CS/9592

CONSEIL DE SÉCURITÉ: LA CONSOLIDATION DE LA PAIX EN SIERRA LEONE MENACÉE PAR LA CORRUPTION, LE TRAFIC DE STUPÉFIANTS ET LE CHÔMAGE DES JEUNES

09/02/2009
Conseil de sécuritéCS/9592
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Conseil de sécurité

6080e séance – matin


CONSEIL DE SÉCURITÉ: LA CONSOLIDATION DE LA PAIX EN SIERRA LEONE MENACÉE PAR LA CORRUPTION,

LE TRAFIC DE STUPÉFIANTS ET LE CHÔMAGE DES JEUNES


La consolidation de la paix en Sierra Leone demeure menacée par la corruption, le trafic de stupéfiants et le chômage des jeunes, ont conclu aujourd’hui les membres du Conseil de sécurité.  Pour la première fois depuis la création du Bureau intégré des Nations Unies pour la consolidation de la paix en Sierra Leone (BINUCSIL), ils se sont penchés sur les travaux de cette structure pionnière qui s’efforce de combiner un mandat politique et un mandat de développement. 


L’amélioration continue de la situation en Sierra Leone avait en effet amené le Conseil à adopter, le 4 août 2008, la résolution 1829, dans laquelle il priait le Secrétaire général de créer, pour une période de 12 mois à compter du 1er octobre, le BINUCSIL, pour succéder au Bureau intégré des Nations Unies en Sierra Leone (BINUSIL).


Venu pour la première fois faire rapport* devant le Conseil, le Représentant exécutif du Secrétaire général et Chef du BINUCSIL, Michael von der Schulenburg, a assuré que la Sierra Leone était sur la bonne voie, comme en témoignent la disparition des groupes d’opposition et du recours aux armes pour régler les différends ethniques ou politiques, ainsi que le déroulement réussi de plusieurs élections démocratiques.


Le pays a également fait des progrès dans la reconstruction de ses institutions nationales, a-t-il poursuivi, tandis que les seuils de pauvreté et de mortalité infantile ont reculé significativement depuis 2003, grâce à l’appui des partenaires internationaux de développement.  Le représentant de la Sierra Leone a renchéri, évoquant la réforme constitutionnelle en cours et les lois adoptées pour appréhender le problème de la violence sexuelle et les disparités entre hommes et femmes.


Mais, comme l’a fait observer M. von der Schulenburg, la Sierra Leone, un des pays les plus pauvres au monde, reste confrontée à trois défis majeurs susceptibles de compromettre des acquis encore fragiles: la corruption, le trafic de stupéfiants et le chômage des jeunes, que le Président sierra-léonais, Ernest Bai Koroma, a clairement identifiés comme les priorités de son « Agenda en faveur du changement ».


Dans ce contexte, le Gouvernement sierra-léonais a établi une Commission anticorruption, qui a approuvé plusieurs textes juridiques visant à renforcer la transparence, et a pris des mesures énergiques au lendemain de la saisie de la cargaison d’un avion qui se servait de la Sierra Leone comme point de transbordement pour acheminer en Europe des stupéfiants en provenance d’Amérique latine.


Soulignant que la Sierra Leone n’en était qu’au stade de la prévention, et que les stupéfiants « n’avaient pas encore pénétré sa société ni sapé ses institutions », M. von der Schulenburg a insisté sur l’importance de la coopération régionale pour lutter contre ce fléau.  À cet égard, le représentant de la France a salué l’adoption, en décembre dernier, lors de la conférence des Chefs d’État et de gouvernement de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), d’une déclaration politique et d’un plan d’action triennal (2008-2011) de lutte contre la drogue dans la sous-région.


Évoquant ensuite le chômage des jeunes, M. Schulenburg a expliqué qu’en Sierra Leone, un million de jeunes gens était sous-employé ou sans emploi.  Or, comme l’a expliqué le représentant sierra-léonais, le chômage endémique risque d’avoir pour corollaire l’intensification du trafic de drogues, en particulier dans la région du fleuve Mano.  Conscient de la gravité de la situation, le Gouvernement vient d’établir une Commission nationale de la jeunesse, qui doit maintenant être suivie de programmes concrets, a préconisé le Représentant exécutif.


Seuls l’assistance financière et le soutien constant des partenaires internationaux de développement, y compris le BINUCSIL, permettra au Gouvernement de mener à bien les réformes qu’il a définies lui-même dans le « Cadre stratégique », qui consacre sa coopération avec la Commission de consolidation de la paix (CCP).  M. Schulenburg a expliqué que l’approche intégrée du BINUCSIL, a été consacrée dans la « Vision conjointe de la famille des Nations Unies pour la Sierra Leone », document ayant récemment reçu l’appui de la CCP.


