CS/9628

LE CONSEIL DE SÉCURITÉ INVITE LES DONATEURS À AIDER HAÏTI À RÉPONDRE À SES BESOINS IMMÉDIATS ET À POSER LES BASES D’UN DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE ET SOCIAL DURABLE

6/04/2009
Conseil de sécuritéCS/9628
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Conseil de sécurité

6101e séance – matin & après-midi


LE CONSEIL DE SÉCURITÉ INVITE LES DONATEURS À AIDER HAÏTI À RÉPONDRE À SES BESOINS IMMÉDIATS ET À POSER LES BASES D’UN DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE ET SOCIAL DURABLE


Le représentant haïtien estime que les fonds récoltés lors de la Conférence de Washington permettront de donner à son pays un « souffle nouveau »


À une semaine d’une conférence de la Banque interaméricaine de développement consacrée à Haïti, le Conseil de sécurité a, aujourd’hui, demandé « instamment » aux donateurs d’offrir au Gouvernement haïtien « l’assistance technique et financière additionnelle indispensable » pour répondre aux besoins immédiats du pays, « tout en posant les bases d’un développement économique et social durable ».


Étape importante de la mise en œuvre de la feuille de route que constitue le Document stratégique pour la réduction de la pauvreté (DSRP), cette Conférence internationale des donateurs, prévue à Washington les 13 et 14 avril prochains, permettra de donner au pays « un souffle nouveau et de repartir sur d’autres bases économiques plus stables », a affirmé le représentant haïtien, lors d’un débat du Conseil de sécurité sur les défis auxquels continue de faire face Haïti, État parmi les plus pauvres du monde.


Le Représentant spécial du Secrétaire général et chef de la Mission d’assistance des Nations Unies en Haïti (MINUSTAH), M. Hédi Annabi, a souhaité pour sa part que la Conférence des donateurs puisse être en mesure de combler les attentes du Gouvernement, lequel a besoin de 125 millions de dollars pour l’année fiscale en cours.  Pour M. Annabi, la réalisation complète des objectifs fixés dans le DSRP exige un « partenariat renouvelé entre les autorités nationales, qui doivent prendre les décisions qui s’imposent; les acteurs internationaux, dont l’assistance est essentielle; et le secteur privé ».


À l’issue du débat qui a rassemblé, outre ses 15 membres, une vingtaine d’intervenants, dont des représentants d’institutions financières internationales et d’organismes du système des Nations Unies, comme le Fonds monétaire international (FMI) ou le Programme alimentaire mondial (PAM), le Conseil de sécurité a exhorté les instituions haïtiennes « à redoubler d’efforts pour répondre aux besoins essentiels de la population », et à œuvrer à « promouvoir le dialogue, l’état de droit et la bonne gouvernance ».


Dans une déclaration lue en son nom par son Président pour le mois d’avril, le représentant du Mexique, M. Claude Heller, le Conseil de sécurité réaffirme également que les élections des 19 avril et 17 juin prochains, pour renouveler un tiers du Sénat, « doivent être ouvertes à tous, libres et régulières ».  Il demande ainsi à tous les acteurs politiques du pays de veiller à ce que le scrutin se déroule dans le calme.


L’année 2008 n’a pas épargné Haïti, ont souligné de concert les participants au débat, à la lumière du rapport* du Secrétaire général, M. Ban Ki-moon, sur la MINUSTAH, présenté par M. Annabi.


Après la crise alimentaire, qui s’est traduite en avril 2008 par des « émeutes de la faim », le pays a subi de plein fouet, en août et en septembre, le passage successif de quatre ouragans, qui se sont soldés par des coûts humains –793 morts et 800 000 personnes en détresse– et matériels –100 000 maisons détruites et 265 000 familles privées de leurs moyens de subsistance- sans précédents.


Cette catastrophe naturelle représente aussi, selon le Secrétaire général, « l’une des catastrophes économiques les plus graves que le pays ait connues depuis le début du XXe siècle ».


À ce tableau déjà préoccupant, vient s’ajouter une crise politique qui trouve sa manifestation la plus aiguë dans les regains de tension autour des élections sénatoriales partielles, repoussées depuis 2007, a expliqué M. Annabi.


Dans un contexte où la MINUSTAH appuie sans relâche le Gouvernement dans ses efforts pour étendre son autorité à l’ensemble du territoire, une paralysie des institutions démocratiques ne pourrait que compromettre les acquis obtenus dans le renforcement de la sécurité, ont prévenu de nombreux intervenants.


Le Représentant spécial a souligné qu’en dépit des progrès accomplis dans le cadre de cette coopération, « il est clair que la Mission peut à peine faire la différence pour aider le Gouvernement à répondre aux besoins de la population ». 


Le représentant du Mexique a estimé que la tâche prioritaire de la MINUSTAH consistait à renforcer les capacités de la Police haïtienne, tandis que l’amélioration de la situation économique dans l’île exigeait une coopération étroite de la communauté internationale. 


C’est tout le sens de cette réunion, a-t-il poursuivi, que de forger une « nouvelle alliance » à la veille de la Conférence des donateurs. 


Les donateurs bilatéraux ont également été invités par plusieurs orateurs à aligner leurs programmes de développement sur les priorités fixées dans le Document stratégique pour la réduction de la pauvreté et sur la base de l’appropriation nationale.


*     S/2009/129


LA QUESTION CONCERNANT HAÏTI


Rapport du Secrétaire général sur la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (S/2009/129)


Le Secrétaire général, dans son rapport, rend compte des principaux événements survenus en Haïti ainsi que des progrès réalisés dans la mise en œuvre du mandat de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH) entre le 27 août 2008 et le 27 février 2009.  La période a été marquée par une crise humanitaire suite aux ouragans de la fin août et mi-septembre 2008 d’une part, et, d’autre part par une amélioration initiale de la situation politique, laquelle s’est néanmoins tendue de nouveau par la suite.  Le pays n’a pas connu d’incident notable de sécurité mais le calme actuel est jugé précaire du fait tant de la situation politique que de la misère.


M. Ban Ki-moon indique que, du fait des ouragans, « les progrès dans certains domaines essentiels n’ont pas été à la mesure des attentes ».  Il fait état de « quelques avancées » dans quatre des cinq domaines jugés indispensables pour la consolidation de la stabilité en Haïti: le dialogue politique et les élections; l’extension de l’autorité de l’État, y compris la gestion des frontières; le renforcement de la sécurité; et l’État de droit et les droits de l’homme.  En revanche, en matière de développement économique et social, il déplore une « forte détérioration des conditions de vie quotidiennes de la grande majorité » de la population haïtienne.


La MINUSTAH et la communauté internationale, qui avaient encouragé l’adoption d’une « approche collaborative » pour sortir de l’impasse politique, ont applaudi l’investiture le 5 septembre de Mme Michèle Duvivier Pierre-Louis comme Premier Ministre après cinq mois de crise gouvernementale.  Toutefois, dès novembre, la situation politique s’est de nouveau tendue entre les pouvoirs exécutif et législatif.  Un programme législatif commun a bien été adopté mais il a peu progressé, note M. Ban.


Fixées aux 19 avril et 7 juin, les élections sénatoriales partielles, repoussées plusieurs fois depuis 2007, devraient permettre d’assurer un meilleur fonctionnement des institutions.  Toutefois, le Secrétaire général rappelle que, pour contribuer à la stabilisation politique du pays, ces élections doivent être perçues comme libres, justes et ouvertes à tous.  Or, le Conseil électoral provisoire a écarté tous les candidats présentés par Fanmi Lavalas, le parti de l’ancien Président Jean-Bertrand Aristide.  M. Ban, qui n’exclut pas un regain de tension à court terme à l’occasion du scrutin, juge, de manière plus générale, indispensable que les dirigeants haïtiens « continuent d’opter pour la collaboration et qu’ils soient disposés à prendre les décisions et à les appliquer en temps voulu ». 


