AG/EF/3244

Deuxième Commission: la réforme du système financier international, la maîtrise des cours des produits de base et un moratoire sur la dette identifiés comme solutions de sortie de crise

12/10/2009
Assemblée généraleAG/EF/3244
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Deuxième Commission

8e séance – après-midi


DEUXIÈME COMMISSION: LA RÉFORME DU SYSTÈME FINANCIER INTERNATIONAL, LA MAÎTRISE DES COURS DES PRODUITS DE BASE

ET UN MORATOIRE SUR LA DETTE IDENTIFIÉS COMME SOLUTIONS DE SORTIE DE CRISE


La Commission économique et financière (Deuxième Commission) a tenu aujourd’hui son premier débat thématique de cette session autour des trois thèmes de la réforme du système financier international, de la volatilité des cours des produits de base, et de la question de la dette des pays en développement, qui sont au cœur des problèmes rencontrés aujourd’hui par la communauté internationale pour sortir de la crise économique et financière qui dure depuis plus d’un an.


La Commission était saisie de trois rapports* sur ces questions, qui ont fait l’objet d’une présentation par M. Alexander Trepelkov, Directeur par intérim du Bureau pour le financement du développement au Département des affaires économiques et sociales (DESA) et par Mme Yuefin Li, Directrice de la Branche dette et financement du développement de la Conférence des Nations Unies pour le commerce et le développement (CNUCED).


Dans l’un de ces documents, le Secrétaire général met en lumière les difficultés rencontrées pour réformer le système financier international, « dont la crise mondiale a montré les faiblesses ».  Selon M. Ban Ki-moon, « dans un monde financièrement intégré, pour que les réformes des autorités de tutelle réussissent durablement, il faut accroître la coopération internationale et améliorer la coordination et la communication entre ces autorités ».


S’exprimant au nom du Groupe des 77 et de la Chine, la représentante du Soudan a déclaré que la crise avait démontré l’importance de réaffirmer le rôle de l’État dans l’économie et dans la formulation et la mise en œuvre des politiques sociales, tout comme le besoin de redéfinir les mandats et la gouvernance des institutions financières internationales.


Si de nombreuses délégations de pays en développement n’ont pas manqué d’encourager le système financier international à faire sa mue et à mettre fin aux conditionnalités qu’il impose dans ses procédures de prêt, celle de la Suède, qui s’exprimait au nom de l’Union européenne, a, après avoir rappelé les efforts du G-20, rappelé que le Consensus de Monterrey, si souvent invoqué par les intervenants, mettait aussi l’accent sur la responsabilité de chaque pays envers son propre développement.


Le représentant des États-Unis a en outre rappelé que les pays développés avaient réussi à mobiliser un peu plus de 1 000 milliards de dollars pour renforcer les ressources des organismes financiers multilatéraux, permettant ainsi au Fonds monétaire international (FMI), par exemple, d’augmenter ses prêts concessionnels en faveur des pays en développement et d’émettre des droits de tirage spéciaux (DTS) d’un montant de 283 milliards de dollars.


Mais la délégation du Guyana, qui est intervenue au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a jugé que les besoins des États endettés ou vulnérables comme le sien n’étaient pas suffisamment pris en considération au motif que, ressortissant à la catégorie des pays à revenu intermédiaire, uniquement déterminée par le ratio PIB/revenu par tête d’habitant, ces pays « n’auraient pas besoin d’assistance internationale ».


Dans son rapport sur les produits de base, la CNUCED rappelle qu’après avoir atteint un maximum historique, les cours des produits de base ont amorcé une chute brutale déclenchée par la crise économique et financière mondiale pour atteindre leur niveau le plus bas au début de 2009.  Cette volatilité extrême rend indispensable la mise au point d’instruments réglementaires et marchands afin de stabiliser un peu mieux les marchés de ces produits, souligne le rapport.  Cette proposition a été défendue par plusieurs délégations, dont celle de la Chine, qui a accusé la spéculation des marchés d’être responsable de l’instabilité des cours des produits de base, les prix de ces produits n’étant pas contrôlés par les pays producteurs eux-mêmes.


Un certain nombre de délégations, comme celle du Soudan, ont également repris à leur compte la proposition faite par le Secrétaire général de décréter un moratoire de la dette pour les pays à faible revenu fortement endettés, qui permettrait de libérer des ressources immédiatement, et sans conditions, pour donner aux pays en question une marge de manœuvre budgétaire suffisante pour relever les défis de la crise.


