ECOSOC/6326

DÉBAT À L’ECOSOC SUR LA CONTRIBUTION DU MÉCÉNAT D’ENTREPRISE À LA RÉALISATION DES OBJECTIFS DU MILLÉNAIRE POUR LE DÉVELOPPMENT

25/02/2008
Conseil économique et socialECOSOC/6326
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Conseil économique et social

Manifestation spéciale sur la philanthropie

après-midi                                                 


DÉBAT À L’ECOSOC SUR LA CONTRIBUTION DU MÉCÉNAT D’ENTREPRISE À LA RÉALISATION DES OBJECTIFS DU MILLÉNAIRE POUR LE DÉVELOPPMENT


Le Président du Conseil économique et social (ECOSOC), M. Léo Mérorès (Haïti), ainsi que des hauts fonctionnaires des Nations Unies et des dirigeants d’entreprises ont discuté cet après-midi, lors d’une « manifestation spéciale » au Siège de l’ONU, à New York, des moyens d’établir une collaboration et des partenariats entre le secteur privé, des fondations, des gouvernements et des organisations non gouvernementales pour progresser dans la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).


Le débat, organisé conjointement dans la salle de l’ECOSOC, par le Département des affaires économiques et sociales et le Bureau des Nations Unies pour les partenariats, en collaboration avec le Committee Encouraging Corporate Philanthropy, était articulé autour de deux groupes de discussion intitulés « Appliquer la philanthropie stratégique aux OMD » et « Influencer le leadership et renforcer les partenariats pour un dialogue positif ».


« La participation active de tous les secteurs de la société est déterminante », a estimé le Président de l’ECOSOC, organe intergouvernemental dont l’une des tâches est d’identifier des moyens efficaces pour aider les pays à réaliser les OMD avant l’échéance de 2015.  M. Mérorès a indiqué que cette manifestation spéciale, sur le thème « Comment le mécénat d’entreprise peut-il contribuer à promouvoir les Objectifs du Millénaire pour le développement, en particulier pour le développement durable », permettrait de lancer une réflexion à l’appui des travaux de l’ECOSOC, en particulier dans le cadre des deux nouveaux mandats qui lui ont été confiés, à savoir l’Examen ministériel annuel et le Forum pour la coopération en matière de développement.  L’Examen ministériel vise à faire progresser la mise en œuvre des activités de développement de l’ONU et à évaluer les progrès faits en la matière, surtout en ce qui concerne les OMD, a-t-il dit, en en rappelant le thème: « Réalisation des objectifs et engagements convenus sur le plan international concernant le développement durable ».


M. Mérorès a ajouté que l’ECOSOC organiserait son premier Forum pour la coopération en matière de développement en juillet.  L’objectif sera d’examiner les tendances en matière de coopération pour le développement et d’améliorer la cohérence des activités de développement menées par les divers partenaires, a-t-il expliqué. 


De son côté, la Vice-Secrétaire générale, Mme Asha-Rose Migiro, a observé qu’une collaboration accrue avec les différents acteurs représentés à cette réunion permettrait d’oeuvrer en faveur du développement.  La solidarité entre les pays et l’aide au développement ont pesé sur l’évolution mondiale au cours des dernières années, l’ONU se félicitant de cette tendance, a-t-elle poursuivi.  Pour Mme Migiro, la philanthropie d’entreprise a un énorme potentiel.  L’objectif d’une telle manifestation, a-t-elle expliqué, est d’améliorer encore le dialogue entre l’ONU et la communauté des entreprises et des bailleurs de fonds pour voir comment aller plus vite.  Cette réunion, a-t-elle dit, peut être une contribution au Forum de coopération qui se tiendra en juillet.  L’augmentation des dons d’entreprises est une tendance positive, a-t-elle poursuivi, mettant l’accent sur la nécessité d’étudier les moyens de les gérer efficacement.  Le système des Nations Unies s’est associé avec le secteur privé et la société civile dans divers domaines depuis plus de 60 ans, a-t-elle souligné, ajoutant que de nouvelles possibilités s’ouvraient désormais. 


