ECOSOC/6226

LE CONSEIL ÉCONOMIQUE ET SOCIAL DEMANDE AUX NATIONS UNIES DE REDOUBLER D'EFFORTS POUR ÉLIMINER LA PAUVRETÉ ET LA FAIM

17/07/2006
Conseil économqiue et socialECOSOC/6226
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Conseil économique et social

Session de fond de 2006 – après-midi


LE CONSEIL ÉCONOMIQUE ET SOCIAL DEMANDE AUX NATIONS UNIES DE REDOUBLER D'EFFORTS POUR ÉLIMINER LA PAUVRETÉ ET LA FAIM


Il poursuit son débat consacré aux affaires humanitaires


(Publié tel que reçu)


GENÈVE, 17 juillet (Service d’information des Nations Unies) -- Le Conseil économique et social a adopté, cet après-midi, une résolution sur la croissance économique durable pour le développement social, notamment l'élimination de la pauvreté et de la faim, clôturant ainsi son débat consacré aux questions de coordination.  Il a par ailleurs poursuivi son débat général consacré aux affaires humanitaires. 


Aux termes de la résolution adoptée cette après-midi, le Conseil invite instamment les organismes des Nations Unies à aider davantage les pays en voie de développement à réaliser les objectifs de développement convenus au niveau international et à redoubler d'efforts pour éliminer la pauvreté et la faim au moyen d'approches globales et multidimensionnelles. 


Poursuivant par ailleurs sa discussion générale sur l'assistance économique spéciale, l'aide humanitaire et les secours en cas de catastrophe, le Conseil a entendu les représentants de plusieurs pays et organisations internationales qui ont notamment relevé l'augmentation, depuis une décennie, du nombre des catastrophes naturelles.  Dans ce contexte, la nécessité d'intensifier l'aide internationale tant au niveau du financement que de l'aide technique a été soulignée.  Il a aussi été rappelé que toute action humanitaire, orientée avant tout vers les populations, doit tenir pleinement compte des besoins de développement exprimés par les États et de la nécessité de renforcer les capacités des collectivités locales, en particulier dans les domaines de la préparation et de la réaction face aux catastrophes. 


Au plan international, il convient d'assurer une meilleure coordination des activités de développement des États, des institutions des Nations Unies et des acteurs de la société civile.  Nombre d'intervenants se sont félicités de l'introduction, au sein des Nations Unies, du système de direction groupée, ainsi que de l'instauration du Fonds central de réponse d'urgence; il s'agit là de mesures utiles pour le renforcement de l'action de la communauté humanitaire en faveur des populations touchées et pour combler les lacunes de financement lors des crises graves. 


Les représentants des États suivants ont fait des déclarations: Suisse, Colombie, Indonésie, Bangladesh, République de Corée, Sri Lanka, Inde, Mexique, Salvador, Guinée, Cuba, Argentine, Iran, Équateur, Azerbaïdjan, Pérou, Venezuela et Bélarus.  Des représentants du Programme des Nations Unies pour le développement, de l'Organisation internationale des migrations, du Programme alimentaire mondial, du Fonds des Nations Unies pour l'enfance et du Fonds des Nations Unies pour la population sont également intervenus. 


En début de séance, le Conseil a également adopté une décision visant à reporter la finalisation du programme de travail pluriannuel pour le débat consacré aux questions de coordination lors d'une reprise de session qui se tiendra après l'adoption d'une résolution de l'Assemblée générale sur la réforme du Conseil.  Par ailleurs, M. Carlos Ruiz, du Mexique, a été nommé facilitateur du rôle de l'ECOSOC concernant l'application intégrée et coordonnée du suivi des décisions prises lors des grandes conférences et sommets des Nations Unies. 


Le Conseil économique et social tiendra demain matin, à 10 heures, une réunion-débat sur les situations d'urgence chroniquement sous-financées, animée par M. Jan Egeland, Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d'urgence.  Le Conseil se prononcera par la suite sur un projet de résolution sur le renforcement de la coordination de l'aide humanitaire d'urgence fournie par l'Organisation des Nations Unies (E/2006/L.13). 



