AG/10992-ENV/DEV/1158

Des dizaines de ministres des États Membres assistent à une réunion de contribution à l’Année internationale de la biodiversité

22/09/2010
Assemblée généraleAG/10992
ENV/DEV/1158
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Assemblée générale

Soixante-cinquième session

Convention sur la diversité biologique

7e et 10e séances plénières – matin et après-midi


DES DIZAINES DE MINISTRES DES ÉTATS MEMBRES ASSISTENT À UNE RÉUNION DE CONTRIBUTION À L’ANNÉE INTERNATIONALE DE LA BIODIVERSITÉ


La biodiversité est un élément central du développement durable et de la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement, déclare M. Ban Ki-moon


La préservation des espèces et des habitats de la planète est un élément central du développement durable et des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), a affirmé, ce matin, le Secrétaire général des Nations Unies, M. Ban Ki-moon, à l’ouverture d’une Réunion de haut niveau tenue à titre de contribution à l’Année internationale de la biodiversité.


Plusieurs dizaines de hauts responsables internationaux, ministres des affaires étrangères ou de l’environnement pour la plupart, ont participé à cette rencontre tenue à moins d’un mois de la dixième Réunion de la Conférence des États Parties à la Convention des Nations Unies sur la biodiversité (COP-10).  La COP-10 doit adopter une série d’objectifs pour l’an 2020, alors que ceux fixés pour la décennie qui s’achève n’ont pas été tenus.


« Les écosystèmes de la planète sont une subvention sous-évaluée qui nous est offerte par l’environnement »; or « nous sommes en train de provoquer la banqueroute de notre économie naturelle », a déclaré M. Ban Ki-moon, qui a appelé à l’adoption d’un « programme de sauvetage avant qu’il ne soit trop tard ».  Le Secrétaire général a rappelé que 2010 marquait l’échéance que s’était fixée la communauté internationale pour réduire de manière « substantielle » le taux de perte de la biodiversité.  Or, l’objectif pour 2010 ne sera pas réalisé, a-t-il constaté, en indiquant que les Perspectives mondiales de la diversité biologique font état d’une accélération de la perte en biodiversité. 


« La biodiversité est au cœur de la vie », a pour sa part déclaré le Président de la soixante-cinquième session de l’Assemblée générale, M. Joseph Deiss.  En proclamant 2010 « Année de la biodiversité », l’Assemblée générale a « lancé un appel à célébrer la vie sur terre et la valeur de la biodiversité, mais aussi une invitation à agir, a-t-il ajouté, soulignant que la biodiversité se perd, et que l’action de l’homme en est largement responsable, y compris par les biais des changements climatiques.  M. Deiss a averti que la dégradation de nombreux services vitaux rendus par les écosystèmes mettait en péril les progrès accomplis vers la réalisation des OMD, ajoutant que les conséquences de l’appauvrissement de la biodiversité étaient encore plus lourdes pour les plus pauvres. 


« Soit nous prenons dès que possible des mesures concertées pour contrer la perte de biodiversité, soit nous mettons en péril notre propre avenir et celui des générations qui ne sont pas encore nées », a déclaré, au nom de l’Union européenne, le Président de la Commission européenne, M. José Manuel Barroso.  Le Ministre de l’environnement de l’Allemagne, M. Norbert Röttgen, a illustré l’urgence à agir en affirmant que, pendant les quelques minutes de son discours, une surface de forêts équivalente à 170 terrains de football aurait été déboisée, plus de 900 tonnes de poissons auraient été pêchées et plus d’une espèce risquait d’avoir disparu pour toujours de la planète. 


Le Ministre des affaires étrangères du Japon, M. Seiji Maehara, dont le pays accueillera la COP-10 à Nagoya, du 18 au 29 octobre, a expliqué que l’un des objectifs de la Conférence serait de convenir d’une vision pour 2050 et de fixer des objectifs mondiaux pour 2020, qui serviront de lignes directrices pour l’adoption de stratégies nationales.  Il a aussi souhaité l’adoption par l’Assemblée générale d’une résolution de soutien au « mécanisme intergouvernemental d’échanges entre scientifiques et décideurs en matière de biodiversité et de services écosystémiques (IPBES) » agréée lors d’une réunion intergouvernementale tenue à Busan, en République de Corée, en juin dernier, mais qui reste à créer. 


Face au péril, nous avons besoin de réponses fortes et déterminées ainsi que d’une volonté politique pour changer ce scénario, a plaidé la Ministre de l’environnement du Brésil, Mme Izabella Teixeira, qui s’est placée dans la perspective de la future Conférence de « Rio +20 », en 2012.  Au nom du Groupe des 77 et de la Chine, le représentant du Yémen a estimé que la conservation de la biodiversité ne pourrait être pérenne sans un partage équitable des bénéfices issus de ses ressources.  « Richesse naturelle des pauvres », la biodiversité est essentielle pour les pays en développement, a ajouté le représentant, qui a souhaité que la réunion de Nagoya permette notamment l’adoption d’une stratégie de mobilisation des ressources nécessaires.


