SG/SM/10426-ECOSOC/6194

KOFI ANNAN INVITE LES PAYS DÉVELOPPÉS À DES MESURES ÉNERGIQUES DE LIBÉRALISATION

24 avril 2006
Secrétaire généralSG/SM/10426
ECOSOC/6194
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KOFI ANNAN INVITE LES PAYS DÉVELOPPÉS À DES MESURES ÉNERGIQUES DE LIBÉRALISATION


Vous trouverez ci-après, l’allocution prononcée aujourd’hui par le Secrétaire général de l’ONU, M. Kofi Annan, à la Réunion de haut niveau du Conseil économique et social avec les institutions de Bretton Woods, l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et le Président du Conseil du commerce et du développement de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED):


J’ai grand plaisir à vous accueillir ici pour cette importante réunion annuelle.


Permettez-moi tout d’abord de vous féliciter pour tout ce qui a été accompli depuis que nous nous sommes réunis pour la dernière fois en cette enceinte. 


Le Sommet mondial qui s’est tenu en septembre dernier a fait beaucoup avancer la cause du développement.  Il a abouti à l’adoption de mesures attendues depuis des années, notamment sur les plans de l’aide et de l’allégement de la dette.  Les dirigeants politiques du monde entier ont réaffirmé leur appui au partenariat mondial pour le développement issu du Consensus de Monterrey.  Et, concrètement, les États Membres se sont engagés à adopter, au plus tard à la fin de cette année, des stratégies nationales de développement visant à la réalisation des objectifs de développement adoptés sur le plan international, dont les objectifs du Millénaire.


Ces stratégies aideront à placer les OMD et les autres engagements pris à l’échelon international au cœur des politiques nationales.  Il faudra qu’elles s’appuient sur les stratégies nationales et plans de développement qui existent déjà, dont les stratégies axées sur les OMD et les documents de stratégie pour la réduction de la pauvreté.  Mais il faudra aussi, sans aucun doute, que certains de ces plans, dont les documents de stratégie pour la réduction de la pauvreté, évoluent considérablement pour donner un poids accru aux OMD.  Les stratégies doivent tendre vers des résultats mesurables.  Elles doivent reposer sur les choix les mieux adaptés à chaque situation.  Et surtout, elles doivent être fondées sur les besoins d’investissement véritables et indiquer de façon détaillée comment des ressources pourront être mobilisées, dans le pays et à l’extérieur, et comment elles seront réparties en vue de résultats optimaux.  Enfin, elles ne doivent en aucun cas compromettre la stabilité macroéconomique. 


Les organismes des Nations Unies sont prêts à aider les gouvernements à se doter des capacités dont ils ont besoin pour élaborer leurs propres stratégies.  J’engage vivement les institutions de Bretton Woods à faire équipe avec eux, ainsi qu’avec d’autres partenaires.


Je me félicite des progrès que nous avons accomplis, ces dernières années, dans la mobilisation de ressources en faveur du développement.  Il n’y a pas si longtemps, la part du revenu national brut que représentait l’aide publique au développement était en baisse.  Depuis 2001, l’APD a pratiquement doublé.  Et en proportion du revenu national brut, elle a été ramenée à un niveau qu’elle n’avait plus atteint depuis 1992.  Au cours de la même période, ou à peu près, le service de la dette des pays pauvres très endettés a diminué, et il devrait continuer à baisser maintenant que le FMI et la Banque ont adopté l’initiative multilatérale d’allégement de la dette proposée par le G-8.


Des progrès notables ont aussi été accomplis dans le domaine des modes novateurs de financement du développement.  Il y a quelques années, le sujet était pratiquement tabou.  Aujourd’hui, divers États Membres prennent des initiatives intéressantes, par exemple l’imposition d’une taxe sur les voyages aériens et un mécanisme de concentration de l’aide en début de programme pour les campagnes de vaccination des enfants. 


Mais nous ne sommes pas au bout de nos peines.  L’augmentation de l’APD est en grande partie concentrée dans le domaine de l’allégement de la dette et des secours d’urgence, ce qui veut dire que les fonds nécessaires à la mise en œuvre des stratégies de réalisation des OMD n’ont pas suffisamment augmenté. 


Par rapport à ce qui a été fait dans d’autres domaines, les progrès accomplis sur le plan des échanges commerciaux sont manifestement, et dangereusement, limités.  Au Sommet mondial, les dirigeants politiques se sont engagés à faire vite et, à la réunion ministérielle que l’OMC a tenue en décembre dernier, un calendrier ambitieux a été arrêté.  Il s’agit maintenant de donner effet à ces promesses. 


J’engage vivement les pays développés à adopter d’énergiques mesures de libéralisation pour que les négociations de Doha aboutissent.  Les pays en développement doivent pouvoir écouler leurs biens et services sur les marchés et les moins avancés d’entre eux doivent pouvoir le faire sans être soumis ni à des droits de douane, ni à des quotas.  Il est temps aussi de faire disparaître les subventions agricoles, qui faussent le jeu de la concurrence, en particulier pour les produits sensibles comme le coton.  Nous devons gérer au mieux les difficultés associées au réaménagement et à l’amenuisement des systèmes de préférences.  Beaucoup de pays auront besoin d’aide pour pouvoir tirer parti des possibilités qui existent déjà et continuent d’apparaître.  C’est pourquoi je salue l’initiative d’aide au commerce et espère qu’elle sera rapidement mise en œuvre, moyennant la mobilisation de tous les fonds nécessaires.


Ce ne sont là que quelques-unes des mesures judicieuses qui, tout en ouvrant des portes aux peuples du monde entier et en leur donnant la possibilité d’atteindre à la prospérité, permettraient à ceux qui sont pauvres et marginalisés, en particulier dans les pays les moins avancés, de s’arracher à la misère.  Mais je crains que les difficultés auxquelles se sont heurtées les négociations n’aient amené certains participants à envisager d’accepter que les négociations de Doha n’aient de « cycle du développement » que le nom.  Il faut l’éviter à tout prix.  Nous devons garder nos ambitions, entretenir la dynamique et faire preuve du courage politique nécessaire pour que les négociations aboutissent avant la fin de l’année.


Enfin, je me félicite des mesures que le FMI a prises ce week-end en vue d’examiner la question d’une participation accrue des pays en développement à ses processus décisionnels.  J’exhorte le Fonds à profiter de la réunion qu’il tiendra à Singapour en septembre pour donner au monde en développement une réelle voix au chapitre.  C’est une question de principe aussi bien que d’efficacité.  J’espère aussi que d’autres organismes intergouvernementaux, et le Conseil de sécurité en premier, suivront le mouvement en se donnant une composition et des procédures plus représentatives des réalités d’aujourd’hui.


2015 viendra plus vite que nous ne le pensons.  Ce que nous avons à faire au cours des quelque 10 prochaines années est bien clair.  Ne décevons pas les millions de personnes qui attendent de nous, et de nos organisations, que nous les aidions à se donner une vie meilleure, pour eux-mêmes et pour les générations à venir.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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