CS/9759

Le Conseil de sécurité réaffirme l’importance d’associer les femmes à la reconstruction après les conflits

05/10/2009
Conseil de sécuritéCS/9759
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Conseil de sécurité

6196e séance – matin & après-midi


LE CONSEIL DE SÉCURITÉ RÉAFFIRME L’IMPORTANCE D’ASSOCIER LES FEMMES À LA RECONSTRUCTION APRÈS LES CONFLITS


Dans une nouvelle résolution, il demande que les ressources nécessaires soient allouées à la réponse aux besoins des femmes et des filles dans les situations postconflit


Le Conseil de sécurité a adopté, aujourd’hui, à l’unanimité de ses 15 membres une nouvelle résolution sur les femmes, la paix et la sécurité.  Ce texte vient renforcer le volet participation de la résolution 1325 (2000), dont l’ONU célébrera le dixième anniversaire l’année prochaine. 


Aux termes de la résolution 1889, le Conseil de sécurité demande en particulier aux États Membres, aux organismes des Nations Unies, aux donateurs et à la société civile de faire en sorte que la question de l’autonomisation des femmes soit prise en compte dans l’évaluation des besoins et la planification après les conflits. 


Les quelque 60 délégations qui ont pris part au débat présidé par le Vice-Premier Ministre adjoint et Ministre des affaires étrangères du Viet Nam, M. Pham Gia Khiem, et qui étaient saisies d’un rapport du Secrétaire général de l’ONU, ont appuyé cette disposition de la résolution.


M. Ban Ki-moon, dans un message lu par la Vice-Secrétaire générale, Mme Asha-Rose Migiro, a indiqué en ce sens que les femmes devraient être impliquées aux « nécessaires efforts de prévention de la reprise des hostilités et de consolidation de la paix ».


« La fin d’un conflit ne doit pas donner lieu à la marginalisation des femmes et des filles ni à leur relégation dans des rôles stéréotypés, celles-ci devant à l’inverse participer pleinement aux négociations de paix et aux efforts de médiation », a-t-il souligné.  


L’expérience a montré, a-t-il fait remarquer, que les contributions des femmes dans les situations postconflit peuvent faire la différence dans le domaine de la reconstruction et de la survie des communautés.


Conformément à la résolution, les délégations ont demandé que soient dégagées les ressources nécessaires pour répondre aux besoins des femmes au lendemain des conflits, l’enjeu étant d’améliorer l’accès de ces dernières à l’éducation et à la santé. 


« Il serait impossible d’autonomiser les femmes dans les situations postconflit sans améliorer, au préalable, leurs conditions sociales et économiques par le biais de la promotion d’un meilleur accès à la santé, à l’éducation, à la formation et au droit à la propriété foncière », a ainsi affirmé le représentant du Japon.


Les participants au débat ont également salué le fait que la résolution 1889 prie le Secrétaire général de présenter au Conseil, dans un délai de six mois, un ensemble d’indicateurs pour suivre l’application de la résolution 1888 (2009) sur les violences sexuelles dans les conflits armés, adoptée le 30 septembre dernier, et que les délégations considèrent comme faisant partie, avec la résolution 1889 et la résolution 1325, d’un régime général de protection des femmes.


Ils ont également appuyé la demande faite au Secrétaire général de présenter au Conseil, dans un délai de 12 mois, un rapport sur la participation des femmes à la consolidation de la paix en prenant en considération les vues de la Commission de la consolidation de la paix (CCP).


Plusieurs intervenants ont voulu mettre en avant les initiatives déjà menées en rapport avec la question débattue aujourd’hui.


La France, a indiqué son représentant, s’efforce, en partenariat avec le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), de favoriser la réintégration des enfants soldats dans la société civile.   « L’un des Principes de Paris est de permettre, a-t-il rappelé, une meilleure prise en compte de la réintégration des filles, souvent laissées pour compte des programmes de démobilisation et de réintégration, car elles ne constituent qu’une part infime des porteurs d’armes. »


Il a également souligné l’action de l’Union européenne, qui a adopté des lignes directrices sur les violences faites aux femmes, en se dotant, « sous l’impulsion de la France », d’une politique globale de mise en œuvre de la résolution 1325.


De son côté, la Directrice exécutive du Fonds de développement des Nations Unies pour la femme (UNIFEM), Mme Inés Alberdi, qui a souhaité que l’ONU renforce la capacité des femmes « avant même la fin des conflits », a indiqué que le Fonds s’attachait à cet effort en facilitant, entre autres, le dialogue entre Israéliennes et Palestiniennes à travers la Commission internationale des femmes pour une paix israélo-palestinienne juste et durable. 


Mme Alberdi a par ailleurs demandé que d’ici un an, le nombre des femmes faisant partie du personnel militaire et de police dans les opérations de maintien de la paix augmente au moins de 50%.  Elle a également demandé la mise en place d’un mécanisme de suivi efficace de la mise en œuvre de la résolution 1325, conformément aux dispositions du texte que vient d’adopter le Conseil de sécurité. 


Le représentant de la Suède, qui s’exprimait au nom de l’Union européenne, a emboîté le pas en déclarant que, dans un an, « il faudrait qu’il y ait au moins une femme responsable de la médiation, plusieurs femmes représentantes spéciales adjointes du Secrétaire général ainsi qu’une conseillère pour la parité entre les sexes au sein du Département des affaires politiques ».


La Chine, pour sa part, a émis l’espoir qu’après l’adoption récente de deux résolutions sur les femmes, la paix et la sécurité, le Secrétariat intensifiera la coordination de ses services pour faciliter l’application « harmonieuse et informée » de ces textes. 


C’est à cette fin que les délégations ont soutenu la recommandation du Secrétaire général d’organiser, en octobre 2010, une réunion ministérielle au Siège de l’ONU à l’occasion du dixième anniversaire de la résolution 1325.


LES FEMMES, LA PAIX ET LA SÉCURITÉ


Texte de la résolution S/RES/1889 (2009


Le Conseil de sécurité,


Réaffirmant qu’il tient à ce que ses résolutions 1325 (2000), 1612 (2005), 1674 (2006), 1820 (2008), 1882 (2009) et 1888 (2009), ainsi que toutes les déclarations de son président sur la question, continuent d’être appliquées et le soient intégralement, de façon synergique,


Guidé par les buts et principes énoncés dans la Charte des Nations Unies et ayant à l’esprit que la Charte lui confère la responsabilité principale du maintien de la paix et de la sécurité internationales,


Rappelant que dans le document final du Sommet mondial de 2005 (A/RES/60/1), l’Assemblée générale des Nations Unies s’est dite déterminée à éliminer toutes les formes de violence à l’égard des femmes et des filles, rappelant également les obligations qu’imposent aux États parties la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes et le Protocole facultatif s’y rapportant, la Convention relative aux droits de l’enfant et les Protocoles facultatifs s’y rapportant, et rappelant aussi les engagements énoncés dans la Déclaration et le Programme d’action de Beijing, ainsi que dans le document final de la vingt-troisième session extraordinaire de l’Assemblée générale intitulée « Les femmes en l’an 2000: égalité entre les sexes, développement et paix pour le XXIe siècle » (A/S-23/10/Rev.1), en particulier ceux qui concernent les femmes et les conflits armés,


Ayant examiné le rapport du Secrétaire général en date du 16 septembre 2009 (S/2009/465) et soulignant que la présente résolution n’a pas pour objet d’établir du point de vue juridique si les situations visées dans ledit rapport sont ou ne sont pas des conflits armés au sens des Conventions de Genève et des Protocoles additionnels s’y rapportant, et ne préjuge pas du statut juridique des parties non étatiques impliquées,


Saluant les efforts que déploient les États Membres pour appliquer sa résolution 1325 (2000) au niveau national, notamment l’élaboration de plans d’action nationaux, et engageant les États Membres à poursuivre ces efforts,


Rappelant qu’il est nécessaire que les femmes participent pleinement, effectivement et sur un pied d’égalité à toutes les étapes des processus de paix, étant donné le rôle crucial qu’elles jouent dans la prévention et le règlement des conflits, ainsi que dans la consolidation de la paix, réaffirmant le rôle clef que les femmes peuvent jouer dans la réparation du tissu social des pays qui sortent d’un conflit, et soulignant que les femmes doivent être associées à l’élaboration et à la mise en œuvre des stratégies d’après conflit pour que leurs perspectives et leurs besoins soient pris en compte,


S’inquiétant vivement du fait que les femmes sont sous-représentées à toutes les étapes des processus de paix, en particulier qu’elles sont très peu nombreuses à concourir à titre officiel aux processus de médiation, et soulignant qu’il importe de veiller à ce que des femmes soient nommées en nombre suffisant à des fonctions de décision, en qualité de médiatrices de haut niveau et en tant que membres des équipes de médiation,


Demeurant vivement préoccupé par les obstacles persistants qui empêchent les femmes de concourir pleinement à la prévention et au règlement des conflits et de participer à la vie publique au lendemain des conflits, dont la violence, l’intimidation, l’insécurité, l’absence d’état de droit, la discrimination culturelle, l’opprobre et la montée de l’extrémisme et du fanatisme sexistes, ainsi que des facteurs socioéconomiques tels que l’impossibilité de s’instruire et, à cet égard, considérant que la marginalisation des femmes risque de retarder ou d’entraver l’instauration d’une paix durable et de bonnes conditions de sécurité, ainsi que la réconciliation,


Sachant que les femmes et les filles ont des besoins particuliers au lendemain des conflits, entre autres sur le plan de la sécurité physique, des services de santé, notamment des services de santé procréative et de santé mentale, des moyens de subsistance, des droits fonciers et du droit de propriété, de l’emploi, et aussi de la participation à la prise de décisions et à la planification du relèvement, en particulier aux premiers stades de la consolidation de la paix après un conflit,


Notant que si des progrès ont été accomplis, il subsiste des obstacles au renforcement de la participation des femmes à la prévention et au règlement des conflits, ainsi qu’à la consolidation de la paix, s’inquiétant du fait que souvent, au lendemain des conflits, la capacité des femmes à participer à la prise des décisions publiques et au relèvement économique n’est pas suffisamment prise en compte et ne reçoit pas le soutien financier nécessaire, et soulignant qu’il est crucial de financer des activités répondant aux besoins des femmes au début de la phase de relèvement afin de renforcer leur autonomisation, laquelle peut contribuer à une consolidation effective de la paix au lendemain des conflits,


Notant que dans les situations de conflit armé ou d’après conflit, les femmes sont encore souvent considérées comme des victimes et non comme des agents capables de participer activement à la gestion et au règlement des conflits armés, et soulignant qu’il importe non seulement de protéger les femmes, mais aussi de leur donner les moyens de concourir à la consolidation de la paix,


Considérant que bien cerner les effets que les conflits armés ont sur les femmes et les filles, notamment les réfugiées et les déplacées, adopter des mesures qui permettent de répondre rapidement à leurs besoins particuliers et mettre en place des dispositifs institutionnels propres à garantir leur protection et leur participation pleine et entière aux processus de paix, en particulier aux premiers stades de la consolidation de la paix au lendemain des conflits, peuvent contribuer grandement au maintien et à la promotion de la paix et de la sécurité internationales,


Se félicitant de l’initiative qu’a prise l’Organisation des Nations Unies de mettre au point un système inspiré de celui qu’a lancé le Programme des Nations Unies pour le développement, pour permettre aux décideurs de suivre l’emploi qui est fait des crédits affectés à la problématique hommes-femmes dans les fonds d’affectation spéciale multidonateurs du Groupe des Nations Unies pour le développement,


Saluant les efforts que fait le Secrétaire général pour nommer davantage de femmes à des postes de responsabilité, en particulier dans les missions de terrain, grâce à quoi l’Organisation des Nations Unies donne concrètement l’exemple dans la mise en œuvre de la résolution 1325 (2000),


Saluant la création prochaine d’un comité directeur des Nations Unies chargé de mieux faire connaître la résolution 1325 (2000) et de mieux coordonner la préparation du dixième anniversaire de cette résolution,


Encourageant les acteurs concernés à organiser en 2009-2010, à l’échelle mondiale, régionale et nationale, des activités visant à mieux faire connaître la résolution 1325 (2000), notamment des réunions au niveau des ministres, à renouveler les engagements pris dans le cadre de la question intitulée « Les femmes et la paix et la sécurité » et à trouver les moyens de surmonter les obstacles actuels et futurs à la mise en œuvre de ladite résolution,


1.    Exhorte les États Membres et les organisations internationales et régionales à prendre de nouvelles mesures pour renforcer la participation des femmes à tous les stades des processus de paix, notamment ceux du règlement des conflits, de la planification de l’après-conflit et de la consolidation de la paix après un conflit, en encourageant les femmes à participer à la prise de décisions politiques et économiques dès le début des processus de relèvement, notamment en leur confiant des postes de responsabilité et en facilitant leur participation à la planification et à la gestion de l’aide, en soutenant les organisations féminines et en luttant contre les préjugés sur la capacité des femmes à participer sur un pied d’égalité à la vie sociale;


2.    Renouvelle l’appel qu’il a lancé pour que toutes les parties aux conflits armés respectent pleinement le droit international applicable aux droits et à la protection des femmes et des filles;


3.    Condamne fermement toutes les violations du droit international commises à l’encontre des femmes et des filles pendant et après les conflits armés, exige que toutes les parties fassent cesser immédiatement de tels actes, et souligne la responsabilité qui incombe à tous les États de mettre un terme à l’impunité et de poursuivre en justice les auteurs d’actes de violence de toute nature commis contre des femmes et des filles dans les conflits armés, notamment le viol et les autres actes de violence sexuelle;


4.    Invite le Secrétaire général à élaborer une stratégie, reposant notamment sur des actions de formation, qui lui permettrait de confier à un plus grand nombre de femmes des missions de bons offices menées en son nom, notamment en qualité de représentantes et d’envoyées spéciales, et à prendre les mesures voulues pour favoriser la participation des femmes aux missions politiques, aux missions de consolidation de la paix et aux missions de maintien de la paix des Nations Unies;


5.    Prie le Secrétaire général de veiller à ce que figurent, dans tous les rapports qu’il lui soumet sur des pays, des informations sur l’impact que les situations de conflit armé ont sur les femmes et les filles, sur les besoins particuliers de celles-ci au lendemain d’un conflit et sur les difficultés qu’elles rencontrent pour les satisfaire;


6.    Prie le Secrétaire général de veiller à ce que les organismes compétents des Nations Unies, agissant en collaboration avec les États Membres et la société civile, réunissent, analysent et évaluent systématiquement des informations sur les besoins particuliers des femmes et des filles dans les situations d’après conflit, notamment des informations sur leurs besoins en matière de sécurité physique et de participation à la prise de décisions et à la planification de l’après-conflit, afin d’aider le système des Nations Unies à mieux répondre à ces besoins;


7.    Entend, lorsqu’il créera ou reconduira des missions des Nations Unies, inclure dans leur mandat des dispositions sur la promotion de l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes dans les situations d’après conflit, et prie le Secrétaire général de continuer, selon qu’il conviendra, à nommer dans les missions des Nations Unies des conseillers pour l’égalité des sexes et des conseillers pour la protection des femmes, qui seront chargés de dispenser une aide technique, en coopération avec les Équipes de pays des Nations Unies, et d’améliorer la coordination des actions pour répondre aux besoins des femmes et des filles dans les pays qui se relèvent d’un conflit;


