CS/8496

CONSEIL DE SÉCURITÉ: LES CHEFS D’ÉTAT ET DE GOUVERNEMENT ADOPTENT DES TEXTES SUR LA LUTTE CONTRE LE TERRORISME ET LA PRÉVENTION DES CONFLITS, EN PARTICULIER EN AFRIQUE

14/09/2005
Conseil de sécuritéCS/8496
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Conseil de sécurité

5261e séance – matin


CONSEIL DE SÉCURITÉ: LES CHEFS D’ÉTAT ET DE GOUVERNEMENT ADOPTENT DES TEXTES SUR LA LUTTE CONTRE LE TERRORISME ET LA PRÉVENTION DES CONFLITS, EN PARTICULIER EN AFRIQUE


Les chefs d’État ou de gouvernement des pays membres du Conseil de sécurité, ainsi que le Ministre des affaires étrangères du Japon ont répondu présent à l’invitation de la Présidente des Philippines à faire le point, avec le Secrétaire général de l’ONU, sur la lutte contre le terrorisme et la prévention des conflits, en particulier en Afrique.  La présidence philippine du Conseil a profité de la présence de plus de 150 dirigeants du monde à la Réunion plénière de haut niveau de l’Assemblée générale pour convoquer une réunion au sommet qui a commencé par l’adoption, à l’unanimité, de résolutions sur les deux points en discussion. 


Se félicitant de ces textes, à l’instar du Président des États-Unis, George W. Bush, le Secrétaire général s’est dit encouragé que « les signataires du projet de document final du Sommet mondial », les États Membres se soient engagés à ce que la stratégie mondiale de lutte contre le terrorisme en cinq points qu’il a présentée cette année, à Madrid, soit promptement examinée à la soixantième session de l’Assemblée générale.  Il ne faut pas sous-estimer le terrorisme, a renchéri le Premier Ministre du Royaume-Uni, en arguant qu’il s’agit d’un mouvement qui a une idéologie et une stratégie visant non seulement à tuer mais à semer le chaos, l’instabilité et la confusion entre ses ennemis.  Tony Blair a prôné la détermination et l’union contre ce fléau ainsi qu’une lutte acharnée contre la propagande selon laquelle le terrorisme trouve ses origines « à cette table du Conseil de sécurité ».


Dans la résolution 1624 (2005) adoptée aujourd’hui, les membres du Conseil appellent tous les États à interdire, par la loi, l’incitation à commettre des actes terroristes, à prévenir une telle incitation et à refuser l’asile à toute personne « au sujet de laquelle on dispose d’informations crédibles et pertinentes selon lesquelles il existe des raisons sérieuses de penser qu’elle est coupable d’une telle incitation ».  Pour aller plus loin, la Présidente des Philippines, Gloria Macapagal-Arroyo, a suggéré au Conseil de sécurité d’entreprendre un projet spécial de coordination du renseignement, en collaboration avec les Etats-Unis, afin notamment de constituer une liste d’organisations privées qui pourraient servir de couverture à des activités terroristes, de même qu’une liste de gouvernements qui cautionneraient le terrorisme ou qui seraient directement impliqués dans ce genre d’activités.


Avec elle, de nombreuses délégations ont, en outre, souhaité la finalisation rapide des négociations sur le projet de convention générale sur le terrorisme internationale et à cet égard, le Premier Ministre danois, Anders Fogh Rasmussen, a jugé consternant que quatre ans après les attentats de New York, certains pays continuent de s’opposer à un accord sur une définition du terrorisme.  Pour le Président de l’Algérie, Abdelaziz Bouteflika, une convention générale permettrait d’éviter tout amalgame entre le terrorisme et les luttes légitimes des peuples pour leur libération et leur autodétermination.


Dans la même résolution, les membres du Conseil soulignent que les États doivent veiller à ce que toutes les mesures qu’ils prennent soient conformes à toutes les obligations qui leur incombent en vertu du droit international.  Cette disposition a été particulièrement appuyée par le Premier Ministre de la France, Dominique de Villepin, qui a estimé que l’exemplarité des démocraties était leur meilleur atout face aux terroristes.  La lutte contre le terrorisme dépend de celle contre l’injustice et de la prévention des conflits, a estimé le Président de l’Argentine, Nestor Kirchner, qui, aux côtés, du Président du Brésil, Luiz Inácio Lula da Silva, s’est attardé longuement sur la question de la prévention des conflits en Afrique.


Par la résolution 1625 (2005), les membres du Conseil affirment qu’ils sont résolus à renforcer les capacités de prévention des conflits de l’ONU entre autres, en renforçant les capacités régionales et sous-régionales d’alerte rapide.  Ils demandent que soient renforcées la coopération et la communication entre l’ONU et les organisations ou accords régionaux ou sous-régionaux, en ce qui concerne en particulier les initiatives de médiation.  Le Conseil demande aussi à tous les États africains et à la communauté internationale de participer pleinement au renforcement des capacités des organisations régionales et sous-régionales africaines, de façon à ce que des moyens civils et militaires puissent être déployés rapidement lorsque cela est nécessaire. 


Les membres du Conseil affirment leur soutien à la proposition du Secrétaire général concernant un programme décennal de renforcement des capacités de l’Union africaine.  Coauteur de la résolution avec l’Algérie et la République-Unie de Tanzanie, le Président du Bénin, Mathieu Kérékou, a proposé, entre autres, que, le cas échéant, le Conseil de sécurité initie des missions politiques de haut niveau, en coordination avec les organisations régionales, afin de mieux peser sur le cours des événements et de renforcer la crédibilité des initiatives régionales. La réunion du Conseil a aussi, pour de nombreuses délégations, été l’occasion de manifester leur préoccupation face à la question des armes de destruction massive, en particulier en République populaire démocratique de Corée et en République islamique d’Iran.  La question de la réforme du Conseil de sécurité est également revenue dans plusieurs interventions.


