extraordinaire de l’Assemblée générale des Nations Unies.  S’agissant de la création de zones exemptes d’armes nucléaires, M. Benmehidi a rappelé l’entrée en vigueur du Traité de Pelindaba que l’Algérie a signé et ratifié parmi les tous premiers pays de la région.  Le représentant a ensuite évoqué le blocage du projet d’établissement d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient, mettant en cause l’intransigeance d’Israël manifestée par son refus de rejoindre le TNP et de mettre ses installations nucléaires sous garantie de l’AIEA.  Les résultats du TNP de 2010 constituent un pas positif pour l’établissement d’une telle zone, a-t-il néanmoins précisé.


Le représentant a ensuite salué l’initiative du Secrétaire général de tenir une réunion de haut niveau sur la revitalisation des travaux de la Conférence du désarmement.  La délégation algérienne a estimé qu’aucun autre forum onusien ne saurait se substituer ou dessaisir la Conférence du désarmement de ses prérogatives ou légitimer la dissociation d’un des thèmes fondamentaux relevant de son mandat.  S’agissant de la lutte contre le commerce et les transferts illicites des armes légères, l’Algérie a réitéré son attachement à la mise en œuvre du Programme d’action de 2001, appelant même à son renforcement.  Le représentant a indiqué que l’Algérie s’était engagée dans la mise en œuvre de l’instrument international sur le traçage des armes légères et de petit calibre illicites, et avait pris des mesures en la matière au plan interne.  L’Algérie apporte par ailleurs son soutien à l’initiative pour un traité sur le commerce des armes.


M. PARK IN-KOOK (République de Corée) a estimé que la communauté internationale ne devait pas seulement faire le bilan des succès enregistrés au cours de l’année écoulée car elle est encore confrontée à de nombreux défis, notamment en matière de désarmement nucléaire.  Appelant à un travail de fond, au sein de la Conférence du désarmement, sur une convention interdisant les armes nucléaires, le représentant a déclaré qu’il fallait également agir pour assurer l’entrée en vigueur du TICE.  À cet effet, il a appelé les États qui ne l’auraient pas encore fait, en particulier les neuf États de l’Annexe II, à le ratifier dans les plus brefs délais et à maintenir un moratoire sur les essais nucléaires tant que celui-ci n’est pas entré en vigueur.  Il a en outre estimé que les mécanismes de suivi du TNP devaient être renforcés, en particulier dans le contexte de renaissance actuelle de l’énergie nucléaire.


M. In-Kook a également réaffirmé son engagement à la mise en œuvre des actions de suivi adoptées au cours de la dernière Conférence d’examen du TNP.  Pour la République de Corée, le programme nucléaire de la Corée du Nord est un défi sans précédent à la sécurité régionale.  L’ONU a adopté plusieurs résolutions du Conseil de sécurité, a-t-il rappelé, mais son pays attend des efforts continus de la part de la communauté internationale afin qu’elle demande à la Corée du Nord d’abandonner son programme nucléaire de manière totale, vérifiable et irréversible. « Mais la Corée du Nord fait la sourde oreille et a attaqué le navire Kheonan en mars de cette année », a-t-il déclaré, ajoutant qu’il fallait qu’elle prenne ses responsabilités, change de comportement et cesse ses actes de défiance.  Nous maintenons une approche en deux volets en mettant en œuvre des sanctions, tout en gardant ouverte la porte du dialogue, a encore souligné le représentant, mais la Corée du Nord doit tout d’abord démontrer sa sincérité en prenant des actions concrètes vers la dénucléarisation.  La République de Corée poursuivra ses consultations avec les pays concernés sur la reprise des Pourparlers à Six tout en observant étroitement la conduite de la Corée du Nord.  Le Gouvernement poursuit aussi la solution à la question nucléaire de la Corée du Nord par le biais de l’initiative dite de « grand bargain ». 


M. KHALID ABDALRAZAQ AL-NAFISEE (Arabie saoudite) a appuyé l’établissement d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient, ajoutant que ce projet ne saurait voir le jour tant qu’Israël n’aura pas signé le TNP.  M. Al-Nafisee a par ailleurs rappelé que son pays avait signé la Convention sur l’interdiction des armes chimiques en janvier de cette année.  À cet égard, le représentant a indiqué qu’avait été créée une autorité nationale veillant à la mise en œuvre de cette convention.  Par ailleurs, l’Arabie saoudite soutient les initiatives actuelles visant à limiter l’usage des missiles balistiques.


