FEM/1669

COMMISSION DE LA CONDITION DE LA FEMME: L’AUTONOMISATION DES FEMMES, PRIORITÉ DES POLITIQUES D’ATTÉNUATION ET D’ADAPTATION À L’IMPACT DES CHANGEMENTS CLIMATIQUES

28/02/2008
Conseil économique et socialFEM/1669
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Commission de la condition de la femme                     

Cinquante-deuxième session                                 

8e et 9e séances – matin et après-midi


COMMISSION DE LA CONDITION DE LA FEMME: L’AUTONOMISATION DES FEMMES, PRIORITÉ DES POLITIQUES D’ATTÉNUATION ET D’ADAPTATION À L’IMPACT DES CHANGEMENTS CLIMATIQUES


La Commission de la condition de la femme a invité aujourd’hui cinq femmes spécialistes de l’environnement à venir discuter avec les délégations de la différence d’impact qu’a le réchauffement de la planète sur les femmes, si on le compare à celui qu’il aura sur les hommes.  À l’issue d’une table ronde intitulée « Perspectives sexospécifiques sur les changements climatiques », les spécialistes ont conclu à la nécessité de faire de l’autonomisation des femmes une priorité des politiques d’adaptation aux changements climatiques et d’atténuation à l’impact de ce phénomène. 


Les spécialistes invitées par la Commission ont en effet invoqué des études qui montrent que, lors de catastrophes naturelles, comme le tsunami survenu dans l’océan Indien il y a quelques années, le nombre de morts chez les femmes a été quatre fois plus élevé que celui constaté chez les hommes.  En dehors de ces cas extrêmes, a par exemple expliqué la spécialiste ougandaise, les femmes demeurent tout de même les premières victimes de la baisse de la pluviométrie, des inondations ou encore, de la désertification.  En Afrique, où la température devrait augmenter de 0,2 à 0,5 degré Celsius pendant la prochaine décennie, les changements climatiques menacent surtout une population rurale à forte majorité féminine, a fait remarquer la spécialiste.  Les femmes africaines gérant 60 à 80% de la production agricole, c’est à juste titre que l’Afrique s’inquiète des prévisions selon lesquelles le continent perdra 50% de ses récoltes de céréales d’ici à 2020, a-t-elle souligné.  La spécialiste indienne a à cet égard fustigé la propension des États à considérer l’hydroélectricité comme une énergie propre alors que la construction de barrages hydrauliques, qu’elle implique, et dont dépend sa production, conduit inévitablement à la destruction de vastes étendues de terres arables. 


Devant ces faits, les délégations ont reconnu l’importance d’intégrer une dimension sexospécifique dans la mise en œuvre de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques.  Grands agents de développement, les femmes doivent apporter « quelque chose de nouveau » aux négociations sur un autre protocole relatif à la réduction des émissions de gaz à effet de serre, ont-elles recommandé.  Pour affiner les politiques à adopter, les cinq spécialistes ont recommandé la collecte et la publication de données ventilées par sexe, l’identification de cibles quantifiables, des investissements dans la formation pour appuyer les processus de mise en œuvre et la mise au point d’indicateurs.  La spécialiste indonésienne a jugé important de sensibiliser les femmes qui détiennent des positions clefs, « parce qu’il nous faut de la volonté politique et des actions concrètes ».


La Commission de la condition de la femme a, par ailleurs, entendu ce matin une trentaine d’orateurs intervenant sur la question du « financement de l’égalité des sexes et de l’autonomisation des femmes », thème prioritaire de la session et troisième des huit Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).  Un appel à l’action a été lancé par le représentant du Danemark, qui a annoncé le doublement, d’ici 2010, de la contribution financière de son pays à la réalisation de l’OMD3. 


Le représentant danois a aussi annoncé le lancement de la « Campagne OMD3 » pendant la conférence internationale que son pays organisera en avril prochain, à Copenhague.  La conférence, a-t-il expliqué, vise à créer une coalition composée de gouvernements, du secteur privé et de la société civile.  À l’occasion de la Journée internationale de la femme, le 8 mars prochain, le Ministre danois de la coopération au développement offrira « une torche de champion » aux dirigeants qui se seront déclarés prêts à faire plus pour accélérer la mise en œuvre de cet Objectif, a indiqué le représentant du Danemark.  


La Commission de la condition de la femme poursuivra ses travaux demain, vendredi, le 29 février, à partir de 10 heures.  



SUIVI DE LA QUATRIÈME CONFÉRENCE MONDIALE SUR LES FEMMES ET DE LA VINGT-TROISIÈME SESSION EXTRAORDINAIRE DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE INTITULÉE « LES FEMMES EN L’AN 2000: ÉGALITÉ ENTRE LES SEXES, DÉVELOPPEMENT ET PAIX POUR LE XXIE SIÈCLE »


Suite du débat général


Mme ESENGUL CIVELEK, Directorat général de la condition de la femme de la Turquie, a déclaré que l’élaboration d’un budget pouvait constituer un instrument fort de changement si elle s’appuie sur une approche des droits de l’homme.  Promouvoir et incorporer la dimension du genre dans les dépenses publiques est nécessaire, en particulier pour promouvoir la participation des femmes dans l’élaboration et l’allocation des budgets.  Étant donné que la manière dont est conçu un budget a un impact différencié sur les hommes et sur les femmes, une approche sensible soucieuse de la parité est nécessaire, a dit Mme Altan Arsan.  En Turquie des progrès ont été faits pour promouvoir l’élaboration d’un « budget genre » comme le prévoient la période précédant l’accession de la Turquie à l’Union européenne et les réformes du système public de gestion des finances.  Une loi de 2005 a amélioré les modalités sur lesquelles est édifié le budget, ce qui a facilité notre travail sur l’élaboration d’un budget sensible au genre, a indiqué la représentante turque.


Mme SIRA ASTOR (République arabe syrienne) a déclaré que son pays compte parmi ceux qui ont ratifié la plupart des accords internationaux ayant trait aux femmes et aux droits de l’homme qui renforcent le statut des femmes dans la société.  Un plan étalé sur 20 ans a donné la priorité à la promotion de l’égalité des femmes syriennes.  Ses termes visent l’intégration des aspects sociaux et sexospécifiques à tous les projets spécifiques aux femmes et ce plan a consacré pour la première fois un chapitre à l’autonomisation des femmes, a indiqué Mme Astor.  Le Ministère de l’éducation nationale a procédé à un examen des programmes scolaires en y intégrant une perspective sexospécifique.  Des défis importants se dressent cependant concernant l’amélioration du statut des femmes en Syrie.  Pour les relever il faut que l’on parvienne à un processus participatif incluant la société civile ainsi que des ressources financières adéquates, a dit la représentante.


