CS/8334

LE CONSEIL DE SÉCURITÉ PROROGE JUSQU’AU 15 SEPTEMBRE LE MANDAT DE LA MISSION DES NATIONS UNIES EN ÉTHIOPIE ET EN ÉRYTHRÉE

14/03/05
Communiqué de presse
CS/8334


Conseil de sécurité

5139e séance – après-midi


LE CONSEIL DE SÉCURITÉ PROROGE JUSQU’AU 15 SEPTEMBRE LE MANDAT DE LA MISSION DES NATIONS UNIES EN ÉTHIOPIE ET EN ÉRYTHRÉE


Au cours d’une réunion tenue ce matin sur la situation entre l’Éthiopie et l’Érythrée, le Conseil de sécurité a, à l’unanimité, adopté sa résolution 1586 (2005) aux termes de laquelle il a décidé de proroger le mandat de la Mission des Nations Unies en Éthiopie et en Érythrée jusqu’au 15 septembre 2005.


Par ce texte, le Conseil engage les deux parties à s’abstenir d’accroître la présence de leurs soldats dans les régions jouxtant la zone de sécurité temporaire.  Il souligne qu’il importe au premier chef à l’Éthiopie et à l’Érythrée d’appliquer les Accords d’Alger et la décision de la Commission du tracé de la frontière entre l’Érythrée et l’Éthiopie et demande instamment aux deux parties de faire preuve de volonté politique pour normaliser pleinement leurs relations.  Le Conseil engage l’Éthiopie à entamer sans conditions préalables la mise en œuvre du processus de démarcation en prenant les dispositions voulues pour permettre à la Commission de procéder intégralement et rapidement à l’abornement de la frontière, et il demande à l’Érythrée d’accepter les bons offices du Secrétaire général et de coopérer avec son Envoyé spécial pour l’Éthiopie et l’Érythrée. 



Rapport du Secrétaire général (S/2005/142)


Ce rapport rend compte de l’évolution du processus de paix depuis la publication du rapport précédent, daté du 16 décembre 2004 (S/2004/973 et Corr.1).  Il décrit également les activités de la Mission des Nations Unies en Éthiopie et en Érythrée (MINUEE), dont le mandat actuel vient à expiration le 15 mars 2005.


Après s’être déclaré préoccupé par l’éventualité d’une exacerbation des tensions le long de la frontière entre les deux pays du fait de la concentration de troupes éthiopiennes, dont six à sept divisions supplémentaires ont été déployées sur des lieux situés entre 25 et 45 kilomètres de la frontière sud de la zone de sécurité temporaire, le Secrétaire général rend compte des travaux de la Commission du tracé de la frontière, qui n’a pu reprendre le processus de démarcation.  Le Secrétaire général indique que d’après la Commission, l’Éthiopie n’est pas prête à autoriser la poursuite de ce processus tel qu’il est décrit dans les directives relatives à l’abornement et conformément au calendrier établi par la Commission.  Elle insiste maintenant sur un dialogue préalable mais a rejeté l’occasion de l’entamer dans le cadre du processus de démarcation.


Dans ses observations qu’il fait dans ce rapport, le Secrétaire général appelle les deux parties à s’abstenir de toute action qui serait de nature à déstabiliser la situation qui règne sur le terrain.  Il note avec préoccupation les déclarations selon lesquelles il n’est pas possible d’appliquer en l’état la décision de la Commission du tracé de la frontière et demande aux parties d’accepter le processus de tracé de la frontière conformément aux instructions de la Commission.  Relevant que selon la Commission, de nouvelles constructions ont été entreprises dans des zones qui ont été attribuées à l’Érythrée, le Secrétaire général s’inquiète que cela soit interprété comme une tentative d’adopter une politique du fait accompli.