* S/2009/59



LA SITUATION EN SIERRA LEONE


Premier rapport du Secrétaire général sur le Bureau intégré des Nations Unies pour la consolidation de la paix en Sierra Leone (S/2009/59)


Dans ce rapport, le Secrétaire général indique qu’avec l’aide de l’ONU et d’autres partenaires internationaux, la Sierra Leone a continué de consolider la paix depuis la création du Bureau intégré des Nations Unies pour la consolidation de la paix(BINUCSIL).  Il reste cependant beaucoup à faire pour pérenniser les réalisations obtenues, souligne-t-il, et il faut notamment s’attaquer aux causes profondes du conflit qui a récemment secoué le pays.  À cet égard, Ban Ki-moon trouve encourageant que le Gouvernement du Président Koroma fasse de plus en plus preuve de la volonté politique nécessaire pour s’employer franchement à régler pacifiquement les problèmes auxquels le pays se heurte.  Le bon déroulement des élections des conseils locaux en juillet 2008, après que les élections présidentielles et législatives avaient eu lieu dans le calme en août 2007, a montré qu’une culture démocratique était de toute évidence en train de s’implanter en Sierra Leone.


Alors que de nouvelles mesures sont en train d’être prises pour consolider les acquis démocratiques, il importe que toutes les catégories de la société sierra-léonaise, y compris le Gouvernement, les partis politiques et la société civile, œuvrent de concert au renforcement de la cohésion nationale et de la réconciliation politique, souligne le Secrétaire général.  En particulier, elles doivent de toute urgence redoubler d’efforts pour surmonter certaines difficultés critiques dans le domaine socioéconomique, notamment l’insuffisance des infrastructures et de la base de recettes.


Les progrès accomplis en Sierra Leone sont le fruit de l’engagement qu’ont pris la population et les dirigeants en faveur de la paix ainsi que du soutien vigoureux qu’apportent les partenaires internationaux, notamment le système des Nations Unies.  À ce stade critique de la consolidation de la paix, le Secrétaire général engage les États Membres et la communauté internationale dans son ensemble à continuer d’aider la Sierra Leone, en particulier s’agissant de mettre en œuvre le Programme pour le changement établi par le Président.


On ne doit ménager aucun effort si l’on entend garantir la bonne exécution de la stratégie élaborée par le Gouvernement pour lutter contre la corruption, poursuit Ban Ki-moon.  Il faut en outre s’attaquer au trafic de drogues, phénomène nouveau qui risque vraiment de nuire à la sécurité et à la stabilité socioéconomique du pays, voire même de la région, et ce avant qu’il ne s’enracine et ne devienne encore plus dangereux.  C’est toutefois le chômage des jeunes qui demeure la principale préoccupation, estime le Secrétaire général, pour lequel des mesures doivent être prises de toute urgence pour créer des débouchés en vue de réduire les effets tenaces qu’a la marginalisation des jeunes, qui représentent la plus grande partie de la population.


Le Gouvernement sierra-léonais et la communauté internationale devraient continuer d’accorder une attention particulière au sort tragique des victimes de la guerre civile qui a ravagé le pays et veiller à ce qu’elles bénéficient des soins et des services de réadaptation dont elles ont besoin, précise le rapport.  À ce propos, le Secrétaire général souhaite appeler l’attention sur le programme d’indemnisation des victimes de la guerre civile qui doit être mis en place. Le Fonds pour la consolidation de la paix lui a alloué une dotation initiale, mais d’autres ressources devront être dégagées pour qu’il puisse être pérennisé.


Ban Ki-moon salue le travail que la Commission de consolidation de la paix a effectué en vue d’aider le Gouvernement sierra-léonais à élargir sa base de donateurs. Elle devra cependant redoubler d’efforts en raison de la crise financière mondiale, qui aura très vraisemblablement des répercussions sur l’aide publique au développement.  Le Secrétaire général juge de même encourageantes les mesures que le Gouvernement a prises pour étendre et renforcer sa coopération avec les pays se trouvant dans son voisinage immédiat et au-delà.


En conclusion, il se dit particulièrement soucieux de constater que les trafiquants de drogues internationaux qui se servent de la Sierra Leone comme d’un point de transbordement font peser sur ce pays une menace de plus en plus importante.  Étant donné que les institutions publiques chargées de lutter contre ce fléau viennent tout juste d’être mises sur pied et compte tenu des effets nocifs que sont susceptibles d’avoir les stupéfiants sur diverses composantes de la société sierra-léonaise, il faut à tout prix renforcer la capacité globale du pays de s’attaquer à ce problème, notamment l’aider à lutter contre les actes de piraterie commis dans ses eaux côtières, prévient le Secrétaire général.