La conservation de la diversité biologique et l’utilisation durable de ses éléments, et le partage juste et équitable des avantages découlant de l’exploitation des ressources génétiques constituent les objectifs que se fixe la Convention des Nations Unies sur la diversité biologique.  Adoptée le 5 juin 1992 lors du Sommet de Rio et entrée en vigueur le 29 décembre 1993, la Convention compte actuellement 193 hautes parties contractantes, dont l’Union européenne.  Parmi les États Membres de l’ONU, seuls les États-Unis ne sont pas parties à la Convention, bien qu’ils l’aient signée en juin 1993. 


Les ministres ont ensuite participé à une Table ronde sur le thème de « la voie à suivre pour atteindre les trois objectifs de la Convention sur la diversité biologique ainsi que les buts et objectifs convenus à l’échelon international en matière de biodiversité.  La Conférence de Nagoya a été au centre des échanges, et notamment la nécessité d’un accord sur l’ABS sous la forme d’un protocole additionnel contraignant, dont le Ministre de l’environnement de l’Inde a jugé qu’il « manque cruellement » au dispositif actuel.  Plusieurs représentants ont aussi insisté sur les liens entre biodiversité et changements climatiques et souhaité davantage de synergie entre les conventions qui traitent de ces deux thèmes.  Le Ministre de l’environnement du Mexique a estimé que la prochaine Conférence des États Parties à la Convention sur les changements climatiques, qui se tiendra à Cancún à la fin de l’année, serait une bonne occasion en ce sens.


CONVENTION SUR LA DIVERSITÉ BIOLOGIQUE: RÉUNION DE HAUT NIVEAU À TITRE DE CONTRIBUTION À L’ANNÉE INTERNATIONALE DE LA BIODIVERSITÉ


Déclarations liminaires


M. JOSEPH DEISS, Président de la soixante-cinquième session de l’Assemblée générale, a déclaré, lors de son discours d’ouverture de l’Année internationale de la biodiversité, que « la biodiversité est au cœur de la vie ».  En déclarant 2010 « Année de la biodiversité, l’Assemblée générale a lancé un appel à célébrer la vie sur terre et la valeur de la biodiversité, mais c’est aussi une invitation à agir, a-t-il souligné.  Aujourd’hui, la biodiversité est essentielle à l’existence humaine, mais elle se perd, et l’action de l’homme en est largement responsable, a estimé M. Deiss, ajoutant que les changements climatiques aggravent encore ce phénomène.  La dégradation de nombreux services vitaux rendus par les écosystèmes met en péril les progrès accomplis vers la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), a encore averti M. Deiss, mettant en exergue que les conséquences de l’appauvrissement de la biodiversité sont encore plus lourdes pour les plus pauvres d’entre nous.  Estimant que l’adoption en 2002 de l’« objectif de biodiversité de 2010 » a marqué une étape importante de la mobilisation de la communauté internationale, il a toutefois souligné qu’il n’était pas atteint.  Néanmoins, de nombreux États s’en sont inspirés pour prendre des mesures concrètes pour la protection de la biodiversité.


M. Deiss a aussi noté que de nombreuses initiatives tentent de mieux concilier biodiversité et économie et de mesurer la valeur économique des services rendus par les écosystèmes, et a ajouté qu’une meilleure connaissance des coûts de la perte de la biodiversité est essentielle pour que les interventions pour la préserver soient plus efficaces.  Les entreprises doivent prendre conscience des avantages de la biodiversité et évoluer vers des modes de production plus respectueux de l’environnement, a-t-il préconisé.  M. Deiss a cité pour exemple la création d’une plate-forme intergouvernementale scientifique et politique sur les questions de biodiversité, en République de Corée en juin dernier.  Il a par ailleurs souhaité que les discussions d’aujourd’hui contribuent utilement aux négociations de la dixièmeConférence des Parties à la Convention sur la diversité biologique, le mois prochain à Nagoya au Japon, qui doit adopter un nouveau plan stratégique pour la mise en œuvre de ce traité.  Préserver la biodiversité n’est pas un luxe, c’est un devoir, a-t-il conclu.


M. BAN KI-MOON, Secrétaire général des Nations Unies, a déclaré que la préservation des espèces et des habitats de la planète était un élément central du développement durable et des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).  Il a rappelé que l’année 2010 marquait l’échéance que s’était fixée la communauté internationale pour réduire de manière « substantielle » le taux de perte de la biodiversité.  L’objectif 2010 ne sera pas réalisé, a-t-il constaté.  Il a notamment indiqué que les Perspectives mondiales de la diversité biologique font état d’une accélération de la perte en biodiversité.  La science, a-t-il ajouté, nous indique que nos actions ont provoqué un rythme d’extinction qui est près de mille fois supérieur au rythme naturel.  Il a notamment cité la déforestation, les changements d’habitats et la dégradation des terres, relevant que le tout était exacerbé par les effets des changements climatiques.  « Notre rythme de vie menace de nous piéger dans un filet de mort », a averti Ban Ki-moon, et trop de personnes encore ne parviennent toujours pas à saisir les conséquences de cette destruction ».


