CS/9285

CONSEIL DE SÉCURITÉ: LA RÉFORME DU SECTEUR DE LA SÉCURITÉ ET LA LUTTE CONTRE LA PAUVRETÉ SONT LES PRINCIPAUX DÉFIS À RELEVER EN GUINÉE-BISSAU

26/03/08
Conseil de sécuritéCS/9285
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Conseil de sécurité

5860e séance – matin


CONSEIL DE SÉCURITÉ: LA RÉFORME DU SECTEUR DE LA SÉCURITÉ ET LA LUTTE CONTRE LA PAUVRETÉ SONT LES PRINCIPAUX DÉFIS À RELEVER EN GUINÉE-BISSAU


Le Représentant du Secrétaire général pour la Guinée-Bissau, Shola Omoregie, a présenté ce matin au Conseil de sécurité l’évolution de la situation depuis le 6 décembre 2007 dans un pays résolument engagé dans un processus de réforme qui devrait assurer sa stabilité politique et son relèvement économique après des années d’instabilité et de conflit civil.


M. Shola Omoregie, qui présentait le rapport* du Secrétaire général sur l’évolution de la situation en Guinée-Bissau et les activités du Bureau d’appui des Nations Unies pour la consolidation de la paix, a annoncé aux membres du Conseil qu’hier soir, il avait été décidé de fixer la tenue des prochaines élections législatives au 16 novembre prochain.  Par ailleurs, le projet de loi adopté le 4 mars facilitera le processus de réconciliation nationale bissau-guinéen et ouvrira la voie à des réformes du secteur de la sécurité.  M. Omoregie a toutefois averti que bien que la réforme du secteur de la sécurité soit une question clef méritant toute l’attention de la communauté internationale, la Guinée-Bissau continue aussi de souffrir de problèmes sociaux massifs qui exigent des solutions urgentes et une aide accrue des bailleurs de fonds.


Cette analyse a été partagée par la Présidente de la formation Guinée-Bissau de la Commission de consolidation de la paix, Mme Maria Luiza Ribeiro Viotti, qui est aussi la Représentante permanente du Brésil auprès des Nations Unies.  Mme Viotti a ainsi expliqué que la pauvreté continuait de saper les efforts déployés en Guinée-Bissau en faveur de la paix et de la stabilité, alors que la population bissau-guinéenne est convaincue qu’avec une aide internationale accrue elle serait capable de faire redémarrer l’économie du pays et de lui permettre d’atteindre la stabilité politique.  Au nombre des défis à relever, elle a évoqué le niveau extrêmement bas des salaires, l’amélioration des conditions de vie des militaires, la lutte contre le trafic de drogue et le crime organisé, et la relance de l’économie et des infrastructures énergétiques. 


Le Représentant permanent de la Guinée-Bissau auprès des Nations Unies a aussi pris la parole ce matin.


*     Rapport paru sous la cote S/2008/181


LA SITUATION EN GUINÉE-BISSAU


Déclarations


M. SHOLA OMOREGIE, Représentant du Secrétaire général en Guinée Bissau, a présenté le rapport du Secrétaire général sur l’évolution de la situation en Guinée-Bissau et les activités du Bureau d’appui des Nations Unies pour la consolidation de la paix dans ce pays.  Il a précisé que ce rapport porte en particulier sur la mobilisation des ressources et l’engagement accru des partenaires internationaux.  Deux développements particulièrement importants se sont concrétisés par la signature d’un accord avec le Fonds monétaire international en janvier pour l’aide d’urgence dans les situations postconflit et le lancement de la Configuration pour la Guinée Bissau, a dit M. Omoregie.  Faisant aussi part des autres développements qui se sont produits depuis la parution du rapport le 17 mars dernier, il a expliqué qu’hier soir le Président Vieira, qui était resté ambiguë sur la prochaine date des élections législatives, a annoncé que celles-ci auraient lieu le 16 novembre prochain.  Le 9 mars, le Comité central du Parti africain pour l’indépendance de la Guinée-Bissau et du Cap-Vert (PAIGC) a déclaré nulle et non avenue la décision prise le 29 février par son dirigeant, Carlos Gomes, de retirer la confiance accordée au Premier Ministre Dafa Cabi, qui est aussi le troisième Vice-Président du PAIGC.  Cette décision du Comité central du PAIGC a calmé les inquiétudes qu’éprouvaient les acteurs de la scène internationale et nationale. 