Déclarations


M. MICHAEL VON DER SCHULENBURG, Représentant exécutif du Secrétaire général et Chef du Bureau intégré des Nations Unies pour la consolidation de la paix en Sierra Leone, s’est félicité des progrès considérables accomplis par ce pays depuis que la paix y a été déclarée, il y a huit ans.  Ainsi, a-t-il rappelé, il n’y a plus de groupes d’opposition en Sierra Leone et le recours aux armes dans des différends ethniques ou politiques a complètement disparu.  Au cours des sept dernières années, il y a eu plusieurs élections démocratiques et une transition pacifique d’un Gouvernement élu à un autre. 


La Sierra Leone a également fait des progrès dans la reconstruction de ses institutions nationales, tandis que les seuils de pauvreté ont reculé de manière significative depuis 2003, ainsi que les taux de mortalité infantile, grâce à l’intervention du Gouvernement et l’appui des partenaires internationaux de développement, a également mentionné le Représentant.


En dépit de ces résultats encourageants, il reste beaucoup à faire, a-t-il prévenu.  La Sierra Leone demeure l’un des pays les plus pauvres au monde et figure en fin de liste de l’Index du développement humain.  La plupart de ses habitants n’ont pas encore perçu les dividendes de la paix, et cela est tout particulièrement le cas des jeunes et des populations rurales.  Pour le Gouvernement, il est très important de ne pas perdre l’élan en mettant en œuvre les nombreuses réformes promises, avec l’appui des partenaires internationaux de développement, y compris en ces temps de crise financière. 


Le Représentant exécutif a ensuite estimé très important que le Président de la Sierra Leone, M. Koroma, ait clairement réitéré trois priorités dans son agenda en faveur du changement: la lutte contre la corruption, la lutte contre le trafic de stupéfiants et le chômage des jeunes.  S’agissant de la corruption, le Gouvernement a fait des progrès considérables à cet égard, notamment en établissant la Commission anticorruption, qui a récemment approuvé plusieurs lois qui fournissent une base juridique pour prendre des actions décisives, a relevé M. Schulenburg. 


De leur côté, le BINUCSIL et l’Équipe de pays des Nations Unies se tiennent prêts à coopérer avec cette Commission, a-t-il annoncé, saluant l’action conjointe du PNUD et d’autres partenaires de développement pour soutenir les réformes du service civil visant à créer un gouvernement plus transparent et efficace.  Ainsi, le Comité présidentiel a été mis sur pied tout récemment pour revoir tous les contrats miniers nationaux qui ont été la source de tant de conflits par le passé. 


Le Représentant exécutif a expliqué que l’Afrique de l’Ouest était une plaque tournante du trafic de stupéfiants qui transite d’Amérique latine vers l’Europe, créant d’énormes problèmes dans la sous-région.  Fort heureusement, la Sierra Leone n’en est qu’au stade de la prévention, les stupéfiants n’ayant pas encore pénétré sa société et sapé ses institutions.  Les actions déterminantes prises par le Président Koroma à la suite de la saisie de la cargaison d’un avion en juillet dernier méritent d’être saluées, a précisé le Représentant exécutif. 


Cependant, là encore, le soutien des partenaires internationaux est indispensable, a-t-il relevé, se félicitant des initiatives déjà lancées par les États-Unis, le Royaume-Uni et l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime.  Il s’est aussi félicité de la coopération du Venezuela et de la Colombie.


Évoquant ensuite le chômage des jeunes, M. Schulenburg a expliqué qu’en Sierra Leone, environ un million de jeunes gens était sous-employé ou sans emploi et que les tentatives pour résoudre ce problème avaient été infructueuses dans leur ensemble.  Pour mettre fin à cette situation, le Gouvernement vient d’établir une Commission nationale de la jeunesse, qui doit maintenant être suivie de programmes concrets.


S’exprimant en sa qualité personnelle, le Représentant exécutif a expliqué que le BINUCSIL, créé en août 2008, avait privilégié une approche intégrée qui est consacrée dans la Vision conjointe de la famille des Nations Unies pour la Sierra Leone, un document qui a reçu récemment l’appui de la Commission de la consolidation de la paix. 


La consolidation de la paix nécessite un appui politique et financier de la part de la communauté internationale.  Ce processus est long et exigera de la patience.  Il faudra trouver avec le Gouvernement le bon équilibre entre la patience et la persévérance, d’une part, et la nécessité d’agir rapidement, d’autre part, a-t-il estimé.  


