ECOSOC/6162

L’ÉCOSOC SE PENCHE SUR LES RÉFORMES LIÉES AU FONCTIONNEMENT DES ACTIVITÉS DE DÉVELOPPEMENT DE L’ONU

08/07/2005
Communiqué de presse
ECOSOC/6162


Conseil économique et social

Session de fond de 2005

20e & 21e séances – matin & après-midi


L’ÉCOSOC SE PENCHE SUR LES RÉFORMES LIÉES AU FONCTIONNEMENT DES ACTIVITÉS DE DÉVELOPPEMENT DE L’ONU


Le Conseil économique et social a entamé aujourd’hui son débat consacré aux activités opérationnelles au service de la coopération internationale pour le développement en portant sa réflexion, avec des responsables d’institutions spécialisées, sur les réformes liées à leur fonctionnement.


Le processus de réforme en cours doit se poursuivre avec la participation active de l’ensemble des organismes de développement du système des Nations Unies, notamment dans le cadre du Groupe des Nations Unies pour le développement (GNUD) et du Conseil des chefs de secrétariat (CCS), souligne le Secrétaire général dans son rapport sur les activités opérationnelles du système des Nations Unies au service de la coopération internationale pour le développement*.


Les domaines spécifiquement visés sont la simplification et l’harmonisation des processus, les Bilans communs de pays (BCP) et le Plan-cadre des Nations Unies pour l’aide au développement (UNDAF), le système des coordonnateurs résidents, les activités d’évaluation, le renforcement des capacités, les questions de parité entre les sexes, les aspects régionaux et la transition des secours au développement. 


Selon le Secrétaire général, les organisations du système sont appelées à simplifier davantage leurs règles et procédures, en accordant la priorité à la rationalisation de leur présence dans les pays, y compris par des arrangements interinstitutions appropriés.  De même, les organisations devraient mieux soutenir le système des coordonnateurs résidents sur les plans financier, technique ou organisationnel, l’idée fondamentale étant que ce système appartient à l’ensemble des organismes des Nations Unies chargés du développement et que son fonctionnement devrait être participatif, collégial et responsable.


Agir en faveur du développement permettra au système de relever plusieurs défis, a observé le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, José Antonio Ocampo.  Le système doit d’abord, selon lui, assurer une appropriation nationale des actions des Nations Unies.  Toutes les composantes du système doivent être mobilisées au service du développement et il faut notamment améliorer les efforts opérationnels en coopérant avec les éléments du système qui détiennent des capacités d’analyse.  En outre, les acteurs extérieurs comme la société civile et le secteur privé doivent être mobilisés plus systématiquement.


Le Directeur général de l’Agence française de développement (AFD), Jean-Michel Severino, a insisté pour sa part sur le considérable émiettement du système opérationnel des Nations Unies au travers d’un grand nombre de fonds, programmes et d’institutions.  Selon lui, c’est à l’Organisation elle-même, et non pas uniquement aux États Membres, de proposer une réduction du nombre de fonds, programmes et d’institutions ou leur fusion.  À cette fragmentation, M. Ocampo a ajouté deux autres défis à relever.  Tout d’abord, le concept d’appropriation nationale, qui présente toujours des difficultés pour toutes les agences de coopération, puis le renforcement des capacités nationales, lequel constitue une question fondamentale, car elle est la condition préalable au fonctionnement de la coopération.


Par ailleurs, plusieurs intervenants ont regretté le rythme, à leurs yeux, trop lent de la réforme des Nations Unies.  Même s’il s’est accéléré, il demeure encore insuffisant, a estimé Frans Roselaers, de l’Organisation internationale du Travail (OIT).  Toutes les organisations des Nations Unies n’avancent pas au même rythme, a-t-il expliqué.  Selon lui, certaines ne sont pas sensibilisées à la nécessité de participer au processus global de réforme de l’Organisation et mènent déjà leur propre réforme.  Bruce Jenks, du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), tout en regrettent la lenteur qui a marqué la réforme du PNUD, a estimé que la question du rythme reste secondaire, l’essentiel de la réforme devant porter sur la qualité.


Le Conseil économique et social reprendra son débat consacré aux activités opérationnelles, lundi 11 juillet à 10 heures, avec une table ronde sur le thème « Financement des activités de coopération des Nations Unies pour le développement aux fins de la réalisation des objectifs de développement convenus sur le plan international, notamment ceux énoncés dans la Déclaration du Millénaire: diverses formules et modalités de financement des activités opérationnelles de développement du système des Nations Unies ».