8.    Exhorte les États Membres à assurer la transversalisation de la problématique hommes-femmes dans tous les processus et les secteurs concourant à la consolidation de la paix et au relèvement après un conflit;


9.    Demande instamment aux États Membres, aux organismes des Nations Unies, aux donateurs et à la société civile de faire en sorte que la question de l’autonomisation des femmes soit prise en compte à la fois dans l’évaluation des besoins et la planification après les conflits et dans l’affectation subséquente des crédits qui auront été dégagés et dans les activités qui auront été programmées, notamment en mettant au point des dispositifs transparents d’analyse et de suivi des fonds affectés aux besoins des femmes au lendemain d’un conflit;


10.   Engage les États Membres sortant d’un conflit, en consultation avec la société civile, y compris les organisations féminines, à recenser de façon détaillée les besoins et les priorités des femmes et des filles et à élaborer, pour répondre à ces besoins et priorités et conformément à leur système juridique, des stratégies concrètes qui prévoient notamment des mesures visant à assurer aux femmes et aux filles une sécurité physique accrue et de meilleures conditions socioéconomiques, en faisant fond sur l’éducation, des activités productrices de revenus et l’accès aux services de base, en particulier les services de santé, y compris la santé sexuelle et procréative et les droits en matière de procréation et la santé mentale, ainsi que sur des services de police et une administration de la justice sensibles à la problématique hommes-femmes et sur le renforcement de la participation des femmes et des filles à la prise de décisions à tous les niveaux;


11.   Demande instamment aux États Membres, aux organismes des Nations Unies et à la société civile, y compris les organisations non gouvernementales, de prendre toutes les mesures possibles pour assurer l’égalité d’accès des femmes et des filles à l’éducation dans les situations d’après conflit, vu le rôle essentiel que l’éducation joue dans la promotion de la participation des femmes à la prise de décisions après un conflit;


12.   Exhorte toutes les parties aux conflits armés à respecter le caractère civil et humanitaire des camps et zones d’installation de réfugiés et à assurer la protection de tous les civils qui habitent dans ces camps, en particulier les femmes et les filles, contre toutes les formes de violence, dont les viols et les autres violences sexuelles, et à assurer aux organismes humanitaires un accès complet, en toute sécurité et sans entrave à ces camps et zones d’installation;


13.   Invite tous ceux qui participent à la planification des programmes de désarmement, de démobilisation et de réinsertion à prendre en considération les besoins particuliers des femmes et des filles associées aux forces armées et aux groupes armés et de leurs enfants, et à assurer leur plein accès à ces programmes;


14.   Engage la Commission de consolidation de la paix et le Bureau d’appui à la consolidation de la paix à continuer de faire en sorte que l’on prête systématiquement attention à la promotion de l’égalité des sexes et de l’autonomisation des femmes et que l’on mobilise des ressources dans ce but, dont la réalisation fait partie intégrante de la consolidation de la paix après un conflit, et à faciliter la pleine participation des femmes à ce processus;


15.   Prie le Secrétaire général, dans l’action qu’il mène pour améliorer les efforts de consolidation de la paix de l’ONU, de prendre en compte la nécessité de renforcer la participation des femmes à la prise de décisions politiques et économiques dès les premières phases de la consolidation de la paix;


16.   Prie le Secrétaire général d’assurer une parfaite transparence, coopération et coordination des actions respectives de sa Représentante spéciale pour les enfants et les conflits armés et de son Représentant spécial chargé de la lutte contre les violences sexuelles dans les conflits armés, dont il a demandé la nomination par sa résolution 1888 (2009);


17.   Prie le Secrétaire général de lui présenter dans un délai de six mois, pour examen, un ensemble d’indicateurs à utiliser au niveau mondial pour suivre l’application de la résolution 1325 (2000) et qui pourrait servir de base commune pour l’établissement de rapports par les organismes compétents des Nations Unies, les autres organisations internationales et régionales et les États Membres sur l’application de ladite résolution en 2010 et au-delà;


18.   Prie le Secrétaire général d’inclure, dans le rapport qui lui a été demandé dans le document S/PRST/2007/40, un examen des progrès accomplis dans l’application de la résolution 1325 (2000), une évaluation des procédures suivies par le Conseil pour recevoir et analyser les informations intéressant la résolution 1325 (2000) et y donner suite, des recommandations concernant les nouvelles mesures qui pourraient être prises pour améliorer la coordination au sein du système des Nations Unies et avec les États Membres et la société civile en vue d’assurer l’application de la résolution, et des données sur la participation des femmes aux missions des Nations Unies;


19.   Prie le Secrétaire général de lui présenter un rapport dans un délai de 12 mois sur les questions de la participation et de l’association des femmes à la consolidation de la paix et la planification au lendemain d’un conflit, en prenant en considération les vues de la Commission de la consolidation de la paix, et d’y inclure notamment:


a)    Une analyse des besoins particuliers des femmes et des filles dans les situations d’après conflit;


b)    Les problèmes auxquels se heurtent la participation des femmes au règlement des conflits et à la consolidation de la paix et la transversalisation de la problématique hommes-femmes dans les premières phases des processus de planification, de financement et de relèvement après un conflit;


c)    Des mesures visant à appuyer les capacités nationales de planification et de financement des réponses aux besoins des femmes et des filles dans les situations d’après conflit;


d)    Des recommandations visant à améliorer les actions internationales et nationales répondant aux besoins des femmes et des filles dans les situations d’après conflit, y compris par la mise au point d’arrangements financiers et institutionnels efficaces pour garantir la pleine participation des femmes, sur un pied d’égalité, aux processus de consolidation de la paix;


20.   Décide de demeurer activement saisi de la question.


Rapport du Secrétaire général soumis en application de la résolution 1820 (2008) du Conseil de sécurité (S/2009/465)


Dans ce document, le Secrétaire général note qu’au cours de l’année écoulée, les entités du système des Nations Unies et les États Membres ont progressé dans la mise en œuvre de la résolution 1325 (2000) qui porte sur l’impact des conflits armés sur les femmes et les filles, et qui promeut la participation des femmes à la prévention et au règlement des conflits, ainsi qu’à la consolidation de la paix.  Il souligne ainsi les avancées réalisées sur le plan de la formation aux fonctions de direction et à l’exercice de responsabilités civiques, ce qui a eu pour conséquence, dans des pays sortant d’un conflit, l’augmentation de leur nombre dans la fonction publique. 


Toutefois, M. Ban Ki-moon estime que des difficultés persistent, en particulier s’agissant de la lutte contre les actes de violence sexuelle.  Il faut procéder à des interventions spécifiques et concrètes pour lutter contre cette forme de violence qui continue de faire des victimes parmi les femmes et les filles pratiquement partout où un conflit armé a éclaté, souligne le Secrétaire général.  Il préconise l’adoption d’une législation qui mette fin à l’impunité et des réformes conçues pour encourager une plus grande participation des femmes aux processus axés sur la paix, l’action humanitaire et la reconstruction. 


Le Secrétaire général exhorte les États Membres à prendre sans attendre des mesures pour poursuivre les auteurs d’actes de violence sexiste dans le contexte d’un conflit armé et leur demande de veiller à ce que les femmes soient représentées à tous les niveaux lors de la prise de décisions dans les processus de paix.  À cette fin, dit-il, il faut que des ressources soient fournies pour garantir leur accès à la formation et aux outils de développement de leurs capacités. 


Le Secrétaire général demande, en outre, que les parties impliquées dans la prévention et le règlement des conflits ainsi que dans la consolidation de la paix s’efforcent de recueillir des données sur tous les aspects de la résolution 1325 (2000).  Sur ce dernier point, il juge particulièrement important que les entités du système des Nations Unies continuent d’apporter un appui sans faille à l’application intégrale de cette résolution, en veillant notamment à ce que les enseignements pertinents qui ont été tirés de l’expérience acquise soient inclus dans les rapports adressés au Conseil.  Enfin, M. Ban Ki-moon demande l’instauration sans délai d’un mécanisme de suivi et de responsabilisation s’agissant de la mise en œuvre de la résolution aux niveaux mondial, régional et national. 


Déclarations


Mme ASHA-ROSE MIGIRO, Vice-Secrétaire générale des Nations Unies, faisant lecture d’une déclaration du Secrétaire général des Nations Unies, M. Ban Ki-moon, a estimé qu’il était essentiel de renforcer l’autonomisation des femmes et des filles au lendemain des conflits, en les impliquant aux nécessaires efforts dans ces contextes de prévention de la reprise des hostilités et de consolidation de la paix.  Elle a ajouté que le débat du jour intervenait opportunément alors que l’ONU s’apprête à célébrer le dixième anniversaire de l’adoption de la résolution 1325.  En près de 10 ans, seulement 16 pays ont adopté un plan d’action national pour mettre en œuvre la résolution, a-t-elle déploré, appelant tous les États Membres à imiter, au plus vite, ces pays.  Dans son discours, le Secrétaire général demande également au Conseil de sécurité de mettre en place un mécanisme de surveillance de l’application de la résolution 1325, l’accent devant être mis sur la participation des femmes aux processus de prise de décisions, a précisé Mme Migiro.  La fin d’un conflit ne doit pas donner lieu à la marginalisation des femmes et des filles ni à leur relégation dans des rôles stéréotypés; celles-ci devant à l’inverse participer pleinement aux négociations de paix et aux efforts de médiation, a-t-elle en outre estimé.  Elle a poursuivi en attirant l’attention sur le fait que l’expérience prouve que les contributions des femmes dans les situations postconflit peuvent faire la différence dans le domaine de la reconstruction et de la survie des communautés.  Enfin, la Vice-Secrétaire générale a appelé les États Membres à mettre en œuvre conjointement la résolution 1325 ainsi que les résolutions 1820 et 1888 relatives à la violence sexiste pendant les conflits.  Le renforcement de la participation des femmes aux processus de prise de décisions est vital pour surmonter le fléau de la violence sexuelle, a-t-elle conclu. 


Mme RACHEL N. MAYANJA, Conseillère spéciale pour la parité entre les sexes et la promotion de la femme, présentant le rapport du Secrétaire général sur les femmes, la paix et la sécurité, a rappelé que neuf ans après l’adoption de la résolution 1325 par le Conseil de sécurité, les femmes et filles continuent d’être les victimes de violences sexuelles dans les conflits armés.  Ces violences se poursuivent même après la fin des conflits, a ajouté la Conseillère spéciale, tandis que les atrocités commises dans les situations postconflit attirent souvent peu l’attention des médias.  Mme Mayanja fait état de progrès dans la mise en  œuvre de la résolution 1325, et notamment de la mise en place de plans d’action nationaux.  Toutefois, a-t-elle fait remarquer, la mise en place de tels plans d’action nationaux ne peut constituer qu’une première étape, et des efforts supplémentaires des Nations Unies seront nécessaires, ainsi que des actions concrètes.


Mme Mayanja a jugé essentiel que le Conseil de sécurité continue de jouer un rôle de plaidoyer important pour exclure les violences sexuelles des conflits en tant qu’armes de guerre.  Tout en se félicitant de l’adoption de la résolution 1888, elle a estimé que le Conseil de sécurité devrait insister sur l’inclusion des femmes dans les opérations de maintien de la paix, notamment pour participer activement aux efforts de paix.  Il a rappelé que des préparatifs sont en cours pour la commémoration du dixième anniversaire de l’adoption de la résolution 1325.


Mme Mayanja a déclaré que malgré les progrès, trop peu de femmes prennent part aux négociations de paix dans les pays frappés par des conflits.  L’impact des conflits sur les femmes et les filles ne figure pas encore de manière assez significative dans les rapports, et la dimension sexospécifique dans les conflits armés est loin d’être un élément universel dans les rapports du Conseil de sécurité.  Elle a conclu en appelant l’attention du Conseil de sécurité sur le mépris flagrant du droit international, du droit international humanitaire et de la résolution 1325 par les parties aux conflits armés, qui constitue, selon Mme Mayanja, un « défi majeur » à la mise en œuvre de la résolution.  Elle a en particulier regretté qu’aucun mécanisme n’ait été créé à ce jour pour rendre les parties responsables de leurs actes.  Les parties combattantes doivent rendre des comptes, a-t-elle déclaré, sans quoi la protection des civils en général, celles des femmes et filles en particulier, ne pourra être réalisée.


Mme INÉS ALBERDI, Directrice exécutive du Fonds de développement des Nations Unies pour la femme (UNIFEM), a déclaré que la priorité devrait être donnée à l’accroissement de la participation des femmes aux processus de prise de décisions dans les institutions impliquées dans le maintien et la consolidation de la paix.  « Nous devons investir dans le renforcement de la capacité des groupes de femmes avant même la fin des conflits, a-t-elle dit, ajoutant que l’UNIFEM s’attachait à cet effort, en facilitant, par exemple, le dialogue entre femmes israéliennes et palestiniennes à travers la Commission internationale des femmes pour une paix israélo-palestinienne juste et durable.  Elle a évoqué d’autres initiatives menées dans le Caucase et en Afrique, avant de souligner la nécessité d’allouer à ces efforts les ressources adaptées; les donateurs, l’ONU et la Banque mondiale devant faire de la réponse aux besoins des femmes dans les situations postconflit une priorité.  C’est ainsi qu’elle a plaidé pour la participation des organisations non gouvernementales (ONG) compétentes aux conférences des donateurs. 


Mme Alberdi a ensuite salué l’adoption, le 30 septembre dernier, de la résolution 1888 sur la violence à l’égard des femmes pendant les conflits; l’UNIFEM s’engageant à appuyer sa mise en œuvre comme celle de la résolution 1820 sur la même question.  En matière de sécurité des femmes, l’accent doit être mis sur le renforcement des secteurs de la sécurité au plan national et sur l’adaptation des législations aux résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, a-t-elle encore dit.  Mme Alberdi a également estimé que la protection des droits fonciers des femmes devrait être intégrée dans les efforts de redressement ainsi que dans les négociations de paix.  Avant de conclure, elle a demandé une augmentation, d’ici à un an, d’au moins 50% du nombre de femmes faisant partie du personnel militaire et policier de maintien de la paix, ainsi que la mise en place d’un mécanisme de surveillance solide de l’application de la résolution 1325. 


Mme ASHA HAGI ELMI AMIN, représentante du Groupe de travail des ONG sur les femmes, la paix et la sécurité, a rappelé que son organisation non gouvernementale plaide en faveur d’une participation pleine et égale des femmes dans les efforts de maintien de la paix et de la sécurité internationales.  Elle a précisé qu’en 2000, les femmes somaliennes avaient organisé un « Clan Six », pour participer à un processus de paix dans ce pays et que le processus de paix auquel les femmes somaliennes avaient ainsi pu participer avait été le premier à réussir, après diverses tentatives infructueuses.


Mme Amin s’est félicitée de ce débat ainsi que de l’adoption des résolutions 1888 et 1889.  Cette dernière, a-t-elle ajouté, ouvre la voie à de nouvelles étapes importantes concernant les obligations internationales pour veiller au respect des droits des femmes dans les conflits.  Toutefois, a-t-elle ajouté, dans un mécanisme de responsabilisation, les obstacles à leur mise en œuvre demeureront.  Elle a donc plaidé en faveur d’une ferme volonté de mettre en œuvre les mesures dans le cadre d’une approche cohérente et systématique, ainsi qu’en faveur de mécanismes de vérification.  Elle a rappelé que, dans sa résolution 1325, le Conseil de sécurité, il y a plus de neuf ans, avait mis l’accent sur une participation substantielle des femmes à la stabilisation postconflit et à la reconstruction, et avait ensuite renforcé cette approche.  Mais, en l’absence de mécanismes de suivi, les femmes restent souvent en marge des processus de paix, a ajouté Mme Amin.


