FEM/1503

COMMISSION DE LA CONDITION DE LA FEMME: L’INTÉGRATION DE LA DIMENSION SEXOSPÉCIFIQUE DANS LES POLITIQUES MACROÉCONOMIQUES EST ESSENTIELLE AU DÉVELOPPEMENT

10/03/2005
Communiqué de presse
FEM/1503


Commission de la condition de la femme

Quarante-neuvième session

17e & 18e séances – matin & après-midi


COMMISSION DE LA CONDITION DE LA FEMME: L’INTÉGRATION DE LA DIMENSION SEXOSPÉCIFIQUE DANS LES POLITIQUES MACROÉCONOMIQUES EST ESSENTIELLE AU DÉVELOPPEMENT


Comment identifier et intégrer les perspectives sexospécifiques dans les programmes et politiques économiques?  Experts et participants à l’une des deux tables rondes organisées aujourd’hui dans le cadre de la Commission de la condition de la femme ont discuté des succès, des fossés et des défis sur la voie de la réalisation des objectifs de la Conférence mondiale de Beijing visant à éliminer les inégalités entre hommes et femmes dans les domaines des salaires, de l’emploi, des prises de décisions et de l’accès aux ressources ou au microcrédit.


Dans leurs réponses au questionnaire intitulé « Mise en œuvre du Programme d’action de Beijing (1995) et de la Déclaration de la 23e session extraordinaire de l’Assemblée générale (2000) », qui avait été envoyé aux États Membres pour préparer la 49e session de la Commission de la femme, les gouvernements avaient constaté que les politiques macroéconomiques présentaient à la fois des chances et des défis dans la réalisation des objectifs de la quatrième Conférence mondiale sur les femmes.  Ceux-ci soulignaient en effet l’importance d’intégrer la dimension sexospécifique dans les politiques macroéconomiques, leur absence ayant, estimaient-ils, des conséquences dévastatrices.


M. Danny Leipziger, Vice-Président pour la gestion économique et de réduction de la pauvreté de la Banque mondiale, a confirmé que des différences subsistaient entre les hommes et les femmes en ce qui concerne l’accès aux ressources, au crédit, les droits fondamentaux ou les prises de décisions.  Ces différences ont des répercussions négatives en matière de productivité, a-t-il ajouté.  Si nous pouvons réduire le fossé dans certaines régions, comme en Asie du Sud-Est, nous pourrions nous attendre à une amélioration de 0,5 à 1% du PNB, a-t-il ainsi souligné.  Le chômage touche plus particulièrement les femmes, a expliqué de son côté M. Marco Ferroni, de la Banque interaméricaine de développement, les femmes autochtones ou d’origine africaine étant les plus défavorisées sur le marché du travail. 


Au nom de la cohérence politique, il est indispensable d’annuler les dettes, a assuré Mme Yassine Fall, principale Conseillère de la parité pour le Projet du Millénaire des Nations Unies.  Après avoir estimé que les résultats de la dérégulation dans le domaine commercial étaient injustes et avaient des résultats défavorables pour les petits pays, elle a dénoncé ce qu’elle a qualifié de « fondamentalisme de la croissance ».  Cette notion doit être revue, a-t-elle dit.  Comme Mme Fall, Mme Jayati Ghosh, Présidente du Centre d’études économiques et de planification  de l’Université Jawaharlal Nehru, a jugé essentiel d’accroître la part des services publics, notant que le nombre moyen de fonctionnaires était de 3,5% dans le monde, de 5% aux États-Unis, de 2% dans les pays en développement et de 1% en Afrique sub-saharienne.  Nous avons besoin du renforcement du service public en tenant compte de la dimension sexospécifique, a-t-elle déclaré.


Mme Ghosh a plus généralement estimé que, malgré les nombreuses mesures adoptées, le bilan est mitigé depuis Beijing en raison des effets négatifs des politiques macroéconomiques qui réduisent les chances de renforcement des capacités des femmes.  À l’heure actuelle, nous devons axer nos efforts pour lutter contre l’instabilité de l’emploi des femmes en raison des changements des schémas de production, d’une pression constante pour faire baisser les salaires, de l’augmentation du travail informel ainsi que des contrats temporaires. 