*  Document publié sous la cote E/2005/58


ACTIVITÉS OPÉRATIONNELLES DU SYSTÈME DES NATIONS UNIES AU SERVICE DE LA COOPÉRATION INTERNATIONALE POUR LE DÉVELOPPEMENT


Dialogue interactif sur le thème « Présenter les réformes portant sur le fonctionnement des activités de développement de l’Organisation des Nations Unies aux fins de la réalisation des objectifs de développement convenus sur le plan international, notamment ceux énoncés dans la Déclaration du Millénaire »


M. JOSÉ ANTONIO OCAMPO, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, a évoqué le rôle du système des Nations Unies dans le développement des pays, dans le contexte du rapport du Secrétaire général intitulé « Dans une liberté plus grande ».  La coopération des Nations Unies pour le développement constitue le vecteur permettant de concrétiser les projets.  Sur le terrain, l’Organisation détient une capacité unique à fournir un appui multilatéral aux États Membres.  Premièrement, elle dispose d’une capacité de rassemblement sans parallèle; deuxièmement, elle joue un rôle de plaidoyer distinct de son rôle normatif pour promouvoir le développement là où un consensus a pu être trouvé; troisièmement, elle détient une capacité d’analyse sur des questions complexes et mène des activités de sensibilisation; quatrièmement, elle joue un rôle particulier dans le règlement et la prévention des conflits et a la capacité de lier les conditions économiques et sociales au règlement des conflits; et cinquièmement, elle a une capacité unique à aider les pays en développement à renforcer leurs propres capacités nationales.


Le Secrétaire général adjoint a ensuite rappelé que la coopération avait décliné au début des années 90, et que les réformes des Nations Unies avaient donc cherché à améliorer l’efficacité du système.  Il a notamment cité en exemple la nécessité de dégager des synergies parmi les organismes, et celle de réduire les coûts des transactions.  Pour mener à bien ces réformes, des ressources financières sont nécessaires, et notamment des ressources de base, afin de maintenir les capacités du système.  Il faut également renforcer la cohérence et mieux utiliser les ressources des Nations Unies.  Tous les efforts doivent être mobilisés en faveur de la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement, a-t-il ajouté.  L’augmentation de l’aide publique au développement constitue un motif d’optimisme et le Sommet de 2005 devrait permettre de donner un nouvel élan.  Or agir en faveur du développement permettra au système de relever plusieurs défis. Le système doit d’abord assurer une appropriation nationale des actions des Nations Unies.  Toutes les composantes du système doivent être mobilisées au service du développement et il faut notamment améliorer les efforts opérationnels en coopérant avec les éléments du système qui détiennent des capacités d’analyse.  En outre, les acteurs extérieurs comme la société civile et le secteur privé doivent être mobilisés plus systématiquement.  Enfin, les Nations Unies doivent étudier la manière d’œuvrer au développement pour assurer la stabilité des pays après un conflit.


M. PETER ANYANG’ NYONG’O, Ministre de la planification économique et du développement national du Kenya, s’est accordé avec l’idée que les réformes opérationnelles des Nations Unies ne seront fructueuses que si elles sont ressenties au niveau national, notamment en aidant les gouvernements à mettre en place des projets pour la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).  Il a estimé que l’alignement du cadre d’assistance des Nations Unies sur les plans nationaux était essentiel.  Il a souhaité une participation et une contribution de tous les organismes des Nations Unies pour mieux répondre aux défis dans tous les domaines.  Il a rappelé qu’avec le soutien de l’ONU, le Kenya a engagé un processus de réforme de la fonction publique, s’inspirant de la gestion basée sur les résultats et a espéré que les progrès réalisés permettront une meilleure gouvernance.  Le Ministre a aussi suggéré que les Nations Unies et les partenaires de développement synchronisent leurs activités, en harmonie avec ce programme de réforme. 


Par ailleurs, le Ministre a déclaré que l’attention apportée actuellement, au niveau international, à l’élimination de la pauvreté en Afrique, devait avoir un impact au plan national.  Les ressources libérées par l’annulation de la dette ne seront guère utiles si elles ne sont pas dirigées vers des projets visant la réalisation des OMD, a-t-il poursuivi.  Il a aussi proposé que le système des Nations Unies tienne compte des positions exprimées par les gouvernements nationaux par le biais des mesures adoptés par les parlements nationaux. Soulignant l’importance de la participation de tous, élément essentiel pour le renforcement des capacités nationales, il a indiqué qu’il était important de procéder à une appropriation nationale des OMD. 