La participation des femmes dans les processus de paix n’est pas une option mais une obligation, a appelé Mme Amin.  Toutefois, a-t-elle estimé, les hommes aussi doivent veiller à ce que les droits et intérêts des femmes soient discutés et respectés dans le cadre des processus de paix, y compris dans le cadre des réformes des systèmes de justice ou de sécurité.  « À moins d’un an du dixième anniversaire de l’adoption de la résolution 1325, nous nous adressons à la communauté internationale pour qu’elle respecte et renforce ses obligations à l’égard des femmes dans la résolution des conflits ».  Un appui concret est essentiel, a-t-elle ajouté, en demandant, notamment, que la nouvelle structure mise en place par le Secrétaire général au sein du système des Nations Unies pour la promotion de la femme dispose des moyens nécessaires.  Les femmes ne sont pas seulement les victimes de conflit, elles peuvent aussi représenter un élément clef en faveur de changement positif, a affirmé Mme Amin.  Ce dont elles manquent, c’est d’un soutien cohérent et concret de la part de la communauté internationale.  Les femmes ont besoin de ce soutien pour garantir leur place dans les processus de prise de décisions, a-t-elle conclu.


Neuf ans après la résolution 1325 (2000) sur l’impact des conflits armés sur les femmes et les filles, M. PHILIP JOHN PARHAM (Royaume-Uni) s’est félicité de ce que la question des femmes, de la paix et de la sécurité fasse l’objet d’une attention particulière de la part des membres du Conseil de sécurité.  Il s’est cependant dit préoccupé par la mise en œuvre de la résolution 1325, indiquant que beaucoup restait à faire et que lors de l’examen de cette question devant le Conseil de sécurité, des incidents terribles continuent de se produire.  Le débat d’aujourd’hui porte sur la contribution des femmes aux opérations de consolidation de la paix, a dit M. Parham, ajoutant que ces dernières avaient un rôle indispensable à jouer.  Avec la résolution 1888 (2009), le Conseil de sécurité a été plus loin dans sa démarche pour mettre fin à l’impunité des auteurs des violences sexuelles contre les femmes et les enfants dans les conflits, a-t-il rappelé.  « Nous devons maintenant assurer aux femmes un rôle central dans le maintien et la consolidation de la paix après un conflit.  « Un an avant le dixième anniversaire de la résolution 1325, nous devons trouver des solutions créatives pour surmonter les obstacles auxquels se heurte l’application de la résolution 1325 », a souligné le représentant.  Il faut tout d’abord identifier les lacunes afin de déterminer la solution appropriée, a-t-il ajouté.  Il faudrait aussi mettre en place des indicateurs qui permettent de mesurer les progrès réalisés.  « Nous devons faire en sorte que les femmes puissent contribuer pleinement et de manière effective aux processus de paix, et que leurs voix soient entendues dans la société civile locale », a-t-il insisté.  Il faut en outre qu’un grand nombre de femmes compétentes soit nommé à des postes de responsabilité dans les opérations de maintien et de consolidation de la paix, a ajouté M. Parham avant de conclure.  


M. RANKO VILOVIĆ (Croatie) a salué le rapport du Secrétaire général sur les femmes, la paix et la sécurité et indiqué que son pays s’alignait sur la déclaration que prononcera la Suède au nom de l’Union européenne.  Tout en reconnaissant les progrès réalisés depuis l’adoption de la résolution 1325, il y a bientôt une décennie, avec notamment l’adoption des résolutions complémentaires 1820, 1888, et 1882, il a insisté pour que les déclarations soient traduites en actions dans les domaines qui restent encore à améliorer, comme une participation égalitaire dans les processus de médiation, de négociation et de participation à la reconstruction postconflit.  Il s’est aussi dit alarmé au plus haut point par le fait que la sécurité des femmes et des filles ne soit pas, à ce jour, garantie dans les camps de réfugiés.  Le représentant de la Croatie a souligné qu’il était essentiel d’atteindre l’objectif de recrutement d’au moins 30% des femmes dans les délégations officielles chargées des négociations, afin que leurs besoins dans le processus de reconstruction de la paix soient mieux reconnus et résolus.  Tout en notant que son pays avait intégré au niveau national des éléments de la résolution 1325, il a renouvelé son soutien à l’établissement d’une gouvernance composite en termes de genre aux Nations Unies, y voyant un outil important pour régler la question des femmes, la paix et la sécurité.


M. ZHANG YESUI (Chine) a déclaré que l’adoption de la résolution 1325 avait permis de jeter les bases en matière de coopération internationale relativement aux femmes, à la paix et la sécurité.  Il faut aujourd’hui tenir compte du rôle croissant que jouent les femmes dans le maintien et la consolidation de la paix, a-t-il ajouté.  « Les femmes soutiennent la moitié du ciel », selon un proverbe chinois, mais la réalité est tout autre et l’expérience montre que beaucoup reste à faire pour mettre pleinement en œuvre la résolution 1325, a poursuivi M. Yesui.  Il faut répondre aux besoins des femmes en matière de reconstruction, assurer leur sécurité pour leur permettre de participer activement à l’essor des sociétés dans un environnement sûr, a-t-il dit. 


Pour le représentant de la Chine, les femmes doivent être en mesure de jouer un plus grand rôle dans la reconstruction postconflit, ce qui suppose une institutionnalisation de leur rôle.  Les pays doivent donc assumer ce progrès, en s’appuyant sur la générosité de la communauté internationale et des donateurs, a-t-il dit.  Il a émis l’espoir après adoption de deux résolutions sur la question des femmes, la paix et la sécurité, que le Secrétariat s’acquittera efficacement de la coordination de ses services afin de faciliter une mise en œuvre harmonieuse et informée de ces textes importants. 


Mme ROSEMARY A. DICARLO (États-Unis) affirmé que les États-Unis sont convaincus du rôle que les femmes peuvent jouer en faveur de la paix.  Mais, si beaucoup a été fait après l’adoption de la résolution 1325, les conflits armés continuent d’avoir des effets abominables sur les femmes et les filles et c’est pourquoi, les États Membres doivent renouveler leur engagement en faveur de la résolution 1325 et leurs efforts pour la mettre en œuvre, a-t-elle ajouté.  Les femmes, a souligné Mme DiCarlo, doivent jouer un rôle actif dans les négociations de paix.  La réalité montre cependant que 2,4% des participants aux accords de paix conclus depuis 1982 sont des femmes, a-t-elle regretté.  Le dynamisme des femmes a pourtant permis de sortir de situations d’impasse, comme au Libéria, a-t-elle fait remarquer.  C’est pourquoi, la communauté internationale doit veiller à assurer la participation des femmes, y compris en fournissant des programmes de renforcement des capacités.


Mme DiCarlo a rappelé que la résolution 1325 insiste sur la lutte contre l’impunité, notamment contre les violences sexuelles.  La résolution 1820, adoptée en 2008, et la résolution 1888, adoptée la semaine dernière, réaffirment clairement la volonté du Conseil de sécurité en ce sens, a rappelé la représentante.  Les États-Unis attendent la mise en œuvre pleine et complète de la résolution 1888, y compris la nomination d’une représentante spéciale du Secrétaire général pour lutter contre les violences sexuelles, a-t-elle ajouté.  C’est dans ce contexte qu’elle a appuyé les efforts du Secrétaire général pour nommer davantage de femmes à des postes de responsabilité au sein du système des Nations Unies et a félicité les pays qui, comme l’Inde, envoient davantage de femmes Casques bleus.  La délégation des États-Unis appuie également la création de la nouvelle entité en faveur des femmes au sein du système des Nations Unies, a-t-elle assuré.


M. GÉRARD ARAUD (France) a déclaré que le rapport du Secrétaire général rendait compte du foisonnement d’initiatives visant à former les personnels des opérations de maintien de la paix, à aider les femmes victimes de violences et à lutter contre l’impunité.  M. Araud a tenu à rappeler, parmi ces initiatives, celle de la France, en partenariat avec le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), pour favoriser la réintégration des enfants soldats dans la société civile, l’un des Principes de Paris étant de permettre une meilleures prise en compte de la réintégration des filles, souvent laissées pour compte des programmes, car elles ne constituent qu’une part infime des porteurs d’armes.  Le représentant a également mis en avant l’action de l’Union européenne, qui a adopté des lignes directrices sur les violences faites aux femmes, en se dotant, sous l’impulsion de la France, d’une politique globale de mise en œuvre de la résolution 1325 et d’un document opérationnel actualisé sur la politique européenne de sécurité et défense en la matière. 


M. Araud a ensuite estimé que la définition d’indicateurs par le Secrétariat dans les prochains mois pour permettre à l’ensemble des acteurs intéressés de suivre les progrès dans l’application de la résolution était une première mesure pratique et utile.  Il a souhaité à cet égard des aménagements de l’organisation du Département des opérations de maintien de la paix qui pourraient permettre de mieux prendre en compte la place des femmes dans la planification des crises et dans la préparation de la sortie de crise.  Le représentant de la France a en outre insisté sur les domaines sur lesquels les efforts de la communauté internationale doivent porter dans les phases postconflit: la protection des femmes et des filles et la réhabilitation des victimes, l’administration de la justice, la participation aux processus de prise de décisions et la mise en place d’institutions consacrant la parité.  M. Araud a, en conclusion, appuyé la recommandation du Secrétaire général d’organiser une réunion ministérielle au Siège de l’ONU à l’occasion du dixième anniversaire de la résolution 1325, en octobre 2010.


M. ABDURRAHMAN MOHAMED SHALGHAM (Jamahiriya arabe libyenne) a estimé que, neuf ans après l’adoption de la résolution 1325, les objectifs visés sont encore loin d’être réalisés.  Les femmes et les filles sont très souvent la principale cible des combattants, et les pratiques dont elles sont victimes perdurent même après les conflits, a-t-il ajouté.  Il ne suffit toutefois pas d’adopter des résolutions, il faut aussi en assurer la mise en œuvre, a déclaré le représentant.  Il a notamment condamné les violences dont sont victimes les femmes et les jeunes filles palestiniennes.  Il a insisté sur la nécessité de promouvoir les droits sociaux et économiques des femmes en tout temps, en faisant observer qu’après les conflits, la promotion de la femme et de ses droits est rarement considérée comme prioritaire.


Le représentant a décrit divers programmes lancés par son pays en faveur des femmes dans plusieurs pays africains et a mis l’accent sur « l’égalité totale » dont jouissent, a-t-il précisé, les femmes dans son pays.  Il a rappelé qu’en 2000, l’Union africaine avait adopté le Plan d’action d’Ouagadougou qui reconnaît le rôle des femmes dans tous les programmes de développement.  Il a cité divers programmes mis en place dans ce cadre pour faciliter le rôle d’entrepreneur des femmes. 


M. YUKIO TAKASU (Japon) a affirmé qu’il était vital de répondre aux besoins des femmes et des filles à toutes les étapes des processus de paix, celles-ci devant être représentées en amont des efforts de paix et de consolidation de la paix.  Il s’agit du moyen le plus efficace d’empêcher la reprise des hostilités, a-t-il estimé.  M. Takasu a salué, à ce propos, le fait que trois femmes soient désormais à la tête de missions de l’ONU et le fait que les femmes policières jouent, par exemple, un rôle indispensable au Libéria.  Le représentant du Japon a insisté en demandant au Secrétaire général de poursuivre ses efforts pour nommer davantage de femmes à la tête d’organisations régionales et internationales. 


Il a ensuite demandé au Conseil de sécurité de réfléchir de manière approfondie aux moyens nécessaires pour que les missions de l’ONU puissent renforcer la sécurité des femmes et des enfants pendant les conflits.  Il a mis l’accent à ce sujet sur l’importance d’allouer des ressources adaptées dans les domaines clefs que sont la formation et l’appui logistique.  M. Takasu a aussi appelé à la fin de l’impunité dont jouissent les auteurs de crimes sexuels pendant et au lendemain des conflits, nombre d’entre eux occupant des postes de haut rang au sein des forces et groupes armés.  Il a proposé la mise en place de sanctions ciblées et a rappelé l’importance d’aider les pays à affermir l’état de droit.  Le représentant du Japon a en outre affirmé qu’il serait impossible d’autonomiser les femmes dans les situations postconflit sans s’attacher au préalable à améliorer leurs conditions sociales et économiques par le biais, en particulier, de la promotion accrue de l’accès de ces dernières à la santé, à l’éducation, à la formation et au droit de propriété foncière. 


M. GUILLERMO PUENTE ORDORICA (Mexique) a rappelé que les conflits armés continuent d’avoir un impact disproportionné sur les femmes et les filles qui sont victimes de manière constante de violences sexuelles et de violations du droit international humanitaire.  Il a souhaité qu’un représentant spécial du Secrétaire général sur les violences sexuelles dans les conflits armés soit rapidement nommé et a souhaité que la nouvelle architecture sur la parité entre les sexes permet d’accélérer les progrès dans la mise en œuvre de la résolution 1325, qu’il a jugée « jusque-là très lente ».  Il a appuyé la stratégie du Secrétaire général pour augmenter le nombre de femmes à des postes de responsabilité au sein du système des Nations Unies, y compris en tant que représentantes spéciales et envoyées spéciales.  Il a souhaité l’adoption d’indicateurs pour permettre un meilleur suivi de la mise en œuvre de la résolution 1325.  Il a demandé que le Secrétaire général inclue dans tous les rapports sur les situations de conflits, des éléments sur la situation des femmes.


M. VITALY I. CHURKIN (Fédération de Russie) est intervenu brièvement pour indiquer que les progrès réalisés au cours des 10 dernières années étaient insuffisants en matière de protection des droits des femmes dans les conflits armés.  La résolution 1889 visant à renforcer le rôle des femmes dans ces situations vient compléter la résolution 1325 et la résolution 1888 adoptée le 30 septembre, a-t-il ajouté, en souhaitant que le régime de protection des femmes que forment ces textes permettra de parvenir à une réelle parité entre les sexes.  L’ONU doit donner l’exemple en nommant davantage de femmes aux postes de décision touchant en particulier les domaines social et économique, a encore estimé M. Churkin. 


M. PAUL ROBERT TIENDRÉBÉOGO (Burkina Faso) a déclaré que les violences sexuelles constituaient une véritable source de préoccupation, tant les séquelles et les conséquences physiques, psychologiques et économiques sont profondes à la fois pour les victimes et pour leurs communautés respectives.  Il a dénoncé l’adoption par certains groupes extrémistes de lois discriminatoires et la situation dans certains camps de réfugiés qui, au lieu de protéger les populations civiles, sont devenus des zones d’insécurité, notamment pour les femmes.  Le représentant a souhaité que la question des femmes et des filles demeure une priorité absolue.  Pour ce faire, il faut assurer la mise en place d’un cadre législatif, réglementaire et judiciaire, qui lutte contre l’impunité et permette aux victimes un accès aux soins et un soutien psychologique, a dit M. Tiendrébéogo.  Les programmes de désarmement, de mobilisation et de réinsertion doivent pleinement intégrer les besoins spécifiques des femmes et des filles, a–t-il ajouté. 