M. FRANK MAJOOR (Pays-Bas), Président de la Formation Sierra Leone de la Commission de consolidation de la paix, a noté que les progrès réalisés dans les domaines de la paix et de la sécurité en Sierra Leone ne s’étaient pas encore traduits en dividendes pour la population qui continue de faire face à d’importantes difficultés socioéconomiques.  Le chômage des jeunes et leur marginalisation représentent l’une des plus grandes menaces à la stabilité de la Sierra Leone, a-t-il dit, ajoutant que le manque d’avancées dans ce domaine était particulièrement inquiétant compte tenu de l’utilisation du pays comme point de transit du trafic de drogues. 


M. Majoor a en outre estimé que les crises alimentaire et financière risquaient de saper les efforts du Gouvernement pour répondre aux attentes de la population.  C’est ainsi qu’il a salué l’« Agenda pour le changement » du Gouvernement sierra-léonais comme une déclaration politique et une feuille de route complète des réformes.  Dans ce contexte, le représentant a rappelé que la Commission de consolidation de la paix a lancé un appel à toutes les parties prenantes pour qu’elles appuient les priorités et les objectifs énoncés dans l’« Agenda pour le changement ». 


Il s’est donc félicité de la « Vision commune de la famille des Nations Unies en Sierra Leone ».  Avec l’environnement financier actuel, a-t-il reconnu, la tentation est grande de réaffecter les ressources limitées à des crises plus urgentes.  Mais, a-t-il prévenu, il faut garder à l’esprit qu’en Sierra Leone, la paix n’est pas encore consolidée.  Il faut maintenir les efforts et éviter ainsi tout retour à l’instabilité non seulement dans le pays mais dans l’ensemble de la sous-région.  


M. SHEKOU MOMODOU TOURAY (Sierra Leone) a affirmé que la création du BINUCSIL témoignait de la volonté du Gouvernement de la Sierra Leone de faire avancer le pays.  Il a ensuite mis l’accent sur les progrès réalisés en matière de démocratisation depuis la fin de la guerre en 2002, les deux processus électoraux menés depuis cette date aux niveaux national et local représentant un succès sans équivalent pour un pays sortant d’un conflit. 


Évoquant ensuite la réforme constitutionnelle, M. Touray a indiqué que le texte de 1991 avait été amendé et que les modalités d’une consultation nationale étaient examinées.  Il a indiqué que des lois avaient été adoptées pour appréhender plus efficacement le problème de la violence sexuelle et des disparités entre hommes et femmes.  Il a également évoqué les réformes menées pour améliorer les conditions de sécurité des entreprises et lutter plus efficacement contre le trafic de stupéfiants dans la sous-région.  M. Touray a souligné à ce propos la détermination de la Commission anticorruption à mettre en œuvre sa stratégie. 


Le représentant de la Sierra Leone a en outre insisté sur les difficultés rencontrées par son gouvernement, en particulier concernant la conduite des programmes de développement.  Appelant à l’appui financier de la communauté internationale au budget national, il a de nouveau mis en garde contre une détérioration de la situation en matière de sécurité dans la sous-région.  Il a noté que le chômage des jeunes risquait d’avoir pour conséquence l’instabilité et l’intensification du trafic de drogues, en particulier dans la région du fleuve Mano.  Il a demandé à la communauté internationale d’accorder à cette question toute l’attention qu’elle mérite. 


Pour ce qui est de la mise en œuvre de l’Agenda pour le changement du Président Koroma, le représentant a souligné que le Gouvernement, en collaboration avec le Commission de consolidation de la paix de l’ONU, reconnaissait l’importance du BINUCSIL et de la Vision conjointe de la famille de l’ONU formulée par le Représentant spécial.  Il a exhorté la Commission et l’ensemble de ses partenaires, internationaux et bilatéraux, y compris les donateurs traditionnels et les autres, à appuyer ces initiatives, a déclaré M. Touray. 


M. IBRAHIM O.A. DABBASHI (Jamahiriya arabe libyenne) a expliqué que le rapport du Secrétaire général et l’exposé du Représentant exécutif démontraient clairement qu’en dépit des réalisations remarquables dans tous les domaines, la situation en Sierra Leone reste fragile.  Les efforts doivent continuer d’être soutenus pour transformer ces avancées en résultats.  D’immenses défis persistent, comme la défiance entre les deux principaux partis politiques du pays, même si une atmosphère cordiale prévaut grâce aux encouragements du BINUCSIL, a relevé le représentant.  Des sujets de préoccupation demeurent, comme la diminution des recettes fiscales et des envois de fonds de l’étranger qui pourraient avoir un impact néfaste sur les ressources financières allouées aux services sociaux.  C’est pourquoi une séance extraordinaire de la Commission de consolidation de la paix devrait avoir lieu à ce sujet, a-t-il proposé. 


