CS/9132

LES MEMBRES DU CONSEIL DE SÉCURITÉ SALUENT LE RÔLE DE L’ORGANISATION POUR LA SÉCURITÉ ET LA COOPÉRATION EN EUROPE (OSCE) AU KOSOVO

28/09/2007
Conseil de sécuritéCS/9132
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Conseil de sécurité

5751e séance – matin


LES MEMBRES DU CONSEIL DE SÉCURITÉ SALUENT LE RÔLE DE L’ORGANISATION POUR LA SÉCURITÉ ET LA COOPÉRATION EN EUROPE (OSCE) AU KOSOVO


Le Ministre des affaires étrangères de l’Espagne,

Président en exercice de l’OSCE, prône une coopération renforcée avec l’ONU


L’OSCE est prête à rester au Kosovo, quel que soit le futur statut de la province, a déclaré ce matin M. Miguel Angel Moratinos, Ministre des affaires étrangères de l’Espagne et Président en exercice de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), lors d’un exposé devant le Conseil de sécurité.  Il a souligné le rôle de l’Organisation dans la décentralisation et la protection des lieux de culte, en rappelant que 1 000 membres de l’OSCE étaient actuellement déployés dans la province.


Il n’y a pas d’incompatibilité entre le mandat de l’OSCE et celui de l’ONU au Kosovo, a pour sa part estimé le Ministre des affaires étrangères de la Belgique, tandis que son homologue slovaque appelait l’Organisation à jouer un rôle accru dans la région, en insistant sur son expertise irremplaçable.  Le représentant du Royaume-Uni a salué le travail préparatoire de l’OSCE en vue des élections municipales et parlementaires du 17 novembre prochain et celui de la France s’est félicité de son impartialité unanimement reconnue.  Saluant l’action de l’OSCE dans la province du Kosovo, le représentant de la Fédération de Russie l’a cependant appelée à faire davantage pour faire respecter les droits des minorités.


De nombreux orateurs se sont félicités de la coopération entre l’OSCE et les Nations-Unies, que le Sous-Secrétaire d’État aux affaires étrangères de l’Italie a qualifiée d’étroite et de productive.  Sept des quinze membres du Conseil de sécurité sont également membres de l’OSCE, a d’ailleurs constaté le représentant des États-Unis.  Son homologue russe a, quant à lui, insisté sur la nécessité de respecter le partage des tâches, en rappelant la responsabilité première du Conseil de sécurité en matière de maintien de la paix et de la sécurité.


Cette séance a également été l’occasion d’évoquer le rôle de l’OSCE en Géorgie, après le tir de missile du 6 août dernier, ou encore en Afghanistan.  Rappelant que l’OSCE, avec 56 pays membres, et 19 missions à travers le monde, s’étendait « de Vancouver à Vladivostock », M. Moratinos s’est par ailleurs fixé pour priorité la relance du Traité sur les forces armées conventionnelles en Europe, à l’approche du Conseil des ministres de l’OSCE, qui doit se tenir à Madrid en novembre prochain.



EXPOSÉ DU PRÉSIDENT EN EXERCICE DE L’ORGANISATION POUR LA SÉCURITÉ ET LA COOPÉRATION EN EUROPE


M. MIGUEL ANGEL MORATINOS, Ministre des affaires étrangères de l’Espagne, Président en exercice de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), a estimé que l’OSCE était bien placée pour contribuer à l’application des résolutions du Conseil de sécurité, grâce au concept de sécurité multidimensionnelle et coopérative qu’elle a développé.  L’Organisation travaille au niveau humain, politico-militaire et économico-environnemental, a-t-il précisé, ajoutant que ses États membres avaient renforcé leur lien avec l’ONU en adoptant en mars 2006 la Déclaration sur la coopération avec les Nations Unies.


Pour l’Espagne, a dit M. Moratinos, l’OSCE est plus qu’une institution qui fournit de l’assistance à ses États membres, plus que les 19 missions dans 17 pays, plus qu’un forum de dialogue permanent à Vienne.  C’est un projet qui a une pertinence stratégique, a-t-il ajouté: la volonté commune de 56 pays de travailler ensemble pour un avenir plus sûr et plus prospère, ce qui en fait, a-t-il estimé, une organisation unique, qui s’étend de Vancouver à Vladivostok.