M. Tiendrébéogo a souligné la nécessité de soutenir des programmes d’éducation pour les filles, de formation aux activités génératrices de revenus et de création d’emplois pour les femmes.  Les gouvernements doivent tout mettre en œuvre pour renforcer l’état de droit et le Conseil de sécurité doit veiller à une prise en compte des besoins spécifiques des femmes et des filles dans les mandats des opérations de la maintien de la paix, a-t-il indiqué.  Avant de conclure, le représentant a mis l’accent sur la nécessité de mettre en place un système qui collecte les données afin d’évaluer les progrès accomplis et ajuster les stratégies nécessaires en fonction des besoins des femmes et des filles.  M. Tiendrébéogo a toutefois rappelé que toutes ces actions ne sont réalisables que si elles bénéficient d’un soutien financier conséquent et d’un renforcement des capacités humaines. 


M. RUHAKANA RUGUNDA (Ouganda) a souligné que son pays s’était engagé à améliorer la participation des femmes dans les opérations de promotion de la paix et de la sécurité, à éradiquer les violences sexuelles et à mettre un terme à l’impunité dans les situations de conflit.  Il a rappelé que l’Ouganda, en tant que pays qui a connu une période prolongée d’instabilité, avait fait de la mise en œuvre de la résolution 1325 l’une de ses priorités, citant notamment la participation des femmes à la vie politique au-delà de fonctions électives, jusque dans les efforts de construction de la paix et de réconciliation nationales.  Il a notamment cité Mme Betty Bigombe, qui a conduit des négociations de paix avec le mouvement de l’Armée de résistance du Seigneur (LRA) entre 1994 et 2004, pour mettre un terme au conflit affectant le nord du pays.  Il a aussi mentionné une mesure prise par le Gouvernement ougandais au titre de la participation des femmes aux négociations de paix 2006/2008 avec le LRA, ou encore la prise en compte de la résolution 1325 dans les accords de paix et les projets de développement postconflit dans le nord de l’Ouganda, en juillet 2009.  L’Ouganda est le premier et le seul pays au monde à avoir adopté un plan d’action national « 3 en 1 », basé sur les résolutions 1325, 1820, et sur la Déclaration de Goma, portant sur l’élimination de la violence sexuelle, a-t-il aussi souligné.


Fort de son expérience, l’Ouganda préconise, pour des résultats optimaux, une mise en œuvre de la résolution 1325 et ses résolutions associées dès les premiers stades de la construction de la paix.  Mais M. Rugunda s’est inquiété de constater que la contribution des femmes au processus de paix était loin d’être satisfaisante, en raison notamment du fait que les femmes sont exclues du processus décisionnel et que leurs besoins souffrent d’un financement insuffisant.  Une simple augmentation du nombre de femmes participant aux processus de paix ne suffit pas pour résoudre le problème, a-t-il poursuivi, proposant la tenue de consultations plus détaillées sur la manière dont la résolution 1325 doit être mise en œuvre.  Il a à cet égard cité en exemple la table ronde sur le sujet organisée du 14 au 16 septembre par l’Ouganda, en partenariat avec le Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), l’UNIFEM et le Bureau de la Conseillère spéciale pour la parité entre les sexes et la promotion de la femme.  Cet événement a permis d’identifier 16 indicateurs permettant de mesurer la mise en place de la résolution 1325, et l’Ouganda préconise aux États Membres concernés d’établir également ce genre d’indicateurs.  


M. THOMAS MAYR-HARTING (Autriche) s’est félicité de l’initiative prise de tenir un débat public sur la question des femmes, de la paix et de la sécurité.  Cette rencontre, a-t-il indiqué, permet au Conseil de sécurité de continuer à examiner la résolution 1325 (2000) et sa mise en œuvre.  Il a salué les progrès réalisés par le Conseil de sécurité pour renforcer la résolution 1325, en adoptant la résolution 1820 (2008) et la résolution 1888 (2009) sur les violences sexuelles, ainsi que la résolution 1882 (2009) sur les enfants et les conflits armés.  M. Mayr-Harting a souhaité que le poste de représentant spécial sur les violences sexuelles dans les conflits armés soit rapidement pourvu.  Il a ajouté que d’autres résolutions doivent venir compléter la résolution 1325, la première adoptée dans ce domaine par le Conseil de sécurité.  L’Autriche souligne la nécessité pour les femmes et les filles de jouer un rôle dans les situations postconflit, a-t-il dit.  Le représentant s’est déclaré convaincu qu’investir dans les femmes, c’était investir dans le futur, et c’est pourquoi, il faut assurer l’accès des filles et des femmes à l’éducation.  Aucune société ne peut se permettre de se passer du potentiel des femmes dans les efforts de consolidation de la paix et de reconstruction.  L’UNIFEM nous a clairement montré que l’absence de femmes dans les négociations de paix et dans le processus de planification à l’issue des conflits ne permet pas de prendre en compte les besoins des femmes et des filles, a fait remarquer le représentant.  L’Autriche continuera de plaider en faveur de l’augmentation du nombre de femmes pour qu’elles accèdent à des postes de responsabilité au sein des Nations Unies, à la fois au Siège et sur le terrain, a-t-il ajouté.  L’an prochain marquera le dixième anniversaire de l’adoption de la résolution 1325, a poursuivi M. Mayr-Harting.  Cette opportunité pourrait être utilisée pour définir les priorités futures et identifier la manière de mieux répondre aux défis posés par la pleine mise en place de la résolution 1325, a estimé le représentant avant de conclure.  


M. JORGE URBINA (Costa Rica) a souligné que la résolution 1889 appelait à une participation accrue des femmes dans l’évaluation des besoins et dans la planification des réponses dans les situations postconflit.  Il a plaidé pour une approche effectivement inclusive et a soutenu la proposition du Secrétaire général de définir une stratégie sur la parité entre les sexes s’appuyant sur une représentation plus importante des femmes au plus haut niveau des processus de prise de décisions.  Il faut que la réponse du Conseil de sécurité permette, sur le terrain, un meilleur accès des femmes à la justice, à la santé, à l’éducation et à la protection sociale, a encore dit M. Urbina, en particulier celles ayant survécu à l’exploitation et aux abus.  La paix durable ne pourra être instaurée tant que dureront les discriminations, l’inégalité et le déséquilibre des pouvoirs, a poursuivi le représentant du Costa Rica.  Souvent ces facteurs sont à l’origine des conflits, a-t-il rappelé avant de conclure, en disant que le « Réseau sécurité humaine », que présidera en 2010 son pays, appuyait la résolution 1889, et que le Réseau s’engageait à tout mettre en œuvre pour que soit appliqué pleinement ce texte. 


M. ERTUĞRUL APAKAN (Turquie) a souligné que depuis l’adoption de la résolution 1325 en 2000, de nombreux progrès avaient été effectués dans plusieurs domaines concernant la protection et la promotion des droits des femmes en situation de conflit, notamment une meilleure prise de conscience des difficultés auxquelles elles sont exposées.  Il a jugé encourageants les résultats des projets et programmes déployés en faveur de l’égalité des sexes et de l’émancipation des femmes, qui améliorent les conditions générales de vie des femmes mais transforment aussi la perception qu’elles ont de leur rôle dans le processus de paix.  Le Ministre a cité en exemple le fait que 64% des femmes afghanes estiment aujourd’hui devoir contribuer à la reconstruction de leur société.  Beaucoup encore reste à faire, a-t-il néanmoins relevé, évoquant des freins d’ordre structurel et institutionnel.  C’est pourquoi, il a plaidé pour des actions plus efficaces pour pouvoir répondre aux besoins des femmes et des filles en situation de postconflit, citant leur sécurité physique, mentale, l’emploi, l’éducation, l’accès à des services sociaux et à la justice, mais aussi leur plus grande participation dans le processus de paix, en particulier dans le domaine politique.  Réaffirmant l’engagement de la Turquie dans les efforts de l’ONU pour revitaliser la mise en œuvre de la résolution 1325, il a plaidé pour que les résolutions 1325, 1820 et 1888 fassent partie intégrante des travaux du Conseil de sécurité afin d’orienter les activités des Nations Unies et des États Membres.


Estimant que le débat du jour était très important pour préparer l’examen de la résolution 1325, 10 ans après son adoption, M. PHAM GIA KHIEM, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères du Viet Nam, a ajouté que la résolution 1889 avait l’objectif profondément humain de protéger les femmes, les enfants et les filles, qui sont les plus vulnérables et les plus affectés en période de conflit armé.  Le Vice-Premier Ministre a estimé que les « efforts énormes » mis en œuvre par la communauté internationale, y compris les Nations Unies, pour appliquer les résolutions 1325 et 1880 ont produit des résultats, y compris la reconnaissance du rôle des femmes dans la paix et la sécurité internationales.


Toutefois, a ajouté le Vice-Premier Ministre, il reste des défis à surmonter, y compris dans les situations postconflit.  Il a cité la trop faible contribution des femmes à la consolidation de la paix, qu’il a attribuée à l’absence d’opportunités pour elles de participer à l’élaboration des politiques et à l’insuffisance des ressources destinées à apporter une réponse à leurs besoins les plus pressants.  Pour obtenir des résultats tangibles, les résolutions 1325, 1880 et 1888 doivent être mises en œuvre de manière cohérente, a poursuivi M. Pham, qui a apporté son soutien aux recommandations contenues dans le rapport du Secrétaire général.  M. Pham a déclaré qu’il faudrait insister sur la suppression de causes profondes des conflits et sur la prévention de ces derniers.  Les mesures de protection des femmes et des filles doivent être combinées à celles de promotion de la femme dans le règlement des conflits et la reconstruction, a-t-il ajouté, en plaidant pour leur inclusion à un stade précoce du processus de reconstruction.  Il a rappelé que ce dernier suppose des efforts d’ensemble qui comprennent aussi la reconstruction des structures familiales, ajoutant qu’il faudrait aussi faire attention aux femmes qui ont été impliquées dans des activités militaires.  Il a estimé que le système des Nations Unies, du fait de son expérience, a un rôle particulier à jouer dans la reconstruction, à la demande des États.  Il a enfin plaidé pour une coordination étroite entre les Nations Unies et les autres partenaires. 


M. CHRISTIAN WENAWESER (Liechtenstein) a estimé que, neuf ans après l’adoption de la résolution 1325, peu avait été fait concrètement pour réellement assurer la participation des femmes dans les processus de règlement des conflits.  Il a ajouté que la protection des femmes contre les violences sexuelles restait en fait hors de portée.  « Depuis le début de l’année, le nombre des violences sexuelles dans le monde entier augmente de manière alarmante et, souvent, les victimes en sont des enfants, a regretté M. Wenaweser.  En outre, la fin des hostilités ne garantit en aucun cas la fin de telles violences, bien au contraire, a fait observer le représentant.  Ceci résulte notamment du fait du retour des réfugiés ou des personnes déplacées, de la présence de nombreux ex-combattants démobilisés ou encore de l’absence d’opportunités économiques et de l’effondrement généralisé des normes sociales. 


Les résolutions 1325 et 1880 mettent l’accent sur la responsabilité des États pour mettre fin à l’impunité et poursuivre les auteurs de crimes de guerre, y compris les violences sexuelles, a rappelé le représentant.  Toutefois, a-t-il fait observer, souvent les systèmes de justice nationaux manquent des moyens nécessaires, et les mécanismes de justice traditionnelle sont souvent appliqués de manière discriminatoire à l’égard des femmes, contribuant ainsi au climat d’impunité.  C’est pourquoi, le représentant a salué l’adoption le 30 septembre dernier de la résolution 1888 qui demande au Secrétaire général de fournir, à la demande des États concernés, les services d’experts qui pourraient être rapidement envoyés sur place pour contribuer au renforcement de l’état de droit.  Il a estimé que cela constitue une excellente application du principe de complémentarité, lequel, a-t-il rappelé, préside aussi aux travaux de la Cour pénale internationale (CPI).  En traitant des violences sexuelles dans plusieurs situations, la CPI contribue à la lutte contre l’impunité, a ajouté M. Wenaweser, qui assure actuellement la présidence de cette institution.


Le représentant a rappelé que la résolution 1325 appelle à un renforcement du rôle des femmes dans les processus de paix.  Les chiffres disponibles montrent qu’il est nécessaire de considérablement renforcer cette présence, a-t-il affirmé.  M. Wenaweser a souhaité que ce débat donne un élan en ce sens, estimant encore « passablement modestes » les résultats obtenus par le groupe des ambassadeurs auprès du Secrétaire général -qui avait été pendant une certaine période dirigé par le Liechtenstein- dont le rôle visait à augmenter la présence de femmes comme envoyées spéciales ou représentantes spéciales du Secrétaire général.  Pourtant, a poursuivi M. Wenaweser, la nomination de femmes à de tels postes renforceraient la perception que les femmes peuvent être des décideurs et non seulement des victimes ou des bénéficiaires d’assistance.  


M. ANDERS LIDÉN (Suède), intervenant au nom de l’Union européenne, s’est demandé pourquoi, après 10 ans d’efforts, la communauté internationale était toujours confrontée au fléau de la violence à l’égard des femmes pendant et au lendemain des conflits.  Les femmes doivent être plus autonomes, a-t-il ajouté, précisant que l’autonomisation des femmes était indispensable à la promotion des droits des femmes ainsi qu’au développement économique et politique des pays sortant d’un conflit.  Elle est également nécessaire pour envisager une paix durable et pour soutenir les efforts de paix et de sécurité. 


Le représentant a poursuivi en affirmant qu’il était urgent que les pays renforcent les capacités des femmes en menant à bien les réformes institutionnelles relatives à la parité des sexes, l’Union européenne étant d’avis que le Conseil de sécurité doit œuvrer à l’augmentation du nombre de femmes dans tous les processus de paix en cours concernant les conflits dont il est saisi.  Dans un an, il faudrait qu’il y ait au moins une femme responsable de la médiation, plusieurs femmes représentantes spéciales adjointes du Secrétaire général ainsi qu’une conseillère pour la parité entre les sexes au sein du Département des affaires politiques, a déclaré M. Lidén.  Il a renchéri en considérant qu’une représentation équitable entre hommes et femmes dans les opérations de la paix de l’ONU enverrait un message clair aux parties que les femmes ont un rôle à jouer dans le règlement des conflits.  Le représentant a en outre affirmé que pour mettre pleinement en œuvre la résolution 1325, il était important que tous les États Membres lancent des plans d’action nationaux et mettent au point des outils de responsabilisation adéquats. 


Mme MARIA LUIZA RIBEIRO VIOTTI (Brésil) a rappelé que la période qui suit immédiatement un conflit est essentielle.  Ce qui se fait -ou ne se fait pas- durant cette période a d’énormes répercussions sur le processus de consolidation de la paix, a-t-elle ajouté.  C’est pour cette raison qu’il faut s’assurer que les droits des femmes et fillettes sont pris en compte et respectés au plus tôt, et traités comme une priorité dans le cadre des stratégies de reconstruction postconflit.