MENACES À LA PAIX ET À LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES


Textes de projets de résolution:


S/2005/577


Le Conseil de sécurité,


Réaffirmant ses résolutions 1267 (1999) du 15 octobre 1999, 1373 (2001) du 28 septembre 2001, 1535 (2004) du 26 mars 2004, 1540 (2004) du 28 avril 2004, 1566 (2004) du 8 octobre 2004 et 1617 (2005) du 29 juillet 2005, la déclaration annexée à sa résolution 1456 (2003) du 20 janvier 2003, ainsi que ses autres résolutions concernant les menaces que les actes de terrorisme font peser sur la paix et la sécurité internationales,


Réaffirmant également qu’il est impératif de combattre par tous les moyens, conformément à la Charte des Nations Unies, le terrorisme sous toutes ses formes et manifestations et soulignant par ailleurs que les États doivent veiller à ce que toutes les mesures qu’ils prennent pour lutter contre le terrorisme respectent toutes les obligations qui leur incombent en vertu du droit international, et que ces mesures doivent être conformes au droit international, en particulier aux instruments relatifs aux droits de l’homme, au droit des réfugiés et au droit humanitaire,


Condamnant avec la plus grande fermeté tous les actes de terrorisme, quels qu’en soient les motifs, où qu’ils soient commis et quels qu’en soient les auteurs, en tant qu’ils constituent l’une des plus graves menaces contre la paix et la sécurité, et réaffirmant la responsabilité principale qu’il assume dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales, conformément à la Charte des Nations Unies,


Condamnant aussi avec la plus grande fermeté l’incitation à commettre des actes terroristes et récusant toute tentative de justifier les actes terroristes ou d’en faire l’apologie, susceptible d’inciter à commettre de nouveaux actes de terrorisme,


Profondément préoccupé par le fait que l’incitation à commettre des actes terroristes motivés par l’extrémisme et l’intolérance constitue un grave danger et une menace grandissante pour la jouissance des droits de l’homme, entrave le développement social et économique de tous les États et compromet la stabilité et la prospérité mondiales, et qu’il convient pour l’Organisation des Nations Unies et pour tous les États, d’y répondre d’urgence et de façon active et soulignant qu’il faut prendre aux niveaux national et international toutes les mesures nécessaires et appropriées conformes au droit international, pour protéger le droit à la vie,


Rappelant le droit à la liberté d’expression énoncé à l’article 19 de la Déclaration universelle des droits de l’homme adoptée par l’Assemblée générale en 1948 (« la Déclaration universelle ») et à l’article 19 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques, adopté par l’Assemblée en 1966 (« le Pacte »), ainsi que les restrictions qui y sont reconnues, qui doivent être expressément fixées par la loi et être nécessaires pour les raisons énoncées au paragraphe 3 de l’article 19 du Pacte,


Rappelant en outre que le droit de chercher asile et de bénéficier de l’asile, prévu à l’article 14 de la Déclaration universelle et l’obligation de non-refoulement par les États énoncée dans la Convention relative au statut des réfugiés adoptée le 28 juillet 1951, ainsi que dans son Protocole adopté le 31 janvier 1967 (« la Convention relative aux réfugiés et son Protocole »), et rappelant aussi que les protections offertes par la Convention relative aux réfugiés et son Protocole ne s’appliquent pas à une personne au sujet de laquelle il existe des raisons sérieuses de penser qu’elle est coupable d’agissements contraires aux buts et principes des Nations Unies,


Réaffirmant que les actes, méthodes et pratiques terroristes sont contraires aux buts et principes de l’Organisation des Nations Unies et que le financement et l’organisation d’actes de terrorisme ou l’incitation à de tels actes en connaissance de cause sont également contraires aux buts et principes de l’Organisation des Nations Unies,


Profondément préoccupé par le nombre croissant de victimes, notamment parmi les civils de diverses nationalités et croyances, d’actes de terrorisme inspirés par l’intolérance ou l’extrémisme dans diverses régions du monde, réaffirmant sa profonde solidarité avec les victimes du terrorisme et leur famille, et soulignant qu’il importe d’aider les victimes du terrorisme et leur famille, en leur apportant le soutien dont elles ont besoin pour faire face à leur perte et à leur douleur,


Reconnaissant le rôle essentiel joué par l’Organisation des Nations Unies dans l’action menée à l’échelle mondiale contre le terrorisme et se félicitant que le Secrétaire général ait identifié les éléments d’une stratégie de lutte antiterroriste que l’Assemblée générale doit sans tarder examiner et enrichir en vue de l’adoption et de la mise en œuvre d’une stratégie visant à promouvoir des mesures de lutte antiterroriste globales, coordonnées et cohérentes aux niveaux national, régional et international,


Appelant instamment tous les États à adhérer d’urgence aux conventions et protocoles internationaux relatifs à la lutte antiterroriste, qu’ils soient ou non parties à une convention régionale portant sur la question, et à envisager à titre prioritaire de signer la Convention internationale pour la répression des actes de terrorisme nucléaire adoptée par l’Assemblée générale le 13 avril 2005,


Soulignant à nouveau qu’une action internationale soutenue visant à renforcer le dialogue et à promouvoir une meilleure compréhension entre les civilisations, afin d’empêcher le dénigrement sans distinction des autres religions et cultures, en s’efforçant de régler les conflits régionaux non résolus et à remédier aux problèmes mondiaux dans toute leur diversité, et notamment les questions de développement, contribuera à renforcer la lutte internationale contre le terrorisme,


Soulignant l’importance du rôle des médias, de la société civile et religieuse, des entreprises et des établissements d’enseignement dans cette action visant à renforcer le dialogue et à favoriser une meilleure compréhension, ainsi que dans la promotion de la tolérance et de la coexistence et dans l’instauration d’un climat qui ne favorise pas l’incitation au terrorisme,


Reconnaissant qu’il importe, dans un contexte de mondialisation croissante, que les États agissent de concert afin d’empêcher les terroristes d’exploiter les technologies de pointe, et d’utiliser les communications et les ressources leur permettant d’inciter à soutenir des actes criminels,


Rappelant que tous les États doivent coopérer sans réserve à la lutte contre le terrorisme, conformément aux obligations qui leur incombent en vertu du droit international, en vue de découvrir, de refuser l’asile et de traduire en justice, conformément au principe extrader ou juger, quiconque prête appui au financement, à l’organisation, à la préparation ou à la commission d’actes de terrorisme, y concourt, y participe ou tente d’y participer, ou donne refuge à leurs auteurs,