Mme TZIONA KOENIG, Présidente de la Commission pour l’égalité des chances dans le monde du travail d’Israël, a expliqué que, nouvellement créée, sa commission, qui fait partie du Ministère de l’industrie, du commerce et du travail, fait office d’ombudsman dans les cas de discrimination à l’égard des femmes sur le lieu de travail et peut enquêter, après des plaintes, sur toutes les formes de discrimination.  La mise en œuvre de la législation relative à la promotion de la femme n’est pas égale, car bien souvent les normes sociales restent un obstacle aux progrès.  Aussi, les femmes gagnent-elles entre 82% et 84% de ce que gagnent les hommes.  D’autre part, il arrive que des stratégies budgétaires nationales soient défavorables aux femmes.  Comme un financement réussi de l’égalité des sexes dépend des systèmes de contrôle des politiques publiques, la société civile joue un rôle crucial.  L’intégration de la sexospéficité dans toutes les politiques et les programmes est un facteur essentiel de la promotion de la femme, a dit Mme Koenig.  Beaucoup reste à faire, mais les possibilités qui peuvent bénéficier aux femmes se multiplient et continueront de le faire, a-t-elle conclu.


Mme RACHEL PAUL, Coalition contre le trafic des femmes, a estimé que la lutte contre la violence faite aux femmes exige l’éradication de l’exploitation sexuelle des femmes et des filles et, en conséquence, la modification des lois existantes.  Le tourisme sexuel est l’un des aspects les plus graves de la violence faite aux femmes.  Les victimes de l’industrie du sexe sont très souvent victimes de viols et courent le risque de contracter le VIH/sida, a fait remarquer Mme Paul.  La représentante a reproché aux gouvernements le fait qu’ils adoptent souvent des politiques trop tolérantes sur la question, avec parfois ce qui peut paraître comme un encouragement de la part des organisations intergouvernementales.  La prostitution ne saurait être considérée comme un travail car sa pratique n’a pas un caractère volontaire.  Les Nations Unies et la société civile doivent donc pénaliser l’exploitation des femmes, et les gouvernements qui rechignent à la combattre doivent être punis, a dit Mme Paul.


Mme OPPAH C. Z. MUCHINGURI, Ministre de la condition de la femme et du développement des communautés du Zimbabwe, a expliqué que son pays avait adopté une série de lois pour promouvoir le statut juridique de la femme dans les domaines de la maternité, de l’accès égal aux opportunités d’emploi, et de la lutte contre la violence domestique.  Ces lois visent notamment à prévenir les violences au foyer et à protéger les victimes.  Mon gouvernement continue de soutenir une participation accrue des femmes dans les processus de prise de décisions, a souligné Mme Muchinguri.  Dans le cadre des prochaines élections, des sièges ont été réservés aux femmes candidates afin d’accroître leur nombre au Parlement, a-t-elle annoncé.  Le Gouvernement zimbabwéen intervient aussi de manière ciblée dans des secteurs comme l’économie, l’exploitation minière, l’agriculture, l’industrie et le commerce.  Conformément à la loi de réforme agraire, un quota a été réservé aux femmes pour qu’elles aient accès à des ressources critiques, a indiqué la Ministre, en précisant que le Zimbabwe dispose aussi d’un Fonds de développement agricole qui accorde des fonds aux femmes.


Mme ROSE NDUWAYO, Vice-Ministre chargée des droits de la personne humaine et du genre du Burundi, a indiqué que la lutte contre les violences faites aux femmes était financée dans le cadre de la politique nationale adoptée par le Gouvernement burundais en 2003.  Expliquant que le phénomène du viol avait pris dans son pays une ampleur inquiétante, elle a ajouté que les initiatives pour lutter contre ce fléau étaient appuyées par des agences des Nations Unies.  Elle a souhaité que, pour aller plus loin, le Ministère des finances use de son influence pour soutenir davantage la prise en charge matérielle, juridique et sociopsychologique des victimes de violence.  Mme Nduwayo a ensuite dit que le taux de mortalité des femmes pendant l’accouchement avait diminué sensiblement grâce à la gratuité des soins de maternité instaurée par son gouvernement.  Pour ce qui est de l’intégration des femmes au pouvoir et dans la lutte contre la pauvreté, la Vice-Ministre s’est félicitée de la percée des femmes dans les postes de police et de la défense nationale.  L’entreprenariat féminin émerge aussi timidement en ville mais progresse guère dans les milieux ruraux, a encore noté Mme Nduwayo.


Mme SAMRA FILIPOVIC-HADZIABDIC (Bosnie-Herzégovine) a indiqué que les femmes bosniaques étaient aujourd’hui mieux informées de leurs droits et des possibilités économiques et culturelles qui leur sont offertes.  Le pays, qui est sur la voie de l’intégration aux institutions européennes, a développé des institutions qui sont responsables de veiller à l’égalité entre les sexes.  Une Commission parlementaire sur l’égalité entre les sexes a été mise en place, et son but est de promouvoir le respect et la mise en œuvre de la législation.  Une loi sur l’égalité entre les sexes a été adoptée en 2003 qui, pour sa part, contient des normes internationales et définit la discrimination directe et indirecte et impose des sanctions aux auteurs de discrimination.  Les domaines couverts par la loi portent sur l’éducation, l’emploi, le travail, le sport, la culture, les médias et l’interdiction de la violence.  Après la guerre, a expliqué Mme Filipovic-Hadziabdic, les femmes ont réussi une percée en politique.  Elles occupent aujourd’hui 17% des sièges au Parlement par rapport à 2% en 1996.  Enfin un Plan d’action sur l’égalité entre les sexes a été adopté en 2006 qui porte sur l’intégration européenne, le renforcement des capacités, les stratégies de développement macroéconomique, l’emploi, l’éducation, ou encore le rôle des hommes.