Il s’est ensuite félicité des initiatives prises contre le trafic de stupéfiants, le chômage des jeunes et la corruption, les trois problèmes les plus graves qui menacent la Sierra Leone.  Il a rappelé les quatre aspects principaux du document de la Commission de consolidation de la paix, qui sont l’interaction économique des communautés rurales, l’embauche des jeunes chômeurs, l’accès élargi aux soins de santé et le renforcement de la bonne gouvernance.  L’utilisation de la Sierra Leone comme plaque tournante du trafic de stupéfiants nécessite une intervention vigoureuse du Gouvernement sierra-léonais, en coopération avec les pays de la sous-région et avec le soutien du BINUCSIL et des partenaires internationaux.  À cet égard, le représentant s’est félicité du plan d’action proposé par le Bureau intégré pour faire reculer ce fléau.  Il a aussi estimé très important de mettre en œuvre le programme d’indemnisation des victimes de la guerre civile, comme l’a préconisé la Commission vérité et réconciliation.  À cet égard, la générosité des donateurs sera nécessaire, a-t-il souligné.


M. RUHAKANA RUGUNDA (Ouganda) a salué le Gouvernement et le peuple de la Sierra Leone pour les efforts de stabilisation entrepris depuis l’accès aux pouvoirs du Président Ernest Koroma en 2007.  Après avoir souligné les bons résultats économiques enregistrés depuis deux ans, le représentant a estimé que les défis auxquels continue de faire face le pays exigent une approche holistique dans les domaines de la croissance économique, de la fourniture des services sociaux et du développement des infrastructures.  Il a ensuite demandé que le « Programme pour le changement » du Président sierra-léonais reçoive l’appui financier requis pour sa mise en œuvre à moyen terme, soit 2,1 milliards de dollars alloués par le Gouvernement et les partenaires du développement. 


Le représentant a ensuite demandé des informations sur l’état d’avancement de la création du Fonds d’affectation spéciale multidonateurs et sur la mobilisation des ressources administrées par le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD).  Il a appelé le BINUCSIL à travailler avec toutes les parties prenantes à la mobilisation des fonds requis.  Il a estimé qu’en dépit de la crise économique et financière mondiale, les partenaires du développement devaient honorer leurs promesses pour maintenir les efforts de consolidation de la paix en Sierra Leone.  Il a rappelé que l’utilisation efficace des fonds était une responsabilité partagée entre le Gouvernement et ses partenaires et a souhaité que le processus de décentralisation et du transfert d’autorité soit mené à bien afin d’améliorer la fourniture des services publics à tous les Sierra-Léonais. 


M. LE LUONG MINH (Viet Nam) a fait siennes les inquiétudes exprimées par le Secrétaire général dans son rapport quant aux défis rencontrés par le Gouvernement de la Sierra Leone pour parvenir à la stabilité et à la sécurité.  Il a notamment mentionné la recrudescence des actes de piraterie, du trafic de drogues et de ressources naturelles ou encore la marginalisation découlant du sous-emploi.  Pour le représentant, la coordination entre les agences de l’ONU, les organisations régionales et les donateurs internationaux reste essentielle pour assurer une utilisation efficace des ressources, éviter les doublons et aider au mieux les autorités à conduire leurs programmes de développement. 


Après avoir salué le rôle du BINUSCIL, le représentant a demandé à la Commission de consolidation de la paix, à l’Union africaine, à la Communauté économique des États de l'Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et à l’ensemble de la communauté internationale de continuer à soutenir le Gouvernement de la Sierra Leone dans la mise en œuvre des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) et dans le renforcement de son processus d’intégration internationale.


M. BAKI ILKIN (Turquie) a rappelé qu’au cours des deux dernières décennies, les nations africaines avaient connu des troubles graves, et que la Sierra Leone n’avait pas fait exception.  Aujourd’hui, ce pays est devenu un exemple dont d’autres peuvent s’inspirer pour changer leur destiné.  Se félicitant du retour de la paix et de la stabilité, le représentant a salué le peuple de la Sierra Leone pour son courage et sa vision, qui lui ont permis de surmonter son passé.  Il a ajouté que les problèmes de corruption, du trafic de stupéfiants et du chômage des jeunes ne pouvaient pas être pris à la légère, mais qu’avec le soutien de la communauté internationale, les efforts déjà engagés pourraient s’avérer fructueux.  M. Ilkin a témoigné sa confiance au Représentant exécutif du BINUCSIL, qui doit continuer d’œuvrer à la paix et à la sécurité.