Le Secrétaire général rappelle que l’extension de l’autorité de l’État est subordonnée au renforcement des principales institutions, œuvre de longue haleine, alors que la MINUSTAH continuera de se concentrer sur le renforcement des capacités administratives des institutions de gouvernance à tous les niveaux, la gestion intégrée des frontières et la sécurité des frontières, conformément à son mandat.  Il juge essentiel de trouver des moyens pour renforcer l’ensemble des capacités du pays en matière d’administration et de gouvernance et pour améliorer l’aptitude du Gouvernement à fournir les services de base à sa population, « facteur indispensable à la stabilité ».


Le Secrétaire général estime en effet que « les niveaux actuels de pauvreté, de dénuement et de souffrance dans le pays sont clairement incompatibles avec la stabilité à long terme ».  À ses yeux, la crise financière mondiale ajoute encore au risque de voir la situation se détériorer davantage « à moins qu’un effort soutenu ne soit fait maintenant pour répondre aux menaces socioéconomiques ».  M. Ban juge donc « indispensable qu’un effort supplémentaire » soit fait maintenant et affirme que les ressources nécessaires seraient relativement modiques en valeur absolue.  Il ajoute qu’un appui bien ciblé apporté en temps voulu « pourrait valablement changer la donne », permettre de maintenir les acquis et éviter un revers qui coûterait davantage à long terme.


Malgré les graves difficultés, la situation actuelle « offre toujours l’occasion de progresser vers la consolidation de la stabilité si l’on fait preuve de la patience et de la persévérance nécessaires », affirme le Secrétaire général.  Il ajoute toutefois que l’aide de la communauté internationale ne portera des fruits que « si les Haïtiens eux-mêmes font preuve, face à leurs problèmes à long terme, de la même détermination et du même esprit de consensus qu’ils ont affichés au lendemain du passage des tempêtes ».


Exposé


M. HÉDI ANNABI, Représentant spécial du Secrétaire général et chef de la Mission d’assistance des Nations Unies en Haïti (MINUSTAH), a affirmé que le règlement des divergences politiques grâce au dialogue restait la pierre angulaire dont dépendaient les progrès dans d’autres domaines.  Il s’est félicité du nouvel élan que la société et le Gouvernement haïtiens avaient impulsé au lendemain des ouragans.  Pour la première fois, en décembre dernier, le Gouvernement et le Parlement haïtiens ont adopté conjointement une législation, tandis que le Président Préval a décidé, début 2009, d’établir un ensemble de commissions multipartites chargées de se pencher sur des questions clefs.  Les progrès demeurent toutefois fragiles, a prévenu M. Annabi, qui a tout notamment attiré l’attention sur le processus électoral en cours pour renouveler un tiers du Sénat, à l’origine de tensions considérables.  Ces élections, a-t-il insisté, sont indispensables pour consolider le Parlement, et il est donc essentiel qu’elles se déroulent sans violences ou perturbations.


Pour sa part, la MINUSTAH continue de prêter assistance au Gouvernement pour lui permettre d’étendre son autorité à l’ensemble de son territoire et d’y développer ses capacités administratives, a poursuivi le Représentant spécial.  En dépit des progrès accomplis dans le cadre de cette coopération, « il est clair que la Mission peut à peine faire la différence pour aider le Gouvernement à répondre aux besoins de la population », a-t-il reconnu.  C’est pourquoi M. Annabi a salué les programmes bilatéraux et multilatéraux qui ont été lancés pour contribuer à l’établissement de ministères.  Il a expliqué que le renforcement de la sécurité représentait un autre domaine dans lequel des progrès avaient été accomplis, mais où il restait encore beaucoup à faire.  S’appuyant sur les succès remportés entre 2004 et 2007 contre les groupes armés et les gangs, la MINUSTAH a entrepris plusieurs actions, en coopération avec les autorités haïtiennes, en particulier en déployant des troupes pour sécuriser la frontière avec la République dominicaine et le long des côtes.  Par ailleurs, la formation des forces de sécurité haïtiennes se poursuit de manière encourageante, a ajouté le Représentant spécial, qui a rappelé que la persistance des émeutes, des violences et des trafics, ainsi que les dégâts provoqués par les ouragans, rendaient la présence des personnels militaires et de police toujours nécessaire.


Dans le domaine de la réforme judiciaire, des avancées ont également été réalisées vers l’établissement d’un conseil supérieur du pouvoir judiciaire, censé superviser le fonctionnement de l’appareil de justice.  La réouverture, le 12 mars, de l’École de la magistrature représente également un développement positif, a fait valoir M. Annabi.  Il s’est toutefois ému des conditions de détention dans les prisons haïtiennes, en dépit des progrès faits dans la formation des gardiens de prison.  Le Représentant spécial a salué, en revanche, le niveau du débat public dans l’île et le respect de la liberté de la presse et des libertés individuelles en général.  S’agissant du développement socioéconomique, qui dépend étroitement de la sécurité, il a jugé que les seuils actuels de pauvreté dans le pays étaient incompatibles avec une stabilité durable.  Le Représentant spécial s’est dit préoccupé par la détérioration de la situation socioéconomique en 2008, après le passage des ouragans qui ont causé des dégâts estimés à 1 milliard de dollars, soit l’équivalent de 15% du produit intérieur brut (PIB) d’Haïti.  La crise financière mondiale a aggravé cette situation, qui a provoqué une baisse de 14% des transferts de fonds, vitaux pour de nombreuses familles de l’île.


À la lumière de ce constat, le Représentant spécial s’est dit convaincu que l’assistance devait revêtir en priorité trois aspects.  Tout d’abord, l’aide humanitaire doit être maintenue à tout prix, a-t-il précisé.  Ensuite, il est crucial d’appuyer le relèvement rapide en l’axant sur la création d’emplois, tout en menant à bien les tâches de réhabilitation et de reconstruction à l’appui du développement.  Enfin, du développement à plus long terme, que M. Annabi a appelé de ses vœux, dépend la revitalisation du secteur privé.  La réalisation complète des objectifs fixés dans le Document stratégique pour la réduction de la pauvreté (DSRP) exigera un partenariat renouvelé entre les autorités nationales et les acteurs internationaux.  Le Représentant spécial a souhaité, en conclusion, que la Conférence des donateurs de Washington, qui se tiendra les 13 et 14 avril prochains, permettra de combler les attentes du Gouvernement, qui a besoin de 125 millions de dollars pour l’année fiscale en cours.


Déclarations


M. YUKIO TAKASU (Japon) a estimé qu’il faut garder à l’esprit que la situation en matière de sécurité restait dans un état fragile.  Il a affirmé que les prochaines élections de novembre et la révision constitutionnelle marqueront  une étape importante du processus politique haïtien.  Dans ce contexte, il a jugé essentielle la présence des soldats et des policiers de la MINUSTAH, compte tenu des faiblesses de la police nationale haïtienne.  Il a aussi mis l’accent sur la nécessité de réaliser des progrès sur le front social et économique.  Pour réussir un développement durable, le Gouvernement haïtien, a dit M. Takasu, doit faire la démonstration auprès de son peuple et de la communauté internationale, d’une vision claire de l’autodéveloppement et d’une volonté politique de s’approprier cette tâche essentielle. 


Pour sa part, la communauté internationale doit s’aligner sur les efforts d’Haïti, en accroissant son soutien, afin de permettre l’émergence d’un contexte de paix et de stabilité propre à faire progresser le processus de reconstruction actuelle.  Le représentant a estimé que la prochaine Conférence de Washington serait l’occasion pour les donateurs de réaffirmer leur soutien.  La sécurité alimentaire et la création d’emploi sont les deux questions urgentes.  Il est important, a-t-il dit, de garder à l’esprit que le maintien de la paix et sa consolidation ne sont pas deux processus distincts mais bien parallèles.  Il faut s’assurer que la réduction des effectifs de la Mission ne créée pas un vide sécuritaire et ne conduise pas à un engagement et un appui moindres de la communauté internationale.