Lors d’une deuxième table ronde, des représentants d’organisations régionales et intergouvernementales ainsi que des experts de la société civile et du système des Nations Unies ont débattu du rôle de ces organisations dans la mise en œuvre des engagements internationaux et la promotion de l’égalité entre les sexes. 


Comment les plates-formes politiques, les mécanismes de prise de décisions, les programmes et les activités des organisations régionales et des instances internationales ont intégré de façon adéquate les perspectives de genre?  Conseillère principale sur les questions féminines pour le Secrétariat de l’Organisation pour la coopération et la sécurité en Europe (OSCE), Mme Beatrix Attinger Colijn, a expliqué que le rôle des organisations internationales et régionales dans la promotion de l’égalité des sexes pouvait être étendu et divers.  L’OSCE a ainsi adopté une approche multidimensionnelle, conformément à son mandat et à ceux définis en commun accord avec les pays hôtes de ses missions.  Cette tâche ne sera couronnée de succès que si les organisations appliquent dans leurs propres structures les valeurs qu’elles défendent, a-t-elle considéré.  Mme Rawwida Baksh, du Secrétariat du Commonwealth, a considéré pour sa part que les problèmes de paix, de gouvernance et de démocratie ne pouvaient être dissociés des questions liées à l’égalité entre les sexes. 


La Commission de la condition de la femme poursuivra ses travaux, demain vendredi 11 mars à 10 heures.


SUIVI DE LA QUATRIÈME CONFÉRENCE MONDIALE SUR LES FEMMES ET DE LA SESSION EXTRAORDINAIRE DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE INTITULÉE « LES FEMMES EN L’AN 2000: ÉGALITÉ ENTRE LES SEXES, DÉVELOPPEMENT ET PAIX POUR LE XXIE SIÈCLE »


Table ronde sur le thème « Prise en compte des sexospécificités dans la macroéconomie »


Exposés


Mme NENADI USMAN, Ministre des finances du Nigéria, a affirmé que des mesures délibérées avaient été prises par son Gouvernement pour améliorer la situation des femmes.  Des prêts bancaires ont été octroyés aux femmes pour leur permettre ce créer des petites entreprises, a-t-elle dit, tandis que des programmes de santé régionale, des programmes d’éducation des adultes ont été mis en œuvre.  Les femmes participent d’une manière plus active dans la vie économique, a-t-elle souligné, précisant que c’est la première fois qu’une femme au Nigéria est titulaire du poste de Ministre des finances.  Les politiques de croissance économique au Nigéria continueront de tenir compte de la dimension sexospécifique, de même que le Gouvernement est attaché à lutter contre la corruption, a-t-elle conclu.


M. DANNY LEIPZIGER, Vice-Président de la Section de gestion économique et de réduction de la pauvreté de la Banque mondiale, a affirmé que des différences subsistaient entre les hommes et les femmes s’agissant de l’accès aux ressources, au crédit, des droits fondamentaux ou des prises de décisions.  Ces différences ont des répercussions négatives en matière de productivité, a-t-il ajouté.  Si nous pouvons réduire le fossé dans certaines régions, comme en Asie du Sud-Est, nous pourrions nous attendre à une amélioration de 0,5 à 1% du PNB, a-t-il ainsi souligné.  Il a expliqué que le microcrédit disponible pour les femmes au Bangladesh avait des répercussions économiques plus importantes que pour les hommes.  Selon lui, l’éducation a des conséquences économiques qu’il est possible de mesurer.  Les femmes sont les plus vulnérables dans les périodes de crise, étant par exemple les premières à être licenciées, a-t-il observé, ajoutant que la scolarisation des filles avait été plus touchée lors de la récente crise en Asie du Sud-Est que celle des garçons.  Des familles sont prêtes à payer moins pour l’éducation des filles que pour celle des garçons, a-t-il précisé.  Il reste beaucoup à faire en matière de méthode et d’outils analytiques, a-t-il estimé, préconisant de recueillir davantage d’informations et d’analyses pour aboutir à une augmentation des revenus des femmes.