1.    Appelle tous les États à adopter des mesures qui peuvent être nécessaires et appropriées et sont conformes aux obligations qui leur incombent en vertu du droit international, pour:


a)    Interdire par la loi l’incitation à commettre un ou des actes terroristes;


b)    Prévenir une telle incitation;


c)    Refuser l’asile à toute personne au sujet de laquelle on dispose d’informations crédibles et pertinentes selon lesquelles il existe des raisons sérieuses de penser qu’elle est coupable d’une telle incitation;


2.    Appelle tous les États à coopérer, notamment en vue de renforcer la sécurité de leurs frontières internationales, en particulier en luttant contre la falsification des documents de voyage, et, dans la mesure du possible, en améliorant la détection des terroristes et les formalités visant à assurer la sécurité des passagers, en vue d’empêcher les auteurs des agissements mentionnés à l’alinéa a) du paragraphe 1 d’entrer sur leur territoire;


3.    Appelle tous les États à poursuivre les efforts menés au niveau international pour approfondir le dialogue et favoriser une meilleure compréhension entre les civilisations afin d’empêcher le dénigrement systématique des autres religions et cultures, et de prendre toutes les mesures appropriées, conformément aux obligations qui leur incombent en vertu du droit international, afin de contrecarrer l’incitation aux actes terroristes motivés par l’extrémisme et l’intolérance et de prévenir les menées subversives de terroristes et de leurs partisans contre les établissements d’enseignement et les institutions culturelles et religieuses;


4.    Souligne que les États doivent veiller à ce que toutes les mesures qu’ils prennent pour appliquer les paragraphes 1, 2 et 3 de la présente résolution soient conformes à toutes les obligations qui leur incombent en vertu du droit international, en particulier celles prévues par les instruments relatifs aux droits de l’homme, le droit des réfugiés et le droit humanitaire;


5.    Appelle tous les États à faire rapport au Comité contre le terrorisme, dans le cadre de leur concertation permanente, sur les mesures qu’ils ont prises pour mettre en œuvre la présente résolution;


6.    Charge le Comité contre le terrorisme:


a)    D’inclure, dans son dialogue avec les États Membres, leurs efforts pour mettre en œuvre la présente résolution;


b)    De collaborer avec les États Membres afin d’aider à mettre en place des capacités dans ce domaine, notamment en diffusant les meilleures pratiques juridiques et en favorisant l’échange d’informations;


c)    De lui rendre compte dans un délai de 12 mois de l’application de la présente résolution;


7.    Décide de rester activement saisi de la question.


S/2005/578


Le Conseil de sécurité,


Décide d’adopter la déclaration ci-jointe sur le renforcement de l’efficacité du rôle joué par le Conseil dans la prévention des conflits, en particulier en Afrique.


Annexe


Le Conseil de sécurité,


Réuni le 14 septembre 2005, au niveau des chefs d’État et de gouvernement, afin d’examiner comment renforcer l’efficacité de son rôle dans la prévention des conflits, notamment en Afrique,


Réaffirmant son attachement aux buts et principes de la Charte des Nations Unies,


Conscient qu’il assume la responsabilité principale du maintien de la paix et de la sécurité internationales,


Profondément préoccupé par le coût humain élevé et les pertes matérielles importantes occasionnés par les conflits armés et constatant que la paix, la sécurité et le développement se renforcent mutuellement, notamment pour ce qui est de la prévention des conflits armés,


Réaffirmant qu’il importe d’adhérer aux principes de l’abstention, dans les relations internationales, du recours à la force ou de la menace du recours à la force d’une façon qui ne serait pas compatible avec les buts et principes de la Charte des Nations Unies, et du règlement pacifique des différends internationaux,


Réaffirmant la nécessité d’adopter une vaste stratégie de prévention des conflits, qui traite les causes profondes des conflits armés et des crises politiques et sociales d’une manière globale, notamment en favorisant le développement durable, l’élimination de la pauvreté, la réconciliation nationale, la bonne gouvernance, la démocratie, l’égalité des sexes, l’état de droit et le respect et la protection des droits de l’homme,


Conscient de la nécessité de renforcer le rôle important de l’Organisation des Nations Unies dans la prévention des conflits violents, et considérant qu’il doit établir un partenariat efficace avec les organisations régionales, en particulier l’Union africaine et ses organisations sous-régionales, afin de pouvoir intervenir dès le début des conflits ou dès qu’apparaissent de nouvelles crises,


Rappelant l’Acte constitutif de l’Union africaine, le Protocole relatif à l’établissement du Conseil de la paix et de la sécurité de l’Union africaine, et le Pacte de non-agression et de défense commune, que l’Union a adopté à Abuja, le 31 janvier 2005, ainsi que la position de cette dernière sur les changements anticonstitutionnels de gouvernement affirmée dans la Déclaration d’Alger de 1999 et la Déclaration de Lomé de 2000,


Pleinement consciente du rôle important joué par les hommes et les femmes de la société civile dans la prévention des conflits et de la nécessité de prendre en considération toute la contribution que la société civile locale est susceptible d’apporter,


1.    Exprime sa détermination à renforcer l’efficacité de l’Organisation des Nations Unies dans la prévention des conflits armés et à surveiller de près les situations susceptibles de déboucher sur des conflits armés;


2.    Affirme qu’il est résolu à renforcer les capacités de prévention des conflits de l’Organisation des Nations Unies en:


–     Évaluant régulièrement l’évolution de la situation dans les régions où existent des risques de conflit armé et encourageant le Secrétaire général à lui fournir des informations sur cette évolution conformément à l’Article 99 de la Charte;


–     Assurant le suivi des initiatives de diplomatie préventive prises par le Secrétaire général;


–     Appuyant les initiatives de médiation au niveau régional, en étroite consultation avec les organisations régionales et sous-régionales concernées;


