CS/9696

Malgré des progrès, l’Afghanistan demeure confronté à des défis considérables, constatent de nombreux pays devant le Conseil de sécurité

30/06/2009
Conseil de sécuritéCS/9696
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Conseil de sécurité

6154e séance – matin & après-midi


MALGRÉ DES PROGRÈS, L’AFGHANISTAN DEMEURE CONFRONTÉ À DES DÉFIS CONSIDÉRABLES,

CONSTATENT DE NOMBREUX PAYS DEVANT LE CONSEIL DE SÉCURITÉ


Le Représentant spécial du Secrétaire général, M. Kai Eide, insiste sur la nécessité d’avoir une vision pour la période postélectorale


À moins de deux mois des élections présidentielle et provinciales qui, si elles sont libres, régulières et crédibles, constitueront un véritable jalon sur la voie de la prospérité et de la stabilité, l’Afghanistan demeure néanmoins confronté à des défis considérables, notamment en matière de sécurité et de développement, ont convenu aujourd’hui les États Membres invités à la table du Conseil de sécurité pour discuter de la situation dans ce pays.


« La situation actuelle en Afghanistan est certainement la plus complexe que la communauté internationale ait vécue jusqu’à présent », a ainsi déclaré le Représentant spécial du Secrétaire général, M. Kai Eide.  « Mais si elle est bien gérée, elle peut contribuer à mettre fin au conflit », a-t-il assuré.


M. Eide, qui présentait le rapport* du Secrétaire général sur « la situation en Afghanistan et ses conséquences pour la paix et la sécurité internationales », a souligné la nécessité d’avoir une « vision pour la période postélectorale ».  « Cette vision doit donner une direction claire et nous guider dans les prochaines années pour l’appui que nous assurerons au nouveau gouvernement. »  Il faut, a précisé le Représentant spécial, « une stratégie de développement qui permettra d’avancer d’une manière plus disciplinée et plus coordonnée et vers une plus grande appropriation nationale ».  De même, il convient d’avoir une « stratégie de sécurité qui accélère le renforcement des forces de sécurité afghanes et leur rôle dans la stabilisation du pays », ainsi qu’une « stratégie politique qui inclut un processus de paix crédible et inclusif respectant les droits de tous les Afghans et rassemblant tous les segments de la société ». 


M. Eide, qui est également Chef de la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA), a par ailleurs estimé que celle-ci avait besoin de ressources supplémentaires pour « remplir son mandat en matière de coordination des donateurs, répondre aux besoins en matière de renforcement des capacités institutionnelles et élargir sa présence dans le pays ».  « La seule façon de poursuivre les progrès de ces dernières années est de faire en sorte que les élections soient crédibles et légitimes », a expliqué, de son côté, le représentant de l’Afghanistan.  Il a en outre affirmé que, malgré les « progrès considérables » réalisés depuis 2001, des « défis redoutables » persistaient.  L’insécurité augmente et les efforts de développement demeurent « fragmentés, inefficaces et incomplets », a-t-il dit.  De même, la pauvreté s’est aggravée, tandis que la gouvernance, l’état de droit et la lutte contre la corruption restent faibles.  Cette situation exige une « attention soutenue de la part du Gouvernement et de la communauté internationale ».  « Pour relever ces défis, l’élan civil doit constituer l’ossature des priorités et des programmes de développement nationaux », a-t-il également affirmé.


Dans son rapport, le Secrétaire général note que « le premier semestre 2009 a vu trois changements d’orientation stratégique interdépendants se mettre en place en Afghanistan ».  « Le premier vise à privilégier les activités civiles », les moyens militaires ne pouvant « à eux seuls garantir une véritable réussite en Afghanistan ».  Le deuxième a pour objectif d’« axer les efforts sur la gouvernance et la fourniture de services au niveau infranational », tandis que le dernier cherche à « aligner les efforts internationaux sur des programmes gouvernementaux bien conçus touchant des secteurs clefs ».  « Tous ces changements ont une grande importance », ajoute M. Ban Ki-moon.  « Pour peu que l’on préserve les avancées encourageantes, il sera possible de voir la situation s’améliorer sensiblement en Afghanistan », écrit-il.  Le Secrétaire général demande ainsi à tous les membres de la communauté internationale d’« appuyer de tout leur poids les progrès accomplis de façon à maintenir la dynamique au cours de la période difficile à venir ».


La représentante des États-Unis a « vigoureusement » appuyé le travail de la MANUA.  Les partenariats progressent en matière de sécurité, a-t-elle affirmé, en assurant que son pays continuerait de jouer un rôle clef dans les domaines de la sécurité et le développement en Afghanistan.  L’objectif, a-t-elle rappelé, est de démanteler Al-Qaida et de renforcer la capacité du Gouvernement afghan à protéger sa population.


À l’instar des États-Unis, la plupart des pays ont estimé que le scrutin du 20 août constituait un « jalon dans l’histoire de l’Afghanistan ».  Ces élections, a insisté, par exemple, le délégué de la France, doivent être « transparentes, légitimes et crédibles ». 


Le Japon, appuyé ce sens par d’autres délégations, a également souligné l’importance que revêt, d’une manière générale, la prise en main par le Gouvernement et la population de l’Afghanistan de l’avenir du pays.  « Il faut s’éloigner d’une démarche fragmentaire et mettre au point une stratégie qui appartienne au peuple afghan, avec l’appui de la communauté internationale », a expliqué de son côté le représentant du Pakistan.  Il a ajouté que les paramètres d’une solution durable devraient inclure un dialogue régional.  « Il est nécessaire de laisser derrière nous la confrontation pour céder la place à la coopération », a-t-il déclaré.  Son homologue iranien a affirmé que les initiatives et réunions régionales et internationales, en particulier le Sommet trilatéral de Téhéran du 24 mai 2009, la Conférence de La Haye du 31 mars 2009 ou l’initiative de coopération conjointe de l’Iran et du Japon en Afghanistan, démontraient que des efforts sont effectués aux niveaux régional et international « pour soutenir le pays sur la voie de la paix, de la sécurité et du développement ».


Commentant la politique de rapprochement prônée par le Gouvernement afghan, le représentant de la Fédération de Russie s’est, quant à lui, élevé contre toute mesure contraire aux décisions du Conseil de sécurité, en particulier toute violation des sanctions imposées aux Taliban.  Le Gouvernement afghan, a-t-il dit, ne peut négocier qu’avec ceux qui ont déposé les armes, rompu les liens avec Al-Qaida et reconnu sa légitimité à la tête du pays.