M. MARCO FERRONI, Banque interaméricaine de développement, a convenu de la complexité du lien entre les tendances économiques et la parité.  Pour comprendre la dimension sexospécifique, il faut disposer de données ventilées par sexe qui, a-t-il fait remarquer, ne sont pas si fréquentes que cela.  Dans la région de l’Amérique latine et des Caraïbes, la dimension cognitive des populations est importante et les paradigmes ont évolué avec des approches plus réalistes de l’économie.  Des progrès ont été faits vers la stabilisation économique en jugulant l’inflation, en imposant une discipline budgétaire et en définissant les responsabilités entre acteurs de la région.  La participation des femmes est davantage reconnue dans le domaine législatif, ce qui est positif.  En outre, le fossé entre les hommes et les femmes semble comblé notamment dans le domaine de l’éducation et sur le marché de l’emploi.  Il existe toutefois des zones d’ombre dans la mesure où la croissance en termes de capitaux est encore insuffisante depuis quelques années déjà et les inégalités très fortes sont endémiques et ont une incidence importante sur les femmes pauvres.  Malheureusement, le chômage touche les femmes en particulier.  Les femmes autochtones ou d’origine africaine sont les plus défavorisées sur le marché du travail.  Les taux de mortalités maternelles et infantiles sont encore élevés tout comme se sont les taux de grossesses des adolescentes.  La pauvreté reste très forte et il semble que les Objectifs du Millénaire pour le développement sont bien compromis.


Mme YASSINE FALL, principale Conseillère de la parité pour le Projet du Millénaire des Nations Unies, a concentré son exposé sur les incidences des choix effectués par les gouvernements sur la croissance économique, et, par conséquence, sur la réduction des inégalités.  Que l’on augmente la dépense publique, les impôts, que l’on favorise les exportations ou les importations, toutes ces décisions ont des impacts sur la pauvreté, a-t-elle assuré.  Évoquant le huitième Objectif du Millénaire pour le développement, portant sur la mise en place d’un partenariat mondial pour le développement, elle a estimé important, dans un souci de transparence et d’appropriation de l’effort de développement, que les citoyens sachent combien d’argent provenant de l’aide publique au développement entre dans leur pays, et à quoi cet argent est destiné.  Quelles sont les conditions qui font que certains pays ont droit à de l’aide?  À combien s’élève le service de la dette?  Quel sera l’argent consacré à l’aide publique au développement? s’est-elle également interrogée, constatant, par exemple, que les Africains sont tous très endettés dès leur naissance.  Comment parler d’Objectifs du Millénaire pour le développement quand on connaît un tel niveau d’endettement? a-t-elle ajouté, affirmant qu’au nom de la cohérence politique, il était indispensable d’annuler les dettes.  De même, selon elle, couper les services publics a de graves conséquences en matière d’égalité entre les hommes et les femmes.  On doit avoir des services publics plus forts, a-t-elle expliqué, jugeant inacceptable leur affaiblissement.  Mme Fall a en outre mis l’accent sur les répercutions de l’absence de subventions en matière agricole, précisant qu’en Afrique, 80% des femmes produisaient de la nourriture.  Les subventions sont nécessaires, a-t-elle poursuivi, observant que les gouvernements des pays riches aidaient leurs agriculteurs.  Après avoir estimé que les résultats de la dérégulation dans le domaine commercial étaient injustes et avaient des résultats défavorables pour les petits pays, elle a enfin dénoncé ce qu’elle a qualifié de « fondamentalisme de la croissance ».  Cette notion doit être revue, a-t-elle dit, car, selon elle, dans ces conditions, il n’y a pas d’effet positif du haut vers le bas.


Mme JAYATI GHOSH, Professeur et Présidente du Centre d’études économiques et de planification  de l’Université Jawaharlal Nehru, a déclaré que malgré les nombreuses mesures adoptées, le bilan est mitigé depuis Beijing en raison des effets négatifs des politiques macroéconomiques qui réduisent les chances de renforcement des capacités des femmes.  À l’heure actuelle, nous devons axer nos efforts sur l’instabilité de l’emploi des femmes en raison des changements des schémas de production, d’une pression constante pour faire baisser les salaires, de l’augmentation du travail informel ainsi que des contrats temporaires.  Un autre problème est l’augmentation du travail non rémunéré.  Nous assistons à une migration « professionnelle » des femmes qui voyagent de plus en plus seules, ce qui constitue une source d’habilitation mais aussi d’exploitation potentielle.  Nous assistons aussi à une migration interne qui n’est pas seulement de régions rurales à régions urbaines mais de régions rurales à régions rurales.  Nous devons aborder la question de la dimension sexospécifique des politiques macroéconomique car nous savons que la croissance ne crée pas d’emplois.  Au niveau budgétaire, il nous faut revenir à des politiques non inflationnistes.  Au niveau bancaire, il faut allouer des prêts plus importants aux femmes, autrement que par le biais du microcrédit.  Il faut développer des politiques tarifaires qui soient favorables à l’agriculture. 