Certains des objectifs les plus importants de l’OSCE n’ont pas encore été atteints, a concédé M. Moratinos, en présentant les défis de l’année 2007.  Il a indiqué avoir proposé des mesures préventives spécifiques, après le tir de missile du 6 août dernier en Géorgie, afin d’éviter la répétition de tels incidents.  Il a dit vouloir parallèlement renforcer la coopération entre les Nations Unies et l’OSCE pour stabiliser la situation en Géorgie.


Concernant la situation au Nagorno-Karabakh, M. Moratinos a constaté que la médiation de l’OSCE, à travers le Groupe de Minsk et le représentant personnel de la présidence espagnole, M. Josep Borrell, n’avait pas permis d’avancée significative vers un règlement pacifique.  Au sujet de la Transnistrie, en Moldavie, il s’est dit convaincu que le format des négociations 5+2, comprenant la Fédération de Russie et l’Ukraine comme médiateurs, et les États-Unis et l’Union européenne comme observateurs, était le plus prometteur.  Les signatures au bas de documents officiels ne suffisent pas.  Il faut parvenir à surmonter la défiance et établir des plateformes de dialogue, a-t-il déclaré à propos de ces conflits, en insistant sur l’engagement de la société civile.


Alors que le moment de décider du futur du Kosovo approche, M. Moratinos s’est félicité que l’OSCE ait toujours adopté une position impartiale sur cette question.  Mais la neutralité n’est pas synonyme de non-engagement, a-t-il fait remarquer, en affirmant que l’OSCE était prête à rester au Kosovo, pour veiller à la protection des droits des communautés, en particulier dans les domaines de la décentralisation et de la protection les lieux culturels et religieux.


M. Moratinos a par ailleurs souligné le rôle crucial que joue l’Asie centrale pour renforcer la sécurité dans toute la région de l’OSCE.  Il a cité à cet égard le cas de l’Afghanistan, en indiquant que l’OSCE préparait des projets de gestion des frontières au Tadjikistan.  Il a également salué la candidature du Kazakhstan pour la présidence de l’OSCE, la première, a-t-il dit, d’une ancienne République soviétique et d’un pays d’Asie centrale.  Notant que la date d’une présidence kazakhe n’avait toujours pas fait l’objet d’un consensus, il a indiqué œuvrer activement pour obtenir une décision.


M. Moratinos s’est inquiété du blocage persistant dans la future mise en œuvre du Traité sur les forces armées conventionnelles en Europe, qu’il a qualifié de pierre angulaire de la sécurité européenne depuis 1990.  Il a invité tous les États parties à faire preuve de suffisamment de souplesse pour sortir de l’impasse actuelle et a espéré que la Conseil des ministres de l’OSCE à Madrid en novembre prochain permette de donner un nouvel élan à ce dossier. 


Il a par ailleurs indiqué avoir placé la lutte contre le terrorisme au premier plan des priorités de la présidence espagnole de l’OSCE, en organisant quatre conférences de haut niveau sur le terrorisme.  Il a également estimé que l’OSCE pouvait servir de plateforme pour un dialogue sur la sécurité économique et environnementale.  Concernant la dimension humaine de la sécurité, il a salué l’Initiative des Nations Unies pour une Alliance des civilisations, en ajoutant que l’OSCE était, par sa nature, une alliance des civilisations en action.  La présidence de l’OSCE organise le mois prochain une conférence sur les défis de l’islamophobie à Cordoue, en Espagne, les 9 et 10 octobre, a-t-il indiqué, qui fait suite à celle de 2005 sur l’antisémitisme et les autres formes d’intolérance.


La liste des missions de l’OSCE s’allonge avec l’apparition de nouveaux défis, a conclu M. Moratinos, en indiquant avoir fixé un agenda ambitieux pour le Conseil des ministres de Madrid, en novembre prochain.


Déclarations


M. JÁN KUBIS, Ministre des affaires étrangères de la Slovaquie, s’est félicité des discussions engagées par l’Espagne sur les thèmes prioritaires.  Il a estimé qu’il convenait de renforcer le rôle de l’OSCE au Kosovo.  Ce rôle, a-t-il précisé, est amené à devenir important dans les mois qui viennent.  De l’avis du Ministre, l’expertise de l’OSCE est irremplaçable.  S’agissant de la prévention des conflits, le Ministre a mis l’accent sur la nécessité d’œuvrer à établir le plus de liens possible entre l’OSCE et les Nations Unies, afin de la rendre plus efficace.  Il a également mis en exergue l’expérience de l’OSCE dans le domaine des armes légères et de petit calibre, expérience, a-t-il dit, dont d’autres régions du monde peuvent profiter.  Concernant les droits de l’homme, le Ministre a souligné le travail de l’OSCE, promu par la présidence actuelle, dans la lutte contre l’intolérance afin de favoriser le dialogue entre les cultures et les religions.  M. Kubis a par ailleurs estimé que l’Afghanistan représentait un exemple de pays où la coopération en faveur de la stabilité et du développement était possible.  De l’avis du Ministre, la coopération avec les autres organisations internationales, comme la famille des Nations Unies ou les organisations non gouvernementales, constituent une valeur ajoutée. 


