CS/8968

IBRAHIMA FALL DÉCLARE AU CONSEIL DE SÉCURITÉ QU’EN DÉPIT DE PROGRÈS, UNE STABILISATION DANS LA RÉGION DES GRANDS LACS DEMEURE FRAGILE

9 mars 2007
Conseil de sécuritéCS/8968
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Conseil de sécurité

5637e séance – matin


IBRAHIMA FALL DÉCLARE AU CONSEIL DE SÉCURITÉ QU’EN DÉPIT DE PROGRÈS, UNE STABILISATION DANS LA RÉGION DES GRANDS LACS DEMEURE FRAGILE


Les membres du Conseil appellent les pays de la région

à ratifier le Pacte de sécurité, de stabilité et de développement


Le Conseil de sécurité a examiné ce matin la situation dans la région des Grands lacs, la plupart des orateurs se félicitant des considérables progrès accomplis tout en soulignant que beaucoup restait à faire pour consolider la situation, particulièrement en Ouganda et en République démocratique du Congo (RDC), afin que cette partie de l’Afrique sorte définitivement de plus d’une décennie de guerres.


Les membres du Conseil ont d’abord entendu le bilan dressé par M. Ibrahima Fall, le Représentant spécial du Secrétaire général pour la région, qui achève un mandat de quatre années et demie.  La prochaine étape du processus en cours dans la région étant la ratification du Pacte de sécurité, de stabilité et de développement signé à Nairobi par les onze pays concernés, M. Fall s’est dit encouragé par l’engagement des parlementaires des pays de la région, qui s’étaient réunis récemment à Kinshasa, de l’entériner rapidement.  Il a averti que la région était encore fragile, qu’une atmosphère de confiance relative s’était certes instaurée mais qu’elle pouvait se détériorer à tout moment. 


Le Représentant spécial, qui a souligné le rôle crucial du Conseil de sécurité, non seulement dans la conduite du processus en cours mais aussi dans sa poursuite, a toutefois fait remarquer que cet appui a péché par manque de moyens, particulièrement en personnel.  M. Fall a en effet indiqué qu’il avait dû travailler avec des effectifs qu’il a qualifiés de « squelettiques » et a précisé que seul l’appui du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) avait permis de faire avancer le processus préparatoire.  Il a rappelé que le Conseil de sécurité se devait de prévoir les ressources indispensables permettant la mise en œuvre de ses décisions.  Il s’est aussi inquiété du fait que l’engagement des pays de la région n’avance pas plus vite, notant que deux pays seulement avaient versé leur contribution au Secrétariat de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs.  Il a estimé par ailleurs que la coopération entre l’ONU et l’Union africaine était fondamentale.


Lors du débat, le représentant de la Belgique a rappelé que pour que le Secrétariat de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs, dirigé par Mme Liberata Mulamula, puisse réellement fonctionner, il importait que les pays de la région lui apportent une assistance concrète, qui serait soutenue par les bailleurs de fonds.  Plusieurs pays ont manifesté leur disposition à apporter leur contribution.  La Chine a notamment souligné que, fidèle à sa tradition de coopération avec l’Afrique, elle continuerait de renforcer son assistance dans tous les domaines.


Mais les pays de la région doivent aussi s’impliquer et plusieurs orateurs ont estimé qu’il était urgent que le Fonds spécial pour la reconstruction et le développement destiné à la mise en œuvre du Pacte devienne rapidement opérationnel.  Cela suppose que chacun des 11 États signataires remplisse ses engagements financiers, a encore rappelé la délégation belge.


La plupart des intervenants ont souligné la nécessaire intégration économique régionale.  En raison de la situation instable qui règne actuellement dans l’est de la RDC et dans le nord de l’Ouganda, le représentant du Ghana a déclaré qu’il était urgent d’établir des relations de coopération pour pacifier les zones frontalières et d’encourager les échanges dans le but d’assurer le développement


Pour la France, chacun des États de la région ne peut se développer que s’il s’insère dans un cadre régional économique stabilisé et équilibré, ce qui implique, a dit son représentant, de renforcer la coopération économique et d’assurer une gestion transparente et mutuellement bénéfique des ressources naturelles de la région.  L’un des problèmes qui affecte particulièrement la région des Grands Lacs étant le pillage des ressources naturelles, du fait de la guerre et de l’effondrement de certains États, la plupart des délégations ont exprimé leur préoccupation quant à l’exploitation illégale des ressources naturelles.  Celle-ci a aussi des conséquences néfastes sur la situation des droits de l’homme. 