Débat interactif


Répondant aux questions et commentaires des participants au débat, Mme Fall a souligné, une fois encore, la nécessité d’accroître les dépenses dans le secteur public et d’élargir les subventions.  Les femmes payent souvent plus d’impôts que les hommes, a-t-elle dit, prenant l’exemple du Sénégal où les femmes célibataires n’étaient pas considérées comme des chefs de famille.  Mme Fall a en outre insisté sur la nécessité de disposer d’organisations solides de femmes, comme en Asie et en Afrique.  Les groupes de femmes doivent défier leurs pays, que ce soit dans les pays développés ou dans les pays en développement.  Elle a rappelé que les conditions imposées aux pays pauvres en matière d’octroi de l’aide étaient inacceptables.  Il faut réexaminer l’octroi et l’utilisation de l’aide, a-t-elle estimé.


Mme Usman a, de son côté, mis l’accent sur la nécessité d’investir davantage dans l’éducation des petites filles.  De même, selon elle, la cause de la femme sera mieux servie si des investissements plus substantiels sont effectués dans la fourniture d’eau potable ou dans l’agriculture.  Quand il n’y a pas d’eau au foyer, ce sont les femmes et les enfants qui vont la chercher, et souvent loin, tandis que nombre de travailleurs agricoles sont des femmes, a-t-elle précisé.  La cause de la femme ne se limite pas au microcrédit, a ajouté la Ministre.  Elle a également demandé un allègement de la dette pour son pays, car, a-t-elle dit, bien que le Nigéria soit exportateur de pétrole, il n’en reste pas moins le plus peuplé d’Afrique, avec 150 millions d’habitants, et un revenu moyen par habitant demeurant faible.


Pour Mme Ghosh, il est utile d’examiner les politiques macroéconomiques de façon plus large si on veut avoir une idée de l’impact de ces politiques sur les femmes, c’est-à-dire en examinant aussi les politiques bancaires et monétaires.  Comme Mme Fall, elle a jugé essentiel d’accroître la part des services publics, notant que le nombre moyen de fonctionnaires était de 3,5% dans le monde, de 5% aux États-Unis, de 2% dans les pays en développement et de 1% en Afrique sub-saharienne.  Nous avons besoin du renforcement du service public en tenant compte de la dimension sexospécifique, a-t-elle déclaré.  Elle a en outre estimé que l’allègement de la dette permettrait aux pays en développement de progresser davantage que l’aide elle-même.  Elle a dénoncé ce qu’elle a qualifié d’« industrie de l’aide » dont ne profitent pas forcément les populations, citant, par exemple, le cas du Cambodge.


Les délégations ont formulé de nombreux commentaires en appui aux déclarations faites en particulier par Mme Fall et Mme Ghosh.  La représentante du Venezuela a précisé que son pays, en 1999, avait décidé de s’opposer aux politiques néolibérales pour accorder la priorité à la défense des services publics.  Le Venezuela avait refusé de suivre les recommandations du Fonds monétaire international qui lui demandait de privatiser des services publics comme l’eau et l’éducation.  Pour la représentante de la Thaïlande, le problème est que les politiques macroéconomiques ne sont pas élaborées par les acteurs du terrain mais par les hommes politiques des capitales.


La représentante de la Jamaïque a relevé, de son côté, que l’éducation n’avait pas changé grand-chose dans la hiérarchie du pouvoir et sur le marché de l’emploi.  Les femmes qui, souvent, sont plus éduquées que les hommes, sont les premières victimes du chômage et des inégalités de salaires.  On ne peut pas parler de macroéconomie sans parler de microéconomie.  L’annulation de la dette constitue un facteur important pour le redressement de pays sortant de conflit, a déclaré la représentante de la République démocratique du Congo, en soulignant que cela devait profiter aux femmes car ce sont elles qui soutiennent l’économie informelle.  Il a également été dit que, dans une perspective de macroéconomique, il fallait prévoir des stratégies de création d’emplois non précaires.  La représentante du Yémen a demandé comment comptabiliser le travail des femmes à la maison.


