SG/SM/9738-WOM/1489

KOFI ANNAN RAPPELLE À BEIJING+10 LES PRIORITÉS STRATÉGIQUES ÉNONCÉES PAR L’ÉQUIPE DU PROJET OBJECTIFS DU MILLÉNAIRE SUR L’ÉDUCATION PRIMAIRE ET L’ÉGALITÉ DES SEXES

28/02/2005
Communiqué de presse
SG/SM/9738
WOM/1489

KOFI ANNAN RAPPELLE À BEIJING+10 LES PRIORITÉS STRATÉGIQUES ÉNONCÉES PAR L’ÉQUIPE DU PROJET OBJECTIFS DU MILLÉNAIRE SUR L’ÉDUCATION PRIMAIRE ET L’ÉGALITÉ DES SEXES


Vous trouverez ci-après le texte du discours du Secrétaire général, Kofi Annan, à l’ouverture de la Commission de la condition de la femme commémorant le dixième anniversaire de la Conférence de Beijing, le 28 février 2005:


Je suis heureux d’être ici aujourd’hui parmi vous pour l’ouverture de cette session de la Commission de la condition de la femme, une réunion particulièrement importante au cours de laquelle vous procéderez à l’examen du Programme d’action de la Conférence de Beijing, 10 ans après son adoption.


Il y a 10 ans, les femmes, réunies à Beijing, ont fait un très grand pas en avant.


Le monde a, de ce fait, explicitement reconnu que l’égalité des sexes était essentielle pour le développement et la paix partout dans le monde.


Dix ans après la Conférence, les femmes sont non seulement plus conscientes de leurs droits mais aussi mieux à même de les exercer.


Au cours de cette décennie, nous avons accompli des progrès tangibles sur plusieurs fronts : l’espérance de vie et les taux de fécondité se sont améliorés; plus de filles ont accès à l’enseignement primaire et plus de femmes ont leur propre source de revenus.


Mais nous avons également vu apparaître de nouveaux problèmes.  Je pense par exemple à la traite des femmes et des enfants, pratique odieuse mais de plus en plus courante, ou à la propagation terrifiante du VIH/sida parmi les femmes, en particulier les jeunes femmes.


Et pourtant, lorsque nous jetons un regard sur la décennie écoulée, une chose tranche sur toutes les autres : nous avons appris que les problèmes que rencontrent les femmes ne sont pas sans solution.  Nous avons appris quelles sont les formules qui marchent et quelles sont celles qui ne marchent pas.


Si nous voulons modifier le legs historique qui explique pourquoi les femmes sont défavorisées dans la plupart des sociétés, nous devons appliquer à une échelle plus grande les leçons que nous avons apprises.  Nous devons prendre des mesures spécifiques et ciblées sur un certain nombre de fronts.


Le rapport de l’Équipe du projet Objectifs du Millénaire sur l’éducation primaire et l’égalité des sexes énonce, pour ce faire, sept priorités stratégiques.


Il s’agit de sept initiatives et politiques concrètes qui peuvent être facilement mises en œuvre au cours de la décennie à venir, à une échelle suffisamment grande pour changer véritablement le cours des choses.


Premièrement: Renforcer l’accès des filles à l’enseignement secondaire comme à l’enseignement primaire.  L’éducation est la solution à la plupart des problèmes que rencontrent les filles et les femmes – du mariage forcé à un âge précoce, à la vulnérabilité au VIH/sida et à d’autres maladies.


Deuxièmement: Garantir l’hygiène sexuelle et procréative et les droits en la matière.  Comment pouvons-nous assurer une égalité réelle lorsqu’un demi-million de femmes meurent chaque année de causes liées à la grossesse, qui sont totalement évitables?


Troisièmement: Investir dans l’infrastructure pour réduire les contraintes qui pèsent sur le temps dont disposent les femmes et les filles.  Quelles sont leurs perspectives lorsqu’elles sont obligées de consacrer plus de la moitié de la journée aux travaux domestiques, notamment la corvée d’eau, la recherche du bois de chauffage et d’autres tâches essentielles pour répondre aux besoins de leur famille?


Quatrièmement: Garantir les droits de propriété et d’héritage des femmes et des filles.  Comment les femmes peuvent-elles sortir du cercle de la pauvreté si elles n’ont pas accès à la terre et au logement?  Et sans cette sécurité, comment peuvent-elles se protéger du VIH/sida?


Il en est de même pour la cinquième priorité, à savoir éliminer l’inégalité entre les sexes dans le domaine de l’emploi car un bon emploi est aussi le meilleur moyen de se protéger contre la traite des femmes.


Sixièmement: Augmenter le nombre de sièges occupés par des femmes dans les parlements nationaux et les administrations locales.  L’égalité des chances en matière de prise de décisions n’est pas seulement un droit fondamental; c’est une condition essentielle de la bonne gouvernance.


Septièmement: redoubler d’efforts pour combattre la violence à l’égard des filles et des femmes et, pour ce faire, indiquer la voie à suivre en montrant par exemple que, face à la violence contre les femmes et les filles, on ne doit rien tolérer et aucune excuse n’est justifiable.


Au moment où vous allez réaffirmer votre engagement en faveur de la mise en œuvre intégrale du Programme d’action de Beijing, j’espère que vous considérerez ces sept priorités comme des repères qui pourront aider à formuler les programmes nationaux.


Je voudrais surtout engager la communauté internationale dans son ensemble à ne pas oublier que la promotion de l’égalité des sexes n’est pas la responsabilité des femmes seulement; c’est notre responsabilité à tous.


Soixante années se sont écoulées depuis que les fondateurs de l’Organisation des Nations Unies ont inscrit à la première page de la Charte l’égalité des droits entre femmes et hommes.


Depuis lors, les études successives nous ont montré que le développement passait impérativement par l’autonomisation des femmes.


Aucune autre politique ne peut davantage accroître la productivité économique ou réduire la mortalité maternelle et infantile.


Aucune autre politique ne peut aussi sûrement améliorer la nutrition et promouvoir la santé, y compris la prévention de la propagation du VIH/sida.


Aucune autre politique n’est aussi puissante pour améliorer les chances à l’éducation de la prochaine génération.


Et je me risquerai également à dire qu’aucune politique n’est plus importante pour prévenir les conflits ou pour assurer la réconciliation après un conflit.


Mais, quels que soient les véritables avantages qu’il y a à investir dans les femmes, le fait le plus important demeure, à savoir que les femmes en elles-mêmes ont le droit de vivre dans la dignité, à l’abri du besoin et de la peur.


Lorsque les dirigeants de la planète se retrouveront ici en septembre pour examiner les progrès accomplis dans la mise en œuvre de la Déclaration du Millénaire, j’ose espérer qu’ils prendront les mesures qui s’imposent.


Et j’espère que vous poursuivrez tous le combat, pour la bonne cause, et les orienterez dans la bonne direction.


Je vous remercie tous pour votre engagement et souhaite que votre session soit des plus productives.


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