M. JEAN-MAURICE RIPERT (France) a estimé que la communauté internationale devait rester mobilisée pour appuyer les efforts des autorités haïtiennes afin de poursuivre la stabilisation de leur pays et l’inscrire dans la voie du développement durable.  Il a partagé les propos du Secrétaire général de l’ONU, selon lesquels « Haïti est aujourd’hui à un moment crucial ».  Et, pour le représentant de la France, ceci tient notamment au fait que le pays a enregistré les premiers résultats des efforts entrepris depuis 2006: rétablissement de la sécurité et professionnalisation de la police, amélioration des infrastructures routières et de la distribution électrique notamment.  Pour poursuivre cette politique de stabilisation et de développement, une action déterminée des autorités locales est plus que jamais nécessaire avec le soutien de la communauté internationale, a-t-il déclaré.  Sur le plan politique, M. Ripert a affirmé que les prochaines élections sénatoriales étaient essentielles.  Il a souhaité qu’elles se tiennent dans des conditions libres et transparentes.  De même, a-t-il ajouté, l’engagement de la communauté internationale au plan sécuritaire demeure plus que jamais nécessaire dans l’appui à ce pays. 


Le représentant français, qui a reconnu l’importance de la Conférence des donateurs de Washington, a aussi appuyé la recommandation du Secrétaire général de se baser sur une stratégie à moyen terme pour transférer progressivement, et dans des conditions satisfaisantes, les responsabilités aujourd’hui assumées par la communauté internationale aux Haïtiens.  M. RIPERT a conclu en souhaitant pouvoir examiner prochainement la configuration de la MINUSTAH sur le plan politico-militaire et de police.


Mme SUSAN RICE (États-Unis) a déclaré qu’Haïti se trouvait à un moment charnière de son histoire qui offre également de nouvelles opportunités à saisir  Elle a souligné que le renforcement de la police nationale était la base à toute amélioration de la situation et, partant, des progrès dans d’autres domaines importants.  La situation reste précaire, a-t-elle noté, en l’attribuant aux « immenses » difficultés de l’an passé comme le passage destructeur des cyclones et la crise alimentaire.  Elle a émis le souhait que la Conférence des donateurs permettra aux partenaires internationaux d’évaluer les faiblesses budgétaires d’Haïti et de mieux cibler les besoins en matière de santé, d’éducation et d’emploi.  Mais qu’on se le dise, sécurité et développement son interdépendants, a souligné Mme Rice.


La professionnalisation de la police nationale, qui devra à terme compter 14 000 agents, et la réforme de la justice seront les éléments vitaux qui permettront à Haïti de s’engager durablement et en confiance sur la voie de la démocratie et de la prospérité.  Mme Rice a également appelé au renforcement de la coopération entre la  MINUSTAH et les autorités dans la lutte contre le trafic de drogue et le surpeuplement carcéral.  Elle a en outre indiqué que le programme de coopération économique «  Hope 2 » entre le Gouvernement des États-Unis et celui d’Haïti était une occasion à saisir pour améliorer l’accès des produits haïtiens au marché américain.  Elle a conclu en déclarant que les élections sénatoriales du 19 avril représentaient un pas de plus vers le développement.  Ces élections doivent être libres, justes, transparentes et propices à un dialogue politique où toutes les voix de bonne volonté pourront se faire entendre, a conclu la représentante.


Mme KAREN PIERCE (Royaume-Uni) a déclaré que le soutien de la communauté internationale était indispensable au relèvement d’Haïti, après le passage des ouragans dans l’île.  Elle a ensuite exhorté les autorités à utiliser le savoir–faire de la MINUSTAH pour prendre des mesures rapides dans les domaines clefs.  Face à l’actuel niveau de pauvreté, la coopération avec les organismes internationaux demeure plus que jamais nécessaire, a-t-elle estimé, soulignant qu’il ne figurait pas dans le mandat de la MINUSTAH d’assurer durablement l’assistance humanitaire dans l’île.  Une meilleure répartition des tâches est indispensable à cet égard pour éviter les doublons, a indiqué la représentante.  Elle a salué le travail accompli par la Mission, qui a remarquablement œuvré à l’amélioration de la vie quotidienne des Haïtiens, notamment dans le domaine de la sécurité.  Les rythmes du recrutement et de la formation des personnels de sécurité haïtiens sont cruciaux pour consolider les acquis à cet égard, a-t-elle jugé en conclusion.


M. PATRICK S. MUGOYA (Ouganda) a considéré, à son tour, que le renforcement de la Police nationale, grâce notamment aux efforts de la MINUSTHA, avait permis des progrès notables en matière de lutte contre les bandes criminelles et de rétablissement de la stabilité dans le pays.  Dans ce contexte, le Gouvernement, le Groupe des Amis du Secrétaire général pour Haïti et la communauté internationale dans son ensemble doivent continuer à renforcer les capacités nationales pour intensifier le contrôle des frontières haïtiennes.  Le représentant a ensuite estimé que les élections sénatoriales du 19 avril, « pierre angulaire de la démocratie à venir », devront être justes, libres et ouvertes à tous.  Ce scrutin représente un test à l’occasion duquel Haïti devra, par le dialogue, poser les fondations de la démocratie et du développement durable, a encore dit le représentant.  Il a ensuite préconisé, entre autres, une augmentation des recettes fiscales afin de financer plus avant les services sociaux de base, mis à mal par les événements tragiques de l’année passée.  Concernant la Conférence des donateurs, le représentant a souhaité qu’elle soit l’occasion pour la communauté internationale de manifester sa solidarité à l’égard du relèvement d’Haïti et de la mobilisation de nouvelles ressources.   


M. IBRAHIM O.A. DABBASHI (Jamahiriya arabe libyenne) a salué les efforts de la MINUSTAH pour garantir la stabilité d’Haïti.  Il a regretté que la situation dans l’île continue de figurer à l’ordre du jour du Conseil de sécurité après toutes ces années, et ce alors que le passage des ouragans en septembre a fragilisé les progrès accomplis dans la consolidation de la sécurité.  Le Gouvernement doit continuer de mettre en œuvre le Document stratégique pour la réduction de la pauvreté (DSRP), a poursuivi le représentant, qui a salué l’adoption d’un Agenda législatif commun et la consolidation de l’appareil judiciaire.  Il est important que les propositions de Paul Collier sur le développement économique à long terme et la réduction de la pauvreté en Haïti fassent l’objet de toute l’attention nécessaire afin de garantir la stabilisation du pays, a-t-il préconisé en conclusion.


M. MICHEL KAFANDO (Burkina Faso) a estimé que la stabilité politique était un impératif pour Haïti, surtout au regard des importantes échéances politiques des deux prochaines années, dont l’organisation d’élections sénatoriales, législatives, locales et présidentielles, ainsi que la réforme de sa Constitution.  Tous les acteurs politiques et de la société civile se doivent, par conséquent, de tout mettre en œuvre pour instaurer un climat de paix par le dialogue inclusif, a-t-il dit.  Pour les y aider, le Gouvernement doit mettre en place les conditions nécessaires à une organisation efficiente des élections, notamment en garantissant la sécurité, la liberté, la démocratie et la transparence, a-t-il ajouté, espérant que, dans ces conditions, le parti Fanmi Lavalas pourra être partie prenante au processus des prochaines élections sénatoriales.


Le représentant a en outre jugé que la restauration de l’autorité de l’État et de l’état de droit, y compris le respect des droits de l’homme, ne pourrait se réaliser qu’au prix d’une réforme profonde de la justice.  Il a ainsi encouragé le Gouvernement à poursuivre résolument son Plan de réforme de la justice.  S’agissant de la situation économique du pays, il a lancé un appel à la communauté internationale, notamment les pays donateurs, ainsi que le secteur privé haïtien pour soutenir le Gouvernement, particulièrement dans la création d’emplois.


