CS/8323

CONSEIL DE SÉCURITÉ: DÉBAT SUR LA PRÉSENCE DE L’ONU AU TIMOR-LESTE APRÈS L’EXPIRATION DU MANDAT DE LA MANUTO PRÉVUE POUR LE 25 MAI 2005

28/02/05
Communiqué de presse
CS/8323


Conseil de sécurité

5132e séance – matin


CONSEIL DE SÉCURITÉ: DÉBAT SUR LA PRÉSENCE DE L’ONU AU TIMOR-LESTE APRÈS L’EXPIRATION DU MANDAT DE LA MANUTO PRÉVUE POUR LE 25 MAI 2005


En présence du Ministre des affaires étrangères du Timor-Leste, José Ramos-Horta, le Conseil de sécurité a examiné, ce matin, les progrès réalisés par ce jeune État sur la voie de l’autosuffisance.  À la lumière du diagnostic posé par le Représentant spécial du Secrétaire général et Chef de la Mission d’appui des Nations Unies au Timor oriental (MANUTO), Sukehiro Hasegawa, un consensus a émergé sur la nécessité de maintenir une présence des Nations Unies.  Les défis liés au contrôle de la frontière avec l’Indonésie, à la professionnalisation de la police, au développement des institutions de l’État et à la consolidation de la gouvernance démocratique et des droits de l’homme, ayant été reconnus, le débat a plutôt porté sur le mandat et la taille de la future présence de l’ONU. 


Le Timor-Leste qui, depuis 1999, a accueilli quatre missions de l’ONU, est l’hôte de la MANUTO depuis le 17 mai 2003.  La Mission est passée, le 24 mai 2004, d’une phase de maintien de la paix à une phase de consolidation de la paix qui consiste non plus à assurer mais à appuyer les activités menées dans les trois domaines d’intervention que sont l’administration publique, le système judiciaire et la justice en matière de crimes graves, le renforcement du maintien de l’ordre, et la sécurité et la stabilité.  La phase de consolidation devant s’achever le 25 mai 2005, le Représentant spécial du Secrétaire général a proposé le maintien d’une présence réduite pour une période pouvant aller jusqu'à 12 mois.  Ce laps de temps pourrait être raccourci, a-t-il précisé, si dans l’intervalle des accords avec des partenaires bilatéraux et les institutions multilatérales de développement et financières sont mis au point qui permettent d’assumer les responsabilités essentielles de la MANUTO. 


Ces propositions ont été perçues par la majorité des délégations comme une bonne base de discussion, compte tenu des réticences du Ministre des affaires étrangères du Timor-Leste.  Invoquant la difficulté avec laquelle les donateurs

–gouvernements et institutions multilatérales- tiennent leurs engagements financiers, le Ministre a jugé irréfléchi de fonder une réduction des effectifs drastique sur une donnée qui, à ses yeux, est aléatoire.  Il a donc soumis à l’attention du Conseil les propositions de son gouvernement de maintenir la présence de l’ONU pour une période d’un an avec des effectifs militaires très légèrement réduites.  Actuellement, les effectifs de la police civile et de la composante militaire sont de 610 personnes et ceux de la composante civile de 72. 


Dans cette phase de consolidation de la paix, l’ONU ne peut agir seule, a estimé le représentant de la France, qui a réitéré ses appels à une implication plus effective des institutions financières internationales et à une responsabilisation accrue des autorités timoraises.  Ce dernier point a reçu l’aval du représentant des États-Unis qui, rejetant l’idée d’une nouvelle mission de l’ONU, a souscrit à celle d’une mission politique spéciale ayant pour principal objectif le transfert de compétences et de connaissances aux Timorais.


Appuyé par de nombreuses délégations dont celles du Brésil et du Portugal, le Ministre des affaires étrangères du Timor-Leste a rappelé les conclusions du Groupe de haut niveau sur les menaces, les défis et le changement qui mettent en garde contre toute décision précipitée en matière de stratégie de sortie et qui plaident pour des investissements substantiels dans les processus de consolidation de la paix, compte tenu de leur importance dans la prévention des conflits.