Adoption d'une résolution et d'une décision dans le cadre du débat consacré aux questions de coordination


Par une résolution sur la croissance économique durable pour le développement social, notamment l'élimination de la pauvreté et de la faim (E/2006/L.14), adoptée sans vote, le Conseil économique et social invite instamment les organismes des Nations Unies à aider davantage les pays en voie de développement, sur leur demande, à réaliser les objectifs de développement convenus au niveau international, y compris les Objectifs du Millénaire pour le développement, et à redoubler d'efforts pour éliminer la pauvreté et la faim au moyen d'approches globales et multidimensionnelles.  Le Conseil invite les commissions régionales à contribuer encore, en coopération avec les autres entités du système des Nations Unies, les organisations régionales et autres mécanismes régionaux à la mise en œuvre et à l'examen de la suite donnée aux textes issus des grandes conférences et réunions organisées par les Nations Unies dans les domaines économique et social et dans les domaines connexes.  Le Conseil prie également le Secrétaire général d'encourager les organes des Nations Unies pour la coordination à revoir les approches qu'ils suivent actuellement en matière de croissance économique et de développement social, afin de faciliter la réalisation des objectifs de développement fixés par la communauté internationale, notamment les Objectifs du Millénaire pour le développement. 


Le Conseil a par ailleurs adopté une décision, proposée par le Président, par laquelle il décide de reporter à une reprise de session la finalisation du programme de travail pluriannuel pour le débat consacré aux questions de coordination.  Il prend note du rapport du Secrétaire général sur la croissance économique durable pour le développement social, notamment l'élimination de la pauvreté et de la faim (Document E/2006/56).  (Le Président a expliqué que les consultations sur le programme de travail pluriannuel avaient été suspendues dans l'attente de l'adoption par l'Assemblée générale d'une résolution sur la réforme de l'ECOSOC). 


Fin de la discussion générale sur l'assistance économique spéciale, l'aide humanitaire et les secours en cas de catastrophe


M. TONI FRISCH (Suisse) a rappelé que son pays promeut l'idée d'une meilleure répartition du travail humanitaire entre l'ECOSOC et l'Assemblée générale: l'ECOSOC pourrait ainsi se consacrer aux volets stratégique et opérationnel de l'action en cas de catastrophe.  La Suisse favorise la mise en place de relations fonctionnelles entre les différentes composantes du système humanitaire, sans pour autant viser à établir un système unique sous la houlette du Coordinateur des secours d'urgence des Nations Unies.  La Suisse plaide en faveur d'une approche fondée sur la complémentarité entre composantes du système humanitaire (ONU, mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant Rouge, ONG).  La Suisse souhaite aussi que le « clusters leadership approach  » [système de la direction groupée] soit mis en œuvre avec précaution, dans un nombre limité de contextes, et que son impact soit évalué de manière transparente et participative.  La Suisse appelle le Secrétaire général à engager des efforts renouvelés pour renforcer durablement la fonction essentielle de coordonnateur humanitaire des Nations Unies, afin de garantir la qualité et l'efficacité de l'aide humanitaire internationale.  La systématisation et la professionnalisation du recrutement et la formation, ainsi que le suivi des parcours professionnels des coordonnateurs humanitaires font partie des priorités d'action décisives pour le succès du processus de réforme opérationnel des Nations Unies. 


Le représentant suisse a par ailleurs réaffirmé qu'il incombe aux autorités nationales, si elles sont en mesure de le faire, d'assurer la protection des personnes en détresse se trouvant sur leur territoire.  L'accès aux populations des pays ne participant pas aux hostilités doit être assuré sans restriction aux organisations humanitaires respectueuses des principes humanitaires, a-t-il rappelé.  M. Frisch a en outre insisté sur l'urgente nécessité de renforcer les capacités locales de réponse aux situations d'urgence, ainsi que de mieux préparer les personnes les plus vulnérables aux risques majeurs.  Le représentant de la Suisse a souhaité que les questions relatives au relèvement et à la transition soient formellement approfondies dans le cadre d'autres débats segments de fond de l'ECOSOC, afin de bénéficier de synergies renforcées entre les États membres, le Secrétariat, les organisations du système des Nations Unies et d'autres parties prenantes. 


MME CLEMENCIA FORERO UCROS (Colombie) a relevé l'importance de tenir compte de l'assentiment des pays recevant l'aide humanitaire de la communauté internationale.  Elle a attiré l'attention sur les mécanismes mis en place en Colombie, dans le cadre d'un plan national, afin d'assurer la protection des populations menacées par les groupes terroristes hors-la-loi.  Elle a notamment rappelé les mesures prises afin de protéger les populations déplacées.  Elle a ajouté que la société civile était associée à ces mesures de protection.  Mme Forero Ucros a souligné que le principal défi de la mise en œuvre de l'aide aux populations déplacées se situait, pour la Colombie, au niveau du renforcement des systèmes d'information.  La représentante de la Colombie a exprimé la reconnaissance de son pays pour l'aide internationale reçue suite aux récentes catastrophes naturelles. 


