CCP/53

CCP: Ban Ki-moon cite l’appropriation nationale, le leadership, la cohérence, une vision commune et la prévisibilité des interventions comme priorités des lendemains de conflit

13/07/2009
Assemblée généraleCCP/53
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Commission de consolidation de la paix

Troisième session

Comité d’organisation

5e séance – après-midi


CCP: BAN KI-MOON CITE L’APPROPRIATION NATIONALE, LE LEADERSHIP, LA COHÉRENCE, UNE VISION COMMUNE ET LA PRÉVISIBILITÉ DES INTERVENTIONS COMME PRIORITÉS DES LENDEMAINS DE CONFLIT


Le Secrétaire général a réservé aujourd’hui, à la Commission de consolidation de la paix (CCP), la primeur de son rapport sur les efforts à déployer dans les pays, au lendemain d’un conflit*, « cette fenêtre cruciale de deux ans qui s’ouvre lorsqu’une guerre a pris fin mais que l’insécurité persiste et la paix demeure fragile ».


M. Ban Ki-moon, qui présentera, à la fin ce mois-ci, son « travail en cours » au Conseil de sécurité, a cité les défis « énormes » que sont l’appropriation nationale, le leadership, la cohérence, l’élaboration d’une vision stratégique assortie de priorités réalistes et une réponse internationale prévisible et crédible. 


Le Secrétaire général, dont le rapport a été commenté par les délégations du Bénin, du Mexique, du Japon et de la Suède, a insisté sur l’appropriation nationale des actions et des programmes à déployer parce que, a-t-il dit, les efforts de consolidation de la paix doivent s’ancrer dans les efforts des pays.  Les Nations Unies et la communauté internationale devraient donc, à cet égard, jouer un rôle catalytique d’appui et contribuer au renforcement des capacités nationales, dès les premiers jours après un conflit, a estimé Ban Ki-moon.


« S’agissant du leadership, mon rapport », a-t-il indiqué, « appelle à la création d’un mécanisme de haut niveau qui assurerait un bon leadership et appuierait les équipes qui travaillent sur place.  On attend en effet des États Membres de l’ONU qu’ils soient prêts à diriger les efforts internationaux ».  


Pour ce qui est de la cohérence, le Secrétaire général a souligné qu’une consolidation de la paix efficace exige la participation de tous les organismes du système des Nations Unies.  L’imposition de la paix, le maintien de la paix, la consolidation de la paix et la reconstruction post-conflit doivent aller de pair, a-t-il préconisé.  La coordination des efforts, dont la pire ennemie est la fragmentation, est donc cruciale, a-t-il souligné.


Le Secrétaire général s’est ensuite attardé sur la nécessité urgente d’aligner les efforts sur une vision stratégique commune assortie de priorités réalistes, sur la base desquelles les acteurs nationaux et internationaux peuvent alors efficacement allouer des ressources qui sont déjà très limitées.  Dans certains cas, il est arrivé que cette démarche prenne des années, alors que dans d’autres, elle ne s’est jamais produite.  Nous devons donc tout faire pour agir en temps réel, a insisté le Secrétaire général. 


Enfin, Ban Ki-moon a parlé du caractère prévisible et crédible de la réponse internationale.  Il a indiqué son intention de demander aux États Membres d’aider le Secrétariat à renforcer sa capacité de répondre rapidement aux besoins les plus urgents, à savoir: la protection des civils et le renforcement de l’état de droit; la mise en place des processus d’appui politique; le rétablissement des services sociaux de base et des institutions gouvernementales; et la relance économique. 


Les partenariats sont essentiels, a ajouté le Secrétaire général, et en la matière, les États Membres devraient jouer leur rôle, en parlant d’une seule voix dans tous les fora, et en alignant leur appui bilatéral sur les stratégies choisies par chaque pays, ceci tout en mobilisant rapidement les ressources nécessaires et en se montrant moins frileux. 


Se tournant vers la Commission de consolidation de la paix, dont l’ordre du jour comprend les situations au Burundi, en République centrafricaine, en Guinée-Bissau et en Sierra Leone, M. Ban Ki-moon a demandé à ses membres de se faire les « champions de ce rapport ».


Ce document s’inscrit dans les initiatives de réforme telles que la réflexion sur la médiation, la révision des termes de référence du Fonds pour la consolidation de la paix et les discussions en cours sur les opérations de maintien de la paix, a-t-il précisé. 


Commentant les propos de M. Ban, M. JEAN-FRANCIS RÉGIS ZINSOU (Bénin) a estimé que le Secrétaire général n’a pas donné suffisamment d’éclairage à un aspect essentiel de la consolidation de la paix au lendemain d’un conflit, qui est le rôle que peut jouer la diaspora dans la promotion du retour des cerveaux et des compétences nationales qui, bien souvent, s’expatrient pendant la période de violence.  La mise en œuvre de programmes de réforme et de reconstitution de la fonction publique nationale revêt, de ce point de vue, une importance cardinale, a estimé M. Zinsou.


Face à un rapport qui est « une bonne base de travail », il a jugé important d’encourager le Secrétaire général à assurer « la fluidité des liens » entre les directions des Nations Unies au Siège et sur le terrain pour qu’elles puissent s’affirmer comme chef de file de la coordination internationale.  Il a aussi appelé le Secrétaire général à renforcer les arrangements institutionnels, ainsi que la coopération entre l’ONU et les institutions internationales non onusiennes, les organisations régionales et les agences de coopération bilatérale. 