Dans la matinée, les délégations avaient pris part à une discussion interactive sur le thème de la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), à 5 ans de l’échéance que s’était fixée la communauté internationale lors du Sommet du Millénaire.  (Voir communiqué AG/EF/3243)


C’est par une autre discussion interactive, sur le thème des négociations sur les changements climatiques, que la Deuxième Commission entamera ses travaux demain à partir de 10 heures, avant de poursuivre le débat d’aujourd’hui dans l’après-midi.


* A/64/178, A/64/167 et A/64/184



QUESTIONS DE POLITIQUE MACROÉCONOMIQUE (A/64/81 et A/64/65)


Rapport du Secrétaire général sur le système financier international et le développement (A/64/178)


Dans ce rapport, le Secrétaire général retrace les évolutions récentes des flux internationaux de capitaux publics et privés vers les pays en développement et les difficultés créées au plan international par la crise financière et son effet sur le financement du développement.  Dans ce rapport, le Secrétaire général met en lumière les difficultés économiques auxquelles la communauté internationale doit actuellement faire face et il préconise qu’elles soient résolues par la réforme du système financier international, dont la crise mondiale a montré les faiblesses.  Selon le rapport, dans un monde financièrement intégré, pour que les réformes des autorités de tutelle réussissent durablement, il faut, pour l’essentiel, accroître la coopération internationale et améliorer la coordination et la communication entre ces autorités.  En outre, M. Ban note dans ce rapport que la crise a relancé le débat sur la monnaie de réserve internationale et estime que la communauté internationale devrait saisir cette occasion pour commencer à travailler à la création d’un nouveau système monétaire et financier international plus stable et plus équitable.


Rapport du Secrétaire général intitulé « Pour un règlement durable du problème de la dette des pays en développement » (A/64/167)


Dans le présent rapport, le Secrétaire général passe en revue les faits nouveaux concernant la dette extérieure des pays en développement et des pays en transition.  Le Secrétaire général y analyse l’effet de la crise financière et économique déclenchée par l’effondrement, aux États-Unis, du marché des créances hypothécaires à risque sur la viabilité de la dette extérieure des pays qui ont accès aux marchés des capitaux internationaux et des pays à faible revenu.  On y trouvera aussi un examen critique des mesures prises.  Le rapport décrit les progrès de l’Initiative PPTE en faveur de la réduction de la dette des pays pauvres très endettés, et les faits nouveaux concernant le rééchelonnement de la dette au Club de Paris.  Il comprend une analyse des tendances et des modalités nouvelles du financement multilatéral et traite des conséquences de l’essor de l’emprunt extérieur privé pour la viabilité de la dette extérieure.


Les pays en développement payent le prix fort pour une crise économique causée par des erreurs commises par certains pays développés dans le choix de leur politique et de leur règlementation, observe le Secrétaire général dans ce rapport.  À l’avenir, la prévention des crises nécessitera une surveillance plus équilibrée de tous les grands centres financiers, préconise-t-il.  Des mesures décisives et audacieuses sont nécessaires pour limiter les méfaits de la crise, qui se traduisent par une extension de la pauvreté et par des reculs dans la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement.  Il est rassurant, note Ban Ki-moon dans ce rapport, que le Groupe des 20 (G-20) a admis que le système financier mondial est mal équipé pour répondre à la présente crise et est convenu de prendre un vaste ensemble de mesures, et qu’il a reconnu que les pays en développement frappés par des chocs extérieurs doivent disposer d’amples liquidités sans que des conditions restrictives leur soient imposées.  Cela est un progrès notoire par rapport à l’attitude ancienne consistant à dire que « si un pays est en crise, c’est forcément de sa faute », constate le Secrétaire général.


Il demeure cependant plusieurs sujets de préoccupation, relève le Secrétaire général dans ce rapport.  D’abord, le G-20 n’a pas reconnu que la crise présente est le résultat d’une spéculation excessive rendue possible par l’absence d’un système monétaire et règlementaire cohérent et mondial; en outre, il ne s’est pas mis d’accord sur un ensemble cohérent de programmes de relance à l’échelle mondiale.  Deuxièmement, poursuit le rapport, toutes les ressources nécessaires pour financer le programme de relance proposé de 1 100 milliards de dollars, sur lequel le G-20 s’est mis d’accord, n’ont pas encore été trouvées.  De plus, on ne voit pas encore clairement quelles conditions seront attachées aux nouvelles ressources, et si le FMI, qui recevra plus de 70 % de ces ressources nouvelles, réformera véritablement ses politiques de conditionnalité.  Troisièmement, le Groupe des 20 n’a pas affecté assez de ressources aux pays à faible revenu, aux petits États, et aux États vulnérables.