Mme RACHEL DZOMBO, Ministère du genre, des sports, de la culture et des services sociaux du Kenya, a indiqué que le Gouvernement du Kenya a créé un fonds de 29 millions de dollars pour les femmes entrepreneurs, et que le montant des ressources de ce fonds devrait être doublé l’année prochaine.  Le Gouvernement a aussi créé un fonds pour les jeunes entrepreneurs et fournit des ressources financières pour promouvoir l’autonomisation économique des femmes, par le biais entre autres des dons communautaires ou du Fonds pour le développement, a indiqué Mme Dzombo.  Le Gouvernement du Kenya est déterminé, a conclu la représentante, à financer l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes.  Il continuera à intensifier ses efforts pour parvenir à une budgétisation réellement sensible au genre et pour renforcer ses partenariats avec le secteur privé, les ONG et les partenaires extérieurs.


Mme YORIKO MEGURO (Japon) a déclaré que le Gouvernement japonais travaillait dans l’intérêt égal de tous ses citoyens, hommes et femmes, en permettant notamment à ces dernières de trouver un équilibre entre leur travail, leur vie privée et leurs activités sociales.  Elle a suggéré que, dans cette perspective, les services sociaux et éducatifs soient renforcés pour que les femmes et les hommes s’occupent de manière équitable de leur progéniture.  La représentante a ajouté que, fin 2007, le Gouvernement japonais avait mis en place une charte pour pouvoir avancer sur la question de l’équilibre entre vie privée et vie professionnelle.  Elle a ensuite attiré l’attention sur les mesures légales prises par le Japon pour lutter contre la violence conjugale et la protection des victimes, en précisant que la mise en œuvre de ces mesures se faisait de plus en plus en association avec le secteur privé.  S’agissant des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), Mme Meguro a estimé que leur réalisation ne serait possible que si la perspective du genre était intégrée dans toutes les politiques et stratégies économiques de développement.


Mme FAITH WEBSTER, Directrice exécutive du Bureau des affaires féminines de la Jamaïque, a déclaré que l’engagement de son pays envers les femmes remontait à 1974 avec l’établissement d’un Bureau des affaires féminines.  Toutefois, de nouveaux défis se posent aujourd’hui, en grande partie attribuables à l’évolution de l’économie mondiale et à des conditions météorologiques de plus en plus adverses, a dit Mme Webster.  En dépit de ces contraintes, le Gouvernement jamaïcain continue d’attribuer des ressources financières au soutien et à la promotion de l’égalité des sexes.  À cette fin, des arrangements avec d’autres gouvernements ont été conclus, à travers leurs donateurs bilatéraux et les institutions multilatérales.  En outre, des initiatives de soutien aux petites et moyennes entreprises ont été lancées à l’intention de groupes défavorisés, dont les femmes, a dit la représentante.  Des partenariats avec des ONG de femmes ont également été conclus, a poursuivi la Directrice exécutive, tandis que des levées de fonds sont effectuées pour appuyer les activités d’organisations telles que le Caucus politique des femmes jamaïcaines.  S’agissant de l’intégration d’une démarche soucieuse d’égalité entre les sexes, une nouvelle politique vient d’être lancée pour harmoniser tous les programmes, les plans et les projets existants, a conclu Mme Webster.


Mme CHOU BUN ENG, Directrice générale du développement social au Ministère de la promotion de la femme du Cambodge, a indiqué qu’en collaboration avec les autres ministères, celui au sein duquel elle travaille sera capable de fonctionner comme un mécanisme de surveillance des stratégies de promotion de la femme.  Ainsi, un plan d’action national sur la prévention de la violence contre les femmes sera adopté par le Conseil des ministres en 2008, a annoncé la représentante.  La loi sur la lutte contre la traite des femmes, adoptée en 2007, commence à être mise en œuvre.  Un plan stratégique a aussi été lancé en 2007, pour armer les femmes contre le VIH/sida.  À ce jour, un Comité national sur la promotion des valeurs prend des mesures pour lutter contre toutes les formes de violence à l’encontre des femmes et des filles, a dit Mme Bun Eng.  La Directrice générale a conclu en demandant l’appui de la communauté internationale pour que son pays puisse poursuivre ses politiques de lutte contre toutes les formes de violence faite aux femmes et aux enfants.  


M. ROBERT DIJKSTERHUIS, Division du genre au Ministère des affaires étrangères des Pays-Bas, a accueilli positivement le thème de cette session de la Commission de la condition de la femme, relatif au financement de la parité, tout en précisant qu’il faudrait à cet égard identifier les activités et les politiques qui ont donné des résultats concrets.  Il a appuyé les projets visant l’accès à l’éducation pour tous, l’accès à la santé sexuelle et reproductive, l’autonomisation économique des femmes, l’accès sur un pied d’égalité aux processus de prise de décisions et la lutte contre la violence faite aux femmes.  Le représentant a précisé que les Pays-Bas continueraient d’allouer 15% de leur aide publique au développement (APD) à des projets éducatifs et a jugé inacceptable que le montant des fonds alloués aux soins de santé reproductive et sexuelle ait baissé.  Il a aussi annoncé que son pays avait alloué 50 millions d’euros à des projets impliquant la société civile pour faire entendre la voix des femmes et qu’il avait approuvé une dotation de 4 millions d’euros au Fonds de contribution des Nations Unies pour lutter contre la violence.


Mme NGUYEN THI THANH HOA, Présidente du Syndicat des femmes du Viet Nam, a indiqué que le Viet Nam vient d’adopter deux lois importantes sur l’égalité des sexes et la prévention de la violence domestique.  L’esprit et la lettre de ces lois reflètent les dispositions fondamentales de la Convention des Nations Unies contre la discrimination à l’égard des femmes, a précisé Mme Thi Thanh Hoa.  Pour la première fois, les mesures prises contre la violence domestique, y compris le viol conjugal, font l’objet d’une réglementation.  La Présidente du Syndicat des femmes du Viet Nam a émis l’espoir que les femmes vietnamiennes seront un instrument efficace pour permettre au pays de bien répondre à la Campagne contre la violence faite aux femmes, lancée par le Secrétaire général de l’ONU.  Au Viet Nam, les mécanismes chargés de l’égalité des sexes sont le Ministère du travail et le Département de l’égalité des sexes.  Le Congrès national des femmes renforce le rôle du Syndicat des femmes.  De nombreux efforts ont été déployés pour promouvoir les femmes à des postes clefs, notamment à l’Assemblée nationale.  Le taux actuel de femmes dans cette institution est de 25,7%, ce qui place le Viet Nam au troisième rang régional et au huitième rang mondial.  Les difficultés à résoudre restent liées aux préjugés, au fossé qui existe entre les politiques énoncées et la pratique, et aux effets négatifs de la mondialisation.  Le Viet Nam, qui est l’un des cinq pays les plus touchés par les changements climatiques, apprécie que la Commission s’attaque cette année à cette question.  Dans ce domaine, le Viet Nam a besoin d’une assistance financière et technique, a conclu la Présidente du Syndicat des femmes vietnamiennes. 