Outre le Ministre des affaires étrangères du Timor-Leste, le Représentant spécial du Secrétaire général pour le Timor-Leste et les 15 membres du Conseil, les représentants des pays suivants ont pris la parole: Australie, Portugal, Singapour, Luxembourg, Indonésie, Thaïlande et Nouvelle-Zélande.  


LA SITUATION AU TIMOR-LESTE


Déclarations


M. SUKEHIRO HASEGAWA, Représentant spécial du Secrétaire général pour le Timor-Leste, présentant le dernier rapport intérimaire du Secrétaire général sur la Mission d’appui des Nations Unies au Timor oriental (MANUTO)*, a résumé l’évolution récente de la situation politique et de sécurité au Timor-Leste.  Il s’est félicité de la tenue, en décembre 2004, des premières élections libres au Timor-Leste depuis l’indépendance, pour la désignation de chefs de village et de conseils locaux dans deux districts et a indiqué que de nouvelles consultations auraient lieu entre mars et juin prochains.  Il a salué le renforcement des relations du Timor-Leste avec ses voisins, en particulier avec l’Indonésie, et s’est félicité des grands progrès réalisés dans l’établissement d’institutions démocratiques.  Il reste cependant, a-t-il ajouté, de nombreux défis à relever, notamment la démarcation des frontières et l’établissement d’un couloir de transports reliant Oecussi au reste du pays.  Il a également cité la lutte contre la corruption.


S’attachant ensuite à la mise en œuvre du mandat de la MANUTO, le Représentant spécial a noté que certaines institutions nationales dépendaient de moins en moins des experts internationaux.  Malgré cette autonomie croissante, il a cependant souligné l’importance de maintenir une présence internationale et a appelé les partenaires bilatéraux à s’engager concrètement à l’occasion de la Conférence des partenaires en développement, qui doit avoir lieu les 25 et 26 avril 2005.  Il a salué la relative stabilité de la situation sécuritaire, tout en soulignant qu’il s’agissait d’un calme précaire, compte tenu, notamment, de la porosité des frontières.  Il est peu probable, a-t-il ajouté, qu’un accord frontalier soit conclu avant le 20 mai 2005, ce qui justifie, selon lui, le maintien d’une composante militaire au sein de la MANUTO, dotée d’au moins de 35 officiers militaires de liaison.  Il a attribué le succès de la mission de maintien de la paix des Nations Unies au Timor-Leste à l’acceptation par l’Indonésie de l’indépendance du Timor-Leste, mais aussi à la détermination du peuple du Timor et de ses dirigeants pour assurer la paix et la stabilité selon les principes de la bonne gouvernance démocratique. 


Concernant les graves crimes commis au Timor-Leste en 1999, le Représentant spécial a indiqué que les procureurs avaient mis la dernière main à leurs enquêtes en novembre dernier et que les procès devraient être achevés d’ici à mai 2005, conformément à la résolution 1543 du Conseil de sécurité.  Il a cependant précisé que 340 inculpés se trouvaient hors du pays, ce qui ne pouvait satisfaire toutes les victimes des violences de 1999.  Il s’est félicité à cet égard de la mise en place, par le Secrétaire général, d’une Commission d’experts chargée de suivre les procédures judiciaires en cours à Dili et à Jakarta et d’assister la Commission vérité et amitié.