M. ATLE LEIKVOLL, Vice-Secrétaire général au développement international, du Ministère des affaires étrangères de la Norvège,s’est demandé ce qui pouvait être fait dans le cadre des Nations Unies pour que celles-ci soient plus efficaces en termes organisationnels.  Selon lui, si l’on a en effet progressé, un long chemin reste à parcourir.  Nous avons trop tendance à mettre l’accent sur les processus et pas assez sur les résultats lorsque l’on parle de progrès dans les réformes, a-t-il estimé.  Nous sommes tous favorables à un système plus cohérent, coordonné au niveau national, a-t-il ajouté, précisant que son pays appuyait l’idée des coordonnateurs résidents.  Il faut, a-t-il expliqué, donner davantage d’autorité au coordonnateur résident, tout en conservant sa flexibilité.  Il s’est interrogé ainsi sur la façon de renforcer la coordination de l’ensemble tout en conservant la souplesse d’action du système.  Selon lui, la création de bureaux des Nations Unies présente l’avantage d’un regroupement des ressources sur le plan économique, mais aussi de la cohérence et de la mise en oeuvre des activités. 


La réforme des Nations Unies ne se fait pas en vase clos, mais doit être réalisée dans le contexte des activités qu’elles mènent, a poursuivi le représentant, soulignant que les réformes sont liées aux besoins des pays bénéficiaires du développement, mais aussi aux autres partenaires bilatéraux et multilatéraux, comme les institutions financières internationales.  Les nouvelles modalités de développement ne posent-elles pas des défis supplémentaires aux Nations Unies de nature plus structurelle? s’est-il également interrogé.


Mme CARMEN EUGENIA OLIVA DE RODRIGUEZ, Directrice de la coopération internationale du Secrétariat de la présidence pour la planification et la programmation générale (SEGEPLAN) du Guatemala, a expliqué la manière dont son pays percevait la réforme, et comment il essayait de la lier aux Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).  Le Guatemala est l’un des pays pilotes pour l’application de la réforme, dont le lancement a coïncidé avec la signature des Accords de paix de 1996, pour lesquels l’ONU avait joué un grand rôle. Le processus de réforme et l’action menée avec le FNUAP ont permis d’améliorer la connaissance des interventions du système dans le pays.  Cependant, il faut permettre aux organismes de planification d’identifier les créneaux idéaux pour contribuer à la construction du développement.  La réalisation des OMD au Guatemala passe aussi par l’harmonisation des travaux du FNUAP, de l’UNICEF, du PNUD et du PAM.  Or, si les réformes sont bien structurées, leur processus de mise en œuvre n’a pas été suffisamment souple.  Il faut donc affecter une grande partie des ressources au renforcement des capacités nationales, ce qui permettrait au pays de ne plus dépendre de consultants extérieurs, ainsi qu’à la coopération Sud-Sud.  La réduction de l’aide financière internationale contraint le pays à être créatif dans l’affectation des ressources disponibles.  Le Guatemala est considéré comme un pays à revenu intermédiaire, a rappelé Mme Oliva de Rodriguez, mais cette classification repose sur le seul critère du revenu par habitant, ce qui n’est pas acceptable. Enfin, elle a évoqué le programme « Vamos Guatemala » destiné à relancer l’économie et à promouvoir l’harmonie sociale dans le pays.  Basé sur la solidarité, il s’accompagne de politiques sectorielles spécifiques.