Notant que le Conseil de sécurité s’était rendu en février 2002 en Éthiopie et en Érythrée, le Secrétaire général exprime l’espoir que le Conseil jugera peut-être opportun d’y retourner au plus tard cet été, des arrêts dans la zone frontalière pouvant être prévus à l’occasion des entretiens avec les dirigeants des deux pays.  Dans la même veine, le Secrétaire général demande instamment aux témoins présents à la signature de l’Accord d’Alger de jouer un rôle plus concerté afin de contribuer à sortir les négociations de l’impasse dangereuse dans laquelle elles sont enlisées.  Notant ensuite que bien que le Conseil l’ait invité à coopérer avec l’Envoyé spécial du Secrétaire général, l’Érythrée continue de refuser tout échange diplomatique avec lui, Kofi Annan exhorte la partie érythréenne à traiter avec son représentant, Lloyd Axworthy, et à lui apporter la coopération nécessaire pour lui permettre de faciliter la mise en œuvre de l’Accord d’Alger et de la décision de la Commission de tracé de la frontière.


Le Secrétaire général note ensuite que dans l’état actuel des choses, la MINUEE fera tout ce qui est en son pouvoir pour observer et analyser la situation sur le terrain et en rendre compte, et pour promouvoir la confiance et les solutions politiques.  Il recommande par conséquence que le mandat de la MINUEE soit prorogé pour une période additionnelle de six mois jusqu’au 15 septembre 2005.  


Texte du projet de résolution (S/2005/157)


Le Conseil de sécurité,


Réaffirmanttoutes ses résolutions et déclarations antérieures concernant la situation entre l’Éthiopie et l’Érythrée ainsi que les exigences qu’elles contiennent, et notamment la résolution 1560 (2004) du 14 septembre 2004,


Réitérant son engagement sans faille en faveur du processus de paix, traduit notamment par le rôle joué par la Mission des Nations Unies en Éthiopie et en Érythrée (MINUEE), et de l’application prompte et intégrale de l’Accord de paix global signé par les Gouvernements éthiopien et érythréen (ci-après dénommés « les parties ») le 12 décembre 2000, de l’Accord de cessation des hostilités du 18 juin 2000 qui l’a précédé (S/2000/1183 et S/2000/601 respectivement, ci-après collectivement dénommés « les Accords d’Alger »), et de la décision sur la délimitation prise par la Commission du tracé de la frontière, en date du 13 avril 2002 (S/2002/423), adoptée par les parties comme étant définitive et contraignante aux termes des Accords d’Alger,


Se félicitant de ce que le Secrétaire général a établi que la MINUL a pu maintenir l’intégrité de la zone de sécurité temporaire,


Exprimant sa préoccupation face à la récente concentration de soldats éthiopiens dans les régions jouxtant la zone de sécurité temporaire,


Rappelant que la paix ne peut durablement s’instaurer entre l’Éthiopie et l’Érythrée ainsi que dans la région sans démarcation complète de la frontière entre les parties,


Gravement préoccupé par la décision prise par la Commission de prendre immédiatement des dispositions pour fermer ses bureaux extérieurs en raison de l’absence de progrès dans la démarcation de la frontière, ainsi qu’il est indiqué dans le seizième rapport sur les travaux de la Commission du tracé de la frontière entre l’Érythrée et l’Éthiopie, en date du 24 février 2005,


Exprimant la préoccupation que lui inspire le fait que l’Éthiopie continue de rejeter des parties importantes de la décision de la Commission du tracé de la frontière et qu’elle ne coopère pas avec la Commission à l’heure actuelle, ayant notamment refusé de participer à la réunion du 22 février 2005,


Exprimant sa déception face au refus persistant de l’Érythrée de coopérer avec l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour l’Éthiopie et l’Érythrée, dont les bons offices offrent aux deux parties une occasion concrète de faire progresser le processus de paix,


Rappelant la multiplication récente des activités menées par l’Organisation des Nations Unies dans le domaine du maintien de la paix et la nécessité de répartir le plus efficacement possible les ressources disponibles à cette fin, et rappelant à cet égard le fardeau supplémentaire résultant des retards dans l’opération de démarcation,


Se félicitant de ce que l’Éthiopie a accepté sans condition la décision de la Commission du tracé de la frontière,