Le représentant de l’Afrique du Sud, qui assure ce mois-ci la présidence tournante du Conseil de sécurité, s’est félicité que le développement ait été reconnu comme le fondement de la paix et de la sécurité.  Bien que tout nuage ne se soit pas dissipé, il a prédit que la région des Grands Lacs était sur le point d’instaurer une paix durable.


À l’exception de Panama et du Pérou, tous les autres membres du Conseil ont pris la parole.



LA SITUATION DANS LA RÉGION DES GRANDS LACS


Déclarations


M. IBRAHIMA FALL, Représentant spécial du Secrétaire général pour la région des Grands Lacs, a évoqué sa mission de quatre ans et demi qui s’achève en remerciant l’Afrique du Sud pour son soutien.  Depuis le 1er janvier, a-t-il expliqué, nous nous attelons à procéder au transfert depuis le Bureau du Représentant spécial vers le Secrétariat.  La première tâche a consisté à préserver la « mémoire » du processus actuel en rassemblant tous les documents pertinents établis de 2003 à 2006 pour les archiver à Bujumbura dès que les locaux le permettront.  Ces archives existeront sous forme papier et électronique. M. Fall a indiqué que la Secrétaire exécutive avait été assistée pour le recrutement de consultants pour la période transitoire en attendant qu’elle dispose d’un budget adéquat.  Par ailleurs, a-t-il indiqué, une réunion des parlementaires de la région qui s’est tenue à Kinshasa a été un grand succès.  Ceux-ci se sont engagés à adopter et ratifier rapidement le Pacte de stabilité conclu à Nairobi.  La réunion régionale interministérielle des 22 et 23 mars est en cours de préparation, ainsi que celle du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine qui doit se tenir les 12 et 13 mars.  M. Fall a estimé qu’à la date du 31 mars, l’ensemble du transfert des compétences serait effectué.


Tirant les leçons du processus de paix dans la région des Grands Lacs, le Représentant spécial a souligné l’importance du rôle du Conseil de sécurité dans la phase préparatoire actuelle et celui à venir dans la mise en œuvre des décisions prises.  Il a toutefois souligné que cet appui aurait pu être plus efficace s’il s’était manifesté sous forme de recrutement de personnel.  Les effectifs sont demeurés en effet « squelettiques » et sans l’appui du PNUD, le processus préparatoire n’aurait pu être accompli, a-t-il affirmé.  Il a souligné qu’il était nécessaire d’octroyer les ressources nécessaires quand des décisions d’une telle importance sont prises par le Conseil.  Par ailleurs, il est essentiel que le Conseil appuie et accompagne le processus de ratification du Pacte sur la sécurité, la stabilité et le développement, signé à Nairobi.  La région est encore fragile, il existe une atmosphère de confiance mais celle-ci peut se détériorer à tout instant, a-t-il prévenu.  C’est pourquoi, M. Fall en a appelé au Conseil pour qu’il appuie la ratification du Pacte.  Les États signataires du Pacte, a-t-il souligné, doivent s’approprier le processus.  À ce jour, deux pays seulement ont payé leur contribution au secrétariat de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs.  La responsabilité primordiale des pays de la région doit être affirmée, a insisté M. Fall, qui a appelé le Conseil d’exercer son autorité en ce sens. 


Concernant la revitalisation de la Communauté économique de la région des Grands Lacs (CEPGL), M. Fall a indiqué que l’Union européenne avait promis une contribution et estimé qu’il était urgent que ce projet puisse être mis en œuvre rapidement.  Il est également essentiel, a-t-il ajouté, de maintenir l’élan donné par la Conférence.  Lors de ses visites périodiques dans la région, le Conseil de sécurité doit réaffirmer l’importance de la mise en œuvre du Pacte.  Enfin, le principe d’inclusivité doit être maintenu au niveau de la Conférence, en particulier pour assurer que les femmes et les jeunes puissent jouer leur rôle dans le processus de paix.