M. JOSE RAMOS-HORTA, Ministre des affaires étrangères et de la coopération du Timor-Leste, a rappelé qu’il y a un an, il avait eu l’audace de dire qu’il n’était pas toujours à 100% d’accord avec le rapport du Secrétaire général.  Il a réaffirmé aujourd’hui cette déclaration en émettant des doutes sur les propositions concernant la réduction de la MANUTO.  Évoquant, entre autres, la question du contrôle de la frontière avec l’Indonésie, il a plaidé d’emblée pour le maintien de 41 officiers de liaison contre le nombre de 35 proposé par le Secrétaire général.  Le Ministre des affaires étrangères a, en effet, contredit les avis selon lesquels le relais devrait être passé à l’aide bilatérale.  Il a, ce faisant, argué du caractère volontaire donc aléatoire de ce type d’aide et rappelé les propos du Groupe de haut niveau sur les menaces, les défis et les changements qui appelaient à des investissements importants dans la consolidation de la paix comme meilleur moyen de prévenir la résurgence des conflits.


Le Ministre des affaires étrangères a ensuite évoqué les relations de son pays avec l’Indonésie.  Il a indiqué que pour régler le lourd héritage entre les deux pays, le Timor-Leste a créé, le 14 décembre 2004, la Commission vérité et amitié pour traiter des violations des droits de l’homme perpétrées en 1999.  Les deux pays, a-t-il reconnu, ont encore beaucoup à faire pour renforcer la démocratie et l’état de droit.  Ce sont des processus qui prendront plusieurs années et pour l’Indonésie, a plaidé le Ministre, une pression extérieure trop forte sur les dirigeants civils, qui sont sommés de lancer un processus judiciaire menant aux procès des responsables militaires, pourrait compromettre la stabilité et la démocratie dans ce pays qui est le plus grand pays musulman du monde.  L’Indonésie, a affirmé le Ministre, a toujours fait preuve de bonne foi concernant le Timor-Leste.  Aussi, les pourparlers concernant la démarcation de la frontière, a poursuivi le Ministre, ont-ils permis des progrès sur 96% du tracé.  Il a néanmoins reconnu que rien, à ce jour, ne permet de prévoir la date à laquelle ce processus sera achevé.


Il est impossible, a-t-il dit, de répondre aux besoins de toutes les victimes de 1999 mais il est apparu, après des consultations exhaustives, que la Commission vérité et amitié est le mécanisme le plus approprié dans un contexte institutionnel binational.  Après avoir décrit le mandat et la composition de cette Commission, le Ministre des affaires étrangères a lancé un appel au Conseil pour qu’il envisage d’un œil favorable la demande, formulée par son pays, de proroger de six mois à un an, de la Mission de l’ONU.  Il s’agit d’une mission petite mais essentielle, a-t-il dit, en se gardant de se livrer à un chantage et de verser dans un scénario catastrophe.  La réalité, a-t-il pourtant dit, est que, malgré la fierté devant les acquis et l’aide de la communauté internationale, la paix reste fragile et une prorogation de six mois au moins ne semble pas être une revendication excessive.


M. KENZO OSHIMA (Japon) s’est félicité de la stabilisation de la situation au Timor-Leste et des progrès réalisés dans l’établissement d’institutions démocratiques.  Il a fait part de la contribution de son pays à ces efforts, à travers son soutien à la MANUTO, ainsi que par une assistance bilatérale.  Il a salué le renforcement des relations entre le Timor-Leste et l’Indonésie, mais a souligné l’ampleur des défis qui restent à relever, notamment dans la démarcation de la frontière, dont il a déploré qu’elle ne puisse être finalisée d’ici à mai 2005.  Il a invité les deux parties à redoubler d’efforts dans ce domaine, compte tenu de la poursuite des incursions d’anciens miliciens, qui menace la stabilité du pays. 


Soulignant les lacunes qui subsistent dans le processus de transition, le représentant japonais a estimé que Dili n’était pas en mesure de faire face seul à ces défis.  Il a soutenu la recommandation du Secrétaire général de maintenir une présence des Nations Unies, sous forme d’une mission de renforcement de la paix avec des effectifs réduits autorisés pour une durée limitée, après l’expiration du mandat de la MANUTO en mai prochain, afin de ne pas remettre en cause les acquis déjà enregistrés.  Le Japon, a-t-il ajouté, continuera à contribuer aux efforts d’édification nationale et participera activement à la Conférence des partenaires en développement qui aura lieu en avril.


