ECOSOC/6211

L'ECOSOC ENTEND DES MINISTRES DU NIGÉRIA, DE LA NAMIBIE, D'HAÏTI ET DU KENYA DANS LE CADRE DE SON DÉBAT DE HAUT NIVEAU

5 juillet 2006
Conseil économique et socialECOSOC/6211
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Conseil économique et social

Session de fond de 2006 - matin


L'ECOSOC ENTEND DES MINISTRES DU NIGÉRIA, DE LA NAMIBIE, D'HAÏTI ET DU KENYA DANS LE CADRE DE SON DÉBAT DE HAUT NIVEAU


(Publié tel que reçu)


GENÈVE, 5 juillet (Service d’information des Nations Unies) -- Le Conseil économique et social, qui termine aujourd'hui son débat de haut niveau, a entendu ce matin les Ministres du travail du Nigéria et de la Namibie, ainsi que le Ministre de la planification et de la coopération externe d'Haïti et la Ministre assistante au Ministère du travail et de la mise en valeur des ressources humaines du Kenya.  Sont également intervenus les représentants des États-Unis, de la Croatie, de l'Islande, de l'Australie, de la France, du Brésil et de l'Indonésie, ainsi que le Commissaire européen à l'emploi, aux affaires sociales et à l'égalité des chances.  Les représentants de l'Association internationale des Conseils économiques et sociaux et institutions similaires et de l'association Ius Primi Viri se sont également exprimés.


La croissance et le développement durable ne doivent pas se faire au détriment d'un travail digne pour tous, a notamment souligné le Ministre du travail du Nigéria.  La Ministre namibienne du travail a pour sa part rappelé que de nombreuses initiatives ont été lancées dans les pays en voie de développement en vue de créer les conditions nécessaires à la croissance économique et au plein emploi, mais a souligné que le manque relatif de succès pose la question de savoir si ces deux objectifs sont réalisables.  La Ministre assistante du travail du Kenya a notamment souligné que des prix équitables pour les matières premières sont essentiels pour concourir au plein emploi et à un travail décent.


Pour le Ministre de la planification et de la coopération externe d'Haïti, redonner espoir à une population qui ne voit souvent pas d'autre échappatoire à la misère et au chômage que l'émigration constitue l'un des objectifs fondamentaux de son gouvernement.  Mais cet objectif sera difficilement réalisable à court terme sans que de sérieux investissements soient réalisés dans les programmes d'alphabétisation, d'éducation de base et de formation professionnelle.  La stabilité sociale et l'environnement de paix relative constatés depuis la tenue d'élections libres, honnêtes et inclusives, demeurent fragiles alors qu'elles sont indissociables du développement durable.


Plusieurs intervenants ont insisté sur la nécessité de susciter un climat favorable aux investissements et à la création de petites et moyennes entreprises, elles-mêmes créatrices de la majorité des emplois.  L'octroi de micro-financements est un élément contribuant à favoriser le renforcement des compétences.  Un assouplissement des règles du marché du travail est un facteur favorable à cet égard, ont aussi dit plusieurs orateurs.


Le Conseil conclura cet après-midi, à partir de 15 heures, son débat de haut niveau.  Il doit adopter en fin de journée une déclaration ministérielle sur le thème du débat de cette année, qui était  consacré à la création, aux niveaux national et international, d'un environnement qui se prête à un plein-emploi productif et à un travail décent pour tous, et son impact sur le développement durable.



Suite du débat de haut niveau


M. HASSAN LAWAL, Ministre du travail et de la productivité du Nigéria, a souligné que la croissance économique durable et le développement durable ne doivent pas se faire au détriment du plein emploi et d'un travail décent pour tous.  Toutes les actions collectives devraient aussi viser à éliminer les pires formes de travail des enfants et à promouvoir l'égalité entre les sexes ainsi que les droits et l'indépendance des femmes, a-t-il ajouté.  M. Lawal a indiqué que ces trois dernières années, le Nigéria a reconnu un taux de croissance moyen de 5,8%.  Les stratégies en matière d'emploi devraient chercher à améliorer la productivité et à créer des capacités dans les secteurs de l'économie qui connaissent la plus forte concentration de main-d'œuvre.  En outre, le développement rural est absolument indispensable pour lutter contre la pauvreté.  Le Nigéria appuie vigoureusement l'adoption, en matière d'emplois, de lois qui protègent les travailleurs tout en répondant aux besoins d'efficacité économique et d'équité sociale.  M. Lawal a souligné que le Nigéria a procédé à la démocratisation des syndicats en amendant la loi les concernant.