« En cette Année internationale de la biodiversité, a poursuivi le Secrétaire général, nous devons démontrer les bienfaits concrets de l’investissement dans la biodiversité.  Nous devons démontrer que la protection des écosystèmes nous permettra de réaliser les OMD et de faire face aux effets du changement climatique ».  Selon M. Ban, les écosystèmes de la planète sont une subvention sous-évaluée qui nous est offerte par l’environnement.  « Nous sommes en train de provoquer la banqueroute de notre économie naturelle, et nous devons créer un programme de sauvetage avant qu’il ne soit trop tard », a-t-il plaidé.  Le Secrétaire général a rappelé que le mois prochain, les 193 Parties à la Convention sur la diversité biologique se réuniraient à Nagoya, au Japon, pour adopter un plan stratégique sur la biodiversité qui appellera les parties à établir des objectifs concrets en prévision de la Conférence Rio +20, et à intégrer des considérations relatives à la biodiversité dans tous les secteurs de la société.  Il a également précisé que ce plan prendra également en compte la question importante qu’est l’accès aux ressources génétiques et le partage équitable de leurs bénéfices.


« Nous devons cesser de concevoir la protection de l’environnement comme étant un coût », a lancé le Secrétaire général à l’Assemblée.  « C’est un investissement qui va la main dans la main avec les autres investissements que vous, Chefs d’État et de Gouvernement, devez faire pour consolider la croissance économique et le bien-être humain dans vos pays ».  Selon M. Ban, le maintien et le rétablissement de notre infrastructure naturelle fournirait chaque année des gains économiques équivalents à plusieurs trillions de dollars.  Permettre son déclin revient à jeter de l’argent par la fenêtre, a lancé le Secrétaire général, pour exhorter ensuite les États Membres à s’engager à réduire la perte de la biodiversité.  « Ce sera votre legs, votre cadeau pour la génération à venir », a-t-il dit.


Déclarations


M. ABDULLAH MOHAMMED ALSAIDI (Yémen) s’exprimant au nom du Groupe des 77 etde la Chine a déclaré que c’est la première fois dans l’histoire des Nations Unies que la question de la biodiversité est traitée au niveau des Chefs d’État et de Gouvernement.  Il a estimé que la biodiversité est l’élément fondamental du développement.  En tant que richesse naturelle des pauvres, elle est essentielle pour les pays en développement, qui sont souvent les pays qui abritent les véritables trésors de la biodiversité et leurs ressources génétiques potentielles.  En même temps, ils en dépendent pour leur survie au quotidien.


Rappelant que le rythme de la disparition des espèces est actuellement mille fois supérieur au rythme naturel, M. Alsaidi a estimé que cette perte menace le développement.  Le Groupe des 77 et la Chine en appellent à la mise en œuvre urgente des trois objectifs de la Convention des Nations Unies sur la diversité biologique.  La conservation ne pourra se faire de manière pérenne sans un partage équitable des bénéfices issus des ressources de la biodiversité, a affirmé le représentant.  En outre, il faut que les pays en développement puissent faire face, aux côté des pays développés, aux menaces que font peser le mauvais usage des ressources ou encore le « biopiratage », faute de quoi ils ne pourront réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement, a prévenu le porte-parole du Groupe des 77 et de la Chine.


La nouvelle vision de la biodiversité pour 2050 et les objectifs pour 2020 qui doivent être adoptés au Sommet de Nagoya ,en octobre, représenteront le plus beau cadeau de l’Année internationale de la biodiversité et seront de bon augure pour l’avenir, a estimé le représentant yéménite, qui a appelé « le seul pays qui n’a pas encore accédé à la Convention des Nations Unies sur la diversité biologique » à le faire rapidement, afin de rendre cet instrument réellement universel.  M. Alsaidi a souhaité que la réunion de Nagoya permette notamment l’adoption d’une stratégie de mobilisation des ressources nécessaires.  Le Groupe des 77 et la Chine s’engagent à parachever le plan pluriannuel pour la Coopération Sud-Sud sur la biodiversité, comme l’avait prescrit la COP 9 et demande à toutes les parties de soutenir son adoption à la COP-10 de Nagoya, a-t-il rappelé.  Il s’est en outre félicité de la convocation du premier Forum sur la Coopération Sud-Sud en matière de biodiversité qui aura lieu également à Nagoya, en octobre.  Plus que jamais, la mise en place d’une alliance mondiale pour protéger la vie sur terre est cruciale, a conclu le représentant, en affirmant que le Groupe des 77 et la Chine étaient prêts à jouer leur rôle et en appelant une nouvelle fois leurs partenaires et le système des Nations Unies à appuyer une nouvelle stratégie pour la biodiversité pour la prochaine décennie.


Mme IZABELLA TEIXEIRA, Ministre de l’environnement du Brésil, a rappelé que son pays avait tenu en 2006 la huitième Conférence des Parties à la Convention sur la diversité biologique et que cette initiative avait eu une signification politique et symbolique forte pour le Brésil, pays de mégadiversité et conscient de la valeur stratégique de la biodiversité ainsi que de l’attention et de l’urgence qui doivent lui être consacrées.  La plupart des scientifiques, des hommes politiques, des représentants du monde des affaires et de la société civile comprennent le rôle de la biodiversité en tant que base de la durabilité, a poursuivi la Ministre, selon qui il est assurément temps de transformer les mots et les débats politiques en actions.  Nous devrions paver la voie à une société plus durable, sachant que la situation actuelle est plutôt troublante, a affirmé Mme Teixeira, soulignant que nous avons été incapables de réduire le rythme et la vitesse de la perte de la biodiversité, comme cela a pourtant été recommandé en 2002 à Johannesburg.  Non seulement il n’y a pas eu de signe pertinent d’une réduction de la perte de la biodiversité, mais encore, les indicateurs font état d’une détérioration accrue de la biodiversité dans le monde.