M. NANA EFFAH-APENTENG (Ghana) a exprimé sa satisfaction de constater que les parlementaires régionaux ont reconnu leur responsabilité dans la mise en œuvre du pacte de paix pour la région des Grands Lacs.  Le représentant a affirmé que l’appropriation régionale du processus était essentielle pour la paix et le développement durable de la région.  Cette appropriation nécessitera des efforts coordonnés des pays voisins et des institutions régionales, a-t-il estimé, encourageant les dirigeants de la région à transformer la Conférence en un forum pacifique de prévention, de gestion et de règlement pacifique des conflits, a-t-il souligné.  Au vu de la situation instable qui règne actuellement dans l’est du Congo et le nord de l’Ouganda, il est à son avis urgent d’établir des relations de coopération pour ramener la sécurité par-dessus les frontières et encourager les échanges dans le but d’assurer le développement de la région après des décennies de guerre.  Le dialogue devrait être le seul moyen de résoudre les conflits, a-t-il estimé.  Le représentant s’est en outre félicité que les groupes rebelles de l’est du Congo aient accepté de désarmer, et a invité le Gouvernement de la République démocratique du Congo (RDC) à intensifier ses efforts pour réintégrer les anciens combattants dans les forces armées nationales.  De même, à son avis, la communauté internationale devrait soutenir des projets de consolidation de la paix régionaux, notamment ceux qui ont pour objectif de régler les problèmes des réfugiés et du flux des armes légères. 


M. OLIVIER BELLE (Belgique) a estimé crucial que les engagements pris soient mis en œuvre.  Selon lui, il faudra s’assurer en premier lieu que le mécanisme de suivi régional installé à Bujumbura devienne opérationnel.  Son installation permettra à l’ONU et à l’Union africaine de passer le relais aux pays membres de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs.  Pour que ce Secrétariat dirigé par Mme Liberata Mulamula puisse réellement fonctionner, il importe que les pays de la région lui apportent une assistance concrète, appuyée en cela par les bailleurs.  La Belgique est prête à envisager un soutien.  M. Belle a ensuite souligné l’importance de la ratification à venir du Pacte de sécurité, de stabilité et de développement.  Il importe que le Fonds spécial pour la reconstruction et le développement destiné à la mise en œuvre du Pacte devienne rapidement opérationnel.  Mais il importe que chacun des 11 États Membres remplisse ses engagements en approvisionnant le Fonds.  La Belgique est prête à envisager des contributions une fois que le Fonds aura été déclaré opérationnel par la Banque africaine de développement.  M. Belle a souhaité que le Conseil ait « de temps en temps » un briefing de la part du Secrétariat sur l’état de la mise en œuvre du Pacte.  La délégation belge a souligné l’importance d’approfondir l’intégration régionale entre la République démocratique du Congo (RDC), le Rwanda et le Burundi.  Elle estime que la Communauté économique de la région des Grands Lacs (CEPGL) peut jouer un rôle important à cet égard en établissant une intégration régionale poussée.


M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a affirmé que deux dimensions étaient importantes dans ce processus: la sécurité, tout d’abord, la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs offrant un cadre privilégié pour la résolution de ce problème d’actualité.  La seconde dimension concerne les relations économiques, a-t-il précisé, expliquant que chacun des États de la région ne pouvait se développer durablement que s’il s’insère dans un cadre régional économique stabilisé et équilibré, ce qui implique de renforcer la coopération économique et une gestion transparente et mutuellement bénéfique des ressources naturelles de la région.  Le représentant a salué la détermination des États de la région des Grands Lacs à relever ensemble leurs défis communs.  Il est important, selon lui, que les États parties à la Conférence s’approprient ce nouvel instrument, condition première du succès engagé à Dar es-Salaam et à Nairobi.  La communauté internationale et les Nations Unies resteront engagées au côté de la région des Grands Lacs pour apporter leur contribution au succès du processus engagé, a-t-il déclaré, précisant notamment que le Conseil de sécurité aurait l’occasion de réexaminer le mandat de la MONUC pour l’adapter au contexte post-transition.  La Commission de consolidation de la paix accompagnera les efforts de reconstruction et de développement du Burundi.  Et plus généralement, le système des Nations Unies restera fortement engagé, a-t-il souhaité, en faveur de cette région pour laquelle il n’a pas ménagé ses efforts.