M. FAZLI ÇORMAN (Turquie) a indiqué que son pays attachait une grande importance à la stabilité d’Haïti et qu’il soutenait totalement la MINUSTAH.  Il a rappelé que la Turquie comptait 46 policiers déployés dans le cadre de la Mission et que 27 autres officiers arriveraient bientôt sur le terrain.  Il a par ailleurs souhaité que les prochaines élections contribuent à améliorer le renforcement des institutions en Haïti.  Puis, il a appelé les Nations Unies et la MINUSTAH à faire preuve de vigilance face à l’extrême pauvreté et à l’environnement socioéconomique précaire.  Le représentant a également appelé la communauté internationale à poursuivre son soutien à l’égard d’Haïti, et a souhaité que la prochaine Conférence des donateurs, le 14 avril à Washington, soit pour cette communauté l’occasion de montrer sa détermination et son attachement à aider le pays.


M. VICE SKRAČIĆ (Croatie) s’est dit encouragé par le fait que de nombreux interlocuteurs rencontrés lors de la visite du Conseil de sécurité en Haïti aient exprimé, dans l’optique des élections du 19 avril, leur volonté de surmonter les divisions actuelles.  Les questions de sécurité, le renforcement de l’état de droit et l’amélioration des services publics doivent être au centre de l’agenda gouvernemental, a considéré le représentant, qui a regretté qu’à ce stade le Gouvernement n’ait toujours pas proposé au Parlement de plan d’action ciblant les priorités socioéconomiques.  Les progrès en matière de sécurité ne doivent pas reléguer, à l’arrière plan, l’effort de développement qui doit aller de pair avec la recherche cruciale de la stabilité, a encore estimé M. Jurica.  Il a par ailleurs salué les progrès réalisés dans le cadre de la réforme de la justice, qu’il a qualifiés de préalable au développement économique.  Dans la perspective de la Conférence des donateurs, il a demandé que l’aide internationale contribue à combler les faiblesses budgétaires et à soulager la souffrance des 3 millions de personnes directement menacées par l’insécurité alimentaire.  À ce propos, il a préconisé l’élimination des obstacles aux investissements dans l’île, par l’établissement, a-t-il suggéré, de zones franches.


M. VITALY CHURKIN (Fédération de Russie) a rappelé que l’année 2008 avait été particulièrement douloureuse pour Haïti, qui a connu, en avril, les émeutes de la faim, et en septembre, le passage d’ouragans violents à l’origine de nombreuses victimes et de dégâts.  Il s’est dit convaincu que la réalisation des propositions du plan préparé par le Secrétariat permettra à Haïti de faire des progrès graduels dans ses domaines d’action prioritaires.  Notant ensuite le bon niveau de coopération entre la MINUSTAH et les forces haïtiennes dans la sécurisation de l’île et de ses frontières terrestres et maritimes, le représentant a rappelé que le renforcement progressif de la Police nationale avait pour finalité le transfert d’autorité de la MINUSTAH vers les autorités de l’île.  La Fédération de Russie continuera à appuyer le peuple et le Gouvernement d’Haïti, y compris lors de la Conférence des donateurs qui se tiendra le 14 avril à Washington, a annoncé le représentant en conclusion.


M. LE LUONG MINH (Viet Nam) a estimé que, sans développement socioéconomique, les progrès déjà enregistrés en Haïti resteraient fragiles.  Il est impératif que le Gouvernement haïtien agisse simultanément sur les fronts politique, sécuritaire et socioéconomique, a-t-il ajouté.  Il a ainsi préconisé de renforcer le consensus politique pour assurer la stabilité et poursuivre, en ce sens, la mise en œuvre des programmes de renforcement des secteurs de la sécurité et des institutions.  Pour ce qui est du domaine socioéconomique, le représentant a noté que les catastrophes naturelles de 2008, couplées aux effets de la crise financière et économique internationale, avaient pesé de tout leur poids sur la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) et sapé l’application des stratégies de relèvement du Gouvernement.  Dans ce contexte, il a salué le rôle d’appui aux projets de développement économiques, en matière de sécurité à long terme et de renforcement de l’état de droit, du Groupe restreint des concernant Haïti, de l’Organisation des États américains (OEA), de la Communauté des Caraïbes (CARICOM) et de la MINUSTAH.  Il a estimé qu’à terme, l’engagement international en faveur du développement d’Haïti ne pourrait être couronné de succès que lorsque tous les Haïtiens auront les moyens de prendre collectivement en main leur propre avenir.


M. CHRISTIAN EBNER (Autriche) a salué les progrès considérables faits dans le renforcement de la sécurité et la consolidation des institutions démocratiques dans l’île.  L’effort coordonné de la MINUSTAH et des autorités nationales a ainsi permis de faire la différence, a-t-il souligné.  Il s’est dit en revanche préoccupé par les difficultés de procédure rencontrées par l’appareil judiciaire, qui ont conduit à un problème de surpopulation carcérale.  Un autre élément crucial pour la stabilisation politique d’Haïti, c’est la réforme constitutionnelle qui permettra d’améliorer la bonne gouvernance, a poursuivi M. Mayr-Harting.  Tous les efforts doivent être maintenant déployés pour que les élections sénatoriales soient justes, transparentes et équitables, a-t-il souligné.  L’Autriche, a-t-il dit, estime que le partenariat régional contribue au renforcement de l’action de la MINUSTAH.  Selon lui, la prochaine Conférence des donateurs devrait être un moyen pour Haïti d’avoir accès aux ressources nécessaires à la mise en œuvre de son programme de développement socioéconomique.


M. LIU ZHENMIN (Chine) a déclaré qu’en dépit des progrès importants soulignés dans le rapport du Secrétaire général, la situation en Haïti restait précaire; la pauvreté, le chômage et l’insécurité alimentaire hypothéquant sérieusement la stabilité et le développement durable du pays.  Il a indiqué que le Gouvernement devait accentuer ses efforts dans les domaines clefs du renforcement de la Police nationale, de la restructuration des institutions, du contrôle des frontières, de la réforme de la justice et de la lutte contre la corruption.  Il a exhorté les autorités haïtiennes à faire montre de volonté politique, en organisant des élections qui soient justes, libres et ouvertes à tous.  Il a ajouté que la Chine, aux côtés des partenaires internationaux, continuerait d’appuyer pleinement les activités de la MINUSTAH en vue de garantir la sécurité durable en Haïti.  Il a souhaité qu’à cette fin, la Conférence des donateurs des 13 et 14 avril prochains soit couronnée de succès. 


M. JORGE URBINA (Costa Rica) a dit que les efforts en Haïti pouvaient connaître le succès et qu’ils constitueront une précieuse leçon pour les Nations Unies.  Le nombre croissant des opérations de maintien de la paix de l’ONU et les limites des ressources humaines et financières dont elle dispose montrent les défis multidimensionnels complexes que doit relever l’ONU dans les domaines de la paix et de la sécurité.  La MINUSTAH fait tout ce qu’elle peut, mais le Gouvernement et la Mission ne conjuguent pas suffisamment leurs efforts pour consolider les progrès réalisés jusqu’ici, a estimé le représentant.  Il a rappelé que c’est la faiblesse de l’engagement de la communauté internationale qui a toujours forcé Haïti à livrer des batailles qu’elle avait déjà livrées. 


