SG/SM/10346

IL FAUT QUE « LES VOIX DE LA COMPRÉHENSION ET DE L’ACCEPTATION DE LA DIVERSITÉ S’ÉLÈVENT AVEC FORCE », DIT KOFI ANNAN DANS UN MESSAGE ADRESSÉ À LA CONFÉRENCE DE KUALA LUMPUR

14/02/2006
Secrétaire généralSG/SM/10346
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IL FAUT QUE « LES VOIX DE LA COMPRÉHENSION ET DE L’ACCEPTATION DE LA DIVERSITÉ S’ÉLÈVENT AVEC FORCE », DIT KOFI ANNAN DANS UN MESSAGE ADRESSÉ À LA CONFÉRENCE DE KUALA LUMPUR


On trouvera ci-après le texte du message adressé par le Secrétaire général de l’ONU, M. Kofi Annan, à la conférence qui s’est tenue à Kuala Lumpur sur le thème « Qui parle au nom de l’Islam?  Qui parle au nom de l’Occident? », message dont S. Iqbal Riza, Conseiller spécial du Secrétaire général sur l’Alliance des civilisations, a donné lecture le 10 février:


Permettez-moi de saluer chaleureusement les participants à cette conférence internationale sur l’Islam et l’Occident.


Nous sommes tous conscients que nous assistons actuellement à une montée en flèche de l’intolérance, de l’extrémisme et de la violence, qui sont autant de sources de tensions alarmantes entre l’Occident et le monde musulman.  Ces phénomènes ont exacerbé les malentendus entre, d’une part, les héritiers de la tradition islamique et, de l’autre, ceux des traditions judéo-chrétienne ou laïque.  Le dialogue essentiel entre les cultures et entre les civilisations risque actuellement de se trouver réduit à un âpre échange entre les extrémistes, dans lequel chaque camp, présumant que le point de vue extrémiste exprime l’opinion globale du camp adverse, laisserait ses propres extrémistes répondre sur le même ton hostile.


La tendance extrémiste qui consiste à diviser l’humanité en deux catégories ou groupes parfaitement étanches et à considérer en traître quiconque tente de franchir la frontière entre les deux camps est l’un des plus graves dangers auxquels nous ayons aujourd’hui à faire face.  Les musulmans ont peut-être été les plus durement touchés par cette dérive, mais ils n’en ont pas été les seules victimes.  Les slogans extrémistes ont pris de l’ampleur en Orient comme en Occident, ouvrant la voie aux idées fausses et menaçant la paix et la sécurité dans le monde entier.


Or jamais une voix unique ne peut affirmer qu’elle représente l’ensemble d’une religion ou d’une civilisation, pas plus qu’une seule personne, un seul groupe ou un seul gouvernement ne peut prétendre parler au nom du monde musulman ou de l’Occident.  C’est à chacun d’entre nous d’exprimer son point de vue et ses valeurs.


Voilà pourquoi le thème de votre conférence est si pertinent et si opportun.  Il est temps que les voix de la compréhension et de l’acceptation de la diversité s’élèvent avec force.  Nous devons tous prendre la parole plutôt que de laisser les autres parler en notre nom ou de présumer que les extrémistes ont le pouvoir ou l’autorité voulus pour représenter des sociétés entières.


Qui parle en notre nom dans le dialogue actuel?  Cette question en entraîne une seconde, tout aussi importante: qui choisissons-nous d’écouter? Incontestablement, on reconnaît le véritable dialogue non seulement au ton constructif et respectueux des paroles prononcées, mais aussi à la manière dont ces paroles sont reçues.


Nous ne pouvons pas insister sur le ton civilisé du discours sans accorder une attention soutenue à ce qui est dit.  L’histoire nous montre que si elles sont ignorées, les doléances exprimées de manière pacifique vont refaire surface avec de plus en plus de force et de violence.


Lorsque nous nous demandons qui parle au nom de l’Occident et qui parle au nom de l’Islam, nous devons aussi nous demander si nous écoutons.  Un discours civilisé qui ne réussit pas à satisfaire les revendications de longue date va finir par aliéner les plus mécontents d’entre nous et par inciter certaines personnes à mettre en doute la pertinence même de la courtoisie.  Ce serait ouvrir la voie aux rancœurs décuplées et à des violences renouvelées.


Le défi à relever est collectif et double.  En premier lieu, nous devons insuffler force et courage aux voix de la tolérance et de la compréhension qui participent à ce dialogue.  En second lieu, nous devons favoriser une plus grande réceptivité aux paroles prononcées par ces voix et une volonté accrue de donner suite à ces paroles.


Les personnes que vous avez rassemblées pour cette conférence semblent réunir les qualités qu’exige un tel dialogue.  La diversité de vos expériences et de vos horizons devrait vous permettre d’apporter une contribution importante à l’Alliance des civilisations, initiative que j’ai lancée l’an dernier sous l’impulsion des Premiers Ministres d’Espagne et de Turquie.  L’Alliance se veut une réponse au besoin d’un effort concerté, au sein de la communauté internationale (autant dans sa dimension intergouvernementale que dans la société civile), de combler les fossés et d’éliminer les préjugés, les idées fausses et les polarisations qui pourraient compromettre la paix mondiale.  Les rencontres comme celle-ci sont essentielles pour la réussite de l’Alliance, objectif plus urgent que jamais, du fait des événements inquiétants des dernières semaines.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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