Les pays à faible revenu ont beaucoup de mal à écarter les chocs extérieurs, et nombreux sont ceux qui se heurtent à des difficultés dans le service de leur dette extérieure.  Il incombe donc à la communauté internationale d’apporter une assistance et des ressources pour aider à amoindrir les conséquences défavorables de la crise sans que cela entraîne un surendettement dangereux, préconise le rapport.


Les pays à faible revenu fortement endettés doivent ainsi se voir offrir des possibilités différentes de financement pour réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement.  Un moratoire de la dette libérerait des ressources immédiatement, et sans condition, et donnerait aux pays en question une marge de manœuvre budgétaire suffisante pour répondre aux circonstances très spécifiques qui se présentent à eux.  Un tel moratoire peut être considéré comme un élément d’une démarche diversifiée visant à atténuer l’incidence de la crise et à réduire l’endettement non soutenable à terme des pays vulnérables, souligne M, Ban.


L’expérience passée montre que les crises financières dans les pays donateurs sont suivies par une baisse brutale de leur aide étrangère, déplore le Secrétaire général dans le rapport.  Alors que plusieurs donateurs se sont bien engagés à accroître leur aide, il est préoccupant que la déclaration du G-20 ne comprenne pas un engagement bien précis d’accroître l’aide aux pays à faible revenu, déplore le Secrétaire général dans ce document.  Le passage à un système dans lequel les organismes d’aide sont financés au moyen d’une dotation aiderait à dissocier l’aide du cycle conjoncturel dans les pays donateurs et ainsi, à réduire le caractère pro-cyclique de l’aide.  En fait, il serait également souhaitable de mettre au point des mécanismes de fourniture de l’aide comportant systématiquement l’assurance que l’aide sera automatiquement accrue quand les pays bénéficiaires seront frappés par un choc extérieur.  Dans le même esprit, la communauté internationale devrait aider les pays ayant accès aux marchés financiers à mettre au point de nouveaux instruments de dette et à créer de nouvelles institutions réduisant automatiquement (ou du moins évitant d’amplifier) le service de la dette quand il y a eu un choc extérieur négatif.


Si elle se poursuit, la dégradation de la situation économique mondiale risque d’amener certains pays ayant pourtant accès aux marchés financiers internationaux à une cessation de paiement de leur dette souveraine, prévient le rapport.  Il est donc regrettable que la conception d’un mécanisme visant à faciliter le règlement du problème de l’insolvabilité de certains États occupe une place très marginale dans les débats internationaux.  Le document final de la Conférence des Nations Unies sur la crise financière et économique mondiale, tenue au Siège en juin dernier, souligne la nécessité d’un cadre mieux structuré de coopération internationale dans ce domaine.  Il serait également souhaitable que la communauté internationale examine et encourage un meilleur contrôle des opérations de prêt et d’emprunt, conclut le Secrétaire général dans ce rapport.



Note du Secrétaire général sur les tendances et les perspectives mondiales des produits de base (A/64/184)


Dans cette note, le Secrétaire général transmet le rapport établi par le secrétariat de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement, sur les tendances et perspectives mondiales des produits de base.  Le précédent rapport est paru pendant l’été 2008; depuis, l’évolution des cours des produits de base a été particulièrement spectaculaire.  Après avoir atteint un maximum historique en termes nominaux et parfois en termes réels, les cours des produits de base ont amorcé une chute brutale déclenchée par la crise économique et financière mondiale et ont atteint leur niveau le plus bas au début de 2009.  Depuis, ils ont commencé à remonter, note le rapport.  Actuellement, à travers le monde, les spécialistes des produits de base cherchent à savoir quelle sera la future dynamique de ces cours et tentent de comprendre les conséquences, pour le commerce international et la finance, des fortes hausses et des fortes baisses des cours des produits de base ainsi que pour la situation des producteurs, des utilisateurs et des autres acteurs de l’économie des produits de base.