M. JEAN-MICHEL SEVERINO, Directeur général de l’Agence française de développement (AFD), a souligné l’importance des progrès substantiels effectués dans le système des Nations Unies en termes d’efficacité et de santé financière adéquate.  Il a rappelé que le PNUD et l’UNICEF avaient vu leurs ressources augmenter ces dernières années bien que l’argent disponible pour de nouveaux décaissements soit extrêmement limité.  Malgré cette bonne résistance financière globale et ces réformes, le système des Nations Unies se trouve dans une situation stratégique très difficile, a-t-il indiqué.  Il est confronté, a-t-il précisé, au groupe des banques régionales de développement et des institutions de Bretton Woods qui disposent d’un accès très large aux dons.  Il a aussi noté que ce groupe avait désormais à sa portée toutes les actions, y compris dans les situations  post-conflit et d’urgence, et que les institutions financières internationales étaient devenues des concurrents redoutables, dérivant des sommes importantes hors du système de l’ONU.  Il a donc affirmé qu’il était urgent de définir la valeur ajoutée des Nations Unies afin de mobiliser les bailleurs de fonds qui, ainsi, alloueront des ressources à l’ONU plutôt qu’à ses concurrents.  Si l’on ne peut répondre à cette question, le système des Nations Unies connaîtra une érosion progressive de ses ressources, a-t-il prédit.


Par ailleurs, M. Severino a insisté sur l’efficacité sur le terrain, en notant le considérable émiettement du système opérationnel des Nations Unies au travers d’un grand nombre de Fonds et d’organes qui ne permet pas de saisir une pertinence opérationnelle.  Selon lui, c’est à l’Organisation elle-même, et non pas uniquement aux États Membres, de proposer une réduction du nombre de Fonds et d’agences ou leur fusion.  Abordant la question des stratégies de pays, il a affirmé que celles-ci ne pourraient convaincre si elles ne sont pas appuyées par une équipe interinstitutions au sein de l’ONU et validées par l’ensemble du système des Nations Unies.  Ces stratégies doivent être validées politiquement, a-t-il insisté, comme c’est le cas à la Banque mondiale et il faut réfléchir aux modalités de cette mesure.  Saluant les efforts de réforme entrepris par le système, il s’est toutefois interrogé sur les raisons de la lenteur de ce processus et sur la manière de l’accélérer.  Il a souligné la pertinence de ce vaste mouvement d’amélioration de l’efficacité qui, aux yeux d’observateurs extérieurs, demeure assez lent. 


M. ROLANDO TUNGPALAN, Directeur général adjoint de l’Autorité nationale pour l’économie et le développement des Philippines, a affirmé que son Gouvernement avait tenté de travailler avec les partenaires de l’aide publique au développement pour concrétiser les engagements au niveau du pays.  L’alignement est très important, a-t-il dit, rappelant que la Déclaration de Paris avait appelé à une plus grande prévisibilité pour l’aide extérieure.  Selon lui, si le renforcement des capacités est reconnu comme essentiel pour les Objectifs du Millénaire pour le développement, celui-ci doit être axé sur les Nations Unies au niveau des pays ou sur les mécanismes nationaux.  Engranger les impacts de développement nécessite un renforcement des capacités au niveau local, a-t-il souligné.


De même, l’intégration de procédures simplifiées d’évaluation est une question à traiter, a-t-il dit, jugeant nécessaire de prendre en considération sa pertinence et les coûts.  Les institutions des Nations Unies ne devraient pas utiliser un mécanisme distinct de ceux qu’utilisent les gouvernements, a-t-il estimé, préconisant un élargissement et un renforcement de ces derniers.  Il a également affirmé que le deuxième rapport sur les progrès de mise en œuvre  des Objectifs du Millénaire pour le développement des Philippines, publié le mois dernier, montrait que le pays était bien placé pour les réaliser, et ce, grâce à collaboration active de plusieurs parties prenantes y compris les partenaires de la famille des Nations Unies.  Le Gouvernement a montré sa détermination à poursuivre les objectifs, a-t-il conclu. 


M. BRUCE JENKS, Administrateur assistant et Directeur du Bureau des ressources et des partenariats stratégiques du PNUD, a jugé nécessaire de tenir une discussion plus ouverte pour déterminer dans quelle direction vont les Nations Unies pour leur réforme.  Tout en estimant que le rapport du Secrétaire général « Dans une liberté plus grande » fournissait des réponses, il a jugé nécessaire de repositionner le système des Nations Unies par rapport aux pays et de le doter d’une vision pour déterminer quelle direction il emprunte.  Concernant les stratégies de réduction de la pauvreté, un intervenant s’est demandé où allaient les Nations Unies, a-t-il constaté, alors que d’autres acteurs, dont les institutions de Bretton Woods, gagnent en importance.  Plus ces institutions grandissent, a-t-il noté, plus elles canalisent de ressources, et plus le rôle des Nations Unies apparaît clairement, a-t-il ajouté.  Les Nations Unies ont prouvé qu’elles étaient à même de fournir une importante contribution en ce qui concerne le Cadre de stratégie de réduction de la pauvreté  (PRSP), car il est nécessaire de disposer de capacités analytiques pour pouvoir prendre des décisions politiques.  Par ailleurs, les Nations Unies doivent disposer d’un financement important des ressources de base, afin de pouvoir être présentes auprès des pays.  Le but n’est pas d’accroître ces ressources car les Nations Unies ne sont pas une banque et ne pratiquent pas le financement.  Elles ne doivent donc pas se sentir menacées par la montée en puissance des banques et des organismes de financement.  De plus, les autres ressources sont également en pleine croissance, et il faut donc parvenir à un équilibre entre ressources de base et autres ressources, ce qui est compatible avec la croissance d’autres organisations.