–     Renforçant les capacités régionales et sous-régionales d’alerte rapide et mettant en place avec elles des mécanismes appropriés afin de pouvoir intervenir promptement et de manière adéquate compte tenu d’indicateurs d’alerte avancée;


–     Demandant au besoin des informations et une aide au Conseil économique et social, conformément à l’Article 65 de la Charte;


–     Prenant les mesures voulues pour contribuer à la lutte contre le trafic d’armes sous tous ses aspects et le recours à des mercenaires;


–     Aidant à renforcer des institutions stables propres à assurer la paix, la stabilité et le développement durable;


–     Aidant les États africains à se doter d’institutions judiciaires nationales indépendantes et fiables;


3.    Prie le Secrétaire général:


–     De lui fournir des rapports et une analyse périodiques des événements dans les régions où existent des risques de conflit armé, en particulier en Afrique et, le cas échéant, un exposé des initiatives de diplomatie préventive en cours;


–     D’aider les pays où existent des risques de conflit armé à effectuer une évaluation stratégique du risque de conflit et à appliquer les mesures convenues par les pays concernés afin de renforcer les capacités nationales de gestion des différends et de solution des causes profondes de ces conflits;


–     De promouvoir la coordination avec les structures régionales de gestion des conflits en Afrique, ce qui lui permettrait de disposer d’informations fiables et actualisées et de prendre plus rapidement des décisions;


4.    Souligne qu’il importe d’établir des stratégies efficaces et globales de prévention des conflits visant à prévenir les évolutions négatives sur le plan de la sécurité et dans les secteurs économique, social et humanitaire et le domaine de la gouvernance et des droits de l’homme, dans les pays qui font face à des crises, en accordant une attention particulière aux mesures visant à :


–     Mettre en œuvre des activités à impact rapide afin de prévenir les conflits nés de la concurrence pour l’obtention de ressources économiques et de surveiller les tensions résultant de difficultés économiques et sociales;


–     Encourager les bureaux régionaux des Nations Unies à faciliter l’application de stratégies, afin de réprimer les activités transfrontières illicites;


–     Renforcer les capacités des groupes de la société civile, notamment des groupes de femmes, qui s’emploient à promouvoir une culture de paix, et à mobiliser les donateurs afin qu’ils appuient ces efforts;


–     Élaborer des politiques de bonne gouvernance et de protection des droits de l’homme pour renforcer les mécanismes de gouvernement qui se sont affaiblis ou effondrés et mettre fin à la culture de l’impunité;


–     Promouvoir la régularité et la transparence des consultations électorales;


5.    Souligne qu’il importe au plus haut point d’envisager une approche régionale de la prévention des conflits, en particulier des programmes de désarmement, de démobilisation et de réinsertion efficace et durable des ex-combattants;


6.    Réaffirme sa détermination à prendre des mesures contre l’exploitation illégale et le trafic de ressources naturelles et de marchandises de grande valeur dans les secteurs où cela contribue au déclenchement, à l’escalade ou à la poursuite des conflits;


7.    Demande que soient renforcées la coopération et la communication entre l’Organisation des Nations Unies et les organisations ou accords régionaux ou sous-régionaux, conformément au Chapitre VIII de la Charte, en ce qui concerne en particulier les initiatives de médiation;


8.    Encourage tous les États africains à adhérer au Pacte de non-agression et de défense commune de l’Union africaine, adopté à Abuja le 31 janvier 2005, et à signer, le cas échéant, des pactes sous-régionaux dans les domaines de la paix, de la sécurité, de la démocratie, de la bonne gouvernance et du développement et engage les organismes des Nations Unies et la communauté internationale à appuyer la mise en œuvre des pactes;


9.    Encourage en outre les pays africains à continuer à collaborer étroitement avec le Secrétariat et les bureaux régionaux de l’Organisation des Nations Unies en vue de l’application de mesures tendant à assurer la paix, la sécurité, la stabilité, la démocratie et le développement durable conformément aux objectifs du Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique;


10.   Exhorte la communauté internationale, en particulier les organismes des Nations Unies et les institutions financières internationales, à aider les pays africains dans les efforts qu’ils font pour atteindre les objectifs énoncés ci-dessus, et se félicite à ce sujet des décisions prises par le Sommet du G-8, tenu à Gleneagles du 6 au 8 juillet 2005, pour lutter contre la pauvreté en Afrique;


11.   Demande instamment à tous les États africains et à la communauté internationale de participer pleinement au renforcement des capacités des organisations régionales et sous-régionales africaines, de façon que des moyens civils et militaires puissent être déployés rapidement lorsque cela est nécessaire en particulier en développant la force africaine d’intervention de l’Union africaine; constate avec satisfaction que des programmes bilatéraux et multilatéraux ont été élaborés à cette fin, et affirme son soutien à la proposition du Secrétaire général concernant un programme décennal de renforcement des capacités pour l’Union africaine;


12.   Décide de demeurer saisi de la question.


Déclarations


M. KOFI ANNAN, Secrétaire général des Nations Unies, s’est particulièrement attardé sur la lutte contre le terrorisme international qui est une atteinte aux valeurs de la primauté du droit, de la protection des civils, du règlement pacifique des conflits et du respect mutuel entre les peuples de confessions et de cultures différentes, lesquelles sont les valeurs de l’ONU.  Rappelant la stratégie mondiale de lutte contre le terrorisme qu’il a proposée à Madrid, le Secrétaire général s’est dit encouragé que, dans le document final du Sommet, les signataires s’engagent à ce qu’elle soit promptement examinée à la soixantième session de l’Assemblée générale. 


Cette stratégie, s’est–il expliqué, prévoit des mesures dans cinq domaines dont la première est la mise au point d’une convention générale interdisant le terrorisme sous toutes ses formes.  Le terrorisme n’est en aucun cas acceptable ou justifié, quel qu’en soit l’auteur, où qu’il frappe et quel que soit la cause qu’il est censé servir.  En deuxième lieu, Kofi Annan a cité l’application des résolutions du Conseil de sécurité pour priver les terroristes de moyens d‘action et surtout mettre les armes de destruction massive hors de leur portée.  Troisièmement, a poursuivi le Secrétaire général, tous les États doivent savoir que s’ils apportent un appui quelconque à des terroristes, le Conseil de sécurité n’hésitera pas à prendre des mesures coercitives à leur encontre. 