M. KAREL DE GUCHT, Ministre des affaires étrangères de la Belgique, a estimé que l’OSCE était un facteur de stabilisation dans la région.  Concernant le Kosovo, il a déclaré que la problématique du mandat ne se posait pas, en expliquant qu’il devait être possible de trouver les moyens de renforcer les liens entre l’ONU et l’OSCE sur cette question, tout en conservant les mandats respectifs de ces deux organisations.  L’exemple de la Géorgie, de l’Abkhazie et de l’Ossétie du Sud justifie, a-t-il ajouté, une pareille coopération entre les Nations Unies et les organisations régionales.  Concernant l’incident du 6 août en Géorgie, il a remercié la présidence espagnole de l’OSCE pour ses efforts de clarification sur ces événements et l’a assurée, en tant que membre de la troïka de l’OSCE, de son plein soutien pour le Conseil des ministres du mois de novembre prochain à Madrid.


M. VITTORIO CRAXI, Sous-Secrétaire d’État aux affaires étrangères de l’Italie, s’est félicité du fait que l’OSCE ait réussi à établir une coopération étroite et productive avec les Nations Unies, surtout dans les domaines liés à la sécurité et au règlement des conflits régionaux.  Il s’est dit convaincu que l’OSCE demeurait un instrument efficace pour rechercher, sur la base du consensus, les solutions aux problèmes qui continuent d’affecter l’Europe.  En toutes circonstances, a-t-il dit, le dialogue et la recherche de solutions partagées doivent rester la priorité.  Il s’est également dit convaincu que l’OSCE pouvait continuer de jouer un rôle important pour le futur du Kosovo.  Il a exprimé son soutien aux autres priorités du programme de la présidence espagnole de l’OSCE: la lutte contre le terrorisme, la protection de l’environnement, axée en particulier sur la dégradation et la contamination du sol ainsi que sur la gestion durable des ressources hydriques.  En ce qui concerne la dimension humaine de la promotion de la diversité et de la participation dans les sociétés pluralistes, il a également appuyé la lutte contre l’intolérance, la discrimination, la corruption et le trafic d’êtres humains. 


M. JOHN SAWERS (Royaume-Uni) s’est félicité de ce que l’Espagne, au cours de sa présidence de l’OSCE, ait mis l’accent sur le dialogue entre les civilisations, la lutte contre l’antisémitisme et l’islamophobie.  Il a souhaité l’adoption prochaine d’un traité adapté sur les armes conventionnelles.  M. Sawers a fait part de sa préoccupation face à la dégradation de la situation en Géorgie et a salué l’action menée par la présidence espagnole après le tir d’un missile le 6 août dernier.  Il a demandé au Président en exercice de l’OSCE d’indiquer ses observations sur les recommandations énoncées après cet incident concernant la nécessité pour l’OSCE de se doter de mécanismes de réaction rapide, afin de pouvoir intervenir très vite.


Le représentant du Royaume-Uni a par ailleurs salué le travail préparatoire de l’OSCE en vue des élections municipales et parlementaires du 17 novembre au Kosovo et a exhorté toutes les parties à redoubler d’efforts pour parvenir à de véritables progrès et à une solution durable.


M. VITALY CHURKIN (Fédération de Russie) s’est félicité du rôle constructif et équilibré qu’a joué l’Espagne à la tête de l’OSCE.  Il a souligné la nécessité pour l’OSCE d’adopter au plus vite une charte qui permettrait à cette Organisation de travailler sur la base de règles précises et reconnues.  L’OSCE doit jouer un rôle plus important dans l’examen des questions politiques et militaires afin de promouvoir des mesures de confiance sur le continent européen, a-t-il déclaré.  Le représentant a espéré que, lors de la prochaine session des ministres des affaires étrangères des pays membres de l’OSCE, les 29 et 30 novembre prochain à Madrid, des mesures concrètes seront lancées pour promouvoir la réforme de l’Organisation.  Il a mis l’accent sur la nécessité de préserver le partage des tâches entre l’OSCE et les Nations Unies, de respecter en particulier la responsabilité première du Conseil de sécurité dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales.  La mission de l’OSCE au Kosovo joue un rôle important pour le respect des droits de l’homme ou pour l’organisation des élections, a-t-il également observé.  Il a néanmoins relevé certaines lacunes dans la mise en œuvre des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.  L’OSCE, a-t-il insisté, doit faire davantage pour assurer le respect des droits de l’homme et des minorités dans la province.  Enfin, le représentant a estimé que l’OSCE pouvait agir de manière équilibrée afin d’aider la Géorgie à éviter une politique de provocation pour éviter les tensions.