Le représentant a par ailleurs souligné l’importance de s’attaquer aux crimes graves commis en 1999.  Il a salué à cet égard la mise en place par le Secrétaire général d’une Commission d’experts pour aborder clairement la question de l’impunité et a indiqué que, pour être efficace, elle devrait nouer des relations de confiance avec toutes les parties concernées.


M. KONSTANTIN K. DOLGOV (Fédération de Russie) a salué les progrès réalisés au Timor-Leste sur la voie de l’autosuffisance.  Il a néanmoins reconnu que le pays ne répond pas encore aux critères d’un État indépendant malgré les efforts importants consacrés par la communauté internationale dont les Nations Unies.  À l’expiration de la Mission de l’ONU, a-t-il estimé, il faudra continuer à aider ce pays dans les domaines de la stabilité, de la sécurité et du développement.  Le représentant a donc appuyé les recommandations du Secrétaire général concernant le maintien d’une mission réduite pour une période allant jusqu’à un an.  Il s’est félicité des relations entre l’Indonésie et le Timor-Leste en les appelant à régler le plus rapidement possible la question des violations des droits de l’homme perpétrés en 1999 et celle de la démarcation de la frontière.


M. EMYR JONES PARRY (Royaume-Uni) a souligné l’ampleur des défis qui restent à relever par le Timor-Leste qui justifient, selon lui, le maintien des efforts de la communauté internationale.  Il a souhaité qu’une mission politique de taille réduite succède à la MANUTO, afin de renforcer les acquis de la paix.  Il a encouragé l’Indonésie et le Timor-Leste à achever leurs efforts de démarcation de la frontière.  Il a enfin salué la mise en place par le Secrétaire général d’une Commission d’experts chargée d’observer les enquêtes menées en Indonésie et au Timor-Leste sur les graves crimes commis en 1999.


M. CÉSAR MAYORAL (Argentine) a reconnu la nécessité de l’aide internationale au Timor-Leste malgré les progrès effectués.  Il a aussi appelé à une décision rapide sur la démarcation de la frontière entre ce pays et l’Indonésie.  Il s’est aussi félicité de la création d’une Commission vérité et amitié entre les deux pays avant de souligner qu’il serait prématuré que l’ONU se retire du Timor-Leste, à ce stade.  Le Conseil doit adopter une démarche à long terme et ne peut prendre de décision hâtive qui pourrait être lourde de conséquences pour un pays qui est en train de consolider ses institutions.  Le représentant a invoqué la situation en Haïti pour illustrer ses propos.  Il a appuyé toute réflexion approfondie sur une mission qui succèderait à la MANUTO comme le propose le Secrétaire général.  Le Timor-Leste a démontré à la communauté internationale sa détermination et son courage pour édifier une nation prospère.  La communauté internationale doit continuer de donner son appui car un retrait précipité ne pourrait que menacer les acquis de cette même communauté internationale. 


M. LARS FAABORG-ANDERSEN (Danemark) a estimé que la MANUTO devait à présent assurer une bonne transition entre une mission de maintien de la paix et une mission de consolidation de la paix.  Il a soutenu à cet égard les propositions du Secrétaire général pour une réorganisation de la présence des Nations Unies dans le pays.  Tout en se prononçant pour un effort continu de la communauté internationale, il a insisté sur la nécessité de permettre aux Timorais d’assurer la maîtrise de leur processus de transition.  Soucieux de voir les relations entre l’Indonésie et le Timor-Leste s’améliorer davantage, il a souhaité la conclusion rapide des négociations sur la démarcation de la frontière.  Concernant la lutte contre l’impunité, il s’est félicité de l’établissement d’une Commission d’experts sur les procédures judiciaires en cours en Indonésie et au Timor-Leste, ainsi que de la création d’une Commission vérité et amitié.