Néanmoins, cela ne suffit pas, a affirmé Mme Viotti.  Les femmes ne doivent pas seulement être vues comme des victimes.  Il faut aussi leur reconnaître une autonomie et un pouvoir en tant qu’acteurs centraux dans la préparation d’une paix durable.  Mme Viotti a expliqué qu’en tant que Présidente de la Formation Guinée-Bissau de la Commission de consolidation de la paix (CCP), elle avait pu constater la vitalité et la détermination des femmes de ce pays.  Elle a estimé que la CCP a un rôle à jouer en faveur de l’autonomisation des femmes en situations postconflit et s’est félicitée que la résolution 1888 en fasse état.  La représentante a estimé que, si le rapport du Secrétaire général contient des éléments alarmants concernant la situation dans plusieurs pays, il apporte aussi de « bonnes nouvelles », notamment sur le nombre d’organes du système des Nations Unies qui se sont engagés à mettre en œuvre la résolution 1325.  Elle a lancé un appel pour que ces efforts soient bien coordonnés afin d’éviter toute duplication et s’est félicitée de l’adoption par l’Assemblée générale de la résolution 63/311 sur la cohérence du système des Nations Unies. 


M. THOMAS MATUSSEK (Allemagne) a déclaré: « les femmes et les enfants doivent être protégés de la violence! »  C’est d’autant plus vrai dans les situations postconflit lorsque la protection policière est inexistante et le système judiciaire non opérationnel.  Il faut garder cela à l’esprit dans les efforts de reconstruction postconflit, a expliqué M. Matussek, qui a ajouté: « les institutions doivent être remises en place, mais la protection ne peut pas attendre que les systèmes soient entièrement reconstruits.  La protection doit être assurée dès le départ dans le cadre des efforts de consolidation de la paix ».  Constatant que les femmes ne sont pas que des victimes des conflits, mais qu’elles peuvent aussi jouer un rôle moteur dans les efforts en faveur de la paix et de la sécurité, le représentant a mis l’accent sur l’importance des mesures visant à autonomiser les femmes, comme les microcrédits.  Les femmes devraient également être associées aux négociations de paix et aux processus de prise de décisions pour la reconstruction des pays et des sociétés après conflits, a poursuivi M. Matussek.  Alors que peuvent faire les États Membres, a demandé le délégué avant de donner quelques exemples concrets.  Il a notamment expliqué que l’Allemagne avait insisté pour que toutes les missions de la Politique européenne de sécurité et de défense (PESD) aient un conseiller pour l’égalité des sexes, comme cela a été le cas pour la mission EUFOR en République démocratique du Congo (RDC).  Sous la présidence allemande, toutes les missions de la PESD avaient un tel conseiller.  Le déploiement de soldats femmes a aussi contribué au succès des missions, a soutenu M. Matussek.  L’Allemagne a aussi financé plusieurs projets en Afghanistan dont le but était d’améliorer la situation des femmes après le renversement des Taliban.  Parmi ces projets, il y avait notamment la construction d’écoles pour filles et la formation de juges de sexe féminin.  Posant cette fois la question de ce que les Nations Unies devraient faire, M. Matussek a suggéré qu’il faudrait continuer à étroitement travailler avec des ONG de femmes sur le terrain dans les situations postconflit.  Il faudrait aussi, a-t-il estimé, qu’il y ait plus de femmes au sein des missions de maintien de la paix et que ces missions prévoient des services spécifiques pour les femmes, comme des services médicaux et éducatifs. 


M. HILARIO G. DAVIDE (Philippines) a estimé que tout débat aux Nations Unies consacré aux femmes devrait être inscrit dans le cadre de la Charte de l’ONU, qui affirme l’égalité entre hommes et femmes, ainsi que de la Déclaration universelle des droits de l’homme.  Il a ensuite déclaré que le rôle des femmes dans la paix et la sécurité était particulièrement important pour son pays, où c’est une femme au foyer, Mme Corazon Aquino, qui avait présidé le pays à la sortie des Philippines d’une longue dictature.  La Constitution des Philippines de 1987, a-t-il ajouté, « reconnaît le rôle des femmes dans la construction de la nation » et garantit l’égalité entre les hommes et les femmes, avant de rappeler que c’est de nouveau une femme qui dirige aujourd’hui le pays.  M. Davide a précisé que son pays avait adopté en août une « Grande Charte » (« Magna Carta ») qui rend obligatoire la participation des femmes aux processus de prise de décisions, et a ajouté que des consultations pour l’adoption d’un plan d’action national sur la mise en œuvre des résolutions 1325 et 1820 sont en cours et doivent culminer le 19 octobre à Manille.


M. Davide a estimé que le recours aux violences sexuelles comme arme de guerre représente une préoccupation fondamentale car ces pratiques cherchent à humilier et détruire les femmes en tant qu’individus et en tant que membres fondamentaux de l’ordre social, de la famille et de la vie communautaire.  Considérant la voix des femmes comme un élément de stabilité pour la communauté, le représentant l’a jugée indispensable à tous les stades du processus de paix et de réconciliation.  Cette réunion ne doit pas seulement servir à célébrer le rôle des femmes, mais aussi à célébrer un changement dans l’approche de la communauté internationale concernant les situations d’après conflit.  Plaidant pour une approche moins limitée à la situation humanitaire et plus largement orientée vers une paix durable, il a estimé qu’un tel changement impliquait une plus grande sensibilité au rôle des femmes.  Cela signifie, a-t-il précisé, davantage d’attention à l’accès des femmes aux emplois, au capital, à l’éducation et aux services de santé.  Saluant la résolution adoptée ce jour, il s’est dit encouragé par les efforts déployés au sein du système des Nations Unies pour améliorer les allocations de ressources aux questions relatives aux femmes.  Il s’est félicité que la résolution 1889 ait prévu une évaluation des besoins des femmes et des filles dans les situations postconflit.


M. JIM McLAY (Nouvelle-Zélande) a lancé un appel afin que les États Membres, les groupes régionaux et le système des Nations Unies traduisent dans les faits les engagements pris en faveur de la protection des femmes et de leur participation aux processus de paix sous les résolutions 1325, 1820, 1882 et 1888.  À cette fin, il faudrait un leadership plus fort et plus de coordination au sein de l’ONU, a estimé le représentant, avant de se féliciter des deux initiatives récentes allant dans ce sens, à savoir la nomination d’un représentant spécial pour les violences sexuelles dans les conflits armés, et la réforme prévue de l’architecture pour l’égalité des sexes des Nations Unies.  La Nouvelle-Zélande est en faveur d’une plus grande participation des femmes aux missions de maintien et de consolidation de la paix, ainsi qu’aux processus de médiation et de négociation.  Elle estime en outre que pour pouvoir avoir un impact durable sur la vie des femmes en situation de conflit et postconflit, il est nécessaire d’adopter une approche intégrée des piliers de la résolution 1325.  À cet égard, la Nouvelle-Zélande souhaite que le mandat du nouveau représentant spécial ne se limite pas aux violences sexuelles, mais porte sur tous les aspects de la question des femmes dans le contexte de la paix et de la sécurité.  Les pays doivent aussi assumer leurs responsabilités et associer les femmes aux processus de paix, a poursuivi M. McLay, avant de donner des exemples concrets des actions de son pays dans la province de Bamiyan, en Afghanistan.


M. JEAN OLINGER (Luxembourg) a noté que les femmes et les filles sont souvent les principales victimes des conflits et ont des besoins spécifiques à l’issue de ces conflits, notamment quand elles ont été déplacées, réfugiées maltraitées ou mutilées par des mines antipersonnel.  Ces besoins doivent être pris en compte dans l’évaluation des besoins d’un pays pour sortir définitivement d’un conflit, a-t-il ajouté, avant de souligner que les femmes doivent par ailleurs devenir des moteurs importants pour la paix et la sécurité dans leur communauté.  L’implication des femmes dans les processus de prise de décisions dès le départ devrait ultérieurement leur assurer une meilleure participation dans les efforts de développement, a encore estimé le représentant.  M. Olinger a appelé les États Membres à faire preuve de volonté politique pour pleinement mettre en œuvre la résolution 1325, en insistant sur la lutte contre l’impunité et en traduisant devant les tribunaux compétents les personnes soupçonnées de crime envers les femmes.  Le Conseil de sécurité pourrait aider les États Membres dans leurs efforts de mise en œuvre de la résolution 1325, en instaurant, comme le recommande M. Ban Ki-moon, un mécanisme de suivi clair, continu et exhaustif qui permette d’examiner les progrès accomplis. 


M. HENRY-PAUL NORMANDIN (Canada) a rappelé que les besoins des femmes et des filles dans les situations postconflit sont spécifiques et trop souvent négligés.  Les auteurs de violences sexuelles, qui prévalent dans les pays sortant de crise, agissent souvent en toute impunité du fait de la faiblesse, de la partialité ou de la corruption des systèmes de justice et d’application de la loi, a-t-il ajouté.  « Désormais, a poursuivi M. Normandin, nous disposons d’un important corpus de recherche qui vient confirmer ce que nous avons toujours su: l’instauration d’une paix durable comme le rétablissement et le développement dans les pays sortant d’un conflit exige la participation utile des femmes ».  Pour le représentant, il faut aussi traiter en priorité les questions soulevées par les femmes dans les programmes de consolidation de la paix, de rétablissement et de développement.  Mais seule « une voix forte et soutenue » permettra aux femmes en situation d’après conflit « d’échapper au statut de victime et d’infléchir favorablement le cours des événements », a-t-il ajouté.


M. Normandin a affirmé que le Secrétariat de l’ONU, les États Membres et les médiateurs de paix ont la responsabilité commune de veiller à ce que la proportion de femmes dans le processus de paix, actuellement de 7%, augmente.  Il a souhaité que le Conseil de sécurité et le Secrétariat veillent à ce que des femmes soient systématiquement incluses dans tous les processus de paix, officiels ou non.  Il a estimé que les résolutions 1820 et 1888 décrivaient une série de mesures concrètes à prendre pour contrer plus systématiquement les violences sexuelles.  Le représentant s’est félicité de l’appel à la nomination d’un représentant spécial du Secrétaire général chargé d’assurer une direction stratégique dans cette lutte.  Il a également accueilli favorablement les recommandations du Secrétaire général dans son dernier rapport sur la mise en œuvre de la résolution 1325 et, notamment, sa proposition de créer un mécanisme de suivi et de responsabilisation.


À l’occasion du dixième anniversaire de son adoption, il faudra procéder à un examen approfondi de la mise en œuvre de la résolution 1325, a estimé M. Normandin, qui a fait état de « réalisations remarquables » obtenues grâce à de nombreux intervenants dévoués, y compris les organisations de la société civile.  Toutefois, a-t-il ajouté, aucun fonctionnaire de l’ONU n’a encore été chargé expressément de soutenir cette résolution.  Relevant qu’il existe actuellement 13 conseillers pour la parité entre les sexes affectés à des opérations de maintien de la paix, y compris les missions intégrées, le représentant a affirmé qu’il devrait y en avoir un par mission.  Il a estimé que la CCP est « porteuse de grands espoirs » pour l’implication des femmes et des filles dans la conception et la mise en œuvre des stratégies postconflit.  Les quatre pays inscrits à l’ordre du jour de la CCP ont adopté des stratégies en ce sens, a-t-il rappelé, même s’il reste difficile à la Commission d’évaluer réellement ces engagements.


M. Normandin a rappelé que le sentiment d’impunité dont jouissent les auteurs de violences sexuelles contribue à perpétuer le cycle de la violence.  Il a donc réitéré l’appel contenu dans la résolution 1888 concernant la mise sur pied d’une équipe à déploiement rapide composée d’experts en violences sexuelles et a proposé que le mécanisme d’intervention rapide au service de la justice soit envisagé comme moyen de donner suite à cet appel. 


M. MORTEN WETLAND (Norvège) s’est déclaré convaincu que lorsqu’il y avait volonté politique, il était possible de faire changer les choses, précisant que les femmes participant aux processus décisionnels faisaient souvent la différence.  Dix ans après l’adoption de la résolution 1325, il est temps que la communauté internationale démontre une telle volonté afin de pouvoir résoudre les défis qui subsistent en matière de promotion des femmes, de paix et de sécurité.  Les femmes doivent être reconnues non seulement comme victimes de guerre mais aussi comme des agents de la paix et de la sécurité, a ajouté le représentant.  « Nous appuyons l’appel du Secrétaire général de mettre d’urgence sur pied un mécanisme de suivi de la mise en œuvre de la résolution 1325.  Le représentant a poursuivi en estimant qu’un tel mécanisme devrait être doté d’indicateurs clairs, concernant notamment la participation des femmes à tous les niveaux du maintien et de la consolidation de la paix et de la médiation et des négociations dans les situations postconflit. 


Mme ANNE ANDERSON (Irlande) a déploré que le sujet de la place des femmes dans les conflits soit largement sous-estimé par beaucoup de commentateurs et analystes.  Suivant la direction donnée par le rapport du Secrétaire général qui met en exergue l’importance des plans nationaux, l’Irlande développe actuellement son plan d’action national, a indiqué sa représentante.  « Nous nous sommes engagés dans une démarche qui s’inspire des expériences de femmes et d’hommes de pays se relevant de conflits, a déclaré Mme Anderson.  « Nous travaillons en ce moment en partenariat avec le Libéria et le Timor-Leste au sein d’un processus tripartite d’échange de données d’expérience. »  À travers cette collaboration, le but de l’Irlande est de s’assurer des changements réels et rapides pour les femmes qui ont connu l’expérience de la guerre et qui peuvent être par la suite des actrices du processus de construction de l’État et de la paix.  La représentante de l’Irlande a proposé que l’ONU mette en place un « guichet unique » offrant conseils et assistance aux États Membres qui établissent leurs plans nationaux.  Mme Anderson a suggéré que l’Équipe spéciale interinstitutions sur les femmes, la paix et la sécurité soit identifiée comme point focal.  Elle a proposé la mise en place de points focaux à l’échelle nationale.


M. GIAN LORENZO CORNADO (Italie) a déploré que les violences sexuelles soient utilisées comme armes de guerre en toute impunité.  Il faut mettre fin à la nature déshumanisante de ces violences, a-t-il ajouté.  Lors du Sommet du G-8 en septembre dernier, a-t-il rappelé, une réunion a été tenue sur ce sujet à Rome, au cours de laquelle les participants se sont engagés à mettre en œuvre les résolutions 1325 et 1820.  Le représentant a estimé que l’adoption de la résolution 1820 a été fondamentale et a bien montré en quoi les violences sexuelles contre les femmes constituaient une menace au maintien de la paix et la sécurité internationales.  L’Italie est fière d’avoir contribué à ce texte qui a ouvert la voie aux résolutions 1888 et 1889, a ajouté le représentant, qui a souhaité que le futur représentant spécial du Secrétaire général contre les violences sexuelles fasse preuve de leadership.


La protection des femmes ne constitue qu’un volet de la résolution 1325, a rappelé le représentant.  Le texte insistait aussi sur le rôle potentiel des femmes dans la paix.  Il nous faut aujourd’hui veiller à la participation des femmes à tous les niveaux des processus de paix, et la résolution 1889 représente un pas en ce sens, s’est félicité le représentant.  Il ne s’agit pas seulement de savoir combien de femmes participent à ces processus de prise de décisions, mais aussi de veiller à ce que leurs besoins soient mieux considérés, a-t-il dit.  M. Cornado a également souhaité qu’il y ait davantage de femmes dans les opérations de maintien de la paix.  Le représentant a enfin rappelé que son pays avait financé plusieurs projets de l’UNIFEM en Afrique de l’Ouest.