M. Jenks a ensuite souligné que deux tendances coexistaient, à savoir une simplification du financement et une multiplication des sources de financement. Concernant les partenariats et l’opportunité de se tourner vers l’extérieur, il a jugé centrale la question de l’appropriation, en raison du très grand pouvoir de rassemblement dont jouissent les Nations Unies.  Enfin, il a estimé qu’il était grand temps de parvenir à une vision à plus long terme concernant la situation des Nations Unies en matière de développement.  Nous sommes au service des gouvernements et il est donc nécessaire de déterminer leur vision concernant le rôle des Nations Unies d’ici à 10 ans, a-t-il conclu.


Affirmant que l’OIT était déterminée à contribuer activement aux réformes des Nations Unies, M. FRANS ROSELAERS, Directeur du Département des partenariats et de la coopération au développement de l’Organisation internationale du Travail (OIT), est revenu sur certaines difficultés mises de l’avant par les experts nationaux.  Il a affirmé que pour faire face à ces défis, l’OIT possédait une valeur ajoutée qui pouvait aider d’autres institutions des Nations Unies, ainsi que les gouvernements.  Il a ainsi souligné l’expérience de réseaux de l’OIT qui coopère, au-delà des entités gouvernementales, avec des organisations de travailleurs et d’employeurs.  L’OIT, a-t-il précisé, acquis une grande expérience du dialogue social qui peut être utile dans le contexte de l’appropriation nationale de la planification et de l’application des projets de développement.  De plus, il a indiqué que les compétences accumulées dans des domaines divers, dont les revenus, la productivité, la protection sociale ou des droits du travail, constituaient un autre atout de l’OIT qui pourrait être utilisé par les législateurs et les décideurs ainsi que pour le renforcement des capacités au niveau local.  Enfin, répondant à un commentaire du Directeur général de l’AFD sur la nécessité de parvenir à une structure plus unifiée des Nations Unies, il a insisté sur la spécificité de chaque institution tout en reconnaissant les liens entre elles et l’importance de la coopération pour le développement.


Mme SIGRID KAAG, Directrice adjointe de la Division des programmes de l’UNICEF, a affirmé que les Nations Unies avaient un rôle à jouer au niveau des pays récipiendaires de programmes et des pays donateurs.  Tous les partenaires reconnaissent que nous avons été auparavant trop introvertis, a-t-elle indiqué, soulignant la nécessité d’éviter une simplification trop poussée.  L’UNICEF se préoccupe de la question de la marginalisation et de la vulnérabilité des droits des enfants, des droits qu’il ne faut pas négliger, a-t-elle expliqué.  De l’avis de Mme Kaag, nous devons être prêts pour détenir les capacités nécessaires.  Avons-nous les capacités « intra muros »?  Que faudra-t-il pour les renforcer étant donné les moyens des pays récipiendaires de programmes? s’est-elle notamment interrogée. 


La Directrice adjointe a en outre estimé que nous devions continuer à promouvoir les liens avec les institutions financières internationales.  Un dialogue très constructif a été établi avec les institutions de Bretton Woods, s’est-elle ainsi félicitée.  Elle a précisé que les Nations Unies et les institutions de Bretton Woods avaient en effet un rôle particulier à jouer de concert.  De même, les Nations Unies ont, selon elle, un rôle crucial à jouer pour s’assurer que les questions de droits reçoivent l’attention qu’elles méritent dans le cadre d’une vision holistique à long terme.  Notant par ailleurs que le Consensus de Monterrey constituait une sorte de relation triangulaire entre les Nations Unies, les bailleurs de fonds et les pays récipiendaires de programmes, elle s’est déclarée préoccupée par le problème de la marginalisation et du manque de justice sociale.  Des disparités considérables demeurent aux niveaux national et régional, a-t-elle ajouté.