M. ADAMANTIOS VASSILAKIS (Grèce) a, à son tour, pris note des progrès effectués au Timor-Leste, en particulier de l’amélioration des relations avec l’Indonésie.  Il a estimé que la décision du Représentant spécial d’établir un Groupe d’experts pour aider les deux pays à la réconciliation est une décision dans la bonne direction.  Énumérant les défis que le Timor-Leste doit encore relever pour devenir un État de droit et une nation autosuffisante, le représentant a voulu une réponse déterminée aux besoins d’aide internationale qui sont toujours réels dans le pays.  Il a appelé à une réflexion sur le cadre de l’assistance, compte tenu des différentes propositions présentées par le Secrétaire général. 


M. LAURO L. BAJA (Philippines) a appuyé la proposition de restructuration et de réduction des effectifs de la Mission d’appui des Nations Unies au Timor oriental, afin de garantir les avancées enregistrées dans le pays depuis 1999.  Soulignant l’importance d’assurer l’indépendance économique du pays, il a salué la proposition de mise en place d’un fonds pétrolier.  Il a souhaité davantage d’informations sur les négociations en cours pour la délimitation de la frontière maritime avec l’Australie.  Il s’est par ailleurs félicité de la création d’une Commission d’experts sur les crimes graves commis en 1999.


M. MOURAD BENMEHIDI (Algérie) s’est félicité des progrès réalisés au Timor-Leste ainsi que de l’amélioration de ses relations avec l’Indonésie.  Il a appelé ces deux pays à résoudre la question de la démarcation de la frontière.  Il a aussi espéré qu’un accord sur l’exploitation des ressources minières dans la mer du Timor sera bientôt conclu avec l’Australie.  Il a retenu du rapport du Secrétaire général qu’il reste encore de nombreuses tâches en suspens dans des secteurs importants.  L’aide internationale demeure cruciale, a-t-il reconnu, en appuyant la recommandation du Secrétaire général de maintenir la MANUTO avec des effectifs réduits pour une période supplémentaire. 


M. AUGUSTINE MAHIGA (République-Unie de Tanzanie) a estimé que la reconduction d’une mission réduite des Nations Unies au Timor-Leste constituait une réponse appropriée et raisonnable pour assurer la stabilité du pays.  Il s’est félicité des progrès réalisés à ce jour au Timor-Leste, qui sont un succès, a-t-il estimé, pour les Nations Unies et pour la communauté internationale dans son ensemble.  C’est la raison pour laquelle il a souligné l’importance de ne pas remettre en cause ces avancées, en maintenant une présence internationale dans le pays.


M. HENRIQUE R. VALLE (Brésil) a souligné qu’en dépit de progrès indéniables réalisés au Timor-Leste, la stratégie de la communauté internationale dans ce pays n’a pas encore porté ses fruits.  Le pays a toujours besoin d’une aide extérieure et en mai 2005, il est plus que plausible qu’il ne sera pas capable de réaliser la démocratie sans une telle aide.  La communauté internationale, a estimé le représentant, doit réitérer son engagement pour la stratégie intégrée à long terme pour préserver les acquis.  Il faut, a-t-il reconnu, apporter les ajustements nécessaires compte tenu des progrès et des vulnérabilités.  Le Brésil se tient prêt, a souligné le représentant, à participer activement à toute réflexion sur la question.  Ouvert et souple, le Brésil sera ferme quant aux responsabilités à assumer à long terme.  Le représentant a voulu que toutes les recommandations du Secrétaire général soient adoptées car une présence de l’ONU est essentielle pour mobiliser les efforts internationaux dans l’intérêt supérieur du Timor-Leste.

M. REED JACKSON FENDRICK (États-Unis) a estimé que les efforts en faveur du Timor-Leste devaient essentiellement porter sur le renforcement de la capacité juridique, sur la formation de la police, notamment dans le domaine des droits de l’homme et sur la mise en place d’un système politique multipartite.  Il s’est inquiété du récent renvoi de 22 juges locaux, ainsi que des violations deS droits de l’homme par la police timoraise.  Il a également regretté les retards enregistrés dans la démarcation de la frontière avec l’Indonésie.  Le représentant a indiqué que la contribution de son pays portait sur la promotion d’une économie de libre échange, sur la réforme agraire, sur la formation de la police, ainsi que sur le contrôle des frontières.