Par ailleurs, les membres du Conseil ont rendu un hommage appuyé au représentant de la Turquie, M. Baki Ïlkin, qui présidait aujourd’hui pour la dernière fois le Conseil de sécurité tout en mettant un terme à une longue carrière diplomatique.  « Ces quatre années et demie aux Nations Unies et, en particulier, ces six derniers mois au sein du Conseil de sécurité, ont constitué l’un des chapitres les plus gratifiants des 44 années de ma carrière diplomatique », a déclaré M. Ïlkin, remerciant ses collègues et le Secrétariat. 


* S/2009/323



LA SITUATION EN AFGHANISTAN


Déclarations


M. KAI EIDE, Représentant spécial du Secrétaire général et Chef de la Mission d’assistance des Nations Unies dans ce pays (MANUA), a estimé que la situation actuelle en Afghanistan était certainement la plus complexe que la communauté internationale ait vécue jusqu’à présent.  Mais si elle est bien gérée, elle peut permettre de mettre fin au conflit.  La situation est complexe, a-t-il expliqué, parce qu’il faut s’attaquer au processus électoral, stimuler l’évolution positive des choses dans plusieurs secteurs, développer une vision au-delà des élections et dresser un ordre du jour plus ciblé pour les cinq prochaines années.  Un agenda, a-t-il poursuivi, qui comprend un processus de paix crédible comme partie intégrante d’une stratégie globale. 


S’attardant sur les élections, le Représentant spécial a souligné que trois éléments sont essentiels, à savoir la non-ingérence, la dignité des débats et l’impartialité totale de la communauté internationale.  Un autre élément est la faculté des candidats à mener leur campagne.  M. Eide a dit craindre que le « bruit » de la campagne électorale et la « saison des combats » n’absorbent autant les énergies et l’attention que l’on risque d’oublier les réels progrès enregistrés dans le renforcement des institutions de sécurité, la réforme agricole et du secteur privé, l’augmentation des revenus fiscaux et le développement de programmes globaux de renforcement des capacités.  Si nous ne maintenons l’élan dans ces domaines, nous risquons de voir une stagnation et plus de désillusions encore parmi le public, a prévenu le Représentant spécial.


Il a, en effet, dénoncé une certaine inégalité dans la distribution des ressources en Afghanistan, ce qui aide les insurgés à déstabiliser des provinces et des districts jusque-là stables.  Il n’est pas toujours facile, a-t-il dit, de savoir où et comment les fonds sont investis, ce qui complique la planification et la coordination.  Des efforts de développement plus efficaces et plus coordonnés permettront à la Mission de répondre aux préoccupations du peuple afghan et à leur demande légitime pour plus de justice économique et sociale.  Ces efforts, a insisté le Représentant spécial, renforceront la confiance du peuple à l’égard de son propre gouvernement et de la communauté internationale.


« Nous devons, a-t-il poursuivi, renforcer nos efforts pour assurer que l’engagement militaire de la communauté internationale continue d’être soutenu par le peuple afghan. »  Le Représentant spécial a estimé que les coûts politiques des dernières fautes sont tout « simplement disproportionnés » par rapport aux gains militaires.  Il a donc appuyé l’appel du Secrétaire général à une révision des opérations des forces spéciales, responsables de la majorité des dégâts infligés aux populations civiles. 


« Nous devons, a-t-il dit, avoir une vision pour la période postélectorale.  Cette vision doit donner une direction claire et nous guider dans les prochaines années pour l’appui que nous assurerons au nouveau Gouvernement.  Il nous faut, a-t-il poursuivi, une stratégie de développement qui permettra d’avancer d’une manière plus disciplinée et plus coordonnée et vers une plus grande appropriation nationale.  Il faut, a-t-il encore dit, une stratégie de sécurité qui accélère le renforcement des forces de sécurité afghanes et leur rôle dans la stabilisation du pays.  Enfin, il faut une stratégie politique qui inclut un processus de paix crédible et inclusif respectant les droits de tous les Afghans et rassemblant tous les segments de la société. 


Toutefois, un processus de paix crédible et réussi ne peut avoir lieu que si l’on a un gouvernement qui bénéficie de l’appui du peuple et une présence internationale qui jouit du même appui, a prévenu le Représentant spécial.  Concluant sur la Mission, il a souligné qu’elle a besoin de ressources supplémentaires pour remplir son mandat en matière de coordination des donateurs, répondre aux besoins en matière de renforcement des capacités institutionnelles et élargir sa présence dans le pays.  Il a indiqué que le calendrier que le Conseil a demandé sur le travail de la Mission, sera présenté au mois de septembre prochain. 


M. ZAHIR TANIN (Afghanistan) a affirmé qu’en dépit de la poursuite des activités terroristes d’Al-Qaida et des Taliban, l’Afghanistan avait réalisé des progrès considérables depuis 2001 et que les Afghans s’apprêtaient à se rendre aux urnes pour la deuxièmes fois.  Ces élections représentent une grande victoire, a-t-il dit, notant qu’elles reflétaient le soutien durable afghan au processus de stabilisation et la qualité du partenariat entre l’Afghanistan et la communauté internationale.  Les élections ont été planifiées il y a moins de trois mois, a-t-il dit, soulignant la nécessité, d’ici au mois d’août prochain, d’agir de façon à garantir la transparence et l’équité du processus électoral.  La seule façon de poursuivre les progrès de ces dernières années est de faire en sorte que les élections soient crédibles et légitimes, a-t-il expliqué.  Le représentant a indiqué que la priorité absolue était d’assurer la sécurité de la population pour que celle-ci puisse voter dans tout le pays.  L’Armée et la Police nationale afghanes assureront, avec l’appui renforcé de la Force internationale, la sécurité de plus de 7 000 centres de vote, a-t-il dit.


Le représentant a également souligné que les mois à venir devraient voir un renforcement du partenariat entre le Gouvernement afghan et la communauté internationale.  Les derniers mois ont, avec le soutien des États-Unis et de l’OTAN, été l’occasion d’examiner les progrès acquis et de repenser les stratégies dans différentes instances internationales.  Combiné avec une implication croissante des ministères afghans, tout cela a conduit à une démarche stratégique plus unifiée, se concentrant sur un effort civil intensifié, une amélioration de la gouvernance sous-nationale, la fourniture de service et un meilleur alignement des priorités internationales avec les stratégies nationales afghanes, a-t-il expliqué.