M. H. YUDHISTIRANTO (Indonésie) a déclaré que le renforcement de la coordination à tous les niveaux doit permettre d'améliorer les secours apportés dans les situations de crise.  Les rapports analysant les secours prodigués après le raz-de-marée en Asie du Sud apportent des réponses intéressantes aux nombreux problèmes et questions qui restent en suspens dans ce domaine.  Il importe dans tous les cas de renforcer la cohérence de la réaction et de trouver des manières d'exploiter les ressources disponibles le plus rationnellement possible.  La lacune principale qui affecte l'organisation des secours reste l'imprévisibilité des ressources affectées aux secours.  L'Indonésie se félicite donc de l'instauration du Fonds central de réponse d'urgence, dont il doit être fait usage conformément aux principes de neutralité et l'impartialité.  La mise à disposition des capacités et ressources permettant de faire face à l'urgence humanitaire et à la reconstruction subséquente est un problème qui doit être traité de toute urgence, a affirmé le représentant indonésien.  Il convient à cet égard de renforcer les capacités locales et de tenir pleinement compte des impératifs de développement nationaux.  De cette manière, il sera possible de promouvoir, suite à une catastrophe, une reconstruction véritablement durable.  Le représentant indonésien a présenté une série de mesures prises par son pays en matière de lutte contre la corruption, ainsi qu'en matière de réduction des vulnérabilités des populations -autant d'efforts qui doivent être soutenus par la communauté internationale.  Il a enfin évoqué le très récent séisme qui s'est manifesté au large de l'archipel, indiquant que les autorités de son pays restent très attentives à ses développements. 


M. IFTEKHAR AHMED CHOWDHURY (Bangladesh) a rappelé que son pays était particulièrement vulnérable aux catastrophes naturelles.  Il a noté que si les catastrophes naturelles ont toujours existé et toujours constitué un défi, elles se caractérisent, aujourd'hui, par leur diversité.  La spécificité de l'époque actuelle réside, par ailleurs, dans le fait que les souffrances de certains sont devenues, aujourd'hui, la responsabilité de tous, a-t-il affirmé.  Il a, finalement, salué la volonté, établie au travers du Fonds central de réponse d'urgence, de parvenir à une assistance humanitaire plus efficace et répondant mieux aux besoins.  À cet égard, un accent plus important doit être placé sur l'équité dans la distribution de l'aide, a-t-il recommandé. 


M. KIM IL-HOON (République de Corée) a salué les efforts réalisés dans le cadre de la réforme des activités humanitaires des Nations Unies.  Il a insisté sur la nécessité de renforcer la coordination de l'assistance humanitaire, afin de pouvoir agir de manière plus rapide et efficace.  Dans cette perspective, il a notamment recommandé que chacun des États parties entretienne et développe ses relations avec ses voisins, de même qu'avec les diverses composantes de la société civile, afin de se préparer au mieux à réagir de manière coordonnée en cas de crise humanitaire.  Il a aussi suggéré que les pays susceptibles d'être victimes de catastrophes humanitaires développent leurs capacités de réaction en investissant dans le domaine de l'éducation, de la formation et de la planification préventive, sachant qu'il serait souhaitable qu'ils soient aidés en cela par les pays fournissant l'aide.  Outre ces recommandations, le représentant de la République de Corée a encore souligné la nécessité d'assurer l'accès de l'aide à tous, conformément à l'esprit humanitaire et aux principes du droit humanitaire international. 