Au cours du siècle dernier, certains secteurs d’activités ont bénéficié de la conversion des écosystèmes naturels et de l’exploitation de la biodiversité.  Mais ces bénéfices ont été obtenus au prix de pertes croissantes de la biodiversité et d’un développement de la pauvreté, a-t-elle observé.  Nous avons besoin de réponses fortes et déterminées, ainsi que d’une volonté politique pour changer ce scénario, a plaidé la Ministre, en particulier avec la préparation de la Conférence de Rio +20.  La conservation et l’utilisation durable des ressources biologiques sont essentielles non seulement pour les populations indigènes mais aussi pour créer les conditions d’un développement durable et d’une éradication de la pauvreté, a dit la Ministre.  Dans ce domaine, le Brésil apporte sa contribution, a assuré Mme Teixeira, citant la création d’un très grand nombre de zones protégées ces dernières années et l’abaissement à des niveaux historiquement bas du taux de déforestation.  Mais beaucoup reste encore à faire, a-t-elle aussi noté.  Mme Teixeira a par ailleurs salué les accomplissements en Corée du Sud avec la création de la plate-forme dédiée à la biodiversité, qui permettra d’améliorer la compréhension du besoin d’action immédiate contre la perte de biodiversité.  Le succès de nos efforts repose sur les décisions qui seront prises à la dixième Conférence des Parties à Nagoya, a-t-elle estimé, citant notamment des agendas au niveau national pour atteindre les objectifs en matière de biodiversité.  Nous avons besoin d’un accord à Nagoya, a-t-elle dit, plaidant pour une volonté politique et un ralliement de tous les pays à cet appel à agir. 


M. NORBERT RÖTTGEN, Ministre de l’environnement, de la protection de la nature et de la sûreté nucléaire de la République fédérale d’Allemagne, a indiqué que le temps de prononcer son discours, une surface équivalente à 170 terrains de football aura été déboisée, plus de 900 tonnes de poissons auront été pêchés et plus d’une espèce risque d’avoir disparu de notre planète pour toujours.  « Et pourtant, a-t-il ajouté, nous laissons faire, alors même que nous savons que la biodiversité est le fondement de notre propre survie ».  La protection de la biodiversité n’est pas un luxe, mais une assurance nécessaire, un investissement dans notre avenir et dans nos vies, a souligné M. Röttgen.  Le Ministre a déploré que la protection de la biodiversité ne reçoive pas autant d’attention que la question des changements climatiques.


M. Röttgen a engagé les États Membres à intégrer la biodiversité au sein de leur politique économique, à réduire de façon notable leur empreinte écologique et à restructurer leur production, consommation, et commerce.  Il les a également appelés à assurer un partage équitable des bénéfices liés aux ressources génétiques, et à renforcer le réseau des zones protégées, notamment en milieu marin.  Pour le Ministre, il importe également d’améliorer le savoir relatif à la biodiversité et de le mettre à la disposition des preneurs de décisions.  Il a également évoqué l’importance de renforcer la base financière pour être le mieux à même de pouvoir répondre à ces défis.  « Engageons-nous à rétablir ce qui a été perdu », a-t-il dit en conclusion.


M. SEIJI MAEHARA, Ministre des affaires étrangère du Japon, a rappelé que la superficie des forêts qui disparaissent chaque année équivaut à un tiers de la surface du Japon.  En cette Année internationale de la biodiversité, nous devrions comprendre que la seule cause de la perte de la biodiversité est l’activité humaine.  Nous devons désormais être conscients de la nécessité d’agir et de changer nos comportements pour éviter une telle perte, a-t-il ajouté.


M. Maehara a rappelé que son pays accueillerait, au mois d’octobre, la dixième Conférence des États Parties à la Convention des Nations Unies sur la biodiversité (COP-10) à Nagoya afin de tenter de trouver un accord mondial sur la prise de nouvelles mesures.  L’un des objectifs de la conférence, a-t-il expliqué, sera de fixer des objectifs mondiaux pour 2020 et 2050, qui serviront de lignes directrices pour l’adoption de stratégies nationales.  Il est important que nous démontrions une claire vision des mesures à prendre en commun dans les deux prochaines années, afin que les générations futures puissent jouir des bienfaits de la nature.


Lors de la Conférence de Nagoya, il nous faudra aussi négocier un accord sur un nouveau régime international d’accès et de partage des avantages (ABS) ainsi que des règles internationales relatives aux organismes vivants modifiés, a ajouté le Ministre.  Il a reconnu que les négociations, en particulier sur les ABS, pourraient être affectées par les intérêts différents des utilisateurs et des fournisseurs de ressources génétiques, mais a ajouté qu’un accord sur un nouveau régime pourrait constituer une étape historique.  Président de la Conférence, le Japon fera tout son possible pour garantir des résultats, a assuré M. Maehara.