Dans cette recherche, il importe de comprendre les causes de la dernière envolée des cours et de la chute brutale qui lui a fait suite, ainsi que les forces sous-jacentes de l’évolution récente des marchés des produits de base, souligne M, Ban dans ce rapport.  La question importante est de savoir comment les données fondamentales du marché des produits de base et les facteurs qui ne sont pas fondamentaux déterminent leur dynamique.  Après avoir analysé le poids relatif des différents éléments fondamentaux du marché des produits de base, à savoir l’interaction entre la demande et l’offre, et la spéculation comme facteurs principaux de la formation des prix, le rapport parvient à la conclusion qu’il est impératif de trouver une combinaison optimale d’instruments réglementaires et marchands afin de stabiliser un peu mieux les marchés des produits de base.


La crise économique actuelle se manifeste, dans l’économie des produits de base, de plusieurs façons: baisse de la demande de ces produits, ce qui a réduit les moyens financiers appliqués à la production des produits de base et la suppression d’investissements prévus, qui a entraîné à son tour un ralentissement économique dans les pays dépendants de la vente de ces produits.  Il est essentiel de trouver une réponse collective à la crise actuelle, qui devrait amener la communauté internationale à adopter des politiques réglant les questions structurelles à plus long terme de l’économie des produits de base et à intégrer ces politiques dans des stratégies plus larges de développement et de réduction de la pauvreté, assure le Secrétaire général dans ce rapport.  La communauté internationale, et notamment la CNUCED, pourraient contribuer activement à cette entreprise en cherchant à nouveau à dégager un consensus, en particulier au niveau intergouvernemental.  Pour renforcer un tel processus, la CNUCED met en route une série de réunions de parties prenantes ainsi que de consultations de haut niveau sur les produits de base de façon à poser les bases d’une approche plus consensuelle du problème par toutes les parties intéressées, conclut le rapport.



Débat général


S’exprimant au nom du Groupe des 77 et de la Chine, Mme NADIA M. OSMAN (Soudan) a déclaré que la crise économique et financière était liée aux fragilités et aux inégalités qui caractérisent l’ordre économique international actuel, sans compter le manque de surveillance multilatérale et de système d’alerte rapide.  Cette crise, a-t-elle dit, a démontré l’importance de réaffirmer le rôle de l’État dans l’économie et dans la formulation et la mise en œuvre des politiques sociales, tout comme le besoin d’entreprendre une réforme du système économique et financier, notamment des mandats et de la gouvernance des institutions financières internationales.


S’agissant de la dette, la représentante a expliqué que sans le soutien de la communauté internationale, les pays en développement pourraient se retrouver piégés par une nouvelle crise de la dette dans les années à venir.  À cet égard, la proposition faite par le Secrétaire général dans son rapport, qui consiste à instaurer un moratoire de la dette, est saluée par le Groupe des 77 et de la Chine dans la mesure où elle donnerait aux gouvernements une marge de manœuvre budgétaire immédiate, a indiqué Mme Osman.  Le Groupe des 77 et la Chine se félicite également des propos de M. Ban Ki-moon, lorsqu’il reconnaît qu’il est « regrettable que la conception d’un mécanisme visant à faciliter le règlement du problème de l’insolvabilité de certains États occupe une place aussi marginale dans les débats internationaux », a souligné M. Osman, en citant le texte du rapport soumis par le Secrétaire général à la Commission et portant la cote (A/64/167).


En ce qui concerne les risque de flambée des prix des produits de base, M. Osman a dit que le Groupe des 77 et de la Chine appelle au lancement d’actions politiques, y compris l’instauration d’une autorité mondiale de régulation, pour maîtriser la volatilité excessive des prix des produits de base et atténuer l’impact négatif de ce phénomène sur les revenus des pays dont les économies sont fortement dépendantes de tels produits.  La représentante soudanaise a souhaité que la communauté internationale consente davantage d’investissements au profit des infrastructures et des services sociaux comme moyens de promouvoir le développement agricole et de renforcer la diversification des produits de base et du commerce de ces produits, ainsi que pour assister les pays à faible revenu.