En quatrième lieu, le Secrétaire général a appelé à aider les États à se doter des moyens dont ils ont besoin pour prévenir le terrorisme, notamment en encourageant la bonne gouvernance et le respect de la légalité.  Il s’est félicité, à cet égard, de la création du Fonds pour la démocratie.  Enfin, a-t-il conclu, nous devons défendre les droits de l’homme pour éviter que les terroristes ne détruisent le tissu social des pays auxquels ils s’en prennent.  Il a aussi espéré, pour ne jamais oublier les victimes du terrorisme, que la question de la création d’un fonds international pour le dédommagement des victimes et de leurs familles, qui serait alimenté en partie au moyen des avoirs confisqués à des organisations terroristes, soit examinée attentivement. 


M. BENJAMIN WILLIAM MKAPA, Président de la République-Unie de Tanzanie, a estimé qu’il était de la plus grande importance que le Conseil de sécurité, non seulement traite des questions relatives aux menaces pesant sur la paix et la sécurité internationales mais réfléchisse également aux racines du mal.  C’est pourquoi, a-t-il dit, la gestion et le règlement des conflits doivent s’accompagner de mesures de prévention des guerres et des actes terroristes.  Dans ce cadre, M. Mkapa a estimé que la pauvreté, l’injustice et l’exclusion formaient un terrain fertile à l’exercice de la violence et du terrorisme. 


Le Président tanzanien a expliqué que son pays et sa région avaient tout mis en œuvre pour lutter contre ces fléaux.  À cette fin, les Nations Unies, a-t-il dit, nous ont été d’un grand secours dans l’effort de règlement des conflits dans la région des Grands Lacs.  En particulier, la contribution de l’ONU a été utile pour l’organisation de la première Conférence internationale sur la région des Grands Lacs, qui s’est tenue à Dar es-Salaam l’année dernière. 


S’agissant du développement régional, M. Mkapa a plaidé pour une approche globale associant la lutte contre le terrorisme et la prévention des conflits au renforcement connexe de l’effort de développement économique et social.  Dans ce contexte, il a jugé indispensable que soient mobilisées les ressources nécessaires à un partenariat solide entre États et institutions en vue de prévenir plus efficacement l’éclatement de conflits et la commission d’actes terroristes.


M. VLADIMIR PUTINE, Président de la Fédération de Russie, a souligné le rôle central que joue l’Organisation des Nations Unies et son Conseil de sécurité dans la lutte contre le terrorisme.  L’ONU et le Conseil de sécurité doivent constituer une sorte d’état-major du front contre la terreur, a-t-il expliqué.  Le Président de la Russie a indiqué que son pays était prêt à participer à toute initiative visant à renforcer le rôle central de l’institution dans cette lutte.  Il s’est à cet égard félicité de l’adoption de la résolution 1624 (2005), estimant qu’elle contenait de nouvelles dispositions utiles pour combattre le terrorisme, notamment au sujet de la prévention de l’incitation au terrorisme.  Toute tentative de « flirter » avec le terrorisme doit être condamnée à l’unanimité, non seulement par les États mais également par les médias et les communautés confessionnelles, a-t-il affirmé.  M. Putine a par ailleurs signalé qu’il avait récemment signé une Convention contre le terrorisme nucléaire, et a estimé que le projet de convention générale sur le terrorisme pourrait être finalisé prochainement.  Le Président de la Fédération de Russie a enfin indiqué que son pays accordait une importance particulière la prévention des conflits et s’est félicité de l’adoption de la résolution 1625 (2005) par le Conseil.


M. KOSTAS KARAMANLIS, Premier Ministre de la Grèce, s’est félicité de l’adoption par le Conseil de sécurité d’une nouvelle résolution visant à interdire l’incitation à commettre des actes terroristes.  Il a cependant estimé que celle-ci ne devait pas mettre en cause les principes de liberté d’expression et de non-refoulement.  Il a insisté sur le fait que le rétablissement de la paix imposait de lier les enjeux de sécurité et de développement.  Le Premier Ministre grec a apporté son soutien à la création d’une commission de consolidation de la paix, ainsi qu’à l’adoption d’une résolution du Conseil de sécurité sur la prévention des conflits en Afrique, continent déchiré par de nombreux conflits.  Outre les conflits entre des États ou les conflits internes, le monde connaît aujourd’hui de nouvelles menaces à la paix et à la sécurité internationales, comme l’extrême pauvreté, les maladies infectieuses, la dégradation de l’environnement ou la prolifération des armes de destruction massive.  La criminalité organisée, autre menace à la paix mondiale,  a des conséquences déstabilisatrices et alimente les guerres civiles.  Toutes ces menaces, souligne M. Karamanlis, exigent une forme plus globale de sécurité collective et le renforcement des Nations Unies.  


M. GEORGE W. BUSH, Président des États-Unis, a rappelé les attentats terroristes à Londres, à Beslan et à New York pour dire que rien ne saurait justifier ce genre de méthodes.  Passant en revue le contenu de la résolution adoptée aujourd’hui, le Président s’est dit « vigoureusement » favorable à son application.  Nous avons, a-t-il insisté, une obligation solennelle de mettre un terme au terrorisme, de défendre nos citoyens contre ce fléau et d’attaquer les réseaux terroristes.  Nous devons, a-t-il ajouté, promouvoir la liberté et la tolérance.  Il faut tout faire, a encore insisté le Président, pour empêcher chaque État d’appuyer ceux qui planifient des actes de terrorisme.  Chaque État doit geler les avoirs des terroristes et empêcher leur liberté de mouvement.  Chaque État, a-t-il poursuivi, doit empêcher les terroristes d’acquérir des armes.  Chacun doit agir dans la prévention des actes terroristes, a-t-il souligné, avant d’affirmer que les États-Unis continueront de travailler avec le Conseil de sécurité dans ce sens.  Venant à la résolution sur la prévention des conflits, le Président en a appuyé les dispositions.  Il a rappelé que son pays continuera de dépêcher ses soldats pour former et entraîner des troupes dans le maintien de l’ordre.  Le terrorisme et les conflits sont les ennemis du développement, a-t-il conclu. 