Mme MONICA XAVIER, Union interparlementaire, a estimé que la question du financement de l’égalité entre les sexes était cruciale.  Combien de fois nous, parlementaires, nous sommes-nous trouvés dans une situation où nous adoptons des lois qui ne peuvent pas être mises en œuvre par manque de ressources, a-t-elle relevé.  Elle a exprimé son soutien à l’une des propositions avancées hier et concernant l’établissement d’un point focal sur le genre, ce qui n’impliquerait pas la création d’une ligne budgétaire séparée mais viserait plutôt l’intégration de la dimension genre dans les budgets.  Un autre point important est la nécessité de revoir les lois et les cadres qui pourraient être porteurs de discrimination, a dit Mme Xavier.  Pour parvenir au changement, nous avons besoin de volonté politique et de travailler ensemble, a-t-elle estimé.  Notre carte de la participation des femmes en politique, que nous venons de dévoiler, montre que malheureusement nous sommes encore bien loin de la parité puisque 17,7% seulement de sièges parlementaires sont occupés par des femmes à travers le monde, et qu’elles occupent seulement 16% des postes ministériels.


Mme BERTIEAUX, Réseaux des femmes parlementaires de la Francophonie, a expliqué que des séminaires sont organisés régulièrement pour les femmes parlementaires afin de les informer sur le contenu de la convention CEDEF et sur la manière dont elle peut être mise en application dans leur pays respectif.  Le prochain séminaire organisé sur la question aura lieu à Maurice au printemps, et plus tard un autre aura lieu en République démocratique du Congo, qui portera notamment sur la violence dramatique infligée aux femmes et fillettes de ce pays.  Le résultat escompté est de voir toutes les femmes parlementaires recevoir une formation à la CEDEF et travailler à l’adoption et la mise en œuvre de lois qui y soient conformes.


Mme SHEKHA HISSAH SAAD A.S. AL-SABAH, Vice-Présidente du Comité des femmes du Koweït, a affirmé que son pays prend très au sérieux la question de la violence faite aux femmes.  La Constitution de 1952 a d’ailleurs incorporé le principe de la protection et de l’autonomisation des femmes.  Les femmes koweïtiennes jouissent pleinement de leurs droits politiques, a dit Mme Al-Sabah.  Elles ont accès aux crédits et à la propriété foncière, a-t-elle ajouté.  Le pourcentage de femmes sur le marché du travail est passé de 2,5 à 5%, et leur présence aux postes de direction atteint 16% du nombre total de postes de ce type.  La Vice-Présidente du Comité des femmes du Koweït a appuyé la Campagne contre la violence faite aux femmes, lancée par le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, et a espéré qu’elle donnera lieu à la création, dans tous les pays, de centres nationaux s’occupant des femmes.


Mme KANDA VAJRABHAYA, Ministère du développement social et de la sécurité humaine de la Thaïlande, a estimé que l’intégration de mesures relatives aux sexospécificités était indispensable au financement de la parité qui lui-même mènera à des politiques et à des programmes sensibles à la dimension genre.  Elle a précisé que grâce à l’aide fournie par le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), son pays développait un système de collecte de données ventilées par sexe.  Les femmes thaïlandaises ont aussi été encouragées à participer aux travaux de la Commission des droits de l’homme et à ceux de la Commission de réconciliation nationale.  Des femmes thaïlandaises participent à la Mission intégrée des Nations Unies au Timor-Leste et à la Mission des Nations Unies au Népal, a dit Mme Vajrabhaya.  Le Ministère des ressources naturelles et de l’environnement analyse actuellement l’impact des changements climatiques sur les femmes et a lancé des programmes permettant aux femmes d’adopter des habitudes de recyclage.  Le Gouvernement accorde également une attention particulière à l’autonomisation des femmes en zones rurales, et la Thaïlande a atteint le l’Objectif nº3 du Millénaire pour le développement.


Mme CLARE BECKTON (Canada) a déclaré que dans son pays tous les ministères du Gouvernement fédéral devraient effectuer une analyse comparative entre les hommes et les femmes pour obtenir une partie du financement de leurs programmes.  Elle a ajouté que le Gouvernement canadien avait augmenté en 2007 les crédits pour le Programme de promotion de la femme.  Poursuivant son intervention, elle a expliqué que le Canada œuvrait pour combler les fossés et surmonter les obstacles au développement, par le biais notamment de la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement, le Consensus de Monterrey et la Déclaration de Paris sur l’efficacité de l’aide.  La représentante a porté l’attention sur la nécessité de parvenir non seulement à l’égalité entre les hommes et les femmes, mais aussi entre les garçons et les filles.  Elle a par ailleurs insisté sur la nécessité de la mise en œuvre d’un réel mécanisme de surveillance au Conseil de sécurité pour que ce dernier coordonne ses propres actions en vue de la mise en œuvre de la résolution 1325 sur les femmes, la paix et la sécurité.  Le Canada appuie l’intégration de la dimension sexospécifique dans l’élaboration et la mise en œuvre des politiques et stratégies de lutte contre les effets des changements climatiques, a encore déclaré la représentante.


Mme SONJA RIMENE, Conseillère principale au Ministère de la promotion de la femme de la Nouvelle-Zélande, a indiqué que son pays a connu une profonde transformation en ce qui concerne la prise en compte des droits et des besoins des populations autochtones et autres minorités du pays.  Répondre aux besoins des différentes communautés n’est pas une tâche facile surtout lorsqu’il s’agit de collecter les données, a admis la Conseillère spéciale.  Elle a aussi indiqué que l’Agence néo-zélandaise de développement international a pour mandat d’incorporer la dimension spécifique dans toutes ses activités.  Les activités de coopération doivent toucher les domaines politique, social et économique, a-t-elle insisté.  Elle a donc encouragé les donateurs à consacrer des ressources financières à ces aspects et d’accorder, en conséquence, la priorité à la mise en œuvre de la Convention sur la lutte contre toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes.