Répondant aux questions, Mme Usman a expliqué que les femmes remboursaient mieux que les hommes et les banquiers tendent maintenant à prêter plus aux femmes qu’aux hommes.  Le commerce de petite envergure est très important.  Dans les pays en développement, nous assistons à une féminisation de la migration.  Mme Ghosh a expliqué que le problème avec les politiques macroéconomiques est que les hommes politiques ont un agenda différent.  Il est donc indispensable de disposer d’une société civile dynamique. 

Table ronde sur le thème « Rôle des organisations régionales et intergouvernementales dans la promotion de l’égalité des sexes »


Exposés


Mme RAWWIDA BAKSH, Secrétariat du Commonwealth, a expliqué que le plan d’action du Commonwealth présenté à la Conférence de Beijing avait déjà adopté une approche sexospécifique intersectorielle.  Les problèmes de paix, de gouvernance et de démocratie ne peuvent pas être dissociés des questions liées à l’égalité entre les sexes, a ajouté la représentante.  Nous avons établi des partenariats pour promouvoir l’égalité entre les sexes avec la société civile et le secteur privé.  Nous reconnaissons que les progrès ont été inégaux, notamment  en matière de représentation des femmes à la vie politique des pays du Commonwealth.  L’Afrique du Sud, où les femmes sont présentes à hauteur de 42% dans les institutions politiques, et l’Inde sont de bons exemples d’autonomisation.  En Inde, un quota de 30% a permis à 500 000 femmes d’occuper des sièges électifs locaux.  Nous avons lancé des initiatives au Canada, à Singapour, aux Seychelles, en Jamaïque et au Belize pour lutter contre la violence domestique.  Un tiers des citoyens vivant avec moins d’un dollar par jour sont des citoyens du Commonwealth dont les deux tiers sont des femmes.  Au sein du Secrétariat, nous avons mis en place un comité de suivi  et des points focaux pour intégrer les questions sexospécifiques dans tous nos programmes.  Nous devons renouveler notre engagement en faveur des femmes en renforçant nos partenariats, en voyant l’intégration de la dimension sexospécifique comme une démarche de justice vers l’égalité. 


Mme WADOUDA BADRAN, Directrice générale de l’Organisation des femmes arabes, a déclaré que la Ligue des États arabes, dont dépend son Organisation, accordait une place importante aux femmes.  Une action conjointe arabe a été menée suite à la quatrième Conférence mondiale sur les femmes, qui s’était tenue à Beijing, pour que les femmes et filles arabes en tirent partie.  L’éducation et la formation sont considérées comme des priorités dans les pays arabes, a-t-elle affirmé, citant également la réduction de la pauvreté et la participation des femmes dans la vie économique.  Elle a par ailleurs également indiqué que, s’agissant du renforcement des droits des femmes, un guide avait été publié en 2004 sur la condition des femmes, lequel sert de base de données.  La Ligue des États arabes a également adopté des mécanismes pour favoriser, par le biais de séminaires ou de cours de formation, l’accès des femmes aux postes de décisions, a-t-elle ajouté, précisant qu’une conférence était prévue sur le rôle des femmes dans la gestion des affaires de la société.  La Commission des femmes arabe a, par ailleurs, lancé des appels pour que soit mis fin aux violences que subissent les femmes palestiniennes. 