Quels acquis resteraient-ils si la communauté internationale réduisait sa coopération?  Haïti serait-elle capable de maintenir une force de police forte de 14 000 hommes?  Qui mettrait en place les infrastructures nécessaires à la reconstruction?  Haïti serait-elle capable d’organiser son huitième processus électoral pendant les 36 prochains mois, a encore demandé le représentant.  Le développement socioéconomique est le plus grand défi que doit relever Haïti.  Les élites politiques, économiques et culturelles ont la responsabilité première de piloter les progrès du pays.  Le pouvoir législatif et les partis politiques, a insisté le représentant, doivent assumer leur responsabilité de mettre en place un environnement favorable à la modernisation et au développement.  Les réformes favoriseront le retour de la diaspora haïtienne et des investissements étrangers, a-t-il insisté, en soulignant qu’Haïti a besoin d’une stratégie nationale de développement pour exploiter son capital humain et parvenir à la sécurité alimentaire.


M. CLAUDE HELLER (Mexique) a espéré que l’organisation de ce débat suscitera un intérêt majeur de la communauté internationale lors de la Conférence des donateurs de Washington, qui se tiendra le 14 avril prochain.  Il a ensuite exhorté le Gouvernement haïtien à tout mettre en œuvre pour garantir que le scrutin organisé en vue de renouveler un tiers des sièges du Sénat se déroule de manière démocratique, transparente et inclusive.  Le Mexique considère que l’une des tâches prioritaires de la MINUSTAH consiste à renforcer les capacités de la police haïtienne, tandis que la situation économique dans l’île exige une coopération étroite de la communauté internationale.  Il a jugé que les efforts déployés jusqu’à présent tant au niveau bilatéral qu’à celui des différentes instances multilatérales avaient été insuffisants pour trouver une solution aux problèmes de croissance et de développement social du pays.  C’est pourquoi il est impératif de forger une nouvelle alliance entre Haïti et la communauté internationale, qui doit se fonder sur des engagements mutuels.  Pour sa part, le Gouvernement mexicain a décidé d’ouvrir un fonds Haïti-Mexique, qui fera l’objet d’une présentation détaillée lors de la Conférence des donateurs de Washington, a annoncé le représentant.


Mme SYLVIE LUCAS, Présidente du Conseil économique et social (ECOSOC), a rappelé les recommandations du Groupe consultatif spécial sur Haïti, créé par l’ECOSOC.  Le Groupe a d’abord recommandé une meilleure planification du développement et une coordination accrue de l’aide internationale.  Dans ce contexte, a-t-elle dit, il est urgent et nécessaire que la Conférence des donateurs qui aura lieu, le 14 avril prochain, mobilise une nouvelle fois la communauté internationale et contribue au développement du pays sur le court, le moyen et le long termes.  Le Groupe a aussi recommandé le renforcement des capacités institutionnelles haïtiennes, en particulier dans le domaine de la justice et de l’état de droit, mais aussi dans celui des douanes et de l’administration publique en général.  Enfin, le Groupe a recommandé une meilleure mise à contribution des « leviers haïtiens et internationaux du développement socioéconomique ».  Il recommande en effet d’engager davantage le secteur privé pour tirer Haïti de la pauvreté, par la création d’emplois dans le secteur formel.  Le Groupe insiste, à cette fin, sur la contribution que la diaspora peut apporter au développement du pays, en matière de transferts de fonds, de compétences techniques et de savoir-faire. 


M. ALBERT R. RAMDIN, Secrétaire général adjoint de l’Organisation des États américains (OEA), a considéré qu’Haïti était à un tournant de son histoire et que les élections sénatoriales du 19 avril intervenaient dans un contexte de progrès « à confirmer », notamment dans le secteur de la sécurité.  Il a ajouté qu’après une année 2008 marquée par les catastrophes naturelles et les émeutes de la faim, l’aide internationale permettait à présent de créer des revenus et de nouveaux emplois.  L’accent doit être mis sur le maintien de l’ordre public et le renforcement de la démocratie, a encore noté M. Ramdin.  Il a également appelé à la relance « vitale » à long terme du secteur agricole et de la réduction des risques de catastrophes naturelles.  L’OEA œuvre plus spécifiquement à améliorer les capacités administratives en matière électorale – elle vient de mettre sur pied le premier registre civil moderne en Haïti – et à soutenir les initiatives en faveur des droits de l’homme et de la réforme de la justice.  L’orateur a ensuite souligné la nécessité de restaurer la confiance des Haïtiens et de leurs partenaires de développement.  La prochaine Conférence des donateurs, qui se tiendra les 13 et 14 avril prochains à Washington, devra servir à mettre en place un cadre élargi de coopération à l’intérieur duquel les acteurs internationaux, le secteur privé et la diaspora haïtienne auront toute l’attitude pour apporter leur contribution au développement socioéconomique d’Haïti, a conclu M. Ramdin. 


M. PEDRO MEDRANO, Directeurrégional du Programme alimentaire mondial (PAM) pour l’Amérique latine, qui s’exprimait au nom de la Directrice exécutive du PAM, Mme Josette Sheeran, s’est dit convaincu, à l’instar du Secrétaire général dans son rapport, que les niveaux actuels de pauvreté, de privation et de souffrance étaient incompatibles avec l’objectif de stabilité à long terme.  Même sans les menaces climatiques, l’état actuel des infrastructures de santé et sanitaires et l’insécurité alimentaire continue représentent des défis énormes, a-t-il dit.  Il a notamment affirmé qu’afin de favoriser les moyens de subsistance dans les régions rurales, le PAM était déterminé à travailler avec ses partenaires pour tenter de régler les nombreux défis qui limitent actuellement les possibilités d’achat de denrées alimentaires.  Selon lui, la prochaine Conférence des donateurs, prévue à Washington le 14 avril, représente une occasion importante de forger un nouveau paradigme en termes de sécurité économique et sociale.  Le PAM, comme d’autres agences de l’ONU, et des donateurs militent fortement en faveur d’une stratégie mettant l’accent sur l’accès à l’emploi, ainsi que sur la fourniture aux plus pauvres de services sociaux de base en matière de santé, d’alimentation et d’éducation, a-t-il déclaré.


Mme YVONNE TSIKATA, Directrice de la Banque mondiale pour la région des Caraïbes, a mis l’accent sur les deux stratégies de soutien de la Banque mondiale à Haïti.  La première, entre 2005 et 2006, couvrant six opérations pour un montant total de 131 millions de dollars, visait à apporter un appui dans les domaines de l’éducation, de la gouvernance économique, de la gestion des catastrophes naturelles, de la création rapide d’emplois à travers des initiatives pilotes et des interventions sanitaires de base d’urgence.  La seconde, de 2007 à 2008, reposait sur les deux piliers qui guidaient déjà la précédente, à savoir aider le Gouvernement à fournir rapidement des services de base à la population et à créer des emplois, et restaurer la crédibilité envers les institutions haïtiennes par un approfondissement des réformes destinées à promouvoir une bonne gouvernance à long terme et le développement institutionnel.  Le projet de stratégie de 2009 à 2012, qui doit être examiné par le Conseil d’administration en juin, sera axé, a-t-elle expliqué, sur la promotion de la croissance et du développement local, l’investissement dans le capital humain et la réduction de la vulnérabilité face

aux catastrophes.  La Banque mondiale travaille étroitement avec les Nations Unies, à la fois au niveau de la coordination générale des donateurs et sur le plan plus spécifique des projets individuels dont elle est partenaire, a-t-elle souligné.


Mme DORA CURREA, Directrice générale du Département des pays caribéens de la Banque interaméricaine de développement, a déclaré qu’en dépit des progrès accomplis, les crises économique, alimentaire et financière avaient eu un impact dévastateur sur la société haïtienne, sans compter les dégâts et les victimes provoqués par les ouragans de septembre.  C’est pourquoi la Conférence des donateurs de Washington devra être l’occasion de forger un nouveau partenariat en faveur du relèvement de l’île, a souligné Mme Currea.  Rappelant que le rapport de l’économiste Paul Collier, remis récemment au Secrétaire général, fournissait des pistes pour assurer son développement socioéconomique, elle a espéré que de nouveaux fonds soient déboursés pour financer les axes prioritaires de la politique haïtienne.  La Conférence aura non seulement pour objectif de faire des annonces de contribution, mais elle devra également permettre d’aligner les programmes bilatéraux sur les besoins les plus urgents du Gouvernement haïtien, sur la base de l’appropriation nationale, a-t-elle souligné en conclusion.