M. DAYARATNA SILVA (Sri Lanka) a notamment déclaré que son pays, particulièrement atteint par le raz-de-marée de décembre 2004, est très sensible aux efforts développés par les Nations Unies pour rationaliser la gestion des secours.  Un rapport préparé conjointement avec les donateurs et publié en 2005 permet de tirer des conclusions intéressantes sur l'action humanitaire engagée après le raz-de-marée.  Ainsi, relève-t-on qu'il a été tenu compte des besoins particuliers des zones les plus touchées et des objectifs nationaux de réduction de la pauvreté.  La coordination des secours a, par contre, été un vrai défi, ce problème a aussi été relevé dans le rapport du Secrétaire général.  Ont en effet été relevés des chevauchements importants dans les tâches accomplies, un gaspillage de ressources que l'on pourrait éviter en utilisant les ressources -humaines et autres- de manière mieux coordonnée.  La gestion des catastrophes est devenue une priorité pour le Sri Lanka, qui s'est ainsi intégrée à un effort régional dans le domaine des systèmes d'alerte précoce.  Le Bureau de coordination des affaires humanitaires devrait édicter des directives internationales à l'intention des acteurs de l'aide humanitaire en cas de catastrophe, a estimé le représentant.  Les interventions internationales devraient s'inscrire dans la perspective du renforcement des capacités locales, a-t-il poursuivi. 


MME RUCHI GHANASHYAM (Inde) a fait observer que les récentes catastrophes naturelles ont démontré les limites de la coordination de l'aide d'urgence internationale.  Elle a souligné que ces événements ont toutefois conduit à une réflexion constructive sur les leçons qui peuvent être tirées afin d'améliorer la coordination de l'aide -réflexion qui a servi de base à la mise en place du Fonds central de réponse d'urgence.  Se référant à la recommandation adressée aux États de renforcer leurs capacités locales et régionales, elle a informé le Conseil que l'Inde a pour sa part préconisé un certain nombre de mesures allant dans ce sens.  Parmi celles-ci figure la nécessité d'une approche globale de la gestion de l'aide en cas de catastrophe qui tienne mieux compte de la prévention et du rôle que peuvent jouer les organisations non gouvernementales locales dans le contexte d'après catastrophe. 


M. PABLO MACEDO RIBA (Mexique) a souligné que l'année 2005 resterait dans les mémoires comme l'une des plus destructrices, en Asie, en Afrique et dans les Amériques.  Il apparaît clairement qu'une bonne partie des décès causés par ces phénomènes pouvait être évitée.  L'action dans ce domaine doit porter notamment sur l'acquisition d'une véritable culture de sécurité par les populations à risque.  De son côté, la communauté internationale doit appuyer les efforts de redressement des pays touchés dans le respect de leurs priorités de développement nationales.  Il faut adopter une perspective intégrée aux efforts de transition entre secours d'urgence et objectifs de reconstruction durable, a dit M. Macedo, faisant observer qu'il faudrait mieux coordonner l'action des Nations Unies et des acteurs de la société civile engagés dans l'action humanitaire en cas de catastrophes.  Le Mexique a participé pleinement aux efforts de rationalisation de l'action humanitaire des Nations Unies.  Il a ainsi contribué à l'instauration du Fonds central de réponse d'urgence (CERF) destiné à soutenir les États confrontés à une situation de crise.  Les ressources consacrées à l'aide d'urgence ne doivent pas dépendre de considérations politiques, a rappelé le représentant mexicain; elles doivent répondre à des principes strictement humanitaires.  Le Mexique constate par ailleurs avec inquiétude que les restrictions d'accès aux populations lors des catastrophes continuent à entraver le secours efficace aux populations civiles. 


M. BYRON FERNANDO LARIOS LOPEZ (El Salvador) a rappelé que son pays a pu réduire considérablement le nombre de victimes de la tempête tropicale Stan -qui a coïncidé avec une éruption volcanique- grâce à une intervention efficace du système de protection civile national.  La bonne coordination internationale de l'aide humanitaire a permis, quant à elle, de prendre rapidement la mesure des dommages qui ont essentiellement concerné les secteurs du logement et de l'agriculture.  Le représentant salvadorien a rendu hommage aux organisations non gouvernementales et au secteur privé qui ont assisté le Gouvernement dans sa réponse à la catastrophe.  Se référant à un rapport qui affirme qu'El Salvador ne dispose pas d'un mécanisme de suivi de l'aide, il a indiqué que son pays disposait en revanche d'un registre de l'aide humanitaire reçue.  Se référant au rapport Sachs, qui met en évidence la vulnérabilité des pays d'Amérique centrale, il a exprimé le souhait que les Nations Unies apportent à ces pays un soutien pour la mise en place de systèmes de gestion de l'information susceptibles d'aider à la prise de décision en cas de catastrophe.  Il a aussi plaidé pour un soutien de la communauté internationale afin de pallier les problèmes sociaux consécutifs à la catastrophe.  Finalement, il a souhaité qu'il soit mieux tenu compte des contextes et environnements spécifiques dans lesquels l'aide internationale est dispensée. 