La Commission de consolidation de la paix et le Gouvernement, avec le soutien de la BANUGBIS et de l’équipe de pays des Nations Unies, travaillent en étroite collaboration sur des projets à court terme dans le cadre du Plan prioritaire de la Commission de consolidation de la paix pour la Guinée-Bissau.   Par ailleurs, l’Assemblée nationale a adopté un projet de loi le 4 mars, qui facilitera le processus de réconciliation nationale et ouvrira la voie à des réformes du secteur de la sécurité.  L’exercice de recensement du personnel actif dans les forces armées s’est achevé le 19 mars.  Le 17 mars, l’OCDE a financé et organisé, grâce au Royaume-Uni, des consultations sur la réforme du secteur de la sécurité, ce qui a permis d’identifier la nécessité de mettre à jour la Stratégie gouvernementale de réforme du secteur de la sécurité.  Cet exercice de consultation a aussi permis de dégager quels étaient les principaux défis à la mise en œuvre de la réforme du secteur de la sécurité, à savoir la faiblesse du système de contrôle parlementaire, la nécessité d’édifier les capacités nationales dans des secteurs clefs, l’absence de soutien aux organisations de la société civile, la nécessité de mettre en place une politique de communication cohérente au sujet du processus de réforme du secteur de la sécurité et la nécessité d’établir un lien plus cohérent entre cette réforme, la lutte contre les stupéfiants, et les cadres définis dans le Document de stratégie pour la lutte contre la pauvreté (PRSP).


En conclusion, le Représentant du Secrétaire général a souligné des points clefs, notamment l’activité importante menée au premier trimestre 2008 avec l’arrivée en particulier des missions de la Commission de consolidation de la paix et des équipes d’aide technique de l’Union européenne qui travaillent en particulier sur la réforme du secteur de la sécurité.  Évoquant les attentes importantes suscitées au sein de la communauté internationale, le Représentant a insisté sur la nécessité pour la communauté internationale de rester engagée.  Bien que la réforme du secteur de la sécurité soit une question clef, la Guinée-Bissau continue aussi de connaître des problèmes sociaux massifs qui exigent des solutions urgentes.  Il est important que la communauté internationale dans ce contexte alloue une aide financière à la mise en œuvre de la Stratégie de réduction de la pauvreté.  Il est aussi essentiel de garantir une meilleure coordination des donateurs dans tous les secteurs, notamment dans le secteur de la sécurité qui voit l’arrivée d’une multitude d’acteurs.  Il serait peut-être utile pour les bailleurs de fonds d’envisager la mise en place d’un Fonds d’affectation spécial qui permettrait de dégager une vision commune des donateurs, a dit M. Shola Omoregie.  Le Représentant a par ailleurs regretté que le manque de ressources ait retardé l’organisation des élections.  Il sera important que les partenaires du pays soient en mesure de fournir les ressources nécessaires à l’organisation des élections en novembre, a-t-il souligné.  Enfin, il a relayé les craintes du Gouvernement en matière de terrorisme et a encouragé la coopération sous-régionale dans une région aux frontières poreuses.  Il a évoqué à cet égard l’arrestation au mois de janvier, à Bissau, de deux Mauritaniens accusés du meurtre de quatre touristes français en Mauritanie.  La Guinée-Bissau ayant reçu des menaces de représailles après cette arrestation, les craintes du gouvernement concernant d’éventuels actes terroristes devraient être prises au sérieux.


Mme MARIA LUIZA RIBEIRO VIOTTI (Brésil), Présidente de la formation Guinée-Bissau de la Commission de consolidation de la paix, a déclaré que depuis l’inscription de la Guinée-Bissau à l’ordre du jour de la Commission, et depuis l’établissement d’une configuration spécifique pour le pays, elle y avait effectué une visite de terrain.  Cette visite avait pour but de recueillir des informations de première main sur la situation en Guinée-Bissau et initier un dialogue avec le Gouvernement et les partenaires compétents, a-t-elle précisé.  Mme Viotti a déclaré qu’elle avait quitté le pays avec le sentiment que l’attente générale en Guinée-Bissau était que la Commission de consolidation de la paix peut contribuer de manière déterminante à la transition politique et économique dans le pays.  Le Gouvernement bissau-guinéen, en particulier, compte sur l’engagement de la Commission pour catalyser l’appui international et l’assistance au pays afin d’y consolider la paix et y promouvoir activement le développement, a dit Mme Viotti. 