M. NIKY FABIANCIC, Directeur adjoint du Bureau régional du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) pour l’Amérique latine et les Caraïbes, a estimé que la récente visite du Conseil de sécurité dans le pays avait créé un environnement propice à la réaffirmation des engagements de la communauté internationale en faveur du succès socioéconomique d’Haïti.  Il a mis l’accent sur la nécessité de permettre au pays de s’engager sur la voie du redressement après le choc des crises et des catastrophes naturelles en 2008.  Il a salué les réponses apportées l’année passée par la MINUSTAH, les agences onusiennes et les organisations non gouvernementales (ONG) pour juguler l’impact de la crise alimentaire.  L’orateur a ensuite souligné, à son tour, les défis immenses auxquels Haïti doit encore faire face.  La gouvernance reste précaire, et malgré les efforts communs, l’offre alimentaire ne répond pas à la demande, a-t-il ainsi dit.  Il a indiqué que le Cadre d’assistance de développement pour la période 2009-2011 devrait permettre au pays de rester dans la course à la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). 


Le Directeur adjoint a par ailleurs affirmé que la Conférence des donateurs des 13 et 14 avril prochains serait notamment consacrée à l’élaboration de programmes prioritaires, à l’appui économique et à la stabilité du pays.  Toutefois, a-t-il expliqué, il n’y aura pas de développement socioéconomique durable sans renforcement de la sécurité, ni baisse de la vulnérabilité des populations.  Selon M. Fabiancic, l’accent doit être mis sur la création d’emplois pour réduire pauvreté et sur le lancement de programmes sociaux destinés à répondre aux besoins immédiats des femmes et enfants en matière de santé et d’éducation.  La relance des activités agricoles et l’amélioration de l’accès aux services de base sont des priorités à long terme que seule la réduction du décalage entre le financement nécessaire et les ressources disponibles permettra de réaliser, a-t-il prévenu.  Il a indiqué qu’à ce stade, les agences du système de l’ONU ne disposaient que de 26% des fonds nécessaires au relèvement d’Haïti.


M. CORINNE DELECHAT, chef de la mission du Fonds monétaire international (FMI) en Haïti, a fait état des difficultés qui demeurent dans l’île malgré les progrès accomplis dans sa stabilité macroéconomique.  Ces derniers mois, les tensions politiques ont ralenti l’adoption du budget, a-t-elle déploré, soulignant qu’il fallait veiller à la transparence des élections sénatoriales.  La représentante a ensuite estimé que la baisse des envois de fonds serait compensée par la baisse des prix.  Mais le déficit des revenus douaniers exige des mesures urgentes, a-t-elle souligné, estimant que, dans le secteur financier, la qualité des portefeuilles devrait être suivie de prêt.  Le 11 février, le FMI a approuvé une augmentation supplémentaire de 37 millions de dollars en faveur de la réduction de la pauvreté en Haïti.  Face à des besoins immenses, les autorités doivent réunir 125 millions de dollars pour mener à bien leurs projets et combler les lacunes budgétaires, sous peine de porter atteinte au fonctionnement de l’État et de menacer le développement social et économique de l’île.  C’est pourquoi Mme Delechat a demandé aux autres donateurs de participer généreusement à la Conférence de Washington du 14 avril.


M. JOSE LUIS CANCELA (Uruguay), s’exprimant en sa qualité de coordonnateur du Groupe des Amis du Secrétaire général pour Haïti, a indiqué que celui-ci saluait les avancées réalisées en vue de la consolidation de la stabilité d’Haïti dans les secteurs clefs que sont le dialogue politique, l’extension de l’autorité de l’État, y compris le contrôle des frontières, le renforcement de la sécurité, l’état de droit et les droits de l’homme.  Il s’est ainsi félicité de l’engagement des pays d’Amérique latine, qui appuient financièrement la formation des agents de police, ainsi que les efforts menés par le Groupe consultatif « 2 X 9 » sur Haïti.  S’agissant du dialogue politique, le Groupe des Amis estime que la constitution du Gouvernement du Premier Ministre Pierre-Louis a permis un pas dans la bonne direction, « comme l’a montré la coopération active entre l’Exécutif, le Parlement et la société civile lors des catastrophes naturelles qui ont frappé le pays ».  Appelant à la tenue d’élections justes et équitables, M. Cancela a ensuite considéré que la stabilisation de la situation en matière de sécurité et le développement socioéconomique étaient des objectifs interdépendants.  Il a en outre réaffirmé l’importance de la Conférence des donateurs, les 13 et 14 avril prochains, à l’occasion de laquelle, a-t-il souhaité, les donateurs et les partenaires du développement sauront coordonner la réponse aux besoins identifiés par le Gouvernement d’Haïti, afin de mettre durablement le pays sur la voie de la croissance.


M. HERALDO MUÑOZ (Chili) a réitéré l’engagement de son pays en faveur de la stabilisation en Haïti, lequel représente, a-t-il dit, un signal fort en vue d’aider l’île à mettre en œuvre des solutions multilatérales aux situations de conflit et de catastrophes naturelles.  Soulignant le lien entre sécurité et développement dans l’île, le représentant a estimé qu’une coordination étroite de toutes les parties prenantes était indispensable et devait privilégier les efforts pour améliorer les indicateurs socioéconomiques.  Puis il a annoncé que son gouvernement contribuerait, dans la mesure de ses moyens, à la Conférence des donateurs prévue le 14 avril à Washington, pour appuyer les programmes de développement de la nation caribéenne sur la base de l’appropriation nationale.  M. Muñoz a saisi l’occasion pour rappeler les efforts déployés par le Chili et les pays latino-américains, qui fournissent 60% des contingents militaires de la MINUSTAH.  Rien que cette année, a-t-il conclu, le Chili formera plus de 70 professionnels de police.


M. JOHN MCNEE (Canada) a déclaré qu’Haïti était le second récipiendaire de l’aide au développement du Canada après l’Afghanistan, son engagement total s’élevant à 555 millions dollars sur la période 2006-2011.  En outre, il a estimé que, dans le contexte qui prévalait à Haïti, il convenait de dégager certains axes prioritaires.  Le représentant a ainsi jugé primordial de maintenir le consensus politique au sein des autorités haïtiennes afin de travailler au bien commun de la population.  Il a ensuite expliqué que la MINUSTAH devait demeurer en Haïti le temps qu’il faudrait afin de garantir la sécurité et la stabilité des institutions.  Le travail de la Mission doit être évidemment jumelé au succès de la réforme de la Police nationale d’Haïti et des réformes des systèmes judiciaire et correctionnel. 


En outre, le leadership haïtien et l’appropriation des réformes sont des éléments incontournables, a relevé le représentant, mais, a-t-il ajouté, il faut éviter que l’évocation de cette nécessité ait pour effet de reporter ou même de bloquer les réformes acquises.  L’inertie devant la complexité des problèmes et l’ampleur de certaines tâches à accomplir constitue un obstacle courant, aussi faut-il la combattre afin d’obtenir des succès en Haïti, a prévenu M. McNee.  Par ailleurs, a poursuivi le représentant, la Conférence des donateurs de Washington sera une étape importante pour Haïti et ses partenaires internationaux afin de resserrer la coordination des partenaires autour de la feuille de route que constitue le Document stratégique pour la réduction de la pauvreté (DSRP).  Enfin le représentant canadien a déclaré que les élections sénatoriales seraient bienvenues pour stabiliser les institutions parlementaires.