M. MICHEL KAFANDO (Burkina Faso) a déclaré que malgré les efforts de consolidation de la paix du Gouvernement sierra-léonais, il subsistait malgré tout de nombreux défis à relever dans le pays.  Il a notamment mentionné la vulnérabilité du tissu socioéconomique, accentuée par la crise financière internationale, la cherté du coût des produits de première nécessité, le chômage des jeunes, la recrudescence du trafic de drogues et de la criminalité transfrontalière organisée.  Il a exhorté la communauté internationale à continuer de soutenir le Gouvernement dans la mise en œuvre de son programme de consolidation de la paix, de reconstruction et de relèvement économique.  Il a salué à ce propos la contribution du BINUCSIL, de la Commission de consolidation de la paix ainsi que des partenaires bilatéraux et multilatéraux. 


Concernant la poursuite des réformes, M. Kafando a encouragé toutes les parties à appuyer le renforcement de la gouvernance politique et économique, ainsi que l’État de droit, en particulier la réforme du secteur public, de la justice et de la sécurité.  Le soutien au Fonds pour la consolidation de la paix est nécessaire à l’exécution de projets d’assistance électorale, a-t-il encore dit, ainsi qu’au renforcement des capacités de la police et des Forces armées et de l’appui au système judiciaire.  Nous invitons le Fonds à maintenir son appui, tout en exhortant les autres partenaires financiers, en dépit de la crise financière internationale, à poursuivre leur soutien au Gouvernement, a déclaré Michel Kafando. 


M. PIERRE LACROIX (France) a déclaré que la situation en Sierra Leone s’était améliorée, mais que des défis persistaient, aggravés par la crise qui se pose au niveau mondial.  Il a salué la tenue au Cap-Vert d’une Conférence, au cours de laquelle, une déclaration politique et un plan triennal ont été adoptés, qui, a-t-il espéré, permettront de renforcer la coopération régionale pour lutter contre le trafic de stupéfiants.  Le représentant a ensuite encouragé le Gouvernement à continuer de mettre en œuvre les recommandations du Cadre stratégique de la CCP et s’est félicité du bon rythme de démarrage du BINUCSIL.  L’adoption d’une Vision commune, qui définit la manière dont les agences du système des Nations Unies, le BINUCSIL et les partenaires de développement travaillent ensemble, est encourageante, a-t-il jugé. 


Mme SUSAN RICE (États-Unis) a estimé que le BINUCSIL constituait un instrument innovant pour assurer la transition de l’insécurité et la violence vers la paix, en privilégiant une approche intégrée de la consolidation de la paix.  Elle s’est dite cependant préoccupée par le fait que le BINUCSIL n’était pas encore doté de tous les effectifs dont il a besoin.  La représentante s’est ensuite félicitée des travaux accomplis par la radio des Nations Unies, qui a permis d’atteindre les populations dans tous le pays et de relayer des informations vitales concernant les élections, les droits des femmes et d’autres questions importantes.  Elle a soutenu le transfert de cette station à une compagnie nationale et appuyé le développement d’un service public national.  La représentante a cependant exprimé son inquiétude devant le transit illicite de stupéfiants à travers la Sierra Leone.  Saluant la coopération du BINUCSIL à cet égard, Susan Rice a également encouragé un partenariat régional pour relever le défi de la lutte contre les stupéfiants et la piraterie.  En dépit des progrès accomplis, la Sierra Leone fait encore face à de nombreux défis, comme le chômage des jeunes et la pauvreté, qui exigent le soutien de la communauté internationale.  À cet égard, la représentante a réaffirmé l’engagement des États-Unis à continuer d’aider ce pays à réaliser la paix et le développement durable, ainsi que la démocratie.


M. KONSTANTIN DOLGOV (Fédération de Russie) a indiqué que la stabilité politique en Sierra Leone avait permis d’accélérer la reconstruction nationale.  Toutefois, le pays fait face à des défis considérables qui rendent sa transition délicate, comme en témoignent les difficultés socioéconomiques, la crise financière mondiale, la criminalité transnationale organisée et les menaces croissantes que fait peser le trafic illicite de stupéfiants.  M. Dolgov a cependant souligné qu’afin de résoudre ces problèmes, les institutions nationales devaient être renforcées et une approche régionale privilégiée, y compris au travers du plan d’action de la CEDEAO.  Dans ce contexte, le travail du BINUCSIL revêt une importance capitale, a dit le représentant, en encourageant le Bureau à renforcer ses interactions avec le Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest.  Il devrait en particulier concentrer ses efforts sur la mise en œuvre du Programme triennal lancé par le Président sierra-léonais.  La coopération entre le Gouvernement et la Commission de consolidation de la paix dans les domaines les plus urgents est également importante, a ajouté le représentant.