Mme K. TAJ (République-Unie de Tanzanie) s’est dit préoccupée par le fait qu’en dépit des mesures prises en vertu de la résolution 1325, sa mise en œuvre demeure toujours limitée, et les femmes et filles continuent à souffrir des affres de la guerre, en particulier des effets des violences sexuelles dévastatrices et de celles basées sur la parité entre les sexes.  Il a dit espérer que la nomination d’un représentant spécial chargé de cette question renforcerait le combat de l’ONU contre ces horribles actes de violence contre les femmes.  Le représentant qui a, par ailleurs, défendu l’accès des femmes et des filles à l’éducation et à la santé, droits fondamentaux de chaque être humain, a condamné fermement les parties qui, dans des conflits, détruisent les écoles et les infrastructures de santé.  « Le Conseil de sécurité doit prendre des sanctions ciblées contre les auteurs de telles actions », a-t-il suggéré. 


La participation des femmes est importante pour légitimer le processus de prise de décisions, a souligné Mme Taj, qui s’est dite convaincue que le changement positif dans la vie des femmes et des filles passe à la fois par la mise en œuvre des résolutions 1325, 1820 et 1888, et par la réalisation des objectifs ambitieux de la Plateforme de Beijing et des principes énoncés par la Convention sur l’é1imination de toutesles formes de discrimination à l’égard desfemmes.  Elle a insisté sur la nécessité de faire participer les femmes au processus de paix et de renforcer leur capacité aux niveaux social, politique et économique. 


Mme HEIDI GRAU(Suisse) a mis l’accent sur la nécessité d’améliorer la diffusion genre dans les aspects des politiques étrangères des États Membres, y compris dans les programmes de promotion de la paix et de coopération dans le domaine du développement.  En tant que pays ayant mis en place un plan d’action de mise en œuvre de la résolution 1325, la Suisse se réjouit d’échanger ses expériences avec d’autres pays et partenaires, a-t-il dit.  Elle a également indiqué qu’en tant que membre du Groupe des amis de la résolution 1325, la Suisse soutiendrait activement les préparatifs du dixième anniversaire de l’adoption de la résolution, dont il a souhaité qu’il soit célébré l’an prochain par une réunion au sommet du Conseil de sécurité.  Mme Grau a également noté que le Conseil qui dispose déjà d’excellents instruments, devrait s’efforcer d’inclure la question de la parité entre les sexes sous tous ses aspects dans l’ensemble des mandats des opérations de maintien de la paix.  Le Conseil doit faire une utilisation cohérente du régime de sanctions et établir une unité de la parité entre les sexes forte et de haut niveau, autant de moyens d’améliorer la mise en œuvre de la résolution 1325.  La représentante a, enfin, préconisé d’ajouter au régime de la protection des femmes un volet consacré à la prévention. 


M. KIM BONGHYUN (République de Corée) a estimé, à l’instar du Secrétaire général, que des progrès avaient déjà été accomplis dans la mise en œuvre de la résolution 1325 durant ces neuf dernières années, citant en exemple la collaboration et la coopération entre les entités du système des Nations Unies en vue de l’établissement de plans et de stratégies dans des situations postconflit.  Le rapport du Secrétaire général, a-t-il ajouté, relève également un nombre de difficultés dans la mise en application de cette résolution, comme la violence sexuelle.  Il s’est félicité à cet égard de l’adoption de la résolution 1888 qui demande au Secrétaire général de nommer un représentant spécial du Secrétaire général sur la question.  La participation des femmes au processus de paix, qui est l’un des principes cardinaux de la résolution 1320, demeure faible, a-t-il noté, appelant le Secrétariat à augmenter le nombre de femmes aux postes de responsabilité, particulièrement dans les opérations de maintien de la paix de l’ONU.


M. Kim a aussi évoqué comme difficulté persistante, les déficits en ressources financières constatés dans les fonds destinés à répondre aux besoins des femmes.  « Moins de 3% des 17 000 projets examinés par l’UNIFEM, et ayant fait l’objet d’appels éclairs et consolidés dans le cadre de 23 situations de postconflit étaient spécifiquement destinés aux femmes », a-t-il mentionné pour appuyer son propos.  Il a conclu en appelant les entités des Nations Unies à faire plus en faveur des femmes à travers la réalisation des projets à effet rapide.  Il a cependant rappelé que la mise en œuvre de la résolution 1325 dépendra largement de la capacité du système des Nations Unies à poursuivre l’égalité entre les sexes et le renforcement des capacités des femmes.


Mme LULAMAH RULUMENI (Afrique du Sud) a souligné que si les femmes pendant les conflits sont les premières victimes des violences, elles demeurent des partenaires actifs du changement et jouent un rôle déterminant dans les phases de relèvement et de réintégration.  Les femmes tiennent également une part active dans la promotion de la démocratie et de la réconciliation nationale dans les sociétés postconflit, a-t-il ajouté.  Le représentant a indiqué qu’en Afrique, l’Union africaine et les organisations sous-régionales étaient pleinement engagées dans la prévention et le règlement des conflits; l’Union africaine s’attachant dans ce contexte à encourager activement la participation des femmes dans le maintien et la consolidation de la paix.  Mme Rulumeni a aussi attiré l’attention sur l’importance du Traité de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) et son Protocole sur la parité entre les hommes et les femmes et le développement, établi le 17 août 2008.  Il s’agit là d’une étape importante vers l’autonomisation des femmes, l’élimination de la discrimination et la réalisation de la parité entre hommes et femmes, a-t-il dit, ajoutant que le Protocole insistait sur la nécessité, dans le contexte des sociétés postconflit, de traduire en justice les auteurs de violences sexuelles.  Le représentant a appelé tous les États Membres à mettre en place des plans d’action nationaux pour appuyer la pleine application de la résolution 1325.


M. ANTHONY SEKUDO(Nigéria) a salué l’initiative du Gouvernement indien de déployer, « avec le succès que l’on sait », des contingents de femmes au Libéria, ce qui a notamment permis aux femmes de ce pays de participer activement aux activités de sécurisation des forces nationales, mais aussi de dénoncer les auteurs de crimes sexuels.  Le représentant a estimé que des efforts de cette nature étaient indispensables pour réaliser pleinement les objectifs prévus par les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.  Il a ensuite exhorté tous les États Membres à mettre en place, comme le recommande instamment le Secrétaire général, des plans d’action pour accélérer ce processus de mise en œuvre et permettre aux sociétés de pouvoir bénéficier « enfin » des contributions positives des femmes et des filles au développement économique et social.


M. JARMO VELI TAPIO VIINANEN(Finlande) a rappelé qu’une paix durable nécessite plus que la simple absence de violence et a ajouté que les femmes, après un conflit, sont souvent le plus à même d’identifier les besoins essentiels de leur communauté.  Pourtant, elles sont trop souvent laissées à l’écart des négociations de paix et de leur suivi, a regretté le représentant, qui a affirmé que son pays met l’accent sur le droit des femmes à participer pleinement à la reconstruction après les conflits.


Il ne suffit pas de veiller à ce que les femmes soient présentes à la table des négociations, a ajouté M. Viinanen, qui a préconisé d’établir des normes concernant la participation des femmes comme des hommes dans les processus d’après conflits.  Il faut en outre s’assurer que les femmes sont en mesure d’utiliser leurs compétences potentielles, a poursuivi le représentant, qui a appelé que son pays avait, avec le Libéria, organisé en mars, à Monrovia, un colloque international sur l’autonomisation des femmes, le leadership, le développement et la paix.  Il nous faut désormais une nouvelle approche de la sécurité et du développement qui assure aussi l’autonomisation des femmes et les place au centre des politiques économiques et sociales, comme des processus de prise de décisions, a poursuivi le représentant.


M. Viinanen a rappelé que, dans toute l’histoire des Nations Unies, seulement sept femmes ont servi comme représentantes spéciales du Secrétaire général sur le terrain et qu’aucune n’a jamais été nommée négociatrice en chef d’un processus de paix conduit par les Nations Unies.  Cela doit changer, a-t-il ajouté, car les Nations Unies doivent donner l’exemple.  En même temps, il a félicité le Secrétaire général pour les efforts qu’il mène actuellement en ce sens.  Le représentant a salué la décision unanime de l’Assemblée générale de créer l’« entité composite », et a souhaité que cette nouvelle structure fonctionne d’ici à mi-2010.  Il a rappelé qu’il restait encore beaucoup à faire pour assurer la pleine mise en œuvre de la résolution 1325.  L’adoption, le 30 septembre dernier, de la résolution 1888, marque une étape importante en prévoyant, notamment, la nomination d’un représentant spécial du Secrétaire général sur les violences sexuelles dans les conflits armés.  Il s’est félicité que la nouvelle résolution fixe un calendrier pour la création de nouveaux indicateurs et a souhaité qu’elle soit complétée par un mécanisme de contrôle de sa mise en œuvre. 


M. VANU GOPALA MENON (Singapour) a noté qu’en dépit des efforts menés depuis 10 ans en faveur des « femmes, la paix et la sécurité », 70% des victimes de conflit sont les femmes et les enfants.  À son tour, il a mis l’accent sur la nécessité de répondre efficacement aux besoins des femmes et des filles au lendemain d’un conflit, dans les domaines essentiels que sont la sécurité physique, l’éducation, l’emploi, l’accès aux services de base et le renforcement de l’état de droit.  Il est impératif que la communauté internationale redouble d’efforts pour autonomiser les femmes en incorporant davantage ces dernières aux activités de consolidation de la paix et à la planification des efforts postconflit, a déclaré M. Menon.  De l’avis de sa délégation, l’ONU doit donner l’exemple en incluant la question du genre dans les mandats de ses fonds et programmes et en encourageant activement la participation des femmes dans toutes ses missions politiques spéciales, de maintien et de consolidation de la paix.  La seule présence sur le terrain de militaires, policiers et Casques bleus civils femmes a un effet positif dans les communautés locales, où les jeunes les considèrent comme des références, a fait observer le représentant de Singapour. 


M. JOSÉ FILIPE MORAES CABRAL (Portugal) a rappelé que l’adoption de la résolution 1325 avait constitué un tournant en matière de protection des droits de l’homme.  Ce texte, a-t-il affirmé, insiste sur l’autonomisation des femmes mais a aussi démontré que ces dernières avaient un rôle à jouer dans les situations de conflit, qui ne se limite pas à celui de victimes.  Elles ont également un rôle à jouer dans les efforts en faveur de la paix.  Le représentant s’est dit convaincu que la participation des femmes dans les processus de prise de décisions a des effets positifs sur la mise en œuvre des objectifs du Conseil de sécurité.  En même temps, a-t-il ajouté, il faut mettre en place des politiques qui considèrent la promotion des rôles politique, économique et social de la femme dans les situations postconflit. 


En effet, si les femmes sont les principales victimes des conflits, elles sont aussi, pendant ces conflits les principaux pourvoyeurs des moyens de subsistance des familles.  Il faut donc profiter ensuite de l’expérience qu’elles ont acquise.  M. Moraes Cabral a expliqué que son pays élaborait actuellement un plan d’action pour mettre en œuvre la résolution 1325, qui prévoit de renforcer la participation et la représentation des femmes dans tous les efforts de promotion de la paix et de la sécurité.  Ce plan prévoit ainsi de promouvoir les questions de parité entre les sexes dans les secteurs de la sécurité comme le maintien de la paix ou la réforme du secteur de sécurité, la justice et l’aide au développement, ou encore de renforcer la protection des femmes et filles dans les situations postconflit.


M. JON ERLINGUR JONASSON (Islande) a déclaré que la sensibilisation à la question des « femmes, la paix et la sécurité » devrait être sans cesse menée par la communauté internationale, au sein du système de l’ONU, par les États Membres et dans les sociétés sortant d’un conflit elles-mêmes.  Il a ensuite mis l’accent sur la nécessité de renforcer et clarifier l’architecture onusienne en matière de parité entre les sexes, ce qui sera rendu possible par la création d’une entité spécialisée telle qu’envisagée par la résolution 63/311 de l’Assemblée générale.  Pour M. Jonasson, le 10ème anniversaire de l’adoption de la résolution 1325 pourrait être un coup d’accélérateur à la pleine mise en œuvre de ce texte historique, dont il a souhaité que le Secrétaire général souligne le volet responsabilité auprès des responsables des Nations Unies.  Plus de femmes devraient être nommées aux postes de décision, a-t-il plaidé à son tour, afin d’éviter que la question de la parité entre les sexes ne soit reléguée à l’arrière-plan des préoccupations de la communauté internationale.  Le représentant islandais a également demandé aux États Membres d’adopter sans délai des plans d’action pour accélérer la pleine application de la résolution 1325.  Il a, lui aussi, souligné la nécessité que le Conseil de sécurité mette sur pied un mécanisme clair et efficace de suivi de la mise en œuvre de ce texte. 


M. GARY QUINLAN (Australie) a appuyé les recommandations du Secrétaire général dans son rapport sur les femmes, la paix et la sécurité.  Il a estimé que l’organisation d’un grand événement à l’occasion du dixième anniversaire de l’adoption de la résolution 1325 permettrait de dresser un bilan de sa mise en œuvre, et de capitaliser sur la base de l’élan récemment observé pour accélérer son application.  Les violences sexuelles ne doivent pas être tolérées, a-t-il souligné, se félicitant à cet égard de l’adoption de la résolution 1888.  Il s’est dit profondément préoccupé par les informations faisant état de viols et autres violences sexuelles graves au Myanmar.  Il a ajouté que l’absence de mécanismes judiciaires et institutionnels solides dans les situations postconflit représente un grave défi. 


M. Quinlan a jugé essentielle la promotion de la femme dans les situations postconflit.  Il faut veiller à ce que les femmes participent à tous les stades des processus de négociations afin d’insister sur leurs besoins et priorités, a-t-il ajouté.  Le représentant a également insisté sur l’importance de la participation des femmes aux processus électoraux, et a cité comme « un précédent utile » le cas du Timor Leste à l’occasion des élections aux conseils locaux en début d’année.  M. Quinlan a par ailleurs appuyé les observations du Secrétaire général en faveur d’un meilleur système de collecte de données pour surveiller les progrès et identifier les carences dans l’autonomisation des femmes.  Il a également appuyé les dispositions de la résolution 63/311 de l’Assemblée générale ainsi que la création d’une entité composite chargée des questions concernant les femmes.  Le représentant a souligné que les capacités des femmes à consolider la paix doivent être soutenues, en particulier quand les femmes elles-mêmes se mobilisent pour promouvoir la paix et la réconciliation au sein de leur communauté.  Il a rappelé que l’Australie a établi un partenariat en faveur du développement de telles capacités avec divers pays d’Asie et du Pacifique et a conclu en insistant le rôle essentiel des organisations de la société civile.   


