CS/9387

Il EST URGENT DE RÉTABLIR L’ÉTAT DE DROIT AU ZIMBABWE, DÉCLARE LA VICE-SECRÉTAIRE GÉNÉRALE DEVANT LE CONSEIL DE SÉCURITÉ

08/07/2008
Conseil de sécuritéCS/9387
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Conseil de sécurité

5929e séance – matin


Il EST URGENT DE RÉTABLIR L’ÉTAT DE DROIT AU ZIMBABWE, DÉCLARE LA VICE-SECRÉTAIRE GÉNÉRALE DEVANT LE CONSEIL DE SÉCURITÉ


La Vice-Secrétaire générale des Nations Unies, Mme Asha-Rose Migiro, a affirmé ce matin, devant le Conseil de sécurité, qu’il était urgent de rétablir l’état de droit au Zimbabwe, paralysé politiquement et économiquement.  Au lendemain d’élections « illégitimes », la gravité de la situation et ses conséquences possibles risquent d’affecter la paix et la sécurité régionales de manière très profonde, a-t-elle ajouté.


Dans une déclaration présidentielle, le 23 juin, le Conseil de sécurité, qui avait condamné « la campagne de violence menée à l’encontre de l’opposition politique », avait prié le Secrétaire général de lui « faire rapport sur les efforts entrepris aux plans régional et international en vue de résoudre la crise ».


Mme Migiro revenait juste du Sommet de l’Union africaine à Charm el-Cheikh, où elle a adressé aux dirigeants, a-t-elle dit, le message du Secrétaire général, M. Ban Ki-moon, selon lequel la crise au Zimbabwe représente un « moment de vérité » pour la démocratie sur le continent.


La question du Zimbabwe constitue un défi pour le monde, a-t-elle déclaré.  Lorsqu’une élection se déroule dans un climat de crainte et de violence, elle ne peut aboutir à un résultat légitime reposant sur la volonté du peuple.  Le principe de démocratie est, par conséquent, en jeu, a-t-elle estimé.  Les élections viciées au Zimbabwe ont donné des résultats illégitimes.  La gravité de la situation et ses conséquences possibles risquent d’affecter la paix et la sécurité régionales de manière très profonde.


Depuis le dernier exposé fait devant le Conseil de sécurité par le Secrétaire général adjoint aux affaires politiques. M. B. Lynn Pascoe, les élections présidentielles se sont déroulées avec un seul candidat, le Président actuel Robert Mugabe, en quête d’un sixième mandat.  Mme Migiro a rappelé que le dirigeant de l’opposition, M. Morgan Tsvangirai, avait été déclaré gagnant du premier tour avec 47,9% des voix.  Celui-ci s’était retiré du deuxième tour, faisant état de violences, d’intimidations et du massacre de 80 de ses partisans qui rendaient impossible l’organisation d’un scrutin juste et libre.  Le deuxième tour a néanmoins eu lieu le 27 juin, malgré les appels en faveur de son report, y compris par le Secrétaire général, a-t-elle ajouté.


L’absence d’observateurs nationaux a contribué au manque de transparence et de crédibilité, a expliqué la Vice-Secrétaire générale.  Des missions de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), de l’Union africaine, du Parlement panafricain étaient cependant sur le terrain.  Anticipant un accroissement des tensions, les groupes régionaux avaient augmenté le nombre de leurs observateurs.  Ainsi, la SADC disposait de 400 observateurs, contre 163 au premier tour, l’Union africaine de plus de 60, contre 20, et le Parlement panafricain de 30.  Mme Migiro a rendu hommage au travail des observateurs dont beaucoup, a-t-elle dit, ont été intimidés et harcelés. 


Le jour du scrutin, les observateurs ont signalé de nombreuses irrégularités, a poursuivi la Vice-Secrétaire générale.  Selon les résultats officiels, M. Mugabe a remporté 85,5% des suffrages.  Déclaré vainqueur le 29 juin, il s’est rendu ensuite au Sommet de Charm el-Cheikh.  Les trois missions africaines d’observateurs présentes sur le terrain ont condamné sans ambiguïté le processus électoral et ses résultats.  Elles ont clairement indiqué que le processus électoral était gravement vicié.  Cette profonde crise de légitimité est aggravée par une paralysie des institutions étatiques.  Le Parlement actuellement ne fonctionne pas, la société civile a été réduite au silence et intimidée, l’économie est paralysée, avec un taux d’inflation annuel, à la fin du mois de juin, de « 10 500 000% », un taux de chômage de plus de 80% et de graves pénuries alimentaires et de services de base.  Il est urgent de rétablir l’état de droit et de commencer à construire des institutions publiques, a ainsi déclaré Mme Migiro.  De même, a-t-elle estimé, il faut une transition politique rassemblant la population autour d’un projet commun, ainsi qu’un processus de réconciliation nationale. 


Des pourparlers sont en cours avec la médiation de l’Afrique du Sud pour tenter de trouver une sortie de cette impasse politique, a-t-elle également indiqué.  La création d’un Gouvernement d’union nationale est une idée, a-t-elle souligné, largement défendue dans la région.  Dans sa déclaration, l’Union africaine a appelé à la poursuite et au renforcement des efforts de la SADC en vue d’établir sur le terrain un mécanisme d’appui à la médiation.  Le Secrétaire général, a-t-elle précisé, appuie cette recommandation et appelle à l’établissement sans délai d’un tel mécanisme.  Mme Migiro a également réitéré l’offre de M. Ban Ki-moon de mettre les moyens des Nations Unies à la disposition de l’Union africaine et de la SADC. 


Le Secrétaire général est très préoccupé par la situation humanitaire dans le pays, a encore souligné Mme Migiro.  La pénurie alimentaire pourrait ainsi gravement affecter, si rien n’est fait, 5,1 millions de personnes.  C’est pourquoi, a-t-elle dit, le Secrétaire général a appelé les autorités nationales à lever sans retard les restrictions sur les activités des organisations humanitaires.  De l’avis de la Vice-Secrétaire générale, il est de la responsabilité du Gouvernement du Zimbabwe de protéger ses citoyens et de cesser toutes formes de violences.  Les victimes des violences de ces dernières semaines méritent la justice, a-t-elle insisté.  Ceux qui ont commis des crimes doivent être traduits en justice.  L’ONU est prête à jouer son rôle pour accompagner ce processus, a conclu Mme Migiro.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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