M. PETER MERTENS, Coordonnateur de l’Organisation mondiale de la santé auprès de l’Organisation des Nations Unies et d’autres organisations intergouvernementales du Département de la gouvernance de l’OMS, a reconnu que la collaboration était essentielle pour atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement.  Il a cependant fait remarquer que l’on a tendance à tout morceler pour mieux traiter chaque question, et chaque thème catégorisé devient une sorte de projet autonome.  Il a ensuite affirmé que les pays étaient responsables de leur propre développement et que le système des Nations Unies devait les aider avant tout à renforcer leurs capacités nationales, ce qui implique des relations étroites.  J’exhorte donc au partage des responsabilités, notamment au niveau des États Membres et des institutions chargées de leur mise en œuvre, mais aussi des bénéficiaires et des utilisateurs ultimes du processus, a-t-il déclaré.  Du point de vue systémique, l’OMS a fait siens les principes d’intégration et de coopération.  Elle estime qu’il revient à l’État Membre de déterminer les secteurs qui ont besoin d’attention, pour définir avec l’Organisation là où son institution spécialisée peut intervenir de manière significative.  Nous sommes dans un monde où à tout moment, 25 des États Membres traversent une crise, a poursuivi M. Mertens, et la capacité à réagir rapidement est déterminante.  Le système des coordonnateurs résidents doit dont faire preuve de solidité.


Concernant l’inclusivité du système des Nations Unies, il a affirmé que l’OMS essayait de modifier son approche pour atteindre les nouveaux objectifs. Il a appelé à discuter des besoins de réforme des instances de coordination au niveau central, avant de conclure en déclarant que l’OMS était résolument engagée dans le processus de réforme des Nations Unies.


M. ECKHARD HEIN, Chef de la Division des ressources et des partenariats stratégiques du Département technique de la FAO, a rappelé que les actions de cette Organisation, comme des autres, dépendaient de la cohésion des opinions exprimées par ses États membres.  Il incombe à ces États, a-t-il rappelé, de déterminer le programme de travail ou encore de décider de l’affectation des ressources.  Il s’est interrogé sur la contribution des institutions spécialisées, dans un environnement de l’aide publique pour le développement en pleine évolution.  Il a expliqué que la FAO ne possédait pas uniquement un mandat opérationnel mais avait aussi des fonctions normatives ainsi que la possibilité de convoquer certaines instances internationales, influant ainsi sur le droit international.  M. Hein a souligné le succès des relations entre le coordonnateur résident et la FAO au cours de ces 30 ans.  Ce qui compte avant tout, c’est ce qui se passe au niveau de chaque pays, a-t-il ajouté, en insistant sur la prise en compte du principe de gestion et de celui de la coordination par le système du coordonnateur résident.  Il a expliqué que les dirigeants exprimaient ce qui devait être fait alors que les responsables de la gestion articulaient la manière de le faire, faisant observer que la combinaison des deux donnait lieu à certaines difficultés.  Par ailleurs, il a indiqué que les liens d’interdépendance entre les OMD contraignaient les institutions spécialisées à collaborer afin d’appuyer les gouvernements dans leur rôle de leadership et leur appropriation nationale du processus de développement.


Mme MANUELA TORTORA, Chef des services de coopération technique de la CNUCED, a affirmé que les échanges commerciaux représentaient une question horizontale qui avait un lien avec la pauvreté.  Elle a souligné que la stratégie de la CNUCED allait au-delà des principes fondamentaux de la Déclaration de Paris, adoptée il y a quelques semaines.  La CNUCED, a-t-elle ajouté, bénéficie de 40 années d’expertise sur les échanges commerciaux et demeure dotée d’une capacité analytique qui se distingue des autres institutions spécialisées du développement.  Le volet économique et social du développement se trouve réduit par les équipes pays et les autorités nationales lorsqu’elles élaborent leurs programmes, a-t-elle estimé, précisant qu’une collaboration avec la CNUCED était nécessaire pour rétablir l’équilibre.