Le représentant a estimé qu’il faudrait combler le vide que laisseront derrière eux les personnels de l’ONU à l’expiration du mandant de la MANUTO et permettre l’évolution, après la fin de la phase de maintien de la paix, vers l’autonomie.  À l’issue du mandat de la MANUTO, au mois de mai, il faudrait chercher d’autres manières de combler les lacunes.  Il n’a pas souhaité la mise en place d’une nouvelle mission de maintien de la paix, lui préférant une mission politique spéciale ayant pour principal objectif le transfert de compétences et de connaissances, afin d’accroître la prise de responsabilité par les autorités timoraises.


M. WANG GUANGYA (Chine) a salué la vision et la sagesse stratégique du Timor-Leste.  Le pays a encore de nombreux défis à relever sur plusieurs fronts, a-t-il rappelé, avant d’appeler au maintien de l’aide internationale.  Comparant le pays à un enfant qui apprend à marcher, il a appelé le Conseil à l’aider à rester debout jusqu’à ce qu’il puisse marcher seul et devienne autonome.  Le Conseil doit tirer les enseignements du passé et donner son appui aux recommandations du Secrétaire général afin d’assurer la paix et la stabilité dans ce pays.


M. MICHEL DUCLOS (France) a recensé les progrès qui restaient à accomplir au Timor-Leste dans le contrôle et la délimitation des frontières, le renforcement des institutions de l’État, l’acquisition d’une autosuffisance économique, le respect d’une bonne gouvernance et des droits de l’homme.  Il a estimé qu’un appui international restait nécessaire et a approuvé l’essentiel des propositions du Secrétaire général pour le maintien d’une présence des Nations Unies.  Il a cependant ajouté que l’ONU, dans cette phase de consolidation de la paix, ne pouvait agir seule et qu’il fallait une participation accrue des autorités timoraises ainsi que d’autres partenaires bilatéraux ou multilatéraux, notamment les institutions financières internationales.  Il a souligné en conclusion que les progrès enregistrés dans la consolidation de la paix au Timor-Leste constituaient un nouvel exemple d’un succès des Nations Unies qui méritait d’être noté.


M. GHEORGHE DUMITRU (Roumanie) s’est lui aussi dit encouragé par les progrès enregistrés au Timor-Leste.  Il a félicité ce dernier et l’Indonésie pour l’amélioration de leurs relations, en disant attendre des progrès rapides sur la question de la démarcation de la frontière.  Le représentant a salué la décision des deux pays de créer une Commission vérité et amitié ainsi que celle du Représentant spécial de créer un Groupe d’experts pour aider le travail de la Commission.  Venant au rôle de la MANUTO, il a estimé que sa contribution à la consolidation de l’État a été remarquable.  Il a pris note des mises en garde du Secrétaire général pour ce qui est des défis qui restent à relever.  Ces défis concernent des domaines vitaux sans lesquels l’État ne saurait être viable.  Il faut rendre irréversibles les acquis du pays et en conséquence, appuyer le maintien d’une présence de l’ONU.  Les recommandations du Secrétaire général sont, en l’occurrence, une bonne base de discussion, a estimé le représentant.