Le Japon propose par ailleurs l’adoption, lors de la présente session de l’Assemblée générale, d’une résolution sur la conservation de la biodiversité qui promeut une action concertée pour la prochaine décennie, a déclaré le Ministre.  En outre, il promouvra l’adoption d’une autre résolution sur le « mécanisme intergouvernemental d’échanges entre scientifiques et décideurs en matière de biodiversité et de services écosystémiques » (IPBES), la plate-forme intergouvernementale scientifique agréée lors d’une réunion tenue à Busan en République de Corée, en juin dernier.  Lorsqu’elle sera créée, cette plate-forme devra servir de bases scientifiques pour l’élaboration de politiques sur la biodiversité, a-t-il expliqué.  Le Japon veillera enfin, lors de la COP-10, à promouvoir la biodiversité dans les domaines d’activités créés par l’homme: comme l’agriculture et la pêche, dans ce qui sera l’initiative de Satoyama.


En cas d’accord à Nagoya, le Japon compte proposer des mesures d’assistance aux pays en développement pour qu’ils puissent adopter régulièrement des stratégies nationales, a affirmé M. Maehara.  Le Japon a toujours prôné la vie en harmonie avec la nature, a affirmé le Ministre.  Alors que la terre et l’humanité sont en crise du fait de la perte de biodiversité, nous devons en traiter les causes profondes en harmonisant davantage nos modes de vie et nos comportements avec la nature, a-t-il ajouté.  Le Japon s’engage à se trouver au tout premier plan de l’action mondiale qui sera lancée lors de la COP-10, a-t-il conclu.


M. JOSÉ MANUEL BARROSO, Président de la Commission européenne, a estimé que la Réunion d’aujourd’hui était sans doute la dernière occasion de procéder à un échange de vues avant Nagoya, où des décisions importantes vont être prises qui permettront d’ouvrir la voie à des actions pour la prochaine décennie.  Il est important de souligner que cette Réunion coïncide avec le Sommet des Objectifs du Millénaire pour le développement, alors que la biodiversité concerne plusieurs des OMD, a-t-il noté, citant la capacité d’un bon usage de diversité biologique à mettre un terme à la pauvreté et à la faim, et à améliorer la santé infantile et maternelle.  Pour M. Barroso, « il est aussi évident que nous ne serons pas capables d’atténuer les changements climatiques ni de nous adapter à ses conséquences, ou encore de prévenir la désertification et la dégradation des sols, si nous ne protégeons pas nos écosystèmes et la biodiversité ».


En dépit de toutes ces interdépendances, nous avons collectivement échoué à atteindre notre objectif 2010 de biodiversité, et nous continuons au contraire à perdre de la biodiversité et ce, à un rythme sans précédent, a-t-il aussi déploré, estimant que la communauté internationale se trouve aujourd’hui à la croisée des chemins.  « Soit nous prenons dès que possible des mesures concertées pour contrer la perte de biodiversité, soit nous mettons en péril notre propre avenir et celui des générations qui ne sont pas encore nées ».  Dans cette perspective, la Conférence de Nagoya est l’occasion de renverser la situation et de prendre des décisions qui renforceront la mise en œuvre des trois objectifs clefs de la Convention, a souligné M. Barroso, énonçant ces trois derniers.  Premièrement, il est important d’adopter un plan stratégique nouveau et effectif, encourageant l’action collective, et soutenu par tous ceux qui utilisent la biodiversité et dont les activités ont un impact sur celle-ci.  Ce plan doit être suffisamment ambitieux pour pouvoir forcer toutes les Parties à la Convention à élever leur niveau d’implication et pour se saisir des points clefs de la perte de biodiversité.  Deuxièmement, il est important de conclure les négociations sur l’ABS, lequel devrait notamment garantir la transparence et des garanties légales pour ceux voulant accéder aux ressources génétiques ainsi que le partage équitable des bienfaits qui en découlent.  Sur ce point, M. Barroso s’est dit rassuré par l’esprit de collaboration observé lors des négociations tenues à Montréal ces derniers jours, tout en soulignant qu’un dur travail reste à faire.


Enfin, il est important de se mettre d’accord sur les meilleurs moyens de mobiliser les ressources, scientifiques, technologiques, humaines et financières, pour permettre aux Parties de mettre en œuvre leurs engagements relevant de la Convention.


M. Barroso a rappelé que la Commission européenne s’était engagée d’ici à 2020 à accroître sa contribution à la lutte contre la perte de biodiversité au niveau mondial, en augmentant de 28% son financement par rapport aux 1 milliard de dollars apportés sur la période 2002-2008.  Il a suggéré d’explorer par ailleurs d’autres moyens de financement, évoquant notamment la réforme de certaines subventions ou des financements privés.  La Commission européenne s’est en outre dite prête à collaborer avec les Parties à la Convention, rappelant que la responsabilité des objectifs fixés autour de la biodiversité doit être partagée par tous, et a enfin salué les décisions prises en République de Corée en juin dernier. 