Par ailleurs, la CNUCED est une institution non résidente, un statut qui constitue un obstacle sur le plan pratique, a-t-elle indiqué.  Elle a ajouté qu’au cours des derniers mois, le dialogue avec de nombreuses équipes pays et coordinateurs résidents s’était avéré fructueux en dépit de l’absence de la CNUCED dans les pays.  Cela a été le cas, notamment, au Kenya et en Chine.  Un nouveau dialogue avec la République démocratique populaire lao a été lancé, a-t-elle précisé.  La coopération et le dialogue avec le coordonnateur résident sont essentiels.  Évoquant par ailleurs l’obstacle très important que constitue la structure financière, Mme Tortora a expliqué que les ressources ne sont pas prévisibles.  Le financement s’effectue projet par projet.  Nous devons donc réfléchir à la manière d’innover et de créer de nouveaux mécanismes financiers afin de parvenir à un alignement de la CNUCED avec les bénéficiaires au niveau national, a-t-elle préconisé.


Dans ses remarques de clôture, le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales a reconnu que le domaine des Nations Unies s’était rétréci par rapport à celui des banques, notamment en application des mesures prises ces 25 dernières années.  Dans le même temps, les Nations Unies ont démontré leur force, à commencer par leur capacité unique de rassemblement.  Elles sont également uniques de par leur capacité normative, et elles organisent des conférences internationales importantes comme celle de Monterrey.  De plus, l’appropriation des stratégies par les pays en développement découle de la capacité à effectuer un choix parmi des idées très diverses.  L’ONU défend l’idée qu’elle a des atouts lui permettant de travailler dans le cadre du développement, ce qui lui a permis de forger des partenariats  avec les banques et de travailler en collaboration avec les institutions de Bretton Woods.


Cependant, il reste des défis à relever.  Premièrement, le concept d’appropriation nationale présente toujours des difficultés pour toutes les agences de coopération.  Les Nations Unies continuent à travailler sur la base de l’offre, car travailler sur la base de la demande impliquerait une initiative des États Membres.  Deuxièmement, le renforcement des capacités nationales constitue une question fondamentale, car elle est la condition préalable au fonctionnement de la coopération.  Troisièmement, le système des Nations Unies est confronté à la fragmentation, ce qui est partiellement le résultat d’un souhait de visibilité et d’une culture de la concurrence entre les institutions de l’Organisation.  Celle-ci se doit de laisser place à une culture de coopération accrue.  Cependant, les gouvernements ont besoin d’une coopération spécifique, et les Nations Unies doivent donc travailler en tant que système tout en répondant aux besoins divers émanant des pays.


Par ailleurs, le Secrétaire général adjoint a reconnu que les Nations Unies n’avaient pas réussi à intégrer la coopération économique dans le processus de réforme (CCA) et le Plan-cadre des Nations Unies pour le développement (UNDAF).  Enfin, évoquant le lien entre les aspects normatifs et les aspects opérationnels, il a jugé nécessaire de s’interroger sur le lien existant entre les engagements pris par les pays dans le cadre des grandes conférences internationales, et ce qu’ils font ensuite sur le terrain.  De même, il faut déterminer comment les institutions appuient les processus nationaux.  La société civile critique souvent les Objectifs du Millénaire pour le développement, a constaté le Secrétaire général adjoint, car elle leur reproche d’être axés sur les donateurs.  Or, ces objectifs sont le résultat des engagements pris par les États dans le cadre des grandes conférences, a-t-il rappelé.


Dialogue interactif


Plusieurs intervenants ont regretté que le rythme de la réforme des Nations Unies soit trop lent.  Ce rythme est encore insuffisant, même s’il s’est accéléré, a déclaré M. FRANS ROSELAERS, qui s’exprimait au nom de l’OIT. Toutes les institutions des Nations Unies, a-t-il expliqué, ne progressent pas selon le même rythme.  Certaines ne sont pas sensibilisées à la nécessité de participer au processus global de réforme de l’Organisation, et d’autres mènent déjà leur propre réforme. M. BRUCE JENKS, Administrateur assistant du PNUD, tout en regrettant la lenteur qui a marqué la réforme du PNUD, a estimé qu’il importait que la réforme soit de qualité, la question de son rythme étant secondaire.  Prenant la parole au nom de la FAO, M. ECKHARD HEIN a souscrit à la nécessité d’accélérer le changement en raison de l’évolution rapide de la conjoncture.  Il a notamment indiqué que la FAO allait étudier la possibilité de fusionner le Conseil des chefs de secrétariat (CCS) et le Groupe des Nations Unies pour le développement (GNUD) à cette fin, et dans le but de rationaliser les processus de gestion.  M. PETER MARTENS, Coordonnateur de l’OMS auprès de l’ONU et d’autres organisations intergouvernementales, a appuyé l’idée d’une fusion du Conseil des chefs de secrétariat et du Groupe des Nations Unies pour le développement. Nous devons nous montrer audacieux et essayer des formules différentes si nous voulons provoquer le changement, a-t-il expliqué.  Cependant, il a estimé que la réforme des Nations Unies ne pouvait pas être plus rapide que la capacité d’absorption du système. Notant qu’il n’existe pas de Bureau chargé de la mise en œuvre de la réforme, il a souhaité que des mécanismes visant à accélérer les processus de réforme soient mis en place.