Sans vouloir faire de la Commission un quatrième organe principal de l’ONU, il a adhéré à l’idée de la complémentarité des rôles respectifs du Conseil de sécurité et de la Commission.  Elle doit se traduire dans le recours par le Conseil à l’avis consultatif de la Commission pour la définition et la révision des mandats des opérations de maintien de la paix, a recommandé M. Zinsou.  Le représentant a conclu son intervention en évoquant la question cruciale du financement et en appelant, à cet égard, au renforcement du rôle du Fonds pour la consolidation de la paix.


À son tour, M. CLAUDE HELLER (Mexique) a souligné le caractère indispensable de la coopération entre les différents acteurs.  Il a insisté sur l’appropriation nationale, le renforcement des capacités nationales et un équilibre juste entre les réponses locales et l’appui international.  Ce qui est important, a-t-il dit, c’est de répondre aux besoins fondamentaux de la population pour contribuer au renforcement de la confiance entre la société et le Gouvernement. 


Le représentant permanent du Mexique a encouragé le Secrétariat à recruter davantage de personnel des régions voisines du pays concerné, « qui peuvent apporter une réelle valeur ajoutée » aux efforts de consolidation de la paix.  Il a aussi souligné le caractère essentiel de la participation des femmes, « car elles peuvent contribuer à la prévention de situations conflictuelles ». 


S’agissant de la création du mécanisme de haut niveau dont le Secrétaire général s’est fait le défenseur, M. Heller a demandé plus d’informations sur sa composition, ses fonctions et les incidences financières de sa mise en place et de son fonctionnement.  En matière de consolidation de la paix, il a voulu que l’on n’oublie pas le rôle de l’Assemblée générale et celui du Conseil économique et social (ECOSOC).  Le respect de la coresponsabilité de tous les acteurs est important, a-t-il insisté, avant de lancer un appel à la communauté internationale pour qu’elle s’engage à freiner et à endiguer le trafic illicite d’armes et de drogues dans les pays sortant d’un conflit.


M. YUKIO TAKASU (Japon) s’est interrogé sur les moyens d’élargir les mandats des opérations de maintien pour y inclure les activités de consolidation de la paix.  Soulignant ensuite le caractère « impératif » de la cohérence et de la coordination, le représentant permanent du Japon a rappelé qu’au sortir d’un conflit, les capacités d’un pays ne sont jamais suffisantes.  Qui va donc mettre en œuvre les plans et les stratégies, s’est-il demandé, en jugeant qu’en la matière, il faut définir avec précision les responsabilités entre le Siège de l’ONU et les entités opérant sur le terrain.  Il nous faut, a-t-il ajouté, disposer de civils expérimentés et d’administrateurs polyvalents.  Concluant également son intervention sur la question du financement, il a dit que le Japon était favorable à l’élargissement des instruments existants et non pas à la création de nouveaux mécanismes.  M. Takasu s’est aussi interrogé sur les contributions spécifiques que peut apporter la CCP dans cette nouvelle configuration. 


Le rôle de la Commission doit être clairement défini, a dit, en écho, M. ANDERS LIDÉN (Suède), qui a insisté sur le renforcement des capacités de la Commission en vue de lui permettre de donner des avis, de stimuler la coordination, de mobiliser des ressources et de maintenir l’attention de la communauté internationale sur la situation des pays émergeant de conflits.  La Commission est unique par sa structure, son interaction constante avec la société et son approche adaptée à la situation de chaque pays. 


La révision de 2010, a-t-il estimé, est une occasion unique de tirer les enseignements des premières années d’existence de la Commission et d’étudier les améliorations à lui apporter.  La Commission devrait se voir confier le rôle de surveiller les progrès enregistrés dans la mise en œuvre des recommandations contenues dans le rapport du Secrétaire général, a également estimé le représentant.


La Suède, son pays, ayant accédé à la présidence de l’Union européenne (UE), M. Lidén a passé le flambeau de Président de la Formation Burundi à son homologue de la Suisse, et ce, avant que la CCP ne poursuive, en séance privée, ses discussions sur le rapport du Secrétaire général. 


M. PETER MAURER (Suisse) a eu une pensée pour cette génération de Burundais qui ne connaît que « la crainte perpétuelle de souffrances imminentes ».  Il a estimé que la crise financière dans laquelle est plongé le monde rend encore plus nécessaire de s’engager collectivement pour soutenir les pays sortant d’un conflit.  Il est essentiel, a dit M. Maurer, que le débat sur le rapport du Secrétaire général porte des fruits et affecte durablement la qualité des efforts communs de consolidation la paix.  La Commission est une plate-forme unique et un modèle de coopération entre pays du Nord et pays du Sud, entre grands et petits et entre néophytes et spécialistes, a-t-il souligné.  La Commission nous offre la possibilité de trouver une vision commune, a-t-il insisté. 


Le représentant du Burundi, M. HEMÉNÉGILDE NKURABAGAYA, s’est félicité de la désignation de M. Maurer comme Président de la Formation Burundi de la Commission de consolidation de la paix, et a rendu hommage au Président précédent, Anders Lidén.  C’est grâce à ses efforts, a-t-il rappelé, que le Parti pour la libération du peuple hutu (PALIPEHUTU), d’Agathon Rwasa, a rejoint le processus de paix.


La prochaine réunion de la Commission de consolidation de la paix sera annoncée dans le Journal.


*     Rapport du Secrétaire général sur la consolidation de la paix au lendemain d’un conflit A/63/881-S/2009/304


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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