Table ronde de haut-niveau sur « la voie à suivre pour atteindre les trois objectifs de la Convention sur la diversité biologique ainsi que les buts et objectifs convenus à l’échelon international en matière de biodiversité »


La Table ronde de haut niveau était coprésidée, dans la matinée, par le Président du Tadjikistan, M. Emomali Rahmon, et le Président de la Slovénie, M. Danilo Türk, et, dans l’après-midi, par Mme María Fernanda Espinosa, Ministre du patrimoine naturel et culturel de l’Équateur et M. Erik Solheim, Ministre de l’environnement et du développement international de la Norvège.


Sauf indication contraire, les intervenants à cette rencontre étaient les ministres de l’environnement de leurs pays respectifs.


Les trois objectifs fixés dans la Convention sur la diversité biologique sont la conservation de cette diversité biologique, l’utilisation durable de ses éléments, et le partage juste et équitable des avantages découlant de l’exploitation des ressources génétiques.


S’exprimant au nom de la Communauté scientifique, un universitaire du Centre John Heinz pour la Science, l’économie et l’environnement, a déclaré que les données scientifiques relatives à la perte de biodiversité « sont très alarmantes » et s’aggravent.  L’infrastructure biologique de base de la planète se dégrade très rapidement, a-t-il expliqué, en mettant l’accent sur le lien entre perte de diversité et changements climatiques.  Nous ne pouvons pas laisser un monde pareil totalement appauvri de sa diversité biologique à nos enfants, a-t-il ajouté, en appelant à l’action.


Plusieurs orateurs, tels le Ministre des affaires étrangères du Botswana et le Ministre de l’environnement de la République de Corée, ont rappelé que les objectifs en matière de conservation sont loin d’avoir été atteints puisque la tendance à la perte de biodiversité n’a pas été inversée ces dernières années.  Un certain nombre de Ministres qui sont intervenus, comme ceux de la Turquie, de la Gambie, ou encore du Canada, ont toutefois présenté les mesures de conservation adoptées dans leurs pays respectifs.


Le Ministre du Japon, dont le pays accueillera en octobre prochain, à Nagoya, la dixième Réunion de la Conférence des États Parties à la Convention (COP-10), a souhaité que cette Réunion fixe pour la décennie à venir des objectifs ambitieux, et a mis l’accent sur « l’initiative de Satoyama » destinée à conserver de manière viable les environnements naturels à travers les activités humaines telles que la pêche ou l’agriculture.


Plusieurs intervenants ont mis l’accent sur l’aspect économique et sur le lien entre le maintien et la préservation de la biodiversité et le développement durable, notamment la Ministre du Chili, qui s’exprimait au nom du Groupe de Rio.  Pour la secrétaire d’État de la France, l’action en matière de biodiversité est fondamentalement liée à la lutte contre la pauvreté et pour le développement et on aurait presque pu, sur cette question, avoir une session commune avec le Sommet sur les Objectifs du Millénaire pour le développement qui se tient en même temps au Siège.  La biodiversité n’est pas un luxe, a affirmé pour sa part la Secrétaire d’État adjointe des États-Unis aux océans, à l’environnement international et aux affaires scientifiques.


L’objectif de l’accès aux ressources biologiques et au partage des avantages (ABS), sur lequel les résultats obtenus sont les plus faibles, a largement été évoqué par les délégations.  Pour le Ministre portugais, si les résultats obtenus par rapport aux objectifs fixés en 2002 pour la décennie s’achevant en 2010 ont été si décevants, c’est que les politiques de biodiversité n’ont pas reçu une attention aussi grande que celles liées aux changements climatiques.  Alors même que la biodiversité a, contrairement au climat, une valeur intrinsèque, sa dimension économique n’est pas encore bien reconnue, a-t-il fait remarquer.  En ce sens, la Secrétaire d’État française a expliqué que son pays a commencé d’étudier le moyen de donner une valeur à la biodiversité et de l’intégrer dans le calcul du PIB d’un pays, « comme on a créé le PIB pour sortir de la société agraire et donner une valeur à la production industrielle ».  Pour sa part, la Ministre de l’Afrique du Sud a réclamé la création d’un instrument international juridiquement contraignant en la matière.  « Le monde en développement ne doit pas simplement être une source de ressources biologiques mais doit également pouvoir bénéficier de leurs retombées financières », a-t-elle estimé.  Lui emboîtant le pas, le Ministre de la Gambie a proposé d’intégrer la réelle valeur économique des écosystèmes au sein des systèmes de comptabilité nationaux et des stratégies d’élimination de la pauvreté et de développement durable.


Pour l’Argentine, la conservation de la biodiversité ne doit pas donner lieu à une montée de barrières protectionnistes, car il s’agit aussi de garantir des sources de travail et d’assurer un équilibre entre les domaines social et économique.  Le Premier Ministre de Samoa a insisté sur le concept d’appropriation nationale.  Pour sa part, la Ministre des affaires étrangères du Guyana a souligné le rôle critique que jouent les peuples autochtones, qui sont le « moteur de la protection de la biodiversité », tandis que l’Ambassadrice pour le développement durable de la Finlande a évoqué le rôle des femmes.