Elle a ensuite expliqué que la pauvreté continuait de saper les efforts de paix et de stabilité, alors que la population bissau-guinéenne est convaincue qu’avec une aide internationale accrue elle serait capable de faire repartir l’économie du pays et lui permettre d’atteindre la stabilité politique.  Revenant sur la récente présentation du Gouvernement de Guinée-Bissau, à New York devant les membres de la Commission, qui concernait les besoins du pays en matière de stratégies et de ressources, elle a estimé que la présence de cette délégation de haut niveau démontrait l’importance que les autorités bissau-guinéennes attachent aux initiatives en cours de consolidation de la paix, ainsi que leur volonté de travailler conjointement avec la Commission en vue de parvenir à la paix et à la stabilité.  Ce jour-là, a encore dit Mme Viotti, la Commission de consolidation de la paix a décidé à l’unanimité de recommander au Secrétaire général de l’ONU de déclarer la Guinée-Bissau éligible au Fonds pour la consolidation de la paix.  Elle a ajouté qu’après l’officialisation par le Secrétariat de cette décision, un comité avait été créé pour analyser des projets spécifiques qui devront être financés grâce aux ressources du Fonds.


La Présidente de la formation Guinée-Bissau a poursuivi son intervention en rappelant que les priorités identifiées par le Conseil de sécurité dans le pays étaient le renforcement des capacités gouvernementales, la réforme du secteur publique, l’affermissement de l’état de droit, la réforme de la sécurité et l’assistance au processus électoral.  Au nombre des défis à relever, elle a évoqué le bas niveau des salaires, l’amélioration des conditions de vie des militaires, la lutte contre le trafic de drogue et le crime organisé et la relance de l’économie et des infrastructures énergétiques.  Elle a jugé que la clef en matière de consolidation de la paix en Guinée-Bissau était le renforcement des capacités des autorités nationales pour briser le cercle vicieux par lequel se reproduisent les instabilités institutionnelles, politiques et économiques.  Selon Mme Viotti, le ciblage des priorités devrait déterminer dans quels domaines les efforts de consolidation de la paix doivent être portés d’urgence.  Elle a affirmé que le cadre stratégique devait refléter les engagements du Gouvernement et des autres parties prenantes aux efforts de consolidation de la paix, à savoir la société civile, le secteur privé, les partis politiques, ainsi que le système des Nations Unies, les institutions financières internationales et la communauté des donateurs.  


Le cadre stratégique fournira en lui-même une base pour des engagements supplémentaires à l’égard du pays, un mécanisme de coordination et un catalyseur de ressources additionnelles, a-t-elle ajouté.


M. ALFREDO LOPES CABRAL (Guinée-Bissau) a remercié les membres du Conseil pour avoir inscrit son pays à l’ordre du jour de la Commission de consolidation de la paix qui, désormais, se penche sur un cas particulier en vue de faire changer la situation de la Guinée-Bissau dans le bon sens.  Il s’est félicité que la représentante du Brésil ait été choisie pour présider la Configuration sur la Guinée Bissau.  Il s’est aussi félicité du rapport du Secrétaire général qui reconnaît les progrès substantiels réalisés notamment en matière de consolidation de la démocratie, comme le montre la formation d’un gouvernement d’inclusion qui pave la voie à une démocratie participative.  Des efforts doivent encore être déployés pour consolider la démocratie, mais pour ce faire un certain nombre de conditions devront être remplies.  La Guinée-Bissau est pauvre et a besoin de la communauté internationale pour pouvoir procéder aux réformes du secteur de la sécurité et des institutions publiques, et faire en sorte que les droits de l’homme soient respectés et que tous les citoyens aient accès à une vraie justice.


Abordant la loi d’amnistie adoptée en Guinée-Bissau, M. Cabral a précisé que cet acte ne devait pas être interprété comme un appui à l’impunité, mais participait plutôt d’une volonté ferme de promouvoir la réconciliation nationale.  Ceux qui ont commis des crimes doivent être traduits en justice, a-t-il relevé.  S’agissant des élections législatives, il a expliqué qu’il n’appartenait pas au Président d’en fixer la date, mais que c’est la Commission nationale qui devait faire une proposition au Président de la République.  Le représentant s’est félicité de la coopération avec la Configuration pour la Guinée-Bissau qui fait preuve de sensibilité aux problèmes spécifiques du pays afin de faire en sorte que la bonne gouvernance, la démocratie et les droits de l’homme y prennent pied.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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