S’agissant de l’élimination et de la destruction des mines antipersonnel, la représentante a rappelé qu’elle avait contribué à hauteur de 4,5 millions de dollars en faveur de cette cause et qu’elle était signataire de la Convention d’Ottawa.  S’agissant des armes de destruction massive, le représentant a rappelé son intention de mettre en place à Ryad en décembre prochain un atelier de travail sur la mise en œuvre de la résolution 1540 sur la prolifération des armes de destruction massive.  M. Al-Nafisee a conclu en indiquant que l’élimination des armes nucléaires était la meilleure garantie contre leur usage, notamment par des groupes terroristes.


M. HAMID ALI RAO (Inde) a affirmé l’engagement univoque de son pays en faveur du désarmement nucléaire, ainsi qu’en faveur d’une convention visant à l’élimination des armes nucléaires, et ce dans le cadre d’un programme déterminant des échéances.  Selon le représentant, l’élimination de ces armes ne se fera que pas à pas et dans le cadre de négociations soutenues par un engagement universel et un accord multilatéral.  Ce dialogue ne devrait cependant pas impliquer que les états membres mais aussi prendre en compte le large éventail d’organisations issues de la communauté civile.


M. Ali Rao a ajouté que l’Inde, en tant qu’État doté de l’arme nucléaire, appuyait la négociation au sein de la CD d’un instrument multilatéral, non discriminatoire et vérifiable visant à l’interdiction de la production de matières fissiles à des fins non pacifiques.  Il a exprimé le souhait que la CD puisse entamer, dans les plus brefs délais, ses négociations de fond sur la question et puisse l’inscrire au plus tôt à son programme de travail pour 2011.  l’Inde continuera à encourager un moratoire unilatéral et volontaire sur les essais nucléaires.  L’Inde estun État doté de l’armenucléaire et un membre responsable de la communauté internationale, elle approchera les négociations sur les matières fissiles en tant que tel, a dit le représentant.  Elle a adoptéune politique selon laquelle elle ne fera pas usage en premier de sa capacité nucléaire, ne l’utilisera pas contre les pays non dotés de l’arme atomique et est dite prête à convertircelle-cien engagementmultilatéral contraignant.   L’Inde présentera trois projets de résolution au cours de cette session.  Elles concerneront les mesures destinant à prévenir l’acquisition d’armes de destruction massive par des terroristes, la réduction du danger nucléaire et une convention interdisant l’usage d’armes nucléaires, a-t-il conclu.


Mme MARY ELIZABETH FLORES (Honduras) a rappelé que son pays souffrait du trafic clandestin des armes, soulignant les effets dramatiques de l’usage d’un armement abandonné et tombé aux mains du crime organisé.  « Nous avons conscience des motifs qui poussent certains États à utiliser la dissuasion nucléaire, mais le désarmement nucléaire général et complet est un impératif pour sauvegarder le futur de nos enfants », a dit Mme Florès.  Après avoir rappelé les bonnes relations de voisinage entre le Honduras et les autres États frontaliers, la représentante a rappelé que son pays était fier de faire partie de la première zone exempte d’armes nucléaires jamais créée.  Elle a par ailleurs appuyé la création d’autres zones.  Le Honduras se réjouit du nouvel Accord START conclut entre les États-Unis et la Fédération de Russie.  Appelant au plein respect du TNP, Mme Florès a souligné l’urgence de négocier un instrument pour obtenir des garanties de sécurité pour protéger les États non dotés d’armes nucléaires.


Si les armes nucléaires constituent un danger potentiel pour l’humanité, « ce sont chez nous les armes légères et de petit calibre circulant sans contrôle qui menacent la vie », a insisté la représentante.  Le Honduras appelle, en la matière, à une meilleure régulation des échanges entre producteurs et usagers.  Mme Florès a affirmé la nécessité d’un cadre juridique commun, soulignant que son pays appuyait l’établissement d’un traité sur le commerce des armes.


M. AKSOLTAN ATAYEVA (Turkménistan) a réaffirmé que l’un des domaines stratégiques de la politique étrangère de son pays était le renforcement de la paix et de la sécurité.  Au cours de cette soixante-cinquième session, son pays souhaite examiner la question d’une consultation régulière entre les États de l’Asie centrale et de la mer Caspienne au sujet des questions liées aux armes de destruction massive et au contrôle des armes.  Saluant la revitalisation des travaux de la CD, il a rappelé que la question du désarmement devait rester un pilier des activités de l’ONU.  Soulignant que la Conférence sur le désarmement dans la région d’Asie centrale et la mer Caspienne qui s’est tenue en juin à Achkhabad avait réaffirmé ce principe, il a estimé qu’il était possible de créer des plates-formes permanentes pour discuter de ces questions dans la région et s’est dit prêt à collaborer sur cette question avec le Bureau des affaires du désarmement de l’ONU.  Le représentant a proposé la tenue d’un Forum de haut niveau sur la sécurité et la paix dans le bassin de la mer Caspienne et s’est déclaré prêt à organiser la première réunion de ce forum.