Le ministre nigérian du travail et de la productivité a enfin attiré l'attention sur la question des migrations, qui sont devenues une question litigieuse, bien qu'elles soient reconnues pour leur contribution positive au développement.  À cet égard, le Nigéria soutient l'appel en faveur de cadres réglementaires visant à garantir des flux de travailleurs migrants sûrs, ordonnés et respectant la dignité humaine. 


M. ALPHAEUS NARUSEB, Ministre du travail et de la protection sociale de la Namibie, a rappelé qu'il est incontestable que la plupart des pays sont touchés par l'accroissement de la pauvreté et du chômage des jeunes, des femmes et des personnes handicapées.  De nombreuses initiatives ont été lancées dans les pays en voie de développement en vue de créer les conditions nécessaires à la croissance économique et au plein emploi.  Leur manque relatif de succès pose la question de savoir si ces deux objectifs ne sont pas des chimères.  Le défi est double: il s'agit d'augmenter la croissance économique et simultanément la création d'emplois, deux priorités dans le contexte de la réalisation des objectifs du Millénaire pour le développement.  Les politiques doivent être appréciées au regard de leur potentiel à améliorer la vie de centaines de millions de personnes pauvres et au chômage ou en situation de sous-emploi.


L'Afrique est confrontée au problème de la dégradation des conditions d'emploi et de la situation sociale, a poursuivi la ministre namibienne.  En 2004, les chefs d'États du continent ont fait du travail décent le point central de leurs efforts.  Les États s'efforcent désormais de mettre en place des politiques qui remplaceront la croissance «sans travail» par une croissance créatrice d'emplois.  Une réunion de suivi aura lieu en Namibie en septembre pour examiner les progrès réalisés dans ce sens.  En Namibie, la situation de l'emploi est compliquée par le lourd héritage du passé, notamment la faiblesse du secteur de l'enseignement qui empêche les jeunes d'être formés aux exigences du marché du travail.  Le pays doit donc préparer un programme d'éducation pour tous permettant de maximiser le potentiel de la jeunesse compte tenu des exigences spéciales du secteur informel, principal employeur, et notamment pour soutenir le développement des petites et moyennes entreprises et favoriser l'initiative individuelle.


M. JEAN-MAX BELLERIVE, Ministre de la planification et de la coopération externe d'Haïti, a rappelé que, dans son pays, le chômage touche actuellement plus de 80% de la population et concerne, bien évidemment, principalement les groupes les plus fragilisés de la société que sont les jeunes, les femmes et les habitants du monde rural: ceux-là même qui constituent la réserve naturelle sur laquelle le développement du pays doit être construit.  La longue période d'instabilité politique, économique et sociale qui a secoué Haïti ces vingt dernières années trouve sans aucun doute l'une de ses racines les plus profondes dans l'incapacité des gouvernements qui se sont succédés à articuler une véritable politique d'emplois et de solidarité qui puisse offrir, en Haïti, des perspectives attrayantes ou pour le moins décentes.  Redonner espoir à une population qui ne voit souvent pas d'autre échappatoire à la misère et au chômage que l'émigration, souvent illégale, constitue donc l'un des objectifs fondamentaux que s'est fixé l'actuel Gouvernement haïtien.  Cet objectif sera difficilement réalisable à court terme sans que de sérieux investissements soient réalisés dans les programmes d'alphabétisation, d'éducation de base et de formation professionnelle.  La stabilité sociale et l'environnement de paix relative constatés depuis la tenue d'élections libres, honnêtes et inclusives, demeurent fragiles alors qu'elles sont indissociables du développement durable.