M. ALEJANDRO WOLFF (États-Unis) a constaté que sept des quinze membres du Conseil de sécurité étaient également membres de l’OSCE.  Il a demandé au Président en exercice de fournir plus de détails, notamment pour les membres du Conseil n’appartenant pas à l’OSCE, sur l’action de l’Organisation en Afghanistan, qui a souhaité renforcer ses liens avec l’OSCE, y compris à l’approche des prochaines élections.  Il a salué la compétence et la bonne réputation de l’OSCE dans ce domaine.


Concernant la situation en Géorgie, après le tir d’un missile le 6 août dernier sur le territoire géorgien et les tensions persistantes en Abkhazie et en Ossétie du Sud, M. Wolff a demandé d’indiquer les mesures concrètes prises par l’OSCE pour éviter que de tels incidents se reproduisent.  Il a par ailleurs souhaité connaître la position du Président en exercice de l’OSCE sur la question du contrôle des frontières.


M. JEAN-MAURICE RIPERT (France) a estimé que les priorités de la présidence espagnole de l’OSCE étaient de nature à permettre à l’Organisation de répondre aux défis auxquels ses États membres sont confrontés.  La France, a-t-il dit, est attachée à l’OSCE, laquelle a contribué à la stabilité et à la sécurité du continent européen en constituant un socle de valeurs communes.  Le représentant a souligné la nécessité de maintenir la confiance entre les membres de l’OSCE, au-delà des différences inévitables sur certains dossiers, et de préserver ses dimensions humaine, économique et de sécurité.  Il convient également, selon lui, de préserver son impartialité.  L’OSCE joue, à ses yeux, un rôle très positif au Kosovo qu’il convient de souligner.  C’est grâce à son impartialité, unanimement reconnue, qu’elle est capable de jouer pleinement ce rôle, a-t-il affirmé.  La France est prête à travailler à l’élaboration de projets concrets de revitalisation de l’Organisation, en particulier dans les domaines politique et militaire, a-t-il dit.  L’OSCE doit par ailleurs veiller, a-t-il estimé, à travailler en étroite collaboration avec les autres organisations internationales et régionales. 


Reprenant la parole après les interventions des pays membres du Conseil de Sécurité, le Ministre des affaires étrangères de l’Espagne et Président en exercice de l’OSCE a rappelé les deux priorités de la Présidence espagnole de l’OSCE qui, a-t-il précisé, touche à sa fin : le Kosovo et le Traité sur les forces armées conventionnelles en Europe.


Concernant le Kosovo, où sont déployés 1 000 membres de l’OSCE, M. Moratinos a estimé que, quel que soit le futur statut de la province, il était de la responsabilité de l’OSCE de poursuivre sa mission, notamment pour assurer la protection des sites culturels et religieux.  Au sujet du Traité sur les forces armées conventionnelles en Europe, il a assuré que l’Espagne ferait tout son possible pour que le Conseil des ministres de Madrid puisse, au moins, le relancer.


Répondant aux demandes de précisions sur la Géorgie, M. Moratinos a indiqué qu’aussitôt après l’incident du 6 août, il cherché à faciliter le dialogue déjà existant entre la Géorgie et la Fédération de Russie et il a nommé un envoyé spécial, ancien Ministre des affaires étrangères de la Croatie.  Ce dernier, a-t-il dit, a proposé différentes mesures pour éviter la répétition de ce type d’incidents, comme un système d’alerte anticipée ou une amélioration du travail des observateurs militaires.  Il a par ailleurs assuré le représentant de la Fédération de Russie qu’il tentait d’obtenir de la Géorgie des précisions sur les événements en Ossétie du Sud.


Concernant l’Afghanistan, M. Moratinos a souligné la nécessité de bien définir les objectifs et les priorités de la coopération de l’OSCE et a souhaité que tous les pays membres d’Asie centrale puissent y contribuer.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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