CS/9769

Conseil de sécurité: la République démocratique du Congo plaide pour la transformation de la MONUC en opération de consolidation de la paix

16/10/2009
Conseil de sécuritéCS/9769
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Conseil de sécurité

6203e séance – matin


CONSEIL DE SÉCURITÉ: LA RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO PLAIDE POUR LA TRANSFORMATION DE LA MONUC EN OPÉRATION DE CONSOLIDATION DE LA PAIX


Le Chef de la MONUC, M. Alan Doss, dresse, quant à lui, un tableau mitigé de l’évolution de la situation sur le terrain


Les membres du Conseil de sécurité, réunis ce matin pour examiner la situation concernant la République démocratique du Congo (RDC), ont tout d’abord entendu un exposé du Représentant spécial du Secrétaire général pour ce pays, M. Alan Doss, qui a dressé un tableau mitigé de l’évolution de la situation*. 


Le Représentant permanent de la République démocratique du Congo auprès des Nations Unies, M. Ileka Atoki, qui avait demandé à prendre la parole à cette occasion, a rendu un hommage appuyé à la Mission de l’Organisation des Nations Unies en RDC (MONUC), qui, a-t-il dit, « a géré une difficile transition politique, aidé à l’organisation d’élections libres et démocratiques et jeté les bases du renouveau de la RDC ».  Mais, a-t-il fait observer, cette Mission ne peut réussir complètement que si elle réussit sa sortie.  Le peuple congolais ne souhaite pas « un retrait précipité de la MONUC.  Il ne souhaite pas non plus qu’elle s’éternise », a ajouté M. Atoki.


« Il nous revient de prendre avec le Conseil de sécurité les décisions stratégiques multidimensionnelles comprenant des mesures militaires et non militaires pour permettre au Gouvernement congolais d’assumer la sécurité, l’autorité de l’État sur l’ensemble du territoire » national, la bonne gouvernance, la consolidation de l’État de droit et le développement économique du pays », a souligné le représentant de la RDC.


M. Atoki a ensuite préconisé d’établir non seulement le calendrier de désengagement des troupes onusiennes devant aller de pair avec la formation des éléments de l’armée congolaise mais aussi, « plus généralement », une feuille de route pour passer de l’opération actuelle à une opération de consolidation de paix.  Il a précisé qu’il a eu à ce sujet un échange de correspondances avec le Secrétariat sur la création d’un bureau des Nations Unies pour l’Afrique centrale, dont la capitale pourrait être Kinshasa.


Le représentant de la République démocratique du Congo s’en est ensuite pris au Conseil de sécurité qui, selon lui, n’a pas su prendre la mesure du phénomène des violences sexuelles dans son pays alors que, dès 2000, la communauté internationale était informée des exactions commises, notamment contre les filles des provinces orientales, « victimes de la situation de guerre ».


« Aujourd’hui, le taux de prévalence du sida dans la province orientale ainsi que celles du Nord et du Sud-Kivus est quatre fois supérieur à la moyenne nationale, et je demeure convaincu que si le Conseil avait pris ses responsabilités, le virus de la violence sexuelle, dont la République démocratique du Congo a hérité, ne se serait pas propagé avec une telle ampleur au sein des différents groupes armés, des Forces armées congolaises et des Casque bleus », a lancé M. Atoki.


Le représentant congolais a, sur ce dernier point, exhorté la communauté internationale représentée en RDC, à se montrer « irréprochable ». 


Il a ainsi interpelé la MONUC, qui aurait décidé, au sujet d’une plainte déposée par une jeune femme de 18 ans pour un viol collectif dont elle a été victime la nuit du 31 juillet 2009 à l’aéroport international de N’Djili, de clore l’enquête faute de preuves.  « Si cette décision est onusienne, probablement suite à un quelconque arrangement, je le regretterais et le Conseil de sécurité devrait se sentir interpellé », a-t-il dit. 


« Où en sommes-nous avec la politique de tolérance zéro décrétée en 2005? », a demandé M. Atoki, en ajoutant que le poste de représentant spécial du Secrétaire général pour les violences sexuelles dans les conflits armés devant être créé permettrait « peut-être » d’apporter un début de réponse. 