Mme ANN KEELING (Royaume-Uni) a estimé que le budget genre était déterminant pour l’analyse de l’impact des flux de ressources et des politiques en faveur des femmes, mais qu’il n’est qu’un élément d’un ensemble plus large.  Lutter contre les inégalités entre les sexes suppose également la prise de mesures complémentaires permettant de définir des normes, de suivre les progrès et de mettre en œuvre des exemples de bonnes pratiques.  C’est ce que nous avons fait au Royaume-Uni, a dit la représentante.  Nous avons établi des objectifs en terme de mise en œuvre des programmes gouvernementaux, un processus de révision des lois discriminatoires, des mesures permettant d’améliorer la communication entre les institutions clefs et les acteurs de l’égalité entre les sexes, ceci afin d’améliorer les échanges de bonnes pratiques.  Une réflexion sur la manière de lever des fonds et comment les dépenser est aussi indispensable, car, selon les choix que l’on fait, le fossé entre les sexes peut être réduit ou accru, a estimé la représentante.  Conformément au « Gender Equality Duty » adopté en avril 2007, les autorités publiques britanniques se doivent désormais de collecter des données ventilées par sexe, ce qui est essentiel à l’établissement du budget genre, a conclu la représentante du Royaume-Uni.


M. JOHN HOLLINGSWOTH, Directeur du Bureau des affaires féminines de la Barbade, a fait part des progrès enregistrés par son pays, en indiquant, entre autres, que la différence de salaires entre les hommes et les femmes n’est plus que de 2%.  Malgré ces progrès, le pays demeure confronté à des défis énormes comme la violence, la pauvreté et le VIH/sida.  Si le Gouvernement alloue des fonds pour améliorer la situation, il n’aurait pas pu le faire sans l’aide qu’apportent les organisations régionales et internationales tant dans le financement que dans la conception des politiques.  Le Directeur a particulièrement remercié la Banque interaméricaine de développement pour l’appui qu’elle a apporté à la création de son Bureau, la Banque mondiale pour son rôle dans la lutte contre le VIH/sida et l’UNIFEM pour ses programmes de formation.  Le pays doit s’attaquer à une réforme législative et à la sensibilisation du public aux impératifs de l’égalité des sexes, a reconnu le Directeur, en indiquant qu’en attendant, son gouvernement a mis en place des programmes sociaux et de sécurité pour alléger le fardeau des victimes d’une pauvreté qui se féminise de plus en plus. 


Mme AURORA MEJÍA, Ambassadrice pour les politiques d’équité entre les sexes, de l’Espagne, a estimé que mettre en œuvre une « perspective genre » ne signifiait pas créer des budgets différenciés pour les hommes et les femmes.  Il faut se concentrer sur l’efficacité démontrée des programmes publics en matière d’éducation, de santé, d’emploi et de logement sur ces deux catégories de la population, a-t-elle estimé.  La représentante a fait savoir qu’en Espagne, depuis 2005, les lois préparatoires à l’établissement du budget national prennent en compte l’analyse de l’impact des budgets-programmes ventilés par sexe.  À cet égard, le Ministère espagnol de l’économie a développé un large éventail d’indicateurs désagrégés relatifs à différents secteurs de l’action gouvernementale, a-t-elle dit.  Mme Mejía a ajouté que le Plan stratégique pour une égalité d’opportunités, adopté en décembre dernier, et qui couvre la période 2008-2011 faisait office de feuille de route pour le Gouvernement espagnol, qui la met en place.  Elle a indiqué que cette stratégie était financée à hauteur de 3,7 milliards d’euros, ce qui représente l’investissement le plus important en la matière jamais consenti par l’Espagne.  La stratégie en question tiendra compte des contributions des différents ministères espagnols ainsi que de celles venant des associations et autres partenaires sociaux.


M. MAHMOOD SALIM MAHMOOD, Ministère du développement des femmes du Pakistan, a expliqué que son pays avait lancé un Programme d’action pour les femmes permettant de mettre en œuvre les divers engagements pris à Beijing.  De plus, un Ministère pour les femmes a été créé afin de les intégrer à l’économie nationale, a indiqué M. Salim Mahmood.  Une Commission nationale sur le statut de la femme a aussi été établie en 2000, a-t-il ajouté.  Le Gouvernement pakistanais a introduit une perspective du genre dans son projet de stratégie de réduction de la pauvreté, tandis que le Ministère des finances approuvait de son côté l’Initiative sur le budget genre.  Le Ministère pour le développement de la femme, a encore ajouté le représentant, a lancé un projet important intitulé « le Plan d’action de la réforme sur le genre », qui vise l’intégration des sexospécificités en politique, dans les mécanismes de financement public, dans l’emploi des femmes dans le secteur public, dans la restructuration institutionnelle, et qui prévoit des interventions en matière d’édification des capacités.  Avec l’aide du PNUD, un projet de trois ans sur l’intégration des sexospécificités a aussi été lancé, a dit M. Salim Mahmood.


Mme MARGARET HO POH YEOK, Conseillère politique au Ministère de la femme, de la famille et du développement communautaire de la Malaisie, a souligné le rôle important que jouent les ONG et qui complète parfaitement le travail des institutions gouvernementales.  La Conseillère a ensuite fait part de la collaboration de son pays avec le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), en particulier dans le domaine de la budgétisation sensible au genre.  Ce système, a-t-elle dit, permet de créer un environnement propice à l’intégration d’une dimension sexospécifique dans les politiques et les systèmes budgétaires des ministères.  La Malaisie a aussi mis au point un « index des lacunes » dans les secteurs de l’éducation, de la santé et de l’autonomisation économique des femmes.  Sur le plan extérieur, la Malaisie a créé un « Mouvement non aligné » pour l’autonomisation des femmes.  Il est important, a conclu la Conseillère, d’avoir les ressources adéquates.  Elle a donc recommandé aux donateurs internationaux de formuler des critères transparents du financement de l’égalité des sexes.  Elle a aussi recommandé la mise au point d’indicateurs pour mesurer l’impact des financements, en appelant la Commission à poursuivre l’examen du thème prioritaire de cette année.