M. JOEL ADECHI (Bénin) a estimé qu’il fallait désormais assurer l’irréversibilité du processus d’édification d’une nation démocratique au Timor-Leste.  Il s’est inquiété de la persistance d’une confrontation larvée entre la police et l’armée, du manque de professionnalisme des forces de l’ordre et des violations des droits de l’homme, ainsi que du manque de progrès dans la démarcation des frontières.  Il a soutenu le maintien d’une présence des Nations Unies au-delà de l’expiration du mandat de la MANUTO en mai 2005.  Le retrait de la MANUTO devra se faire de façon progressive, a-t-il ajouté, afin de ne pas compromettre les acquis de la Mission.  Concernant la lutte contre l’impunité, il a rappelé que plus de 300 accusés résidaient en dehors du pays et a salué la mise en place d’une Commission d’experts chargée d’évaluer les progrès réalisés par les tribunaux de Jakarta et de Dili dans le traitement des affaires en cours


M. JOHN DAUTH (Australie) s’est dit fier de ce que son pays a fait pour aider le Timor-Leste à devenir une société stable et viable.  Exprimant l’intention de son gouvernement de renforcer le partenariat bilatéral, le représentant a félicité le Timor-Leste et l’Indonésie d’avoir améliorer leurs relations, en particulier en ce qui concerne la question de la démarcation de la frontière.  Malgré les progrès accomplis, le pays aura toujours besoin de l’aide internationale, a-t-il dit, en appelant l’ONU à maintenir une présence pour protéger l’investissement énorme de la communauté internationale.  La présence de l’ONU devrait se concentrer sur les tâches essentielles liées au renforcement des institutions politiques, de sécurité et judiciaires.  La mission devrait être financée par le budget ordinaire de l’ONU, a ajouté le représentant.   


M. JEAN-MARC HOSCHEIT (Luxembourg), qui s’exprimait au nom de l’Union européenne, a salué la tenue de premières consultations démocratiques au Timor-Leste, ainsi que l’amélioration constante des relations avec l’Indonésie.  Prenant acte de la création prochaine d’une Commission vérité et amitié, il a cependant fait part de sa préoccupation face à l’absence de progrès dans la lutte contre l’impunité.  Il s’est félicité à cet égard de la création par le Secrétaire générale d’une Commission d’experts.  L’Union européenne, a-t-il déclaré, est favorable au maintien d’une présence adéquate et continue des Nations Unies au Timor-Leste au-delà de l’expiration du mandat de la MANUTO.  Il a jugé essentiel de maintenir l’assistance des donateurs internationaux pour renforcer l’aptitude du Gouvernement timorais à assurer une croissance économique durable et l’emploi dans un secteur privé dynamique.


Le représentant a rappelé que l’Union européenne avait fourni une assistance vitale au Timor-Leste en contribuant pour la moitié de l’aide extérieure versée depuis 1999, à hauteur de 638 millions d’euros.  Il a également indiqué qu’en tant que nouvel État admis au sein des pays ACP, le Timor-Leste allait bénéficier du soutien financier du Fonds européen du développement (FED).


M. VANU GOPALA MENON (Singapour) a argué des faiblesses du système judiciaire au Timor-Leste, de l’état de droit, des services de sécurité, des mécanismes de contrôle des frontières pour appuyer l’évaluation du Secrétaire général et son appel à un maintien d’une présence de l’ONU.  Invoquant lui aussi le rapport du Groupe de haut niveau sur les menaces, les défis et le changement, il a souligné l’importance d’investir dans les institutions nationales pour préserver la paix.  Il faut aider le Timor-Leste à assurer des progrès concrets et quantifiable dans l’édification d’une nation autosuffisante, a-t-il dit, en exhortant le Conseil de sécurité à appuyer les recommandations « judicieuses » du Secrétaire général.


M. JOAO SALGUEIRO (Portugal) a dit attendre avec intérêt les recommandations de la Commission d’experts sur les crimes graves mise en place par le Secrétaire général.  Il a salué l’amélioration des relations avec les voisins, notamment dans l’établissement des frontières maritimes et terrestres, soulignant l’importance pour le pays d’avoir accès à ses ressources naturelles. 


Le Portugal, a indiqué son représentant, soutient la proposition du Secrétaire général pour le maintien d’une présence des Nations Unies au-delà de l’expiration du mandat de la MANUTO, sous la forme d’officiers de liaison militaire, de formateurs de police, de conseillers civils, d’agents des droits de l’homme et d’un petit bureau de soutien au travail du représentant spécial.  Le représentant a ajouté que, pour être crédible, cette présence de l’ONU devrait s’appuyer sur un mandat clair du Conseil de sécurité.