Au cours de son exposé, le Représentant spécial du Secrétaire général pour la RDC a tout d’abord assuré que les Forces armées de la RDC (FARDC) ont fait des progrès dans leurs opérations contre les groupes armés étrangers, en particulier les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), qui ont été repoussées de la plupart des zones habitées et qui se trouvent à présent dispersées et affaiblies.  « L’intégration des groupes armés congolais se poursuit et les personnes déplacées et les réfugiés retournent dans leur foyer », s’est-il félicité.


M. Doss a néanmoins souligné que des menaces et risques sérieux persistaient, « interdisant toute complaisance ».  Il a ainsi expliqué que les FDLR n’étaient pas encore neutralisées et que des attaques étaient régulièrement menées par des hommes armés dans les deux provinces du Kivu et dans la Province orientale, « où des éléments résiduels de l’Armée de résistance du Seigneur montent des raids sporadiques ».  M. Doss a également relevé que le retour des personnes déplacées et des réfugiés, souvent après des années d’absence, provoquait des tensions ethniques et des litiges fonciers.


« La violence sexuelle continue à représenter un défi énorme », a encore déclaré le Représentant spécial, qui a mis l’accent sur le rôle de la MONUC en matière de lutte contre l’impunité et de protection des civils. 


« Le maintien de la discipline au sein des FARDC et de la Police nationale congolaise est en soi un élément vital pour assurer la protection des populations », a-t-il affirmé, avant de signaler que, dans le cadre de la politique de tolérance zéro instaurée par le Président Kabila, les cinq commandants identifiés par le Conseil de sécurité avaient été démis de leurs fonctions et seraient traduits en justice. 


M. Doss a indiqué que dans ce contexte, la MONUC s’efforçait de fournir une protection régulière contre les attaques des FDLR et autres éléments armés, en patrouillant dans les axes les plus vulnérables pour faciliter la fourniture de l’aide humanitaire.  « Les jours de marché, les Casques bleus fournissent aussi des escortes armées aux villageois, en particulier les femmes, pour qu’ils puissent vaquer à leurs occupations sans être harcelés ou agressés par les groupes armés », a-t-il également fait savoir.


Le Représentant spécial a reconnu qu’en dépit des efforts des FARDC et de la MONUC pour améliorer et étendre la protection, il n’est toujours pas possible de protéger « tout le monde, partout et tout le temps dans le Nord-Kivu et le Sud-Kivu, une zone aussi vaste que la Californie et peuplée de 8 millions d’habitants ».


Sur ce point, M. Doss a indiqué que le prochain rapport du Secrétaire général porterait sur la mise en œuvre du Cadre stratégique intégré, une initiative conjointe de la MONUC et de l’Équipe de pays des Nations Unies destinée à renforcer le mandat de la Mission dans les secteurs clefs suivants: la promotion du processus de progrès, la réforme de la sécurité, la protection et l’Etat de droit, la prévention et le règlement du conflit, la stabilisation de l’est de la République du Congo, le processus de démocratisation du pays et l’organisation d’élections.


* s/2009/472


LA SITUATION CONCERNANT LA RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO


Vingt-neuvième rapport du Secrétaire général sur la Mission de l’Organisation des Nations Unies en République démocratique du Congo (S/2009/472)


Ce rapport trimestriel, soumis en application de la résolution 1856 du Conseil de sécurité, porte sur la période allant du 30 juin à la mi-septembre 2009.  Le Secrétaire général y a fait état de « progrès inégaux » dans la stabilisation de la situation dans l’est du pays, y compris dans le « brassage » d’éléments d’anciens groupes armés au sein des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC), ainsi que d’apparents retards dans l’application des Accords du 23 mars conclus entre le Gouvernement, le Congrès national pour la défense du peuple (CNDP) et divers autres groupes armés opérant dans les Kivus.  Le rapport fait également le point sur l’exécution du mandat de la Mission des Nations Unies en RDC (MONUC) et mentionne, notamment, le début de l’élaboration d’une « stratégie globale pour le système des Nations Unies en République démocratique du Congo », afin d’organiser le transfert progressif des tâches de la MONUC dans l’ouest du pays.