Mme CARMEN LOMELLIN, Secrétaire exécutive de la Commission interaméricaine de la femme de l’Organisation des États d’Amérique (OEA), a expliqué que la Commission travaille activement à l’élimination de la violence basée sur le sexe et la traite des femmes et des enfants à des fins d’exploitation.  L’OEA est dotée d’une Convention de lutte contre la violence qui s’intitule « Convention de Belem Do Para ».  Alors que nous célébrons le 10e anniversaire du Programme d’action de Beijing, il est important de comprendre qu’avec les nouvelles possibilités, les responsabilités sont également plus grandes.  Dans ce contexte, la Commission a réorienté son mandat afin que son rôle réponde mieux aux besoins de la région.  En avril 2000, l’OEA a organisé pour la première fois une réunion des ministres chargés des questions liées aux femmes.  Quatre ans plus tard, les ministres ont approuvé un programme interinstitutions pour promouvoir l’égalité entre les sexes et les droits humains de la femme.  Les « femmes et la paix » est un autre domaine d’action prioritaire pour l’OAS.  Nous avons, entre autres, adopté en 2003 une résolution sur la promotion du rôle des femmes dans la prévention et le règlement des différends.  La lutte contre la violence constitue également un domaine d’action important.  Nous avons à cet effet adopté la Convention interaméricaine sur la prévention, la répression et l’élimination de la violence.  À ce jour, 31 des 34 États membres de l’OAS l’ont signée.  Avec le soutien du Gouvernement du Mexique, l’OAS a organisé une réunion d’experts chargée d’étudier la possibilité de créer un mécanisme de suivi de la Convention.


Mme BEATRIX ATTINGER COLIJN, Conseillère principale sur les questions féminines pour le Secrétariat de l’Organisation pour la coopération et la sécurité en Europe (OSCE), a rappelé qu’au sommet de l’OSCE à Istanbul en 1999, les chefs d’État et de gouvernement ont déclaré que « l’exercice complet et équitable par les femmes de leurs droits humains est essentiel pour créer une zone de l’OSCE plus juste, plus prospère et plus démocratique ».  Les pays membres se sont également engagés à intégrer la question de l’égalité entre les hommes et les femmes à leurs politiques tant au niveau national qu’au sein de l’Organisation.  Mme Colijn a rappelé que pour l’OSCE,  l’égalité entre les sexes contribuait à la sécurité, laquelle est un objectif des activités de l’Organisation dans les domaines humain, économique, environnemental et politico-militaire.  L’OSCE devrait prendre en compte la perspective sexospécifique dans ses activités, ses projets et programmes afin de réaliser l’égalité au sein de l’Organisation, ainsi  qu’à l’intérieur des États membres, a-t-elle poursuivi.  Le rôle des organisations internationales et régionales dans la promotion de l’égalité des sexes peut être étendu et divers, a-t-elle souligné.  L’OSCE, a-t-elle poursuivi, a adopté une approche multidimensionnelle, conformément à son mandat et à ceux définis en commun accord avec les pays hôtes de ses missions.  Cette tâche ne sera couronnée de succès que si les organisations appliquent dans leurs propres structures les valeurs qu’elles défendent, a-t-elle conclu.


Mme LUISELLA PAVAN-WOOLFE, Commission européenne, a expliqué que la Commission visait à atteindre 60% pour l’embauche des femmes d’ici à 2010.  Notre population active vieillit et c’est pourquoi, nous devons renforcer le potentiel des femmes et des hommes pour parvenir à la croissance et à l’embauche qui sont la meilleure arme contre l’exclusion et la pauvreté.  Ceci est fondamental car les femmes de la Commission, en particulier les femmes âgées, sont plus vulnérables que les hommes à la pauvreté.  La violence au foyer a aussi été invoquée comme l’un des facteurs d’exclusion sociale.  La représentante a aussi expliqué que la Commission européenne est un partenaire clef dans les efforts mondiaux de promotion de la parité, notamment par des programmes de promotion de l’éducation ou de lutte contre la pandémie du VIH/sida.  Une fois adopté par notre Conseil exécutif, l’Institut sur la condition de la femme devrait voir le jour.  Si nous voulons parvenir à l’égalité dans tous les domaines, il faut mener des actions collectives à l’échelon mondial.