M. BOUBACAR DIALLO (Guinée) a fait observer que les conséquences des catastrophes naturelles sont sensiblement identiques quels que soient les pays touchés, notamment en termes de perte de logement ou de problèmes d'alimentation.  Dans le cadre du renforcement de la viabilité des populations locales, la Guinée approuve les mesures visant à impliquer les collectivités locales concernées dans les décisions de reconstruction et d'affectation des ressources.  Les évaluations faites après le raz-de-marée de décembre 2004 sont utiles et doivent être diffusées à grande échelle aux instances chargées de secours.  La Guinée est aussi favorable à l'octroi de microcrédits en tant que moyen de renforcer l'autonomie des collectivités locales.  Il convient par ailleurs de renforcer les liens entre institutions chargées de l'alerte précoce et celles chargées de l'organisation de l'aide.  La Guinée estime que les États sont responsables au premier chef de l'organisation des secours; c'est pourquoi les organisations non gouvernementales doivent tenir compte des exigences nationales dans le déploiement de leurs activités.  Le représentant de la Guinée a par ailleurs rappelé que son pays continuait à être confronté aux conséquences humanitaires des conflits qui ravagent l'ouest de l'Afrique et a lancé un appel à un renforcement de l'aide internationale à son pays. 


M. JORGE FERRER (Cuba) a déclaré que la communauté internationale est confrontée à une augmentation de la fréquence des catastrophes naturelles, qui est une conséquence des politiques industrielles des pays du Nord néfastes pour l'environnement.  Cuba partage, depuis très longtemps, son expérience et ses moyens pour atténuer les effets de ces catastrophes.  Elle entretient ainsi des collaborations médicales avec plusieurs pays d'Amérique latine et a créé une école de médecine à l'intention de ces pays, ainsi que d'autres pays du Tiers-Monde.  Les catastrophes ont des conséquences particulièrement graves pour ces pays, a poursuivi le représentant cubain; mais l'aide qui leur est accordée est souvent soumise à des conditions politiques qui en atténuent la portée, a-t-il déploré.  Dans un système international unipolaire, Cuba souhaite notamment réaffirmer le principe d'impartialité qui doit présider à la fourniture de l'aide internationale.  Cuba dénonce en particulier les programmes d'ingérence humanitaire qui ne visent qu'à empiéter sur la souveraineté et l'intégrité territoriale des États. 


MME ALICIA DE HOZ (Argentine) a notamment insisté sur l'importance que revêtent, dans le contexte de l'aide humanitaire, le respect des besoins des populations victimes, une bonne coordination de l'aide et le respect du principe de la priorité accordée aux victimes.  Elle a également insisté sur la nécessité de prendre des mesures préventives, afin de pallier aux catastrophes naturelles.  Elle a en outre attiré l'attention sur l'urgence qu'il y a à procéder à une planification de la réduction des risques, aux niveaux régional et national.  Elle a par ailleurs mis en exergue l'importance du développement des capacités locales.  Elle a enfin exprimé son espoir que le système de modules ("clusters") récemment mis en place par les Nations Unies permettra d'améliorer l'efficacité du travail humanitaire. 


M. JAVAD AMIN MANSOUR (Iran) a souligné que l'action d'urgence en cas de catastrophe et les efforts de reconstruction relèvent avant tout de la responsabilité des États, qui doivent aussi veiller à la protection des populations civiles et la prévention de toute violence à leur encontre, en particulier vis-à-vis des femmes et des enfants.  Les gouvernements doivent opérer les préparatifs appropriés en renforçant les capacités locales et en veillant à créer des conditions propices à l'action de la société civile.  L'aide internationale est déterminante pour appuyer l'action des États.  L'Iran estime que la « méthode des groupes » est positive.  Les principes d'impartialité, de neutralité et d'humanité doivent s'appliquer dans tous les cas et être pleinement respectés, a poursuivi le représentant iranien.  L'action de la communauté internationale est indispensable pour aider certains États à faire face aux conséquences des catastrophes.  Les Nations Unies ont déjà accompli une tâche importante pour aider les gouvernements à faire face à ces conditions difficiles.  Cependant, il reste beaucoup à accomplir en matière de coordination de l'aide internationale entre tous les partenaires concernés, ainsi qu'en matière d'évaluation des besoins, d'augmentation des financements, de renforcement des transferts de technologie et de préparation et de développement à long terme.  À cet égard, l'Iran se félicite de l'instauration du Fonds central de réponse d'urgence et espère qu'il contribuera à maximiser l'efficacité du rôle des Nations Unies. 