« Les problèmes qui continuent de se poser dans les Kivus sont redoutables et risquent de compromettre la consolidation de la paix et de la stabilité dans l’est de la RDC » s’ils ne sont pas réglés rapidement et globalement, écrit le Secrétaire général.  Il explique que l’incorporation des groupes armés congolais dans les FARDC (le « brassage ») s’est poursuivie, mais se heurte à des difficultés et connaît parfois des revers.  Les opérations des FARDC contre les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), menées dans les Kivus avec le « soutien logistique et opérationnel » de la MONUC, ont enregistré des succès, mais les FDLR « ont continué d’attaquer des civils », tout comme l’Armée de résistance du Seigneur (LRA) dans la province orientale.  Le Secrétaire général demande que soient prises « les mesures voulues » pour mettre fin à la présence des FDLR dans l’est de la RDC.  Il souhaite que les États Membres « visent les dirigeants des FDLR se trouvant sur leur territoire ».  En même temps, pour rétablir l’autorité et les institutions de l’État dans les régions libérées des FDLR, le Secrétaire général invite la communauté internationale à « soutenir sans réserve » le Plan de stabilisation et de reconstruction du Gouvernement, notamment en continuant de financer la Stratégie d’appui des Nations Unies à la sécurité et à la stabilisation.


Le rapport note par ailleurs que des éléments des FARDC « ont également commis des exactions à l’encontre de civils », « tout aussi inacceptables » que celles commises par les groupes armés.  Il note toutefois « certains progrès » du fait d’une politique « encourageante » de « tolérance zéro » face aux cas d’indiscipline et de violations des droits de l’homme, en particulier de violences sexuelles, annoncée le 7 juillet par le Président Kabila.


Toutes ces exactions ont provoqué de nouveaux déplacements massifs de population, ce qui fait que la situation humanitaire est restée « précaire » durant la période, écrit le Secrétaire général, qui estime à 2,2 millions le nombre de personnes déplacées à l’intérieur du pays, dont 1,7 million dans les Kivus, sachant que « plus de 400 000 personnes ont fui leur foyer depuis le début des opérations militaires contre les FDLR, en janvier 2009 ».  Le Secrétaire général signale par ailleurs une « tendance inquiétante » dans la province orientale où les « attaques incessantes » de la LRA ont provoqué le déplacement de 270 000 personnes: la LRA, écrit-il, « vise les populations recevant une aide humanitaire dans l’oriental.  Dans un tel contexte, les besoins du Plan d’action humanitaire « ont été révisés à la hausse, pour atteindre 946 millions de dollars », dont 53% étaient couverts au moment de la rédaction du rapport, ajoute le Secrétaire général. 


S’il trouve « encourageantes » les mesures prises récemment par le Gouvernement pour convoquer la deuxième session du Comité national de suivi des Accords de Goma du 23 mars, le Secrétaire général « exhorte aussi toutes les parties, et en particulier les autorités congolaises », à assurer leur pleine application.


Au plan régional, le Secrétaire général se félicite de la rencontre entre le Président de la RDC, M. Joseph Kabila, et le Président du Rwanda, M. Paul Kagame, le 6 août à Goma, et estime que leur engagement « renforce la confiance dans le processus de paix lancé dans l’est de la RDC.


Après avoir présenté les diverses activités de la MONUC pendant la période examinée, le Secrétaire général affirme qu’il présentera dans son prochain rapport certains éléments du Cadre stratégique intégré des Nations Unies, y compris « les grandes lignes du plan de la MONUC pour le transfert des responsabilités concernant l’ouest du pays prévu par la résolution 1856 (2008) du Conseil de sécurité », ainsi qu’un « dispositif de protection des civils impliquant l’ensemble du système des Nations Unies », une stratégie pluridimensionnelle face aux FDLR et certaines orientations futures envisagées par la MONUC.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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