M. NÉSTOR KIRCHNER, Président de l’Argentine, a affirmé qu’il fallait aborder de façon intégrée et intégrale tous les aspects qui menacent la paix pour lutter efficacement contre le terrorisme.  La paix, c’est beaucoup plus que l’absence de conflit, a-t-il expliqué.  Estimant que paix et développement se renforçaient mutuellement, il a estimé que la lutte contre l’injustice et la prévention des conflits étaient cruciales dans la lutte contre le terrorisme.  Indiquant que rien ne pouvait justifier le terrorisme, M. Kirchner a exprimé la solidarité de son pays à l’égard de toutes les victimes de ce fléau.  La lutte contre le terrorisme doit s’inscrire dans le respect du droit international, de manière multilatérale et avec l’approbation de l’opinion publique, a-t-il estimé.  Le Président de l’Argentine a souligné le rôle central que devait jouer le Conseil de sécurité dans la lutte contre le terrorisme, expliquant qu’il était indispensable de disposer d’un Conseil de sécurité dont la légitimité ne puisse pas être contestée.  M. Kirchner s’est par ailleurs félicité de l’adoption récente de la Convention internationale pour la répression des actes de terrorisme nucléaire, et a indiqué qu’il espérait que le projet de convention générale sur le terrorisme international serait bientôt adopté.


M. HU JINTAO, Président de la République populaire de Chine, a estimé que dans le monde actuel, la paix et le développement demeurent les thèmes dominants.  La réalisation de la paix exige que le Conseil soit en mesure d’assumer les responsabilités que lui a confiés la Charte de l’ONU.  En la matière, l’autorité du Conseil viendra d’une adhésion de ses membres au multilatéralisme.  Il faut aussi, a poursuivi le Président, améliorer l’efficacité du Conseil pour qu’il réponde, de manière plus efficace, aux menaces actuelles.  À cet égard, il a estimé que le Conseil a besoin d’une capacité de réponse rapide et qu’il doit traiter des symptômes et des causes originelles des problèmes, en formulant une stratégie globale de prévention, d’établissement de la paix, de maintien de la paix et de reconstruction postconflit.  Parlant, en particulier du terrorisme, le Président a appuyé un plus grand rôle du Conseil de sécurité ainsi qu’une coopération renforcée entre l’ONU et les autres organisations internationales et régionales.  Il a aussi appuyé la promotion du dialogue entre les civilisations et une lutte acharnée contre la pauvreté. 


Poursuivant, le Président chinois a aussi recommandé d’améliorer le processus de prise de décisions du Conseil, en respectant davantage les principes démocratiques.  Les pays en développement, s’est-il expliqué, qui composent plus du tiers des États Membres de l’ONU, sont manifestement sous-représentés au Conseil de sécurité.  Il a aussi voulu que les méthodes de travail du Conseil fassent en sorte que les groupes régionaux et la société civile puissent faire valoir tout point de vue « raisonnable ».  Enfin, le Président a voulu qu’une attention accrue soit accordée aux problèmes africains et que le Conseil renforce sa contribution dans ce domaine. 


M. ABDELAZIZ BOUTEFLIKA, Président de l’Algérie, a renouvelé son engagement dans la lutte contre le terrorisme, par tous les moyens légaux et légitimes, jusqu’à son éradication définitive.  Estimant que le caractère fragmentaire des instruments jusqu’alors élaborés par les Nations Unies pour combattre le terrorisme a eu pour conséquence que des activités connexes au terrorisme n’aient pas été couvertes par ces conventions, il a souhaité que le projet de convention générale en cours de négociation soit finalisé le plus rapidement possible pour combler ces lacunes.  M. Bouteflika a également souhaité que le champ d’application de cette convention soit clairement délimité, afin d’éviter tout amalgame entre le terrorisme et les luttes légitimes des peuples pour leur libération et leur autodétermination.  La lutte contre le terrorisme doit également éviter tout amalgame entre les manifestations de violence terroriste et certaines cultures ou religions supposées susciter ou encourager de tels extrémismes.  Il a enfin estimé que si le terrorisme devait être combattu dans toutes ses formes, il faudrait également s’attaquer à la pauvreté, au sous-développement, aux conflits non résolus et aux effets pervers de la mondialisation pour réduire et neutraliser les terrains fertiles à son expansion.


L’engagement de l’Afrique dans la lutte contre le terrorisme ne souffre d’aucune ambiguïté, comme en témoignent les mesures prises dans ce domaine, notamment la Convention d’Alger et le Plan d’action d’Alger en vertu duquel a été créé le Centre africain d’études et de recherche sur le terrorisme, a souligné le Président algérien.  Ces efforts méritoires de l’Afrique devraient bénéficier de l’assistance technique de la communauté internationale, par la mise à la disposition du continent des équipements nécessaires à la matérialisation de ses engagements.


M. TONY BLAIR, Premier Ministre du Royaume-Uni, a rappelé les attentats terroristes en Iraq pour souligner l’importance qu’il y a de ne pas sous-estimer le terrorisme.  Le terrorisme, a-t-il dit, est un mouvement qui a une idéologie et une stratégie visant non seulement à tuer mais à semer le chaos, l’instabilité et la confusion entre ses ennemis.  Le terrorisme, a poursuivi le Premier Ministre, ne sera pas vaincu s’il n’a pas en face de lui une détermination aussi forte que la sienne.  Il ne sera pas vaincu tant que ses ennemis ne seront pas unis pour le condamner et à mettre à bas la propagande selon laquelle il trouve ses origines « à cette table du Conseil de sécurité ».  Les terroristes, a prévenu le Premier Ministre, veulent faire croire que leur extrémisme est une conséquence des politiques internationales.  Le croire est « notre point faible » et les terroristes le savent, a souligné Tony Blair, en appelant à s’unir contre « ce jeu mortel ».  Les injustices existent, a-t-il convenu, mais rien de tout cela n’a causé le terrorisme.  Après les divisions sur l’Iraq, un processus politique soutenu par l’ONU a été lancé sans que cela ne détourne les terroristes de leurs visées.  Aujourd’hui, les premières victimes du terrorisme sont des musulmans et il est donc obscène, s’est emporté le Premier Ministre, que les terroristes justifient leurs actions par une nécessité de défendre les musulmans. 