M. LIU ZHENMIN (Chine) a indiqué qu’au cours de l’année écoulée, la situation politique en Sierra Leone était restée stable, que les conditions de sécurité s’étaient améliorées et que des progrès avaient été accomplis en matière de développement économique.  L’Agenda pour le changement a fixé les priorités du Gouvernement pour le développement économique et la Vision conjointe de la famille des Nations Unies celles de l’assistance internationale.  La prochaine étape, a souligné le représentant, sera celle de la mise en œuvre.  M. Zhenmin a estimé que le Gouvernement de la Sierra Leone devrait pleinement tirer parti de la stabilité actuelle pour réaliser la réconciliation nationale et renforcer son développement.  Grâce au BINUCSIL, le processus de consolidation de la paix est entré dans une nouvelle phase, s’est-il félicité.  Mais de nouveaux défis se profilent, a ajouté le représentant, comme la corruption et la piraterie.  Évoquant la lutte contre le trafic de stupéfiants, il a déclaré qu’il était important de s’appuyer sur les leçons apprises, en liant directement les efforts de répression et de prévention aux améliorations de l’état de droit et de l’économie.


Mme KAREN PIERCE (Royaume-Uni) a voulu que la brièveté de sa déclaration ne soit pas interprétée comme un manque d’intérêt de son pays pour la Sierra Leone.  Après s’être félicitée des travaux du BINUCSIL, elle a posé deux questions au Représentant exécutif.  Quels sont les autres objectifs que l’on pourrait ajouter en 2009 à ceux déjà fixés pour le BINUCSIL?  Par ailleurs, a encore demandé la représentante, quelles incidences a eu le coup d’état en Guinée sur la situation en Sierra Leone et les travaux du BINUCSIL?  La représentante s’est ensuite inquiétée des postes non pourvus au sein du Bureau intégré, une situation d’autant plus dommageable qu’il s’agit d’une structure de petite taille.


M. CLAUDE HELLER (Mexique) a apprécié que l’ONU apporte son soutien à l’élan de réformes politiques, juridiques, économiques et administratives en Sierra Leone.  Il a invité les organes des Nations Unies à ne pas travailler seuls, mais à renforcer les initiatives des pays de la région qui sont mieux à même d’évaluer les réalités locales.  M. Heller a reconnu les progrès que la présence des Nations Unies a permis en Sierra Leone, comme la promotion d’un dialogue entre les principaux acteurs nationaux pour éviter de nouveaux conflits tribaux ou l’appui au renforcement de l’état de droit.  En matière de droits de l’homme, il s’est réjoui de l’adoption d’une loi sur les droits de l’enfant et de la préparation d’un plan relatif à une loi sur l’égalité entre les sexes.  Le Mexique appuie aussi les travaux du Tribunal spécial pour le Sierra Leone, a-t-il dit.  M. Heller s’est ensuite inquiété de l’utilisation de ce pays comme plate-forme pour les trafics de drogues et d’armes, soutenant le dialogue sur ces questions avec les pays de la région.  Enfin, il a appuyé les efforts de la Commission de consolidation de la paix en Sierra Leone, notamment ceux visant à élargir la base des donateurs.


M. JORGE URBINA (Costa Rica) a estimé que, pour dépasser les divisions ethniques et régionales en Sierra Leone, le Parlement a un rôle important à remplir en tant que configuration multipartiste.  La mise en œuvre des recommandations de la Commission Vérité et réconciliation est un autre élément fondamental du processus de réconciliation nationale, a-t-il ajouté.  Il a aussi souligné la nécessité de consolider les institutions pour renforcer l’état de droit, élément indispensable à la consolidation de la paix, favorisant en outre la promotion du développement et une meilleure insertion de la Sierra Leone dans les processus internationaux.  Le représentant a cependant averti qu’il fallait d’abord s’attaquer à la corruption, notamment en augmentant la transparence de la gestion publique et en renforçant une culture de lutte contre l’impunité.  Il a salué à cet égard les travaux accomplis par la Commission contre la corruption.  M. Urbina a aussi attiré l’attention sur la menace que constitue le trafic de drogues en Sierra Leone, appelant le BINUCSIL à œuvrer pour la mise en œuvre du Plan d’action pour lutter contre le commerce de drogues et la criminalité organisée, qui se base sur le plan d’action régional des membres de la CEDEAO. 