Mme FAIKA TURQUIEH, Conseil des femmes libanaises, a déclaré qu’il y avait une certaine universalité de la lutte pour les droits des femmes.  Revenant sur les diverses étapes d’autonomisation de la femme libanaise, elle a précisé qu’en 2002, une loi visant à unifier les conditions d’emploi avait été adoptée.  En 2003, tous les articles du Code de commerce libanais discriminatoires ont été annulés.  La femme libanaise n’a pas pour autant réalisé ses aspirations dans la vie économique.  Dans les villes, la femme au travail est acceptée dans la société, notamment dans le secteur bancaire.  Mais le problème commence au niveau de la direction où leur représentation est quasiment inexistante, à moins qu’il ne s’agisse d’entreprises familiales.  Dans les régions rurales, les femmes travailleuses sont acceptées si elles sont célibataires ou veuves.  Celles qui sont engagées dans la mise en œuvre de microprojets sont toutefois acceptées.  L’acceptation sociale de la participation féminine au cycle de production économique est un fait, a encore précisé la représentante.  Le problème réside dans les préjugés qu’entretient la classe politique qui reste marquée par une culture patriarcale. 


Mme MYRNA YAO, Présidente de la Commission nationale sur le rôle des femmes des Philippines, a souligné que son pays a augmenté les ressources de la lutte contre le fléau de la violence contre les femmes.  Ainsi, à travers ses ambassades et ses consulats, les Philippines ont été capables d’offrir des services de protection aux travailleuses migrantes qui ont souffert d’abus.  Aujourd’hui dans le pays, les plans et les budgets de développement sont fondés sur des données ventilées par sexe.  Soulignant l’importance de l’aide publique au développement (APD), la Présidente s’est félicitée de la Déclaration de Paris.  Elle a appuyé les recommandations du Secrétaire général concernant le financement, en particulier celles concernant la dette.  Il faut, a-t-elle dit, modifier les critères de viabilité de la dette.  Malgré la Déclaration de Paris, il n’y aura pas d’efficacité de l’aide sans efficacité du développement et il n’y aura pas de développement efficace sans égalité des sexes.


Mme NOUNEH ZASTOUKHOVA (Arménie) a indiqué que son pays avait soumis, en 2007, son troisième rapport périodique conformément à la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes et qu’il avait adopté une Stratégie de réduction de la pauvreté ainsi qu’un Plan d’action pour l’autonomisation des femmes.  Le Pacte international relatif aux droits civiques et politiques est sur le point d’être ratifié.  Pour lutter contre le chômage, le Gouvernement de l’Arménie a fourni un emploi à 3 800 personnes dont 56% sont des femmes, ainsi que des prestations sociales pour celles qui sont sans emploi.  La création d’emploi pour les femmes des zones rurales a constitué un important facteur d’amélioration de leur situation dans le cadre de la Stratégie pour le développement durable de l’agriculture.  Mme Zastoukhova a précisé que son pays avait atteint l’Objectif nº2 du Millénaire pour le développement, relatif à l’éducation.  Elle a fait remarquer en outre que bien que le Code électoral arménien réserve 15% de sièges aux femmes, les femmes restent sous-représentées en politique.  Ainsi, seulement 11 femmes siègent au Parlement.


M. LEPANI WAQATAKIREWA, Secrétaire permanent à la condition féminine de Fidji, a indiqué que son département a été fondu dans le Ministre de la santé et du bien-être social, ce qui lui ouvrira l’accès aux ressources additionnelles.  Il a d’ailleurs indiqué que la budgétisation de la parité entre les sexes est une stratégie qui figure dans le Plan d’action national pour la promotion de la femme.  Ce Plan d’action, qui arrive à expiration, est en train d’être examiné pour corriger ses lacunes.  En la matière, l’assistance technique et financière de la communauté internationale est cruciale.  Le Secrétaire permanent a conclu en félicitant la Commission d’avoir inscrit à son ordre du jour la question des changements climatiques.  Il a souligné l’importance pour la communauté internationale de fournir une assistance technique et technologique aux petits États insulaires en développement.


Mme CAROLE SHAW, Caucus de l’Asie/Pacifique, a estimé que les promesses faites en termes de financement n’avaient pas été tenues, et que ce problème prenait une importance particulière pour les femmes de la région Asie/Pacifique.  Une question de taille pour celles-ci est l’impact des conflits et les traumatismes postconflit qui les affectent.  Tous les programmes de reconstruction devraient soutenir des études d’impact désagrégées par sexe, a estimé Mme Shaw.  La consolidation de la paix exige un nouveau paradigme sur la base de l’égalité entre les sexes et la protection des droits politiques, économiques et sociaux.  Nous appelons à l’élaboration de plans d’action nationaux et régionaux qui disposent d’indicateurs, et à davantage de financement de projets consacrés aux femmes, a dit Carole Shaw.  Nous demandons la reconnaissance officielle des femmes dans le secteur de l’économie informelle et la levée des barrières institutionnelles posées à leur participation aux processus de prise de décisions.


M. FRANCIS BUTAGIRA (Ouganda) a indiqué que son pays avait accueilli en juin 2007 la Conférence des femmes ministres des affaires étrangères du Commonwealth sur le thème « Le financement de l’égalité entre les sexes pour la démocratie et le développement ».  Le financement de la parité, a poursuivi le représentant, exige un cadre macroéconomique et un budget national qui lui soit dédié, ce qu’a fait le Gouvernement de l’Ouganda, a dit M. Butagira.  Notre expérience nous a appris que la disponibilité de données ventilées par sexe, un partenariat fort entre le Ministère des finances et les mécanismes nationaux en faveur des femmes, l’existence d’une politique du genre et le suivi des flux financiers sont indispensables, a dit le représentant.  Par ailleurs, M. Butagira a indiqué que l’Ouganda était fortement engagé pour la réalisation de l’Objectif nº3 du Millénaire pour le développement, et que les interventions clefs dans ce domaine portent surtout sur l’accès des filles à l’éducation.  Mais pour réaliser les OMD, il faudra également se pencher sur la sécurité économique des femmes, leur participation à la vie publique et politique et leurs droits fondamentaux, a ajouté le représentant.