M. KLEIB (Indonésie) a estimé que si la situation s’était améliorée, et qu’il convenait de féliciter les pays de la région en raison des progrès accomplis, il était temps de traduire les aspirations exprimées en un programme concret.  Il a rappelé la nécessité de lutter contre l’exploitation illégale des ressources, le trafic des armes légères et de favoriser la bonne gouvernance.  Il a conclu en demandant aux pays donateurs de fournir les fonds et l’assistance nécessaire au Secrétariat de la Conférence et au Fonds spécial pour la reconstruction et le développement.  Nous devons faire tout ce qui est nécessaire pour que les pays de la région puissent transformer de façon durable les efforts importants accomplis, a conclu la délégation indonésienne.


M. LIU ZHENMIN (Chine) a espéré que la Conférence internationale continuerait de représenter un cadre dans lequel s’établira une coopération entre les pays des Grands Lacs pour assurer une paix durable dans la région.  La communauté internationale devrait prêter une attention particulière aux efforts fournis par ceux de pays qui sortent de conflit et apporter une aide économique accrue aux pays de la région.  De son côté, la Chine, fidèle à sa tradition de coopération avec l’Afrique, continuera de renforcer son assistance à cette région dans tous les domaines, a-t-il assuré.


M. PASCAL GAYAMA (Congo) a estimé que la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs était une réalité même si elle restait fragile.  Les pays concernés devraient réaffirmer leur engagement, s’approprier pleinement le processus en le ratifiant, a-t-il souligné.  Ce processus va dans le sens de la paix et du développement, les deux grandes choses que demandent les populations.  Après avoir évoqué le rôle des instances de la région, la CEPGL notamment, dont la revitalisation est nécessaire, a rappelé le représentant.  Il a estimé urgent que le Secrétariat puisse fonctionner convenablement et qu’à travers lui et par l’interaction des pays membres, on puisse canaliser le soutien de la communauté internationale.  Elle a rappelé que la région avait une unité géographique et culturelle.


Le représentant a salué l’engagement pris par les parlementaires lors de la réunion de Kinshasa quant à la ratification du Pacte.  Parlant de la « triste réalité » de la circulation des armes légères, de l’exploitation des ressources naturelles, ainsi que de la méfiance qui n’était pas complètement dissipée, tout cela fait que la région a encore besoin du soutien de la communauté internationale.  Ce rôle sera pour longtemps le bienvenu.  En ce qui concerne l’ONU, le Congo est favorable à la poursuite de la coopération « en termes techniques, d’une coopération matérielle et de toutes les manières possibles ».  Les Nations s’investissent beaucoup en Afrique, a rappelé le représentant du Congo.  Tout cela traduit un engagement historique de l’ONU vis-à-vis de cette région dont le relèvement constituera une étape très importante pour l’ensemble de l’Afrique, a-t-il rappelé.  En conséquence, il serait bon à ce stade que le Conseil de sécurité encourage le Secrétariat à définir toutes les modalités d’appui qu’il peut recevoir.


M. THOMAS K. MCBRIDE (États-Unis) a estimé que, bien que fragiles, les perspectives de paix étaient toutefois meilleures, en partie grâce aux efforts des peuples de la région des Grands Lacs pour surmonter leurs problèmes et à l’attention portée par la communauté internationale à leur sort.  Le Pacte sur la sécurité et le développement de la région constitue la culmination heureuse de la Conférence de la région des Grands Lacs, a-t-il souligné, invitant les États de la région à tenir leurs engagements à respecter la souveraineté nationale et à s’efforcer de revitaliser l’économie de la région.  L’appropriation régionale est par ailleurs indispensable pour la réussite de ce processus, a-t-il également estimé.  Le représentant a par ailleurs mis l’accent sur l’initiative américaine de création d’une Commission mixte tripartite chargée de promouvoir la stabilité et la sécurité entre la République démocratique du Congo (RDC), le Burundi et le Rwanda.