Le 25 juillet prochain, a rappelé M. Bellerive, se tiendra à Port-au-Prince une conférence sur l'engagement des institutions et pays donateurs dans le cadre de l'extension du Cadre de coopération intérimaire jusqu'en décembre 2007, date à laquelle le Gouvernement pense pouvoir être en mesure de mettre en place un programme de réduction de la pauvreté sur le moyen terme.  À cette occasion, il sera demandé aux partenaires d'appuyer la mise en œuvre rapide d'un programme d'apaisement social qui a l'ambition d'offrir le maximum d'emplois tout en touchant des actions structurantes.  À ce tournant décisif de son histoire, Haïti a plus que jamais besoin de la solidarité internationale, a déclaré M. Bellerive.  Il a souligné que le Gouvernement haïtien se félicite de l'existence du Groupe consultatif spécial des Nations Unies sur Haïti et remercie tous les ambassadeurs composant cette équipe pour le travail positif déjà réalisé.  De son côté, le Gouvernement haïtien est en train de prendre des mesures pour renforcer la cellule de réflexion stratégique mise en place peu après la création du Groupe spécial, a-t-il précisé.


M. RICHARD MILLER (États-Unis) a déclaré que pour des millions de personnes dans le monde, le travail est synonyme de droit à la vie.  Le travail permet la survie des familles.  Les agriculteurs subviennent à leurs propres besoins par le travail.  Encore aujourd'hui aux États-Unis, les fermiers symbolisent l'indépendance économique et la liberté, deux notions étroitement liées.  Il convient de parvenir à une plus grande liberté économique et de favoriser les échanges pour que chacun puisse bénéficier des fruits de la prospérité.


Les États-Unis accordent une aide publique au développement conséquente aux pays dans le besoin, mais estiment qu'il faut surtout y créer des emplois.  Les gouvernements ont pour mission de créer les conditions générales propices à la création d'emplois productifs par le secteur privé.  Aux États-Unis, le choix est de limiter la fiscalité pour faciliter l'initiative privée.  D'autres pays poursuivent des objectifs qui leur sont propres, mais le but doit toujours être la liberté d'entreprendre.  La création d'emploi est aussi favorisée par l'absence de bureaucratie et de corruption.  Le chômage des jeunes peut être traité par une action renforcée dans le domaine de la formation.  Les sociétés doivent être aidées à s'adapter aux changements sociaux et économiques qui sont la marque du monde moderne.  Ainsi, un tiers de la main-d'œuvre aux États-Unis change chaque année d'emploi: un travailleur âgé d'à peine quarante ans a déjà occupé dix postes.  Droits du travail, liberté syndicale, interdiction du travail des enfants et du travail forcé: les États-Unis appuient l'action de l'Organisation internationale du travail dans tous ces domaines, convaincus qu'il faut garantir des conditions saines permettant le plein exercice du droit au travail.  Les États-Unis ont ainsi consacré près de 300 millions de dollars à la lutte contre les pires formes de travail des enfants.  Le bonheur réside, aussi, dans l'accomplissement personnel, lequel passe par le travail, qui est une valeur fondamentale de la société américaine, a dit le représentant.


MME ADELAINE MWAU, Ministre assistante au Ministère du travail et de la mise en valeur des ressources humaines du Kenya, a souligné que les emplois dans les petites entreprises de son pays se développement à un rythme de 10% par an et représentent près de 90% des emplois occupés par les femmes et les jeunes.  Elle a fait part des mesures prises par son pays pour apporter une aide financière aux jeunes qui souhaitent créer une petite entreprise.  Avec l'aide de l'Organisation internationale du travail, le Kenya a lancé une étude sur la dimension sexospécifique de l'emploi; la pauvreté devrait pouvoir être sensiblement réduite si cette dimension sexospécifique venait à être prise en compte de manière adéquate, a indiqué Mme Mwau.  Des prix équitables pour les matières premières sont aussi essentiels pour concourir au plein emploi et au travail décent, a-t-elle ajouté.  Grâce à un bon marché du travail, les gouvernements et les entreprises pourront créer des emplois décents et respectueux de l'environnement, a poursuivi Mme Mwau.  Elle a souligné que le Kenya souhaite poursuivre la coopération technique en faveur du développement durable.