Accueillant favorablement la proposition en cinq points de l’Éthiopie en date du 25 novembre 2004,


Ayant examiné le rapport du Secrétaire général (S/2005/142) et se félicitant des observations qu’il contient,


1.    Décide de proroger le mandat de la MINUEE jusqu’au 15 septembre 2005;


2.    Engage les deux parties à s’abstenir d’accroître la présence de leurs soldats dans les régions jouxtant la zone de sécurité temporaire, à envisager sérieusement de ramener leurs effectifs à leur niveau du 16 décembre 2004 et, plus généralement, à s’abstenir de toute menace d’emploi de la force l’une contre l’autre;


3.    Demande aux deux parties de coopérer pleinement et sans retard avec la MINUEE pour lui permettre de s’acquitter de son mandat, d’assurer la sécurité de tout le personnel de la Mission et de lever, immédiatement et sans conditions, toutes les restrictions et tous les obstacles à ses activités et à l’entière liberté de mouvement de la Mission et de son personnel;


4.    Prend note de l’évolution positive, dans certains domaines, des relations entre la Mission et les deux parties, et à cet égard engage l’Érythrée à prendre immédiatement des mesures, en consultation avec la MINUEE, pour assurer des vols directs entre Addis-Abeba et Asmara, et demande en outre à l’Érythrée de rouvrir la route entre Asmara et Barent;


5.    Souligne qu’il incombe au premier chef à l’Éthiopie et à l’Érythrée d’appliquer les Accords d’Alger et la décision de la Commission du tracé de la frontière entre l’Érythrée et l’Éthiopie et demande instamment aux deux parties de faire preuve de volonté politique pour normaliser pleinement leurs relations, notamment en engageant le dialogue en vue de l’adoption de nouvelles mesures de confiance, et de consolider les progrès accomplis à ce jour, en tirant pleinement parti du cadre offert par la Commission du tracé de la frontière;


6.    Demande de nouveau aux deux parties de coopérer pleinement et sans retard avec la Commission du tracé de la frontière et de créer les conditions nécessaires pour que l’opération de démarcation se déroule avec célérité, ce qui suppose notamment quel’Éthiopie nomme ses officiers de liaison sur le terrain;


7.    Engage l’Éthiopie à entamer sans conditions préalables la mise en œuvre du processus de démarcation en prenant les dispositions voulues pour permettre à la Commission de procéder intégralement et rapidement à l’abornement de la frontière;


8.    Se déclare préoccupé par la détérioration de la situation humanitaire en Éthiopie et en Érythrée et ses conséquences éventuelles pour le processus de paix et engage les États Membres à continuer de contribuer avec générosité et sans retard aux opérations humanitaires en Éthiopie et en Érythrée;


9.    Renouvelle son plein appui à l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour l’Éthiopie et l’Érythrée, Lloyd Axworthy, qui déploie des efforts pour faciliter l’application des Accords d’Alger et de la décision de la Commission du tracé de la frontière et la normalisation des relations diplomatiques entre les deux pays grâce à ses bons offices, et souligne que cette nomination ne constitue pas un mécanisme alternatif;


10.   Demande à l’Érythrée d’accepter les bons offices  du Secrétaire général et de coopérer avec son Envoyé spécial pour l’Éthiopie et l’Érythrée;


11.   Demande aux témoins des Accords d’Alger de jouer un rôle concerté plus actif en vue de faciliter leur pleine application;


12.   Décide de continuer à suivre de près les mesures prises par les parties en vue d’honorer les engagements qu’elles ont souscrits aux termes des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité et des Accords d’Alger, notamment par l’intermédiaire de la Commission du tracé de la frontière, et d’examiner toutes incidences qui en résulteraient pour la MINUEE;


13.   Prie le Secrétaire général de continuer à suivre la situation de près et de réexaminer le mandat de la Mission compte tenu des progrès accomplis dans le processus de paix et des changements apportés à la MINUEE;


14.   Décide de demeurer activement saisi de la question.


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