Mme MARIA LUIZA RIBEIRO VIOTTI (Brésil) a jugé nécessaire de maintenir la configuration et le mandat actuels de la MINUSTAH, tout en appuyant les efforts nationaux pour améliorer la situation socioéconomique.  En matière de sécurité, elle a d’abord souligné la nécessité de réformer et de renforcer la Police nationale haïtienne, ainsi que le système judiciaire et pénitentiaire.  En ce moment critique, a-t-elle insisté, toute l’assistance bilatérale et multilatérale doit être augmentée.  S’agissant de la lutte contre la pauvreté, elle a estimé que la prochaine Conférence des donateurs est une occasion unique de renforcer la coordination entre parties prenantes et d’identifier les moyens d’optimiser les ressources.  La représentante a rappelé que son pays a contribué à hauteur de 500 000 dollars à l’organisation des élections.  Une gouvernance démocratique efficace et durable est un objectif à poursuivre avec détermination partout dans le monde, et Haïti ne saurait être une exception, a-t-elle souligné.  La Conférence des donateurs et les élections sont deux occasions importantes pour Haïti de réaffirmer sa volonté de s’approprier les processus politique et de développement socioéconomique, a conclu la représentante.


M. JORGE ARGÜELLO (Argentine) s’est félicité des avancées réalisées dans le domaine sécuritaire, mais s’est dit, comme beaucoup d’autres, préoccupé par le fait que les catastrophes naturelles remettent en cause les progrès accomplis par Haïti dans le domaine socioéconomique.  La situation du pays continue d’être fragile en raison de la persistance de la pauvreté et du chômage, et de la capacité limitée des institutions haïtiennes à fournir des services de base à la population, a souligné le représentant.  L’étroite relation entre sécurité et développement met en évidence le fait que l’action de la communauté internationale ne peut se limiter au déploiement de la MINUSTAH, chargée du renforcement de la sécurité dans l’île, alors que l’on ne constate pas d’amélioration des conditions de vie de la population.  C’est pourquoi la Conférence des donateurs de Washington représente une occasion de promouvoir le développement socioéconomique de l’île et de renforcer ses institutions démocratiques, a-t-il estimé en conclusion.


M. ENRIQUILLO A. DEL ROSARIO CEBALLOS (République dominicaine) a estimé que le moment est venu d’offrir à Haïti une aide dynamique visant à la rendre moins dépendante de l’assistance humanitaire, compte tenu des dernières études statistiques, qui montrent que les « fondamentaux économiques d’Haïti sont forts ».  La République dominicaine travaille en ce moment avec Haïti au rétablissement de la Commission mixte bilatérale qui examine des questions telles que l’immigration, les échanges commerciaux, la santé, l’éducation, la sécurité à la frontière, la lutte contre le trafic de stupéfiants, l’environnement et toute autre question d’intérêt commun.  La Commission se réunira ce mois-ci pour lancer les travaux relatifs à cet important agenda.  S’agissant du contrôle de la frontière, la République dominicaine a mis en place une force spéciale qui est chargée non seulement de surveiller la frontière, mais aussi de prévenir le trafic des stupéfiants et des armes, ainsi que la traite des êtres humains.  Compte tenu des nombreux défis auxquels Haïti est confrontée, le représentant a appuyé fermement la convocation d’une conférence des donateurs.


Mme MARIA FERNANDA ESPINOSA (Equateur) a indiqué que le contingent militaire de son pays en Haïti contribuait activement à l’instauration d’un climat de sécurité propice au rétablissement des institutions démocratiques, de l’état de droit, et, ce faisant, au développement durable de la population haïtienne, « république sœur des Caraïbes. »  La politique de maintien de la paix de l’Equateur comprend aussi la recherche de mesures politiques intégrées destinées à renforcer les moyens de réponse d’Haïti aux catastrophes humanitaires, a encore dit Mme Espinosa, qui a souligné l’efficacité du Groupe consultatif 2X9 sur Haïti en matière de consolidation de la stabilité en Haïti.  Pour atteindre l’objectif du développement économique et social, il nous faudra collectivement élimination la pauvreté dans l’île, a ajouté la représentante, qui a salué à cet égard la prorogation du mandat de la MINUSTHA et appelé de ses vœux des élections sénatoriales justes et transparentes pour permettre au pays d’avancer vers la démocratie et la prospérité.  Elle a ainsi demandé que la Conférence des bailleurs de fonds soit assortie d’un programme d’aide à long terme pour pérenniser le processus de relèvement. 


M. LUIS ENRIQUE CHÁVEZ (Pérou) a affirmé qu’à l’évidence, la situation sécuritaire en Haïti s’était améliorée, comme en témoigne le retour au calme de certains quartiers, comme celui de Cité-Soleil, à Port-au-Prince.  Mais il s’est dit préoccupé par la détérioration du niveau de vie de la population haïtienne en 2008, à la suite du passage des ouragans et de l’impact de la crise alimentaire.  Aussi est-il décisif d’aborder la situation dans l’île avec un nouvel élan à la veille de la Conférence des donateurs de Washington, au cours de laquelle, a-t-il dit, les bailleurs de fonds devront faire preuve de générosité et s’aligner sur les priorités clefs du Gouvernement haïtien.  C’est une occasion d’obtenir un appui financier, logistique et technologique au développement socioéconomique durable du pays et de sa bonne gouvernance, a ajouté le représentant.  Il est également crucial de prendre des mesures pour veiller au respect des droits de l’homme dans l’île, a-t-il dit, avant de réaffirmer l’engagement sans faille de son pays en faveur de la stabilité d’Haïti.


M. MARTIN PALOUŠ (République tchèque), au nom de l’Union européenne (UE), a salué les travaux efficaces de la MINUSTAH, perceptibles en particulier dans l’amélioration de la situation en matière de sécurité et de renforcement des capacités institutionnelles et politiques.  M. Palouš a également mis l’accent sur la professionnalisation en cours de la Police nationale d’Haïti, dont les agents opèrent en étroite coopération avec la Mission dans la lutte contre le crime organisé.  La réforme de la justice est aussi un préalable à la consolidation de la situation en matière de sécurité, a ajouté M. Palouš.  Appelant le Gouvernement à aller de l’avant pour la stabilisation politique, sécuritaire et socioéconomique du pays, le représentant tchèque a considéré que les élections d’avril, assistées par la communauté internationale, pourraient contribuer à l’amélioration durable de la situation sur place.  Pour sa part, l’UE contribuera à hauteur de 3,3 millions d’euros à la tenue du scrutin, a-t-il annoncé. 


Le représentant a poursuivi en attirant l’attention sur les niveaux de pauvreté et la situation humanitaire en Haïti, estimant que la gravité des catastrophes naturelles endurées en 2008, ajoutée aux répercussions de la conjonction de crises financière et alimentaire, exigeaient un engagement continu et une vigilance accrue de la part de la Mission.  Il a précisé que la Stratégie de coopération de l’UE pour 2008-2013 s’appuyait sur un financement d’un montant de près de 300 millions d’euros, destinés principalement au renforcement des infrastructures et de la gouvernance.  Il a conclu en notant que l’Union espérait que la Conférence des donateurs des 13 et 14 avril permette d’établir un nouveau paradigme de coopération entre Haïti et les partenaires financiers. 