Le représentant a en outre affirmé que des défis redoutables persistaient en Afghanistan.  L’insécurité s’aggrave, et les principales victimes sont des civils.  Les Taliban ont montré un mépris croissant à l’égard de la vie humaine, ciblant intentionnellement les civils, en particulier les femmes, les enfants et le personnel humanitaire et utilisant des zones peuplées pour lancer des attaques contre les forces internationales.  De même, a-t-il poursuivi, malgré des objectifs plus ciblés et unifiés, les efforts de développement demeurent fragmentés, inefficaces et incomplets.  La pauvreté s’est aggravée, le chômage constitue l’un des défis les plus importants, tandis que la gouvernance, la lutte contre la corruption et l’état de droit restent faibles, a-t-il expliqué.  Cette situation exige une attention soutenue de la part du Gouvernement afghan et de la communauté internationale, a-t-il déclaré, tout en plaidant en faveur d’une aide humanitaire et au développement mieux coordonnée et responsable.  Pour relever ces défis, l’élan civil doit constituer l’ossature des priorités et des programmes de développement nationaux, a-t-il souligné.


Le représentant a également assuré que son pays continuait d’appuyer pleinement le rôle essentiel de coordination de la MANUA.  Il s’est ainsi félicité du mandat renforcé de la Mission.  Il a ajouté que l’Afghanistan avait de même besoin d’une coopération plus forte avec ses voisins, et a indiqué que son pays avait récemment entamé une interaction régionale plus positive avec le Pakistan, en particulier grâce à des accords tripartites avec les États-Unis, la Turquie et l’Iran. 


Dans un premier temps, M. NORIHIRO OKUDA (Japon) a souligné l’importance que revêt, d’une manière générale, la prise en main par le Gouvernement et la population de l’Afghanistan, ainsi que le rôle central qu’occupe la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA) dans le domaine de la coordination.  Passant ensuite à la tenue prochaine des élections présidentielle et provinciale dans le pays, M. Okuda a indiqué que la légitimité du Gouvernement nouvellement formé ne pourra être assurée que par la tenue d’élections crédibles.  Il a également indiqué que le Japon avait l’intention d’envoyer une équipe d’observateurs dans le pays afin de s’assurer du bon déroulement du processus électoral.  M. Okuda a ensuite estimé que la situation sécuritaire demeurait un défi important, et a expliqué que le Japon s’était engagé à verser une assistance financière de 300 millions de dollars, ce qui permettra de couvrir, entre autres, le salaire de l’ensemble de la police afghane pendant six mois.  Après s’être félicité des progrès accomplis dans le cadre du démantèlement des groupes armés illégaux, le représentant du Japon a souligné l’importance d’adopter une perspective régionale afin de garantir l’efficacité des initiatives lancées dans les domaines de la sécurité, du contrôle des frontières et du développement.  Il a également estimé qu’il était nécessaire de renforcer le rôle de la MANUA afin d’être en mesure de pouvoir répondre aux attentes de la population afghane et de la communauté internationale.


M. JOHN SAWERS (Royaume-Uni) a souligné l’importance pour le développement socioéconomique de l’Afghanistan de l’élargissement de la présence de la MANUA dans toute l’étendue du territoire afghan.  Prenant note des progrès économiques et politiques enregistrés jusqu’ici, le représentant a rappelé qu’en avril dernier, son pays a élaboré un plan pour l’Afghanistan qui a trois objectifs, à savoir la lutte contre Al-Qaida et l’extrémisme l’édification d’un État responsable et autonome et le maintien de l’appui aux programmes du Gouvernement afghan, en particulier en matière de lutte contre la pauvreté.  On ne peut réduire la violence si l’on n’améliore pas le niveau de vie des populations, a prévenu le représentant. 


Pour la première fois en 30 ans, a-t-il poursuivi, la volonté du peuple afghan s’exprimera dans un processus organisé par les Afghans eux-mêmes.  Il a appelé à des élections libres et régulières avant de saluer le déploiement de nouvelles troupes dans le pays qui mettent un accent particulier sur la formation des forces afghanes.  « Nous devons continuer de limiter les dommages collatéraux », a-t-il plaidé, en accusant les Taliban de faire exactement le contraire et de cibler délibérément les civils.  Déclarant attendre avec beaucoup d’intérêt les travaux de la MANUA sur l’établissement des repères et des critères, M. Sawers a expliqué qu’il s’agit là d’un outil essentiel pour évaluer l’efficacité du travail de la Mission et sensibiliser la population à ce travail.  Ces repères permettront aussi de justifier l’augmentation des ressources demandées par la Mission, a conclu le représentant.  


M. RUHAKANA RUGUNDA (Ouganda) s’est notamment félicité des efforts entrepris par la MANUA en vue d’étendre sa présence dans le pays.  Il s’est dit préoccupé par le fait que la situation générale demeurait précaire.  Les élections prévues pour le 20 août constitueront un jalon important sur la voie de la restauration de la démocratie, a-t-il dit, s’inquiétant néanmoins des conditions d’insécurité.  Il a mis en particulier l’accent sur la nécessité de faire face aux difficultés qui empêchent les femmes afghanes d’exercer leurs droits politiques.  Il faut également accorder l’attention nécessaire à la mise en œuvre des plans d’action en vue de renforcer les capacités civiles.  La stabilité en Afghanistan répond aux intérêts des Afghans eux-mêmes mais aussi des pays de la région, a-t-il dit, se félicitant à cet égard des efforts entrepris au cours des trois derniers mois pour faciliter le dialogue, comme à Moscou ou à Téhéran.  Au cours des prochains mois, l’Afghanistan traversera une période importante pour son avenir, a-t-il estimé.  L’élan politique qui s’est fait jour malgré une situation difficile doit être préservé, a-t-il ajouté.


M. THOMAS MAYR-HARTING (Autriche) a déclaré qu’on ne pouvait surestimer l’importance d’appuyer la tenue d’élections libres, justes et crédibles.  La légitimité des institutions démocratiques et la crédibilité de la communauté internationale en Afghanistan se verraient améliorées aux yeux de la population afghane si les élections sont perçues comme ayant été libres et justes, a-t-il précisé, pour ensuite encourager la Commission électorale indépendante à continuer de travailler de près avec les experts internationaux.  M. Mayr-Harting s’est ensuite félicité de la création, au sein de la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA), du Programme de suivi des droits politiques, ainsi que des efforts visant à encourager les femmes à s’inscrire sur les listes électorales du Conseil provincial.  Après avoir indiqué que l’Autriche participerait à la Mission d’observation électorale de l’Union européenne, M. Mayr-Harting a estimé qu’il importait de se préparer pour la tenue possible, après le scrutin du 20 août, d’un deuxième tour électoral.