Ils utilisent l’Iraq, l’Afghanistan et la Palestine.  N’oublions pas, a rappelé Tony Blair, que les attentats de New York ont eu lieu avant l’Afghanistan et l’Iraq.  Lorsque tous leurs prétextes seront épuisés, ils s’attaqueront aux États mêmes, a encore alerté le Premier Ministre avant de dénoncer une doctrine de fanatisme invoquant des causes fallacieuses pour se justifier.  Il faut s’unir, a conclu Tony Blair, en coopérant, en prenant des mesures contre ceux qui enseignent l’extrémisme et en renonçant aux ambivalences.  Il faut lutter contre les motivations et les raisonnements des terroristes tout en s’acquittant de nos devoirs et en agissant contre les injustices.  Il faut démontrer notre propre fermeté et notre foi dans les valeurs de la démocratie et de la tolérance.  Il faut démontrer que l’avenir n’appartient pas aux fanatiques mais à ceux qui veulent vivre en paix les uns avec les autres quelle que soit leur race ou leur religion.  Les terroristes ont leur stratégie, nous avons la nôtre et nous devons la mettre en œuvre pour les vaincre.


Général MATHIEU KEREKOU, Président du Bénin, a déclaré que le Conseil de sécurité avait encore des progrès à accomplir en matière de prévention des conflits armés.  Dans cette perspective, il a estimé que celui-ci devait accroître sa capacité d’action en coordination avec les organisations régionales et sous-régionales et raccourcir les délais d’intervention de la communauté internationale pour une meilleure protection des populations.  Il a proposé que, le cas échéant, le Conseil de sécurité initie des missions politiques de haut niveau, en coordination avec les organisations régionales, afin de mieux peser sur le cours des événements et de renforcer la crédibilité des initiatives régionales.  Le Président béninois a par ailleurs estimé que, sans attendre l’aboutissement d’une réforme de l’ONU, il pouvait être décidé de renforcer, en amont, le dispositif de diplomatie préventive animé par le Secrétaire général par des capacités nouvelles dans diverses régions du monde et d’instituer, en aval, une évaluation régulière par le Conseil de sécurité des situations à risque.  Les mécanismes d’alerte rapide devraient particulièrement être renforcés dans le cas de l’Afrique, en vue de prévenir les conflits et de promouvoir la stabilité par le développement de stratégies intégrées.  Pour mieux contrôler les risques de crise, le Conseil de sécurité devrait enfin, selon lui, formuler à chaque fois que cela sera nécessaire, des recommandations pour une action coordonnée des organes des Nations Unies et de la communauté internationale.


M. TRAIAN BASESCU, Président de la Roumanie, a déclaré que pour l’heure, seules les conséquences du terrorisme étaient combattues, quand ce sont les causes qui devraient être examinées.  Pour M. Basescu, l’« idéologie de la terreur » est un nouvel ennemi du genre humain auquel il convient d’opposer la solidarité et l’action des États Membres déterminés à trouver ensemble des solutions contre cette menace.  Dans ce cadre, les Nations Unies et son Conseil de sécurité ont une grande responsabilité dans l’élaboration de politiques de lutte contre le terrorisme.  À cet égard, la résolution 1540, adoptée en 2004, est une tentative sérieuse de réduire, et éventuellement d’éliminer, la menace que font courir les armes de destruction massive.  La réduction des risques de prolifération de tels arsenaux devrait préoccuper l’ensemble des États Membres. 


Par ailleurs, le Président roumain a jugé que, compte tenu de l’expérience de son pays en la matière en Europe de l’Est et dans la région de la Mer noire, l’action entreprise au niveau régional était décisive afin de répondre efficacement aux menaces transnationales.  La coopération entre les Nations Unies et les organisations régionales doit ainsi être renforcée.  À cet égard, M. Basescu a rappelé que pendant sa présidence du Conseil de sécurité, la Roumanie avait encouragé activement le renforcement de cette coopération.  Poursuivant, il a estimé que la manière avec laquelle la question du Kosovo allait être traitée au cours des mois à venir, conjointement par l’ONU, l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) et les autres acteurs régionaux et sous-régionaux, serait décisive pour l’établissement d’une intégration durable et prospère de l’ensemble de l’Europe du Sud-Est. 


M. LUIZ INÁCIO LULA DA SILVA, Président du Brésil, a estimé que les meilleurs moyens pour combattre les menaces complexes auxquelles le monde est confronté étaient la promotion d’une culture du dialogue, un soutien au développement et une protection sans faille des droits de l’homme.  Il a cité en exemple le cas d’Haïti, où la Mission de stabilisation de l’ONU constitue, selon lui, une approche innovante de règlement du conflit et de reconstruction du pays. En effet, celle-ci évite un recours excessif à la violence ou à des solutions imposées de l’extérieur, en encourageant le dialogue entre les acteurs politiques haïtiens et en soutenant le rétablissement des institutions et de l’économie nationale.  Il a ajouté qu’une meilleure coordination entre le Conseil de sécurité et le Conseil économique et social (ECOSOC) était nécessaire pour permettre que des crises comme celles qui ont frappé Haïti, la Guinée-Bissau ou le Burundi ne se reproduisent pas.  Soulignant la nécessité pour l’ONU d’agir en toute crédibilité et en toute transparence, le Président brésilien a déclaré soutenir les efforts du Quatuor en vue de mettre en œuvre la Feuille de route au Moyen-Orient.  Enfin, qualifiant la faim et la pauvreté d’« armes de destruction massive » parmi les plus dangereuses, il a appelé les États Membres à faire face aux nouvelles responsabilités qui incombent au Conseil de sécurité, en rendant ce dernier plus transparent et représentatif, c’est-à-dire en acceptant d’élargir le nombre de sièges de membres permanents et non permanents à davantage de pays en voie de développement.