M. MAGED A. ABDELAZIZ (Égypte) a souligné le lien entre développement, paix et sécurité.  Dans ce cadre, garantir la sécurité des femmes nécessite le renforcement des capacités des Nations Unies pour régler tous les aspects des questions à son ordre du jour.  Il a ainsi estimé que l’adoption, le 30 septembre dernier, de la résolution 1888, qui établit la création d’un poste de représentant spécial du Secrétaire général chargé des questions de violences sexuelles pendant les conflits, constitue un pas dans la bonne direction.  Il a ensuite déclaré que l’élargissement des mandats de maintien de la paix devait comporter des dispositions claires sur la protection des femmes contre les violences sexuelles pendant les conflits et sur l’autonomisation des femmes et leur participation aux processus de décision.  Cela s’applique à la Commission de consolidation de la paix, a ajouté le représentant, ainsi qu’à toutes les institutions, fonds et programmes des Nations Unies qui, aux côtés de la société civile, doivent œuvrer de concert au renforcement de la protection des femmes et à l’amélioration de leur condition d’existence, seul moyen de permettre leur participation à la paix et au développement. 


M. PALITHA KOHONA (Sri Lanka) a déclaré que l’autonomisation des femmes est un des meilleurs moyens d’assurer leur protection.  Il a rappelé que son pays avait ratifié la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDAW), il y a 28 ans, et avait adopté une législation proactive en faveur des femmes, dont les droits sont garantis, même dans la Constitution nationale.  Le Sri Lanka, qui a un ministère pour les questions des femmes, punit sévèrement le viol, les auteurs sont passibles d’une peine allant jusqu’à 20 ans d’emprisonnement, a-t-il ajouté.


Rappelant que son pays avait mis fin, en mai, à un conflit de 27 ans par la défaite d’un « groupe terroriste », le représentant a affirmé que les Forces sri-lankaises de sécurité avaient fait preuve durant cette campagne du plus haut degré de discipline.  Il s’est dit fier que le Sri Lanka ne figure pas, dans le rapport du Secrétaire général, sur la liste des États dont les forces de sécurité ont commis des violences sexuelles graves contre les femmes et les filles.  Il n’y a pas eu d’allégations de viols contre nos forces durant cette campagne, a-t-il insisté, avant d’estimer que cet état de fait pouvait être attribuable à l’action du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) et à la rapidité avec laquelle les autorités ont réagi face à chaque cas allégué.  Il a appelé que six soldats impliqués dans le viol d’une jeune fille de 16 ans en 1996 avaient été rapidement arrêtés, puis condamnés à la prison à vie.  Il a vu, dans cet exemple, le caractère dissuasif de mesures prises rapidement.  Le représentant a profondément regretté dans ce contexte que l’on ait parfois cité le Sri Lanka comme un pays où le viol serait utilisé comme arme de guerre.  Même les terroristes des Tigres de l’Eelam Tamoul (LTTE), malgré leur tendance à exagérer des incidents pour les besoins de leur propagande, n’ont fait aucune allégation de ce genre lors de la campagne finale des forces de sécurité sri-lankaises, a affirmé M. Kohana.  


M. JAN GRAULS (Belgique) a déclaré que si la lutte contre les violences sexuelles était une chose, la question plus large du rôle des femmes et de leur place dans les processus de négociation de paix, de consolidation de la paix et de reconstruction en était une autre.  La résolution 1325 est, et doit rester aux yeux de la Belgique, l’instrument clef qui détermine notre action en la matière, a-t-il ajouté.  La communauté internationale, en ce qui concerne la mise en œuvre de cette résolution, n’a vraiment pas de quoi être fière, a regretté M. Grauls.  Après avoir salué les progrès accomplis grâce notamment à la Commission de la condition de la femme, il a indiqué que force était de constater que, sur le terrain, la situation des femmes qui vivent dans les pays en proie à des conflits ou qui viennent d’en sortir ne s’est pas réellement améliorée depuis l’adoption de la résolution 1325. 


Pour le représentant de la Belgique, à un an du dixième anniversaire de la résolution, il faut combler le fossé qui existe entre les programmes imaginés par l’ONU et leur financement et leur mise en œuvre sur le terrain.  Il a ainsi préconisé l’augmentation du nombre de femmes dans les équipes de médiation des Nations Unies, la nomination d’une médiatrice en chef et l’inclusion au sein du Département des affaires politiques d’une conseillère chargée de la parité entre les sexes.  « Nous devons aussi allouer suffisamment de ressources aux programmes destinées aux femmes », a poursuivi M. Grauls, qui a également appelé à la nécessité d’appuyer la présence grandissante des femmes Casques bleus et des femmes agents et officiers de police dans les missions de maintien de la paix.  À son tour, il a souligné l’importance et l’utilité de développer des plans d’action nationaux pour la mise en œuvre de la résolution 1325.  La Belgique est fière d’annoncer qu’elle s’est pourvue d’un tel plan d’action l’année dernière, et elle est prête à partager son expérience avec tout État Membre qui le souhaite, a indiqué M. Grauls. 


M. ERIK HOEGG (Danemark) a, au nom de l’Union européenne, applaudi la récente décision du Secrétaire général de créer une entité des Nations Unies pour l’égalité des sexes.  « J’espère, a-t-il déclaré, que cette entité apportera les améliorations dont ont besoin les Nations Unies, y compris dans le domaine de la paix et de la sécurité internationale ».  Revenant sur le rapport du Secrétaire général sur les femmes la paix et la sécurité, il a réaffirmé que le lien entre l’impact de la guerre sur les femmes, et la possibilité de se servir du potentiel féminin dans les négociations de paix et la reconstruction est l’objectif final de la résolution 1325.  Le renforcement du pouvoir, le respect des droits de femmes sont des conditions préalables pour une paix viable et pour un développement démocratique stable, a-t-il poursuivi.  « Nous devons, a-t-il déclaré, parvenir à une participation active des femmes dans la réalisation de la paix et la construction.  Nous devons aussi améliorer la reconnaissance des besoins spécifiques des droits des femmes et des filles, avant, pendant et après les conflits armés.  Nous devons assurer la protection des filles et des femmes contre la violence, y compris le viol et abus sexuel et mettre fin à l’impunité concernant ces crimes », a déclaré M. Hoegg, en énonçant les trois objectifs de son gouvernement pour la mise en place de la résolution 1325 du Conseil de sécurité.


Sur le plan national, le représentant du Danemark a indiqué que son pays avait réactualisé son Plan national d’action.  Le nouveau plan danois, a-t-il dit, met l’accent sur le potentiel inutilisé des femmes, en impliquant les femmes sur une base d’égalité dans les processus de consolidation de la paix et dans la prise de décision à tous les niveaux.  La résolution 1325 ne doit pas servir de détour.  Elle doit s’appliquer, a-t-il insisté.  C’est la responsabilité des Nations Unies et des gouvernements d’améliorer la visibilité des résultats des initiatives prises pour s’assurer de l’impact des résolutions  sur le rôle et le statut des filles et femmes dans les conflits, a-t-il conclu.


M. ZAHIR TANIN (Afghanistan) a rappelé que le sort des femmes afghanes était devenu un sujet d’attention lorsque les Taliban avaient pris le pouvoir.  En ce sens, le renversement du régime des Taliban est apparu comme une libération pour les femmes.  La communauté internationale et l’Afghanistan se sont alors mutuellement promis que ce qui avait existé sous le régime des Taliban ne se reproduirait plus jamais.  Plus important encore, a ajouté le représentant, l’Afghanistan a fait cette promesse aux femmes afghanes.  M. Tanin a affirmé que, depuis huit ans, l’Afghanistan fait de son mieux pour respecter cette promesse.  Il a rappelé que son pays a adhéré à la Convention pour l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes, et s’est engagé pour les Objectifs du Millénaire pour le développement.  En outre, la Constitution afghane garantit aux femmes des droits égaux à ceux des hommes, ainsi qu’une représentation au sein du Gouvernement.  Les femmes afghanes ont pu constater une amélioration importante de leurs conditions de vie, a ajouté le représentant, qui a cité un meilleur accès à l’éducation, aux soins et aux infrastructures de base. 


Les femmes afghanes jouent désormais un rôle important dans la vie sociopolitique, a poursuivi M. Tanin, qui a rappelé que plusieurs avaient rang de ministre, deux femmes étaient candidates à la dernière élection présidentielle, 60 000 femmes ont été formées pour préparer et suivre le scrutin, et plus de deux millions de femmes se sont déplacées aux urnes.  Pourtant, les femmes afghanes ne jouissent pas de la sécurité, a poursuivi M. Tanin.  Il en a rendu responsables les Taliban qui, a-t-il ajouté, prennent les civils pour cibles, et notamment les femmes et les filles, afin de leur interdire l’accès aux services de base.  Ces dangers contraignent les femmes à rester confinées chez elles, a-t-il déploré.  M. Tanin a en outre rappelé que « l’extrémisme » justifiait et protégeait divers crimes contre les femmes, y compris les violences sexuelles et les mariages forcés.  Tout en reconnaissant que la faiblesse des institutions afghanes limitait la capacité du Gouvernement à protéger efficacement les femmes, M. Tanin a insisté sur l’engagement de son gouvernement en faveur des femmes.


M. ROBERT GUBA AISI (Papouasie-Nouvelle-Guinée), revenant sur l’expérience de conflit de son pays sur l’île de Bougainville, a observé que durant l’étape préconflit, la voix des femmes devrait être écoutée afin de déterminer la nature et le degré d’imminence d’un conflit, en vue d’empêcher des sociétés de sombrer dans une guerre.  Le représentant de la Papouasie-Nouvelle-Guinée a ajouté que la période suivant immédiatement la sortie d’un conflit offre « une fenêtre cruciale » pour assurer une application entière et effective de la résolution 1325 du Conseil de sécurité. 


De l’avis de M. Aisi, les États devraient disposer de références plus explicites à la mise en application de la résolution 1325.  Il faudrait aussi préciser dans quels domaines les femmes et les jeunes filles peuvent participer à cet effort.  Au niveau régional, le délégué de la Papouasie Nouvelle-Guinée a réclamé une application plus large du Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies relatif aux accords régionaux, particulièrement en ce qui concerne les dispositions de l’Article 52.  Avant de conclure, M. Aisi a souhaité que la question des violences faites aux femmes soit intégrée au débat sur les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).


M. JORGE ARGÜELLO (Argentine) a déclaré que son pays a progressé dans la mise en œuvre de la résolution 1325 et qu’il procède actuellement à l’élaboration d’un plan national pour intégrer ses dispositions ainsi que celles de la résolution 1820 sur la violence sexuelle contre les femmes dans les conflits armés.  La participation des femmes dans le processus de reconstruction après conflit peut s’analyser à la fois dans le cadre des Nations Unies et de la perspective de l’État, a-t-il expliqué.  Dans le premier cas, il faut intégrer la question du genre dans toutes les étapes de planification des activités organisées sur le terrain pour la reconstruction et la consolidation de la paix.  Il a donc appelé à améliorer les systèmes d’information des diverses institutions et programmes de l’ONU.  Parallèlement, il a souligné l’importance de la collaboration des États Membres pour augmenter la participation des femmes sur le terrain, dans le civil comme dans l’armée ou la police.  L’autonomisation des femmes est un élément essentiel pour les faire participer à la reconstruction, a ajouté M. Argüello.  Il faut s’assurer que les femmes aient accès aux instances qui leur garantissent la jouissance de leurs droits et qu’elles bénéficient d’une meilleure éducation et formation afin de pouvoir prendre leur place au sein des nouvelles institutions, a-t-il aussi indiqué.  Le représentant a enfin appelé à faire cesser la violence sexiste et parlé d’un atelier, organisé par l’Argentine en collaboration avec le Fonds de développement des Nations Unies pour la femme (UNIFEM), sur la question de la parité entre les sexes et des droits de l’homme.


M. MARTY M. NATALEGAWA (Indonésie) a estimé que la communauté internationale devrait œuvrer sans relâche à l’amélioration du sort des femmes et des filles  pendant les conflits comme dans les phases de reconstruction.  « Toutefois, nos activités ne doivent pas être conduites en considérant ces groupes uniquement comme des victimes mais plutôt comme des acteurs centraux de la paix », a-t-il ajouté.  Les femmes devraient être en mesure de jouer un rôle actif dans la plupart des phases post-conflit, en participant, en amont et en aval, aux divers processus politiques et de consolidation de la paix.  Le représentant a ensuite appelé la communauté internationale à prendre en compte tous les besoins des femmes et des filles dans les situations post-conflit, en premier lieu leur sécurité physique, l’accès aux soins de santé et à l’éducation.  Il a par ailleurs demandé que les mandats des opérations de maintien de la paix soient alignés sur les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité sur les violences sexistes, qui doivent faire partie des efforts destinés à protéger les civils.


Mme OLHA KAVUN (Ukraine) a déclaré que son pays considérait l’autonomisation des femmes et l’égalité des sexes non seulement comme des objectifs importants, mais comme des moyens de réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement et comme des objectifs essentiels de développement.  Elle a rappelé que l’Ukraine était membre du Conseil de sécurité quand il a adopté en 2000 la résolution 1325, qui a représenté un tournant dans l’autonomisation des femmes.  Elle a apporté son soutien aux conclusions du rapport du Secrétaire général, dont elle a dit également partager les préoccupations.  La représentante a jugé honteux que les civils soient pris pour cibles dans les conflits armés.  Pourtant, malgré de nombreuses mesures adoptées par le Conseil de sécurité, les femmes continuent de figurer parmi les principales victimes de ces conflits, en particulier du fait des violences sexuelles, a poursuivi la représentante.  En outre, a-t-elle rappelé, les femmes forment la majorité des réfugiés et personnes déplacées.


La représentante s’est donc félicitée de l’attention particulière accordée par le Conseil de sécurité aux besoins spécifiques des femmes dans les conflits armés quand il s’agit d’agir pour promouvoir la paix et la sécurité.  Il est important que les rapports du Secrétaire général incorporent des perspectives sexospécifiques dans divers aspects de l’analyse des conflits et de leur résolution, a estimé la représentante.  Elle a également demandé que les personnels des Nations Unies envoyés dans des opérations de maintien de la paix reçoivent une formation appropriée sur la protection, les droits et les besoins spécifiques des femmes.  Les femmes ne devraient pas être considérées principalement comme des victimes dans les conflits, a poursuivi la représentante.  La communauté internationale doit utiliser le potentiel des femmes comme agents de diplomatie préventive, de maintien de la paix et de consolidation de la paix, a-t-elle ajouté.  La représentante a souhaité que les femmes soient plus nombreuses dans les opérations de maintien de la paix.  Leur présence peut favoriser la confiance de la population car elles sont perçues comme faisant preuve de compassion et plus désireuses de recourir à la réconciliation qu’à la force, a expliqué le représentant.  Elle a rappelé que l’Ukraine compte plusieurs femmes parmi les policiers et Casques bleus envoyés dans des opérations de maintien de la paix de l’ONU.    


M. HARDEEP SINGH PURI (Inde) a souligné le fait que la question « femmes, paix et sécurité » avait des implications à la fois interdépendantes et multidimensionnelles, ainsi que l’importance d’examiner ces questions au sein de l’Assemblée générale.  L’Inde, a ajouté le représentant, a toujours estimé qu’une plus grande participation des femmes dans les domaines de la prévention des conflits, des négociations pour la paix, du maintien de la paix et de la reconstruction postconflit était la condition sine qua non pour l’établissement d’une paix et d’une sécurité durables.  M. Puri a qualifié de modestes les accomplissements de l’ONU dans ce domaine, relevant notamment que les femmes représentent uniquement 8% des officiers de police de l’ONU et 2% du personnel militaire déployé dans le cadre de ses opérations de maintien de la paix. « Ma délégation croit fermement que l’ONU doit montrer la voie », a-t-il ajouté, avant d’indiquer que l’Inde avait contribué une unité aux opérations de maintien de la paix au Libéria, une unité constituée de 100 femmes.