Le représentant autrichien a ensuite fait part des préoccupations de sa délégation quant à la détérioration de la situation sécuritaire et du nombre élevé de victimes de la violence parmi la population civile.  Il a souligné l’importance de l’appropriation nationale des domaines clefs, comme la réforme et le renforcement de l’armée et de la police nationale.  L’Afghanistan doit également prendre en main le secteur civil, a-t-il ajouté, évoquant notamment le renforcement des capacités, la création d’emplois durables et l’élargissement du Gouvernement.  Passant ensuite au problème du trafic de drogue, M. Mayr-Harting a indiqué que l’Autriche appuyait actuellement trois projets de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUC) concernant l’Afghanistan.


M. CLAUDE HELLER (Mexique) s’est dit préoccupé par la situation sécuritaire qui continue de subir de nombreux revers.  La sécurité est un des principaux défis à court et à moyen termes, a-t-il dit, en appelant à la protection des populations les plus vulnérables dont les femmes et les enfants.  Il a condamné les actes qui prennent pour cible la population civile avant de demander plus d’efforts pour former les forces nationales.  Tout en saluant le déploiement de troupes supplémentaires, il a appelé les forces internationales à faire tout leur possible pour éviter les dommages collatéraux.  Le représentant a aussi appelé à une lutte plus intensive contre le recrutement dans les conflits armés.  Il a félicité le Gouvernement afghan des efforts entrepris pour détruire les mines et autres engins non explosés.  Accueillant avec satisfaction les progrès sociaux et économiques enregistrés dans le pays, le représentant a souhaité que l’aide internationale s’adapte aux structures et priorités afghanes.  Il a aussi souligné le caractère prioritaire de la lutte contre les stupéfiants et contre la corruption.  Le représentant a conclu en saluant les préparatifs électoraux et en exhortant tous les acteurs politiques à coopérer avec la MANUA pour garantir la sécurité, la transparence et le respect des droits de l’homme, en particulier les droits politiques des femmes. 


M. RANKO VILOVIC (Croatie) a souligné que l’Afghanistan s’apprêtait à connaître un événement important à travers l’organisation des élections.  Il s’est félicité que la Commission électorale indépendante ait respecté son calendrier et que les normes internationales aient été respectées.  Il s’est notamment dit favorable à ce que la MANUA continue à jouer son rôle dans le cadre du processus électoral.  Il s’est déclaré préoccupé par le fait que la situation sécuritaire se soit détériorée dans le pays et que l’activité des insurgés ait repris dans le nord du pays, là où elle avait disparu.  Il a plaidé en faveur d’un renforcement des capacités civiles, jugeant encourageant la stratégie suivie par les autorités afghanes à cet égard.  La lutte contre la corruption doit demeurer une priorité du Gouvernement, a-t-il ajouté.  La dimension régionale des problèmes que connaît l’Afghanistan ne saurait également être sous-estimée, a-t-il dit. 


M. KONSTANTIN DOLGOV (Fédération de Russie) a estimé que malheureusement, malgré toute une série d’avancées positives, la situation reste encore sensible et toujours en proie aux tendances déstabilisatrices.  Tant que l’on n’inscrira pas ces avancées dans la durée, les revers seront toujours possibles, a-t-il prévenu.  Il reste beaucoup à faire, a-t-il dit, en pointant le doigt sur les forces internationales et le mandat qu’elles tentent de remplir.  Il s’est dit préoccupé par les dégâts collatéraux infligés par ces forces et a demandé une enquête sur chacun des incidents ainsi que des efforts renforcés pour les prévenir.  M. Dolgov a reconnu la nécessité d’organiser des opérations spéciales, en sachant que sans l’implication des Afghans, il sera impossible de vaincre la « tumeur maligne » qu’est le terrorisme.  Commentant la politique de rapprochement prônée par le Gouvernement afghan, le représentant s’est élevé contre toute mesure contraire aux décisions du Conseil, en particulier toute violation des sanctions imposées aux Taliban.  Le Gouvernement afghan, a-t-il dit, ne peut négocier qu’avec ceux qui ont déposé les armes, rompu les liens avec Al-Qaida et a reconnu la légitimité du Gouvernement.  Le représentant s’est dit catégoriquement opposé à tout accord avec le chef des Taliban ou une quelconque organisation extrémiste.  En la matière, il a souligné l’importance de la lutte contre le trafic des stupéfiants, source financière des extrémistes.  Il a, à cet égard, rappelé la tenue le 27 mars d’une réunion sur la question qui a abouti à un plan sur l’intensification de la coopération internationale en la matière.  


M. JAIRO HERNANDEZ (Costa Rica) a affirmé que son pays appuyait les travaux de la MANUA autour de la sécurité, du développement et de la stratégie politique.  Il est important de travailler sur ces trois fronts, en renforçant l’état de droit, a-t-il dit.  La lutte contre la drogue est importante, a-t-il également souligné.  Le représentant s’est en outre félicité des efforts entrepris dans le domaine du renforcement de la coopération régionale.  Il s’est dit néanmoins préoccupé par la dégradation de la situation sécuritaire, l’augmentation des victimes civiles et les attaques menées par le personnel humanitaire.  Il a mis l’accent sur la nécessité d’encourager le droit à l’éducation des filles.  Il faut que ces élections soient libres et régulières, exhortant la communauté internationale à exercer une surveillance de la régularité de ce scrutin.  Il faut protéger la sécurité et la liberté des électeurs afghans, a-t-il déclaré. 