M. HARALD FRIES (Suède) qui s’exprimait au nom de l’Union européenne, a rappelé le soutien apporté par l’Union européenne aux diverses initiatives mondiales prises pour faire face à la crise économique et financière, et il s’est félicité de l’action du G-20 en particulier.  Face aux défis mondiaux, nous avons besoin de solutions mondiales, a-t-il poursuivi.  Évoquant le Consensus de Monterrey, M. Fries a estimé qu’il a posé les bases du partenariat global en vue de réaliser notamment les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). 


Abordant l’enjeu du développement durable, M. Fries a rappelé l’engagement de l’Union européenne vis-à-vis de la mise en œuvre du Consensus de Monterrey.  Il a relevé cependant que le Consensus met également l’accent sur la responsabilité de chaque pays en ce qui concerne les enjeux de son propre développement.  Évoquant ensuite le lien entre commerce et développement, le représentant de la Suède a souhaité voir la conclusion avec succès du Cycle de négociations commerciales de Doha afin, a-t-il dit, de favoriser l’accès aux marchés internationaux des produits en provenance des pays les moins avancés (PMA).  Il a rappelé l’engagement de l’Union européenne à accroitre sa contribution à l’aide publique au développement (APD), et en particulier à celle destinée à l’Afrique.  M. Fries a, en outre, évoqué les efforts européens en matière d’allègement de la dette des pays pauvres et a promis que l’Union européenne poursuivra cet engagement.  Les pays de l’Union européenne se sont engagés, a-t-il expliqué, à consacrer 0,56% de leur PNB collectif à l’APD d’ici à 2010; un chiffre qui atteindra 0,7% en 2015.  Vis-à-vis de l’Afrique, l’Union européenne s’est engagée à consacrer la moitié au moins de l’augmentation de son APD au continent, a-t-il encore précisé.  M. Fries s’est enfin félicité des efforts de réforme en cours au sein des institutions financières internationales.


M. MARTY M. NATALEGAWA (Indonésie) qui s’exprimait au nom des 10 pays membres de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE), a estimé que le contexte actuel de crise exige qu’une attention particulière soit portée aux mesures destinées à assurer la relance de l’économie mondiale, aux politiques destinées à prévenir une autre crise du même type, ainsi qu’aux mesures à prendre en vue d’assurer le retrait des gouvernements de secteurs d’activités économiques qu’ils ont pris en main à la faveur de la crise.  Tout en se félicitant des efforts entrepris par le G-20, M. Natalegawa a souhaité que celui-ci travaille davantage en collaboration avec d’autres instances, comme l’ANASE notamment.  Abordant l’enjeu de la dette, le représentant de l’Indonésie a invité les pays à être vigilants sur son accroissement continu.  Il a en outre évoqué les efforts des pays de l’ANASE face à la crise, notant que le renforcement de la coopération et l’engagement contre le protectionnisme ont été des principes importants dans ce cadre.  Sur la question de la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), le représentant de l’Indonésie a rappelé l’engagement et les efforts déployés par les pays de l’ANASE.  Il a enfin lancé un appel en faveur de la conclusion du Cycle de négociations commerciales de Doha.


S’exprimant au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), Mme DONNETTE CRITCHLOW (Guyana) a indiqué que les États membres de cette organisation régionale avaient été particulièrement touchés par la crise économique: les demandes à l’exportation ont chuté, le coût du capital a augmenté, l’investissement direct étranger s’est tari, et la fréquentation touristique a plongé, de même que les envois de fonds des migrants et expatriés.  Rappelant que la capacité des États de la CARICOM à adopter des mesures pour lutter contre la crise était virtuellement nulle, et ce en raison de l’absence de marge de manœuvre budgétaire et de leur niveau d’endettement, la représentante a estimé qu’il était du devoir de la communauté internationale de dégager les ressources financières dont les pays en développement ont cruellement besoin.


La CARICOM juge qu’un multilatéralisme renforcé est central pour relever les défis économiques qui se posent aujourd’hui, a poursuivi Mme Critchlow.  À cet égard, les Nations Unies constituent le forum de délibération intergouvernemental privilégié pour faire entendre la voix des pays en développement, a-t-elle poursuivi.  Par ailleurs, si elle a reconnu les efforts du G-20 pour faire face à la crise, la représentante a jugé que les besoins des États endettés ou vulnérables comme le sien n’étaient pas suffisamment pris en considération au motif que, ressortissant à la catégorie des pays à revenu intermédiaire, uniquement déterminée par le ratio PIB/revu par tête d’habitant, ces pays « n’auraient pas besoin d’assistance internationale ».