M. ARTURO CABRERA HIDALGO (Équateur) a insisté sur la nécessité d'accorder une priorité au renforcement du système d'aide en cas de catastrophe des Nations Unies.  Il a rappelé que son pays fait partie des pays donateurs au fonds destiné à l'aide en cas de catastrophe.  Il a regretté que cet enjeu n'ait pas sa place à l'ECOSOC et souhaité qu'il soit remédié à cette lacune. 


M. ELCHIN AMIRBAYOV (Azerbaïdjan) a déclaré qu'il convenait de renforcer les capacités locales de préparation et de réaction aux catastrophes naturelles.  Il faut aussi créer des conditions propices à l'action des organisations de la société civile et prendre toutes les mesures nécessaires pour stabiliser les fonds destinés à l'aide humanitaire d'urgence.  Le renforcement de la coordination est indispensable à l'amélioration de l'efficacité de l'aide aux populations victimes, a poursuivi le représentant.  Il s'est aussi félicité de la création du Fonds central de réponse d'urgence.  Le représentant azerbaïdjanais a mis en évidence le problème des personnes déplacées dans son pays, qui s'est aggravé et qui mériterait une action renforcée de la communauté internationale. 


M. JOSE ANTONIO DOIG (Pérou), après avoir relevé le grand nombre de catastrophes que le monde a enregistrées en 2005, a constaté que les pays en voie de développement sont particulièrement et chroniquement confrontés à une série de pertes humaines et matérielles qui les dispose mal à la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement.  Des financements stables doivent donc être dégagés pour faire face aux nouvelles urgences prévisibles, a poursuivi le représentant péruvien.  Le Pérou se félicite dans ce contexte des efforts de rationalisation de l'aide, le but ultime devant être le renforcement des capacités des collectivités locales dans le respect non seulement des exigences des États mais encore des principes d'impartialité et de neutralité qui doivent présider à l'octroi de l'aide internationale. 


M. LUIS NIÑO (Venezuela) a déclaré que pour son pays, l'aide humanitaire en cas de catastrophe relève d'un devoir de solidarité.  C'est pourquoi le Venezuela a lancé un programme national d'aide technique à la prévention des catastrophes, dont bénéficient plusieurs pays d'Amérique latine et centrale, tous victimes des cyclones qui ont frappé la région depuis 2004.  Cette aide concernait aussi bien l'action urgente que la reconstruction subséquente.  Le représentant a réaffirmé la pertinence des principes fondamentaux de l'aide humanitaire et la nécessité de renforcer l'action des Nations Unies dans le domaine humanitaire.  Il a fait valoir que le mode de production des pays industrialisés est à l'origine d'une aggravation des effets des catastrophes dont souffrent en premier lieu les pays en voie de développement. 


M. A.L. MOLTCHAN (Bélarus) a relevé que, dans un contexte marqué par une recrudescence des catastrophes, le Bureau de coordination des affaires humanitaires prenait des mesures adéquates et efficaces dont les résultats se faisaient déjà sentir.  Il a rappelé que son pays a commencé à participer de manière régulière, en tant que bailleur de fonds, aux opérations humanitaires, notamment celles qui se sont déroulées récemment en Asie.  Il a appelé à une coordination entre tous ceux qui participent au processus de l'aide humanitaire, de manière à parvenir à une centralisation des ressources financières et à assurer ainsi une distribution rationnelle de l'aide et une meilleure planification des missions à long terme, en évitant toute politisation des processus.  Le représentant du Bélarus a exprimé son adhésion aux propositions de la Russie concernant, notamment, la coordination avec le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés et l'utilisation des forces militaires dans le cadre des opérations de secours. 


M. LUCA DALL'OGLIO (Organisation internationale des migrations, OIM) a indiqué que son organisation s'occupait avant tout d'organiser la réintégration et le retour des populations déplacées après une catastrophe humanitaire.  L'OIM veille aussi à la fourniture d'abris de secours.  L'adoption de la méthode des groupes (clusters) et d'un Fonds central de réponse d'urgence constitue deux mesures utiles pour un renforcement de l'action de la communauté humanitaire, a affirmé le représentant.  Il s'est félicité que ces réformes contribuent à souder l'action internationale en faveur des populations touchées et à combler les lacunes de financement lors des crises graves. 