M. IBRAHIM DABBASHI (Jamahiriya arabe libyenne) a regretté, à son tour, que la situation sécuritaire en Afghanistan se soit encore détériorée.  Il a aussi regretté que la communauté internationale ait réduit son engagement en faveur de l’Afghanistan, en particulier en ce qui concerne le développement social et économique.  Préoccupé par le risque que l’on tourne le dos à ce pays, il a insisté sur le fait que le seul recours à la force ne suffira pas à stabiliser le pays.  Il faut renforcer les institutions civiles dans l’ensemble du territoire, a-t-il plaidé, en souhaitant que la stratégie de paix se base sur le dialogue avec tous ceux qui l’acceptent.  Il est tout aussi urgent, a-t-il ajouté, de renforcer le rôle de la Mission et de lui fournir les ressources pour qu’elle puisse ouvrir des bureaux dans tout le pays.  Déplorant les incidents parmi la population civile dont se rendent coupables les forces internationales, le représentant a appelé à des enquêtes impartiales et au strict respect de règles d’opérations.  Il a poursuivi en se félicitant des préparatifs électoraux, il a appuyé les trois principes du Représentant spécial, en particulier la totale impartialité de la communauté internationale.  


M. JEAN-MAURICE RIPERT (France) a affirmé que l’élection du 20 août représentait une occasion pour les Afghans d’exprimer librement et démocratiquement leur choix quant à l’orientation politique qu’ils veulent donner à leur pays.  Il faut que ces élections soient transparentes, légitimes et crédibles, a-t-il dit, ajoutant notamment que tous les candidats devaient pouvoir faire campagne dans les meilleures conditions d’accès aux médias.  L’ONU a un rôle important à jouer pour aider les Afghans à organiser ce scrutin, a-t-il souligné.  Il s’est en outre félicité de la montée en puissance de l’armée nationale, du transfert progressif de responsabilité de la sécurité aux forces afghanes.  Les efforts renouvelés pour réformer et renforcer la police constituent un élément nouveau, a-t-il également estimé, en indiquant que le Président français Nicolas Sarkozy avait décidé d’engager la gendarmerie française dans cette action.  M. Ripert a par ailleurs déclaré que la situation en matière des droits de l’homme représentait un sujet d’inquiétude.  La problématique du droit des femmes doit en particulier constituer une priorité du Gouvernement afghan, a-t-il affirmé.  De même, il a souligné que les victimes civiles en Afghanistan étaient le fait d’attaques délibérées des Taliban et d’autres groupes extrémistes.  Il a appelé à un renforcement de la lutte dans ce domaine.  Enfin, le représentant a rappelé que la France avait procédé à un renforcement majeur de son engagement militaire en Afghanistan et avait renforcé de manière significative son engagement politique et civil en accroissant son aide à la reconstruction qui, a-t-il précisé, atteindra 45 millions d’euros en 2009. 


Mme SUSAN RICE (États-Unis) a « vigoureusement » appuyé le travail de la Mission.  Les partenariats progressent en matière de sécurité, a-t-elle affirmé, en assurant que son pays continuera à jouer un rôle clef dans les domaines de la sécurité et le développement en Afghanistan qui sont des priorités absolues pour le Président Obama.  L’objectif, a-t-elle rappelé, est de démanteler Al-Qaida et renforcer la capacité du Gouvernement à protéger sa population.  Les élections du 20 août, a poursuivi la représentante, seront un jalon dans l’histoire de l’Afghanistan.  Le Gouvernement afghan montre ainsi sa volonté de renforcer la démocratie et la bonne gouvernance dans le pays.  Ces élections, a-t-elle dit, doivent aussi devenir la priorité de la communauté internationale.  Les États-Unis viennent de verser la somme de 120 millions de dollars au fonds des Nations Unies pour l’organisation de ces élections, a-t-elle annoncé, avant de souligner que son pays ne soutient aucun candidat.  Bien au contraire, il appuie le droit du peuple afghan à choisir ses propres dirigeants et collabore avec l’ONU pour garantir un processus inclusif et régulier.  La représentante s’est félicitée de la mise en place du programme de protection du droit de réunion et la liberté d’expression.  Elle a appelé le Gouvernement afghan à mettre en œuvre le décret sur la non-ingérence dans les affaires électorales.  Elle a félicité la MANUA pour avoir encouragé les femmes à participer aux processus électoraux, en tant qu’électrice et candidate.  Elle a indiqué qu’une représentante du Président Obama vient de lancer dans le pays un programme sur l’émancipation des femmes qui comprend le financement d’organisations locales, la fourniture de dons à des petites ONG et la promotion de la coopération technique.


La représentante a souhaité que la Mission élargisse sa présence dans l’ensemble du territoire et a promis l’engagement de son pays de renforcer la coordination et la transparence dans son travail avec la Mission.  Elle s’est félicitée que la Mission calque ses priorités sur les besoins identifiés par les Afghans eux-mêmes.  S’agissant de la lutte contre les stupéfiants, elle a dit l’intention de son pays d’investir dans des programmes d’incitation en faveur des agriculteurs.  Elle a parlé, en particulier, de l’appui de son pays à un programme sur la promotion des achats locaux.  Les États-Unis, a-t-elle poursuivi, vont lancer une initiative sur le financement d’infrastructures commerciales et aider les Afghans à conclure des accords sur le transport de transit.  « Nous devons, a-t-elle encouragé, nous joindre aux efforts du Gouvernement afghan pour répondre aux besoins primaires et en matière d’infrastructures de la population ». 


Elle a conclu sur la question des dommages collatéraux.  « Mon pays, a-t-elle affirmé, s’efforce de fournir de l’aide humanitaire aux communautés touchées et d’établir des rapports sur ces incidents.  Il continuera ses enquêtes conjointes avec les autorités afghanes pour faire toute la lumière sur ces incidents.  Les Forces américaines, a-t-elle estimé, prennent de nombreuses précautions et sont conscientes que le nombre de victimes parmi la population civile entame la confiance.  Elle a réitéré le fait que le nouveau commandant des Forces américaines a fait de la réduction des dégâts civils sa priorité.  « Mais il ne faut pas oublier, a tout de même souligné la représentante, que nous luttons contre un ennemi qui a recours à des pratiques aussi condamnables que l’utilisation des enfants comme candidats aux attentats-suicide ou ceux des civils comme boucliers humains ».