M. GORDAN MARKOTIC (Croatie) a déclaré que son pays est convaincu que le but ultime doit être de créer un environnement qui permette le plein-emploi et le travail décent pour tous.  Il n'existe cependant pas de modèle unique dans ce domaine et la Croatie a pour sa part choisi d'appliquer une réforme profonde du système de retraite, réforme couronnée de succès qui a permis d'encourager les investissements, la croissance et le développement économiques.  D'autres réformes du secteur du travail ont été menées en parallèle.  Ainsi, la Croatie vient de lancer un programme d'encouragement aux petites et moyennes entreprises axé en particulier sur les femmes et les personnes ayant des besoins spécifiques.  L'action a porté simultanément sur la sécurité sociale, laquelle doit être garantie en fonction du statut personnel et non de la situation professionnelle.  La Croatie attache une importance particulière à la lutte contre le chômage, et a adopté dans ce domaine un plan d'action triennal conforme aux directives européennes.  Tous les ans, la Croatie adopte un nouveau plan de retour à l'emploi des personnes inscrites au registre du chômage.  L'action du Gouvernement en matière de lutte contre le chômage et de réformes du marché du travail bénéficie d'un consensus national, obtenu au terme d'un dialogue social qui est un souci constant en Croatie, a assuré M. Markotic.  Le Gouvernement est ainsi encouragé à lever les barrières administratives et à promouvoir un climat propice aux investissements.  En matière d'égalité entre hommes et femmes, la Croatie a créé et renforcé un cadre administratif et législatif visant à l'élimination de toutes les formes de discrimination basée sur le sexe.  Un Office gouvernemental et un poste d'Ombudsman ont été institués à cet effet.  Le secteur de l'enseignement a aussi été réformé pour mieux tenir compte des évolutions du marché du travail, le but étant de créer une société basée non seulement sur les investissements, mais aussi sur l'innovation.


M. HJALMAR HANNESSON (Islande) a déclaré que, face aux grandes menaces pesant sur la sécurité de chacun d'entre nous - et au nombre desquelles figurent le terrorisme, la pauvreté, la maladie et la dégradation de l'environnement - l'un des outils disponibles consiste à dégager l'énergie et la motivation nécessaire pour que chacun participe pleinement à l'économie.  Un travail décent constitue un enjeu pour la société et un bon moyen d'œuvrer à la stabilité, a-t-il affirmé.  Le monde compte actuellement près de 200 millions de chômeurs, a-t-il déploré, faisant remarquer que cela limite gravement la possibilité de ces personnes d'apporter une contribution en tant que producteurs ou en tant que consommateurs.  Le fait que 1,2 milliard de personnes vivent dans l'extrême pauvreté témoigne que l'emploi en lui-même n'est pas une solution à la pauvreté.  Le sous-emploi à grande échelle ou l'emploi à un faible niveau, ainsi que les emplois faiblement rémunérés constituent un problème majeur, a poursuivi M. Hannesson.  L'impact de l'exclusion d'un si grand nombre de personnes de toute participation effective à la société est particulièrement grave pour la stabilité sociale, a-t-il déclaré.  La création de capacités pour les femmes accroît les avantages compétitifs d'un pays, a en outre souligné le représentant islandais.  Par ailleurs, la qualité du climat pour les investissements est une exigence essentielle si l'on veut accroître le développement du secteur privé et créer des emplois.  Étant donné que les trois-quarts des 1,2 milliard de personnes qui vivent dans l'extrême pauvreté vivent dans les zones rurales des pays en développement, ce groupe de populations doit faire l'objet d'une attention particulière pour ce qui est de l'action en matière d'emploi.