M. GONZALO GUTIERREZ (Pérou) a lancé un appel en faveur d’une réduction des armements pour libérer des moyens financiers au service du développement, indiquant que son pays œuvrait dans cette direction aussi bien à l’échelon régional qu’international.  Non seulement les dépenses d’armement sont un gaspillage puisqu’elles détournent l’humanité des défis liés au développement, mais en plus la circulation des armes a pour effet direct de maintenir dans la pauvreté et les inégalités les pays touchés par ce fléau.  Pour le Pérou, il faut réfléchir à des mécanismes permettant d’enrayer la circulation des armes, en demandant par exemple aux institutions financières multilatérales de n’accorder leurs prêts aux États qu’en échange de garanties en matière de désarmement, sur le modèle des clauses environnementales qu’elles exigent déjà avant de débloquer leurs fonds.


Le représentant a souligné l’importance d’un renforcement des mesures de confiance mutuelles dans le domaine des politiques de la défense, en favorisant un esprit de transparence et de coopération.  Le Pérou appuie par ailleurs le processus en cours visant à établir un traité réglementant le commerce des armes pour une transparence absolue dans le domaine.  Pour M. Gutierrez, il est important que les États aient connaissance des achats qui sont effectués, avec un contrôle plus strict des lieux de destination des armes.  S’agissant des mines antipersonnel, le Pérou a rappelé les nombreuses destructions auxquelles il avait procédé en la matière.  Unique organe multilatéral sur les questions de désarmement, la Conférence du désarmement doit reprendre ses travaux, a exhorté le représentant.  La CD doit notamment se pencher sur l’établissement d’instruments pour les garanties négatives de sécurité et œuvrer en faveur d’une interdiction de la production de matières fissiles.  Le Pérou a toutefois indiqué que si les blocages actuels de la CD se prolongeaient, il ne s’opposerait pas à ce que d’autres initiatives de négociation soit menées car « le combat pour les générations futures ne saurait attendre ».


M. ABDULLAH ALI FADHEL AL-SAADI (Yémen) a appuyé l’interdiction complète des essais nucléaires et l’interdiction des armes nucléaires, appelant tous les États dotés de la capacité nucléaire à travailler à leur non-prolifération et à leur élimination.  Le TNP est la pierre angulaire dorsale du régime de non-prolifération, a-t-il rappelé, ajoutant que la volonté d’établir une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient pourrait grandement contribuer à celui-ci. S’agissant des armes légères et de petit calibre, le représentant a sollicité une vision internationale pour lutter contre leur trafic, réaffirmant l’importance d’un appui technique et financier aux pays victimes de ce trafic.


Droits de réponse


Le représentant de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) a répliqué aux remarques émises aujourd’hui par la délégation de la République de Corée et, hier, par celle du Japon, au sujet de la question nucléaire et de l’incident du navire Kheonan.


Concernant la question nucléaire de la péninsule coréenne, « les États-Unis ont introduit des armes nucléaires en Corée du Sud en 1959 et, depuis, le nombre d’armes atteint plus de 1 000 têtes nucléaires, ce qui va au-delà de ce qui est acceptable par la RPDC ».  Il a déclaré que l’acquisition d’armes par son pays n’était qu’une dissuasion à la possibilité d’une guerre nucléaire dans la péninsule.  Au sujet de l’incident du navire, il a estimé qu’il s’agissait de mensonges et que la RPDC n’avait rien à voir avec ce drame.  Concernant les Pourparlers à Six, ceux-ci se sont effondrés à cause de la méfiance des États-Unis et de leurs sanctions à l’égard de mon pays qui durent depuis un demi-siècle, a-t-il affirmé.


En réponse, la République de Corée a déclaré qu’il s’agissait là d’une distorsion des faits.  « Les Nord-Coréens ont détruit ce vaisseau, c’est un fait indéniable confirmé par une enquête approfondie entérinée par la communauté internationale dans la déclaration du président du Conseil de sécurité du 9 juillet dernier », a-t-il souligné.  Invitant la RPDC à présenter des excuses, il a ensuite affirmé que son pays ne détenait pas d’arsenaux nucléaires dans le sud de la péninsule et il a exhorté la RPDC à adhérer au TNP. 


Rétorquant à ces déclarations, le représentant de la République populaire démocratique de Corée a noté le TNP n’avait pas été en mesure de prévenir la menace de déploiement nucléaire des États-Unis dans le sud de la péninsule ni d’éliminer les menaces nucléaires à l’encontre de la RPDC.


Exerçant son droit de réponse, le représentant de la République de Corée a fait remarquer qu’il était toujours questions de violations qui auraient été perpétrées par son pays, d’allégations avancées par la Corée du Nord qui fait régulièrement usage de provocations.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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