La réalité, a dit la représentante, c’est que nos pays sont extrêmement vulnérables aux chocs extérieurs, qu’ils continuent d’être marqués par des niveaux de pauvreté et d’endettement particulièrement élevés, et demeurent fortement dépendants des exportations de produits de base.  Dans ce contexte, le Guyana est particulièrement préoccupé de constater le traitement qui est réservé aux juridictions offshore, menacées par des actions unilatérales, a dit la représentante.  Appuyant comme d’autres l’idée d’une réforme des institutions financières internationales, elle a par ailleurs regretté l’absence de disposition particulière pour effacer la dette.


S’exprimant au nom du Groupe CANZ –Canada, Australie, Nouvelle-Zélande, M. JEREMY ADLER (Canada) a appuyé les efforts de réforme et de modernisation déployés par les institutions financières internationales en vue d’accroitre leur capacité à relever les nouveaux défis auxquels elles sont confrontées.  S’agissant des produits de base, il a rappelé que son gouvernement avait annoncé le doublement de son aide au développement agricole durable, promettant d’y consacrer plus de 600 millions de dollars supplémentaires sur une période de trois ans, un montant qui s’inscrit dans les 20 milliards de dollars annoncés lors du Sommet de L’Aquila par le G-8 en Italie, et par les autres dirigeants de pays et d’organisations internationales.  L’Australie s’est pour sa part engagée à dégager 464 millions de dollars australiens sur quatre ans à l’appui de ces efforts, a également souligné M. Adler.  Face à une baisse du commerce international estimée par la CNUCED et l’OMC à 9 ou 10% pour l’année 2009, le représentant a réitéré l’engagement du Groupe CANZ à libéraliser davantage le commerce et à résister au protectionnisme.  S’agissant de la dette, le CANZ est déterminé à continuer d’aider les pays à gérer leur dette, y compris au moyen de l’Initiative en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE), de l’Initiative d’allègement de la dette multilatérale (IADM), du renforcement des capacités et de l’assistance technique, a dit M. Adler.  Dans un contexte de crise, a-t-il conclu, il est indispensable d’accorder des prêts financiers de façon soutenue par l’intermédiaire des institutions financières internationales.


M. GUILHERME DE AGUIAR PATRIOTA (Brésil) a noté qu’en dépit des efforts et des signes de reprise, l’économie mondiale ne s’est pas encore stabilisée.  Il faut accélérer et approfondir la réforme des institutions financières et de l’architecture monétaire internationale afin que celles-ci reflètent les nouvelles réalités, a-t-il poursuivi.  Pour les pays en développement, a-t-il ajouté, la baisse des investissements étrangers et celle des flux commerciaux notamment pourraient créer des déficits de l’ordre de 350 à 635 milliards de dollars en 2009.  Cette situation, a expliqué M. De Aguiar Patriota, pourrait mettre de nombreux pays dans l’impossibilité d’assurer le service de leur dette extérieure.  Il a plaidé en faveur d’un soutien accru aux pays en développement, afin qu’ils ne subissent pas davantage les conséquences d’une situation qu’ils n’ont pas créée.  Le représentant du Brésil a lancé un appel à multiplier des efforts entrepris en vue de réduire la dette des pays pauvres, à l’image de l’initiative pour les pays pauvres très endettés (PPTE) et de l’initiative multilatérale d’allègement de la dette.  Le représentant du Brésil a enfin regretté que la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) soit désormais plus contrariée que jamais.  Il s’est félicité du rôle central assumé par les Nations Unies dans le contexte difficile actuel.


M. GONZALO GUTIÉRREZ REINEL (Pérou) a plaidé en faveur de l’adoption d’une vision intégrée des défis du développement afin de mener une action qui dépasse le seul cadre des réponses à la crise actuelle.  Dans cette vision, les Nations Unies devraient occuper une place centrale, de même qu’une réforme de l’architecture financière internationale, a-t-il précisé.  Face aux enjeux des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), il a invité la communauté internationale à prêter une attention particulière aux pays à revenu intermédiaire comme le Pérou.  Abordant l’enjeu de la dette, M. Reinel a souhaité, qu’à la fois, le problème de l’insolvabilité des pays les moins avancés (PMA) soit résolu et qu’une réponse structurelle à cette question soit trouvée.  Enfin, le représentant du Pérou s’est félicité des conclusions du rapport du Secrétaire général sur les tendances et perspectives mondiales des produits de base (A/64/184).  Le Pérou, a-t-il noté, a vu ses revenus diminuer à cause de la chute des cours sur les marchés des produits de base.