M. ABELARDO MORENO (Cuba), après avoir rappelé le statut d’Haïti de première république de la région à s’être libérée du joug du colonialisme, a déploré que le pays soit l’un des plus négligés par la communauté internationale.  Il a ajouté que l’approche des Nations Unies de la question haïtienne, axée sur des problèmes de sécurité, minimisait l’attention qui doit être portée aux défis structurels dans les domaines politique, économique et sociaux.  La priorité est de toute évidence d’éradiquer la pauvreté en Haïti en vue d’établir la paix, la stabilité et la sécurité propices au développement, a ainsi lancé M. Moreno.  S’il a salué la contribution de la MINUSTAH à cet effort, le représentant a estimé qu’il ne saurait y avoir de solution militaire à la question d’Haïti.  Il a ensuite indiqué que Cuba continuait, dans cet esprit, à apporter son aide à « la nation sœur » dans les secteurs clefs de la santé, de l’énergie, de l’éducation, de l’agriculture et des sports.  Il a ainsi indiqué que plus de 400 coopérants cubains, pour l’essentiel des médecins, étaient présents dans l’île, prodiguant gratuitement des soins aux plus démunis.  Le représentant a également évoqué l’aide dans le domaine de la lutte contre l’illettrisme que son pays a fourni à quelque 160 490 haïtiens à ce jour.  Il a conclu en considérant que sans le plein appui de la communauté internationale, même l’Objectif du Millénaire pour le développement le plus modeste ne pourrait pas être réalisé en Haïti, un pays, a-t-il conclu, qui pourra toujours compter sur l’assistance et la solidarité de Cuba. 


Mme CLAUDIA BLUM (Colombie) a souligné l’engagement de son pays dans l’appui à la formation des agents de la Police nationale d’Haïti dans le domaine de la planification stratégique, l’objectif étant de renforcer la réponse du pays au trafic de drogues et au crime organisé.  Elle a estimé que le renforcement de la Police était un pas dans la bonne direction, la réponse aux défis devant s’effectuer dans le respect des droits de l’homme, a-t-elle précisé.  Elle a ensuite indiqué que la Colombie avait, en 2008, fourni plus de 6 000 tonnes de nourriture, de médicaments et d’autres équipements d’urgence pour atténuer les conséquences humanitaires du passage de l’ouragan Gustave et de la tempête Hanna.  La coopération concerne également l’éducation technique, la sécurité alimentaire et la protection de l’environnement, a-t-elle encore dit.  Elle a conclu en affirmant que tous les efforts coordonnés par la MINUSTAH pourraient se traduire par une amélioration des conditions de vie de la population haïtienne. 


M. JORGE VALERO (Venezuela) a déclaré qu’Haïti a, à l’instar de pays d’Amérique latine, fait les frais des recettes néolibérales perverses imposées par la Banque mondiale et le FMI, et aux conséquences catastrophiques.  La crise économique et financière actuelle pourrait non seulement toucher Haïti mais aussi tous les pays pauvres, a-t-il prévenu.  Depuis le déploiement de la MINUSTAH, des progrès ont certes été accomplis, mais de graves erreurs ont aussi été commises dans la coopération entre les forces de police et militaires.  Le Président d’Haïti a insisté sur la nécessité d’obtenir un appui dans le domaine socioéconomique, a rappelé le représentant vénézuélien.  Pour sa part, le Gouvernement bolivarien, a-t-il dit, a fourni une aide considérable à Haïti dans les domaines de la coopération énergétique, de l’aide alimentaire et de la santé.  Nous sommes prêts à poursuivre notre soutien dans le cadre d’un régime d’entraide régionale, a-t-il ajouté en conclusion.


M. RAYMOND O. WOLFE (Jamaïque), s’exprimant au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a rendu hommage aux efforts menés par la MINUSTAH pour avoir rétabli la stabilité dans le pays, ainsi que pour son rôle dans l’organisation des prochaines élections sénatoriales.  Il a ensuite reconnu, en se référant au rapport du Secrétaire général, que la situation sur place restait toutefois fragile.  Si le peuple et le Gouvernement haïtiens devront être en mesure à terme de prendre en main la consolidation des acquis en matière de sécurité et de renforcement des capacités institutionnelles, la communauté internationale a le devoir de poursuivre ses efforts, a-t-il estimé.  Il a déclaré que la Communauté des Caraïbes considérait que la Conférence des donateurs des 13 et 14 avril prochains, en renouvelant le partenariat entre les autorités haïtiennes et la communauté des bailleurs de fonds, permettra d’accélérer la mise en œuvre du Document stratégique pour la réduction de la pauvreté. 


M. LEO MERORES (Haïti) a estimé que le rapport du Secrétaire général arrive au moment crucial où le peuple haïtien se prépare à aller aux urnes.  Si la situation sécuritaire s’est nettement améliorée grâce à une meilleure coordination entre la Police nationale et la MINUSTAH, elle demeure néanmoins fragile, a prévenu le représentant.  Dans ce contexte, a-t-il indiqué, le Gouvernement accorde une importance particulière aux initiatives visant à doter le pays d’un effectif de 14 000 policiers d’ici à 2011, tout en améliorant ses efforts s’agissant du système judiciaire et pénitentiaire. 


En ce qui concerne le front socioéconomique, le représentant a remercié le Secrétaire général pour son engagement actif en faveur de la Conférence des donateurs d’avril prochain.  Les besoins et les possibilités ont été, dans la plupart des cas, identifiés et repris dans le Document stratégique pour la réduction de la pauvreté.  L’alignement des interventions des partenaires sur les priorités du Gouvernement et les fonds qui seront dégagés à la Conférence permettront au pays d’avoir un souffle nouveau et de repartir sur des bases économiques plus stables, a affirmé le représentant.  Le développement économique et la sécurité sont intimement liés.  Aussi, en plus des efforts que le Conseil déploie pour la stabilisation du pays, il est tout aussi évident que cette dernière est sujette aux progrès à réaliser sur le plan du développement socioéconomique, a insisté le représentant. 



Déclaration présidentielle


Le Conseil de sécurité se félicite des progrès accomplis jusqu’à présent dans les domaines essentiels pour la consolidation de la stabilité en Haïti, à savoir le dialogue politique, l’extension de l’autorité de l’État, y compris la gestion des frontières, le renforcement de la sécurité, l’état de droit et les droits de l’homme.


Le Conseil note avec préoccupation les défis à relever en matière de développement économique et social, au vu de la détérioration sensible des conditions de vie de l’immense majorité des Haïtiens. Il réaffirme que la sécurité doit aller de pair avec le développement économique et social pour permettre à Haïti d’instaurer durablement la stabilité. À cet égard, il engage la MINUSTAH et l’équipe de pays des Nations Unies à agir en coordination plus étroite encore avec le Gouvernement haïtien et les partenaires internationaux et régionaux, sans perdre de vue que la paternité et la responsabilité des décisions reviennent au premier chef au Gouvernement et au peuple haïtiens.


Le Conseil reconnaît l’importance cruciale de la conférence de donateurs de haut niveau consacrée à Haïti que la Banque interaméricaine de développement accueillera à Washington le 14 avril. Il se félicite du soutien précieux et constant apporté par les donateurs, auxquels il demande instamment d’offrir l’assistance technique et financière additionnelle dont le Gouvernement haïtien a besoin pour répondre aux besoins immédiats du pays dans le domaine humanitaire et en matière de relèvement rapide et de reconstruction tout en jetant les bases d’un développement économique et social durable.


Le Conseil exhorte les institutions haïtiennes à redoubler d’efforts pour répondre aux besoins essentiels de la population, et à œuvrer de concert pour promouvoir le dialogue, l’état de droit et la bonne gouvernance.


Le Conseil réaffirme que les élections qui se tiendront pour renouveler un tiers du Sénat doivent être ouvertes à tous, libres et régulières. Il demande à tous les acteurs politiques en Haïti de veiller à ce que ces élections se déroulent dans le calme.


Le Conseil réaffirme son ferme soutien à la MINUSTAH et au Représentant spécial du Secrétaire général dans l’action qu’ils mènent pour renforcer la stabilité et améliorer la gouvernance en Haïti, tout en soulignant que la MINUSTAH doit continuer de s’adapter à l’évolution de la situation sur le terrain, et remercie tous les États Membres qui appuient le processus de stabilisation, en particulier les pays qui fournissent des effectifs militaires ou de police.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.