MME KATHLEEN CRAVERO (Programme des Nations Unies pour le développement, PNUD) s'est félicitée de l'accent mis par l'ECOSOC sur la capacité de l'aide humanitaire à sauver des vies, mais aussi à enrayer les cycles de vulnérabilité et de risque.  Les crises majeures, dont le monde a récemment été témoin en Asie, ont démontré la nécessité de développer une approche globale de l'aide humanitaire, a-t-elle souligné.  En tant qu'organisation œuvrant à long terme, le PNUD approuve pleinement l'idée de mettre l'accent sur la participation locale, afin d'assurer la consolidation des processus de paix ou de réhabilitation.  Mme Ravero a rappelé que le PNUD participe pleinement au processus de réforme engagé par les Nations Unies, notamment en ce qui concerne l'effort de relèvement après une crise, effort qui doit suivre directement l'arrivée de l'aide d'urgence.  Elle a exprimé le souci du PNUD s'agissant des difficultés de financement de certains domaines, notamment ceux de la réduction des risques et de la prévention.  Elle a aussi relevé l'attachement du PNUD à la lutte contre la violence sexiste, qui constitue une entrave au développement et qui est sans doute, dans la liste des violations des droits de l'homme, la plus généralisée, la plus tolérée et la plus oubliée. 


M. ALLAN JURY (Programme alimentaire mondial, PAM) s'est dit favorable au renforcement de l'action humanitaire des Nations Unies.  Dans ses efforts pour améliorer le sort des populations, le PAM collabore avec d'autres institutions des Nations Unies, avec la Croix-Rouge, ainsi qu'avec la société civile.  En matière de financement, le PAM réitère son appel aux donateurs en faveur de fonds flexibles et stables, ce qui permettra de garantir des distributions d'aliments en toutes circonstances.  Il faut, à cet égard, simplifier les procédures du Fonds central de réponse d'urgence, afin que les subventions puissent être accordées dans un délai largement inférieur aux 12 mois qui sont actuellement la norme.  Par ailleurs, le PAM estime que les acteurs internationaux devraient participer au renforcement des capacités opérationnelles locales et gouvernementales, comme le fait le PAM en Afghanistan par exemple.  Les partenariats avec les organisations non gouvernementales locales sont une autre forme du renforcement des capacités locales, tout comme les mesures de soutien aux marchés locaux par les achats directs. 


MME SIRI TELLIER (Fonds des Nations Unies pour la population, FNUAP) a rappelé que son organisation travaille depuis des décennies à former les populations dans les domaines de la santé génésique et de la prévention des violences sexistes.  Les évaluations conduites lors de crises récentes ont joué un rôle décisif pour améliorer l'action du FNUAP, a-t-elle souligné.  Certaines questions -VIH/sida, lutte contre la discrimination sexuelle, entre autres- ne sont pas encore bien intégrées aux politiques d'action actuelles, a-t-elle poursuivi.  En particulier, le besoin de protection des femmes et des filles exige que soient prises des mesures plus précises en matière de définition des besoins.  Le FNUAP a récemment organisé un séminaire international sur le phénomène des violences à caractère sexiste, en présence de nombreux intervenants de tous les continents, a rappelé la représentante.  Des mesures y ont été préconisées pour assurer la protection des femmes et pour lutter contre l'impunité dont bénéficient encore les auteurs de violences contre les femmes, entre autres. 


M. DANIEL TOOLE (Fonds des Nations Unies pour l'enfance, UNICEF) a réitéré l'importance de protéger les populations, notamment les femmes et les enfants.  Il a fait valoir les efforts déployés par l'UNICEF dans le domaine de l'amélioration de l'aide humanitaire et préconisé un renforcement des capacités nationales.  Il a également évoqué les mesures prises par le Fonds en partenariat avec plusieurs États, notamment européens, pour renforcer l'état de préparation et la réaction face aux catastrophes.  Le représentant a aussi dit que l'accès à l'aide humanitaire et la sécurité du personnel humanitaire constituent des défis importants pour tous les acteurs de l'aide humanitaire.  La violence sexiste, qui est souvent considérée comme une arme pendant les conflits, est une menace, en particulier pour les filles, a souligné le représentant. 


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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