MME CAROLINE JANE MILLAR (Australie) a relevé la nécessité d'un emploi pour chacun, facteur de cohésion, d'intégration sociale et de sécurité.  Les organisations internationales ont un rôle important à jouer dans la promotion de la capacité d'exercer un travail digne.  Les pays riches partagent cette responsabilité.  Il leur appartient de coopérer avec leurs partenaires régionaux, comme le fait l'Australie, et d'offrir des aides directes.  Cependant, a dit la représentante, le meilleur revenu consiste en un travail décent et stable.  Les politiques doivent donc viser la croissance, réduire la pauvreté et éliminer les problèmes sociaux par des mesures garantissant des emplois productifs.  Le Gouvernement de l'Australie estime que l'emploi productif doit être le principal objectif des politiques pertinentes.  Il estime aussi que la croissance économique est le moteur principal de l'emploi.  En Australie, le chômage a fortement diminué grâce aux réformes du marché du travail ayant permis de forts gains de productivité du travail.  L'assouplissement du marché de l'emploi est une mission essentielle des États.  Les entreprises doivent en effet pouvoir réagir plus rapidement aux exigences des clients.


M. JEAN-MAURICE RIPERT (France) a souligné que la France soutient le processus de revitalisation de l'ECOSOC et la prochaine mise en place d'un forum de la coopération pour le développement et d'un dialogue de haut niveau.  Il a par ailleurs indiqué que l'aide publique au développement de la France atteindra 0,47% du revenu national brut en 2006 et devrait respecter l'objectif de 0,5% en 2007 et de 0,7% en 2012.  M. Ripert a rappelé l'importance que la France attache à la mise en place effective et rapide de mécanismes innovants de financement du développement.  Il a précisé que la contribution internationale de solidarité sur les billets d'avion, entrée en vigueur en France depuis samedi dernier, en constitue l'un des tout premiers exemples.  Elle devrait rapporter environ 200 millions d'euros par an, qui permettront d'abonder une facilité internationale pour l'achat de médicaments lancée à l'initiative conjointe de la France, du Brésil, du Chili, de la Norvège et du Royaume-Uni.  S'agissant du processus de réforme des Nations Unies, en particulier de la question de la réforme des activités opérationnelles, la France défend une approche globale et inclusive, a poursuivi M. Ripert.  La France soutient au niveau des pays le concept des «three one»: un résident coordonnateur aux pouvoirs renforcés, un site unique des Nations Unies et un programme unique fondé sur l'actuel UNDAF (Plan-cadre des Nations Unies pour l'aide au développement -PNUAD).  Pour promouvoir le travail décent, a enfin déclaré M. Ripert, il est essentiel de s'appuyer sur le socle que constitue la déclaration de l'Organisation internationale du travail de 1998, qui fait référence à des droits fondamentaux dont le caractère universel n'est pas discutable.  En outre, il apparaît à la France fondamental de faire progresser le droit à la protection sociale pour tous.  C'est ce que fera le Président français lors de la prochaine réunion du G8 à Saint-Petersbourg, en proposant de lancer une réflexion internationale sur des mécanismes d'assurance maladie pour les pays les plus pauvres.


M. RONALDO SARDENBERG (Brésil) a déclaré que la question du plein-emploi est une priorité essentielle pour son pays.  Le système de sécurité sociale du Brésil est l'un des plus anciens du continent, a fait valoir le représentant, le travail forcé et celui des enfants y étant interdit.  À cet égard, le contexte international est capital et en particulier s'agissant des capacités des gouvernements à créer des emplois.  D'autres modèles de développement existent, mais le développement peut être freiné par un environnement économique peu favorable, comme en témoigne l'échec de la dernière session de l'Organisation mondiale du commerce, qui traverse actuellement une crise.  Le développement est au centre des préoccupations de la communauté internationale et le restera aussi longtemps que l'objectif sera de réaliser des progrès sur le long-terme.


M. GUSTI AGUNG WESAKA PUJA (Indonésie) a souligné que, de l'avis de son gouvernement, la création du plein emploi productif constitue l'une des priorités de l'ordre du jour national en matière de développement.  À cet égard, il a précisé que le Gouvernement indonésien a adopté un plan d'action tripartite pour 2002-2005 qui a été prorogé pour trois années supplémentaires et qui fournit un cadre stratégique grâce auquel le gouvernement, les employeurs et les organisations de travailleurs, conjointement avec l'OIT, peuvent œuvrer de concert à la réalisation des objectifs du travail décent en Indonésie.  Les résultats de la présente réunion de l'ECOSOC pourraient contribuer de manière significative aux processus en cours devant aboutir au Dialogue de haut niveau sur les migrations internationales qui doit se tenir en septembre prochain.  La promotion du travail décent fournit l'élan nécessaire pour aborder la dimension sociale des migrations qui, jusqu'ici, n'ont été abordées que sous le seul angle économique.