M. LUI ZHENMIN (Chine) a affirmé que les prochaines élections représentaient cette année un événement important de la vie politique afghane.  Il s’est félicité de voir que les préparatifs du scrutin étaient en de bonne voie et respectaient les échéances.  Les élections constituent un événement important dans le cadre de la stabilisation politique du pays et des efforts de reconstruction, a-t-il jugé.  Néanmoins, la situation sécuritaire demeure préoccupante, a-t-il dit, espérant que les autorités afghanes renforceront leurs capacités pour assurer le maintien de l’ordre et de la sécurité dans le pays.  Le représentant s’est déclaré favorable à ce que l’ONU joue un chef de file et de coordination et que la MANUA renforce sa coopération avec le Gouvernement afghan, la Force internationale d’assistance à la sécurité (FIAS) et les bailleurs de fonds.  Le Gouvernement afghan doit pouvoir poursuivre ses efforts, lesquels doivent être appuyés par la communauté internationale, a-t-il ajouté.


M. BUI THE GIANG (Viet Nam) s’est félicité des développements positifs qu’a connus l’Afghanistan au cours des trois derniers mois.  Il a notamment cité les préparatifs pour la tenue des élections présidentielle et provinciale, la réforme de la Police nationale afghane et la lutte contre la corruption.  Il a estimé que la coopération régionale avait joué un rôle crucial pour aider l’Afghanistan dans les domaines du règlement des conflits et de la lutte contre la production et le trafic de drogue.  Le représentant du Viet Nam a également salué le rôle central qu’occupe la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA) dans le cadre de la coordination des efforts internationaux.


Sa délégation, a-t-il dit, demeure cependant préoccupée par la détérioration continue de la situation sécuritaire ainsi que par l’escalade de la violence en Afghanistan, a néanmoins poursuivi M. Giang, déplorant notamment le fait que le nombre de victimes civiles avait augmenté de 24% par rapport à 2008.  Il a insisté sur « l’importance critique » que revêt l’assistance internationale, tout en se félicitant des engagements pris lors de la Conférence de La Haye au mois de mars dernier.  Il a estimé que des mécanismes plus efficaces devraient être mis sur pied afin d’améliorer la coordination des donateurs, l’efficacité de l’aide et la cohérence des allocations.  De l’avis de sa délégation, l’assistance internationale doit se conformer aux structures et aux priorités afghanes.  C’est pourquoi, le représentant a appelé les parties afghanes à donner la priorité à la stabilité politique de l’Afghanistan et à renoncer à la violence.


M. MICHEL KAFANDO (Burkina Faso) a estimé que la croissance exponentielle des incidents en Afghanistan rend la situation extrêmement complexe.  Il s’est tout de même dit encouragé par l’amélioration de la coordination des actions.  Il a toutefois souligné que la force multinationale, ainsi que la force afghane doivent prendre toutes les dispositions nécessaires pour épargner les populations civiles.  Il a donc suggéré une révision de la conduite des opérations afin de minimiser les pertes en vies civiles.  Il est tout aussi important, a-t-il dit, d’établir une stratégie de communication pour faire connaître aux Afghans les bienfaits de l’assistance internationale.  Il s’est aussi réjoui de la préparation des élections ainsi que de l’application de la stratégie nationale de développement.  Toutefois, la coordination des donateurs et l’efficacité de l’aide demeurent essentielles pour l’amélioration tangible et durable des conditions de vie de la population.  Le représentant a conclu en saluant les avancées dans le renforcement de la coopération régionale. 


M. BAKI ÏLKIN (Turquie) a déclaré que la tenue prochaine d’élections justes et équitables représentait une priorité aussi bien pour l’Afghanistan que pour la communauté internationale.  Il a estimé que le « rôle essentiel » qu’assume la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA) devrait se poursuivre pendant la période critique qui se profile à l’avenir.  M. Ïlkin a ensuite indiqué que sa délégation appuyait pleinement les recommandations du Secrétaire général.  Il a notamment cité les mérites de la création d’un système de point de référence qui, selon lui, permettrait d’améliorer le travail entrepris par l’ONU en Afghanistan et d’orienter les contributions des pays donateurs.  Compte tenu de la nécessité d’établir une stratégie détaillée, notamment dans les domaines de la sécurité, de la gouvernance, du respect de l’état de droit, des droits de l’homme et du développement économique et social, le mandat doit prendre en compte ces dimensions d’une manière holistique, équilibrée et réaliste, a ajouté le représentant de la Turquie.  Soulignant l’importance de la coopération régionale, M. Ilkin a rappelé que la Turquie dirigeait actuellement un processus de coopération trilatéral entre le Pakistan, l’Afghanistan et la Turquie.


M. LAWRENCE CANNON, Ministre des affaires étrangères du Canada, a rappelé que son pays s’était engagé à verser 35 millions dollars sur trois ans pour aider à la tenue des élections en 2009 et 2010.  Le Canada, a-t-il dit, continue d’exhorter le Gouvernement afghan à prendre toutes les dispositions nécessaires pour que le processus suscite la confiance.  À Kandahar, les militaires et policiers canadiens encadrent les Forces de sécurité nationales afghanes pour qu’elles puissent assurer la sécurité tout au long du processus électoral.  L’une des plus importantes priorités du Canada en Afghanistan est la formation, le développement et l’encadrement des forces de sécurité afghanes, a insisté le Ministre. 


Il a aussi rappelé la décision de son pays de faire une contribution de 21 millions de dollars à l’appui à l’état de droit.  De plus, le Canada a annoncé une contribution additionnelle de 12 millions de dollars au Fonds d’affectation spéciale pour l’ordre public pour la rémunération des nouveaux policiers.  « Nous continuons, a ajouté le Ministre, à appeler les Nations Unies à renforcer l’impartialité de la communauté internationale dans le cadre du prochain scrutin. » 


S’agissant de la gestion des frontières, le Ministre a invoqué l’expérience de son pays qui partage une des plus longues frontières au monde avec les États-Unis, soit près de 9 000 kilomètres.  « Nous devons, a-t-il dit, continuer à répondre aux besoins croissants du Pakistan et de l’Afghanistan.  Concluant sur la Mission, le Ministre a dit attendre avec intérêt la liste des objectifs clairs que le Conseil lui a demandée. 