Mme WINNIE BYANYIMA, Directrice de la Commission femmes, parité et développement de l’Union africaine, a rappelé que lors de leur premier sommet, en juillet 2002 à Durban, les chefs d’État et de gouvernement de l’Union africaine avaient établi un précédent mondial en adoptant le principe de l’égalité entre les sexes dans la prise de décisions et avait élu cinq femmes et cinq hommes commissaires pour diriger l’Union.  Sur les 16 directeurs recrutés récemment, sept sont des femmes, a-t-elle poursuivi.  À l’occasion de la deuxième session ordinaire de l’Assemblée, à Maputo, en 2003, les États membres ont adopté l’amendement à la Charte africaine sur les droits de l’homme et des populations sur les droits des femmes en Afrique, a-t-elle également souligné, ajoutant que l’an passé, le Parlement panafricain avait franchi une étape historique en élisant une femme comme son premier président.  Mme Byanyima a par ailleurs expliqué que la Commission avait adopté un plan stratégique d’action pour la période 2004-2007 à trois composantes ayant trait à la promotion de l’égalité entre les sexes: mise en place d’un tissu industriel favorable à une véritable intégration sexospécifique, création d’une capacité sexospécifique au sein de la Commission et des autres organes de l’Union africaine, et une mise en œuvre des décisions des États membres en matière de promotion de l’égalité entre les sexes et d’autonomisation des femmes aux niveaux continental, régional et national.


Dialogue interactif


Répondant aux commentaires formulés par les délégations, Mme Badran a expliqué que la Ligue des États arabes avait conclu un mémorandum d’accord établissant les modalités de sa coopération avec les représentants de la société civile.  Les femmes constituent 40% du personnel de la Ligue.  L’établissement de partenariats est essentiel.  C’est ce que nous faisons avec l’Organisation des migrations internationales pour lutter contre la traite ainsi qu’avec les représentants de la société civile.  Nous travaillons avec les partis politiques pour promouvoir la candidature des femmes aux élections.


Mme Colijn a reconnu que l’OSCE n’était pas un bon exemple pour que qui touche à la participation paritaire des femmes.  Nous regroupons 18 missions et aucune n’est menée par une femme et nous sommes bien en deçà des 30% de représentation de femmes au sein de notre Organisation.  La représentante de la Commission européenne, Mme Pavan-Woolfe, a expliqué que l’OSCE travaille avec des administrations nationales, locales et régionales, avec les universités dans l’ensemble de l’Union ainsi qu’avec les ONG de l’Union.  Un tiers des membres de la Commission de l’Union sont des femmes, un tiers des membres du Parlement sont des femmes et 24% des membres du Conseil exécutif sont des femmes.  Nous avons eu une femme présidente du Parlement européen mais à ce jour, aucune n’a encore présidé la Commission.


Mme Baksha a expliqué que le Commonwealth travaille avec des juges, avocats, institutions universitaires et organisations de jeunes pour aider les pays dans la formulation de leur politique.  Dans une situation de crise, le Commonwealth est un partenaire de confiance et son Secrétaire général joue un rôle de bons offices.  Nous tentons d’édifier une réelle volonté politique au sein de l’organisation.  En Sierra Leone, le Commonwealth a travaillé avec une coalition d’ONG pour imposer un quota de 30% de sièges réservés aux femmes sur les listes des partis politiques.  Bien que nous n’ayons jamais eu de femme au poste de secrétaire général, la moitié des secrétaires généraux adjoints sont des femmes.


Répondant à la question posée par le représentant de la Côte d’Ivoire, la représentante de l’Union africaine, Mme Byanyima, a expliqué que l’Union appuie l’activité des gouvernements et les harmonise à l’échelle du continent dans tous les domaines et pas seulement en matière de parité.  Nous jouons aussi un rôle de supervision mais également de plaidoyer.  Nous jouons aussi un rôle de prévention et de règlement des conflits.  La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) travaillent beaucoup avec les femmes dans les zones de conflit pour que leurs voix se fassent entendre.


Répondant à une question sur les Roms, sujet d’attention pour l’Union européenne, dont les membres sont passés de 15 à 25, Mme Pavan-Woolfe a souligné que l’Union était une force motrice du principe de l’égalité de traitement entre les êtres humains.  L’Union européenne a créé un cadre juridique visant à combattre toute forme de discrimination fondée sur le sexe, la religion ou la race, a-t-elle dit, précisant qu’un mécanisme législatif était en place tant au niveau de l’Union européenne que des États membres.  La représentante a ajouté qu’en 2004, un document (« papier vert ») sur la non-discrimination avait été distribué et avait reçu 1 500 contributions.  L’Union européenne a, de même, l’intention de faire cette année une intervention sur la lutte contre la discrimination, où la question des minorités, et particulièrement celle des Roms, sera évoquée, a-t-elle poursuivi.


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