M. VLADIMIR ŠPIDLA, Commissaire européen à l'emploi, aux affaires sociales et à l'égalité des chances, a déclaré que l'emploi productif et le travail décent constituent un élément positif pour les politiques de développement.  Les défis sont cependant considérables.  La moitié des travailleurs dans le monde gagne mois de deux dollars par jour et la moitié de la population mondiale n'a aucune protection sociale.  Tous les pays sont confrontés aux problèmes de la mondialisation, mais tous ne sont pas armés pour y faire face.  La communauté internationale et tous les pays concernés doivent mettre effectivement en œuvre l'objectif de promotion de l'emploi productif et du travail décent.  La Commission européenne a proposé une stratégie pour mieux mobiliser les politiques internes et externes de l'Union, notamment en matière de développement, de commerce, de migration et de relations extérieures.  Elle entend aussi renforcer les partenariats avec ses partenaires, y compris l'Organisation internationale du travail, les partenaires sociaux et les autres acteurs de la société civile.  En règle générale, les acteurs non étatiques devraient être davantage impliqués dans la préparation et la mise en œuvre des stratégies et programmes de réduction de la pauvreté et de développement.  Pour la Commission, l'objectif du travail décent nécessite une approche intégrée qui associe quatre piliers: emploi productif et librement choisi, droit du travail, protection sociale et dialogue social.  Il faut aussi prendre en compte la dimension du genre.  L'objectif du travail décent suppose une approche globale et cohérente qui combine des objectifs en matière économique, en matière d'emploi et en matière sociale et environnementale.  L'approche du travail décent est en même temps suffisamment ouverte pour que sa mise en œuvre tienne compte des spécificités et de la diversité des situations économiques dans le monde.  Le succès de l'objectif du travail décent repose sur son appropriation par les pays.  La Commission soutient donc l'établissement et la mise en œuvre de programmes nationaux de travail décent, intégrés aux programmes de développement régionaux et nationaux.


M. BERTRAND DURUFLÉ, Secrétaire exécutif de l'Association internationale des Conseils économiques et sociaux et institutions similaires (AICESIS) a souligné que c'est dans le cadre du travail salarié que les conditions minimales du travail décent ont été les plus formalisées, mais globalement, le travail salarié est minoritaire et au-delà se présentent les situations les plus hétérogènes.  Il a évoqué un déficit de connaissance de la réalité, qui vaut notamment pour le travail informel – lequel connaît le plus fort et régulier taux de croissance.  Connaître plus précisément le travail informel s'impose pour construire les dispositifs appropriés, a-t-il insisté.  S'agissant de ce qu'il convient de faire pour l'emploi productif pour tous et l'emploi décent, M. Duruflé a souligné que l'État ne saurait être ni omnipotent ni évanescent mais doit assurer les régulations avec une légitimité dont il est seul à disposer.  Autour de l'individu, il y a l'entreprise qui a un rôle propre pour la mise en œuvre de conditions qui permettent le travail décent.  «S'il n'est pas productif, l'emploi ne saurait être décent car il n'est qu'occupationnel et ne permet pas à qui l'occupe d'éprouver la dignité qui lui est due», a par ailleurs déclaré M. Duruflé.


MME ANGELA MARIA LORETO, (Association Internationale Ius Primi Viri) a déclaré qu'il convient de créer des êtres humains capables de cibler leurs actions et d'intégrer les valeurs fondamentales.  Il a beaucoup été question d'égalité et de dignité, qui ne peuvent être atteintes que par une redéfinition des valeurs.  Pour sa part, l'Association internationale Ius Primi Viri a mis au point une méthode et un ensemble de principes permettant une prise de conscience du sens de la vie.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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