Le Vice-Ministre de la Suisse a estimé, quant à lui, que les zones réservées à la biodiversité devraient être rendues plus nombreuses et plus étendues.  Il a également réclamé le renforcement de la synergie dans les secteurs liés à la biodiversité, et l’établissement d’une base scientifique solide qui permette aux décideurs d’agir en se fondant sur des données fiables.  Abordant la question du financement, le Secrétaire d’État de la Pologne a voulu la création d’un mécanisme capable de sécuriser les ressources adéquates et d’en garantir la bonne utilisation.  Il a également suggéré la mise sur pied d’un mécanisme qui permette au public d’accéder aux informations relatives à l’environnement.  Le Vice-Président de la Commission pour la planification national du Népal a proposé, de son côté, l’octroi d’incitations financières aux communautés locales afin de les aider à protéger la biodiversité.


Il reste, comme l’a fait observer le Ministre des affaires étrangères de la Bolivie, que nous devons accepter le fait que nous vivons sur une planète aux ressources limitées.  « Si tous les habitants du monde consommaient comme les Américains et les Européens, la planète ne tiendrait pas longtemps, car ce modèle n’est pas soutenable », a-t-il ajouté, estimant qu’on ne pouvait parler seulement en termes de croissance économique.


La Ministre de la Suède a rappelé que, lors de l’adoption de la Convention, le concept de biodiversité était très peu connu hors de la communauté scientifique.  Dès lors, il était clair que les principes relatifs à l’ABS seraient techniquement difficiles à mettre en œuvre.  Mais, a-t-elle ajouté, le monde a tiré des leçons correctes de la décennie passée, estimant qu’il fallait mettre un prix sur les services rendus par les écosystèmes.  Plusieurs intervenants ont jugé nécessaire d’intégrer la biodiversité et la protection de l’environnement dans toutes les politiques à mener et non pas de seulement financer de nouvelles activités, comme l’a fait observer le Ministre de l’Italie


La Ministre de la Suède a également estimé que le Sommet de 2002 sur le développement durable avait été un jalon et avait « planté une graine » qui permettra de négocier, lors du COP-10 de Nagoya, un protocole à la Convention qui soit relatif à l’ABS.  Plusieurs intervenants ont réclamé l’adoption de ce protocole qui, selon les mots du Ministre de l’Inde, « manque cruellement », et qui devrait assurer un équilibre dans l’accès à l’ABS.  Les Ministres du Botswana et de l’Indonésie ont demandé qu’un tel « instrument contraignant » permette en outre de lutter contre la « biopiraterie ».


La prochaine COP-10 a été l’objet de toutes les attentions.  Le Ministre de Trinité-et-Tobago a réclamé l’adoption à Nagoya d’un document « visionnaire, mesurable, réaliste et praticable », tandis que la Vice-Présidente des affaires juridiques et parlementaires de l’Iran, entre autres, a souhaité l’adoption d’un programme à long terme qui aille au-delà de 2010 et de 2020.  De son côté, le représentant permanent de la Nouvelle-Zélande a estimé que Nagoya devait être l’occasion pour la communauté internationale d’établir de nouveaux objectifs en matière de biodiversité.


La Ministre britannique a estimé pour sa part que le cadre d’action pour la prochaine décennie qui doit être mis en place lors de la COP-10 devrait reposer sur les meilleures données scientifiques possibles.  À cette fin, les Ministres du Japon et de la République de Corée, notamment, ont souhaité que l’Assemblée générale adopte une résolution concernant le mécanisme intergouvernemental d’échanges entre scientifiques et décideurs en matière de biodiversité et de services écosystémiques (IPBES), convenu lors de la réunion tenue à Busan en juin 2010 et qui doit servir de base scientifique pour l’élaboration de politiques sur la biodiversité.  Pour la France, l’IPBES sera « comme le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) pour le climat, « un moyen d’alerter les consciences » et le public.


Plusieurs Ministres, à l’instar de celui de la Gambie, ont en outre suggéré d’établir des liens plus étroits entre la Convention sur la biodiversité et les autres conventions des Nations Unies issues du Sommet de Rio de 1992 sur l’environnement, à savoir la Convention-cadre sur les changements climatiques et la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification.  Le Ministre mexicain, qui a rappelé que son pays allait accueillir à Cancún la prochaine Conférence des États Parties à la Convention sur les changements climatiques -du 29 novembre au 10 décembre- a estimé que ce serait l’occasion d’établir de tels liens entre des traités « intimement liés », dont la mise en œuvre serait plus pratique si elle était faite de manière synergique.


Enfin, certains intervenants ont rappelé que la préservation de la biodiversité est aussi l’affaire de tout citoyen.  Pour les États-Unis, « la préservation de la biodiversité commence au niveau de chaque individu » et doit être liée à la planification locale.  Un représentant de la fondation nigériane Smallholders Foundation, a souhaité qu’on protège les écosystèmes en tenant compte des besoins locaux et avec la participation de tous, et a mis l’accent sur l’éducation des enfants et sur le rôle des femmes, souvent à l’avant-garde, comme l’a fait également observer la Ministre des affaires étrangères du Bangladesh.