M. THOMAS MAYR-HARTING (Autriche) a indiqué que les progrès en matière de consolidation de la paix en Sierra Leone pourraient constituer un exemple dans d’autres configurations.  Saluant l’appui du Programme des Nations Unies pour le contrôle international des drogues à la lutte contre le développement du crime organisé dans le pays, le représentant a invité La Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI) à contribuer de manière plus active à la réduction de la pauvreté.  Les progrès économiques risquent d’être compromis par le fort taux de chômage des jeunes, a-t-il prévenu, en particulier dans une région troublée comme celle du bassin du fleuve Mano. 


Le représentant autrichien a ensuite estimé que le combat contre le trafic illicite des armes légères et de petit calibre devait être une priorité de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).  Il a en outre noté que la Vision conjointe de la famille des Nations Unies était le document de choix pour accroitre la coordination de l’action antidrogue en Sierra Leone. 

Enfin, M. Mayr-Harting a appelé au soutien des activités menées dans le cadre de la Commission Vérité et réconciliation et du Tribunal spécial pour la Sierra Leone et a souhaité, par ailleurs, que soit mis fin à la fuite des cerveaux des jeunes fonctionnaires.  


M. VICE SKRACIC (Croatie) a estimé que le BINUCSIL avait déjà produit des résultats positifs, comme en témoigne l’amélioration de la situation dans le pays.  Toutefois, des clivages ethniques et régionaux persistent, a-t-il souligné, à la suite des autres membres du Conseil.  Il s’est ensuite félicité de l’action des autorités pour lutter contre la corruption, notamment de la décentralisation des travaux la Commission de lutte contre la corruption.  Il a également encouragé le Gouvernement à mettre en œuvre les recommandations de la Commission vérité et réconciliation, y compris le programme d’indemnisation des victimes de la guerre civile.  Les principaux défis que doivent maintenant relever les autorités de la Sierra Leone sont la lutte contre le trafic de stupéfiants et le chômage des jeunes, a noté le représentant.  Rappelant que l’Agenda pour le changement avait permis d’identifier les priorités, il s’est félicité du Programme du Président Koroma, qui représente une évolution appropriée pour passer du stade du relèvement à celui du développement.


M. YUKIO TAKASU (Japon) a estimé que la Sierra Leone représente un modèle de transition du maintien à la consolidation de la paix; les principaux défis restant le renforcement de la bonne gouvernance, le démantèlement du trafic de drogue et l’amélioration des conditions de vie des Sierra-Léonais.  Sur ce dernier point, M. Takasu a souligné la nécessité urgente de soutenir l’emploi des jeunes.  Il a aussi jugé important que la communauté internationale aide le Gouvernement à parvenir à l’autosuffisance alimentaire d’ici à 2010, par le biais notamment de la revalorisation de la main-d’œuvre rurale.  Toutes ces priorités sont reflétées dans le Programme pour le changement, le cadre stratégique de la Commission de consolidation de la paix et la Vision conjointe, s’est réjoui le représentant.  Plaidant pour une approche synergétique entre les différents acteurs et institutions concernés, il a demandé à la communauté internationale d’intensifier son appui politique, économique et technique à la poursuite de la mise en œuvre des efforts de consolidation de la paix en Sierra Leone. 


Reprenant la parole, le Représentant exécutif du Secrétaire général a réagi aux commentaires des membres du Conseil de sécurité.  Il a expliqué que l’un des principaux objectifs du BINUCSIL, premier Bureau de la sorte, était d’intégrer un mandat politique et un mandat de développement.  L’adoption de la Vision conjointe de la famille des Nations Unies a permis quant à elle de combiner ces deux approches, avec l’appui de 15 agences des Nations Unies.  Le Représentant exécutif a expliqué que le BINUCSIL avait remis au Président de la Sierra Leone une note de cinq pages contenant des recommandations pour aider son gouvernement à relever le défi du chômage des jeunes, notamment par la création d’une Commission des jeunes.  Il a également rédigé une note similaire sur la question des stupéfiants, a indiqué M. Schulenburg, qui a fait part de son intention de faire des recommandations précises préalablement à l’ouverture d’un fonds d’affectation multidonateurs.  Bien sûr, la situation en Guinée est un sujet de préoccupation légitime, a-t-il répondu à la question du Royaume-Uni.  Aussi, le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) a-t-il accepté de surveiller la frontière entre les deux pays pour signaler des mouvements inhabituels et prévenir la fuite de criminels sierra-léonais en Guinée ou dans les pays voisins, a expliqué le Représentant exécutif.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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