La Vice-Secrétaire générale a rappelé que l’ONU a œuvré ces dernières années pour s’ouvrir à de nouveaux partenaires de façon novatrice.  Nous devons lancer une nouvelle ère de partenariat pour un développement vraiment durable, nécessaire à l’heure des changements climatiques, a-t-elle souhaité.  Les changements climatiques, a-t-elle dit, constituent une grave menace pour l’humanité, mais offrent une occasion d’encourager le développement durable et de promouvoir des technologies plus propres.  Mme Migiro a invité les participants à s’engager pour accroître la cohérence et l’impact de la coopération en faveur du développement.


Enfin, le Directeur exécutif de Committee Encouraging Corporate Philanthropy (CECP), M. Charles Moore, a assuré que le CECP était le seul forum au monde à être exclusivement axé sur la philanthropie d’entreprise.  Le CECP décerne également trois prix qui récompensent le dévouement et le leadership en ce domaine.  Dans cette salle, se trouvent certains des dirigeants les plus influents en matière de philanthropie, a-t-il noté.  Il est donc crucial, a-t-il souligné, que la collaboration du secteur privé permette de surmonter les disparités dans le secteur de la santé, de l’eau et de l’éducation.  Il s’agit aujourd’hui d’en apprendre davantage sur les moyens de combler ces fossés, a-t-il ajouté, précisant que les sociétés étaient invitées à aller au-delà de leur zone de confort.  Même de petits dons peuvent avoir un impact considérable sur l’amélioration de la société, a affirmé M. Moore.


MANIFESTATION SPÉCIALE SUR LE THÈME « COMMENT LE MÉCÉNAT D’ENTREPRISE PEUT-IL CONTRIBUER À PROMOUVOIR LES OBJECTIFS DU MILLÉNAIRE POUR LE DÉVELOPPEMENT, EN PARTICULIER POUR LE DÉVELOPPEMENT DURABLE »


Table ronde 1: Appliquer la philanthropie stratégique aux OMD


Le modérateur de ce premier débat, M. JEFFREY SACHS, Conseiller spécial du Secrétaire général sur les Objectifs du Millénaire pour le développement, a déclaré que ce qui manque aujourd’hui c’est la réalisation des promesses des pays riches faites en 2002 d’augmenter l’aide au développement de 0,7% de leur PIB et de doubler l’aide de l’Afrique d’ici à 2010.  Si les pays les plus riches du monde ne peuvent accomplir ces promesses, nous ne serons pas en mesure d’atteindre nos objectifs, a-t-il assuré.  Les moyens ne manqueront pas pour les OMD si les pays riches s’engagent vraiment, a-t-il ajouté.  Selon lui, le secteur privé dispose des technologies nécessaires, d’où la nécessité de renforcer les partenariats entre les secteurs privé et public pour acquérir de telles technologies.  Si nous dépensons une fraction de ce que nous dépensons pour la guerre, nous pourrons réaliser les objectifs de développement, a-t-il également affirmé.


M. STEVE GUNDERSON, Président du Council on Foundations, a notamment indiqué que son organisation travaillait avec une centaine d’autres à travers le monde pour soutenir le développement d’un secteur moderne, institutionnel et philanthropique dans leurs propres pays.  L’intérêt pour la philanthropie, a-t-il dit, augmente de façon exponentielle parmi les jeunes, les milieux d’affaires et les fondations dans toutes les régions du monde.  M. Gunderson a ainsi milité en faveur d’un partenariat avec les Nations Unies pour porter le Pacte mondial et la promesse d’une philanthropie mondiale à un autre niveau.  Le potentiel combiné de chacun peut servir le bien de l’humanité, a-t-il observé.


M. AD MELKERT, Administrateur associé du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), a mis l’accent sur la nécessité de disposer de données.  L’aide publique au développement devrait augmenter au cours des prochaines années, a-t-il également affirmé.  De l’avis de M. Melkert, il convient de veiller à ce que de nouvelles ressources soient investies de façon stratégique.  L’aide publique au développement utilisée de façon non coordonnée donne en effet peu de résultats durables, a-t-il précisé.  Les sociétés peuvent renforcer les capacités des PME locales et appuyer des initiatives bénévoles dans l’expertise et les compétences, a-t-il dit.  Si la philanthropie des sociétés revêt de nombreuses formes, il est nécessaire de coordonner les efforts et de tenir compte des priorités nationales, a insisté M. Melkert.