M. VITALIY A. LEPLINSKIY (Fédération de Russie) a rappelé le rôle essentiel de l’ONU et l’extrême attention portée par le Conseil de sécurité sur la région des Grands Lacs.  Après avoir évoqué les progrès réalisés par les différents pays, il a rappelé que tous ces progrès n’auraient pu être accomplis sans l’aide des pays donateurs.  Maintenant, les participants à la Conférence internationale doivent ratifier le Pacte et l’appliquer scrupuleusement, a-t-il rappelé.  Pour la délégation russe, le travail accompli par M. Fall depuis quatre ans est remarquable. 


M. ALDO MANTOVANI (Italie) a affirmé que le Pacte sur la sécurité et le développement était un point de départ fondamental pour l’établissement d’une paix et le lancement d’un processus de développement durable.  Le représentant s’est dit néanmoins préoccupé par la situation des droits de l’homme et l’exploitation illégale des ressources naturelles qui entravent, à son avis, les progrès dans la région. 


Mme KAREN PIERCE (Royaume-Uni) a rappelé que son pays avait contribué environ un milliard de dollars à l’ensemble de la région.  Il est important à présent que les pays concernés appliquent concrètement le Pacte de sécurité, de stabilité et de développement, a-t-il affirmé, exprimant l’espoir que le Secrétariat, sous la direction « compétente » de Mme Mulamula, serait rapidement mis sur pied. 


La représentante britannique a par ailleurs estimé que la population de la RDC méritait des éloges pour les progrès accomplis par ce pays, ainsi que l’ONU pour sa contribution à ce processus.  Il a appelé le Conseil de sécurité à suivre de près les négociations entre le Gouvernement ougandais et l’Armée de résistance du Seigneur (LRA) et a salué à ce sujet les efforts de bons offices du Président Chissano du Mozambique.  En conclusion, la représentante a invité la communauté internationale en général et au Conseil de sécurité en particulier de ne pas se désintéresser du Darfour.


M. PETER BURIAN (Slovaquie) a estimé que l’impulsion générée par l’atmosphère positive de la Conférence devrait être mise à profit pour renforcer la coopération régionale et le processus de paix dans la région des Grands Lacs.  Le représentant a salué les États de la région pour avoir notamment créé un secrétariat à Bujumbura, exprimant l’espoir qu’il serait pleinement opérationnel le plus rapidement possible.  La communauté internationale doit continuer, à son avis, de fournir une aide généreuse à ces pays, affirmant toutefois qu’il était impératif que ceux-ci assument pleinement l’appropriation du processus, notamment par le biais du budget.  Il s’est dit néanmoins préoccupé par la persistance de plusieurs poches d’instabilité dans la région, et par l’impasse des négociations de paix en Ouganda avec l’Armée du Seigneur. 


M. TARIQ ALI FARAJ H. AL-ANSARI (Qatar) a évoqué les dernières grandes réunions internationales ayant permis l’aboutissement du processus actuel en soulignant que son pays attendait la ratification du Pacte sur la sécurité, la stabilité et le développement par les pays de la région.  Le Qatar souligne la nécessité de payer les contributions nécessaires au fonctionnement du Secrétariat.  Il sera de la plus haute importance d’établir les priorités nécessaires pour assurer la mise en œuvre du Pacte, le Qatar estimant que les Amis de la région des Grands Lacs auront toujours un rôle primordial à jouer dans l’avenir.