RÉSUMÉ DES TRAVAUX PAR LE PRÉSIDENT DE LA SOIXANTE-CINQUIÈME SESSION DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE


Résumant les travaux de la Réunion de haut niveau sur la biodiversité, M. JOSEPH DEISS, Président de la soixante-cinquièmesession de l’Assemblée générale, a indiqué mercredi soir qu’aujourd’hui, qu’en tant que contribution à l’Année internationale de la biodiversité, les dirigeants du monde entier s’étaient rencontrés pour la première fois pour une Réunion de haut niveau et avaient réaffirmé leur volonté politique de renverser la perte alarmante de biodiversité qui a lieu sur toute la planète.  Il a précisé qu’il allait transmettre à la Conférence des Parties à la Convention sur la diversité biologique (COP-10), qui se tient du 18 au 29 octobre à Nagoya (Japon), le résumé des travaux du jour.


Tout d’abord, a dit M. Deiss, les participants ont mis en exergue l’importance de la biodiversité et d’écosystèmes sains pour pouvoir réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), et tout particulièrement l’éradication de la pauvreté, sachant que la perte de biodiversité affecte les pauvres et les populations qui dépendent de telles ressources naturelles.


Afin de protéger la biodiversité et ses services associés, dont l’eau, la médecine et la protection contre les catastrophes naturelles, il est important de réaliser pleinement les trois objectifs de la Convention sur la biodiversité (CBD), a dit M. Deiss.  À ce titre, les participants à la Réunion de haut niveau ont insisté sur l’importance d’assurer l’obtention de résultats au COP-10, rencontre qui se penchera sur trois questions interdépendantes: l’accès et le partage des bénéfices des ressources génétiques, un plan stratégique pour la biodiversité au-delà de 2010, et un soutien international pour la mise en œuvre de stratégies de biodiversité dans les pays en développement.


Tout en notant les progrès faits à ce jour dans la négociation d’un projet de protocole sur l’accès aux ressources biologiques et au partage des bénéfices (ABS), les États Membres et les autres participants ont fait part de leurs inquiétudes alors que certaines questions sont toujours irrésolues.  Ils ont appelé à une impulsion politique de la part de tous les États et à une flexibilité plus forte de la part de toutes les Parties à la Convention, afin de garantir l’adoption d’un protocole effectif à Nagoya.  Dans ce contexte, le COP-10 représente une occasion importante de développer un plan stratégique post-2010 contenant des objectifs ambitieux et mesurables pour 2020.  Ce plan offrirait un cadre commun pour des actions sur la biodiversité aux niveaux international, régional et national et sur plusieurs autres points.  Afin de transposer ce plan stratégique en mesures concrètes, il doit être intégré aux objectifs nationaux sur la biodiversité, a souligné M. Deiss.  Ainsi, une décennie pour la biodiversité et un plan d’action Sud-Sud pluriannuel, tel que proposé, aideraient à la mise en œuvre d’un nouveau plan stratégique.


Par ailleurs, notant le lien fort entre la connaissance scientifique et la mise en œuvre de mesures politiques, les participants ont souligné l’importance de créer un mécanisme intergouvernemental d’échanges entre les sphères scientifique et politique en matière de biodiversité et de services écosystémiques (IPBES).  Ils ont aussi salué les progrès réalisés lors de la réunion de Busan (République de Corée), en juin dernier.  La vraie valeur de la biodiversité et des services d’écosystèmes est aujourd’hui clairement identifiée.  Les États Membres et les participants ont appelé à une incorporation de cette valeur dans la théorie économique, dans la planification financière et dans les investissements dans tous les secteurs, ainsi que dans les politiques et les processus de planification à tous les niveaux.


Les États Membres et les autres participants ont aussi reconnu que la biodiversité et des écosystèmes sains sont une composante essentielle pour apporter des solutions aux défis des changements climatiques.  Des bénéfices substantiels peuvent être obtenus de la mise en œuvre cohérente des trois Conventions de Rio et des autres conventions liées à la biodiversité, comme par exemple l’Initiative REDD+ sur les émissions de dioxyde de carbone associées à la déforestation, a souligné M. Deiss.  Il a fait valoir que les futures réunions de Nagoya et de Cancún, cette année, ainsi que la Conférence de Rio +20, en 2012, seront des occasions de garantir que les mesures prises dans le cadre de ces Conventions sont cohérentes.


Par ailleurs, reconnaissant que de nombreux pays n’ont pas les ressources, ni les moyens, de mettre correctement en œuvre leurs stratégies et engagements sur la biodiversité, les États Membres et les participants ont appelé à une action forte qui garantisse à ces pays d’avoir accès aux ressources financières et au transfert de technologies, appelant également à une coopération accrue aux niveaux scientifique et technique.  Il a aussi été souligné le besoin de mobiliser la société civile et le secteur privé, mais aussi les populations indigènes, les femmes et les jeunes.


En conclusion, les États Membres et les participants ont noté que si les niveaux actuels de perte de biodiversité n’étaient pas inversés, il y aura des conséquences tragiques pour les sociétés humaines.  Ils ont reconnu le besoin d’une action coordonnée et urgente dans tous les secteurs du gouvernement et de la société pour répondre aux enjeux de la perte de biodiversité.  « Il faut réformer nos modes de production, de consommation et de croissance économique afin de nous assurer que nous vivons dans les limites écologiques », a conclu M. Deiss.  « Nous pouvons trouver ensemble les moyens de protéger mère nature et de vivre en harmonie avec notre planète. »


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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