M. JOHN SAMMIS (États-Unis) a rappelé que, comme c’était le cas il y a un an, de nombreux pays continuent de faire face à des défis économiques, alors que nous nous trouvons toujours dans une phase de faible de croissance.  Il a déclaré que les États-Unis avaient pris des « mesures sans précédent » pour rétablir la croissance, relancer l’emploi et assainir leur système financier.  Ainsi, le Congrès a adopté un plan de relance équivalent à près de 2% du PIB américain de 2009, et de 2,5% de celui de 2010.  En outre, au niveau international, les dirigeants des pays développés ont réussi à mobiliser un peu plus de 1 000 milliards de dollars pour renforcer les ressources des organismes financiers multilatéraux, permettant ainsi au FMI, par exemple, d’augmenter ses prêts concessionnels en faveur des pays en développement et d’émettre des droits de tirage spéciaux (DTS) d’un montant de 283 milliards de dollars.  En outre, depuis la crise, les dirigeants du monde ont commencé d’appliquer en profondeur des politiques visant à mieux gérer les risques et règlementer leurs secteurs financiers, à titulariser les marchés, et à mieux réglementer les agences de notation et les fonds spéculatifs.  Les risques d’un manque de reprise se maintiennent cependant, a estimé M. Sammis, qui a identifié trois défis majeurs à relever: la nécessité pour les pays de concevoir des politiques appropriées au niveau national; continuer d’appuyer les pays les pauvres; et enfin,  poursuivre les discussions visant à aboutir à un consensus mondial pour atteindre une croissance viable et soutenue.


M. LI KEXIN (Chine) a noté, à la suite d’autres représentants, qu’en dépit de la relance actuelle, l’économie mondiale reste encore sur la voie de son rétablissement.  La crise a montré, a-t-il poursuivi, le besoin de réforme des institutions financières internationales.  Notant les conclusions du rapport du Secrétaire général sur le système financier international et le développement (A/64/178), M. Li Kexin s’est félicité de la décision prise par le G-20, lors de son récent Sommet à Pittsburgh, d’accorder davantage de pouvoir aux pays en développement au sein de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international.  Il a souhaité que, parallèlement à ces réformes, le rôle des Nations Unies soit renforcé. 


Le représentant de la Chine a par ailleurs regretté l’impact de la conjoncture économique actuelle sur la capacité de plusieurs pays en développement à assurer le service de leur dette.  Une solution digne de ce nom au problème de la dette est essentielle à l’aide aux pays en développement et aux PMA en particulier dans la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), a-t-il ajouté.  Ce problème de la dette, a-t-il noté, a des dimensions politiques et historiques.  M. Li Kexin a enfin exprimé la préoccupation de sa délégation face aux fluctuations des prix des matières premières.  « Elles posent de formidables défis aux pays en développement », a-t-il déploré.  Rappelant les conclusions du rapport de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) sur les tendances et perspectives mondiales des produits de base (A/64/184), il a regretté le fait que ces fluctuations soient en partie le fait de la spéculation.


M. TARIQ AL-FAYEZ (Arabie saoudite) a indiqué qu’en dépit de la baisse de ses revenus pétroliers, l’Arabie saoudite avait été en mesure de continuer à soutenir son secteur privé.  En outre, le Fonds de développement saoudien a soutenu un certain nombre de projets de développement et de lutte contre la pauvreté dans de nombreux pays du monde.  En contribuant à des initiatives du FMI, l’Arabie saoudite a également participé au rééchelonnement de la dette des pays pauvres, a souligné M. Al-Fayez.  Sur le plan de la coopération internationale, nous nous efforçons de parvenir aux Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) et d’améliorer l’accès des pays défavorisés aux programmes dont ils peuvent bénéficier, a ajouté le représentant.  M. Al-Fayez a insisté en conclusion sur l’importance de faire face à l’instabilité des cours des produits de base.