M. PETER ANYANG’ NYONG’O, représentant du Kenya, a affirmé que les Nations Unies, les institutions multilatérales et les partenaires au niveau national jouaient un rôle clef pour aider les gouvernements à renforcer leurs capacités nationales.  S’exprimant au nom de la CNUCED, Mme MANUELA TORTORA a jugé que le but principal de l’assistance fournie par l’ONU devrait justement être d’aider les pays à mettre en place et à évaluer leur propre politique de développement nationale, de façon intégrée.  Intervenant de nouveau, le représentant de l’OMS a supposé que lorsqu’un pays était capable de prendre en main ses propres programmes, les interventions des Nations Unies et des autres organismes devraient diminuer.


Reprenant la parole, le représentant du Kenya, a constaté que les fonctionnaires nationaux passaient beaucoup de temps à discuter avec les institutions de Bretton Woods.  Ils devraient, a-t-il suggéré, aligner leurs priorités budgétaires avec celles indiquées par le FMI.  La synchronisation de ces actions avec les mesures prises par les Nations Unies pour mettre en œuvre les programmes n’apparaît pas clairement, a-t-il déclaré, et les messages sont souvent discordants. Les priorités devraient être synchronisées, ce qui nécessite la mise en œuvre de réformes par les gouvernements. Prenant la parole au nom de l’UNICEF, Mme SIGRID KAAG a estimé que la synchronisation exigeait la création d’un lien au sein des programmes nationaux, afin que chacun soit informé de la direction que prend la réforme.


Par ailleurs, le représentant de l’OMS a proposé que les organismes du système se représentent mutuellement, sans que cela remette en cause les équipes des pays.  Il faut rationaliser la présence des Nations Unies sur le terrain, ou du moins en réduire la complexité, a-t-il expliqué.  Le représentant des États-Unis a cependant relevé que les institutions spécialisées adoptaient parfois une attitude protectrice en ce qui concerne leur champ d’activités et leurs actions sur le terrain.  Nous devons essayer de les faire toutes participer au même effort mais elles sont parfois concurrentes, a-t-il déploré.  Il a donc proposé que les Directeurs régionaux coordonnent les travaux des différentes institutions spécialisées dans les pays. Les Nations Unies vont dans la bonne direction, mais les pays ne sont pas tous au même niveau, a-t-il conclu.


La discussion a également mis en valeur l’importance des mesures incitatives ainsi que le rôle du Coordonnateur résident.  L’important enjeu pour l’Organisation au niveau national est de savoir comment se repositionner pour apporter un appui maximal aux pays dans le contexte particulier des Objectifs du Millénaire pour le développement, a déclaré le représentant du PNUD, qui a ensuite souligné l’importance d’instaurer un système incitatif.  Celui mis en place dans le processus interinstitutions a eu pour effet de multiplier les candidatures au poste de Coordonnateur résident, et de faire entendre la voix de toutes les institutions spécialisées.  Le représentant de la FAO a cependant estimé qu’il y avait au sein du système de l’ONU un débat sur le rôle et les fonctions du Coordonnateur résident.  Plus les Coordonnateurs résidents connaissent les institutions, plus ils sont performants, a-t-il estimé, mettant en valeur l’importance de la mobilité à cet égard.  Pour sa part, le représentant de l’OMS a déclaré que les mesures incitatives n’avaient pas toujours une influence positive.  L’accélération des activités combinée à un manque de ressources extérieures  complique et limite l’activité du personnel sur le terrain, a-t-il ajouté.


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