M. JOÃO MANUEL GUERRA SALGUEIRO (Portugal) a expliqué les différents plans que son pays a adoptés sur l’égalité des sexes, la violence domestique et la traite des être humains.  Concernant cette dernière question, le Portugal privilégie une approche globale et intégrée, a souligné M. Salgueiro.  Le représentant a poursuivi en indiquant que, concernant la période 2007-2013, la ligne budgétaire pour l’égalité des sexes a triplé, par rapport à la période précédente.  En la matière, la priorité sera donnée à l’emploi des femmes et à la promotion des femmes entrepreneurs, ainsi qu’au renforcement de la mise en œuvre des plans d’égalité des sexes dans les secteurs public et privé, a-t-il indiqué.  Le Gouvernement portugais s’est également engagé à renforcer la participation politique des femmes.  Une loi établissant des quotas minimum de 33% de représentation féminine sur les listes électorales a été adoptée en 2006, et son impact sera évalué par le Parlement après les élections de 2009.  Dans ses programmes de coopération, le Portugal inclut désormais la dimension sexospécifique, en particulier dans des domaines tels que la lutte contre la pauvreté et le VIH/sida, ou encore celle pour la promotion de la santé génésique, a conclu le représentant.


M. CARSTEN STAUR (Danemark) a plaidé pour une approche plus holistique dans les efforts visant à réaliser l’égalité des sexes.  Mon gouvernement, a-t-il dit, va lancer un « appel à l’action » pour éliminer les obstacles à l’autonomisation des femmes et placer ainsi le troisième des huit Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) au centre des politiques.  Le Gouvernement va donc lancer une « campagne mondiale OMD3 », créer un réseau international sur la question et organiser en avril une conférence internationale qui mettra l’accent sur la nécessité de créer une coalition OMD3, réunissant gouvernements, secteur privé, organisations internationales et société civile.  Il sera demandé aux membres de la coalition de s’engager davantage en faveur de la réalisation de l’OMD3, a dit M. Staur.  Les donateurs pourraient envisager d’accorder plus de fonds aux efforts d’égalité des sexes.  Le monde des affaires pourrait pour sa part lutter contre la discrimination sur le lieu de travail et les pays en développement donner une nouvelle impulsion à leurs efforts.  Pour sa part, le Danemark doublera son appui financier entre 2008 et 2010.  Le 8 mars prochain, à la Journée internationale de la femme, le Ministre de la coopération au développement présentera les premières torches du championnat OMD3.  Les torches seront offertes aux dirigeants qui se diront prêts à faire plus en faveur de la réalisation de cet Objectif et des autres.


Questions nouvelles, tendances et approches novatrices des problèmes ayant des répercussions négatives sur la condition de la femme ou sur l’égalité entre les sexes


Table ronde d’expertes sur le thème « Perspectives sexospécifiques sur les changements climatiques »


Exposés et dialogue


Ouvrant cette table ronde, Mme MINNU HEMMATI, « Genderec-Women for Climate Justice », a appelé la Commission, en particulier, et les femmes, en général, à apporter « quelque chose de nouveau » aux négociations sur l’après-Protocole de Kyoto.  Ce serait une première parce qu’un regard rapide sur la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques montre qu’aucune attention n’a été portée au sort des femmes donc, à la justice sociale et à l’égalité entre les sexes, a dit Mme Hemmati.  L’impact différencié des changements climatiques sur les hommes et sur les femmes n’est mentionné nulle part.  La Conférence des États parties à la Convention-cadre, qui s’est tenue à Bali, a donné un élan longtemps attendu qu’il convient de maintenir.  Les femmes doivent participer au processus et montrer leur capacité à s’engager dans les discussions, a recommandé Minnu Hemmati.  Ces négociations exigent des compétences sur les mécanismes propres de développement, mais elles n’exigent nullement des connaissances de scientifiques ou d’ingénieurs, a rassuré Mme Hemmati.  Les femmes, a-t-elle dit, doivent jeter la lumière sur les conséquences qu’ont les changements climatiques sur elles et exiger des politiques qui tiennent compte de leurs besoins.  Elles sont les seules à pouvoir plaider leur cause, en se servant des outils qui existent, comme l’UNIFEM, qui a une longue expérience dans la mise au point d’indicateurs.  Les femmes, qui cultivent ou puisent de l’eau dans des conditions de désertification ou d’inondations, peuvent établir un lien très concret entre la réalité de leur vie quotidienne et les discussions abstraites des négociations internationales, a dit la représentante. 


Imaginez une collectivité frappée par un cyclone et sachez que le taux est d’un mort pour quatre mortes, a dit Mme LORENA AGUILAR, Conseillère pour la promotion de la femme de la « World Conservation Union  ».  Mme AGUILAR a attribué cette situation à plusieurs facteurs dont des raisons très « anecdotiques ».  Dans de nombreux pays d’Asie et d’Amérique latine, par exemple, les femmes ne savent pas nager ou grimper aux arbres, a-t-elle relevé.  Parfois, c’est la tenue qu’elles portent qui les empêche de courir, ou encore les coutumes sociales qui les empêchent de sortir non accompagnées.  En outre, en période de crise, la femme est plus encline à nourrir sa famille qu’à se nourrir elle-même.  Les études l’ont montré, quand les droits des femmes sont bafoués, elles ont plus de chances de succomber aux catastrophes naturelles.


L’autonomisation de la femme doit être une des priorités des mesures d’adaptation aux effets négatifs des changements climatiques et de leur atténuation.  Les femmes, on le sait, peuvent être des agents puissants du changement.  Ce sont elles qui produisent 90% des aliments dans les pays en développement et à ce titre, elles doivent agir, car elles ne peuvent plus se permettre d’attendre.  Comme première action, Mme Aguilar a recommandé l’identification et l’analyse des mesures propres à prendre en compte les effets spécifiques des changements climatiques sur les femmes.  Il faut que la voix des femmes soit entendue pour imprimer à la Convention-cadre un caractère sexospécifique, a dit Mme Aguilar.  Elle a conclu en réclamant des indicateurs pour évaluer l’impact des mesures prises.


Mme ANASTASIA PINTO, femme autochtone de l’Inde, a dénoncé le fait qu’aujourd’hui les gouvernements semblent vouloir déléguer leurs responsabilités dans la lutte contre les changements climatiques aux entreprises privées.  « C’est incroyable »!, s’est exclamée Mme Pinto, en rappelant que c’est le commerce et l’industrie qui ont précipité l’ampleur de la crise actuelle.  Ce que font les gouvernements, c’est dire aux gens, continuez à vivre comme auparavant, les entreprises vont faire le reste.  Que ceci soit bien clair, a dit l’oratrice: les entreprises sont là pour faire des bénéfices et il ne devrait pas y avoir d’ambigüités là-dessus. 