M. SAIF-UD-DIN SOZ (Inde) a lui aussi relevé qu’en dépit des signes de relance, l’économie mondiale ne s’est pas encore remise de la crise.  Pour les pays en développement, l’aide publique au développement (APD) qui a connu une courbe ascendante en 2008 ne doit pas connaître une nouvelle baisse, a-t-il plaidé.  Dans le contexte actuel, M. Soz a également souhaité un soutien plus important en faveur des pays en développement, notamment à travers des investissements dans les infrastructures qui favoriseraient la croissance économique.  Il a déploré la volatilité des prix des matières premières et a plaidé en faveur de la fin des subventions versées à l’agriculture dans les pays riches.  Abordant l’enjeu de la dette, le représentant de l’Inde a espéré que son traitement se fasse de manière transparente et objective.  Il a enfin plaidé pour une réforme des institutions financières internationales et s’est dit préoccupé par la montée de tendances protectionnistes.


M. KENJU MURAKAMI (Japon) a déclaré que la communauté internationale devait continuer d’œuvrer au redressement de l’économie mondiale.  Pour sa part, a-t-il dit, le nouveau Gouvernement japonais consacrera davantage de ressources budgétaires à l’éducation et au logement, convaincu que les « vies des personnes » sont à placer en tête des priorités.  Nous souhaitons également favoriser une croissance stable au travers de mesures telles que le soutien aux nouvelles industries qui contribuent à la réduction des émissions de gaz à effet de serre, a déclaré le représentant japonais, qui a également fait part des efforts de son pays pour augmenter l’aide publique au développement.  M. Murakami a ensuite estimé que les institutions financières avaient un rôle-pivot à jouer dans les efforts pour surmonter la crise, soulignant la nécessité d’augmenter leurs ressources et de renforcer leur gouvernance.  À cet égard, il est devenu nécessaire d’accélérer le prochain processus d’examen des quotas du FMI, de manière à améliorer la représentativité des pays en développement.  Il a ajouté que la gestion durable de la dette était devenue plus qu’indispensable, et qu’elle était de la responsabilité commune des créditeurs et des débiteurs.


Mme WU YE-MIN (Singapour) s’est félicitée des récentes mesures prises par le G-20 lors de son Sommet de Pittsburgh pour faire face à la crise, et a estimé que cette instance est désormais « un moteur important du changement ».  La représentante a souhaité que le G-20 renforce sa coopération avec les Nations Unies ainsi qu’avec diverses entités régionales et qu’il s’ouvre à d’autres pays selon les besoins de la discussion à mener.   


M. DIMITRI I. MAKSIMYCHEV (Fédération de Russie) a relevé qu’après des années d’inaction, et en dépit de résolutions demandant une réforme de l’architecture économique internationale, l’heure était venue d’agir sur cette question.  En poursuivant sur le chemin tracé par divers accords, dont la déclaration de Doha sur le financement du développement et le récent Sommet du G-20,  la Deuxième Commission devra indiquer des actions concrètes à entreprendre, a-t-il poursuivi.  Elle devra également, a expliqué M. Maksimychev, s’inspirer des recommandations du rapport du Secrétaire général sur le système financier international et le développement (A/64/178).  « Une nouvelle architecture financière internationale plus stable est nécessaire », a indiqué le représentant de la Fédération de Russie.  Il s’est félicité de la décision du récent G-20 de « démocratiser » le FMI et la Banque mondiale, mais a estimé que ceci n’était qu’un premier pas.  La question de la dette doit faire l’objet d’un traitement transparent et efficace afin de garantir la viabilité des pays à faible revenu, a ajouté M. Maksimychev.  Il s’est, en outre, dit favorable à l’amélioration des capacités des pays en développement dans le domaine de l’exportation des matières premières.


M. NOR EDDINE BENFREHA (Algérie) a estimé, comme d’autres délégués avant lui, qu’en dépit des signes positifs, l’économie mondiale était toujours dans une phase critique et que les déséquilibres qu’elle a connus sont le fait de politiques économiques ayant accordé une place beaucoup trop importante à la finance.  Il a plaidé pour une réforme de l’architecture économique internationale qui prenne mieux en compte les besoins des pays en développement, en garantissant notamment leur représentation au sein des institutions de Bretton Woods.  Le système financier international doit désormais promouvoir le développement socioéconomique, a encore plaidé M. Benfreha.  Le représentant de l’Algérie a, enfin, regretté les retards enregistrés dans la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) et lancé un appel à la mise en œuvre de divers engagements internationaux, notamment ceux pris vis-à-vis du continent africain. 


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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