Mais il ne faut pas perdre de vue le fait que les résolutions précédentes du Conseil de sécurité doivent être appliquées, notamment celles concernant les groupes armés et les personnes déplacées, a rappelé le représentant.  C’est la condition du succès des mécanismes créés pour la région des Grands Lacs, a-t-il ajouté.  Nous avons conscience des difficultés à surmonter et rien ne sera possible sans bonne gouvernance, a estimé le représentant.  Toutefois, a-t-il reconnu, sans des ressources suffisantes, les pays de la région ne pourront réaliser cet objectif.  C’est pourquoi, la communauté internationale doit poursuivre son soutien.  L’annulation ou la réduction de la dette est indispensable, a-t-il noté.  La délégation du Qatar a conclu son intervention en demandant à M. Fall d’indiquer les obstacles auxquels se heurterait la mise en œuvre du Pacte.


M. DUMISANI S. KUMALO (Afrique du Sud) a rendu hommage aux efforts fournis par le Représentant spécial avec l’Union africaine pour mettre sur pied la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs.  Il s’est félicité que le développement ait été reconnu comme un aspect politique préalable à la paix et à la sécurité dans cette région.  Il a estimé que cette région d’Afrique était à la veille d’instaurer une paix durable.  Selon lui, les tensions dans la région, même si elles existent encore, ont malgré tout diminué.  Il s’est ainsi réjoui des progrès enregistrés au Burundi, au Rwanda et en République démocratique du Congo (RDC).  La région des Grands Lacs a également connu un plus grand dialogue politique, a-t-il souligné, ajoutant que les activités de paix et de reconstruction après les conflits étaient évidentes.  Le Pacte sur la sécurité, la stabilité et le développement de la région est très important, car il crée, selon lui, un environnement positif pour assurer le développement durable.  Il a enfin rappelé, tout en s’en félicitant, que l’Afrique du Sud avait eu le privilège de participer au processus ayant abouti à la Conférence.


Répondant aux questions et commentaires formulés par les délégations, le Représentant spécial pour la région des Grands Lacs a fait un certain nombre d’observations en particulier au sujet de la gouvernance et de la démocratie.  Les questions de la mauvaise gouvernance et de l’absence de démocratie ont été évoquées dès le début du processus de paix, a-t-il noté, en soulignant que l’on estimait même qu’il s’agissait des causes principales des conflits affectant la région depuis une décennie.  Il a rappelé l’existence de divers protocoles dont ceux sur la bonne gouvernance et la démocratie, qui se concentrent sur le rôle capital de ces questions qui constituent les piliers du processus en cours avec les droits de l’homme et la lutte contre la corruption.


M. Fall a précisé que le Pacte sur la sécurité, la stabilité et le développement entrera en vigueur lorsque huit pays des 11 signataires l’auront ratifié.  Il a expliqué qu’il a fallu trouver un équilibre entre l’unanimité et le droit d’un pays à ne pas ratifier pour ne pas tout bloquer.  La coopération entre l’ONU et l’Union africaine est capitale, selon lui.  Cette coopération existe, a-t-il affirmé, faisant observer que c’est la première fois qu’un secrétariat conjoint est mis sur pied. 


Concernant les inquiétudes sur l’Ouganda, M. Fall a rappelé que le Président du Mozambique, Joaquim Chissano, se trouvait actuellement dans la région et qu’il viendrait faire un exposé devant le Conseil la semaine prochaine.  Il a évoqué aussi la réunion sur la présence d’armes légères dans la région, qui se tiendra prochainement à Brazzaville.  Il est important que l’ONU soit dotée des moyens nécessaires pour accompagner une stratégie tant aux niveaux institutionnel qu’opérationnel.  Il a souligné le rôle fondamental que joue le Groupe des Amis dans l’ensemble du processus.  Celui-ci a tenu une réunion il y a deux jours pour examiner la meilleure façon de soutenir le Secrétariat et Mme Mulamula.  L’Union européenne a aussi été active par le biais de son Représentant spécial pour la région des Grands Lacs.  S’agissant des ressources nécessaires, M. Fall a mentionné une « démarche symbolique »: toute la mise en œuvre représente deux millions de dollars, ce qui est certes considérable.  Mais, a-t-il fait remarquer, il est préférable de prévenir et reconstruire que d’être confronté à une nouvelle catastrophe.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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