M. PETER KAISER (République tchèque), qui s’exprimait au nom de l’Union européenne, a estimé que les élections à venir constitueraient une étape majeure vers le développement politique de l’Afghanistan.  Il est important que les élections contribuent à assurer la légitimité politique du prochain Gouvernement afghan et lui fournisse un mandat solide, a-t-il dit.  Le représentant a indiqué que l’Union européenne attachait la plus grande importance au fait que ces élections soient légitimes, inclusives et sûres, conformément aux normes internationales, de manière à renforcer le soutien des Afghans à leurs institutions.  Il a également précisé que l’Union européenne avait décidé de déployer une mission d’observation pour ce scrutin et estimé que la MANUA avait un rôle essentiel à jouer à cet égard.  Le représentant a ajouté que l’Union européenne appuyait l’amélioration de la bonne gouvernance, de l’état de droit, du respect des droits de l’homme et de la lutte contre la corruption.  Le renforcement des capacités afghanes et l’appropriation de la police et des secteurs civils sont au cœur de l’engagement de l’Union européenne en Afghanistan, a-t-il poursuivi.  M. Kaiser a par ailleurs affirmé que l’Union européenne appuyait le développement d’une approche coordonnée au niveau régional et une coopération renforcée entre l’Afghanistan et des pays voisins, en particulier le Pakistan.  Il a conclu en assurant que l’Union européenne continuera à jouer un rôle actif en assistant l’Afghanistan sur la voie de la sécurité, de la stabilité et de la prospérité, en étroite coopération et coordination avec la MANUA et d’autres acteurs internationaux.


M. PIETER DE KLERK (Pays-Bas) a fait observer que le 20 août prochain, auront lieu les premières élections organisées par les autorités afghanes elles-mêmes.  Cela n’est pas rien, a-t-il commenté, en ajoutant que cela montre que l’esprit démocratique trouve peu à peu sa place dans la société afghane.  Il est temps pour la communauté internationale, a poursuivi le représentant, de commencer à réfléchir à la période postélectorale, en signant par exemple une espèce d’accord avec le futur gouvernement afghan sur des questions aussi importantes que la bonne gouvernance et les droits de l’homme. 


Poursuivant, le représentant a dit partager l’idée selon laquelle les efforts civils internationaux doivent se diriger vers l’appui et la consolidation des capacités civiles de l’Afghanistan conformément aux priorités identifiées par les autorités afghanes elles-mêmes.  Il a conclu en attirant l’attention sur les progrès réalisés dans la province d’Ourouzgan où son pays mène des efforts de coopération.  Près d’un tiers des 200 millions d’euros que les Pays-Bas ont débloqués depuis 2006, va directement à la province, a souligné le représentant.  


Mme MONA JUUL (Norvège) s’est déclarée encouragée par l’évolution positive de ces derniers mois, notamment du rôle élargi de l’Armée et de la Police nationales afghanes.  Elle s’est également félicitée de la bonne marche des préparatifs des élections.  Néanmoins, la représentante a fait part de son inquiétude face aux reculs alarmants enregistrés dans le pays au cours de la même période, en particulier la détérioration de la situation sécuritaire dans certaines régions du pays et l’augmentation du nombre des victimes civiles.  Elle a en outre mis l’accent sur la nécessité d’avoir une approche régionale de la stabilisation en Afghanistan.  Il est primordial, a-t-elle dit, que tous les voisins de l’Afghanistan, ainsi que d’autres pays, puissent être engagés dans un dialogue politique constructif et mettre en place des partenariats pour lutter contre la criminalité organisée, le trafic de drogues et le terrorisme et afin de favoriser le commerce, la coopération et l’intégration générale de l’Afghanistan dans le pays. 


M. JIM McLAY (Nouvelle-Zélande) a souligné que son pays dirige l’équipe provinciale de reconstruction à Bamyan.  Il a salué la nouvelle stratégie agricole du pays et a exprimé l’intention de son pays d’appuyer la productivité agricole et la recherche en la matière,  Il a, à son tour, souligné la nécessité d’une stratégie claire d’engagement en Afghanistan qui assurait le bon équilibre entre la stabilité et la sécurité, d’un côté, et le développement et la diplomatie, de l’autre.  Préoccupé par l’aggravation de la violence dans le pays, à la veille des élections, le représentant a annoncé la décision de son gouvernement de faire une contribution de 500 000 dollars néo-zélandais pour appuyer le processus électoral.  


M. FARUKH AMIL (Pakistan) a affirmé que l’Afghanistan avait fait des progrès sur certains fronts mais demeurait toujours confronté à des difficultés considérables dans d’autres domaines, citant la détérioration de la sécurité, la faiblesse du développement et la corruption.  L’Afghanistan est à un carrefour de son histoire et est confronté à d’énormes défis, a-t-il déclaré.  Le moment est venu, a-t-il estimé, de mettre un terme à ce cercle vicieux même si, a-t-il précisé, il n’y a pas de baguette magique pour y revenir.  Il faut s’éloigner d’une démarche fragmentaire et mettre au point une stratégie qui appartienne au peuple afghan, avec l’appui de la communauté internationale, a-t-il de même ajouté.  Les difficultés propres à l’Afghanistan ont souvent une origine interne, a-t-il estimé, soulignant la nécessité, à cet égard, d’adopter une démarche interne.  En outre, le recours à la force ne suffit pas, a-t-il dit, notant l’importance d’une amélioration des conditions de vie.  Il faut également renforcer les institutions et les capacités de l’État, a-t-il poursuivi.  Le représentant a plaidé en outre pour la mise en place d’un processus de réconciliation fondé sur le dialogue.  Les paramètres d’une solution durable doivent inclure un dialogue régional, a-t-il dit.  Il est nécessaire de laisser derrière nous la confrontation pour céder la place à la coopération, a-t-il insisté.  Il s’est félicité du rôle constructif joué par la MANUA en Afghanistan.  Il a indiqué que le Pakistan, qui était intéressé au premier chef par la sécurité en Afghanistan, était fermement engagé à aider le Gouvernement afghan à ramener la sécurité et la stabilité dans le pays.  Le représentant a ainsi mis l’accent sur le renforcement de la coopération entre les deux pays voisins.  Le Pakistan rêve d’une région pacifique, stable et prospère, a-t-il conclu, assurant que son pays promettait de jouer son rôle dans ce processus.


M. HARDEEP SINGH PURI (Inde) a émis des réserves quant au libellé utilisé dans les rapports du Secrétaire général pour décrire les attaques terroristes.  Tout le monde sait, a-t-il dit, que les opérations en question ne sont pas menées par des « éléments antigouvernementaux » ou des « insurgés ».  Si la réconciliation est souvent le corollaire des stratégies militaires, elle doit néanmoins être envisagée avec prudence, a prévenu le représentant.  La réconciliation, a-t-il estimé, exige de la clarté et de l’unité ainsi qu’une bonne connaissance de la nature de ceux avec lesquels il faut se réconcilier.  Sans un consensus entre les parties prenantes sur ceux avec qui il faut se réconcilier et sur la manière de s’y prendre, la communauté internationale risque de se diviser et peut-être plus que ceux qu’elle tente d’éloigner des groupes terroristes. 