Les changements climatiques, a-t-elle souligné, touchent à la survie de toutes les espèces vivantes de la planète, y compris les êtres humains.  En Inde, a-t-elle encore dénoncé, des barrages ont été construits comme réponse à ces changements, avec l’idée de réduire l’utilisation des combustibles fossiles.  Mais, a constaté l’oratrice, l’hydroélectricité n’est pas aussi propre qu’on le dit, puisque sa production détruit des terres immenses nécessaires à la production alimentaire.  Aujourd’hui, a-t-elle ajouté, des technologies ressuscitent sous le label de « technologie propre » parce qu’elles n’émettent pas de gaz à effet de serre.  Or l’énergie nucléaire fait bien courir le risque de pollution radioactive, a-t-elle rappelé.


Le défi à relever est celui d’arrêter cette mauvaise utilisation de l’argent destiné à l’adaptation et à l’atténuation, a-t-elle dit.  En la matière, le dialogue ne peut se cantonner à une interaction avec le Ministère l’environnement, car la question couvre les domaines de l’énergie, de la consommation alimentaire, des investissements ou encore des innovations.  Il faut élargir les horizons et reconnaître que même s’ils sont désirables, les modèles américain et européen ne sont pas applicables partout, a conclu l’oratrice. 


Mme RACHEL NAMPINGA, activiste ougandaise, a démontré l’impact particulier des changements climatiques sur les femmes, en indiquant qu’en Afrique, ils menacent surtout le monde rural où vit une majorité de femmes.  Cela est d’autant plus grave que l’économie africaine se fonde principalement sur l’agriculture.  C’est donc la production agricole et la sécurité alimentaire qui sont directement menacées, a-t-elle dit.  En Afrique, on prévoit déjà que les récoltes de céréales vont baisser de 50% d’ici à 2020, a-t-elle rappelé.  Or, ce sont les femmes qui produisent 60 à 80% des aliments en Afrique.  Prenant un autre cas, Mme Nampinga a rappelé que les femmes consacrent neuf fois plus de temps à la collecte de l’eau que ne le font les hommes.  Avec la rareté de l’eau provoquée par les changements climatiques, les femmes devront y consacrer plus d’heures encore et renoncer à d’autres activités, a-t-elle averti.  L’oratrice a donc dit craindre une augmentation du taux d’abandon scolaire chez les filles.  Elle a aussi dit qu’il fallait craindre des problèmes d’hygiène lors d’accouchements et la baisse de productivité des terres, par exemple.  Elle a donc prôné l’intégration d’une dimension sexospécifique dans la mise en œuvre de la Convention-cadre par les institutions nationales et locales.  Mme Nampinga a aussi demandé la collecte et la publication de données ventilées par sexe, l’identification de cibles quantifiables, la mise au point d’indicateurs et des investissements dans la formation pour appuyer les processus de mise en œuvre.


Mme SRI WORO HARIJONO, Présidente de l’Agence météorologique et géophysique de l’Indonésie, a parlé de la gestion des risques des catastrophes naturelles: à savoir la manière de surmonter les changements climatiques, de gérer leur impact, et d’incorporer l’égalité des sexes dans la gestion de ces risques.  La gestion des risques se fait sur plusieurs piliers dont le premier concerne les décisions politiques.  Il est suivi par le travail technique et opérationnel, puis par le renforcement des capacités et enfin par les efforts d’adaptation et d’atténuation.  Si la question sexospécifique ne fait pas partie de ces piliers, c’est en raison de facteurs, tels que l’absence de réglementations et de normes, mais aussi une trop grande absence des femmes dans la formulation des politiques.  Pourtant après le tsunami de l’océan Indien, les études ont montré que plus de femmes que d’hommes sont mortes.  Les survivantes sont plus traumatisées et plus dépressives que les hommes, a dit Mme Woro Harijono.  L’oratrice a donc demandé un engagement vigoureux et de haut niveau, pour que les femmes participent plus à la formulation des politiques.  S’agissant de la marche à suivre pour intégrer une dimension sexospécifique dans la mise en œuvre de la Convention-cadre, l’intervenante a préconisé de contacter les femmes qui occupent des positions clefs pour qu’elles participent à des actions précises.  Il faut faire preuve d’une volonté politique ferme et mettre en route des actions concrètes, a-t-elle recommandé.


Répondant aux questions posées par les délégations, Mme MINU HEMMATI a expliqué que, compte tenu de la complexité de la question et du manque de données ventilées par sexe dans certains cas, elle estimait que les accords devraient être conclus sur la base des conventions internationales.  Il n’est pas suffisant de susciter la volonté politique mais il faut également disposer de compétences qui malheureusement, ne sont pas encore là.  Nous avons décidé de créer des points focaux régionaux pour que les formulations de politiques soient harmonisées et de développer la prise de conscience, a dit Mme Hemmati.  Les femmes sont les seules qui puissent jouer ce rôle de chef de file pour stimuler le débat sur le thème: « les femmes et les changements climatiques », a dit l’experte. 


De son côté, Mme LORENA AGUILAR a estimé que la discussion allait dans le bon sens et a regretté que les débats sur les changements climatiques n’abordent pas la dimension du genre.  À Bali, aucun des dirigeants présents n’a abordé ce thème, a regretté l’experte.  Le mandat de la Convention-cadre sur les changements climatiques peut pourtant permettre de diriger ce processus, et le soutien des États Membres est plus que jamais nécessaire, a estimé Mme Aguilar.


Mme ANASTASIA PINTO a souligné pour sa part que pour faire en sorte que le financement soit soucieux de l’égalité, il faut que la Convention-cadre et le Protocole de Kyoto soient vus sous l’angle des questions de parité, et qu’il faut pour cela mobiliser les gouvernements.  De même, on n’inclut pas les femmes comme récipiendaires alors qu’elles sont des agents du changement, a-t-elle noté.  Il faut réfléchir à la trajectoire de l’aide au développement et des financements. 


Quant à MME RACHEL NAMPINGA, elle a relevé que si les femmes participent aux prises de décisions au niveau local, elles auront finalement un impact au niveau de la prise de décisions nationales.  Pour Mme SRI WORO HARIJONO, développer un point de vue scientifique prendra du temps, notamment en ce qui concerne la publication des fruits de la recherche.


*   ***   *


À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.