M. REZLAN ISHAR JENIE (Indonésie) a salué les progrès réalisés au Timor-Leste grâce à la MANUTO.  Il a ensuite attiré l’attention du Conseil sur les relations bilatérales qui ne cessent se renforcer entre son pays et le Timor-Leste.  Il a rappelé l’« Opération solidarité » lancée par le Président du Timor-Leste au lendemain du tsunami qui a témoigné des progrès tangibles sur la voie de la réconciliation entre les peuples et les gouvernements des deux pays.  Le représentant a fait part des réunions que les deux Présidents tiennent depuis en octobre 2004.  À Bali, a-t-il annoncé, ils ont réitéré leur volonté de mettre sur pied des relations stables et mutuellement bénéfiques pour les deux pays.  C’est la raison pour laquelle des progrès ont été constatés sur les questions de la démarcation de la frontière, des frontières, de l’accès traditionnel à l’un ou l’autre pays et de l’accord sur la régulation des marchés.  Il a, lui aussi, attiré l’attention du Conseil sur la création de la Commission vérité et amitié qui vient compléter le Groupe d’experts de la MANUTO.  Il s’agit d’une initiative qui sert à faire toute la lumière sur les évènements de 1999 tout en préservant les relations d’amitié entre les deux pays.  Concluant sur la question de la démarcation de la frontière, il a annoncé la signature prochaine d’un accord provisoire, tout en restant prudent quant à un calendrier précis.  Les deux pays discutent à l’heure actuelle de trois tronçons qui n’ont toujours pas été approuvés.  Après avoir fait des progrès effectués dans la délimitation de la frontière maritime, le représentant a plaidé pour que le Conseil de sécurité envisage favorablement la demande du Timor-Leste concernant le maintien de l’ONU pour une période d’un an.


Mme LAXANACHANTORN LAOHAPHAN (Thaïlande) a souligné le rôle de l’ONU dans le succès de du rétablissement de la paix et de la sécurité au Timor oriental.  Elle s’est inquiétée des défis qui restaient à relever et a estimé indispensable de garantir les acquis de la MANUTO.  Elle a soutenu les propositions du Secrétaire général sur le maintien d’une mission onusienne de taille réduite.  Cette approche graduelle, a-t-elle poursuivi, doit permettre d’assurer un bon fonctionnement des institutions timoraises après le retrait des Nations Unies.  Elle a cependant souligné qu’un soutien continu de la communauté internationale était indispensable dans la lutte contre la pauvreté, l’analphabétisme et le chômage, bien au-delà du mandat de la MANUTO.  Elle a indiqué à cet égard que la Thaïlande renouvellerait son engagement aux côtés du Timor-Leste, à l’occasion de la prochaine conférence des partenaires pour le développement.


M. DON MACKAY (Nouvelle-Zélande) a plaidé pour le maintien d’une présence de l’ONU Timor-Leste, au-delà de mai 2005.  Il a estimé qu’une présence modeste assortie d’un calendrier précis serait essentielle dans le domaine du renforcement des capacités pour aider la transition du pays vers un cadre durable d’assistance au développement.  Il s’est aussi félicité de l’amélioration des relations entre le Timor-Leste et l’Indonésie, en espérant des progrès sur la question de la démarcation de la frontière.  Il a appelé les deux pays à donner suite au projet de cadre juridique sur la normalisation des questions frontalières qui leur a été présenté en novembre 2004.  Compte tenu des défis qui restent à relever et qui dépassent le cadre strictement bilatéral, le représentant a jugé approprié que des institutions de développement et des institutions financières internationales commencent à assumer certaines responsabilités qui étaient dévolues jusqu’ici à la mission de maintien de la paix.


*     S/2005/99

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