Pour sa part, Mme JANE NELSON, Directrice de l’Initiative de la responsabilité sur les entreprises à l’Université de Harvard, a souligné de son côté la nécessité pour les entreprises, si elles veulent jouer pleinement leur rôle de partenaires dans la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement, d’entreprendre des investissements stratégiques à long terme sur les métiers de base dans divers pays.


M. AKHTAR BADSHAH, Directeur des questions de communauté à Microsoft, a fait état en particulier de la mobilisation des salariés dans l’œuvre philanthropique de leurs entreprises.  Depuis 1986, année de cotation en bourse de Microsoft, la société a encouragé en effet les employés à participer aux activités de philanthropie, les incitant à faire des dons.  Lorsque des employés donnent 12 000 dollars, nous en donnons autant, a-t-il expliqué.


Le représentant du Cap-Vert a rappelé que son pays était au nombre de ceux qui, depuis les30 dernières années, ont lutté de façon continue et enduré d’énormes sacrifices pour atteindre des indices parmi les meilleurs du monde.  Des pays font des efforts pour atteindre les objectifs de la démocratie, de la gouvernance, du développement, a-t-il affirmé, soulignant leur difficulté de compter sur la coopération de partenaires, les annonces de ceux-ci faites dans certaines instances demeurant vaines.  Le secteur privé peut-il influencer les États riches pour qu’ils tiennent leurs promesses? a-t-il ainsi demandé.  Le représentant de la Belgique a estimé effectivement que les pays donateurs devraient respecter leurs engagements.  Ceci constitue une condition nécessaire mais pas suffisante pour réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement, a-t-il dit, évoquant par exemple la qualité des politiques et des stratégies de l’aide au développement. 


Table ronde II: « Influencer le leadership et renforcer les partenariats pour un dialogue positif »


La seconde table ronde de l’après-midi a été animée par Mme KATHY BUSHKIN CALVIN, Directrice générale adjointe et Directrice de l’exploitation de la Fondation pour les Nations Unies.  Mme Bushkin Calvin a proposé d’élargir le champ des partenariats existants à l’appui des OMD: les partenariats de promotion et les partenariats opérationnels, ceux qui portent sur le renforcement des capacités, sur l’établissement de nouvelles normes et sur la réglementation commune.  Elle a ensuite évoqué les difficultés institutionnelles auxquelles font face ces partenariats.  Cette interrogation a été reprise par le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, M. Sha Zukang, qui a expliqué que la principale difficulté était de savoir comment les partenaires devaient travailler ensemble et comment leurs efforts pouvaient être intégrés dans une architecture commune.  À cet égard, a-t-il précisé, le Forum pour le développement de la coopération qui se tiendra en juillet jouera un rôle déterminant, a-t-il souligné.  De son côté, Mme HILDE JOHNSON, Directrice exécutive du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), a indiqué que la pauvreté pouvait résulter d’une faillite du marché et des politiques économiques.  Dans ce contexte, la responsabilité sociale des entreprises doit être prise en considération dans l’élaboration de nouvelles réponses à apporter.


Trois cent trente milliards de dollars ont été envoyés à titre privé par des migrants dans leurs pays d’origine, a expliqué de son côté la Présidente de la Western Union, Mme CHRISTINA GOLD, qui a décrit ce que son entreprise faisait pour promouvoir le développement.  Mme Gold a notamment cité un programme intitulé « Our World Our Family », qui vise à combler les besoins économiques et en matière d’éducation dans les pays en développement.  M. JOHN WHITEHEAD, ancien coprésident de Goldmann Sachs & Co., a cité, pour sa part, plusieurs exemples de partenariats conclus dans le passé avec le système des Nations Unies et souligné l’importance pour les gouvernements d’écouter les entreprises lorsqu’elles s’adressent à eux.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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