M. DOMINIQUE DE VILLEPIN, Premier Ministre de la France, a estimé que la force ne viendrait jamais seule à bout du terrorisme, car elle ne répond pas aux frustrations des peuples et ne s’attaque pas aux racines du mal.  Face aux inégalités croissantes entre pays riches et pays pauvres, la solidarité est une condition de la sécurité collective, a-t-il affirmé, indiquant que cette dernière passait aussi par un engagement de tous en faveur du développement durable.  Il a également estimé que la lutte contre le terrorisme devait s’effectuer dans le plein respect de la règle de droit, expliquant que l’exemplarité des démocraties était leur meilleur atout face aux terroristes.  Affirmant que la prolifération des armes de destruction massive nécessitait également une réponse déterminée, il a signalé que la France appelait fermement l’Iran à se conformer aux résolutions de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) et au respect de ses engagements internationaux.  M. de Villepin a enfin estimé que le Conseil de sécurité avait un rôle essentiel à jouer pour la paix et la sécurité internationales, et a plaidé pour son élargissement, indiquant que la France soutenait le projet présenté par l’Allemagne, le Brésil, l’Inde et le Japon.  Face au désarroi du monde, nous avons besoin d’une vision commune.  Les Nations Unies doivent agir au rythme d’un monde qui évolue vite tout en restant cet espace de dialogue et de décision qui forge le destin de notre monde, a-t-il conclu.


M. ANDERS FOGH RASMUSSEN, Premier Ministre du Danemark, a estimé que les récents attentats ont mis en exergue l’obligation d’agir de façon unie contre ce fléau.  Le terrorisme ne sera jamais une arme légitime, a-t-il dit, en constatant que quatre ans après les attentats de New York qui ont été suivis par beaucoup d’autres, certains pays continuent de s’opposer à un accord sur une définition du terrorisme.  Rappelant les dispositions des différentes résolutions du Conseil de sécurité, il a déclaré qu’il faut faire comprendre aux citoyens ce qui est acceptable et ce qui ne l’est pas.  La liberté d’expression, s’est-il expliqué, ne peut servir à inciter au terrorisme ni à susciter la haine.  L’ONU a un rôle majeur à jouer dans ce combat et la stratégie mondiale du Secrétaire général ne suffit pas, a tranché le Premier Ministre qui a appelé au renforcement des moyens d’action de l’ONU.  Tous les États Membres doivent adhérer aux Conventions des Nations Unies et transposer les dispositions pertinentes dans leur législation nationale afin de réduire la marge de manoeuvre des terroristes.  L’ONU, a poursuivi le Premier Ministre, doit veiller à ce que les États Membres s’acquittent de leurs obligations.  En l’occurrence, il a voulu que les États qui font preuve d’un manque de volonté politique récoltent une colère et une condamnation universelles.  Il a aussi estimé que la menace terroriste et la présence de dictateurs irresponsables dotés d’armes de destruction massive est un cauchemar dont le Conseil doit prévenir la matérialisation.  Il s’est, en conséquence, dit préoccupé par les situations en Corée du Nord et en Iran dont, selon lui, le Conseil doit se saisir s’il n’y a pas d’évolution positive.  Venant à la prévention des conflits, en particulier en Afrique, le Premier Ministre a estimé que la résolution est une étape importante dont l’adoption doit permettre à la communauté internationale de faire en sorte que les différends internes ne se transforment pas en conflits armés.


M. NOBUTAKA MACHIMURA, Ministre des affaires étrangères du Japon, a déclaré que, dans le combat contre le terrorisme, il existait trois domaines importants dans lesquels la communauté internationale devait intensifier ses efforts.  S’agissant ainsi du renforcement des mesures de prévention, M. Machimura a indiqué que son pays avait adopté le Plan d’action de prévention du terrorisme en décembre dernier.  Concernant le renforcement du cadre juridique international en vigueur, il a précisé que dès demain le Premier Ministre de son pays signerait, au Siège des Nations Unies, la Convention internationale pour la répression des actes de terrorisme nucléaire.  Pour ce qui est des capacités d’action contre le terrorisme, M. Machimura a estimé que l’ONU, et plus particulièrement le Conseil de sécurité, devait jouer un rôle accru dans les domaines précités. 


Résoudre les conflits en Afrique est un défi mondial.  À cet égard, le Japon salue le projet de création d’une commission de consolidation de la paix.  Nous espérons que cet outil sera en mesure d’assumer un rôle vital d’assistance continue aux pays sortant d’un conflit.  En outre, a poursuivi le Ministre, nous tenons à souligner l’importance du concept de sécurité humaine, qui repose sur l’idée selon laquelle le développement humain et des collectivités locales est indispensable à la réussite d’une stratégie d’action globale, notamment en ce qui concerne les situations de transition. 


M. Machimura a par ailleurs rappelé que le Japon allait accueillir la prochaine Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l'Afrique.  Il a souhaité que cette Conférence, qui traitera des questions liées aux pays africains sortant d’un conflit, soit un succès.  Il s’est déclaré convaincu que la Conférence contribuera à accélérer les discussions en vue d’assurer rapidement une transition sans heurts de ces pays vers la reconstruction et le développement. 


Mme GLORIA MACAPAGAL-ARROYO, Présidente des Philippines, a suggéré que le Comité contre le terrorisme du Conseil de sécurité entreprenne un projet spécial de coordination du renseignement en collaboration avec les États-Unis afin de rassembler toutes les sources d’information pertinentes dans la lutte contre le terrorisme.  Ce projet permettrait notamment de constituer une liste d’organisations privées qui pourraient servir de couverture à des activités terroristes, de même qu’une liste de gouvernements qui cautionneraient le terrorisme ou qui seraient directement impliqués dans ce genre d’activités.  Ceux reconnus coupables seraient exposés à des sanctions des Nations Unies, a-t-elle suggéré.  Citant les différentes démarches entreprises par son pays pour lutter contre le terrorisme, Mme Macapagal-Arroyo a expliqué que les Philippines travaillaient en étroite collaboration avec les États-Unis dans la lutte contre le terrorisme et reconnaissaient leur position de leadership en la matière.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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