C’est la raison pour laquelle, a encouragé le représentant, il faut aller au-delà des distinctions incompréhensibles « bons » et « mauvais » Taliban et garder à l’esprit  qu’en prônant ces distinctions, la communauté internationale donne une image de faiblesse, de désespoir et de défaitisme.  Après avoir rappelé que l’engagement de l’Inde aux côtés de l’Afghanistan se chiffre aujourd’hui à 1,2 milliard de dollars, le représentant a souligné l’importance de la coopération régionale. 


M. GIULIO TERZI di SANT’AGATA (Italie) a rappelé que lors de la Réunion ministérielle du G-8 sur l’Afghanistan, qui a eu lieu à Trieste les 26 et 27 juin dernier, les Ministres ont réitéré la nécessité d’une approche globale.  Les documents issus de la réunion, a souligné le représentant, montrent l’importance de tirer parti d’un certain nombre d’initiatives importantes comme les pourparlers initiés par l’Afghanistan et le Pakistan avec l’Iran, la Fédération de Russie et les États-Unis; et la Conférence régionale pour la coopération économique en Afghanistan (REECA).  Les Ministres ont aussi réitéré leur plein appui à la Mission de l’ONU et leur engagement à travailler avec la Commission électorale, les Nations Unies et la Force internationale d’assistance à la sécurité (FIAS) pour assurer des élections crédibles, inclusives et en sécurité. 


Les discussions sur le trafic des stupéfiants et la gestion des frontières ont mis en lumière le potentiel du programme régional de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) et les opportunités offertes par une coopération renforcée dans la gestion des frontières, dont les actions communes menées par le Pakistan et l’Afghanistan dans le cadre de l’Initiative de Dubaï.  Les Ministres ont aussi souligné le caractère central de l’agriculture pour l’avenir de l’Afghanistan.  Ce qu’il faut maintenant, c’est une aide plus concrète de la part des institutions de l’ONU, dont le Haut Commissariat pour les réfugiés (HCR), a insisté le représentant, compte tenu des questions liées au retour des réfugiés. 


M. ANDREW GOLEDZINOWSKI (Australie) a annoncé la décision de son Gouvernement d’accroître de 40% le niveau de ses forces en Afghanistan pour consolider un environnement favorable au développement et à la croissance économique.  L’Australie contribue aussi au renforcement des capacités de l’armée afghane dans la province d’Ourouzgan et compte contribuer à hauteur de 200 millions de dollars au fonds d’affection pour l’armée. 


L’Australie appuiera également le processus électoral en déployant pour une période de huit mois une compagnie d’infanterie et en faisant une contribution financière de 8 millions de dollars.  L’année dernière, la promesse de contributions de 250 millions de dollars pour le développement et la reconstruction a porté le total de l’assistance australienne à 600 millions de dollars, a souligné le représentant.  Concernant la reconstruction, il a indiqué que 68% de la population rurale afghane bénéficiait désormais du Programme de solidarité nationale que son pays soutient financièrement. 


M. THOMAS MATUSSEK (Allemagne) a d’abord estimé que le processus électoral en Afghanistan était une étape cruciale de la consolidation de la démocratie.  L’Allemagne, a-t-il dit, a appuyé le programme du PNUD avec une contribution de 10 millions de dollars en 2008.  Elle compte ajouter cette année une somme de 12 millions de dollars.  S’agissant de la sécurité des élections, l’Allemagne a pris la décision d’accroître le nombre de ses troupes sur le terrain, a aussi indiqué le représentant.


M. Matussek a ensuite estimé que l’appropriation nationale et la bonne gouvernance sont les clefs du succès des efforts de la communauté internationale pour appuyer le développement.  Il a encouragé le Gouvernement afghan à lutter fermement contre la corruption et le trafic des stupéfiants.  L’Allemagne, a-t-il promis, continuera à appuyer la reconstruction et le développement.  Elle songe à élever à 250 millions de dollars ses contributions pour l’année 2009. 


En tant qu’un des principaux contributeurs au budget ordinaire de l’ONU, l’Allemagne, a souligné le représentant, appuie l’augmentation du budget de la MANUA.  Elle soutient en outre la proposition du Secrétaire général d’inclure un nouveau plan d’action dans son prochain rapport.  Mais, a-t-il prévenu, ce plan doit venir en appui aux efforts de reconstruction déjà déployés.  Il ne saurait être une fin en soi, a ajouté le représentant. 


M. MOHAMMAD KHAZAEE (République islamique d’Iran) a affirmé qu’en dépit de progrès enregistrés dans certains domaines, des causes d’inquiétude demeuraient dans d’autres.  La situation sécuritaire a continué de se détériorer, a-t-il dit, notant que le nombre des incidents et le niveau de violence s’étaient accrus, tandis que la culture du pavot et le trafic de drogues continuaient de constituer de sérieuses menaces pour l’Afghanistan et la région tout entière et au-delà.  Pour régler l’insécurité en Afghanistan, une attention appropriée doit être accordée aux véritables besoins et aux idées du peuple et du Gouvernement afghans, a-t-il déclaré, soulignant l’importance pour l’Afghanistan de prendre en main lui-même le secteur de la sécurité et la reconstruction du pays.  Il s’est dit également convaincu que les Afghans sauront saisir l’opportunité que présente la prochaine élection présidentielle pour ajouter une nouvelle pierre à l’édifice de la stabilité et de la prospérité.  De même, il a affirmé que les initiatives et réunions régionales et internationales, en particulier le Sommet trilatéral de Téhéran du 24 mai 2009, la Conférence de La Haye du 31 mars 2009 ou l’initiative de coopération conjointe de l’Iran et du Japon en Afghanistan, démontraient que des efforts sont pris aux niveaux régional et international pour soutenir le pays sur la voie de la paix, de la sécurité et du développement.   


Dans ses remarques de clôture, le Représentant spécial du Secrétaire général et Chef de la Mission d’assistance des Nations Unies dans ce pays (MANUA) a affirmé qu’il était important, comme l’ont fait observer plusieurs intervenants, de voir au-delà des élections et de penser à l’avenir.  Il a également souligné qu’il était important de renforcer la collaboration avec les bailleurs de fonds.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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