Le représentant a ensuite salué les efforts déployés par le Secrétaire général pour intégrer la dimension sexospécifique au sein du processus de recrutement de l’ONU.  Il a ensuite indiqué que sa délégation regrettait profondément le fait que la communauté internationale ait à débattre à de nombreuses reprises du problème de la violence sexuelle faite à l’égard des femmes et des filles en période de conflit.  Ce comportement odieux doit être condamné sans équivoque et résolument, et les auteurs de ces actes de violence doivent être traduits en justice, a-t-il insisté.


M. SHEKOU TOURAY (Sierra Leone) a rappelé qu’il avait, le 7 août dernier devant le Conseil de sécurité, rappelé l’expérience tragique qu’avaient vécue les femmes et filles sierra-léonaises pendant la guerre civile qui a déchiré le pays pendant 10 ans.  La violence et de l’exploitation sexuelles avaient été utilisées comme tactique de guerre par les forces armées pendant cette période.  La Sierra Leone dispose aujourd’hui d’un ministère chargé des affaires des femmes et des enfants, et a adopté une politique nationale sur la parité entre les sexes et la promotion de la femme.  Dans les années qui ont succédé à l’Accord de paix Lomé et à la Conférence de Beijing, le statut de la femme dans les affaires publiques s’est élevé de façon notable aux niveaux national, régional et international, a-t-il noté.  Les femmes participent de plus en plus aux processus de prise de décisions en Sierra Leone et certaines ont été nommées à des postes ministériels, notamment au ministère des affaires étrangères. «  Nous avons aussi créé une institution chargée de promouvoir la question de la femme dans le secteur de la sécurité », a-t-il ajouté.  Le représentant a aussi parlé des programmes de formation organisés dans le pays pour les femmes candidates aux élections parlementaires ou locales.  « En 2001, nous avons mis en place une équipe spéciale pour les femmes en politique, mais cette action est maintenant paralysée en raison de difficultés financières », a-t-il indiqué.


M. Touray a également présenté les mesures prises par le Gouvernement sierra-léonais pour améliorer les services de santé pour les femmes.  De même, il a mentionné les mesures prises pour éliminer la disparité entre les sexes dans le domaine de l’éducation.  La scolarisation est maintenant gratuite et obligatoire, a-t-il précisé.  « Pour celles dont l’éducation a été interrompue par la guerre, nous avons modifié certains programmes scolaires pour cibler les enfants âgés de 10 à 15 ans et accélérer leur formation », a-t-il assuré.  Le représentant a aussi signalé d’autres mesures, comme la réunification des enfants avec leur famille après la guerre.  Une loi de lutte contre la traite d’êtres humains a en outre été promulguée.  Il a conclu en reconnaissant la nécessité de déployer davantage d’efforts pour que les femmes et les filles jouissent de leur droit à une vie sans discrimination, abus ni exploitation.  « Nous manquons encore de ressources humaines et financières », a-t-il indiqué, avant de remercier tous les partenaires de développement pour le soutien apporté à son pays.


M. FEODOR STARČEVIĆ (Serbie) rappelé que son pays avait coparrainé la résolution 1888, exprimant ainsi sa détermination à agir pour mettre pleinement en œuvre la résolution 1325 et toutes les résolutions adoptées en application de celle-ci.  Le représentant a rappelé que les groupes vulnérables, dont les femmes et les enfants, avaient été les plus affectés par les violences et les conflits armés en ex-Yougoslavie.  Aujourd’hui encore, a-t-il ajouté, la Serbie abrite plus de 90 000 personnes qui ont fui les pays voisins et plus de 200 000 personnes déplacées de sa province sud du Kosovo.  Beaucoup de ces personnes, a-t-il précisé, sont des mères seules, des filles ou des femmes âgées.  Il a souhaité un engagement plus important et plus visible de la communauté internationale dans la province du Kosovo, ainsi qu’une coopération régionale plus forte pour apporter à la question des personnes déplacées une solution durable.


Le processus de démocratisation de la Serbie reconnaît comme essentiels l’autonomisation des femmes et leur plein engagement dans les processus de prise de décisions, a déclaré M. Starčević.  Il a rappelé que les femmes occupent en Serbie certaines des plus hautes fonctions, telles que la présidence de l’Assemblée nationale, les ministères des finances ou de la justice, la présidence de la Cour constitutionnelle et celle de la Cour suprême.  La part des femmes dans le système judiciaire a également augmenté de manière significative, a-t-il ajouté, avant de préciser que des femmes juges traitent de dossiers aussi sensibles que les crimes de  guerre, la corruption ou la criminalité organisée.  Il a également mentionné un réseau très vivant d’organisations non gouvernementales dirigées par des femmes et qui se consacrent aux crimes de guerre, à la justice transitionnelle et à la réconciliation.


M. HERMANUS SCHAPER (Pays-Bas) a rappelé que le thème des femmes, la paix et la sécurité, recouvre deux aspects.  Le premier concerne les femmes et filles victimes de violences.  Comme les débats de la semaine dernière au Conseil de sécurité l’ont encore montré, ces violences sont souvent utilisées comme armes de guerre.  Ce qu’il nous faut ici, c’est un autre mode de gestion des crises, a estimé le représentant, qui a cité comme exemple l’organisation de patrouilles militaires entre les villages et les points d’eau au point du jour pour protéger les femmes qui vont chercher l’eau.  Il faut aussi être conscient que les formes les plus brutales d’agression contre les femmes peuvent constituer un signal d’instabilité, a ajouté M. Schaper.


Les femmes victimes d’un viol ont une voix, non pas seulement en tant que victimes, mais aussi en tant que citoyennes qui veulent participer directement à la prévention des conflits, au maintien de la paix et à la reconstruction après-conflit, a ajouté le représentant.  C’est la seconde dimension, celle de l’autonomisation des femmes.  C’est pourquoi, il s’est félicité de l’adoption des résolutions 1888 et 1889.  Elles donnent a-t-il estimé, plus qu’une voix aux femmes, par exemple dans le cadre des rapports de pays au Conseil de sécurité.  Ces textes nous donnent aussi des outils, a ajouté M. Schaper, qui a cité les indicateurs de mise en œuvre que le Secrétaire général est invité à présenter.  Ces derniers peuvent être très utiles pour suivre les progrès, a estimé le représentant.  M. Schaper s’est dit par ailleurs encouragé par les efforts de la Commission de consolidation de la paix et du Bureau d’appui à la consolidation de la paix pour systématiquement inclure les femmes dans leurs efforts et pour faciliter la participation des femmes aux processus de prise de décisions économiques et politiques dès le stade le plus précoce de la consolidation de la paix.


Le rôle de femmes dans la paix et la sécurité ne se limite pas aux pays affectés par des conflits, a fait remarquer M. Schaper.  Il a expliqué qu’une étude menée par les pays nordiques a montré que l’efficacité de la Force internationale d’assistance à la sécurité (FIAS) pour coopérer avec les populations  afghanes et pour gagner leur confiance s’améliore quand les forces armées incluent davantage de femmes.  L’incorporation de femmes dans les forces armées est un élément important, a-t-il estimé, avant d’expliquer que son pays et le Burundi coopèrent pour intégrer des éléments de la résolution 1325 dans les cours d’éthique dispensés aux forces de l’ordre burundaises.  M. Schaper a, par ailleurs, rappelé que le débat de ce jour doit aussi être examiné à la lumière de la résolution 63/311 de l’Assemblée générale.  Il a dit attendre des précisions sur la future entité composite et les modalités de sa coopération avec la personne qui assumera la fonction de représentante spéciale du Secrétaire général prévue par la résolution 1888, ainsi qu’avec la nouvelle secrétaire générale adjointe chargée des questions de la parité entre les sexes, dont il a souhaité voir rapidement la nomination.


M. DIEGO MOREJÓN (Équateur) a affirmé que son pays était engagé à combattre toutes les formes de discrimination et de violence faites aux femmes et a adhéré à tous les traités internationaux œuvrant dans ce sens.  Il a estimé qu’en adoptant sa résolution 1325 le Conseil de sécurité avait reconnu l’importance d’intégrer la perspective sexospécifique dans toutes les étapes d’un processus de paix.  M. Morejón a jugé urgent d’améliorer la collaboration entre les principaux organes du système des Nations Unies, en tenant compte de ce que l’Assemblée générale est l’organe universel chargé de fixer le cadre normatif qui guide les décisions de tous les États.  Ceux-ci doivent appliquer, de manière cohérente et systématique, le droit international et doivent combattre les obstacles à la réalisation des droits des femmes, a ajouté le représentant.


M. Morejón a affirmé que son pays a lancé depuis 2008 les bases d’une démocratie participative qui reconnaît dès le préambule de la Constitution les droits égaux des femmes, tout en établissant des traitements différenciés en faveur de celles qui ont le plus souffert des inégalités du fait de la tradition, de l’histoire, de la culture ou de leurs croyances religieuses.  Il a reconnu que les défis sont multiples: il existe une réalité qui doit être transformée, a-t-il déclaré, avant de réaffirmer la volonté de son gouvernement de collaborer avec la communauté internationale pour garantir le droit des femmes à une vie libérée de la violence, ainsi que leur pleine participation aux processus de négociations et de médiation, dans tous les aspects du maintien de la paix, de l’assistance humanitaire et de la reconstruction après-conflit.


Mme ILENIA MEDINA (Venezuela) a affirmé l’attachement de son pays au respect des droits de l’homme et des droits fondamentaux des femmes, ajoutant qu’il est favorable à l’élimination de toutes les formes de violences faites aux femmes, y compris les violences sexuelles.  Elle s’est dite préoccupée de voir le Conseil de sécurité s’emparer de thèmes qui relèvent, de l’avis de sa délégation, de l’ordre du jour de l’Assemblée générale et échappent à sa compétence.


Mme Medina a en outre fait part de sa préoccupation face à la possibilité pour le Conseil de sécurité de retarder indéfiniment des enquêtes de la Cour pénale internationale en utilisant l’article 16 du Statut de Rome, en particulier lorsque des « agents d’un État Membre permanent du Conseil de sécurité sont impliqués ».  La représentante a estimé qu’il s’agit là de la promotion de l’impunité pour des crimes graves commis contre des femmes et des enfants, ajoutant que sa délégation souhaitait alerter sur cette question l’ensemble des États Membres des Nations Unies.  


M. JAIRO MONTOYA PEDROZA (Colombie) a indiqué qu’en 2003, son pays avait adopté une stratégie visant à instaurer l’équité entre les sexes.  L’objectif est de mettre en place, aux niveaux local et régional, une politique d’émancipation des femmes au plan local par le biais de conseils communautaires de femmes, un lieu d’échange entre groupes des femmes et les représentants de départements.  Le représentant a poursuivi en indiquant que pour favoriser un développement social et économique fondé sur l’égalité entre les sexes, il faudrait rendre visible la situation des femmes et des filles, notamment parmi les populations autochtones.  C’est en ce sens, a-t-il dit, que la Colombie, aidée par l’Union européenne, a lancé son programme « Laboratoires de la paix » dans les régions les plus touchées par le fléau de la violence sexiste.  Le représentant a en outre souligné que les femmes, dans le cadre de ce programme, exécutaient elles-mêmes les programmes de développement et de prévention de la violence.  Il a ajouté que l’État colombien s’efforçait de faciliter l’accès des femmes à la justice, en particulier lorsqu’elles sont victimes de déplacements forcés et de violences par des groupes illégaux.  Il a conclu en rappelant que la Colombie attachait une importance particulière, en tant que membre du Groupe des amis de la résolution 1325, au renforcement des capacités et des droits des femmes colombiennes. 


M. JEEM LIPPWE (États fédérés de Micronésie) a déclaré, au nom des petits États insulaires en développement, que la nomination, en vertu de la résolution 1888 adoptée le 30 septembre dernier par le Conseil de sécurité, d’un représentant spécial du Secrétaire général sur la question des « femmes, la paix et la sécurité » permettra de fournir une approche plus coordonnée en la matière.  Il a souhaité que le mandat de ce responsable comporte un volet sur les implications en matière de sécurité, y compris des femmes et filles, des changements climatiques.  De l’avis de sa délégation, l’accent doit être mis sur la prévention des conflits liés au phénomène climatique.  « Nous avons dès l’an dernier signalé le lien entre ces deux éléments lors du débat du Conseil de sécurité sur les femmes, la paix et la sécurité et, depuis cette date, la résolution 63/281 de l’Assemblée générale a été l’occasion pour la communauté internationale de reconnaître pour la première fois cette corrélation », a-t-il estimé.  Le représentant a poursuivi en réaffirmant que les effets néfastes des changements climatiques sur la sécurité des sociétés entravaient, de fait, l’application de la résolution 1325 du Conseil de sécurité.  Si les Nations Unies répondent au défi climatique, elles auront alors la possibilité de vraiment prévenir l’éclatement des conflits et réduire la violence à l’égard des femmes, a conclu M. Lippwe. 


M. TETE ANTONIO, Observateur permanent par intérim de l’Union africaine, a salué le rapport du Secrétaire général ainsi que la résolution 63/311 de l’Assemblée générale, qui, a-t-il dit, marque une étape importante.  Le Conseil de sécurité, a-t-il souligné, doit soutenir les efforts du Secrétaire général.  M. Antonio s’est félicité que les célébrations du dixième anniversaire de l’adoption de la résolution 1325 coïncident avec le lancement de la Décennie de la femme africaine, décidée par l’Assemblée de l’Union africaine en janvier dernier.  M. Antonio a déclaré que l’Union africaine avait continué de mettre en place sa propre politique pour traiter des défis auxquels les femmes sont confrontées pendant et au lendemain des conflits armés.  Il a cité, parmi les mesures prises, le renforcement de la Commission de la femme africaine pour la paix et le développement et l’adoption d’une politique sur la parité entre les sexes par l’Assemblée de l’Union africaine.  Celle-ci, a-t-il expliqué, insiste sur la nécessité de renforcer le respect, l’égalité et la dignité humaine entre hommes et femmes et d’appliquer une politique de tolérance zéro envers les violences sexuelles de toutes sortes.  Cette politique, a ajouté l’Observateur permanent de l’Union africaine, appelle également à la mobilisation des femmes pour qu’elles participent aux médiations et autres processus de paix.


M. Antonio a rappelé le rôle joué par les femmes dans plusieurs processus de paix en Afrique, citant le Mozambique, l’Angola, la République démocratique du Congo (RDC), le nord de l’Ouganda, et les efforts en cours pour parvenir à une paix durable au Soudan et en Somalie.  Il a insisté sur la nécessité de renforcer ce processus et de veiller à tirer des enseignements du rôle que jouent les femmes.  En outre, a ajouté M. Antonio, l’Union africaine est elle-même confrontée au défi de l’intégration des femmes dans son architecture naissante de paix et de sécurité, d’une manière qui reflète notre vision du rôle des femmes dans la paix et la sécurité.  « Nous sommes déterminés à traiter cette question et comptons sur l’aide du Conseil de sécurité et de nos partenaires internationaux », a-t-il souligné avant de conclure.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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